Son

Vivant – Roland Fuentès

9782748525328,0-4698383

Pour les vacances de Pâques, huit amis se retrouvent dans un gîte près de Marseille. Au programme : révisions, sport et détente pour être fin prêts pour les examens. C’est Lucas qui a invité Elias, un inconnu pour les autres, mais qui attire leurs regards et leur curiosité durant tout le séjour. Jusqu’au moment où l’un des amis, Mattéo, se saisit d’un couteau et transforme ces vacances en combat à mort.

★★★☆☆

Le roman s’ouvre sur une course poursuite dans les calanques entre deux jeunes hommes. Mattéo, armé d’un couteau, poursuit avec rage Elias. Mattéo, c’est le leader charismatique du groupe de copains étudiants, celui qui pourrait devenir sportif professionnel, qui organise le programme des vacances, qui sort avec la belle Salomé. Elias, lui, est manœuvre sur un chantier et ne connaît dans le groupe que Lucas, qui l’a invité. On ne sait pas vraiment qui il est, d’où il vient, mais son incroyable gentillesse, sa curiosité et son attitude paisible, naïve, interpellent les autres jeunes, certains se sentent mal à l’aise, d’autres ne voient que de la perfection. En tous cas, Elias ne laisse personne indifférent. Et Mattéo encore moins que les autres ! Mais qu’est-ce qui pousse le sportif à ce coup de folie ? C’est bien la question que tous les protagonistes se posent… et nous avec !

Avec Vivant, Roland Fuentès nous propose un thriller psychologique haletant et fascinant. Sa construction, alternant les chapitres de course poursuite et les souvenirs de chaque jeune sur ce qui a sans doute amené à cette folle cavalcade, amène un vrai suspense tandis que se révèlent petit à petit les événements, le déchaînement de violence. Sans vous en dire trop sur ce que l’histoire dévoile des personnages et de leurs motivations, Vivant c’est une réflexion sur notre rapport à l’autre et principalement à « l’étranger », à ce qu’il laisse à voir de lui et à ce qu’il nous montre de nous, ce qu’il provoque en nous, le meilleur comme le pire… C’est aussi une réflexion sur le groupe et comment un élément étranger, justement, peut faire basculer l’équilibre de chacun et du collectif. Et c’est aussi une évocation du sport et de ses valeurs que l’on rencontre assez peu en littérature, où Roland Fuentès met en lumière l’effort, le travail, l’art presque, que demande la performance sportive mais aussi la question de vie, de survie, qu’elle peut représenter pour certains. La dédicace qui figure au début du roman n’est d’ailleurs pas anodine…

S’il est difficile de dire que Vivant est « trop bien », c’est parce que le roman nous laisse avec un drôle de sentiment, celui d’avoir été bousculé, d’avoir posé dans notre esprit les petites pierres de la réflexion à entamer ou à poursuivre sur notre façon d’accueillir les autres, notre aptitude à la tolérance. Un roman profondément humain !

Vivant, Roland Fuentès (Syros)
disponible le 11 janvier 2018
9782748525328 – 14,95€
à partir de 13 ans

8 thoughts on “Vivant – Roland Fuentès

  1. Je suis d’accord, il n’est pas « trop bien », des passages sur leurs vacances auraient pu être développés, mais on serait tombés dans la romance ou le road trip entre jeunes. Or c’est un roman humain, qui fait réfléchir, pose des questions et secoue. Je suis d’accord avec les trois étoiles, mais de bonnes étoiles :).

    • Oui, tout à fait ! 😀
      Je pense qu’il est bien dosé sur les passages de vacances (encore que je l’ai pas dit, mais il y a beaucoup de personnages pour si peu de pages et qu’il y a certains moments où je n’étais plus très sûre de qui était qui) et que ça aurait été un autre roman s’il y en avait eu plus.

  2. Tu en parles tellement bien !
    J’ai été complètement happée par le rythme (je l’ai lu quasi d’une traite en fait) mais, c’est vrai, à un moment, je me suis un peu emmêlé les pinceaux entre les différentes filles.

  3. je viens de le finir avec une petite déception je m’attendais à encore mieux et le truc qui me gêne aussi c’est qu’on a tous les points de vue même celui d’Elias et son histoire mais on n’a pas du tout le point de vue et les pensées de Mattéo tout le long du livre j’ai voulu comprendre le déclencheur de cette rage de Mattéo et j’ai toujours pas compris est-ce par racisme, est-ce par jalousie amoureuse, est-ce par jalousie d’égo on ne sait pas réellement et du coup ça me gêne j’aurais voulu avoir son point de vue pour comprendre exactement ce qui le gênait chez Elias sinon je suis d’accord pour le message de tolérance

    • Oui, je pense que ça fait aussi partie des raisons qui font que je ne l’ai pas noté comme un coup de cœur. Mais c’est vrai qu’il manque le point de vue de Mattéo et, en même temps, je pense que c’est aussi ça qui fait que c’en est intéressant : on a que les sentiments des autres, qui analysent le comportement de Mattéo et sans doute que le côté raciste, jalousie ou égo aurait été trop poussé si on avait eu son sentiment à lui et que le roman n’aurait pas été le même ? Car c’est clairement un mélange des trois, le fait d’être confronté à quelqu’un qui brille plus que lui auprès des autres.
      On est bien dans un roman qui interpelle, qui nous fait cogiter, et c’est plutôt une bonne chose. ^-^

      • Hum moi j’aurais aimé avec la version de Mattéo pour lire dans ses pensées qu’est-ce qui chez Elias le dérangeait car c’est bien beau les suppositions des autres mais on ne sait pas le déclencheur même avec les flash-back des souvenirs des amis j’étais là à la fin à me dire euh il manque un passage comment une soirée entre amis et un inconnu peut dégénérer à une course poursuite de Mattéo contre Elias? On passe pas d’un coup à ça et pourtant j’avais l’impression que Mattéo était passé d’un coup à ça sans comprendre pourquoi sa colère et sa rage? Et comme on n’a que des suppositions et pas la version de Mattéo donc pas de réponses à nos questions surtout si on met une course-poursuite au début on veut savoir par les flash-back comment on en est arrivé là et j’aurais aimé après la scène de l’hôpital avoir le point de vue de Mattéo sur ce qu’il s’est passé, est-ce qu’il regrette son emportement, s’était-il cru capable de s’emporter autant? Regrette t-il son geste? même si on sait qu’il est buté et ne parle toujours pas à Elias mais j’aurais aimé avoir sa version comme chaque personne peut s’emporter sous le coup de la colère et regrettait son geste après-coup bah j’aimerai savoir ça si c’était juste l’effet de la colère et qu’il regrette ou pour d’autres raisons? Ce livre j’ai l’impression que c’est par ex dans un policier où on a un corps, des suspects qui témoignent avec leur version des faits et accusation mais sans que le lecteur et spectateur n’ait de réponse sur qui est le tueur comme les flics qui ne savent pas, bah ça frustre bah ce livre m’a frustré alors que je pensais que ça aurait pu être un coup de coeur surtout que j’adore les thrillers, j’adore les courses-poursuites et le thème du racisme m’intéressait mais déception même si des choses bien! Ca fait 2 livres de thrillers jeunesses et 2 déceptions car j’ai le sentiment que c’est bâclé j’espère trouver un thriller jeunesse qui ne soit pas bâclé et bien car je désespère xd. Dans les thrillers adultes, on a les pensées du tueur comme pensées des flics comme vie de la futur victime etc bah là j’avais envie de lire les pensées de Mattéo pour essayer de le comprendre, comprendre son geste pas dans le but de le justifier mais de comprendre son emportement ce qui fait qu’il a déraillé et après avoir fini le livre je n’ai toujours pas compris son déraillement! Je n’ai pas du tout compris Mattéo et c’est dommage!

        • Moi c’est ce que j’ai aimé dans ce roman. Qu’on ne sache pas, pour Mattéo. Que lui-même, sûrement, ne sache pas. Parce que c’est ce que je trouve le plus vrai. Par fois, le plus souvent je crois, on ne sait pas. Je ne suis pas sûre que ce livre soit un thriller à proprement parler, l’enjeu, ce n’est pas le geste de Mattéo, c’est le bouillonnement des émotions, comment ce qu’on intègre depuis qu’on est tout petit peut avoir un impact sur ce qu’on devient, quand on est plus tout à fait soi-même, comment on compose avec ceux qui sont différents de nous, comment on « fait avec » jusqu’à ce qu’on ne puisse plus. On connait tous cette personne dont on apprécie pas forcément les valeurs, ou le comportement, mais on la tolère, voire on l’apprécie quand même, parce qu’elle est de notre famille, parce qu’elle est amie avec une personne qui nous est chère. On a tous des pulsions de violence… ce qui est intéressant, et pour moi terriblement juste, c’est que justement il n’y a dans ce livre aucune tentative d’explication, parce qu’on ne pas tout expliquer, rationnaliser, excuser. Peut-être que Mattéo regrette son geste, peut-être pas, peut-être des fois oui des fois non, mais en fait, ce qui compte, c’est comment le groupe a réagi et comment chacun a intégré cet évènement pour continuer à avancer.
          C’est marrant, parce que je pensais que ce n’était pas un coup de cœur, mais en fait peut-être que si… y’a que le truc des révisions sportives et du gite dans les calanques qui me chafouine un peu… Il est où ce gite ? non mais parce que ça m’intéresse, c’est mes calanques préférées (d’ailleurs, on y va dimanche, je jetterai un coup d’œil)…

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