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Collectif Black Bone, t.1 Coltan song – Manu Causse, Emmanuelle Urien, Marie Mazas, Maylis Jean-Préau

Souvenez-vous d’U4, la série littéraire dans laquelle 4 auteurs et autrices racontaient une histoire commune vécue par 4 personnages différents. Les éditions Nathan réitèrent l’expérience avec le Collectif Black Bone qui voit cette fois s’associer une éditrice (Marie Mazas), une journaliste (Maylis Jean-Préau), un auteur (Manu Causse) et une autrice (Emmanuelle Urien) pour une série prévue là aussi en 4 tomes, mais portant cette fois sur des sujets brûlants d’actualité !

Marie a 18 ans et vient de perdre sa mère dans un accident. Cette dernière était journaliste et, après avoir été reporter dans des zones de conflit, elle avait accepté de revenir en France pour s’occuper de la rubrique nouvelles technologies. En triant les affaires de sa mère et en regardant dans son ordinateur, Marie comprend que sa mère enquêtait sur les conditions de production d’un tout nouveau smartphone, remettant en cause la thèse de l’accident.

Il y a quelques années, on vous parlait de Blue gold, un roman d’Elizabeth Stewart qui, à travers le destin de trois jeunes filles, nous racontait, entre autres, les conditions de fabrication de nos téléphones portables. Cette même question est au cœur de l’enquête menée par Marie, bientôt aidée de Léo, un jeune hacker qui bossait pour la mère de Marie, et de Andrea, reporter italienne qui est aussi la marraine de la jeune fille. Entre l’Afrique et l’Europe, leur enquête va les mener à s’intéresser notamment aux mines de coltan et à ceux qui les exploitent, quitte à plonger dans un passé qui risque de leur attirer bien des ennuis…

Le Collectif Black Bone nous propose avec Coltan song un premier tome très réussi, parfaitement documenté, où c’est l’enquête journalistique qui prime et où l’on découvre tous les ressorts d’une investigation menée avec intelligence. C’est plutôt passionnant, la narration est efficace, faisant des allers et retours entre le passé et le présent, et le personnage de Marie, parfaitement incarné, nous entraîne dans cette volonté de faire la lumière sur cette affaire, découvrant ainsi ses qualités et ses projets d’avenir…qui se concrétiseront à n’en pas douter dans la suite de la série ! Une première aventure captivante, qui invite à s’interroger sur des sujets de société, sur le rôle des lanceurs d’alerte et, dans un dernier chapitre particulièrement glaçant, sur le cynisme de notre monde… Ça donne envie, non ? 😛

Collectif Black Bone, t.1 – Coltan song, Manu Causse, Emmanuelle Urien, Marie Mazas, Maylis Jean-Préau (Nathan)
disponible depuis le 9 janvier 2020
9782092591086 – 14,95€
à partir de 14 ans
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Blue Gold – Elizabeth Stewart

En 2014, nous découvrions Elizabeth Stewart avec un très beau roman historique, Justice pour Louie Sam, autour des populations indiennes et de la justice. Cette fois-ci, elle nous emmène à travers le monde, à la rencontre de trois jeunes filles emblématiques de notre époque, confrontées elles aussi à la justice, ou plutôt l’injustice.

9782747055246,0-3755047Fiona est canadienne. Après une soirée un peu arrosée, cette lycéenne envoie un selfie dénudé à son petit ami. Sylvie est congolaise, réfugiée en Tanzanie où elle vit dans un camp après avoir vécu l’horreur dans son village natal, pillé pour un minerai précieux : le coltan. Laiping, elle, a quitté son village et sa famille pour trouver du travail dans une usine de fabrication de téléphones dans une grande ville. Les trois jeunes filles ne se connaissent pas mais elles ont un point commun : le téléphone portable.

★★★★☆

Le portable est-il plus précieux que leurs vies ? Un sous-titre peut-être un peu racoleur mais qui va pourtant se révéler être la véritable question pendant tout le roman. Ce sont donc trois voix que nous suivons : Fiona, lycéenne accro à son portable qui fait l’erreur d’envoyer à son nouveau petit ami une photo de ses seins, qui perd le fameux objet et se retrouve être exposée à tous ; Sylvie, jeune réfugiée en Tanzanie avec sa mère et ses petits frères et sœurs a vécu des événements traumatiques qui lui ont laissé une cicatrice lui balafrant le visage et qui doit concilier la survie de sa famille, son désir de faire des études de médecine et son frère qui se laisse entraîner dans les magouilles du chef de guerre local ; et enfin Laiping, qui espère envoyer de l’argent à ses parents en travaillant à l’usine, découvrant un tout nouveau monde qui lui semble merveilleux avant de se rendre compte des terribles conditions de travail. Comment ces trois destins vont-ils finir par se rencontrer ?

Roman absolument passionnant, c’est bien cette idée de vies croisées qui nous tient en haleine jusqu’à la dernière page. Mais c’est aussi, et surtout, ces portraits très justes et touchants de ces adolescentes aux prises avec une société qui les dépasse, qui vont découvrir toute l’injustice de leurs conditions respectives et devoir se montrer forte pour surmonter ce qui les attend. Même si Fiona semble être le personnage le moins exploité (moins de chapitres et une histoire que certains jugeront peut-être moins « grave » que les autres), toutes nous offrent un regard éclairant sur notre monde. Les amateurs de dystopie seront d’ailleurs sans doute ravis de découvrir que la Chine est un décor parfaitement réaliste et actuel – inutile d’aller chercher dans la science-fiction ! Ceux qui aiment les textes engagés ne pourront qu’être sensibles à cet excellent roman qui nous invite à réfléchir à l’exploitation humaine sous toutes ses formes, et à s’informer sur la fabrication des produits de notre quotidien. Une postface de l’auteure vient d’ailleurs compléter son propos. Et ceux qui aiment les belles histoires ne seront certainement pas en reste : Fiona, Sylvie et Laiping vous toucheront au cœur par leur sensibilité et leur désir de changer la société.

Et comme c’est de saison, on proposerait bien Blue Gold pour le projet #unlivrepourdemain lancé par notre copain Tom ! 😀

Blue Gold : 3 filles, 3 destins : le téléphone portable est-il plus précieux que leurs vies ?, Elizabeth Stewart, traduit par Jean-Luc Defromont (Bayard)
disponible depuis le 15 février 2017
9782747055246 – 15,90€
à partir de 13 ans
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Vibrations – Raphaële Frier

Clara ne se sépare jamais de son téléphone portable : elle dort même avec. Car elle ne peut s’empêcher d’attendre les messages de Sylvain, qui lui dit qu’elle est belle, qu’elle n’est pas comme les autres, qu’il a hâte de la revoir au lycée. Et Clara s’imagine plein de choses avec Sylvain. Pourtant, au lycée, c’est une autre histoire, ils ne se parlent presque pas, mangent à la cantine sans rien dire et ne se voient pas en dehors des cours. Clara désespère, et son meilleur ami, Hakim, finit par lui dire de faire attention à Sylvain, qu’il n’est pas ce qu’il semble être… Et lorsque Clara récupère par erreur le portable de Sylvain, elle va découvrir une vidéo qui va tout chambouler…

★★★★☆

Vibrations est un roman de la collection Ego, chez Talents Hauts. Si vous ne connaissez pas, il s’agit d’une collection de romans pour les ados dont le but est de faire réfléchir sur des sujets de sociétés ou des problématiques adolescentes. Et souvent, ça donne des textes très intéressants et à mettre entre toutes les mains adolescentes, voire adultes, en espérant que ça change un peu les mentalités…

Dans Vibrations, l’auteur s’attaque au racisme, au harcèlement et à la violence des ados. Le récit est court, mais suffisant pour l’histoire raconté, tout en nous laissant matière à la réflexion (c’est le but, rappelons-nous !). Les sentiments de Clara, l’héroïne, sont vraiment très bien rendus : sa passion dévorante pour un garçon beau gosse qui lui dit qu’elle est belle, sa relation avec ses parents, sa honte et sa colère quand elle découvre la vidéo « choc » sur le portable de celui dont elle rêve… Tout est à hauteur d’ados, dans la langue, l’écriture, le sujet. Bref, un titre vraiment très intéressant !

9782362661136,0-2229365
Vibrations, Raphaële Frier (Talents Hauts)
Collection Ego
en librairie le 4 septembre
9782362661136 – 7 €
à partir de 13 ans