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Songe à la douceur – Clémentine Beauvais

Après le succès incroyable de son dernier roman, Les petites reines, dont on attend avec impatience de voir l’adaptation théâtrale ET cinématographique, nous avions également hâte de découvrir le nouveau roman de Clémentine Beauvais dont, à moins d’habiter sur une autre planète, vous avez déjà sans doute entendu parler. 🙂 Bob et Jean-Michel vous le présentent, et une fois n’est pas coutume, sont en total désaccord ! Let the fight begin!

9782848659084,0-3389543Tatiana rencontre Eugène un été. Elle a 14 ans, lui 17, et n’ont rien d’autre à faire que parler… Tatiana tombe amoureuse et semble-t-il que lui aussi. Jusqu’à ce qu’une lettre et un accident les sépare pour de bon. Mais dix ans plus tard, ils se retrouvent par hasard… Adaptation en vers libre du roman de Pouchkine et de l’opéra de Tchaikovsky, tous deux intitulés Eugène Onéguine.

Dans les rêves de Jean-Michel

★★★★★

J’ai su que j’allais aimer ce roman au moment où Clémentine a mentionné Roch Voisine, mais aussi la vitesse de connexion internet de 2006, Msn, Skyblog, Dromadaire.fr, Tchaïkovski et Laurent Binet. Une écriture lyrique, presque théâtrale où les mots gigotent au gré des rimes rendant tout acte décrit, langoureux et délicat. Et l’omniprésence de la fraîcheur, on en parle ?

« Je voudrais un exemplaire de la sensation de ses deux doigts sur mon poignet
Oh là là vous êtes sûre ?
Certaine
Vous savez que ça vous garantis de ne pas dormir avant trois heures, trois heures et demie du matin ces choses-là !
Je sais, mais j’en ai besoin
C’est très addictif, je dois vous avertir.
Je ferai attention
Bon. Si vous le dites. Veillez à respecter les précautions d’emploi. »

Les affres de la passion se dessinent dans le texte de Clémentine, celles des relations amoureuses aussi. On les croit profondes, elles ne sont que superficialité et égoïsme de la jeunesse. On les croit superficielles, elles représentent le véritable amour. On ne sait malheureusement tout cela qu’à la fin, quand tout est brisé. Tatiana et Eugène le savent. C’est mouvementé et efficace « il m’a claqué la porte au cœur » avec des images fortes au fil des rimes. Ma citation préférée reste celle-ci :
C’est frêle, ces jeunes personnes tellement éblouies par le jour, qu’elles ne sont pas apprêtées pour la nuit
Même si l’écriture de Clémentine est douce, il flotte de l’amour amer teinté de violence. Je suis on ne peut plus ravie par la clôture du roman qui offre la certitude qu’une histoire d’amour reste toujours complexe. Tatiana est tiraillée entre la flatterie d’un homme qui l’a rejeté et désormais ne veut qu’elle…et le désir ardant de s’en protéger : c’est si commun mais si peu exploité dans les romans pour adolescents. Jusqu’aux bout des doigts de son auteur donc, l’audace est présente à toutes les pages. Songe à la douceur est un titre bien pensé. Mais tout de même, j’ai hâte d’avoir la réponse à cette question : comment Léa, Guillaume et Florence, respectivement 15, 14 et 13 ans, vont-ils comprendre cette histoire d’amour de trentenaires ? Un livre qui promet en prime de nombreux débats.

Sur un nuage avec Bob

★☆☆☆☆

C’est un roman atypique et audacieux que nous propose Clémentine Beauvais avec Songe à la douceur et s’il remporte déjà tous les suffrages, dont celui de Jean-Michel, Bob a été beaucoup moins emballé. Est-ce cette écriture en vers et sa petite musique indissociable de sa lecture qui a embêté Bob dans son appréciation du roman ? Peut-être. Si l’écriture est belle, avec de très jolies trouvailles comme celles relevées par Jean-Michel, j’ai pourtant eu beaucoup de mal à entrer dans l’histoire d’Eugène et Tatiana, à me laisser transporter par les mots et les émotions. Je me suis parfois ennuyée, c’est vrai, et les personnages m’ont agacés, je n’ai finalement pas été sensible à leur amour contrarié. Un roman étonnant malgré tout, dans sa forme surtout, qui mêle habilement classicisme et modernisme et, tout comme Jean-Michel, je serais curieuse de savoir ce qu’en pensent les ados et si, comme moi, d’autres lecteurs sont passés totalement à côté… 😐

Songe à la douceur, Clémentine Beauvais (Sarbacane)
collection Exprim’
disponible le 24 août 2016
9782848659084 – 15,50€
à partir de 13 ans

6 thoughts on “Songe à la douceur – Clémentine Beauvais

  1. Même si j’ai adoré Les Petites reines, celui-ci ne me tente pas vraiment. J’ai peur que le style ait raison de moi car les extraits que j’ai pu lire (comme celui de Jean-Michel) m’ont déjà moyennement emballée…Ce n’est donc pas l’avis de Bob qui va plus me motiver, je crains d’avance de m’y retrouver. Je le feuilletterai peut-être en librairie pour en avoir le coeur net !

    • Le mieux est effectivement de se faire son propre avis ! 😀
      C’est tout de même un roman suffisamment atypique et original par sa forme pour y jeter un petit coup d’œil. 😉

  2. j’avais adoré Les petites reines, j’apprécie beaucoup l’auteur, je ne peux que découvrir ce nouveau titre , je me ferais une idée, on verra ce que ça donnera ! 😉

  3. Bonjour Bob, je suis moi aussi totalement passée à côté. Après maintes réflexions (suis-je normale ? qu’est-ce qui cloche chez moi ? est-ce qu’il faut que je le relise pour en avoir le coeur net ?) il me semble que c’est une question de sensibilité avant tout . Cette histoire d’amour ne m’a pas touchée car je l’ai trouvée très superficielle et sûrement parce que les préoccupations d’Eugène et Tatiana ne me parlent pas du tout… et cela m’a très rapidement ennuyée voire parfois exaspérée. Certains doivent sûrement se projeter parfaitement dans cette histoire d’amour et donc être plus à même d’aimer le roman. Cependant, les thèmes n’ont pas été mon seul frein à tout cet embroglio de sentiments confus lors de ma lecture. Je n’ai malheureusement pas été frappée par une musicalité ou un sens du rythme pourtant prôné dans de nombreuses critiques élogieuses, et les quelques calligrammes ne m’ont pas étonnée plus que ça – mais pour ces points là, je pense avoir eu trop d’attentes… N’ayant pas accroché à l’univers de Clémentine Beauvais avec Comme des images, je n’avais pas tenté Les Petites reines, et c’est la forme de ce roman qui m’a attirée à nouveau dans ses filets ; grande amatrice de soirées de poésie sonore, d’ateliers d’écritures et de spectacles dans la tradition DADA, hélas le texte ne m’a pas transcendé, malgré le travail qu’il y a sûrement derrière tout ça (comme derrière chaque roman). Sûrement parce que je m’attendais à autre chose, et même à tout sauf à ce que j’ai lu. En bref, complètement passée à côté aussi et très curieuse de savoir ce qu’en pensent les ados aussi. L’ado en moi, en tout cas, dont le coeur est bien profondément enfoui, n’aurait probablement pas terminé sa lecture… :/

    • Merci beaucoup pour ton commentaire, Blandine, je me sens bien moins seule ! Je m’étais posé les mêmes questions après avoir vu autant de commentaires enthousiastes sur le net…
      Je constate également que ce sont les mêmes points qui nous ont déplu…
      Nous présenterons sûrement ce livre aux club ados dans la bibliothèque où je travaille, j’espère ainsi avoir quelques avis de jeunes là-dessus. :p

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