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La Moïra, t.1 La louve et l’enfant – Lylian, Henri Lœvenbruck et Raka

Oyez ! Gentes dames et beaux damoiseaux, soyez les bienvenus à Gaelia ! Ici la Moïra est présente partout, celle que l’on pourrait nommer destin, hasard ou fatalité… cette force étrange peut donner la vie autant que la reprendre. Ce qui est certain, c’est qu’elle n’a pas facilité la vie d’Aléa. Jeune orpheline, son destin bascule le jour où elle trouve une bague sur un cadavre. À 13 ans, elle se retrouve prise au coeur d’une intrigue qui la dépasse. La bague qu’elle possède appartenait à un druide très puissant qui lui confère un nouveau pouvoir. De son côté, Imala, la louve blanche chassée par sa meute, erre en solitaire jusqu’à sa rencontre avec un elfe des bois qui semble vouloir lui indiquer la voie. Aléa et Imala ne le savent pas encore mais leur rencontre est déjà écrite, guidée par cette force immuable que l’on nomme la Moïra…

Cette oeuvre est l’adaptation de la trilogie de fantasy d’Henri Lœvenbruck, publiée dans les années 2000. Le lecteur suit avec curiosité la vie d’Aléa, une héroïne au fort tempérament, qui décide d’aller à Providence rejoindre son amie d’enfance. Elle ne l’a pas vu depuis des années mais apprend qu’elle va devenir la future épouse du Haut-Roi. Alors que tout le monde lui conseille de ne pas entreprendre ce voyage : elle a enfin trouvé un emploi stable dans une auberge, le voyage est trop dangereux, son amie ne se souviendra pas d’elle, etc. Aléa veut être libre et part ! Sur la route, elle va faire des rencontres inédites…

Entre les lignes, on comprend que l’équilibre du royaume est menacé par un seigneur noir dont le but est de détruire le conseil des Druides et de s’emparer de leurs pouvoirs. Il existe aussi des tensions politiques et religieuses entre les royaumes. Ces informations sont distillées dans le scénario… et laissent beaucoup de questions en suspension ! On sent que tout a été fait pour que les lecteurs, ne connaissant pas l’histoire initiale, puissent se laisser porter et découvrir pas à pas, comme Aléa, ce qui se trame. (Le scénariste n’est autre que Lylian qui a aussi scénarisé les adaptations BD La quête d’Ewilan de Pierre Bottero chez le même éditeur.)

Ce premier tome est très prometteur ! Nous sentons que les pièces d’un échiquier géant – mais qui avance les pions ? – sont entrain de se mettre en place. Les illustrations et les couleurs sont très douces et nous plongent dans cet univers aux accents celtiques et magiques avec beaucoup de plaisir. Très curieuse de découvrir la suite…

La Moïra, t.1 La louve et l’enfant Lylian, Henri Lœvenbruck et Raka (Glénat)
disponible depuis le 16 juin 2021
9782344029886 – 15,50€
à partir de 12 ans

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Les sortilèges de Zora, t.1 – Judith Peignen et Ariane Delrieu

Zora est furieuse, sa grand-mère Babouchka veut l’obliger à aller au collège, pour avoir une vie dans le monde des Nonsorciers (et avoir un VRAI métier). Mais Zora ne l’entend pas de cette oreille, du haut de ses 12 ans, elle est une sorcière et veut le rester ! Malheureusement pour elle, sa grand-mère utilise sa magie pour l’envoyer à l’école sans pouvoirs…

 

Premier tome d’un diptyque, Les sortilèges de Zora est très accrocheur ! Victimes de la chasse aux sorcières, celles-ci doivent se cacher, Zora a donc été envoyé chez sa grand-mère, loin de ses parents, par sécurité. Elle ne peut pas rentrer chez elle car la chasse bat encore son plein, ses parents organisent la résistance et doivent se battre. Ils n’ont qu’une envie pour leur fille : qu’elle devienne avocate, infirmière, qu’elle puisse avoir une vie normale. Zora ne veut qu’une chose : rester sorcière pour utiliser ses pouvoirs. Son arrivée au collège ne passera pas inaperçu, elle est très différente de ses camarades, elle ne connaît pas les conventions sociales, ne mange que des sucreries à la cantine, ne parle à personne. Loin des sortilèges et des potions, Zora découvre les moqueries de ses camarades, les élans amoureux et surtout une fille l’intrigue… elle la soupçonne d’être une sorcière. Amie ou Ennemie ?

Cette BD aborde avec délicatesse et humour les questions de la différence et de la transmission, le tout sur fond de bouleversements adolescents. Les pouvoirs de Zora sont jubilatoires et feront rêver plus d’un lecteur ! Les illustrations d’Ariane Delrieu nous dévoilent un univers riche, facétieux et coloré rendant les personnages particulièrement attachants. Dans les dernières pages, des extraits du grimoire de Zora sont dévoilés : comme un journal intime, la jeune sorcière y partage son matériel, un peu d’Histoire et des recettes. Apprentis sorciers, apprenties sorcières, cette histoire est pour vous ! Et si vous avez vous-mêmes des pouvoirs, n’hésitez pas à les utiliser pour que l’on découvre la suite très vite.🪄

Les sortilèges de Zora, t.1 – Une sorcière au collège, Judith Peignen et Ariane Delrieu (Vents d’Ouest)
disponible depuis le 5 mai 2021
9782749309385 – 11,50€
à partir de 10 ans
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L’année où je suis devenue ado – Nora Dåsnes

Emma est heureuse de rentrer en 5ème, cette année elle rêve de devenir stylée, construire une cabane avec ses deux meilleures amies Bao et Linnéa, aller à une pyjama-partie et tomber amoureuse ! Sauf que la rentrée ne se passe pas comme elle l’imaginait. Linnéa a changé, elle a un copain, ce qui est intolérable pour Bao qui veut continuer à construire des cabanes dans la forêt de l’école… Coincée entre les deux, Emma ne sait pas comment se positionner : comment on sait qu’on est une ado ? C’est quoi être mature ? Comment savoir si l’on est amoureuse ?

L’année où je suis devenue ado est une pure merveille ! L’histoire est pudique, authentique et vient explorer les bouleversements des premiers émois avec beaucoup de tact. Emma va tomber amoureuse de Mariam, une nouvelle élève, qui vient d’arriver dans sa classe, cet amour est amené d’une manière douce, naturelle et réservée, propre à cet âge sensible et n’est pas sujet à controverse. Ce livre traite surtout du passage délicat où nos jeux nous paraissent trop enfantins, où on se demande si la vie n’est pas partagée entre les filles qui se maquillent et les autres, celles qui sont en couple et les autres, les gamines et les ados… Emma va être tiraillée entre ses deux amies qui représentent cette transition si particulière de l’enfance à l’adolescence.

Il s’agit du premier livre de la graphiste norvégienne Nora Dåsnes qui explique qu’elle aurait aimé lire une telle histoire à 12 ans car elle considère qu’il est essentiel de pouvoir s’identifier à des personnages qui leur ressemblent. Pari réussi ! Les lectrices s’identifieront facilement à Emma, car elle est une narratrice attachante et pleine d’esprit. Cette autrice-illustratrice nous offre un objet livre magnifique, plus proche du roman graphique que de la bande dessinée, d’autant plus que le livre est le journal intime d’Emma. Nous y retrouvons des messages dessinées, des playlists musicales de son père (qui a très bon goût), des dessins en pleines pages, des bulles… Ces changements apportent un rythme rapide, qui ne donne qu’envie de découvrir la suite de l’histoire ! Et que dire des illustrations ? Elles sont sensibles, douces et nous montrent des moments de la vie quotidienne avec justesse, ni trop, ni pas assez.

Une BD coup de cœur qui raconte avec une extrême justesse les premiers émois amicaux et amoureux de cet âge charnière, entre l’enfance et l’adolescence. Je vous invite à découvrir cette bande dessinée qui est un véritable bonheur de lecture, à mettre entre toutes les mains !

L’année où je suis devenue ado, Nora Dåsnes (Casterman)
disponible le 5 mai 2021
9782203223615 – 15,95€
à partir de 10 ans
Son
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Sœurs d’Ys – M.T. Anderson & Jo Rioux

Dans la cité magique et fastueuse d’Ys, la reine Malgven meurt brutalement, laissant ses deux filles inconsolables. Alors qu’elles grandissent, elles s’éloignent l’une de l’autre : Rozenn, héritière du trône, préfère la nature et le travail de la terre tandis que Dahut, la cadette, tournoie dans les fêtes et les intrigues du palais. Mais Ys n’est pas cette cité de rêve qui intrigue tant le monde extérieur et elle cache de biens terribles secrets…

Ville légendaire de Bretagne, engloutie par l’océan, Ys fait partie de ces cités mythiques opulentes et enviées qui finissent par disparaître mystérieusement. M.T. Anderson revisite ainsi la légende celtique, reprenant les personnages et éléments phares de l’histoire telle qu’elle est nous est parvenue et nous racontant également le destin de deux jeunes filles à l’héritage maudit. Deux sœurs que tout oppose, tant dans les caractères que les aspirations et qui scellera le destin tout entier de l’île. Réflexion sur l’orgueil des hommes, l’appât de la richesse, le contrôle de la nature et des ressources, induite par le père de Rozenn et Dahut, c’est aussi, du côté des deux jeunes filles, une réflexion sur la culpabilité, le poids des responsabilités quand on désire tout simplement vivre. Rozenn n’existe pas dans les différentes versions de la légende mais elle apporte une dimension intéressante au récit, contrebalançant le personnage de Dahut représentant habituellement le « Mal » et permet surtout d’apporter son lot de drame, d’amour et de trahison.

C’est Jo Rioux qui met en images cette histoire complète et c’est tout simplement époustouflant ! Il y a dans son style quelque chose qui rappelle Isabel Greenberg ou Mathieu Bablet (notamment dans ce dessin si particulier des personnages). La couverture très tourbillonnante et fascinante donne déjà le ton ! Mais c’est surtout le soin apporté à l’expressivité des personnages qui nous subjugue, notamment le regard tantôt séducteur, tantôt tourmenté de Dahut ou celui absent, coupable, dément du roi Gradlon. L’album est d’ailleurs complété par un cahier graphique de toute beauté qui montre toute la finesse du trait de Jo Rioux.

Une bande dessinée magnifique, terrible et enivrante pour découvrir ou redécouvrir cette légende celtique dont les thèmes résonnent encore et toujours actuellement.

Sœurs d’Ys – La malédiction du Royaume englouti, Matthew Tobin Anderson, illustré par Jo Rioux (Rue de Sèvres)
disponible depuis le 16 septembre 2020
9782810217403 – 20€
à partir de 13 ans
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Le Cinérêve, t.1 Le mystère Hortensia – Anne Didier, Roland Garrigue et Catherine Duval

Augustin Poussin a 9 ans et adore aller espionner son étrange voisine mademoiselle Hortensia, surtout qu’elle fait pousser des fleurs abracadabrantes. Un jour Augustin, accompagné de sa chienne Croquette, l’entend parler de l’inauguration d’un Cinérêve. Qu’est-ce que cela peut être ? Est-ce que sa voisine a des pouvoirs magiques ? Le mystère est trop tentant pour Augustin qui décide de mener l’enquête !

Notre duo de héros très curieux et débrouillard va rapidement pouvoir rentrer au Cinérêve. Dans ce lieu incroyable, sont proposés des rêves à vivre comme si l’on choisissait son film sur un catalogue de VOD. Voulez-vous rêver de chevalerie ? De tapis volant ? Ni une, ni deux, Augustin va réussir à se faufiler dans un rêve incognito. Le voilà grand chevalier ! Dans son rêve, il peut se venger de son professeur M. Poincaré et de son camarade de classe Maxime qui ont tendance à le persécuter. Le lendemain, pour la première fois son maître le laisse tranquille. Drôle de coïncidence ? Notre cinéphile rêve (et c’est le mot) de retourner au cinéma mais celui-ci est réservé aux enchanteurs…

Ce premier tome d’une trilogie fut réjouissant. En parallèle de cette échappatoire fantastique qu’offre le Cinérêve pour Augustin, loin de l’école où il est harcelé, celui-ci va se se créer des amitiés féminines à l’école (qui je pense auront encore plus d’importance dans les prochains tomes). Cette BD se lit d’une traite et nous donne envie de découvrir rapidement les nouvelles aventures d’Augustin… surtout que le scénario se termine en plein suspense ! Du côté des illustrations, Roland Garrigue, s’il a déjà mis en couleurs des bandes dessinées, cette nouvelle série est la première qu’il signe en tant que dessinateur. Son trait assez rond nous plonge dès les premières pages dans une ambiance mystérieuse et pourtant familière. Les planches sont très harmonieuses et le rythme trépidant de l’histoire vient apporter un côté dessin animé, très rapide et prenant.

Augustin et Croquette se feront adopter très rapidement par les jeunes lecteurs. Le scénario est classique mais diablement efficace, on a envie de découvrir la suite et pourquoi pas nous aussi aller faire un tour au Cinérêve !

Le cinérêve, tome 1 : Le mystère Hortensia, Anne Didier, Roland Garrigue et Catherine Duval (Casterman)
disponible depuis le 21 octobre 2020
9782203181168 – 11,95€
à partir de 8 ans
Son
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Si c’est fluo, c’est bio !

Tu le trouves suspect ton étang qui irradie de jaune la nuit ? Ou ta boisson vert fluo 100% recyclée ? Alors t’es peut-être la bonne personne pour résoudre nos deux enquêtes du jour, et faire éclater la vérité sur des entreprises qui font fi des lois environnementales ! Justiciers de l’écologie, c’est à vous !

Des mutants dans l’étang

Après le génial Trafic à la fosse aux griffes, Véronique Cauchy nous propose une nouvelle Enquête graphique, avec cette fois Barroux au dessin. Le principe de la collection est simple : sensibiliser les enfants à l’écologie à travers des romans graphiques policiers. Et là où certains se ratent un peu en étant trop documentaires ou démago, ces enquêtes graphiques sont au contraire une véritable fiction, accompagnée simplement d’une double page documentaire en fin d’ouvrage. Véronique Cauchy réussit à nous embarquer dans une enquête véritablement à hauteur d’enfant et son écriture, qui va à l’essentiel tout en évoquant plein de pistes de réflexion, donne un rythme que la construction sous format bande dessinée complète à merveille. Et donc dans ce 2e titre de la collection, ce sont des vacances en Anjou qui permettent à nos deux héros, un frère et une sœur, de déjouer les méfaits d’une entreprise qui déverse ses déchets toxiques dans un étang. L’enquête est progressive, les différents symptômes de la pollution et de l’empoisonnement qui affectent humains et animaux distillent suspense et indices, et la résolution vient aussi grâce à l’intervention des adultes, parents et autorités compétentes. C’est vraiment très bien fichu (tout comme le 1er titre) et les illustrations de Barroux sont comme toujours un vrai régal ! Une série qui ne prend pas les enfants pour des billes à découvrir absolument !

Des mutants dans l’étang, Véronique Cauchy, illustré par Barroux (Kilowatt)
collection Enquête graphique
disponible depuis le 6 mars 2020
9782917045701 – 16,50€
à partir de 7 ans

La vie en vert fluo

Dans cet album, c’est un jeune trio d’enquêteurs qui ne pourra malheureusement pas compter sur les adultes pour venir à bout de cette usine de recyclage maléfique qui recycle absolument tout pour en faire des emballages, du compost et…des boissons ! Vous avez dit « beurk » ? Eh bien pareil pour nos jeunes héros qui vont découvrir que ce recyclage intégral, s’il paraît plutôt positif sur le papier, est en fait un véritable danger et que, bientôt, les adultes sont tous lobotomisés par leur « café vert » ou « vin composté » ! Ainsi les enfants et leur ingéniosité vont-ils être au cœur de cette enquête périlleuse qui va aussi les amener à un retour à la nature, jusqu’à ce que le problème soit résolu grâce à leur brillant stratagème. Le texte de Coline Pierré, fantasque et un peu dingo, nous emporte de l’insouciance d’une bande de copains à la lente et quelque peu terrifiante compréhension que tout ne tourne pas rond. Les illustrations hyper colorées de Gilles Freluche, dans un style graphique très vivant et expressif, offrent aussi de beaux moments de créativité et de fantastique digne des meilleurs films de monstres ! Un album qui ne manque pas d’humour et fait surtout la part belle au pouvoir de l’action collective !

La vie en vert fluo, Coline Pierré, illustré par Gilles Freluche (Mango)
disponible depuis le 10 janvier 2020
9782317022692 – 14,50€
à partir de 6 ans
Son
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Le veilleur des brumes, t.1 – Robert Kondo et Dice Tsutsumi

9782745994998,0-4784490

Dans un monde où les Brumes ont tout envahi, tout tué, le petit village de Val-de-l’Aube est le dernier bastion de la vie, protégé par le Barrage, qui repousse les brumes toutes les douze heures. Pierre est le responsable de ce barrage, il est le Veilleur de Brumes, une responsabilité bien grande pour un enfant seul.

★★★★★

OH LA VACHE ! Quelle sublime bande dessinée ! Adapté d’un court-métrage d’animation réalisé par les deux auteurs, et très justement récompensé (dont un Oscar, quand même), ce petit album est tout simplement bouleversant de beauté. Petite bande-annonce du court-métrage pour commencer :

Dans ce petit village protégé de la terrible menace des Brumes grâce au barrage construit par son père, Pierre est un élément indispensable de la communauté. Et pourtant, tout le monde semble avoir oublié : aussi bien l’instabilité de leur situation que le travail inestimable du petit garçon. Car voilà un moment qu’il veille seul au bon fonctionnement du moulin et du barrage. Son père a disparu, avalé par les Brumes. La mort de sa femme, la mère de Pierre, lui a été difficile à accepter et c’est sans doute sans toute sa tête qu’il a laissé Pierre tout seul. Le garçon fait depuis son travail aussi bien qu’il le peut, alternant entre l’école, où tout le monde semble l’ignorer sauf la pétillante Roxane, et le moulin, où il doit remonter le mécanisme toutes les douze heures. Mais voilà que bientôt, Pierre remarque une chose étonnante : les Brumes agissent désormais comme des vagues, elles se retirent peu à peu pour venir se fracasser brutalement contre le barrage. Jusqu’au jour où la vague est beaucoup plus forte que ce que Pierre pensait…

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Je vous le redis pour être sûre que vous le compreniez bien : cette BD est absolument SUBLIME ! Tant par son traitement graphique, avec une profonde douceur dans le trait, un très beau jeu sur le clair-obscur et le noir, que par son scénario où les émotions côtoient la quête initiatique qui attend notre jeune héros. Pour être honnête, le début est très sombre, l’histoire de Pierre nous prend littéralement aux tripes et titille nos glandes lacrymales. Un petit garçon qui a grandi bien plus vite que prévu, qui ne se doute certainement pas de son incroyable courage et qui nous touche au plus profond. Ce premier tome d’une saga oscillant entre fantastique et science-fiction est à ne pas manquer ! Un véritable bijou de beauté, de magie, de poésie, d’émotion. ❤

Le veilleur des brumes, t.1, Robert Kondo et Dice Tsutsumi, traduit par Aude Sécheret (Milan)
collection Grafiteen
disponible depuis le 7 mars 2018
9782745994998 – 16,50€
à partir de 10 ans
Son
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Papayou – Matthias Arégui

Depuis le merveilleux et envoûtant Kodhja de Thomas Scotto et Régis Lejonc, les éditions Thierry Magnier nous proposent de temps à autres des albums de bandes dessinées, aussi grands par la taille que par leurs qualités esthétiques et narratives. Et c’est encore une fois le cas avec ce nouvel album de Matthias Arégui. 🙂

9791035201326,0-4694122Bachkopf est le primate le plus grand et le plus fort de la tribu, se rendant indispensable pour ses congénères. Jusqu’au jour où le vieux Papayou trouve un petit chien dans la jungle. L’animal, mignon et rapportant plein de trésors devient très vite l’objet de toutes les attentions… Ce qui ne plaît évidemment pas à Bachkopf !

★★★★☆

Librement inspiré d’une fable japonaise, Hanasaka Jiisan, non traduite en français mais dont vous pouvez en lire une version wikipédienne, Papayou vous rappellera sans doute d’autres contes occidentaux ou orientaux que nous connaissons mieux où un objet ou animal magique attire la convoitise ou la jalousie d’un voisin, d’un ami ou d’un ennemi quelconque. Car, on le découvre très vite, Pipou, le petit chien trouvé par Papayou est magique ! Sa truffe et ses pattes flairent et déterrent les plus chouettes trésors, rendant la vie de cette tribu de macaques vachement plus facile. Ce que faisait pourtant déjà le grand et fort Bachkopf, mécontent de voir son rôle au sein du groupe complètement oblitéré par cette petite bête. Vous l’imaginez bien, Bachkopf ne va pas laisser les choses continuer ainsi et sa vengeance sera terrible…

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L’album de Matthias Arégui s’ouvre dès la première page sur une planche sans texte, où l’on découvre un chien qui creuse et un singe qui applaudit sa trouvaille. Une illustration en pleine page nous montre ensuite tout l’amour du vieux macaque pour son petit compagnon à quatre pattes. Et le narrateur arrive enfin pour nous présenter Papayou et Pipou, apportant la notion de chapitre à l’histoire et remontant dans le temps pour nous montrer comment Bachkopf est passé d’élément indispensable à la survie du groupe au singe envieux et rendu méchant par la jalousie. Une construction et un narrateur-conteur qui donnent tout son charme à cette BD magnifique. Le format imposant de l’album est idéal pour apprécier les images et les couleurs de Matthias Arégui, notamment quand elles s’étendent sur une page entière, nous proposant ainsi des planches belles et terribles, où l’émotion survient quand on ne s’y attend pas. Car il y a de l’humour dans Papayou, des petits détails, des réactions et des situations qui font sourire, mais aussi et surtout des émotions fortes, de la touchante et indéfectible amitié au deuil et à l’espoir en passant par la peine, le désir de vengeance, la haine. C’est très subtil, très joliment dessiné dans les expressions de ces singes et de ce petit chien. Matthias Arégui a un univers et un ton particuliers qui rendent son Papayou magnifique et magique. Une très belle découverte !

Papayou, Matthias Arégui (Thierry Magnier)
disponible depuis le 10 janvier 2018
9791035201326 – 20,50€
à partir de 8 ans
Son
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Luna la nuit – Ingrid Chabbert et Clémentine Pochon

9782354190972,0-4356164

La nuit, Luna a peur et se cache sous une montagne de coussin, espérant retrouver le jour rassurant. Son père travaille toute la journée et sa mère est alitée, endormie par les médicaments. A l’école, elle a du mal à s’ouvrir aux autres, préfère rêver et prétendre que tout va bien. Jusqu’au jour où arrive Marie, l’autre fille de son père, qui va désormais vivre avec eux une semaine sur deux. Luna est plutôt contente, jusqu’à ce qu’elle se rende compte que Marie aussi a peur la nuit…

★★★★★

Wow ! Ce fut ma première réaction, entre stupéfaction et frisson, lorsque je suis arrivée à la dernière page de cette bande dessinée. Est-ce que j’ai loupé des cases ? Pas bien regardé le dessin ou compris le texte ? Pas voulu voir, peut-être ? Ou étais-je volontairement induite en erreur parce que les auteurs ont choisi de montrer une chose plus qu’une autre ? Hum, vous devez être bien intrigués ! Et c’est très délicat de vous parler de cette BD sans vous ôter la surprise qui sera peut-être également la vôtre lorsque vous découvrirez ce magnifique album !

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Je me contenterais alors d’évoquer le texte d’Ingrid Chabbert, à la fois tout en retenue et d’une puissance évocatrice où l’on sent tout le mal-être et l’émotion à fleur de peau de cette enfant minée par l’angoisse, par cette mère totalement absente, incapable de sortir de son lit et qui ne sera même pas là pour la retrouver à l’hôpital quand elle se cogne brutalement contre un mur à l’école. Un texte en économie de mots, à l’image de la personnalité de Luna, effacée, triste et pourtant pleine d’imagination, de rêverie. Et puis il y a les dessins de Clémentine Pochon, dont c’est le premier album de bande dessinée, qui s’articulent à merveille avec le texte d’Ingrid Chabbert, qui montre ce qui n’est pas dit, qui suggère par un magnifique trait fin au noir et blanc, avec seulement quelques couleurs. Il y a de la délicatesse dans ses dessins, des émotions sublimes dans ses personnages, dans la compréhension entre Luna et Marie, et des images saisissantes, aussi bien dans la douceur que la brutalité.
Une bande dessinée superbe sur un sujet difficile, abordé avec finesse et pudeur, à découvrir absolument !

Luna la nuit, Ingrid Chabbert, illustré par Clémentine Pochon (Les Enfants rouges)
collection Isturiale
disponible depuis le 7 septembre 2017
9782354190972 – 15€
à partir de 12 ans
Son
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En vadrouille avec Magali Le Huche

Si vous ne connaissez pas Magali Le Huche, c’est que vous vivez dans une grotte ! Impossible d’être passé à côté de la série des Jean-Michel (qui aura inspiré celui que vous connaissez bien ?) ou bien des Paco ou encore de toutes les dizaines et dizaines d’histoires qu’elle a illustré ! D’ailleurs, si, comme Bob il y a d’autres fans d’Hector, l’homme extraordinairement fort, sachez qu’il vient de sortir, accompagné de la belle Rosa-Lune, en livre-cd chez Didier jeunesse ! Aujourd’hui, on vous propose une petite balade, dans une famille de sorcières et à Lisbonne, dans deux des dernières parutions de la pétillante et fabuleuse illustratrice.

Verte

9782369811954, 0-4090425

Verte a 11 ans et vit avec sa mère, une sorcière. Ne manifestant absolument aucun pouvoir, cette dernière décide d’envoyer sa fille chez sa grand-mère Anastabotte afin qu’elle lui apprenne quelques sorts…

★★★★☆

Roman paru en 1996 sous la plume de Marie Desplechin, c’est Magali Le Huche qui adapte et dessine les aventures désormais bien connues de la petite sorcière au drôle de prénom. (Sérieux, qui appelle son enfant « Verte » ?) Si vous avez lu le roman, vous vous souvenez de sa forme : 4 personnages différents racontent leur version de la même histoire, cette journée particulière où Verte se lance dans la confection d’un sort avec sa grand-mère et ce qui s’en suit… Un procédé que Magali Le Huche adapte avec beaucoup de finesse en mêlant les points de vue dans un récit aussi drôle qu’intelligent. Car Verte n’est pas tant un roman sur la sorcellerie qu’une évocation de la famille, de la difficulté à trouver sa place quand on attend beaucoup de vous et de la séparation. Avec ses crayons et son style inimitable, Verte et son étonnante famille prennent vie dans un tourbillon de couleurs et d’espièglerie. Une BD tendre et ensorcelante, qui ravira les fans du roman ou qui donnera envie à une nouvelle génération de lecteurs de découvrir ce classique de la littérature jeunesse.

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Verte, Magali Le Huche et Marie Desplechin (Rue de Sèvres)
disponible depuis le 22 mars 2017
9782369811954 – 14€
à partir de 9 ans
Eléctrico 28

9782368361047, 0-4157803

Amadeo est conducteur de tram à Lisbonne. A bord de son Elétrico 28, il est fier et heureux. Mais voilà que c’est son dernier jour en tant que conducteur… Qui rendra alors les gens heureux, qui aidera les amoureux timides à se faire des bisous ?

★★★★☆

C’est avec Davide Cali que nous retrouvons cette fois Magali Le Huche, pour une découverte du plus célèbre tram de la capitale portugaise : l’Eléctrico 28. Mais également une belle histoire d’amour, où Amadeo, conducteur-cupidon, n’a eu de cesse de rapprocher tous ces garçons et filles qui montaient ou descendaient de son tram sans jamais avoir le courage de s’avouer leurs sentiments. Une petite manœuvre par-ci et une autre par-là auront raison de la timidité de ces amoureux transis. Et rassembler les amoureux est ce qui aura le plus compté dans son métier de conducteur de tram. Mais lorsque son dernier jour de travail arrive, Amadeo se rend compte qu’il lui manque aussi peut-être quelque chose… ? Un très bel album, où la tendresse du sujet comme des illustrations illumine des personnages doux et heureux, où les couleurs chatoyantes nous invitent à découvrir cette ville ensoleillée et où Amadeo trouvera sans doute lui aussi son bonheur. Si avec tout ça on ne vous a pas donné envie de partir en vacances au Portugal !

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Eléctrico 28, Davide Cali, illustré par Magali Le Huche (ABC Melody)
disponible depuis le 18 mai 2017
9782368361047 – 14€
à partir de 5 ans