Son
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Gamine – Emmanuelle Rey

Judith a seize ans, fait de la natation en club avec sa meilleure amie, et ne rêve que d’avoir un petit copain intéressant. En boîte, elle rencontre Colin, mature, sûr de lui et qui s’intéresse à elle. Mais il a 32 ans, et peu importe s’il a le double de son âge (même si elle lui a – un peu ! – menti) car elle est enfin amoureuse !

Après le poignant Comme deux frères (qu’on n’avait pas eu l’occasion de commenter ici mais qu’on vous conseille grandement) sur la disparition et la culpabilité, Emmanuelle Rey revient chez Didier Jeunesse avec un roman qui s’intéresse aux relations toxiques et notamment à l’emprise. Je ne vous divulgue rien, on le sait très rapidement ! D’autant plus que le texte est très court, ce qui participe d’ailleurs à la qualité de ce roman, raconté du point de vue de Judith, et qu’on lit en totale apnée. Car la relation de Judith avec Colin devient très vite dérangeante, faite de règles et d’excuses dont on comprend très vite qu’elles vont mettre la jeune fille sous l’emprise de cet homme pas si beau, pas si intéressant, pas si puissant, mais qui va la manipuler à sa guise. Malgré les mises en garde de sa meilleure copine, ou même de sa famille, mais aussi de sa propre conscience que tout n’est pas « normal », Judith s’enfonce un peu plus dans cette relation qui n’a plus rien de magique et qui la met dans des situations parfois inconfortables ou dangereuses.

L’écriture d’Emmanuelle Rey, sans artifices, où tout est dit sans suggestions ou fioritures, est terriblement efficace. L’empathie pour Judith est totale et la sensation de retenir notre souffle jusqu’au bout, jusqu’au dernier mot, n’en est sans doute pas une ! (On a bien expiré une fois arrivé à la fin, soyez prévenu.es !) Un roman intense et bouleversant. On aime aussi cette très belle couverture d’Emmanuel Polanco, qui s’accorde parfaitement au texte.

Gamine, Emmanuelle Rey (Didier Jeunesse)
disponible le 14 septembre 2022
9782278120918 – 13,50€
à partir de 14 ans
Son
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À la recherche de Mrs Wynter – Eric Senabre

Fan de la série des années 60 « Talons hauts et veste de tweed », Medhi est aussi fou amoureux de son actrice principale, Beryl Doncaster. Sauf que celle-ci a trois fois son âge, qu’elle vit en Angleterre et qu’elle a disparu du feu des projecteurs voilà bien des années. Mais pour un amoureux transi, rien n’est impossible et Medhi va se lancer avec sa meilleure amie Julia sur les traces de la belle interprète de Mrs Wynter…

Pour celles et ceux qui avaient adoré Star Trip, vous allez assurément tomber sous le charme de ce nouvel opus « pop culture » d’Eric Senabre, qui fait d’ailleurs un petit clin d’œil à ce précédent roman. (Saurez-vous le trouver ? 😉 ) Pour les autres, nul doute que cette quête romantique aussi hasardeuse que drôle vous plaira tout autant ! En seulement quelques pages, le personnage de Medhi devient tout de suite notre meilleur ami : sa naïveté, son humour et sa fougue nous le rendent absolument sympathique. Quel.le adolescent.e n’a jamais rêvé de rencontrer son idole, de s’imaginer une histoire d’amour ou d’amitié aussi épatante que totalement irréalisable ? Eh bien, grâce à Medhi, nos espoirs reviennent ! Si vous n’avez pas de nouvelles de Bob d’ici la rentrée, c’est donc qu’il est parti à la recherche d’Orlando Bloom (eh oui ! adolescente époque Seigneur des anneaux, ici !).

En tous cas, avec À la recherche de Mrs Wynter, Eric Senabre nous offre une comédie romantique trépidante et enlevée. Le mélange de farfelu et de flegme tout à fait britanniques est l’occasion de scènes hilarantes et improbables, de dialogues savoureux dont Eric Senabre a le secret, et qui font tout le sel de ce roman absolument idéal pour l’été. La chute ne vous surprendra pas, elle est à l’instar de toutes les bonnes comédies romantiques, mais il est tellement agréable de se laisser emporter dans ce tourbillon d’émotions et de drôlerie ! Un beau coup de cœur pour ce roman, qui est aussi un très bel hommage de l’auteur à Diana Rigg, l’actrice principale de Chapeau melon et bottes de cuir décédée en 2020 et que les plus jeunes d’entre vous auront plutôt connue en Reine des épines dans Game of Thrones. Si vous avez envie de passer un excellent moment de lecture et de pouffer dans votre barbe sans vergogne, allez vite vous procurer À la recherche de Mrs Wynter ! ❤️

À la recherche de Mrs Wynter, Eric Senabre (Didier Jeunesse)
disponible depuis le 7 juillet 2021
9782278100477 – 15,90€
à partir de 12 ans
Son
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Après l’apocalypse

Nos deux romans du jour explorent le genre du post-apocalyptique, soit ce qui se passe après que le monde se soit effondré suite à une catastrophe de grande ampleur. Si les causes et les conséquences ne sont pas les mêmes, tous les deux sont en revanche diablement efficaces ! ☢

RC 2722 – David Moitet

Oliver a grandi dans un abri souterrain après le grand effondrement qui a vu la disparition de l’humanité. Un jour, alors qu’il doit effectuer une maintenance dans l’un des niveaux les plus dangereux de l’abri, il découvre des traces de pas laissant à penser que quelqu’un est sorti… Comment est-ce possible alors que la surface est irrespirable et radioactive ? Oliver n’est clairement pas au bout de ses surprises, surtout quand son père décède mystérieusement et que son frère est condamné à l’exil…

David Moitet imagine un effondrement causé par la sècheresse, le réchauffement climatique qui voit les paysages français changer radicalement et se transformer en déserts. Jusqu’à ce que les populations, manquant d’eau, soient contraintes de trouver refuge ailleurs… Une épidémie – tiens donc ! – et la misère plus tard, seuls quelques privilégiés pourront avoir une place dans ces abris souterrains… La quête de vérité d’Oliver nous dévoilera à la fois le passé de cette France qui connaîtra les réfugiés climatiques et ce qui se passe réellement à la surface. Le scénario est assez classique mais, comme toujours avec David Moitet, le rythme est bien dosé, efficace, la lecture fluide et on s’attache immédiatement à ses personnages. Seul le « méchant » est sans doute découvert trop tard pour avoir un retournement crédible, mais Oliver et Tché, que je vous laisse découvrir, forment un duo explosif ! Un roman entre Fallout et Mad Max qui nous tient en haleine jusqu’au bout !

RC 2722, David Moitet (Didier Jeunesse)
disponible depuis le 23 septembre 2020
9782278098392 – 15,90€
à partir de 13 ans

Bpocalypse – Ariel Holzl

Samsara est une lycéenne et vit à Concordia, où tout un tas de dangers l’attendent à tous les coins de rue : fantômes, animaux mutants et autres joyeusetés laissées par l’Apocalypse huit ans plus tôt. Mais avec sa batte de base-ball et ses talismans, la route vers le lycée est habituellement plutôt calme. Alors que cette rentrée avec ses amis Danny et Yvette les verra choisir un stage, une nouvelle les secoue : la ville lève la quarantaine de l’ancien parc public où vivent des mutants qui arrivent justement dans leur classe !

Autre ambiance avec Ariel Holzl qui nous offre un décor et des créatures dignes de films d’horreur. Ici, l’apocalypse c’est une comète qui s’est écrasée sur la Terre, apportant avec elle des contaminations et mutations qui se sont attaquées autant à la faune et la flore qu’aux êtres humains. Concordia est la seule ville encore debout, bien qu’aux nombreux quartiers bouclés et aux dangers aussi terrifiants que différents. L’ouverture d’une nouvelle partie de la ville est un véritable événement et va susciter autant la méfiance que la peur et le rejet. Et c’est là que Samsara se révèle être un personnage tout en nuances, une héroïne aux croyances bien arrêtées qui va devoir composer entre son rêve d’intégrer la Milice pour aller exploser du mutant et la réalité de ce nouveau monde dans lequel elle vit (et qui lui révèlera là aussi bien des secrets et vérités inattendues). L’intrigue est peut-être un peu longue à démarrer, ne sachant tout d’abord pas trop où on nous emmène mais l’univers original, un peu punk et beaucoup déjanté, nous accroche, tout comme les thèmes finalement très universels de l’acceptation de la différence et des mauvaises décisions que l’on prend au nom d’une cause que l’on croit juste. A découvrir, d’autant plus à l’école des loisirs qui ne nous avait pas habitué au genre !

Bpocalypse, Ariel Holzl (L’école des loisirs)
collection Médium +
disponible depuis le 7 octobre 2020
9782211310161 – 17€
à partir de 13 ans
Galerie
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Ours et les choses – Andrée Prigent

Tous les matins Ours regarde le ciel, heureux et souriant. Il a belle allure. Mais un jour, il trouve une carriole et décide de la remplir. Il se baisse tous les jours suivants pour y entasser les objets qu’il trouve par terre, mais ce n’est jamais assez pour lui. Au fil des jours, à force de s’incliner, son dos se courbe de plus en plus. Il est si courbé qu’on dirait qu’il a des soucis. Jusqu’au jour où la carriole craque !

Une très belle fable pour les jeunes enfants sur la surconsommation aveuglante, le matérialisme, il n’est jamais trop tôt pour discuter de ce sujet écologique. Ours et les choses est une histoire très poétique et joyeuse en même temps. L’autrice a écrit ce texte avec beaucoup de simplicité et montre aux enfants qu’il faut parfois ouvrir les yeux en grand et découvrir le monde.

Andrée Prigent a entièrement réalisé cet album en linogravure, un travail magistral qui allie force et délicatesse. Chaque page est un tableau expressif, imprimé en deux couleurs, un bleu profond et un orange chatoyant, permettant ainsi d’entrer de plain-pied dans l’histoire. Le lecteur, grâce aux cadrages, aura presque l’impression d’être dans la carriole et de suivre l’ours (qui a des expressions adorables!) au fur et à mesure de son rapetissement.

Un album qui n’est ni moralisateur ni donneur de leçon, qui raconte avec simplicité l’importance de ne pas agglomérer des objets pour le plaisir d’avoir. Ours nous montre que parfois, il faut simplement lever les yeux de notre nombril pour voir à quel point le monde est beau.

Ours et les choses, Andrée Prigent(Didier Jeunesse)
collection Hors Collection
disponible le 23 septembre 2020
9782278097937 – 13,90€
à partir de 3 ans
Son
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L’arrivée des capybaras – Alfredo Soderguit

Au poulailler, la vie est tranquille. Chacun sait ce qu’il a à faire et tout va pour le mieux. Jusqu’au jour où arrivent de la rivière les capybaras, de gros rongeurs qui cherchent refuge alors que la saison de chasse vient de s’ouvrir. Si les poules acceptent de les accueillir à côté de leur poulailler, c’est sous certaines conditions et la plus importante est de rester à distance ! Il faudra que le danger menace l’un des habitants du poulailler pour que les capybaras ne soient pas considérés comme une menace…

La peur de l’étranger, la recherche d’un refuge par temps troublé, l’entraide et le partage, l’ouverture à l’autre, l’union face à un plus grand danger et la liberté : des thèmes souvent abordés en littérature jeunesse qui trouvent dans cet album une résonnance encore plus grande. Grâce à un texte simple et dépouillé, Alfredo Soderguit nous offre une histoire à lire aussi dans ses illustrations, qui apportent une lecture plus subtile, à la fois drôle et décalée. Le texte est même parfois inexistant, laissant toute la narration au soin de l’image, suffisante, jusqu’à cette chute malicieuse qui nous promet de tout recommencer.

Une histoire très forte, à la fois amusante et actuelle, servie surtout par de magnifiques illustrations au trait précis et à la palette de couleur restreinte : brun, noir et un peu de rouille. Alfredo Soderguit donne une expressivité folle à ces animaux inquiets ou terrifiés, qui nous les rendent aussi attachants qu’un peu risibles. Mais tout est juste dans cette manière de montrer l’arrivée de ces drôles d’étrangers, l’apprivoisement de l’autre ou les différentes chutes pour chaque personnage de l’histoire. Une très belle fable animalière pour évoquer le vivre ensemble, et un vrai coup de cœur graphique.

L’arrivée des capybaras, Alfredo Soderguit, traduit par Michèle Moreau (Didier jeunesse)
disponible depuis le 19 février 2020
9782278097821 – 13,90€
à partir de 4 ans
Son
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De la douceur et des rêves…

En ce dimanche tout doux à lire avec un bon petit thé tout chaud, on vous propose deux albums d’une mignonnitude absolue ! ❤

Abcdaire des métiers qui n’existent pas

Alors que, petit, Bob s’imaginait en terrible Chasseur de dinosaures (= paléontologue, en fait), Claudine Morel, elle, se voyait plutôt Colorieuse de lune ou Xylophoniste sur champignons. Bon, Claudine était peut-être un peu plus mignonne que votre gros morse préféré. En tous cas, elle s’amusait follement à inventer des métiers qui n’existent pas et nous fait partager ses trouvailles fantaisistes et poétiques dans ce petit album qu’elle illustre également. Un dessin résolument doux et délicat, au crayon gris, où une couleur est associée à une lettre de l’alphabet et où chaque métier imaginaire est accompagné d’une scénette pleine d’humour ou de mignonnerie. On appréciera aussi le fait qu’il y ait autant de métiers masculins que féminins. Un abécédaire qui invite résolument au rêve et à l’imagination. Et vous, vous nous dites quel métier qui n’existe pas vous voudriez faire ?

Abcdaire des métiers qui n’existent pas, Claudine Morel (Didier Jeunesse)
disponible depuis le 13 mars 2019
9782278091553 – 11,90€
à partir de 3 ans

 

Avec toi

Après la rêverie, célébrons maintenant les petites joies du quotidien et l’amour d’un parent pour son enfant. Avec toi, c’est la relation incroyablement tendre et toute en émotion d’une maman pour sa fille, et les moments qu’elles partagent tous les jours. Du lever au coucher, en passant par le travail ou l’école, Pauline Delabroy-Allard nous fait entrer dans ce quotidien tout ce qu’il y a de plus banal et qui est pourtant ce qui compte le plus pour ces deux personnages. Un texte magnifique de douceur, où la mère et la fille s’expriment tour à tour, la première sur la page de gauche, la seconde sur celle de droite. Un procédé que l’on retrouve dans les illustrations d’HifuMiyo avec le point de vue de la maman et, en regard, celui de la petite fille dont on voit les événements à travers les yeux. Vous ne manquerez pas d’être fasciné par ses images, proches de la sérigraphie, dont j’ai particulièrement adoré le ton très paisible, moderne et nostalgique tout à la fois. Magnifique !

Avec toi, Pauline Delabroy-Allard, illustré par HifuMiyo (Thierry Magnier)
disponible depuis le 6 février 2019
9791035202262 – 14,90€
à partir de 4 ans
Son
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L’homme qui voulut peindre la mer : et autres nouvelles – Tristan Koëgel

Sept nouvelles autour de la Méditerranée, de l’Antiquité à nos jours. Où l’on rencontre une pâtissière à Gibraltar dont le secret de fabrication des gâteaux interroge les habitants ; où une jeune coiffeuse marseillaise doit composer avec son tyrannique patron ; où un amoureux des arts écoute un vieil homme lui raconter la provenance des incroyables statues du musée de Rome ; et bien d’autres histoires…

★★★★☆

Croyez-le ou non, mais c’est avec ce recueil de nouvelles que Bob découvre enfin Tristan Koëgel ! Et ce voyage autour de la Méditerranée et à travers le temps est une merveilleuse lecture, à emporter impérativement avec vous en vacances pour rêver de ces rivages et de cette mer de toutes les légendes (surtout si vous passez votre été dans ce coin-là). L’homme qui voulut peindre la mer nous emmène dans des histoires où le fantastique est au cœur de chacun des récits. Les amoureux des nouvelles fantastiques classiques de Maupassant ou de Poe s’y retrouveront assurément tant on y retrouve la lente progression vers l’étrange que des chutes parfois très sombres ou terrifiantes. Mais là où Tristan Koëgel réussit à nous happer jusqu’au bout du livre, c’est grâce à la variété des époques, des lieux et des personnages, qui, même si on se doute que ça va peut-être finir comme on ne l’attend pas, nous fait découvrir des univers complètement différents et tous passionnants. Bien sûr, on va retrouver le même personnage dans chaque histoire : la mer. Tristan Koëgel nous la décrit avec une force et une poésie qui nous subjuguent et ce n’est sans doute pas un hasard si le titre du recueil reprend celui de la nouvelle qui retranscrit le mieux l’instabilité et la beauté de l’eau à travers ce peintre qui ne parvient pas à capturer l’essence de la Méditerranée sur sa toile.

Un recueil magnifique, dont la très jolie couverture de Giulia Vetri donne bien le ton, que je vous invite à découvrir pour la variété des textes et des vies rencontrées aux destins tristement actuels ou délicieusement mythologiques. Si le recueil est parfaitement lisible par les jeunes lecteurs, je m’interroge malgré tout sur leur réception de ces textes et je serai curieuse d’avoir vos retours si vous en avez !

L’homme qui voulut peindre la mer : et autres nouvelles, Tristan Koëgel (Didier Jeunesse)
disponible depuis le 6 juin 2018
9782278085620 – 14,90€
à partir de 11 ans
Son
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De beaux albums sous le sapin

Il ne reste que quelques heures pour faire vos derniers achats et chez Bob & Jean-Michel, on pense à vous pour vous donner tout plein d’idées ! Alors une dernière sélection, d’albums cette fois, à offrir à toutes sortes d’enfants et leurs toutes sortes de goûts, pour les plus petits et pour les plus grands. C’est cadeau ! 🙂

Le phare à voile

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Un gardien de phare vit tranquillement dans son édifice, prenant soin de tous les navires qui longent la côte. Mais un jour, un poisson volant s’empare de la lumière de son phare et l’emporte avec lui. Alors le gardien s’élance à sa poursuite, transformant son phare en bateau… Mais comment les bateaux vont-ils se débrouiller sans lui ?
Après nous avoir émerveillés avec son Moabi, Mickaël El Fathi récidive avec cet hommage vibrant aux phares qui guident les bateaux et à leurs gardiens. Dans ce très bel album aux couleurs véritablement magiques, il nous embarque dans son histoire telle un conte merveilleux tout en évoquant la réalité des phares et de leurs gardiens aujourd’hui. Encore une fois, on se laisse happer par la poésie de son texte et, surtout, par ses images absolument sublimes pailletées de magie. Et comme dans son précédent album, un soin tout particulier est apporté à tous les aspects du livre, depuis la page de garde jusqu’aux notes documentaires. Un délice pour les yeux !

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Le phare à voile, Mickaël El Fathi (La Palissade)
disponible depuis le 12 octobre 2017
9791091330411 – 16,50€
à partir de 5 ans
L’ours et le trappeur

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Jacques Poitier est trappeur dans les Rocheuses au XIXe siècle. Un beau jour, il entend une mélodie le long de la rivière et y découvre un ours accompagné d’un concertina. Subjugué par sa voix et malgré l’étrangeté de cette rencontre, Jacques invite l’ours, Mortimer, à l’accompagner chez lui, marquant le début d’une étonnante amitié…
Les Fourmis rouges ont le chic pour publier des albums uniques et audacieux et L’ours et le trappeur n’y déroge pas ! Cette histoire d’amitié pas banale lorgne du côté du conte, où l’animal doué de parole se heurte au monde des hommes. Une histoire dans laquelle la beauté de la musique, l’émotion suscitée, est l’élan qui pousse Jacques à emmener Mortimer de part les États-Unis pour faire découvrir cette voix incroyable, quitte à risquer la découverte de la vraie nature de Mortimer. Une nature qui, l’hiver venu, sonne la fin des « concerts » de Mortimer pour les humains et, peut-être, la collaboration entre Jacques et l’ours. Une fin qui, là encore, comme un conte, laisse planer le mystère sur la réalité de cette amitié entre l’homme et l’ours, donne toute sa saveur à cet album magnifique. Car son intérêt réside également dans de sublimes illustrations où l’illustrateur de bandes dessinées se permet de très belles pleines pages, où l’on admire son trait précis et ses douces couleurs.

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L’ours et le trappeur, Christophe Swal (Les Fourmis rouges)
disponible depuis le 19 octobre 2017
9782369020851 – 15€
à partir de 6 ans
Cavale

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On l’appelle Cavale car il court tout le temps, sans jamais s’arrêter. In ne craint rien, sauf Fin, qui le poursuit. Montagne, elle, préfère rester immobile, pour échapper à Fin également. Mais quand Cavale trouve Montagne sur son chemin, il est bien obligé de s’arrêter…
Vous connaissez sans doute notre amour pour Stéphane Servant et ses univers sensibles et oniriques dans ses romans, et son humour dans ses albums. Dans Cavale, on retrouve tous ses talents au service d’une allégorie de la peur de la mort. Un texte finement ciselé d’une grande poésie, de jolies notes d’humour et d’une fulgurante beauté complètement sublimé par les illustrations subtiles de Rébecca Dautremer. Elle ajoute par ses dessins une dimension surréaliste et des touches d’humour elle aussi, à cette histoire autour de la vie, de la mort, de la peur, de l’amour et du temps qui passe. Un album magique et un magnifique coup de cœur !

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Cavale, Stéphane Servant, illustré par Rébecca Dautremer (Didier jeunesse)
disponible depuis le 25 octobre 2017
9782278085439 – 20€
à partir de 6 ans
Kado

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Le jour où ils sont arrivés, ils ont brûlé tous les villages et tué tous les habitants. Ils n’ont gardé que lui, le petit garçon qui sera offert à la Reine, le cadeau. Un rôle bien important grâce auquel il apprend à dire « Oui, ma Reine », « Tout de suite, votre Majesté ».
Avec ses mots toujours justes, à hauteur d’enfant, Thomas Scotto évoque la grande Histoire, celle de la colonisation, dans cet album poétique et, mine de rien, violent. Mine de rien car les grandes et riches peintures très colorées d’Eric Battut, tout en petits personnages, contrastent avec le sombre destin d’esclave de ce petit garçon, de Kado, le petit serviteur de la Reine. Mais c’est aussi ce qui fait toute la réussite de ce bel album sur le déracinement, cette façon dont les mots plein d’émotions de Thomas Scotto, la terrible violence de l’histoire, le bel espoir de la fin et les superbes images d’Eric Battut s’assemblent. Un album fort et sensible.

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Kado, Thomas Scotto, illustré par Éric Battut (A pas de loups)
disponible depuis le 3 novembre 2017
9782930787336 – 17€
à partir de 5 ans
Quand j’étais petite…

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Jules demande à sa maman de lui raconter des histoires de quand elle était petite. Avant d’être une maman, elle s’appelait Capucine et, quand elle était petite, elle vivait dans une maison de poupée, se rassasiait d’une framboise ou encore dormait dans une moufle !
Après avoir découvert le duo O’Leary/Morstad avec Il était une fois Lily, ce sont les toutes jeunes éditions de L’Étagère du bas qui publient leur nouvel album en France. Cette fois-ci, à travers un texte sensible et poétique, elles évoquent la relation entre une mère et son enfant, et continuent à explorer l’imaginaire à travers les souvenirs de cette maman qui était aussi petite qu’un insecte et vivait des choses extraordinaires ! Des références à certains contes bien connus viennent émailler ce joli récit aux illustrations délicates, sobrement colorées et finement rétro. De jolies illustrations en page de garde et un dos toilé complètent ce bel album en hommage au partage entre l’enfant et le parent et à la tendresse et l’amour d’une mère pour son fils.

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Quand j’étais petite…, Sara O’Leary, illustré par Julie Morstad, traduit par Cécile Provost (L’Étagère du bas)
disponible depuis le 10 novembre 2017
9782955789643 – 14,95€
à partir de 3 ans
Son
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Classiques illustrés (bis)

Il y a deux ans, nous vous proposions déjà une petite sélection de romans classiques illustrés, cadeaux parfaits pour les fêtes de Noël. Une nouvelle fournée pour cette saison avec toujours autant de beaux albums à offrir, pour le plaisir des yeux et de la (re)découverte de textes indémodables ! Bon, on ne vous remet par le Harry Potter illustré de l’année, vous l’avez déjà acheté, hein ? 🙂

Moby Dick

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La célèbre histoire de la baleine blanche et de son poursuivant acharné est ici illustrée par Anton Lomaev, connu dans son pays pour avoir surtout illustré les contes de fées les plus célèbres. Avec ses crayons et son aquarelle, il nous propose des illustrations vibrantes et magnifiques, sublimées par un grand format qui rend véritablement hommage à la qualité de ses images. On ne peut que succomber au charme classique de sa peinture grâce à une illustration quasiment à chaque page, à ses portraits stupéfiants et à ses scènes de navigation somptueuses. Le texte, dans une nouvelle traduction, ne reprend pas tout à fait l’œuvre intégrale, mais voilà une belle façon de (re)découvrir le roman d’Herman Melville.

Moby Dick, Herman Melville, illustré par Anton Lomaev, traduit par Jean Muray (Sarbacane)
collection Les grands classiques illustrés
disponible depuis le 4 octobre 2017
9782377310197 – 29,90€
à partir de 11 ans
Vendredi ou La vie sauvage

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Chez Flammarion, c’est Ronan Badel qui s’attaque à un autre monument de la littérature contemporaine (enfin…du siècle dernier, quoi) : Vendredi ou La vie sauvage, de Michel Tournier. Dans une palette de couleur restreinte, avec du bleu-vert pour dominante, Ronan Badel met son trait vif et plein d’humour au service de ce roman d’aventure qui célèbre la nature et la liberté. Là aussi un grand format qui permet d’apprécier l’histoire comme les dessins, entre vignettes et pleines pages, sur un papier bien agréable au toucher. Un véritable plaisir de relire ce roman découvert à l’école quand Bob était petit !

Vendredi ou La vie sauvage, Michel Tournier, illustré par Ronan Badel (Flammarion)
disponible depuis le 18 octobre 2017
9782081394438 – 19,90€
à partir de 10 ans
Alice & merveilles

9782278089284,0-4440920

Point de nouvelle édition avec Alice & merveilles (on triche un peu sur notre postulat de départ, du coup) mais une véritable réinterprétation de l’histoire d’Alice dans cet album CD d’une excellente qualité ! Le texte savoureux, moderne et virevoltant, entre théâtre et chanson, est proposé par Stéphane Michaka, les illustrations merveilleuses et tourbillonnantes de couleurs par Clémence Pollet et la musique swinguante de Didier Benetti est brillamment interprétée par l’Orchestre national de France et les solistes de la Maîtrise de Radio France. Une réussite à tous les points de vue, qui fait véritablement honneur au texte original de Lewis Carroll et à ses personnages. Rendez-vous sur le site de l’éditeur pour écouter quelques extraits et voir quelques planches de cet album joyeux et pétillant pour une fête de Noël de ouf !

Alice & merveilles, Stéphane Michaka d’après Lewis Carroll, illustré par Clémence Pollet (Didier jeunesse)
collection Albums-CD
disponible depuis le 2 novembre 2017
9782278089284 – 23,80€
à partir de 6 ans
Son
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Hôtel Grand Amour – Sjoerd Kuyper

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Vic a 13 ans, 3 sœurs et un papa à l’hôpital après un infarctus survenu alors qu’il marquait le but de la victoire ! Seul avec ses sœurs, il doit alors gérer l’hôtel familial. Mais très vite, tout part en vrille, entre les clients qui s’enfuient et les dettes qui s’accumulent, il ne leur reste que quinze jours pour sauver l’hôtel. Vic est persuadé qu’avec l’aide de ses sœurs, ils parviendront à le faire…sans rien dire à leur père !

★★★★★

Vous avez aimé les Quatre sœurs à la fois si différentes, si drôles et si soudées de Malika Ferdjoukh, ou encore l’humour et les aventures du quotidien du Cœur en braille de Pascal Ruter ? Vous devriez alors succomber au charme néerlandais de Vic et de l’hôtel Grand A, au bord de la plage et, surtout, de la faillite ! Heureusement, Vic est un garçon plein de ressources et de bonne volonté, prêt à s’occuper de tout pendant que son papa est à l’hôpital, même si ce dernier préfèrerait que les enfants n’aient pas à travailler et se concentrent sur leurs études, et croit qu’un remplaçant a été envoyé ! Il pourra compter – plus ou moins – sur ses sœurs : Laeti, l’aînée, qui va devoir laisser tomber son bac pour mettre le nez dans les finances de l’hôtel et tenter enfin d’être vue par Félix, un client régulier de l’hôtel qui passe ses journées au bar de l’hôtel à dire à qui veut l’entendre qu’il ira se noyer dans la mer quand il aura flambé son héritage ; Alex, au look gothique qui ne pense qu’à chanter dans sa chambre et qui se retrouve malgré elle à participer à un concours de Miss ; et Pétro, la petite dernière, persuadée que sa maman est toujours vivante (dans les photos, dans ses vieilles robes, dans les animaux…) et pas en reste en terme d’imagination ! Et puis il y a Williamson, le cuisinier vieillissant fan de vieux chanteurs morts et nostalgique de sa vie à Tuvalu, qui va donner à Vic un magnétophone dans lequel celui-ci va tenir un journal intime. Un journal qui nous permet ainsi de suivre le quotidien – et la débâcle ! – de cet hôtel étonnant et de l’histoire d’amour naissante entre Vic et la jolie Isabel, qui se solde très vite par de nombreuses ruptures alors que rien n’a commencé entre eux…

Vous l’aurez compris, Hôtel Grand Amour est un roman totalement déjanté et débordant de personnages farfelus, de situations improbables et de dénouements heureux (quand même !). On se laisse totalement embarquer dans cette tranche de vie entre fous rires et émotions, par la façon de raconter de Vic, qui alterne entre les mensonges spontanés et éhontés et une naïveté touchante et comique. On s’attache à tous les personnages, en particulier l’étonnante et pétulante Pétro, sur laquelle Vic porte un regard d’une grande tendresse et une stupéfaction de tous les instants. J’ai beaucoup aimé l’attachement de Vic pour ses sœurs (même s’il s’en défend parfois) et toute l’émotion distillée au fur et à mesure du roman sur la disparition de la maman et le vide qu’elle laisse dans le cœur du garçon. C’est très bien amené dans tout cet humour et ça donne une très jolie saveur au reste du roman. Un vrai coup de cœur, qui est également un beau succès dans son pays d’origine puisqu’il connaît une adaptation sur grand écran dont vous pouvez voir la bande-annonce ci-dessous (en néerlandais sous-titré anglais, seulement, mais ça a l’air plutôt fidèle même si je suis sûre que c’est beaucoup moins drôle qu’à la lecture !). 😛

Hôtel Grand Amour, Sjoerd Kuyper, traduit et adapté par Emmanuèle Sandron (Didier Jeunesse)
disponible le 11 octobre 2017
9782278085644 – 15,50€
à partir de 12 ans