Son
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Le dernier songe de lord Scriven – Eric Senabre

Ce qui est bien avec Eric Senabre c’est que, quoi qu’il fasse, nous ne sommes jamais déçues ! En ce début d’année, il nous propose un voyage dans le Londres victorien et son époque pleine de mystères et d’énigmes…

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Journaliste déchu, Christopher Carandini répond à une drôle d’annonce : « Gentleman cherche secrétaire particulier pour surveiller son sommeil. Se présenter au 30 Portobello Road et demander une théière. » Intrigué mais désespérant de trouver de quoi subsister, Christopher se présente et rencontre Arjuna Banerjee, un détective très particulier puisque, pour résoudre les énigmes soumises par ses clients, il doit rêver…

★★★★☆

Engagé pour surveiller le sommeil de Banerjee, qui ne soit pas excéder les 26 minutes sous peine d’y rester, Christopher va découvrir un monde totalement nouveau, une façon étrange et étonnante de résoudre une enquête à laquelle son passé de journaliste sera également utile. Le premier client de ce duo inédit est donc lord Scriven, réincarné dans son fidèle majordome, persuadé d’avoir été assassiné dans son bureau pourtant fermé à clé de l’intérieur… Une énigme qui va donner du fil à retordre à nos deux enquêteurs de l’étrange et nous offrir un récit des plus passionnant.

Amateurs de Sherlock Holmes et d’énigmes, ce roman est fait pour vous ! On y retrouve tous les ingrédients qui font le charme des romans du début du siècle dernier : un peu de fantastique, beaucoup de mystère et une flopée de suspects potentiels, des retournements de situation et un peu d’espionnage. Sans oublier un grand méchant non sans rappeler Moriarty… On se laisse très vite emporter dans le récit, de part l’écriture d’Eric Senabre, efficace, dynamique et non sans un certain flegme tout britannique, mais également par les nombreux rebondissements de l’affaire qui, d’une « simple » crise cardiaque, va prendre des tours totalement inattendus. Je me suis vraiment passionnée pour cette histoire, pour ce personnage de Banerjee et de son mystère indien, pour Christopher et son désir de justice, pour toutes les petites références et pour ce très bel hommage aux personnages et aux histoires inventées par Conan Doyle. Et si le roman vous a plu autant qu’à moi, l’auteur laisse entendre qu’il pourrait y avoir d’autres aventures de ces détectives du rêve ! 😀

Pour en savoir plus sur le livre, n’hésitez pas à visiter le site internet dédié, il y a plein d’anecdotes super chouettes et, pour ceux qui ont lu le précédent roman de l’auteur, vous ne manquerez pas de reconnaître un certain trio dans les cuisines du manoir de lord Scriven… 😛

Le dernier songe de lord Scriven, Eric Senabre (Didier Jeunesse)
disponible depuis le 17 février 2016
9782278059508 – 14,20€
à partir de 12 ans
Son
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Le pays qui te ressemble – Fabrice Colin

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Après vous avoir présenté le roman d’Audren dans la nouvelle collection Litt’ chez Albin Michel, c’est au tour de celui de Fabrice Colin. 😀 Dont la couverture, que je trouve très cool, annonce très bien la couleur !

Jude et Lucy, des jumeaux, ont perdu leur mère et s’apprêtent à passer leurs premières vacances sans elle. Lorsque Maryline, leur grand-mère fantasque, leur révèle qu’elle n’était pas leur mère biologique, ils décident de partir à la recherche de leur génitrice, sans rien en dire à leur père, dévasté. Et c’est en camping-car que toute la famille traverse l’Europe à la recherche de cette mère biologique.

★★★☆☆

Si vous connaissez un peu les Beatles, vous avez sans doute déjà noté la référence dans les prénoms de nos jeunes héros ? Il se trouve en effet que Noël Farrow, le papa des jumeaux, est le spécialiste mondial du groupe et que Lucy et Jude soupent des Beatles depuis leur plus tendre enfance. Mais là n’est pas la question car il s’agit pour les jumeaux de découvrir qui, dans la liste des anciennes petites amies de leur père, est leur véritable mère. Leur périple à travers l’Europe, et même au-delà, va les mener à se redécouvrir après la tragédie, à mieux gérer leur deuil (ou pas du tout pour certains) et à essayer de comprendre pourquoi il est si important de retrouver leur génitrice alors que leur mère d’adoption était si géniale. Je ne vous en dirais pas plus sur l’histoire, qui se laisse découvrir au fil du voyage avec appréhension, doute, terreur, mensonges et situations rocambolesques. On s’attache très vite à cette famille déglinguée, à ce père au bout du rouleau, à ces adolescents paumés et à cette grand-mère totalement déjantée qui ne se laisse pas marcher sur les Louboutin. Et à Simone, of course (mais je vous laisse découvrir ce personnage). Un road-trip très pop, qui en fait un chouette moment, entre rire et émotion ! 🙂

Le pays qui te ressemble, Fabrice Colin (Albin Michel)
collection Litt’
disponible le 2 septembre 2015
9782226318503 – 14€
à partir de 13 ans

Son
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Moi, les mammouths – Manuela Draeger

Vous savez, moi, les mammouths, je trouve vraiment dommage qu’ils aient disparus de la surface de la Terre. Avec leurs longs poils, ils avaient l’air tout doux et tout sympa. Heureusement, il y a encore des livres qui en parlent, des fois. 🙂

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Bobby Potemkine est à sa fenêtre, comme bon nombre de soirs, à regarder l’horizon. Car, cette nuit, quelque chose pourrait bien se passer… Et depuis que la police a quitté l’endroit, c’est un peu Bobby qui est chargé des enquêtes, des choses bizarres qui se produisent parfois par chez lui. Justement, il se passe quelque chose d’étrange : des mammouths ont écrasé la directrice de la Maison du peuple. Voilà une nouvelle enquête pour Bobby Potemkine et son amie Lili Nebraska.

★★★★☆

Alors là, Bob découvre complètement Bobby Potemkine et l’univers de Manuela Draeger (un autre nom pour Antoine Volodine) alors qu’il en existe pourtant déjà une tripotée de bouquins ! Je ne savais pas du tout à quoi m’attendre en ouvrant ce très court roman, mais certainement pas à une histoire loufoque et absurde. En tous cas, c’est une très belle découverte ! Pour ceux qui ne connaîtraient pas l’univers (des ignares comme Bob, quoi !), nous sommes dans une ville désertée par la police (car il n’y en a pas vraiment besoin) où les habitants sont des chauve-soubises, des mouettes en minijupes et des crabes laineux qui prennent des cours de Lune. On peut aussi s’inscrire dans des clubs à la Maison du peuple, il y a plein de choix : connaissance des tardigrades, boules de neige pour non-voyants, construction de tente tremblante, balançoire deuxième année… Vous l’aurez donc compris, c’est un univers dans lequel on abandonne toute raison (ou alors vous serez contraint de fermer le livre très vite) pour se laisser porter par les aventures étranges de Bobby Potemkine et sa belle amie Lili Nebraska. Et malgré le fait qu’il s’agisse d’une énième aventure du duo d’enquêteurs, il n’y a pas vraiment besoin de lire les précédents, je n’ai découvert qu’après qu’il en existait d’autres et je n’ai pas eu l’impression qu’il me manquait des éléments pour comprendre l’histoire. Une histoire très bien écrite, un univers très riche, poétique et surréaliste, et un roman à mettre entre les mains de tous ceux qui n’ont pas peur de lâcher prise avec le réel. Une mention spéciale également à la couverture du roman, que je trouve particulièrement réussie : la photographie est non seulement magnifique mais elle rend parfaitement l’atmosphère du livre.

Moi, les mammouths, Manuela Draeger (École des loisirs)
collection Médium
en librairie depuis le 20 mai 2015
9782211218399 – 11,80€
à partir de 12 ans

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Le voleur de sandwich – Patrick Doyon & André Marois

Il y a dans notre société actuelle un méfait méconnu qui ronge des dizaines d’écoliers à l’heure du déjeuner, je parle bien sûr : du vol de sandwich.

★★★★☆

levoleurdesandwichsLundi matin – heure du déjeuner : Marin attrape sa boîte à lunch (oui les auteurs sont canadiens) et file s’asseoir entre ses copains à la cafétéria. Seulement l’innommable se produit : le sandwich de Marin s’est volatilisé. Les boules. Surtout que c’était son favori : le jambon-cheddar-laitue avec une mayonnaise préparée avec soin par sa mère qui achète également un pain spécial à la farine d’épeautre dans une boulangerie secrète tenue par des moines kung-fu. Quelqu’un a dû te le voler ! s’exclama Manon. A cette phrase, Marin eût le vertige…il allait trouver coûte que coûte le coupable de cet acte cruel qui va se répéter : aurait-on à faire à un voleur de sandwichs en série ?

La liste des suspects

Le gros Robin qui ne fait que s’empiffrer
La pauvre Marie dont la maman a perdu « sa job » et qui a faim
Benjamin le fatigant fait des blagues qui ne font même pas rire les prématernelles
Mathias le jaloux qui a la vengeance dans la peau
M.Maxence le concierge super balèze qui se prend pour la police
M.Garence le directeur en manque de bonne nourriture
Mme Ombeline car qui soupçonnerait une dame à lunettes ?

Après plusieurs échecs afin de démasquer le coupable, Marin finit par tout raconter à sa mère qui devint folle de rage voler la nourriture de son fils c’était encore plus grave que d’acheter un pâté chinois surgelé. Ça allait barder ! A l’aide d’un plan infaillible concocté par sa maman coriace, Marin va enfin découvrir qui est le voleur de sandwichs.

Un roman graphique qui nourrit son lecteur de légèreté et d’humour tapageur. L’enquête est si bien ficelée qu’on ne devine pas l’identité du coupable à moins d’aller au bout du roman. Appétissant, ce livre l’est indubitablement ! La seule chose à laquelle on pense immédiatement c’est de faire sa mayonnaise maison à tartiner en couche épaisse dans un sandwich à la viande. Patrick et André ont mis tout leur talent dans cette histoire aux vertus éducatives. Voici ce qu’on y apprend :

* Quelques expressions canadiennes « sa job » « ti-coune »
* La mayonnaise ne sort pas que des usines
* Sois persévérant, la vie te le rendra
* Le respect est une valeur à ne pas négliger
* Le vol ne reste jamais impuni très longtemps
* Affamer un enfant n’est pas très sympathique
* Il ne faut pas traiter les petits de « petit », ça les énerve
* Le soutien parental c’est encore ce qu’il y a de plus sûr dans ce monde de brutes
* Le second degré c’est chouette d’en avoir lorsqu’on lit des livres aussi originaux 🙂

Le voleur de sandwichs, Patrick Doyon & André Marois
(La Pastèque)
en librairie depuis le 29 mai 2015
9782923841267 – 15€
à partir de 7 ans

Son
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Carambol’Ange : l’affaire Mamie Paulette – Clémentine Beauvais

Pour ce début de semaine chez Bob et Jean-Michel, on vous propose de (re)découvrir Clémentine Beauvais, une auteure phare de Sarbacane qui va sortir non pas un, mais DEUX livres au mois d’avril. Pourquoi spécialement sur elle, allez-vous demander ? Eh bien d’abord parce qu’on avait envie, et ensuite parce que la jolie Clémentine nous a fait l’honneur de répondre à une INTERVIEW !!! Avec des questions posées par Bob et Jean-Michel, oui oui !!! Mais avant de découvrir ses paroles de sagesse, on vous propose d’abord de découvrir ses livres… 😛

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Nel est un ange de rang 47 qui partage sa vie entre les cours et les travaux pratiques : des missions durant lesquelles il doit conduire les personnes récemment décédées à leur destination (Paradis, Enfer, ou Purgatoire). Le jour où il emmène Mamie Paulette, vieille dame tuée par une bête sauvage, il est loin de se douter que cela va complètement changer sa petite vie d’ange !

★★★★☆

Je vous entend déjà, là, me dire qu’un roman avec des anges, c’est chiant, c’est niais, blablabla…ben vous avez franchement tort ! En tous cas pour Carambol’ange car il dépote super grave !!! Je vous dis pourquoi ? Allez, j’vous dis ! Une mamie de 93 ans et toutes ses dents ; un ange qui roule dans une vieille décapotable avec des ailes ; une bête terrifiante qui tue des gens ; un cyclone qui dévore tout sur son passage ; des Hell’s Angels qui roulent à toute berzingue dans le ciel ; des démons fans du groupe Images… Bref, de quoi ne pas vous ennuyer un seul instant dans ce roman déjanté et plein de bonnes trouvailles. Plein de références aussi, depuis Arthur Conan Doyle jusqu’à…Sharknado ! Ouais, si c’est pas cool, ça ! 😀
En tous cas, Clémentine Beauvais manie l’humour avec beaucoup de réussite et cette histoire d’anges est vraiment très très chouette. D’ailleurs, pour ceux qui aiment les jeux de rôles, ça ressemble à INS/MV, dans le côté administration angélique ou diabolique et dans l’humour très second degré. Et c’est une idée qui fonctionne très bien, tellement qu’on regrette presque que le roman soit si court car on aimerait bien en savoir plus sur le fonctionnement du Paradis (en tous cas moi, car j’adore les histoires où l’administration est improbable et compliquée et débile et tout le toutim). Je me suis vraiment amusée dans cette lecture, Nel est très drôle dans sa naïveté d’ange, le personnage de Mamie Paulette est savoureux et ravira les jeunes lecteurs qui aiment les mamies qui envoient du pâté. En plus, les illustrations d’Églantine Ceulemans sont géniales et malicieusement en accord avec le texte. J’espère d’ailleurs de cette Affaire Mamie Paulette n’est que la première et que nous aurons droit à d’autres aventures rocambolesques de Nel ? 🙂

Carambol’Ange : l’affaire Mamie Paulette, Clémentine Beauvais (Sarbacane)
collection Pépix
en librairie le 1er avril 2015 (ce n’est pas une blague !)
9782848657660 – 10,90 €
à partir de 9 ans

Son
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Retrouver le petit frère – Gisèle Bienne

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Je ne connais pas bien l’œuvre de Gisèle Bienne et n’avait lu d’elle que On n’est pas des oiseaux, qui m’avait laissé un souvenir un peu étrange et dont l’histoire m’avait mise mal à l’aise. Je me suis donc plongée avec curiosité dans ce nouveau roman, qui bénéficie d’une très belle photo de couverture…

Sophie et Emma promènent leur petit frère, Odilon, le long de la route, vers l’étang et la forêt. Elles ont l’habitude de le faire et, le temps d’aller voir les canards, elles laissent leur petit frère dans sa poussette. Quand elles reviennent, l’enfant à disparu. Où est-il ? Que s’est-il passé ? Des questions qui vont hanter les deux adolescentes pendant longtemps car personne ne retrouve Odilon…

★★★☆☆

Gisèle Bienne nous brosse le portrait d’une famille – et notamment d’une jeune fille, Emma – à qui une chose terrible est arrivée : la perte d’un enfant, d’un frère. Comment se reconstruire et continuer à vivre après une erreur aussi terrible ? Car il s’agit bien de la négligence de Sophie et Emma qui a conduit à la disparition d’Odilon. Toutes deux vont avoir des réactions très différentes, devant les gendarmes, leurs parents, ou leurs amis. Et pourtant, elles vont continuer à grandir avec cette perte, l’une « choisissant » d’oublier, l’autre faisant tout pour garder un contact avec son petit frère, quitte à cultiver un espoir fou. J’ai trouvé l’écriture de Gisèle Bienne très belle, même si certains dialogues entre ados m’ont paru un peu vieillots, et le personnage d’Emma est très touchant. Sa volonté de réparer sa faute, de rester persuadée que, lorsqu’elle aura sa majorité, elle retrouvera son frère, en font une héroïne à laquelle on s’identifie volontiers et que l’on va suivre avec intérêt. Sans vous révéler la fin, j’ai cependant trouvé la résolution de l’enquête un peu facile. Elle fonctionne bien, surtout quand on lit le roman d’une traite, mais il y a tout de même une part de chance qui me semble peu réaliste. Enfin…il s’agit d’un roman ! Et d’un joli roman. 😉

Retrouver le petit frère, Gisèle Bienne (École des Loisirs)
en librairie depuis le 21 janvier 2015
9782211107822 – 15 €
à partir de 13 ans

Son
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Chasse à l’ange – Ingelin Rossland

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Engel Winge, jeune journaliste dans un patelin norvégien, se rend sur l’île de Maroya, réputée hantée. Avec l’aide d’une médium, elle va mettre au jour des éléments étranges qui vont alimenter son enquête et l’embarquer dans une affaire qui va la conduire jusqu’à Berlin…

★★★☆☆

Ce roman fait suite à Aile d’ange et, pour vraiment tout comprendre, il me semble judicieux de lire ce premier tome. Notamment pour connaître l’âge et la personnalité de notre héroïne car il m’a fallu un très long moment (plus de la moitié du livre) pour découvrir qu’Engel avait 17 ans ! Ce qui peut être utile quand on lit certains passages au début, très crus, où elle discute sexe avec une copine ou à sa façon de parler. C’est un détail, mais j’avoue que cela m’a un peu manqué pour m’attacher au personnage, qui a d’ailleurs de faux airs de Lisbeth Salander de Millénium. Bref. En lisant la quatrième de couverture, je m’attendais à un petit côté fantastique qui n’avait pas l’air déplaisant. Or, au fur et à mesure que l’enquête progresse, et qui est censée attester ou non de la présence de fantômes sur l’île, le sujet disparaît complètement au profit d’une enquête sur la drogue et autres magouilles financières. Vous risquez donc d’être déçus si vous cherchiez une histoire de fantômes ! Malgré tout, l’enquête est intéressante, le dépaysement agréable, et l’audace et l’obstination de notre journaliste donnent du rythme à cette courte histoire. Il y a d’ailleurs un petit côté cinématographique dans le découpage des chapitres, où les ellipses sont très importantes, et où l’action s’enchaîne sans s’embourber dans des descriptions trop longues. Un roman plutôt honnête, donc, même s’il me semble qu’il vaut tout de même mieux avoir lu le précédent avant de se lancer dans cette nouvelle enquête.

Chasse à l’ange, Ingelin Rossland (Rouergue)
collection DoAdo Noir
en librairie depuis le 5 novembre
9782812607196 – 13,50 €
à partir de 15 ans

Son
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Justice pour Louie Sam – Elizabeth Stewart

9782364745087,0-2240182

Lundi, Bob et Jean-Michel étaient au Salon du livre jeunesse. Ils ont rencontré plein de monde trop sympa, ils ont vu plein de livres trop cools, ils n’en ont pas acheté beaucoup (ils ont été raisonnables) mais en attendant de découvrir leurs avis sur leurs achats, Bob avait lu un roman ado qu’il souhaitait vous présenter… 🙂

Territoire de Washington, 1884. En se rendant à l’école, George Gillies et ses frères découvrent le cadavre de leur voisin dans sa maison en feu. Le coupable est très vite désigné : Louie Sam, un jeune Indien qui était dans les parages. Il n’en faut pas plus pour que les hommes du village se mettent en tête de rendre justice eux-mêmes, au mépris des lois et de la vérité. Pourtant, George Gillies va vite se rendre compte que celui qu’ils pensaient coupable ne l’était peut-être pas…

★★★★☆

Captivant, ce roman tiré d’une histoire vraie est un nouveau témoignage des exactions menées par les colons sur les populations indiennes en Amérique. Une postface de l’auteur vient d’ailleurs compléter certaines informations du roman. Ici, Elizabeth Stewart nous propose le récit de George qui, comme tous les habitants de son village, est méfiant envers les Indiens. Il participe d’ailleurs au raid organisé par les colons pour capturer Louie Sam, jusqu’au moment où des détails lui sautent aux yeux, ébranlant ses croyances. Mais qui prêterait attention à un adolescent de 15 ans qui semble sympathiser à la cause indienne ? Ou, plutôt, qui voudrait le croire ? Car, au fur et à mesure de son enquête, George se heurte à des personnages qui le menacent et il ne parvient même pas à trouver le soutien du shérif. Qui, alors, pourra donner justice à Louie Sam ? Le roman est vraiment passionnant, il parvient à être à la fois une enquête, une représentation de la mentalité de l’époque (d’autant plus dans un territoire politiquement incertain) et un roman initiatique. George est un personnage auquel on s’attache très vite et dont on admire le courage, pour tenir tête à des hommes souvent menaçants et dangereux. Même si j’ai eu parfois l’impression qu’il avait l’air beaucoup plus jeune, à la façon dont il nous raconte les événements. Justice pour Louie Sam n’en reste pas moins un très bon roman, profond, qui nous amène à réfléchir sur le courage et la justice. Il est d’autant plus agréable qu’il se lit quasiment d’une traite !

Justice pour Louie Sam, Elizabeth Stewart (Thierry Magnier)
en librairie depuis le 20 août
9782364745087 – 18,50 €
à partir de 13 ans

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Les anges de l’abîme – Magnus Nordin

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Petite pause dans les idées cadeaux de Noël pour Bob, avec la critique d’un des romans ados en lice pour la Pépite 2014. Il n’a pas gagné, mais il me faisait de l’œil depuis un temps suffisamment certain pour que je me lance enfin dans ce petit pavé. J’espère que vous avez les tripes bien accrochées. 😉

Alice fait sa rentrée dans un nouveau lycée. Elle se rapproche très vite de sa prof de suédois, Molly Zetterholm, et rejoint bientôt un groupe un peu particulier et complètement secret : les Anges de l’abîme. Leur mission : rendre la justice aux jeunes victimes de prédateurs sexuels.

★★★☆☆

Âmes sensibles s’abstenir ! Ce polar nordique de Magnus Nordin nous déroule une sordide affaire de pédophilie et de maltraitance. Je vous le dis tout de suite car, de toute manière, ça commence d’entrée avec une scène de disparition de jeune fille suivie, trois ans plus tard, par une opération commando des Anges de l’abîme. Il ne faut donc à l’auteur que quelques pages pour nous mettre tout de suite dans le bain et c’est un bain plutôt glacé ! J’ai trouvé l’histoire plutôt bien menée, entre la découverte progressive de chacun des personnages du groupe secret (tous victimes d’actes de maltraitance ou de sévices sexuels) et leurs opérations qui, très vite, ne deviennent qu’une seule grosse enquête. Car il nous faut peu de temps pour comprendre que la petite ville de Fjärlunda est le théâtre d’un vaste réseau pédophile. Si l’auteur ne nous perd pas un seul instant dans son récit (j’avoue m’être laissée emportée et avoir eu du mal à m’arrêter), un lecteur de polar averti verra sans aucun doute les choses venir et ne sera pas forcément surpris (cela a été mon cas). Mais cela n’enlève rien au plaisir de lecture. Là où le roman pêche, c’est peut-être justement dans son récit et ce qu’il dénonce. L’auteur nous propose en début de roman la célèbre citation de Nietzsche : « Celui qui combat des monstres doit prendre garde à ne pas devenir monstre lui-même ». Et c’est bien ce que font nos jeunes héros : combattre ces monstres qui attirent les adolescentes pour les violer (la méthode ici donnée dans le roman : sur le net, en se faisant passer pour des garçons cools de l’âge des proies qu’ils traquent). Et pour cela, ils usent de méthodes criminelles (enlèvement, torture psychologique), récoltent les preuves et envoient le tout à la police. Jusque là, on peut encore comprendre et même avoir de l’empathie pour ces justiciers de l’ombre. Après tout, nous sommes tous à un moment donné tellement révoltés par une situation ou un événement que nous aimerions avoir les moyens ou les armes pour réparer cette injustice. C’est humain. Pourtant, ici, je trouve que la réflexion sur la vengeance, l’auto-justice, est assez maigre. Peut-être manque-t-il une morale. En tous cas, et la fin du roman en est un parfait exemple, il me semble difficile de se faire un jugement sur ce que l’on a lu. Et je crois que l’auteur a oublié de nous donner sa propre définition du monstre. Je ne sais pas comment sera ressenti ce roman par les ados, mais la crudité de certaines scènes et cet épilogue sont d’une froideur à nous hérisser les poils sur les bras.

Les anges de l’abîme, Magnus Nordin (Rouergue)
collection DoAdo Noir
en librairie depuis le 8 octobre
9782812607165 – 14,90 €
à partir de 15 ans