Son
0

Le cours des choses – João Anzanello Carrascoza

ACH003691922.1434599712.580x580

Un enfant qui trépigne de joie à voir la mer, une histoire d’amour naissante, un petit garçon qui a peur, un homme chargé d’enlever les cadavres d’animaux chez les gens, un juste match de basket, un père qui veut faire une surprise à ses enfants… Onze nouvelles sur la vie, le cours des choses…

★★★★☆

Ce que j’aime à la Joie de Lire et dans leur collection Encrage, c’est cette découverte constante d’auteurs du monde entier, cette « auberge espagnole » comme eux-mêmes la désignent. A travers ce recueil de nouvelles, nous sommes emportés dans le Brésil actuel, au sein de familles et de situations de la vie de tous les jours, de faits et gestes du quotidien ou d’événements dramatiques. Le genre n’est pas facile à vendre auprès des ados, d’autant plus quand les nouvelles sont un peu difficiles. En effet, les personnages sont rarement nommés, on parle de l’enfant, ou du père, ou du garçon…ce qui requiert une certaine attention. Pour tout vous avouer, Bob n’avait pas très bien capté au début qu’il s’agissait de nouvelles, si bien qu’il n’a pas très bien compris ce qui se passait… Hum. 😛
Autre particularité de l’écriture du brésilien : l’absence de dialogue, ils sont directement intégrés à la narration et les nouvelles commencent ou se terminent parfois abruptement. De quoi dérouter ou étonner quand on a l’habitude de romans plus « classiques ». Pourtant, il serait bien dommage de passer à côté de cet auteur à la plume poétique et aux histoires sensibles. Car c’est surtout de ça qu’il s’agit : Carrascoza capture des instants, des moments d’une vie pour créer des textes qui ont la douceur d’une caresse, même lorsqu’il nous raconte une histoire triste. On a parfois besoin de ce genre de textes et João Anzanello Carrascoza est assurément un auteur à découvrir et à suivre !

Le cours des choses, João Anzanello Carrascoza (La Joie de lire)
collection Encrage
disponible le 21 août 2015
9782889082872 – 11€
à partir de 14 ans

Discussion
6

La langue des bêtes – Stéphane Servant

Stéphane Servant, il est incroyable. C’est le genre de mec qui peut faire un album trop drôle qui parle de slip (Le Machin) et qui peut aussi raconter une fresque magique et magnifique autour de trois femmes (Le cœur des louves, qui fut un très gros coup de cœur de Bob). Alors autant vous dire qu’on trépignait d’impatience de découvrir son nouveau roman ! 😀

GetBlob.ashx

Au fond des bois, loin de la civilisation, vit une communauté d’anciens membres d’un cirque. Un triste clown, un lion édenté, un vieux marionnettiste, une trapéziste brisée, un nain chanteur, un ogre terrifiant…qui prennent soin de la Petite, seule enfant de cette étrange troupe. Bientôt, des hommes viennent pour leur demander de quitter le territoire qu’ils occupent, pour envoyer la Petite à l’école… Tant de fils qui vont se nouer, ou se dénouer…

Dans la langue de Bob

★★★☆☆

Il y a du rêve, de l’étrangeté, du fantastique dans ce roman qui nous transporte. En même temps, avec un titre et une couverture pareille, on ne pouvait s’attendre qu’à du mystère et de la bizarrerie. Cet univers de cirque oublié, de gloire passée et perdue, est le terreau parfait pour nous faire découvrir la Petite, cette enfant étrange élevée dans un certain isolement, avec la forêt et les carcasses d’animaux morts pour seuls compagnons de jeux. Et les histoires. Oui, les histoires qu’on lui raconte depuis toujours, et notamment celle du lieu où ils vivent, terrain d’une ancienne malédiction, de bébés jetés au fond de la mine, d’une Bête qui se repaissait de la peine des hommes, et des animaux qui perdirent l’usage de la parole. Toutes ces histoires qui vont mener la Petite à son destin et à celui du cirque…
Si la langue des bêtes est un mystère pour les hommes, celle de Stéphane Servant nous ravit et nous émerveille. J’ai beaucoup aimé son écriture, son intérêt pour la langue et les mots qui transparaît également dans son histoire. Il y a de la poésie, de la fureur, du mensonge, de la beauté, de l’horreur et la vérité…on ne ressort certainement pas indemne d’un roman de Stéphane Servant. Pourtant, j’ai trouvé La langue des bêtes un peu long, parfois répétitif en essayant de nous cacher les révélations jusqu’à la dernière page. Mais cela reste une expérience de lecture comme je les aime, un roman qui nous emporte loin dans l’imaginaire…

Avec les mots de Jean-Michel

★★★★☆

Il est difficile de parler avec justesse d’un roman qui nous a ému, transporté dans les tréfonds de notre imagination et qu’on a refermé à regret. Comme le mentionne si bien Bob « c’est une expérience de lecture », de celles qui se font trop rares car la poésie qui en émane est si envoûtante qu’elle éclipse tout le reste le temps d’une lecture. Tout – absolument tout – est merveilleux dans La langue des bêtes : des légendes enchanteresses aux personnages sibyllins, de la forêt poussiéreuse au cirque déchu…
Bizarre ? Vous avez dit bizarre ?
Qu’à cela ne tienne, c’est l’étrangeté de ce roman qui le rend si particulier mais pas inaccessible, loin de là : il trouvera son public, j’en suis certaine. Ce roman aux allures de conte intemporel à l’étoffe des plus grands : une qualité d’écriture évidente, de la magie à chaque page et un ton qui nous donne l’impression d’avoir l’esprit enveloppé dans la ouate – oui, même lors de scènes brutales où mes oreilles bourdonnaient. J’espère que c’est bien l’émotion qui me gagnait et non pas un éventuel problème de surdité. A l’instar de Bob, je n’ai pas trouvé de longueurs à ce roman, sans doute parce que j’étais trop plongée dans les affres délicieuses de ces bizarreries et que je ne souhaitais plus en sortir. Notez la beauté de la couverture : le travail de l’artiste Laura Makabresku correspond parfaitement avec le texte de Stéphane Servant, une association emblématique qui a fait ma joie et mon bonheur.

On vous assure que c’est un excellent roman. Si jamais vous souhaitez nous contredire, n’hésitez pas à nous envoyer un mail en indiquant vos nom, prénom et adresse afin qu’on vienne cordialement vous casser la figure 🙂

La langue des bêtes, Stéphane Servant (Rouergue)
collection DoAdo
disponible le 19 août 2015
9782812609268 – 15,90€
à partir de 14 ans

Discussion
5

Dans la gueule de l’alligator – Carl Hiaasen

9782364747234

Richard vit en Floride, où il aime aller voir les nids de tortues avec sa cousine Malley. Le jour où celle-ci fugue pour rejoindre un homme rencontré sur le net, Richard ne peut croire à cette disparition volontaire. Heureusement, il rencontre Skink, un ancien gouverneur déclaré mort, grand défenseur des causes perdues, qui va l’aider à retrouver sa cousine, en fâcheuse posture…

Quand Bob l’ouvre grande

★★★★☆

Si vous avez déjà lu du Carl Hiaasen, alors vous connaissez le goût de l’homme pour les polars écologiques et un peu barrés. Dans la gueule de l’alligator ne déroge pas à cette règle et cela grâce au personne de Skink, vieil allumé complètement déglingué, au look totalement improbable, aux ressources stupéfiantes et au mode de vie des plus surprenants. Richard en est resté comme deux ronds de flan lorsqu’il a l’a rencontré pour la première fois, un peu comme nous. Et c’est sans doute tout ce qui fait la saveur de ce roman un peu dingue qui devient très vite une longue course-poursuite semée d’embûches et d’ennuis divers et variés qui impliquent beaucoup de noyades et de chairs dévorées. Il est clair qu’on ne s’ennuie par un seul instant et qu’on retient notre souffle jusqu’au dernier moment. On peut sans doute ne pas adhérer à cette exubérance constante mais j’avoue que cela donne un côté très drôle, en tout cas décalé, à cette histoire qui ne l’est pas tant que ça. La partie écologie du roman s’intègre très bien à l’intrigue générale, l’auteur ne nous assène pas des données à tout bout de champ ou n’est pas insistant, il sait parfaitement bien doser les choses tout en nous en apprenant beaucoup sur la faune locale.
Un excellent polar écologique aux personnages forts et plein de ressources. Une course poursuite haletante et sanglante qui vous laissera sans doute pantelant…

Et dans la bouche de Jean-Michel ?

★★★★★

thedude

Skink ressemblerait à The Dude du film The big Lebowski

Mais NON DE NON quel roman ! Des tortues de mer, de l’alligator, du skate et des personnages qui pètent des étincelles ?! J’ai sincèrement passé l’un des meilleurs moments de lecture de cette Rentrée littéraire. Carl Hiaasen, en indécrottable auteur spirituel nous offre des instants et des personnages floridiens magiques : Skink qui sort du sable pour chasser un braconnier et le dérouiller…moment précieux de lecture à découvrir ! L’action et la détente se mêlent au burlesque pour une lecture riche à l’écriture et la traduction soignées. Je rejoins Bob sur cette part d’écologie qui apporte une dimension supplémentaire à ce policier qui est déjà riche. Quant au parallèle entre Skink et The Big Lebowski qui est fait au début du roman, il n’y a rien à ajouter : cet ancien gouverneur est le sosie du Dude 😀 En plus électrique et aventurier, certes, mais avec une barbe du tonnerre. Quant au jeune Richard, notons que le courage et la détermination dont il fait preuve pour retrouver et défendre sa cousine sont étonnants : cet adolescent se découvre lui-même des ressources dont il n’avait pas conscience et ce, pour notre plus grand plaisir ! Résultat de cette lecture : mon Bob, je veux partir au bout du monde, laisser pousser ma barbe, défendre des hérons et des tortues en sautant à pieds joints sur des braconniers qui appellerons leurs mères en détalant comme des lapins. On va rigoler hein.
Et n’oublions pas qu’en lisant Dans la gueule de l’alligator, vous deviendrez familier avec le pic à bec ivoire (l’oiseau ci-dessous qui se la pète un peu)…on ne vous dira pas pourquoi, vous n’avez qu’à le lire 🙂

le-Pic-à-bec-ivoire

Chers adultes, sachez que les aventures de Skink existaient déjà avant (avec plus d’actions, encore plus déjanté) et sont disponibles aux éditions 10/18 :
Queue de poisson  9782264045874
 De l’orage dans l’air  9782264041463
 Presse people  9782264059246

Dans la gueule de l’alligator, Carl Hiaasen (Thierry Magnier)
disponible le 19 août 2015
9782364747234 – 17€
à partir de 14 ans

Discussion
0

Ma vie à la baguette – Chloé Cattelain

GetBlob.ashx

Kevin et Michael Zhang sont français, nés de parents d’origine chinoise. Avec leur père, on parle chinois, on respecte les traditions et à toutes les vacances scolaires, ils vont dans leur famille en Chine. Mais Kevin aimerait être un ado comme les autres, avoir une copine et vivre sa vie comme il l’entend. Malheureusement, son père rêve de tout autre chose pour lui. Et il ne parle jamais de leur mère, ni de la famille de celle-ci, qu’ils ne connaissent pas. Des silences que les deux garçons vont tenter de briser…

Les chinoiseries de Bob

★★★☆☆

S’il y a un sujet phare dans la littérature jeunesse, c’est bien la famille, ses secrets ou la quête de son origine. Ma vie à la baguette s’inscrit dans cette thématique avec une certaine originalité puisque nous deux jeunes héros ont des origines chinoises. Pourtant, et Kevin vous le dira très bien, il est né dans une maternité de Lille, il est aussi français que ses camarades de classe. Il n’empêche qu’aborder la Chine sous cet angle est plutôt rare et donc intéressant. Et le roman de Chloé Cattelain nous fait ainsi découvrir une histoire de famille rongée par un secret, ou plutôt par des non-dits, des silences que Kevin et Michael ont beaucoup de mal à accepter de la part de leur père. Un père qui ne déroge pas aux clichés véhiculés dans les films ou les séries : il veut absolument la réussite scolaire de ses fils au détriment de leurs envies de petites copines et tient à leur éducation chinoise. Il est intéressant d’ailleurs d’avoir le point de vue de Kevin et de son frère sur ces sujets car, finalement, quel parent ne souhaiterait pas la même chose pour ses enfants ?
En tous cas, c’est avec un certain humour et des petits indices jetés ça et là sur l’histoire familiale de Kevin que l’auteure parvient à nous emmener dans son récit. C’est finalement la grande Histoire qui va intervenir dans les révélations auxquelles vont être confrontés Kevin et son frère et, même si elle est abordée assez sommairement, elle devrait susciter la curiosité des lecteurs sur la Chine. On retiendra également une jolie histoire d’amour, qui donne à ce roman une saveur de plus. Très intéressant !

Jean-Michel s’empare aussi des baguettes

★★☆☆☆

Malheureusement je me suis un peu ennuyée 🙁 Cela vient sans doute du fait que je suis imperméable à toute cette culture asiatique, j’ignore pourquoi. C’est donc un point de vue strictement personnel et je pense sincèrement que ce roman trouvera son public. L’histoire ne m’a certes pas beaucoup touchée mais les protagonistes sont doux, une ambiance calme traverse les pages malgré les petites tensions familiales et amicales. La personnalité de Kevin est attrayante : d’une grande gentillesse, un peu maladroit, respectueux de ses valeurs familiales…l’adolescent dont devraient rêver toutes les jeunes filles ! La qualité d’écriture est indéniable : Chloé Cattelain sait s’exprimer et faire naître des sourires, susciter de l’émotion et être intrigante. De même, la précision de la culture chinoise est à souligner : on ressort de ce roman la tête un peu plus riche 🙂

Ma vie à la baguette, Chloé Cattelain (Thierry Magnier)
disponible le 19 août 2015
9782364747272 – 14,50€
à partir de 13 ans

Discussion
1

Pensée assise – Mathieu Robin

9782330053611

Vous souvenez-vous de la collection Ciné-roman chez Actes Sud ? L’un des premiers titres était Pensée assise et proposait non seulement le texte mais aussi le DVD du court-métrage qui l’accompagnait (on vous met la bande-annonce à la fin de l’article). Aujourd’hui, l’éditeur réédite le roman, mais sans le film…

Théo, jeune homme paraplégique, rencontre Sofia. C’est le grand amour. Mais lui se sent mal à l’aise d’être plus petit que la femme qu’il aime et il se met en tête d’arriver, par tous les moyens, à réussir à l’embrasser debout.

Qu’en pense Bob ?

★★☆☆☆

Dans ce très court texte, Mathieu Robin nous raconte le défi que Théo se lance : embrasser sa copine en étant à sa hauteur. Car s’il y a bien une chose qu’il déteste, ce sont les démonstrations d’affection en public, où Sofia doit toujours se pencher vers lui pour l’embrasser. Cela le met mal à l’aise et le rend surtout très grognon envers ses proches. D’ailleurs, Théo se plaint un peu beaucoup au goût de Bob, ne le rendant pas très attachant. Le roman aborde donc, au-delà du handicap, la difficile acceptation de soi. Je n’avais pas lu la précédente édition et donc pas vu le film dont il est tiré. Je me demande s’il ne m’aurait pas un peu plus touché avec les images ? De même, n’est-ce pas dommage de ne pas proposer à nouveau le film avec le roman ?

Et dans les pensées de Jean-Michel ?

★★★☆☆

Ah. Léger désaccord avec Bob, l’amour de ma vie 🙂 J’ai beaucoup apprécié l’amertume et la mauvaise foi de Théo. Pourquoi ? Parce qu’il n’a pas d’excuses à être désagréable ou odieux, même un handicap ne représente pas une raison valable pour blesser son entourage (ceci est un point de vue strictement personnel) et j’attendais avec beaucoup impatience qu’il se prenne une claque car personne ne peut agir comme ça impunément. Son cynisme m’a fait rire – il y a une scène mémorable où il charrie un enfant à la piscine : j’ai apprécié…jusqu’au moment où je me suis rendue compte qu’il commençait à devenir cruel et ce que j’avais pris pour de l’humour n’était que de la colère mal placée et cette fameuse claque devenait urgente ! Lorsqu’elle arriva, l’introspection de Théo est telle que sa prise de conscience est rapide. Sans doute avait-il besoin de tout cela afin de surmonter les problématiques de son handicap. Texte efficace à la construction mûrement réfléchie, sans artifices avec de vraies émotions dedans, je valide. Je rejoins tout de même Bob : pourquoi ne pas l’avoir réédité avec le dvd ?

Pensée assise, Mathieu Robin (Actes Sud Junior)
collection Ado
disponible le 19 août 2015
9782330053611 – 10,90€
à partir de 13 ans