Son
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Kiosque – Anete Melece

Depuis toujours, Olga travaille dans un kiosque à journaux. Ce minuscule espace, c’est toute sa vie. Elle connaît ses clients par cœur : ceux qui viennent acheter chaque jour leur magazine, ceux qui viennent simplement pour parler, ceux qui lui font signe en passant ou encore les touristes, qui lui demandent systématiquement le chemin vers le musée. Mais le soir, quand elle ferme le rideau de fer, Olga se met à rêver de soleils, de mers et de plages lointaines…

Le quotidien d’Olga, c’est une routine constante. Chaque matin, elle est livrée de son nouveau stock de journaux, elle ouvre son rideau et son premier client, comme toujours, est ce monsieur au teint jaunâtre de bien trop fumer ! Puis s’ensuivent tous ses clients habituels, qu’elle a appris à connaître et qui rythment sa journée jusqu’au soir. Et lorsqu’elle baisse le rideau, Olga se plonge dans ses propres magazines, et rêve de voyager et de voir le monde, loin de ce petit kiosque étriqué. Il suffit d’un matin et du livreur de journaux qui pose le nouveau stock trop loin de sa porte pour que cette journée soit complètement chamboulée ! Car alors que des jeunes en profitent pour lui piquer des bonbons, Olga se rue vers eux à travers sa trop petite fenêtre et fait basculer son kiosque avec elle ! Surprise, voilà maintenant qu’elle peut se déplacer et commencer à vivre sa propre aventure…

Avec Kiosque, Anete Melece nous offre un album plein de tendresse qui nous invite à poursuivre nos rêves. Comme Olga, on est parfois incapable de sortir de notre quotidien et de notre train-train et il suffit alors d’un petit coup de pouce pour découvrir que l’on peut faire tout ce qu’on veut et poursuivre ses rêves. C’est aussi un album qui nous touche particulièrement en ce moment car il met en scène un personnage dont le travail est essentiel pour tous ces gens qui passent et s’arrêtent devant son kiosque chaque jour. Une jolie manière de mettre en lumière le rôle parfois très social des commerçants de proximité. Le tout avec des peintures colorées et un peu naïves qui ajoutent le soupçon de magie qu’il faut !

Préexistant à l’album, il y a un court-métrage d’animation, réalisé par Anete Melece, que je vous invite à aller voir pour profiter plus longuement encore de son magnifique travail d’illustration.

Kiosque, Anete Melece (L’école des loisirs)
collection Pastel
disponible depuis le 10 mars 2021
9782211305686 – 13€
à partir de 5 ans
Galerie
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Le Cinérêve, t.1 Le mystère Hortensia – Anne Didier, Roland Garrigue et Catherine Duval

Augustin Poussin a 9 ans et adore aller espionner son étrange voisine mademoiselle Hortensia, surtout qu’elle fait pousser des fleurs abracadabrantes. Un jour Augustin, accompagné de sa chienne Croquette, l’entend parler de l’inauguration d’un Cinérêve. Qu’est-ce que cela peut être ? Est-ce que sa voisine a des pouvoirs magiques ? Le mystère est trop tentant pour Augustin qui décide de mener l’enquête !

Notre duo de héros très curieux et débrouillard va rapidement pouvoir rentrer au Cinérêve. Dans ce lieu incroyable, sont proposés des rêves à vivre comme si l’on choisissait son film sur un catalogue de VOD. Voulez-vous rêver de chevalerie ? De tapis volant ? Ni une, ni deux, Augustin va réussir à se faufiler dans un rêve incognito. Le voilà grand chevalier ! Dans son rêve, il peut se venger de son professeur M. Poincaré et de son camarade de classe Maxime qui ont tendance à le persécuter. Le lendemain, pour la première fois son maître le laisse tranquille. Drôle de coïncidence ? Notre cinéphile rêve (et c’est le mot) de retourner au cinéma mais celui-ci est réservé aux enchanteurs…

Ce premier tome d’une trilogie fut réjouissant. En parallèle de cette échappatoire fantastique qu’offre le Cinérêve pour Augustin, loin de l’école où il est harcelé, celui-ci va se se créer des amitiés féminines à l’école (qui je pense auront encore plus d’importance dans les prochains tomes). Cette BD se lit d’une traite et nous donne envie de découvrir rapidement les nouvelles aventures d’Augustin… surtout que le scénario se termine en plein suspense ! Du côté des illustrations, Roland Garrigue, s’il a déjà mis en couleurs des bandes dessinées, cette nouvelle série est la première qu’il signe en tant que dessinateur. Son trait assez rond nous plonge dès les premières pages dans une ambiance mystérieuse et pourtant familière. Les planches sont très harmonieuses et le rythme trépidant de l’histoire vient apporter un côté dessin animé, très rapide et prenant.

Augustin et Croquette se feront adopter très rapidement par les jeunes lecteurs. Le scénario est classique mais diablement efficace, on a envie de découvrir la suite et pourquoi pas nous aussi aller faire un tour au Cinérêve !

Le cinérêve, tome 1 : Le mystère Hortensia, Anne Didier, Roland Garrigue et Catherine Duval (Casterman)
disponible depuis le 21 octobre 2020
9782203181168 – 11,95€
à partir de 8 ans
Son
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Duos improbables !

Force est de constater qu’on arrive à vous présenter des romans ou des albums avec des thématiques souvent proches. Cette fois, si les histoires de nos deux romans n’ont pas grand-chose en commun (quoique !), ils nous proposent en revanche tous deux des duos assez improbables… 😛

Nos mains en l’air

Dans la famille de Victor, on est braqueurs de père en fils. Sauf que Victor, c’est pas vraiment son truc. Il est plutôt gentil, et vient même en aide aux victimes de traumatismes. De son côté, Yaël est une toute jeune ado sourde, orpheline vivant chez une tante richissime et détestable. Lorsque Victor est envoyé cambrioler la maison de Yaël, la rencontre est totalement inattendue et va les mener à quitter leurs familles respectives…

★★★★☆

De cette rencontre aussi étonnante qu’improbable va débuter un road-trip d’Angers jusqu’à la Bulgarie où nos deux héros vont apprendre à se connaître et à se dépasser. Le talent de Coline Pierré réside dans la justesse de son ton, et dans la tendresse qu’elle met à chaque fois dans ses histoires et ses personnages. Il faut du temps à Victor pour apprivoiser la jeune Yaël, qui ne se laisse pas abattre par son handicap, mais l’inverse est également vrai, et la relation qui se noue entre les deux jeunes gens est lumineuse, spéciale, et donne toute sa saveur à ce roman aussi drôle que sensible. Une très belle réflexion sur la famille, le dépassement de soi, et une magnifique histoire d’amitié.

Nos mains en l’air, Coline Pierré (Le Rouergue)
collection DoAdo
disponible depuis le 1er mai 2019
9782812618000 – 14,80€
à partir de 13 ans

 

Et la Lune, là-haut

Alistair est un génie des maths. Son rêve : aller sur la Lune. Mais Alistair n’a jamais mis les pieds hors de son appartement, où il vit seul avec sa mère. S’il est incollable sur les sciences (de l’astronomie au décryptage des émotions), il est en revanche complètement démuni lorsque sa mère décède, le laissant totalement seul. Il se décide alors à sortir et est tout de suite repéré par Yaro, un jeune sans-papiers qui flaire le bon pigeon…

★★★★☆

Nous passons un cran au-dessus dans l’improbable avec le duo Alistair-Yaro et leur histoire aussi rocambolesque que délirante ! Pourtant, et comme chez Coline Pierré, les choses sont loin d’être marrantes : la relation toxique entre Alistair et sa mère, le passé d’immigré de Yaro et toutes les embûches qu’ils vont rencontrer au cours de leur drôle de périple… Car malgré tout cela, et en dépit de la volonté de Yaro de juste crécher au sec quelques jours et se barrer ensuite, comme nous, il ne peut que s’attacher à ce drôle de zozo incapable de savoir ce que l’on fait lorsqu’une personne décède (la mettre dans le canapé n’est pas une bonne idée, par exemple). Muriel Zürcher réussit avec beaucoup d’humour et d’humanité à nous emporter dans ce compte à rebours décalé vers la réalisation des rêves d’Alistair et de Yaro.

Et la lune, là-haut, Muriel Zürcher (Thierry Magnier)
disponible depuis le 22 mai 2019
9791035202507 – 14,50€
à partir de 13 ans
Son
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♫ Tout au bout de mes rêves… ♫

Les deux romans que Bob vous présente aujourd’hui n’ont absolument rien à voir et pourtant… Deux romans portés par des narrateurs garçons, deux romans où les rêves (et les cauchemars !) sont le moteur de leurs histoires, deux romans aux ambiances à la limite de l’étrange… Allez au bout de vos rêves avec Jean-Jacques Goldman et Bob & Jean-Michel, c’est cadeau ! ♫

Même pas en rêve

Timéo entre en seconde et à l’internat en même temps. Surpris une nuit à rêver un peu trop intensément de la jolie Aliénor, il devient le souffre-douleur de ses compagnons de chambrée. Heureusement, il peut compter sur Louis, ténébreux et mystérieux, sur qui toutes les émotions semblent couler alors que Tim est complètement aux prises des siennes. Une amitié forte et étonnante, bientôt renforcée par des événements qui vont interroger Tim sur son nouvel ami…

★★★★☆

Difficile de survivre dans le milieu hostile du lycée quand on est un garçon craintif de nature, et particulièrement pessimiste. Timéo est la tête de turc parfaite et les autres l’ont bien compris. Il va pourtant trouver une aide inattendue mais ô combien précieuse avec Louis, dont toutes les filles sont amoureuses et à qui personne ne cherche des noises. Un passé mystérieux, renforcé par une présence paternelle qui fait rêver – le père de Louis est un brillant chercheur à l’origine de la spectrine, une sorte de drogue capable de faire oublier tous les mauvais souvenirs – et une absence totale de peur, Louis est un véritable héros pour Tim qu’un rien angoisse. Et puis le harcèlement continue et les événements s’enchaînent… Un premier roman de Vivien Bessières très prometteur sur la force de l’amitié et le harcèlement, bien sûr, mais avec aussi une ambiance proche du thriller qui nous interroge sur les traumatismes et l’acceptation d’une réalité qu’on voudrait oublier ou supprimer de son esprit. Un roman juste, parfois cruel mais surtout sensible sur l’adolescence. A découvrir !

Même pas en rêve, Vivien Bessières (Le Rouergue)
collection DoAdo
disponible depuis le 6 février 2019
9782812617546 – 12,80€
à partir de 14 ans

 

Tant que durent les rêves

Nathan a dix-huit ans et se prépare pour les championnats de France de natation. Il est pressenti pour intégrer l’équipe de France aux prochains JO et ne rêvent d’ailleurs que de ça… Mais depuis quelques temps, une petite voix instille le doute en lui et la peur de ne pas réussir. Cette voix, cette « Bête » comme il la surnomme, prend tellement de place qu’un jour, Nathan assiste impuissant à un phénomène plus qu’étrange…

★★★☆☆

Après avoir déjà fait du sport le thème (entre autres) de son précédent roman, Vivant (dont certains remarqueront peut-être les clins d’œil dans ce nouveau texte), Roland Fuentès continue à explorer la relation de ses personnages à une discipline sportive, à la façon dont elle les forge, aussi bien dans les qualités positives que dans les doutes, les moments de faiblesse ou de découragement. Ici, ce doute prend une forme totalement inattendue pour chavirer dans une ambiance très proche des nouvelles fantastiques du 19e siècle, où le héros assiste avec stupéfaction à un basculement de la plus grande étrangeté. Une expérience étonnante que Nathan va partager avec d’autres personnages du roman, qui vont tous être confrontés à la possible destruction de leur rêve… Petite mention pour Alicia, autrice en herbe, qui permet à Roland Fuentès de faire un parallèle intéressant entre l’écriture et le sport, où le degré de travail, de pratique et de persévérance ne sont peut-être pas si différents ? Un roman dans lequel on se laisse flotter et emporter doucement par le courant, dont les personnages nous invitent à croire en nos rêves et à nous dépasser pour les réaliser.

Tant que durent les rêves, Roland Fuentès (Syros)
disponible depuis le 7 février 2019
9782748526189 – 16,95€
à partir de 12 ans
Son
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Polynies : une nouvelle collection de romans chez MeMo !

Vous connaissez sans aucun doute le travail des éditions MeMo et de leurs magnifiques albums où l’on retrouve des auteurs et illustrateurs comme Mélanie Rutten ou Emilie Vast pour les plus contemporains, ou encore Remy Charlip ou Maurice Sendak pour ceux un peu plus anciens… Cette année, les éditions MeMo lancent leur toute première collection de romans, Polynies, dirigée par Chloé Mary (ancienne éditrice à l’école des loisirs), qui proposera des romans à partir de 7 ans et jusqu’à l’adolescence. Couvertures à rabats, tranches colorées, on y retrouvera tout le soin que la maison apporte déjà à ses albums. En janvier sont parus les deux premiers romans de la collection, à destination des plus jeunes, que l’on vous présente ici, et autant vous dire qu’on a hâte de découvrir la suite ! 😛 Pour en savoir plus sur la collection et découvrir déjà de nombreux bonus, rendez-vous sur le blog dédié ou bien sur l’édition numérique des Nouvelles de Polynies.

Truffe et Machin

9782352893646, 0-4693737Aujourd’hui, Truffe et Machin, les deux frères lapins, s’ennuient. Rien à faire et aucune idée pour se lancer dans une aventure trépidante ! Alors qu’ils errent le long de l’ancienne voie ferrée, Truffe a soudain le début d’une idée, mais le ventre gargouillant de son frère la lui fait oublier et les deux lapins se mettent alors à la recherche de cette idée qu’ils imaginent merveilleuse…

★★★★☆

« Retrouver l’idée perdue » est la première des histoires de Truffe et Machin, qui en compte trois. Entre jeux d’enfants et idées saugrenues, Emile Cucherousset nous fait découvrir avec un style vif et plein d’humour le petit monde de deux lapins jamais bien loin de leur maman et de leur terrier. Un univers tout en douceur et en couleurs que les illustrations de Camille Jourdy complètent à merveille, faisant partie intégrante des histoires. On se laisse emporter dans ces petits bouts de vie plein de fantaisie et de bonheur. Une première lecture sans doute plus exigeante que les autres, mais qui ravira les amateurs d’histoires tendres et colorées.

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Truffe et Machin, Emile Cucherousset, illustré par Camille Jourdy (MeMo)
collection Petite Polynie
disponible depuis le 18 janvier 2018
9782352893646 – 8€
à partir de 7 ans
La petite épopée des pions

9782352893653, 0-4693736Sacha habite dans un coffret de bois avec d’autres Sacha noirs et blancs. Parfois, La Main le sort de cette boîte pour le déplacer sur un damier, avant de le ranger soigneusement à sa place. Mais le Géant-Monde, qui s’étire bien au-delà de son coffret attire Sacha et, bientôt, le petit pion ne rêve plus que d’une chose : sentir le vent de la liberté sur son bois.

★★★★★

En voilà une idée inédite : faire parler et rêver les pions d’un échiquier ! Grâce à ces drôles de personnages, Audren évoque avec une grande réussite l’idée de liberté, de conformisme, de dépassement de soi. Comment pourrait-on découvrir le monde en étant un simple petit pion, incapable de se déplacer autrement que lorsqu’un coude malheureux vous fait rouler sur le tapis avant que La Main ne vous récupère ? Et le monde n’est-il pas dangereux ? N’est-ce pas plus simple de rester bien au chaud dans son coffret, où l’on sait être en sécurité, ou bien garder sa place sur l’échiquier ? Audren nous livre un texte remarquable d’imagination et que dire des illustrations en noir et blanc de Cédric Philippe, absolument superbes, qui ajoutent à l’ambiance toute particulière de cette histoire. Ses double-pages muettes vers la fin du roman insufflent une poésie et un imaginaire encore plus puissant à ce roman véritablement magique. A découvrir !

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La petite épopée des pions, Audren, illustré par Cédric Philippe (MeMo)
collection Petite Polynie
disponible depuis le 18 janvier 2018
9782352893653 – 8€
à partir de 8 ans
Son
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Hugo de la nuit – Bertrand Santini

9782246860266,0-3345557

Une nuit d’été, un enfant, des fantômes, un secret… C’est le programme du tout nouveau roman de Bertrand Santini, après le génialissime et hilarant Journal de Gurty. Intrigués ? 😀

Hugo et sa famille vivent dans une belle demeure à Monliard. Un terrain qui attire la convoitise quand un gisement de pétrole est découvert dans le cimetière du domaine. Et une nuit, tout bascule…

★★★★☆

Difficile de vous résumer le roman de Bertrand Santini sans vous révéler quelques ressorts de l’intrigue ! Pourtant, je ne peux pas ne pas vous dire que Hugo, notre héros, meurt dès la première page. Eh oui, c’est bien triste mais c’est comme ça ! Hugo avait 11 ans, bientôt 12, et c’est la veille de son anniversaire que le malheur s’abat sur lui et sa famille… Sa mère, Hélène, est auteure de romans jeunesse et, grâce à la fortune amassée par les ventes de sa série à succès en 7 tomes (toute ressemblance avec le parcours d’une certaine J.K. Rowling serait fortuite), a acheté le domaine de Monliard. Son père, Romain, est botaniste et, quand le gisement de pétrole est découvert, il compte bien parvenir à protéger le domaine grâce à une fleur présumée éteinte qui a justement poussé près d’une tombe dans le cimetière. Mais, comme je vous l’ai dit, le malheur va s’abattre sur la famille…

C’est là qu’une simple histoire de territoire et d’avidité villageoise se transforme en conte horrifique et ce pour notre plus grand plaisir ! Je ne vous ferais pas de gros spoiler en vous disant que le cimetière de Monliard est hanté par des fantômes et que le cœur du roman va se dérouler entre le monde de la vie et celui de la mort. Pour ceux qui ont lu L’étrange vie de Nobody Owens, sachez que ce cimetière et ses habitants n’ont rien à envier à ceux de Neil Gaiman. Loufoques, étranges, exubérants, mélancoliques, tels sont les fantômes dont Hugo va faire la connaissance. Et nous voilà désormais dans un roman où la peur côtoie un humour pince-sans-rire avec beaucoup de réussite.

Mais là où Bertrand Santini est le plus fort, c’est qu’il joue avec nos impressions et nos sensations jusqu’à la fin du roman, et nous interroge sur notre sens du rêve – ou du cauchemar – et de la réalité. C’est vraiment bien fichu, on se laisse entraîner dans cette nuit étrange et étonnante, on a les chocottes, on rigole, on frissonne, on danse… Une véritable ambiance gothico-burlesque que cette magnifique couverture toute en dorures ne laisse peut-être pas présager mais qui nous surprend fort agréablement. On en redemande ! 😛

Hugo de la nuit, Bertrand Santini (Grasset jeunesse)
disponible depuis le 20 avril 2016
9782246860259 – 13,50€
à partir de 11 ans
Son
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Le dernier songe de lord Scriven – Eric Senabre

Ce qui est bien avec Eric Senabre c’est que, quoi qu’il fasse, nous ne sommes jamais déçues ! En ce début d’année, il nous propose un voyage dans le Londres victorien et son époque pleine de mystères et d’énigmes…

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Journaliste déchu, Christopher Carandini répond à une drôle d’annonce : « Gentleman cherche secrétaire particulier pour surveiller son sommeil. Se présenter au 30 Portobello Road et demander une théière. » Intrigué mais désespérant de trouver de quoi subsister, Christopher se présente et rencontre Arjuna Banerjee, un détective très particulier puisque, pour résoudre les énigmes soumises par ses clients, il doit rêver…

★★★★☆

Engagé pour surveiller le sommeil de Banerjee, qui ne soit pas excéder les 26 minutes sous peine d’y rester, Christopher va découvrir un monde totalement nouveau, une façon étrange et étonnante de résoudre une enquête à laquelle son passé de journaliste sera également utile. Le premier client de ce duo inédit est donc lord Scriven, réincarné dans son fidèle majordome, persuadé d’avoir été assassiné dans son bureau pourtant fermé à clé de l’intérieur… Une énigme qui va donner du fil à retordre à nos deux enquêteurs de l’étrange et nous offrir un récit des plus passionnant.

Amateurs de Sherlock Holmes et d’énigmes, ce roman est fait pour vous ! On y retrouve tous les ingrédients qui font le charme des romans du début du siècle dernier : un peu de fantastique, beaucoup de mystère et une flopée de suspects potentiels, des retournements de situation et un peu d’espionnage. Sans oublier un grand méchant non sans rappeler Moriarty… On se laisse très vite emporter dans le récit, de part l’écriture d’Eric Senabre, efficace, dynamique et non sans un certain flegme tout britannique, mais également par les nombreux rebondissements de l’affaire qui, d’une « simple » crise cardiaque, va prendre des tours totalement inattendus. Je me suis vraiment passionnée pour cette histoire, pour ce personnage de Banerjee et de son mystère indien, pour Christopher et son désir de justice, pour toutes les petites références et pour ce très bel hommage aux personnages et aux histoires inventées par Conan Doyle. Et si le roman vous a plu autant qu’à moi, l’auteur laisse entendre qu’il pourrait y avoir d’autres aventures de ces détectives du rêve ! 😀

Pour en savoir plus sur le livre, n’hésitez pas à visiter le site internet dédié, il y a plein d’anecdotes super chouettes et, pour ceux qui ont lu le précédent roman de l’auteur, vous ne manquerez pas de reconnaître un certain trio dans les cuisines du manoir de lord Scriven… 😛

Le dernier songe de lord Scriven, Eric Senabre (Didier Jeunesse)
disponible depuis le 17 février 2016
9782278059508 – 14,20€
à partir de 12 ans
Discussion
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Un jour il m’arrivera un truc extraordinaire – Gilles Abier

Avec trois parutions cette année, 2016 semble être importante pour Monsieur Abier. Celle de nouveaux succès ? On l’espère. En plus de son *très formidable* roman publié chez La Joie de Lire, on attend avec impatience Je sais que tu sais, un petit nouveau de la collection Ego chez Talents Hauts le 18 février, puis Violon dingue un Petite Poche chez Thierry Magnier en mai. Mais pour l’heure, on vous présente celui qui est déjà sorti des cartons.

9782889083046,0-3014538

Élias vit avec sa mère, Franck Garny, son beau-père et Choucroute, la chat de celui-ci. Enfant prématuré, il a toujours été petit pour son âge, particulièrement pâle et chétif. Malgré cela, Élias est persuadé qu’il est destiné à faire des choses extraordinaires. Un jour, ça le frappe : il va voler. Mais quand il commence à perdre ses doigts de pieds au profit de pattes d’oiseaux et que son nez s’allonge en bec, il n’est plus si sûr de vouloir voler…

L’avis extraordinaire de Jean-Michel

★★★★★

Comment fait-on pour écrire un roman si ensorcelant ? A la lecture de deux phrases la magie opère : les rires fusent, on aimerait retenir chacune des répliques d’Elias, la curiosité est éveillée et la fin si inattendue que le roman en devient extraordinaire. Élias aurait pu être mon meilleur pote : il adore le gratin dauphinois, Matilde et Milo sont ses meilleurs amis et je trouve que ce sont 2 des plus beaux prénoms qui existent. Surtout, il a cette capacité à utiliser la dérision comme moyen d’auto-défense : ses tortionnaires, Guillaume et Farid, sont respectivement surnommés par notre super-héros « Gratte-cul » toujours à fouiller son entre-fesses et « Deux grammes » tel le poids de son cerveau. Un héros chétif certes, mais il va en conquérir, des cœurs de lecteurs ! Comme le mentionne Bob un peu plus bas : il est difficile de ne pas spolier le livre, nous omettons des détails volontairement pour ne pas vous mettre la puce à l’oreille, vous laisser la part belle à cette découverte surprenante, cette fin intrigante qui mériterait d’être discutée.

D’autres trucs de Bob

★★★★☆

Quand il n’écrit pas de belles histoires poétiques à destination des plus jeunes, Gilles Abier est particulièrement doué pour nous trimballer là où on ne s’y attend pas grâce à des chutes surprenantes (je pense notamment à Un de perdu qui m’avait particulièrement frappée). Du coup, ça va être vachement dur de vous parler de ce roman sans rien vous révéler car je ne m’attendais vraiment pas à cette fin et, rien qu’en vous disant cela, c’est limite si je ne vous spolie pas un peu.
Je vais donc me contenter de vous dire que les personnages inventés par Gilles Abier sont réellement attachants, j’ai beaucoup apprécié l’humour très différent et très particulier de chacun, Élias le premier. On est clairement intrigué par cette drôle de chose qui arrive à Élias, cette transformation physique qu’il semble être le seul à constater mais que ses meilleurs amis acceptent avec une facilité délirante. J’ai trouvé l’écriture de Gilles Abier vraiment très fine et humoristique, d’autant plus déconcertante quand on arrive à cette fin qui non seulement nous « choque » mais nous donne envie de recommencer le livre pour repérer les endroits où l’on a rien vu venir… Bien joué, monsieur Abier.

Un jour il m’arrivera un truc extraordinaire, Gilles Abier, couverture illustrée par Séverin Millet (La Joie de lire)
collection Encrage
disponible depuis le 21 janvier 2016
9782889083046 – 14€
à partir de 13 ans
Discussion
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Le fils de l’ombre et de l’oiseau – Alex Cousseau

filsdelombreetdeloiseau

Bob et Jean-Michel ne vous ont pas encore parlé d’Alex Cousseau… Pourtant, ils adorent tous ses livres ! Alors autant vous dire que, lorsque nous avons repéré la parution de son tout nouveau roman, nous avons sauté dessus et nous n’avons pas regretté le voyage…

En guise d’introduction, les deux frères Elie et Elias attendent le moment opportun pour assouvir leur vengeance envers Butch Cassidy, un bandit. Mais avant tout acte, ils souhaitent nous raconter comment ils en sont arrivés là…ainsi, une plongée dans l’histoire familiale est narrée…Et quels ancêtres !

Jean-Michel, fils des berges et du castor

★★★★★

Parce que c’est un roman océan où il faut suivre et ne pas se laisser distraire lors de la lecture, on vous donne en exclusivité (et aussi parce que nous sommes fort sympathiques) l’arbre généalogique abrégé de cette famille hors du commun.

Mahina

Poki – Peter Schlemihl

Pawel – Wari
↓ ↓
Elie – Elias

De rien.
Vous devez savoir avant de vous plonger dans cette aventure stupéfiante que grâce à Alex Cousseau, la notion de rêve est presque palpable. Vous côtoierez des paysages et des lieux enchanteurs : des déserts, des océans d’un bleu intense, des montagnes arides, des mines sombres, toucherez du sable chaud, un ciel glacé, percerez le mystère d’une forêt et sentirez l’humidité d’un fleuve d’argent. De l’action ? Vous en aurez. Vous assisterez à des cavales, des parcours qui n’en finissent plus et des points de non-retour. Soyez curieux et laissez-vous emporter par l’épopée douce d’un brillant rêveur : Monsieur Cousseau.

« La vie est un cheval entendit Pawel dans une conversation…
un cheval furieux, un cheval espiègle, ou un cheval docile.
A chacun d’en décider, mais pour avancer il faut l’enfourcher »
Bob, fils de la glace et de l’éléphant

★★★★★

Il n’y a bien qu’Alex Cousseau pour nous conter une épopée familiale, s’étalant sur deux siècles, deux mondes, avec autant de rêve et de beauté. On se laisse bercer par son écriture, sa façon de raconter, qui nous porte au gré des vents, des coups du sort, de la vie et de la mort. J’aime son univers, exotique et foisonnant ; ses personnages, vivants et surprenants ; son sens de l’aventure et du destin ; son incroyable travail mêlant fiction et éléments historiques, techniques, technologiques et scientifiques. Il faudra attendre la dernière partie du roman pour comprendre comment Elie et Elias se retrouvent devant Butch Cassidy mais ce voyage magique en vaut assurément la peine.

Le fils de l’ombre et de l’oiseau,Alex Cousseau(Rouergue)
collection DoAdo
disponible depuis le 6 janvier 2016
9782812609862 – 15,90€
à partir de 14 ans
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Adèle & les noces de la Reine Margot – Silène Edgar

Silène Edgar revient avec un roman qui pulvérise Max Gallo, remet en place Stéphane Bern et bouleverse les codes de la lecture plaisir.

★★★★★

adelnocesreine

Adèle, adolescente en pleine crise décide que ses parents sont nuls et que les études sont moins importantes que le temps qu’elle peut consacrer à ses amies. Les vacances arrivent à grands pas et là…le drame. Elle doit lire un livre. Mais ce n’est pas tout : en entier ! La catastrophe absolue, la punition ultime pour Adèle qui considère la lecture comme une perte de temps. Un livre avec pour titre « La Reine Margot » de Dumas de surcroît – toutes ces tribulations historiques n’enchantent absolument pas la jeune fille qui semble lutter pour repousser l’inévitable. Mais tout va changer lorsque dans ses rêves, Adèle se retrouve à la Cour de la Reine Margot parmi une farandole de personnages dont se démarque un charmant jeune homme…Adèle se retrouve face à un choix cornélien : rester en 1572 et sacrifier sa vie de 2015 ou quitter son rêve ?

Silène Edgar a du écouter les plaintes de nombreux adolescents : « lire un livre ?! nooon tout mais pas ça ! s’te-plait maman je nettoierai le garage tous les week-ends ! » Voilà une histoire qui devrait réconcilier quelques enfants avec la lecture : cette femme sait mêler l’histoire à l’agréable qui est parfois l’ennemi numéro 1 des thèmes pour certains. Déjà, avec 14-14 qu’elle avait co-écrit avec Paul Béorn, l’association histoire + fantastique avait été plus que concluante et chacun des jeunes clients qui l’ont lu ont tous été conquis et surpris de l’avoir « dévoré ». Que tout le monde se rassure : Adèle et les noces de la Reine Margot est addictif, avec une saveur d’aisance et le luxe d’avoir un excellent livre entre les mains. Je pense que Silène Edgar ne laisse rien au hasard. Si elle a choisi de mettre en avant une adolescente en détresse émotionnelle (eh oui : ce roman aborde également le mal-être de l’adolescence) et qui n’aime pas lire, c’est une meilleure tactique que toutes celles que Jack Bauer a pu utiliser en 24. Parce que pour le vivre régulièrement en librairie : il n’y a rien de plus simple que d’intéresser un adolescent à la lecture en lui présentant un personnage qui lui aussi ne s’y intéresse pas avec lequel il trouvera quelques similitudes. Well done Silène.

Adèle & les noces de la Reine Margot, Silène Edgar (Castelmore)
en librairie depuis le 15 avril 2015
9782362311451 – 10.90€
à partir de 9 ans