Claudine Devey – février 2017

Claudine_course epiqueOn vous présente la première, l’unique, la jolie Claudine Devey : maquettiste chez Sarbacane qui a bien voulu répondre à nos questions. Vous la connaissez forcément car vous avez eu de nombreuses fois entre les mains le fruit de son travail puisque c’est elle qui réalise (entre autres) les couvertures des romans de la collection Exprim’ chez Sarbacane avec une certaine richesse…Elle pétille Claudine, voyez vous-même.

Claudine, tu es maquettiste pour les éditions Sarbacane et tu réalises notamment les couvertures des romans Exprim’ depuis maintenant 3 ans.
Tu peux nous parler un peu plus de ton métier ?

Cela fait 2 ans et demi que je travaille chez Sarbacane. En effet, une partie de mon travail consiste à imaginer et réaliser les couvertures des romans Exprim’, mais pas uniquement. Je prends également en charge tous les romans de la collection Pépix, cela passe par le montage du texte en maquette, le placement des illustrations, les enrichissements typographiques, le montage des couvertures, etc… en collaboration avec Tibo et les illustrateurs, bien sûr !
Je travaille aussi sur les bande-dessinées avec Frédéric (Directeur éditorial Bd et fondateur de Sarbacane et par ailleurs Directeur de création de la maison) et Xavier (directeur artistique). Je m’occupe du montage des textes, de la vérification technique des fichiers, et je suis aussi en relation avec les illustrateurs, sur la partie technique.
Il y a aussi toute la partie comm’/promo, pour laquelle je réalise des affiches pour des dédicaces en librairie, des kakémonos pour les salons, des vidéos teasers parfois (ça fait longtemps qu’on n’en a pas fait dis donc, faut que j’en parle à Charlène* !), des pubs, des catalogues, et pleins de choses encore !

* Charlène Ribault : maîtresse suprême de comm’ chez Sarbacane et assure comme une bête aux salons. Sait faire aussi des gifs.

Pendant la conférence autour des couvertures des romans ados au Salon de Montreuil, Tibo Bérard [l’éditeur des romans Exprim’] disait qu’il commençait par te « pitcher » les livres puis que tu les lisais.
Peux-tu nous dire comment tu travailles sur ces couvertures de romans ?
Est-ce important pour toi de lire tous les livres avant de travailler dessus ?

Il m’est très difficile de penser à une couverture de livre sans l’avoir lu. Donc j’essaie d’être studieuse et de lire tous les manuscrits que me confie Tibo ! J’ai besoin de me plonger dans le texte pour arriver à imaginer un univers, une ambiance. Parfois j’ai tout de suite une image qui me vient, et parfois c’est plus compliqué. A partir de là j’oriente mes recherches, et j’arrive à savoir assez vite, en fonction du texte, s’il faudra le traiter en photographie ou s’il appelle un traitement plus graphique.

Donc oui, pour moi c’est très important de lire le texte avant de créer quelque chose. C’est d’ailleurs l’un des engagements de Sarbacane : créer des images à partir d’un texte, et non l’inverse.

Quelles sont tes inspirations dans ton travail ?

Les couvertures anglaises m’inspirent beaucoup ! J’aime le travail typographique souvent mis en valeur, même sur des couvertures de littérature générale. Je vagabonde souvent en librairie pour découvrir les nouveautés, les tendances etc… Cette année j’ai eu la chance d’aller à la Foire Internationale de Francfort, et de récolter un maximum de catalogues d’éditeurs (je les collectionne). D’ailleurs il m’arrive souvent de les ouvrir quand je suis en panne d’inspiration.
Pour finir, un site dont je suis totalement addict : Pinterest ! (vous pouvez d’ailleurs me follower !! ^^). Une source d’inspiration sans limite !

Ta vie est-elle aussi acidulée que celle de tes couvertures ?

Haha, merci pour le compliment, je ne m’attendais pas à ce genre de question 🙂
C’est vrai que j’aime les couleurs, les choses vives, la positive attitude !!

Dans de nombreuses collections de romans ados, c’est la photographie qui est privilégiée pour la couverture. Chez Exprim’, ce n’est pas/plus le cas. Ou, en tous cas, elles sont retravaillées pour en faire quelque chose de plus graphique. C’est un choix de ta part ou une directive de l’éditeur ?

Quand je suis arrivée chez Sarbacane, presque toutes les couvertures des romans Exprim’ étaient faites à partir de photographies (parfois retravaillées bien sûr). Au début j’ai donc proposé des couvertures photos.
Le premier titre où je ne voyais absolument pas une photo a été Les Petites Reines de Clémentine Beauvais. Dès la lecture, j’ai su que j’avais envie – comme pour faire écho à Clémentine, l’auteure – de m’amuser, de dessiner, de jouer avec le titre !

Et comme il y avait la volonté de Frédéric et de Tibo de faire évoluer graphiquement la collection, j’ai proposé une illustration qui a plu à tout le monde, et ça a été un peu le tournant de la collec’ : la nouvelle image d’Exprim’ avec des couvertures plus graphiques/illustrées et avec aussi bien sûr un gros travail sur la typographie.

Cela étant, à chaque titre sa particularité, nous ne nous restreignons pas exclusivement au traitement graphique… et d’ailleurs, nous vous réservons de belles surprises pour les titres de 2017 !

Aurais-tu un exemple d’essais de couverture pour un roman pour nous montrer quelles peuvent être les différentes directions avant d’arriver au résultat final ?

Je peux vous montrer les différentes propositions que j’avais effectuées sur Quelqu’un qu’on aime. À vrai dire, j’ai eu beaucoup de mal à trouver cette couverture. Je suis d’abord partie vers des pistes « photos » – car avec les romans d’émotion, j’ai plus souvent tendance à partir sur une photo. Mais finalement…

exemples-pistes-couv

cliquez donc !

De toutes les couvertures que tu as réalisées, en as-tu une préférée ?

lespetitesreinesJe crois que celle des Petites Reines reste mon petit coup de cœur dans la collection. Ça reste pour moi « la » couverture qui a marqué un tournant dans la collection Exprim’, et puis c’est un très beau succès. C’est aussi ma première création à proprement parler ! (oui oui c’est moi qui ai dessiné les boudins, le vélo, et même le petit chat que vous avez dû voir sur la vidéo de teasing du livre ;).

Y en a-t-il une qui t’a vraiment donné du fil à retordre, dont tu aurais aimé déchirer le livre tellement tu n’y arrivais pas ?

Je dirais que la plus difficile a été Samedi 14 Novembre (de Vincent Villeminot). Dès le début, je savais que j’aurais dû mal à la trouver, par rapport au sujet délicat des attentats. J’étais perdue, je n’avais aucune image en tête, sauf du blanc. J’ai essayé plein de choses, je me suis égarée dans des recherches photos sans fin… Et finalement, c’est au moment où j’ai failli laisser tomber que j’ai trouvé la couverture actuelle, avec son fond blanc, sa tache d’aquarelle et ses visages sombres qui apparaissent…
Pour cette jaquette, comme pour toutes les couvertures d’ailleurs, il y a aussi bien sûr beaucoup d’échanges avec Tibo et Frédéric. Frédéric me pousse, suggère, oriente, et ensemble, on affine jusqu’au bout les couvertures.

Et y en a-t-il une qui, au final, ne te satisfait (toujours) pas ?

coeurdebrindilleCœur de brindille (de Yves-Marie Robin), l’une de mes premières couvertures chez Sarbacane. Avec le recul, je me dis que j’aurais pu aller plus loin. Elle est jolie, stylée, mais elle manque de propos, par rapport à l’histoire.

Si tu écrivais le roman de ta propre vie, quelle en serait la couverture ?

Je vous propose plutôt une petite mosaïque des 20 couvertures Exprim’ sur lesquelles j’ai travaillées depuis que je suis chez Sarbacane !
mosaique-couvs-exprim

Claudine…dessine-nous un mouton.
Mouton Claudine
C’était réellement un plaisir Claudine, merci d’avoir pris le temps de répondre à nos questions et d’avoir dessiné un mouton avec tes tripes. Sache que c’est toujours une joie de mettre en rayon les couvertures aussi avenantes que les tiennes.

Pour découvrir l’équipe de Sarbacane : c’est par ici !

6 thoughts on “Claudine Devey – février 2017

  1. Super interview, originale et intéressante !
    J’aime beaucoup les couvertures d’Exprim, c’est bien qu’ils changent des sempiternelles photos qu’on confond sur tous les romans YA… Ma préférence va à Luna Viva, que je n’ai toujours pas lu, mais j’adore sa couverture ! Les Petites Reines est aussi super chouette, un trésor d’inventivité (j’ai mis tellement de temps à me rendre compte que le fond n’était constitué que de boudins !).
    Zelda la Rouge va être publié de nouveau !?
    Bref… vivement la prochaine Claudine 😀

    • Ahah oui, moi non plus je n’avais pas vu tout de suite les boudins !
      Et je suis d’accord, je crois que celle de « Luna Viva » est aussi ma préférée, et tu devrais lire le roman, il est aussi génial que sa couverture. ;D
      Contente que cette interview t’ait plu, en tous cas, et merci !

  2. Très intéressant!
    Par contre, petite critique : moi je ne peux pas lire les questions de l’interview parce qu’elles sont tellement claires sur fond blanc qu’il a fallu que j’y regarde à 3 fois pour voir qu’il y a quelque chose à lire, j’ai du les surligner pour finalement y arriver…

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