Son
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Toucher du doigt ses rêves

Un roman et une pièce de théâtre qui commencent de la même manière : un recruteur européen à la recherche des talents de demain dans des pays d’Afrique…et des garçons qui n’ont qu’un seul rêve en tête : jouer avec les plus grands ! Y parviendront-ils ?

Trois minutes de temps additionnel – Sylvain Levey

Kouam et Mafany ont quatorze ans, vivent en Guinée et passent leur temps à jouer au football. Ils rêvent de fouler un jour les pelouses sous le maillot de Manchester United. Et un jour, la chance leur sourit : une femme anglaise les recrute pour intégrer le petit club de Bradford, une première étape avant d’espérer plus grand. Malheureusement, l’arrivée en Angleterre n’est pas aussi géniale qu’ils le pensaient : il pleut tout le temps, la bouffe ne ressemble en rien à celle de leurs mères, ils se blessent, jouent mal… Et entendent des cris de singe dans le public chaque fois qu’ils sont sur la pelouse.

Si l’on découvre dans cette pièce les travers du football : le racisme d’une certaine catégorie de supporters, l’exploitation de jeunes rêveurs en quête de gloire et la marchandise qu’ils représentent – qu’ils se révèlent de vrais talents ou des déceptions, c’est surtout et avant tout un magnifique texte sur la force de l’amitié, sur la poursuite de ses rêves en dépit des embûches. Kouam et Mafany ne seront peut-être pas vos nouvelles idoles du foot mais leur parcours n’en seront pas moins satisfaisants pour eux et pour nous lecteurs. Une pièce sensible et pleine d’espoir, racontée dans une forme narrative qui apporte beaucoup de dynamisme, à lire pile-poil pendant la mi-temps. Une magnifique lettre de Sylvain Levey à son lecteur footballeur ou footballeuse conclut le livre, rappelant que le sport et la littérature ne sont jamais incompatibles.

Trois minutes de temps additionnel, Sylvain Levey (éditions Théâtrales)
collection Théâtrales Jeunesse
disponible depuis le 25 juin 2020
9782842608279 – 8€
à partir de 13 ans

ABC… – Antonio Da Silva

Jomo découvre le basketball un peu par hasard, dans son quartier pauvre de Bamako, au Mali, et en devient complètement accro ! La chance lui sourit le jour où Richard, dénicheur de talent, lui propose de s’envoler pour la France et de rejoindre l’Academy, le centre de formation créé par Tony Parker, son idole. Dès son arrivée, son talent est indéniable et son avenir sera certainement brillant ! Mais pour aller plus loin dans sa carrière, Jomo va devoir accepter de se faire aider : il ne sait pas lire. Il intègre alors un cours d’alphabétisation, qui lui permettra de s’épanouir et de rencontrer la jolie Rosa-Rose…

Le monde du basket semble un peu moins gris que celui du football dans ce roman où les adultes sont ici bien plus bienveillants que dans l’histoire de Kouam et Mafany. Jomo rencontrera même Tony Parker lui-même, véritable figure d’espoir pour le garçon ! Très vite, pourtant, le basket laisse la place à la rencontre de Jomo avec Rosa, la fille de sa prof d’alphabétisation et, non seulement le garçon va sans doute pouvoir réaliser son rêve mais aussi trouver l’amour… Un véritable parcours initiatique pour cet adolescent qui découvre une toute nouvelle vie en France. Un roman court et pourtant très dense, abordant beaucoup de sujets mais surtout marqué par un véritable sens de la surprise ! Antonio Da Silva l’avait déjà montré dans son précédent roman, Sortie 32b (dans un tout autre genre), mais il parvient à nous toucher en plein cœur avec le destin qui attend Jomo. Un roman bouleversant et, pourtant, plein d’espoir lui aussi.

ABC…, Antonio Da Silva (Le Rouergue)
collection DoAdo
disponible depuis le 2 septembre 2020
9782812620829 – 12,80€
à partir de 13 ans
Son
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L’Enchanteur – Stephen Carrière

Le nom de Stephen Carrière ne vous est peut-être pas totalement inconnu… Éditeur (notamment pour le label La Belle Colère pour ce qui nous concerne), traducteur (c’est lui qui retraduit tous les Dr Seuss qui reparaissent au Nouvel Attila !), il est donc aussi écrivain et sort en ce début d’année son premier roman young adult. Autant vous le dire de suite, je n’avais pas eu de coup de cœur comme ça depuis un moment ! ❤

Au lycée, Stan est « l’Enchanteur », et avec sa bande de copains : Moh, David, Daniel et Jenny, il est capable de solutionner tous vos problèmes scolaires, familiaux ou sentimentaux. C’est le début de l’année et il ne reste que quelques mois à Daniel, atteint d’un cancer en phase terminale. Il commande alors à Stan son chef d’œuvre, un spectacle qui lui offrira une forme d’immortalité. Mais le « miracle » de l’Enchanteur pourrait bien être mis à mal par les meurtres sordides qui inquiètent la ville…

★★★★★

Pas besoin de plus de quelques pages pour être complètement happé par le récit que va nous conter Moh. Nous n’allons sans doute pas le croire, et pourtant, tout ce que Moh va nous raconter s’est réellement passé et sa charge en est ainsi immense. Mystérieux ? C’est sans doute pour cela qu’on ne décroche pas de ce roman dense et passionnant, qui flirte entre le roman de potes et le fantastique à tendance horrifique. L’éditeur cite la série Stranger Things pour faire un parallèle qui parle aux ados, il y a effectivement de ça ! Mais il y a aussi énormément de références, à commencer par celles au Barde lui-même puisque la bande d’amis va se donner le projet de faire une représentation du Songe d’une nuit d’été, choix certainement pas innocent, même si Moh ne s’en rendra compte qu’au fur et à mesure de son récit. D’autres références plus ésotériques seront à l’origine de notre fascination pour l’histoire de cette bande d’amis confrontée à un « Mal » qui ronge leur ville. Peu touchée par les attentats, leur ville est pourtant le théâtre d’une montée inquiétante de l’extrême-droite et de meurtres de jeunes gens. Une atmosphère menaçante dans laquelle ils vont bien malgré eux se retrouver puisque, si Stan est capable d’apporter une solution à tous les problèmes de ceux qui le sollicitent, son art n’est qu’une succession de services, de broderies autour de la vérité qui vont prendre de plus en plus d’ampleur à mesure qu’il avance dans le « miracle » promis à son meilleur ami Daniel…

Un roman dense, vous disais-je, mais ô combien captivant ! Et ça commence avec des personnages profondément attachants (même si je vous avoue avoir confondu pendant un petit moment Daniel et David – des prénoms trop proches, sans doute !), une intrigue merveilleusement construite et une écriture au cordeau ! Stephen Carrière joue habilement avec les genres, évoquant avec gravité le climat de violence de notre société actuelle, s’interrogeant sur le lien complexe de la vérité et du mensonge, tout en nous proposant avant tout un roman d’amitié ! Une amitié telle qu’elle va mener nos personnages à vivre leur vie la plus intensément possible, qu’elle va les faire grandir, mûrir, quitte à y laisser des plumes ?

Oui, il y a longtemps que je n’avais pas été secouée de la sorte ! Et j’espère que vous vous laisserez vous aussi séduire, et enchanter, par Stan et sa bande de copains. 😀

L’enchanteur, Stephen Carrière (PKJ)
disponible depuis le 3 janvier 2019
9782266290111 – 18,50€
à partir de 14 ans
Son
1

Orphelins 88 – Sarah Cohen-Scali

Allemagne, juillet 1945. Un garçon erre dans les décombres avant d’être recueilli par des soldats américains. On le nomme Josh et on l’envoie dans un orphelinat où, avec de nombreux autres enfants victimes de la guerre, il va devoir panser ses blessures et découvrir sa véritable identité.

★★★★☆

Dans Max, Sarah Cohen-Scali nous faisait découvrir le programme Lebensborn, depuis sa création par Himmler à sa réalisation avec Max, le tout premier enfant né de l’eugénisme nazi. Un roman exceptionnel, aussi passionnant que glaçant, aussi puissant que dérangeant (LISEZ-LE!). Orphelins 88 débute là où Max s’arrête, à la fin de la guerre, avec la question de « que sont devenus les enfants du programme Lebensborn ? ». Car Josh est un garçon issu de ce programme, mais avec une histoire toute particulière dont lui-même n’a pas toutes les clés. Son bras gauche est tatoué, comme celui des Juifs. L’est-il lui-même ou n’est-ce qu’une grossière erreur ? Car son bras droit, lui, ne cherche qu’à se tendre dans un salut nazi devenu un réflexe. Est-il un vrai allemand ou l’un de ces enfants germanisés ? Des questions qui vont petit à petit trouver des réponses alors que Josh, l’un de premiers à avoir rejoint l’orphelinat, voit affluer tout un tas d’autres enfants qui ont vécu des traumatismes terribles.

Particulièrement documenté, Orphelins 88 s’intéresse donc à ce qui se passe pour les populations à la fin de la guerre. Car il n’y a pas que les embrassades et les fêtes de la libération et la guerre ne se termine pas au 8 mai 1945. Il y a aussi, et surtout, tous ces gens jetés sur les routes, qui se retrouvent dans des camps de déplacés, tous ces Juifs libérés des camps qui cherchent à rentrer chez eux, en Pologne ou ailleurs, et subissent des pogroms, tous ces enfants devenus orphelins qui deviennent candidats à l’adoption et à l’immigration. Des sujets drôlement d’actualité, non ? Roman de l’après, donc, auquel le rythme rend bien compte de la torpeur dont chacun s’éveille – ou pas, de la lente reconstruction de soi et de la difficulté à imaginer comment vivre après ça.

La force du roman de Sarah Cohen-Scali réside avant tout dans ses personnages, Josh en tête, bien sûr, que le conditionnement et la perte de mémoire rend particulièrement déchirant. Mais il y a aussi Ida, la directrice de l’orphelinat, qui veille chaque nuit dans le hall pour accueillir les nouveaux arrivants ; Wally, le GI noir américain qui devient le premier « ami » de Josh, et qui nous permet aussi de connaître la situation des soldats noirs à cette époque ; Halina, jeune fille juive revenue en Allemagne après sa libération des camps car sa maison en Pologne était occupée par ses anciens voisins qui l’ont chassée ! ; Beate et son étrange accoutrement, qui erre dans la ville… Sans doute que le fait qu’ils soient tous inspirés de témoignages ou de personnes réelles rend l’émotion encore plus forte.

Si Orphelins 88 n’atteint pas le même niveau que Max – quelques longueurs qui donnent l’impression que ça tourne en rond et, après le choc reçu à la lecture de Max, il me semblait difficile d’atteindre le même degré de violence, d’horreur, d’aboutissement – il n’en reste pas moins une lecture passionnante, forte et émouvante.

Orphelins 88, Sarah Cohen-Scali (Robert Laffont)
collection R
disponible depuis le 20 septembre 2018
9782221218853 – 15,90€
à partir de 13 ans
Son
8

Vivant – Roland Fuentès

9782748525328,0-4698383

Pour les vacances de Pâques, huit amis se retrouvent dans un gîte près de Marseille. Au programme : révisions, sport et détente pour être fin prêts pour les examens. C’est Lucas qui a invité Elias, un inconnu pour les autres, mais qui attire leurs regards et leur curiosité durant tout le séjour. Jusqu’au moment où l’un des amis, Mattéo, se saisit d’un couteau et transforme ces vacances en combat à mort.

★★★☆☆

Le roman s’ouvre sur une course poursuite dans les calanques entre deux jeunes hommes. Mattéo, armé d’un couteau, poursuit avec rage Elias. Mattéo, c’est le leader charismatique du groupe de copains étudiants, celui qui pourrait devenir sportif professionnel, qui organise le programme des vacances, qui sort avec la belle Salomé. Elias, lui, est manœuvre sur un chantier et ne connaît dans le groupe que Lucas, qui l’a invité. On ne sait pas vraiment qui il est, d’où il vient, mais son incroyable gentillesse, sa curiosité et son attitude paisible, naïve, interpellent les autres jeunes, certains se sentent mal à l’aise, d’autres ne voient que de la perfection. En tous cas, Elias ne laisse personne indifférent. Et Mattéo encore moins que les autres ! Mais qu’est-ce qui pousse le sportif à ce coup de folie ? C’est bien la question que tous les protagonistes se posent… et nous avec !

Avec Vivant, Roland Fuentès nous propose un thriller psychologique haletant et fascinant. Sa construction, alternant les chapitres de course poursuite et les souvenirs de chaque jeune sur ce qui a sans doute amené à cette folle cavalcade, amène un vrai suspense tandis que se révèlent petit à petit les événements, le déchaînement de violence. Sans vous en dire trop sur ce que l’histoire dévoile des personnages et de leurs motivations, Vivant c’est une réflexion sur notre rapport à l’autre et principalement à « l’étranger », à ce qu’il laisse à voir de lui et à ce qu’il nous montre de nous, ce qu’il provoque en nous, le meilleur comme le pire… C’est aussi une réflexion sur le groupe et comment un élément étranger, justement, peut faire basculer l’équilibre de chacun et du collectif. Et c’est aussi une évocation du sport et de ses valeurs que l’on rencontre assez peu en littérature, où Roland Fuentès met en lumière l’effort, le travail, l’art presque, que demande la performance sportive mais aussi la question de vie, de survie, qu’elle peut représenter pour certains. La dédicace qui figure au début du roman n’est d’ailleurs pas anodine…

S’il est difficile de dire que Vivant est « trop bien », c’est parce que le roman nous laisse avec un drôle de sentiment, celui d’avoir été bousculé, d’avoir posé dans notre esprit les petites pierres de la réflexion à entamer ou à poursuivre sur notre façon d’accueillir les autres, notre aptitude à la tolérance. Un roman profondément humain !

Vivant, Roland Fuentès (Syros)
disponible le 11 janvier 2018
9782748525328 – 14,95€
à partir de 13 ans
Discussion
1

Les fragiles – Cécile Roumiguière

Si nous avons l’habitude de découvrir des auteurs dans la collection Exprim’ à travers des premiers romans, c’est cette fois une « déjà grande » qui rejoint le casting de Sarbacane avec un roman tragique, dont la très belle couverture tout en relief laisse planer une aura de mystère…

lesfragiles

Drew a 9 ans quand, au retour d’un match de handball, il assiste impuissant au racisme de son père. Choqué et incapable d’en parler, d’oublier, le garçon grandit dans la haine de ce père qui semble tout aussi incapable de l’aimer. Une haine qui le ronge, le consume, jusqu’à cette rencontre avec Sky, une fille incroyable qui cache aussi des fêlures, fragile comme lui…

Bob

★★★☆☆

Dans un incessant va et vient entre le passé et ce « jour J » aux accents terribles, Cécile Roumiguière explore la relation entre un père et un fils. Un jeune garçon qui voudrait plaire à son père, un homme qui ne semble pas avoir envie de l’aimer et dont la violence, le racisme, vont d’un seul coup transformer le désir d’affection en haine brûlante. Drew grandit, son père finit par s’éloigner, et il fait la rencontre de Sky lors de vacances à la mer. Une rencontre qui va donner un nouveau goût à sa vie, et ce malgré le passé qui refait surface régulièrement. La construction du récit et l’écriture de Cécile Roumiguière, aussi poétique que brutale, nous transporte dans ce roman bouleversant, où la fragilité de ses personnages nous prend aux tripes. Je regrette seulement la fin, qui, après toutes ces émotions intenses, enfonce encore plus le clou et nous laisse avec un goût amer, terrible. Dur !

Jean-Michel

★★★☆☆

On a du mal à croire à certains événements lors de la lecture tant ils sont violents. Certes, l’écriture parnassienne de Cécile Roumiguière adoucit l’animosité de ces scènes, mais l’impact de ce roman a été trop fort pour moi. Mes hormones d’ornithorynque ont peut-être joué mais mes pleurs découlant de cette lecture m’ont fait l’effet d’un coup de poing : cet Exprim sera difficile à conseiller. Pas accessible à tous les adolescents, mais nécessaire : pour ces images fortes du racisme, pour la violence d’un père sur sa famille, sur la difficulté de la construction de soi qui en découle. Dès le début, on sait que Drew a tué son père et tout au long du roman nous assistons à un tête-à-tête entre un fils révolté qui a commis l’irréparable et un père blotti dans son repos éternel tout confort alors qu’il mériterait d’entendre les paroles pleines de véracité de son enfant et pire encore. Pour moi, justice n’a pas été rendue et c’est ce qui m’a le plus scandalisé. Drew a tout de même sombré dans la démence la plus totale. Ce qui rend cette lecture psychotique. Un soupçon d’ambiance Shining flotte dans les pages : ce roman m’a effrayé. De qualité, mais ça retourne sacrément la tête !

Les fragiles, Cécile Roumiguière (Sarbacane)
collection Exprim’
disponible depuis le 6 avril 2016
9782848658629 – 15,50€
à partir de 14 ans
Son
0

Vibrations – Raphaële Frier

Clara ne se sépare jamais de son téléphone portable : elle dort même avec. Car elle ne peut s’empêcher d’attendre les messages de Sylvain, qui lui dit qu’elle est belle, qu’elle n’est pas comme les autres, qu’il a hâte de la revoir au lycée. Et Clara s’imagine plein de choses avec Sylvain. Pourtant, au lycée, c’est une autre histoire, ils ne se parlent presque pas, mangent à la cantine sans rien dire et ne se voient pas en dehors des cours. Clara désespère, et son meilleur ami, Hakim, finit par lui dire de faire attention à Sylvain, qu’il n’est pas ce qu’il semble être… Et lorsque Clara récupère par erreur le portable de Sylvain, elle va découvrir une vidéo qui va tout chambouler…

★★★★☆

Vibrations est un roman de la collection Ego, chez Talents Hauts. Si vous ne connaissez pas, il s’agit d’une collection de romans pour les ados dont le but est de faire réfléchir sur des sujets de sociétés ou des problématiques adolescentes. Et souvent, ça donne des textes très intéressants et à mettre entre toutes les mains adolescentes, voire adultes, en espérant que ça change un peu les mentalités…

Dans Vibrations, l’auteur s’attaque au racisme, au harcèlement et à la violence des ados. Le récit est court, mais suffisant pour l’histoire raconté, tout en nous laissant matière à la réflexion (c’est le but, rappelons-nous !). Les sentiments de Clara, l’héroïne, sont vraiment très bien rendus : sa passion dévorante pour un garçon beau gosse qui lui dit qu’elle est belle, sa relation avec ses parents, sa honte et sa colère quand elle découvre la vidéo « choc » sur le portable de celui dont elle rêve… Tout est à hauteur d’ados, dans la langue, l’écriture, le sujet. Bref, un titre vraiment très intéressant !

9782362661136,0-2229365
Vibrations, Raphaële Frier (Talents Hauts)
Collection Ego
en librairie le 4 septembre
9782362661136 – 7 €
à partir de 13 ans