Son
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À la recherche de Mrs Wynter – Eric Senabre

Fan de la série des années 60 « Talons hauts et veste de tweed », Medhi est aussi fou amoureux de son actrice principale, Beryl Doncaster. Sauf que celle-ci a trois fois son âge, qu’elle vit en Angleterre et qu’elle a disparu du feu des projecteurs voilà bien des années. Mais pour un amoureux transi, rien n’est impossible et Medhi va se lancer avec sa meilleure amie Julia sur les traces de la belle interprète de Mrs Wynter…

Pour celles et ceux qui avaient adoré Star Trip, vous allez assurément tomber sous le charme de ce nouvel opus « pop culture » d’Eric Senabre, qui fait d’ailleurs un petit clin d’œil à ce précédent roman. (Saurez-vous le trouver ? 😉 ) Pour les autres, nul doute que cette quête romantique aussi hasardeuse que drôle vous plaira tout autant ! En seulement quelques pages, le personnage de Medhi devient tout de suite notre meilleur ami : sa naïveté, son humour et sa fougue nous le rendent absolument sympathique. Quel.le adolescent.e n’a jamais rêvé de rencontrer son idole, de s’imaginer une histoire d’amour ou d’amitié aussi épatante que totalement irréalisable ? Eh bien, grâce à Medhi, nos espoirs reviennent ! Si vous n’avez pas de nouvelles de Bob d’ici la rentrée, c’est donc qu’il est parti à la recherche d’Orlando Bloom (eh oui ! adolescente époque Seigneur des anneaux, ici !).

En tous cas, avec À la recherche de Mrs Wynter, Eric Senabre nous offre une comédie romantique trépidante et enlevée. Le mélange de farfelu et de flegme tout à fait britanniques est l’occasion de scènes hilarantes et improbables, de dialogues savoureux dont Eric Senabre a le secret, et qui font tout le sel de ce roman absolument idéal pour l’été. La chute ne vous surprendra pas, elle est à l’instar de toutes les bonnes comédies romantiques, mais il est tellement agréable de se laisser emporter dans ce tourbillon d’émotions et de drôlerie ! Un beau coup de cœur pour ce roman, qui est aussi un très bel hommage de l’auteur à Diana Rigg, l’actrice principale de Chapeau melon et bottes de cuir décédée en 2020 et que les plus jeunes d’entre vous auront plutôt connue en Reine des épines dans Game of Thrones. Si vous avez envie de passer un excellent moment de lecture et de pouffer dans votre barbe sans vergogne, allez vite vous procurer À la recherche de Mrs Wynter ! ❤️

À la recherche de Mrs Wynter, Eric Senabre (Didier Jeunesse)
disponible depuis le 7 juillet 2021
9782278100477 – 15,90€
à partir de 12 ans
Son
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« OZ » la nouvelle collection de Syros

Cet été sont parus les premiers titres de la collection OZ, toute nouvelle venue pour les 8-12 ans chez Syros qui promet « des histoires où (presque) tout est possible » ! Vaste programme ! On y retrouve des auteurs et autrices bien connus de la maison qui nous offrent des histoires où priment le pouvoir de l’imaginaire, l’aventure, l’amitié et l’humour ! Contrairement à d’autres collections pour ce même âge, ici il n’y aura pas d’illustrations, seulement des cabochons en début et fin de chapitres. Aujourd’hui, on vous présente deux titres qui nous ont beaucoup plu. 😀

CornichonX

Angélina ne se sent pas très bien cette année : elle est la plus petite de sa classe et elle vit avec des parents qui n’ont jamais vraiment grandis et se comportent comme de vrais gamins ! Chez elle, on ne mange que du fast-food et des bonbons, ses parents font des concours de déguisements, on ne fait que rigoler et s’amuser…bref, ils sont très peu présents pour répondre à ses interrogations… Le jour où un bocal de cornichonx atterrit par mégarde dans leur frigo, Angélina découvre qu’en les grignotant, ils semblent répondre à ses questions…

Ah, grandir ! Grande question des préadolescents et d’Angélina qui doit se débrouiller toute seule pour comprendre… Yves Grevet nous offre un beau moment d’émotion et une jolie réflexion sur la famille, sur la difficulté à se comprendre entre parents et enfants. La dimension fantastique induite par cet étrange pot de cornichons en est ainsi d’autant plus intéressante et subtile qu’on finit par se demander si ce sont bien des condiments magiques ou si Angélina a réussi à grandir par elle-même. Un roman très malin !

Mystères à Minuit

Victor vit à Minuit, la ville la plus hantée du monde et est le seul à voir les fantômes pour de vrai ! Avec son ami Balti, 12 ans depuis six cent soixante-huit ans, ils proposent leurs services de chasseurs de mystères. Alors que la fameuse soirée d’Halloween approche, faisant de Minuit l’une des attractions touristiques de l’année, voilà que l’une des lointaines descendantes de Balti est enlevée… Un mystère à résoudre pour nos deux chasseurs…

Camille Brissot nous offre une histoire fantastique comme on les aime avec cette chasse au fantôme particulièrement drôle et un peu frissonnante ! Le décor est planté, rappelant ces villes comme Edimbourg, célèbre pour ses nombreux fantômes, et les personnages immédiatement attachants pour une entrée dans l’histoire facile et prenante. Un roman bien construit, qui joue avec tous les codes des histoires de fantômes, à grand renfort de mystères, de trésors et de légendes effrayantes. Le tout avec beaucoup d’humour et de suspense, de très jolies amitiés, bref, tous les ingrédients sont réunis pour plaire aux lecteurs affamés d’aventures qui nous tiennent en haleine jusqu’au bout. On espère que d’autres mystères nous attendant bientôt dans la ville de Minuit !

CornichonX, Yves Grevet, illustré par Benoît Audé (Syros)
collection OZ
disponible depuis le 25 juin 2020
9782748527094 – 9,95€
à partir de 8 ans
Mystères à Minuit, la ville la plus hantée du monde, Camille Brissot, illustré par Glen Chapron (Syros)
collection OZ
disponible depuis le 25 juin 2020
9782748527070 – 9,95€
à partir de 8 ans
Son
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Brexit romance – Clémentine Beauvais

Juillet 2017. Un an après le vote du Brexit, Marguerite Fiorel, une jeune chanteuse de 17 ans, se rend à Londres pour jouer Le mariage de Figaro. Accompagnée de son professeur, Pierre Kamenev, ils font la rencontre de Justine Dodgson, fondatrice d’une start-up ultra secrète, « Brexit Romance », qui arrange des mariages franco-britanniques dans le but d’obtenir un passeport européen…

★★★★☆

Après des années d’exil chez nos voisins d’outre-Manche, il était temps que Clémentine Beauvais nous offre son roman anglais ! Et c’est avec panache, exubérance et une extrême drôlerie qu’elle le fait ! Brexit Romance ne ressemble en rien à ses romans précédents (qui ne se ressemblaient déjà pas beaucoup, on est d’accord), si ce n’est que l’on y retrouve son humour très particulier, qui prend ici une saveur très british. Commençons donc par la langue, qui est évidemment au cœur du roman puisque nos héros français, qui ne parlent pas un anglais parfait, vont être aux prises avec ces redoutables britanniques. Ainsi, ne soyez pas surpris des tournures de phrases emberlificotées comme le savent si bien faire les anglais, des traductions mot pour mot d’expressions imagées qui sont, soit obscures, soit hilarantes, et de la typographie qui reprend celles des romans anglo-saxons. Car la langue est assurément ce par quoi passe la comédie de Clémentine Beauvais, responsable qu’elle est des quiproquo, des incompréhensions qui mènent aux aventures trépidantes et surprenantes de Marguerite, Pierre, Justine et tous ceux qui se laissent embringuer dans le projet fou de « Brexit Romance ». Les dialogues sont savoureux, on ne peut que s’arrêter pour lire des passages à voix haute (ou très bien s’imaginer les intonations, les accents) et en apprécier toute la justesse, toute la musique qui s’en dégage.

Et il y a bien sûr l’histoire, les personnages. Car Brexit Romance, c’est aussi un roman qui fait la part belle à une galerie de protagonistes naïfs, lourdingues, affligeants, aimables ou détestables, qui font l’expérience de la relation franco-britannique avec plus ou moins de succès, ou de compréhension. Et Clémentine Beauvais ne se prive pas de pointer avec finesse et un brin de moquerie les différences entre français et britanniques ou les habitudes des millenials qui sont de moins en moins compréhensibles pour les « vieux ». Bref, Clémentine Beauvais nous livre enfin le fruit de son étude sociologique de française qui vit au milieu des grands-britons et, franchement, c’est juste génialement drôle. On ne vous aura pas dit grand-chose de l’histoire, mais qu’importe, vous verrez c’est vachement bien ! Vraiment, foncez ! C’est drôle, drôle, drôle et très très subtil. Et si vous n’êtes pas encore convaincus, lisez donc la super chronique de La Licorne à lunettes qui nous a coiffé au poteau sur la forme que prendrait la nôtre…huhu. 😛

Brexit romance , Clémentine Beauvais (Sarbacane)
collection Exprim’
disponible depuis le 22 août 2018
9782377311453 – 17€
à partir de 13 ans
Son
3

Classiques illustrés (bis)

Il y a deux ans, nous vous proposions déjà une petite sélection de romans classiques illustrés, cadeaux parfaits pour les fêtes de Noël. Une nouvelle fournée pour cette saison avec toujours autant de beaux albums à offrir, pour le plaisir des yeux et de la (re)découverte de textes indémodables ! Bon, on ne vous remet par le Harry Potter illustré de l’année, vous l’avez déjà acheté, hein ? 🙂

Moby Dick

9782377310197,0-4371917

La célèbre histoire de la baleine blanche et de son poursuivant acharné est ici illustrée par Anton Lomaev, connu dans son pays pour avoir surtout illustré les contes de fées les plus célèbres. Avec ses crayons et son aquarelle, il nous propose des illustrations vibrantes et magnifiques, sublimées par un grand format qui rend véritablement hommage à la qualité de ses images. On ne peut que succomber au charme classique de sa peinture grâce à une illustration quasiment à chaque page, à ses portraits stupéfiants et à ses scènes de navigation somptueuses. Le texte, dans une nouvelle traduction, ne reprend pas tout à fait l’œuvre intégrale, mais voilà une belle façon de (re)découvrir le roman d’Herman Melville.

Moby Dick, Herman Melville, illustré par Anton Lomaev, traduit par Jean Muray (Sarbacane)
collection Les grands classiques illustrés
disponible depuis le 4 octobre 2017
9782377310197 – 29,90€
à partir de 11 ans
Vendredi ou La vie sauvage

9782081394438,0-4371168

Chez Flammarion, c’est Ronan Badel qui s’attaque à un autre monument de la littérature contemporaine (enfin…du siècle dernier, quoi) : Vendredi ou La vie sauvage, de Michel Tournier. Dans une palette de couleur restreinte, avec du bleu-vert pour dominante, Ronan Badel met son trait vif et plein d’humour au service de ce roman d’aventure qui célèbre la nature et la liberté. Là aussi un grand format qui permet d’apprécier l’histoire comme les dessins, entre vignettes et pleines pages, sur un papier bien agréable au toucher. Un véritable plaisir de relire ce roman découvert à l’école quand Bob était petit !

Vendredi ou La vie sauvage, Michel Tournier, illustré par Ronan Badel (Flammarion)
disponible depuis le 18 octobre 2017
9782081394438 – 19,90€
à partir de 10 ans
Alice & merveilles

9782278089284,0-4440920

Point de nouvelle édition avec Alice & merveilles (on triche un peu sur notre postulat de départ, du coup) mais une véritable réinterprétation de l’histoire d’Alice dans cet album CD d’une excellente qualité ! Le texte savoureux, moderne et virevoltant, entre théâtre et chanson, est proposé par Stéphane Michaka, les illustrations merveilleuses et tourbillonnantes de couleurs par Clémence Pollet et la musique swinguante de Didier Benetti est brillamment interprétée par l’Orchestre national de France et les solistes de la Maîtrise de Radio France. Une réussite à tous les points de vue, qui fait véritablement honneur au texte original de Lewis Carroll et à ses personnages. Rendez-vous sur le site de l’éditeur pour écouter quelques extraits et voir quelques planches de cet album joyeux et pétillant pour une fête de Noël de ouf !

Alice & merveilles, Stéphane Michaka d’après Lewis Carroll, illustré par Clémence Pollet (Didier jeunesse)
collection Albums-CD
disponible depuis le 2 novembre 2017
9782278089284 – 23,80€
à partir de 6 ans
Son
4

Hôtel Grand Amour – Sjoerd Kuyper

9782278085644,0-4440926

Vic a 13 ans, 3 sœurs et un papa à l’hôpital après un infarctus survenu alors qu’il marquait le but de la victoire ! Seul avec ses sœurs, il doit alors gérer l’hôtel familial. Mais très vite, tout part en vrille, entre les clients qui s’enfuient et les dettes qui s’accumulent, il ne leur reste que quinze jours pour sauver l’hôtel. Vic est persuadé qu’avec l’aide de ses sœurs, ils parviendront à le faire…sans rien dire à leur père !

★★★★★

Vous avez aimé les Quatre sœurs à la fois si différentes, si drôles et si soudées de Malika Ferdjoukh, ou encore l’humour et les aventures du quotidien du Cœur en braille de Pascal Ruter ? Vous devriez alors succomber au charme néerlandais de Vic et de l’hôtel Grand A, au bord de la plage et, surtout, de la faillite ! Heureusement, Vic est un garçon plein de ressources et de bonne volonté, prêt à s’occuper de tout pendant que son papa est à l’hôpital, même si ce dernier préfèrerait que les enfants n’aient pas à travailler et se concentrent sur leurs études, et croit qu’un remplaçant a été envoyé ! Il pourra compter – plus ou moins – sur ses sœurs : Laeti, l’aînée, qui va devoir laisser tomber son bac pour mettre le nez dans les finances de l’hôtel et tenter enfin d’être vue par Félix, un client régulier de l’hôtel qui passe ses journées au bar de l’hôtel à dire à qui veut l’entendre qu’il ira se noyer dans la mer quand il aura flambé son héritage ; Alex, au look gothique qui ne pense qu’à chanter dans sa chambre et qui se retrouve malgré elle à participer à un concours de Miss ; et Pétro, la petite dernière, persuadée que sa maman est toujours vivante (dans les photos, dans ses vieilles robes, dans les animaux…) et pas en reste en terme d’imagination ! Et puis il y a Williamson, le cuisinier vieillissant fan de vieux chanteurs morts et nostalgique de sa vie à Tuvalu, qui va donner à Vic un magnétophone dans lequel celui-ci va tenir un journal intime. Un journal qui nous permet ainsi de suivre le quotidien – et la débâcle ! – de cet hôtel étonnant et de l’histoire d’amour naissante entre Vic et la jolie Isabel, qui se solde très vite par de nombreuses ruptures alors que rien n’a commencé entre eux…

Vous l’aurez compris, Hôtel Grand Amour est un roman totalement déjanté et débordant de personnages farfelus, de situations improbables et de dénouements heureux (quand même !). On se laisse totalement embarquer dans cette tranche de vie entre fous rires et émotions, par la façon de raconter de Vic, qui alterne entre les mensonges spontanés et éhontés et une naïveté touchante et comique. On s’attache à tous les personnages, en particulier l’étonnante et pétulante Pétro, sur laquelle Vic porte un regard d’une grande tendresse et une stupéfaction de tous les instants. J’ai beaucoup aimé l’attachement de Vic pour ses sœurs (même s’il s’en défend parfois) et toute l’émotion distillée au fur et à mesure du roman sur la disparition de la maman et le vide qu’elle laisse dans le cœur du garçon. C’est très bien amené dans tout cet humour et ça donne une très jolie saveur au reste du roman. Un vrai coup de cœur, qui est également un beau succès dans son pays d’origine puisqu’il connaît une adaptation sur grand écran dont vous pouvez voir la bande-annonce ci-dessous (en néerlandais sous-titré anglais, seulement, mais ça a l’air plutôt fidèle même si je suis sûre que c’est beaucoup moins drôle qu’à la lecture !). 😛

Hôtel Grand Amour, Sjoerd Kuyper, traduit et adapté par Emmanuèle Sandron (Didier Jeunesse)
disponible le 11 octobre 2017
9782278085644 – 15,50€
à partir de 12 ans
Son
4

La fourmi rouge – Emilie Chazerand

Bob et Jean-Michel reviennent en forme après des vacances bien méritées ! Et comme tous les ans, c’est avec la rentrée littéraire qu’on se retrouve… Pour se faire un peu plaisir avant de retourner sur les bancs de l’école, on vous propose de rester un peu en vacances avec ce premier roman qui explose de drôlerie comme un feu d’artifice !

9782848659985,0-4372232Un prénom de protège-slip, un nom de pâtisserie allemande (qu’on peut aussi déformer pour en faire le petit nom d’une partie de l’anatomie humaine), un œil qui part en vrille et un père taxidermiste qui l’emmène au lycée dans une voiture customisée à la fourrure ? Oui, il s’agit bien de Vania Strudel, 15 ans, présidente du club très fermé des Minables. Heureusement qu’elle a son meilleur ami Pierre-Rachid pour voir la vie du bon côté… Mais voilà qu’après les vacances d’été, le jeune homme revient beau comme un dieu et, surtout, accompagné d’une horrible petite amie…

★★★★☆

Et quand Vania apprend que cette nouvelle girlfriend n’est autre que sa pire ennemie, cette pouffiasse de Charlotte Kramer, autant vous dire que son monde s’effondre définitivement ! Entre le nouveau prof qui ne lui fait pas de cadeaux, les looses quotidiennes, Pirach (pour Pierre-Rachid) qui s’éloigne peu à peu d’elle, et ses conversations à sens unique avec le vieux monsieur du dessus qu’elle garde parfois, la vie de Vania est HORRIBLE. Jusqu’au jour où elle reçoit un mail anonyme qui lui démontre qu’elle n’est pas qu’une vulgaire fourmi noire et qu’elle pourrait être bien plus que ce qu’elle pense d’elle-même et se démarquer réellement, être une « fourmi rouge ».

On connaissait Emilie Chazerand pour ses albums joueurs et irrévérencieux et c’est avec beaucoup de plaisir que l’on découvre sa plume en long format avec ce roman qui se pose en digne héritier des Petites Reines, dans la même collection, et à rapprocher également de Je suis ton soleil, paru au printemps. On y retrouve en effet une héroïne cynique à souhait, qui aurait sans doute eu sa place sur le podium des Boudins, et dont la vie semble particulièrement vide et improbable. (En vrai, on aimerait bien vivre parfois des trucs aussi loufoques qu’elle !) Entre répliques bien envoyées et dialogues savoureux, Emilie Chazerand nous propose des scènes délectables, des personnages sympathiquement humains, quoi-qu’affublés de beaucoup de tares. Il vous faudra parfois prendre un peu de recul car Vania est une ado qui ne prend pas de pincettes et qui risque fort de vous faire grincer des dents… Un roman particulièrement bien rythmé et piquant dans lequel on ne s’ennuie pas un seul instant ! Un humour qui cache aussi une véritable profondeur, où des sujets « graves » sont abordés avec finesse et sensibilité, comme le deuil ou le harcèlement scolaire. Une mention toute spéciale pour papa Strudel, un adulte responsable, présent, aimant (quand bien même Vania en a parfois honte, le trouve ringard, moche ou relou) et personnage essentiel du roman. Les parents ne sont pas toujours au top dans les romans jeunesse (quand ils sont là, bien sûr) et ça fait du bien d’en voir un qui fait bien son job. Pour ça, merci Emilie !
Petite et insignifiante fourmi noire deviendra-t-elle une belle et piquante fourmi rouge ? On vous laisse le découvrir ! 😀

La fourmi rouge, Emilie Chazerand (Sarbacane)
collection Exprim’
disponible le 23 août 2017
9782848659985 – 15,50€
à partir de 13 ans
Son
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Louis Pasteur contre les loups-garous – Flore Vesco

Après nous avoir époustouflé par son inventivité dans le génial De cape et de mots, Flore Vesco revient avec un nouveau roman dans ce style si particulier dont elle ne démord pas… (attention, premier jeu de mots !) 😛

97822780855520-3654823

Paris, 1840. Le jeune Louis Pasteur, boursier débarqué de son Jura natal, rejoint la prestigieuse Institution Royale Saint Louis dans l’espoir de mener à bien ses recherches scientifiques. Mais entre les difficultés que lui font ses professeurs ou ses camarades de classes, sa rencontre avec la jolie Constance et les mystérieuses attaques nocturnes qui ont lieu dans l’école, les plans de Louis sont quelque peu bouleversés… Heureusement que tous ces événements sont finalement un bon moyen d’observer et de mettre en pratique quelques idées…

★★★★☆

Après Orgueil et préjugés et zombies et Abraham Lincoln, chasseur de vampires, c’est au tour d’un héros français de se confronter à des créatures diaboliques. Bon… en vrai, ça n’a pas grand-chose à voir avec ces parodies littéraires ou cinématographiques, mais si vous cherchez quelques idées pour Halloween… Et si vous avez plutôt envie d’une bonne histoire d’aventure, c’est assurément le nouveau roman de Flore Vesco que vous devez lire ! On retrouve dans Louis Pasteur contre les loups-garous tous les ingrédients qui nous avaient plu dans De cape et de mots : un univers historique, des personnages étonnants et courageux et un style inimitable où l’on goûte à un vocabulaire riche et à un humour fin et délicieux !

Mais là où Serine maniait les mots avec malice et inventivité, Louis est plutôt expériences scientifiques et bombes artisanales. Les amateurs de Science et vie junior devraient donc aussi s’y retrouver car Flore Vesco a clairement fait chimie 2e langue au collège. Avec les sciences au cœur du roman, chaque chapitre s’ouvrant d’ailleurs sur sa composition chimique (humoristique, bien sûr), l’auteure nous invite en effet à nous rendre compte des découvertes importantes que Louis Pasteur a mis en lumière au 19e siècle. Et c’est vrai qu’à part le vaccin contre la rage ou la pasteurisation, Bob ne se rendait pas compte que le monsieur avait fait plein d’autres choses ! Bon, ok, mais si on aime pas trop les sciences ?

N’ayez crainte, le roman n’est pas une biographie de Louis Pasteur mais bel et bien une aventure palpitante, un petit peu angoissante mais surtout fantastique ! Car oui, il y a bel et bien des loups-garous dans l’école et c’est ce mystère qui va faire de notre Louis un enquêteur nocturne aux côtés de la jolie Constance, une jeune fille de bonne famille qui se révèle intrépide et qui n’est certainement pas en reste lorsqu’il y a de l’action ! On croisera également des concierges étranges, des professeurs suspects ou des élèves pédants ou malchanceux, le tout enrobé dans une intrigue aux petits oignons, qui ne manque ni de piquant ni d’un humour qui est bien la patte de l’auteur. Quelle sera la prochaine créature dont Louis Pasteur devra se débarrasser ? Nous le saurons sans doute dans le tome 2 ? 😛

Louis Pasteur contre les loups-garous, Flore Vesco (Didier Jeunesse)
disponible depuis le 21 septembre 2016
9782278085552 – 15€
à partir de 11 ans
Son
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Les Zarnak – Julian Clary et David Roberts

9782368360699,0-3281108

Spot et Sally sont deux hyènes qui s’ennuient ferme dans leur savane africaine. Lorsqu’un couple de touristes est malencontreusement avalé par un crocodile, les deux animaux décident de prendre leur place. Ils deviennent alors Amelia et Fred Zarnak, petit banlieusards londoniens et s’installent donc en Angleterre à la place du couple humain. Spot et Sally vivent alors comme les humains, ont un travail, font les courses, puis des enfants…

★★★★☆

Et si des animaux prenaient la place des humains ? Le remarquerions-nous ? Car la capacité d’adaptation de Spot et Sally est spectaculaire ! Il faut dire qu’à force de voir des touristes dans leur savane, ils comprenaient plutôt bien l’anglais…il ne restait qu’à cacher sa queue (l’élément indispensable pour ne pas être repéré) et savoir se mouvoir sur les pattes arrière et le tour est joué ! Une fois en Angleterre, d’ailleurs, personne ne semble voir la supercherie, on constate seulement que les Zarnak sont particulièrement joyeux : ils rient tout le temps ! Le couple est très apprécié des voisins, Fred est concepteur de blagues pour une compagnie qui fabrique des caramels et Amelia vend des chapeaux qu’elle fait elle-même. Bref, le couple d’amis idéal ! Sauf peut-être pour Mr McPafûte, un vieux bonhomme solitaire qui regarde les Zarnak d’un mauvais œil. Et ça ne s’arrange pas lorsque Fred et Amelia deviennent les heureux parents de deux mignonnes petites hyènes : Zack et Zoé. Mais le pire est à venir lorsque, en jouant, Zoé révèle malencontreusement sa queue, sous le regard stupéfait de sa meilleure amie humaine Minnie…et celui de Mr McPafûte qui repeignait son toit…

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Je ne vous dis rien de plus sur ce roman totalement déjanté, dans la plus pure veine du roman humoristique anglais pour la jeunesse, où les situations rocambolesques se succèdent pour le plus grand plaisir des jeunes lecteurs. Les illustrations de David Roberts sont géniales et sa représentation des hyènes habillées en humain absolument savoureuse. Des tronches tout le temps hilares, du dynamisme et parfois un peu d’angoisse accompagnent le texte fou de Julian Clary. Un texte qui est bien sûr une réflexion sur la tolérance, l’acceptation de la différence, mais qui fait également la part belle à de l’aventure, de l’émotion et, surtout, de bonnes scènes d’humour ! On appréciera d’ailleurs les blagues Carambar (oui, je l’ai dit !) de Fred Zarnak tout au long du récit. Une famille originale et décapante, qu’on découvre avec beaucoup de plaisir et qu’on a hâte de retrouver dans une nouvelle aventure tout aussi drôle et décalé ! 🙂

Les Zarnak, Julian Clary, illustré par David Roberts, traduit par Natalie Zimmermann (ABC Melody)
collection Melokids
disponible depuis le 2 juin 2016
9782368360699 – 11,90€
à partir de 8 ans
Son
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Les chroniques d’Hurluberland – Olivier Ka

9782812610608,0-3270085

Après un texte très noir sur la relation entre une mère et son fils, Olivier Ka change littéralement de registre avec ce tout nouveau roman…détonnant ! 😀

Hurluberland est un drôle de royaume. Chaque jour, il s’y passe des choses étonnantes : des chanteuses qui font pousser des fleurs, une couturière qui pleure des diamants ou encore un pêcheur qui rapporte un cheval minuscule d’une île minuscule…

★★★★☆

Quelle agréable surprise que ce recueil d’histoires fantastico-burlesques qui nous transporte dans le monde improbable d’Hurluberland. Une contrée un peu magique avec son lot de bizarreries, ses personnages tarabiscotés et ses histoires délirantes. A travers ses 10 petites histoires, Olivier Ka nous fait découvrir son univers original et extravagant, où des personnages aux caractères très typés vont être aux prises avec des événements extraordinaires et, très souvent, à une morale qui les fera réfléchir à leurs comportements. Des histoires qui font ainsi penser à des petits contes, ou des fables.

L’écriture fine et humoristique d’Olivier Ka fait tout le charme de ce recueil inattendu mais particulièrement réussi. Des illustrations de Juliette Barbanègre ouvrent chaque chapitre et, avec cette superbe couverture, on regrette qu’il n’y ait pas plus d’images d’Hurluberland et de ses habitants au cœur du livre. Tout comme on regrette que le recueil soit si court ! Nul doute que ces hurluberlus de ce drôle de royaume ont encore des tonnes d’histoires à nous raconter ! Néanmoins, cette première entrée dans le monde inventé par Olivier Ka est à effectuer ! Vous ne regretterez assurément pas ce voyage singulier et absurde.

Et figurez-vous qu’avant d’être un livre, Les chroniques d’Hurluberland était, et est toujours, un spectacle de lectures musicales et d’ombres proposé par l’auteur lui-même ! Une très jolie façon de découvrir également cet univers insolite ! 🙂

Les chroniques d’Hurluberland, Olivier Ka (Le Rouergue)
collection DacOdac
disponible le 11 mai 2016
9782812610608 – 8€
à partir de 9 ans
Son
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Les garçons ne tricotent pas (en public) – T.S. Easton

Saint-Jean-Michel-des-Eaux, attention les yeux ! Ce livre a sans doute l’une des couvertures les plus atroces (je ne peux pas la regarder plus de 0,005 secondes sans avoir envie de me crever les yeux), les plus improbables, les plus « mais…mais…pourquoi ???? » (euh…sérieusement, Nathan, POURQUOI ???) mais ne vous y fiez pas et essayez de faire abstraction, de coller du papier journal dessus, de la couvrir avec du papier opaque comme vos manuels de cours en 6e, car vous passeriez quand même à côté d’un très très bon moment de lecture, parole de Bob. 🙂

9782092559161,0-3155289Ben Fletcher, après avoir volé une bouteille de Martini Rosso et renversé à vélo la dame qui fait traverser les petits, est désormais placé sous contrôle judiciaire. Dans le cadre de sa mise à l’épreuve, il est contraint de s’inscrire à une activité manuelle, et à cause d’un malentendu, il se retrouve dans le cours de tricot ! L’horreur ! Ben accepte cependant de jouer le jeu, tant que personne en dehors du groupe de tricot n’est au courant. Et il découvre bien vite que le tricot, ce n’est pas si mal et qu’il est quand même vachement doué…

★★★★★

Comment cacher à vos amis un peu cons et à votre père archétype de la virilité que vous vous adonnez à une « activité de fille » et, pire, « de vieille » ? C’est bien là tout le problème de Ben, 16 ans, pas trop doué avec les filles (mais vachement amoureux de Megan, et de sa prof Melle Swallow et puis la mère de Megan est pas mal non plus…) ni vraiment en rien, d’ailleurs, qui se fait harceler occasionnellement par la terreur du lycée, et qui vivait sa vie plutôt tranquillement jusqu’à l’incident qui lui a valu des ennuis avec la justice. Ben va inventer pas mal de mensonges, qui vont le mettre dans des situations précaires, surtout quand le tricot se révèle une activité qui le passionne et pour laquelle il est vraiment très doué. Doué au point de participer à des compétitions locales puis de plus en plus importantes… De mensonges en mensonges, Ben s’enlise et tout pourrait bien vite tourner au vinaigre…

Pour notre plus grand plaisir, les stratégies de Ben conduisent à des moments improbables, cocasses et parfois totalement débiles. Écrit sous la forme d’un journal intime, T.S. Easton (qui est aussi l’auteur d’une dystopie dont on vous a parlé) nous brosse le portrait d’un adolescent absolument attachant. Je me suis amusée du début à la fin et j’ai éclaté de rire à de nombreuses reprises. Les dialogues sont géniaux, les nombreux personnages – même parfois un peu stéréotypés – offrent une galerie particulièrement comique et l’histoire, même s’il est loin d’y avoir de l’action, propose des tas de rebondissements plus savoureux les uns que les autres. On ne s’ennuie vraiment pas et on passe un moment super agréable avec Ben et sa vie tout de même bien compliquée à lutter malgré lui contre les préjugés. Si vous avez lu Susin Nielsen, Ben m’a pas mal fait penser à certains de ses personnages, une espèce de nerd embrigadé dans des trucs improbables, héros du quotidien. J’ai ressenti exactement le même plaisir qu’à la lecture de Moi, Ambrose, roi du scrabble, par exemple. Et ça fait plutôt du bien ce genre d’histoire bien écrite (et bien traduite), pleine d’humour et de bonne humeur. Maintenant, j’ai envie de me mettre au tricot ! 😛

Les garçons ne tricotent pas (en public), T.S. Easton, traduit par Anne Delcourt (Nathan)
disponible depuis le 10 mars 2016
9782092559161 – 15,95€
à partir de 13 ans