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Le concours de cabanes – Camille Garoche

Chers membres du jury, la finale du concours de cabane est là ! Une grue globe-trotteuse nous convie à découvrir les cabanes concoctées par les enfants du monde entier. Elle plie ses bagages : des jumelles pour bien observer les détails (très utile), de la crème solaire spéciale plume (car nous allons voyager loin), de la nourriture et c’est parti pour un sacré voyage.

Il fallait bien un très grand album de 40 pages pour mettre tous les détails croustillants que l’autrice et illustratrice Camille Garoche nous offre. Ouvrez grand les yeux ! Elle a fait un livre avec tout ce que les enfants aiment : des cabanes, des arbres, des animaux, des goûters et fourmillant de détails. Les lecteurs sont conviés à un voyage fascinant où tous les enfants rivalisent d’ingéniosité pour imaginer la plus incroyable des cabanes. D’arbre en arbre, notre guide nous dévoile des arbres extraordinaires : camphrier, cyprès, cèdre du Liban… Les arbres deviennent de véritables palais architecturaux, notre seule envie est de grimper à notre tour pour lire et goûter.

Un très bel album pour rêver, observer et s’instruire. À noter que les enfants sont invités à voter en fin d’album pour leurs cabanes préférées ou à envoyer le dessin de leur cabane rêvée. N’hésitez donc pas à participer. Je suis curieuse de savoir quelle cabane va gagner ! Lisette va dessiner une cabane dans un sapin de Noël, parce que bon c’est la cachette idéale pour boire un chocolat chaud et manger des biscuits à la cannelle (non c’est pas la saison mais Lisette s’en moque).

Le concours de cabanes, Camille Garoche (Little Urban)
disponible depuis le 6 mai 2022
9782374084190 – 15,90€
à partir de 4 ans
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Des albums sourires pour cette rentrée

Au programme deux albums assez différents mais qui ont des valeurs communes : l’imagination et des illustrations malicieuses et enfantines !

Le livre des arbres & plantes qui restent à découvrir

Connaissez-vous le célèbre palmier à moustaches ? Le chaussettier appelé aussi le saule pleureur à chaussettes ? Non ? Et le malpolinier, cet arbre qui ne peut pas s’empêcher de vous tirer la langue dès que vous avez le dos tourné ? Si ces plantes ne vous sont pas familières, peut-être n’avez-vous pas ouvert assez grand les yeux lors de votre dernière balade en forêt…

Le grand, le fort, l’irrésistible Olivier Tallec nous offre pour la rentrée un imagier surréaliste célébrant la nature, mais surtout l’imaginaire, à travers des arbres et des plantes inventés, aux caractéristiques bien singulières : le peuplier-couverture, le pin brosse à dents ou encore l’arbre-glace. Cet album est une invitation pour les enfants à imaginer à leurs tours des arbres extraordinaires. Les dessins sont plein de malice et d’impertinence, c’est ludique et réjouissant à souhait.

Le livre des arbres & plantes qui restent à découvrir, Olivier Tallec (Actes Sud Junior)
disponible depuis le 1 septembre 2021
9782330154585 – 17€
à partir de 3 ans

Kate Moche

Kate subit les moqueries et se fait appeler Kate Moche à l’école. Les andouilles de la cour de récréation disent qu’elle n’est pas très maligne et maladroite. Pourtant elle s’en moque et garde toujours le sourire ! Quand Kate se regarde dans le miroir, elle voit beaucoup des choses incroyables dans son reflet…

Le texte d’Antoine Dole, écrit dans un style poétique, nous montre l’importance de s’aimer. Kate se voit comme une doctoresse dévouée pour ses jouets, une experte en guimauve, une sportive haut niveau… Kate est courageuse, charismatique, visonnaire ! Une belle histoire qui montre que le regard que l’on porte sur soi est beaucoup plus important que tous ce que les autres peuvent dire de nous ! Kate croit en elle. Elle croit en ses pouvoirs magiques et cette confiance laisse les « andouilles » de son école pantois. De nombreux enfants sont un jour confrontés à des remarques déplaisantes et la conclusion de ce livre est la meilleure qui soit : l’ignorance.

Habituée aux dessins humoristiques et colorés de Magali Le Huche, c’est toujours un plaisir que d’observer les détails des pages des métiers : une tasse éléphant, trois brigands cachés, des bonbons à croquer. Les illustrations se savourent à chaque page. La palette de couleur incarne parfaitement Kate, son imagination, sa confiance en soi et sa joie de vivre.

Simple et efficace, cet album pétillant est à recommander en cette rentrée pour rappeler que toutes les Kate de la terre peuvent devenir qui elles veulent !

Kate Moche, Antoine Dole, illustré par Magali Le Huche (Actes Sud Junior)
disponible depuis le 1 septembre 2021
9782330154561 – 14,90€
à partir de 6 ans
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Anne de Redmond – Lucy Maud Montgomery

Anne Shirley est de retour ! Elle a désormais 18 ans et rentre à l’université de Redmond. Au programme : étude, écriture, nouvelles rencontres et surtout, toutes sortes de mésaventures ô combien romantiques ! C’est en compagnie de ses anciens compagnons de vies : Gilbert, Charlie et Priscilla qu’elle va découvrir la vie d’étudiante. Mais c’est sans oublier ses retours à Green Gables pour retrouver sa famille, se ressourcer auprès de la nature et entretenir ses amitiés. Un troisième tome sous le signe de la colocation entre jeunes filles et de l’amour ! Oui car ce livre contient de nombreuses demandes en mariage…

Ce troisième tome vient confirmer tout ce que j’ai pu déjà écrire (ici et ) sur cette magnifique saga. Lucie Maud Montgomery a une écriture inimitable, que j’aime comparer à un cocktail entre la Comtesse de Ségur et Jane Austen. Non pas pour le style (je l’ai dit incomparable et poétique) mais pour le plaisir de lire un roman bucolique, nostalgique et plein de bon sentiments. C’est enveloppant et frais comme un jour d’automne et simultanément plein d’humour et lumineux.

En quittant l’île qui l’a vu grandir et s’épanouir, Anne découvre une nouvelle vie et une nouvelle partie d’elle, plus adulte. Ses nouvelles amitiés à l’université sont hautes en couleur. Elle va notamment faire la rencontre d’une jeune fille extravagante – qui mériterait une saga à elle seule : Philippa. Phil est aussi volubile qu’une Anne de 11 ans, elle est enflammée et ses amours sont un plaisir à suivre. Comme dirait Tante Jimsie en parlant de cette jeune fille :

– Eh bien, je l’espère, Anne. Je l’espère vraiment parce que je l’aime. Mais je n’arrive pas à la comprendre, elle me dépasse. Elle ne ressemble à aucune des filles que j’ai connues, ni à aucune de celles que j’ai moi-même été.
– Combien de filles avez-vous été, Tante Jimsie ?
– Environ une demi-douzaine, ma chérie !

Les lecteurs prendront aussi beaucoup de plaisir à découvrir les lettres du malicieux Davy, le jumeau dont s’occupe Marilla, qui vient apporter beaucoup d’humour et de malice grâce à sa vision enfantine de la vie !

Vous l’aurez compris, ce titre n’est pas un roman à intrigue, il s’agit de chronique racontant l’évolution des personnages. Et quelle évolution pour Anne ! L’autrice arrive, avec talent, à mettre en lumière toutes les subtilités qui font qu’un être peut rester le même toute sa vie mais avec des nouvelles nuances, des dégradés. Anne reste fidèle à ses convictions et en même temps évolue sous nos yeux. Anne de Redmond est un roman parfaitement équilibré, l’œuvre d’une autrice accomplie, qui non seulement approfondit ses personnages mais ouvre aussi de nouveaux horizons. Vivement la suite en… 2022 !

PS : Ai-je besoin encore une fois de dire à quel point l’objet lui-même est beau ? Monsieur Toussaint Louverture me surprend à chaque nouveau opus !

Anne de Redmond , Lucy Maud Montgomery, traduit par Laure-Lyn Boisseaux-Axmann (Monsieur Toussaint Louverture)
disponible depuis le 19 août 2021
9782381960258 – 16,50€
à partir de 12 ans
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Souvenirs de Marnie – Joan G. Robinson

Anna est envoyée par ses parents adoptifs dans un village côtier d’Angleterre chez un couple d’amis. Cette jeune orpheline renfermée, a toujours l’impression d’être en dehors du monde, différente et préférant rester seule à observer la nature, plutôt que de se lier d’amitié avec des enfants de son âge. En explorant les environs, elle découvre une vieille bâtisse au bord de l’eau, à la fenêtre, une jeune fille se fait brosser les cheveux. Rêve ? Réalité ? Anna va faire la rencontre de la mystérieuse Marnie et va nouer avec elle une étonnante amitié.

Souvenirs de Marnie  est un très beau texte qui nous fait naviguer sur la ligne du temps et de l’enfance avec une extrême douceur. Il nous rappelle le goût des jeux partagés, la magie de l’imagination mais aussi la solitude, les angoisses que l’on peut éprouver enfant. Anna va à travers son amitié avec Marnie s’épanouir et s’ouvrir au monde.

Joan G. Robinson offre un cadre et une histoire intemporelle qui touchera aussi bien les adolescents que les adultes. Les descriptions de ce village côtier nous permet de suivre Anna pas à pas à travers les dunes. Le texte nous dévoile les pensées intimes et parfois douloureuses d’Anna, qui a peur de l’abandon, du rejet et porte un masque « neutre » pour ne surtout pas être remarqué, ne pas faire de vague. Mais c’est près de la mer et de cette maison dans laquelle vit Marnie, qu’elle va plonger dans une quête identitaire et intime pour trouver sa place.

Anna tâtonna dans le noir jusqu’à trouver ses tennis – elles les aurait complètement oubliées sans ce rappel, preuve que la fille était réelle ! et rentra en courant au cottage, tout tremblante d’excitation. Elle s’était juré de ne pas chercher à connaître la famille quand elle s’installerait dans la Villa, et pourtant elle était si heureuse. On aurait pu croire qu’elle n’avait jamais rencontré quelqu’un de son âge auparavent. Cette fille-là était différente. Il y avait quelque chose de magique chez elle.

Ce classique britannique, paru en 1967, doit sa première traduction aux éditions Monsieur Toussaint Louverture. L’éditeur y a apporté un soin tout particulier, la douceur et le grammage du papier crée une expérience qui vient accroître l’ambiance poétique du texte. Peut-être que vous connaissez du même nom le film d’animation du Studio Ghibli qui est une adaptation fidèle de ce roman jeunesse. Ce livre fait parti des 50 livres qu’il faut avoir lus selon Hayao Miyazaki, qu’attendez-vous donc ?

À mi-chemin entre le roman initiatique, poétique et à suspense, Anna va en quelques mois grandir et subtilement trouver des réponses sur son identité de manière fluide et tout à fait inattendue. Si on peut penser au début du roman qu’il s’agit d’une simple histoire d’amitié, le scénario se tisse de manière efficace et délicate, le roman va plus loin sur la quête identitaire, comme un puzzle, c’est un vrai travail d’orfèvre !

Souvenirs de Marnie, Joan G. Robinson, traduit par Patricia Barbe-Girault (Monsieur Toussaint Louverture)
disponible depuis le 22 avril 2021
9782381960197 – 16,50€
à partir de 12 ans
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Bleu jardin – Clémence Sabbagh et Teresa Arroyo Corcobado

Bienvenue dans le jardin avec cette toute nouvelle collection à destination des tout-petits : « Couleurs jardin » ! Des cartonnés documentaires qui invitent à découvrir ce qui se cache dans nos jardins à partir d’une couleur. Pour ce Bleu jardin, c’est la mésange bleue que nous allons suivre alors qu’elle vient tout juste de se poser sur l’une des fleurs – bleue également – qui embellit le jardin. Et il va s’en passer des choses pour cette mésange, qui va rencontrer un compagnon puis installer son nid dans un arbre du jardin. Toutes les conditions sont ainsi idéalement rassemblées pour observer son comportement, ses habitudes alimentaires et tout ce qui fait la vie d’un oiseau.

Dans ce texte poétique raconté comme une histoire, Clémence Sabbagh interpelle également les enfants qui sont invités à participer s’ils le désirent : elle leur pose des questions, leur propose de suivre le vol de la mésange du doigt ou de l’aider à gratter l’écorce d’un arbre pour trouver de la nourriture. On se prête volontiers au jeu qui nous rapproche un peu plus de cet oiseau aussi familier qu’insaisissable.

Quant aux illustrations de Teresa Arroyo Corcobado, elles sont tout simplement sublimes ! Ses oiseaux sont dessinés avec une précision raffinée, les couleurs sont chatoyantes et les décors de jardin nous font bien rêver en ces temps de confinement !
Et pour inviter les enfants à prendre soin de la nature qui les entoure, une petite activité est proposée en fin d’album : fabriquer une guirlande gourmande pour les mésanges qui ont parfois du mal à trouver de quoi se nourrir en hiver. Une bien jolie manière de terminer cet album joyeux et interactif qui sent bon le printemps ! 🐦

Bleu jardin, Clémence Sabbagh, illustré par Teresa Arroyo Corcobado (Le diplodocus)
collection Couleurs jardin
disponible depuis le 2 avril 2021
9791094908211 – 11,90€
à partir de 2 ans
Son
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Histoires d’ours

C’est bientôt le printemps durant lequel on espère pouvoir sortir de notre hibernation qui dure depuis bien longtemps… Mais avant de quitter définitivement l’hiver, Bob vous propose de découvrir trois (ou presque) albums des éditions Père Fouettard avec les pro de l’hibernation : nos amis les ours, compagnons intemporels des histoires.

Mon grand ours, mon petit ours et moi

Une petite fille nous présente les deux ours qui sont dans sa vie : le petit, celui en peluche avec qui elle partage ses jeux et son imagination ; et puis le grand, celui qui l’accompagne quand elle sort, la prend sur ses épaules ou la protège du froid dans son grand manteau bien chaud. Ses deux ours sont toujours là pour elle et elle est toujours là pour eux…

Quelle mignonitude que cet album qui nous offre une petite capsule de vie quotidienne aussi douce que joyeuse ! La petite fille de ce récit familial nous fait découvrir son quotidien avec son doudou préféré et…son papa ! Une chute qui ravira évidemment les jeunes lecteurs à qui cette histoire est destinée et les adultes qui la leur liront en ayant tout deviné (mais en ne révélant rien, bien sûr !). Le texte tout en simplicité de Margarita del Mazo est un véritable plaisir et les illustrations de Rocio Bonilla, tendres et complices, lui apportent une pointe d’humour et de malice. On est complètement charmé par cet album qui nous offre une jolie chronique de la journée parfaite d’une petite fille et de son papa. Absolument mignon !

Mon grand ours, mon petit ours et moi, Margarita del Mazo, illustré par Rocio Bonilla, traduit par Gaïa Mugler (Père Fouettard)
disponible depuis le 7 janvier 2021
9782371650503 – 16€
à partir de 3 ans

Grand Blanc

Aujourd’hui, Saski a huit ans et a enfin le droit d’aller pêcher toute seule et montrer à son père comme elle aussi peut rapporter plein de poissons ! Sur la banquise, l’hiver est rude et l’ourse a du mal à trouver de quoi se rassasier pour nourrir également ses petits. Alors que la tempête se lève, faisant perdre les repères de la petite fille comme de l’ourse, leurs trajectoires vont se croiser…

Histoire d’une rencontre, de celle de l’humain et de l’animal, Grand Blanc nous fait découvrir la banquise, ses dangers et ses instants de grâce. Le texte d’Adèle Tariel, entre légèreté et suspense un tout petit peu angoissant, nous emporte tout de suite dans ce récit d’une petite fille qui grandit, pleine d’enthousiasme, de courage et de bonté, et de cette ourse à la recherche de quoi sauver ses petits d’un rude hiver et capable elle aussi de se montrer bienveillante lorsque le danger les prend toutes les deux. Les magnifiques illustrations de Jérôme Peyrat nous transportent dans ce grand blanc et nous font ressentir la tempête comme le froid grâce à ces papiers et calques découpés qui donnent du relief au paysage enneigé et tempétueux. Une technique qui convient merveilleusement à l’ambiance de cet album vivant et vivifiant. Une réussite !

Grand Blanc, Adèle Tariel, illustré par Jérôme Peyrat (Père Fouettard)
disponible depuis le 7 janvier 2021
9782371650664 – 16€
à partir de 3 ans

Ours, ours, ours

Dans cette histoire, attendez-vous à être bousculés ! On commence sur la banquise, avec un ours blanc…hum, autant vous dire qu’un ours blanc sur une banquise immaculée, on ne voit pas trop l’animal… Bon, alors ce sera l’histoire d’un ours brun sur la banquise. Certes, on le voit bien, mais l’ours brun n’est pas spécialement chaud pour se geler les miches sur ce continent de glace… Bref, notre ours blanc et notre ours brun vont faire fi du narrateur de cette histoire pour nous raconter la leur…

Si vous êtes friands de ces histoires où tout est chamboulé, l’album de Camille Tisserand est fait pour vous ! Une histoire drôle et amusante qui se termine sur un beau moment d’amour et de douceur qui fera la surprise des lecteurs, servie par des illustrations qui en font aussi toute la saveur. Camille Tisserand s’amuse ainsi des couleurs et des motifs pour fondre ses ours dans un décor ou les faire ressortir grâce à des traits malins et tout de suite identifiables. Un album en quatre couleurs (bleu, noir, brun et blanc) qui lui donnent une atmosphère toute particulière et qui annonce avec originalité et tendresse l’arrivée du printemps !

Ours ours ours, Camille Tisserand (Père Fouettard)
disponible depuis le 4 mars 2021
9782371650527 – 14€
à partir de 3 ans
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Anne d’Avonlea – Lucy Maud Montgomery

Dans ce deuxième tome des aventures d’Anne, l’orpheline idéaliste aux cheveux roux vient d’avoir 16 ans. Institutrice, elle est pleine d’ambition et souhaite gagner le cœur de ses élèves avec sa naïveté touchante et son imagination – toujours aussi débordante. De plus, avec quelques amis, elle crée la Société d’amélioration du village d’Avonlea avec la volonté d’embellir les paysages mais cette nouvelle activité va la plonger dans toutes sortes de situations embarrassantes… Histoire d’épicer encore plus cette tranquille île, Marilla, sa mère adoptive, va accueillir des jumeaux à Green Gables.

Anne est née enfant de la lumière. Une fois qu’elle a croisé une vie en y glissant un sourire ou une parole comme un rayon de soleil, la personne voyait son existence, sur le moment en tout cas, comme belle, pleine d’espoir et d’estime. Cet extrait représente en tout point l’effet anneshirleysien de ce roman ! Anne est toujours une héroïne attachante et son adolescence est encore plus délicieuse que son enfance dont vous pourrez lire la chronique ici. Notamment car ses monologues poétiques sont moins nombreux et elle partage plus de réflexions sur l’éducation, l’amour, le monde des adultes, le pouvoir de l’imagination tout en vivant des péripéties incroyables. Elle a toujours le chic pour se mettre dans des situations rocambolesques avec beaucoup de recul sur ses propres défauts. Anne grandit avec beaucoup de nuances tout en restant une éternelle optimiste.

Quel plaisir de retrouver la nature d’Avonlea à travers les yeux de son héroïne et de découvrir les nouveaux habitants. De nombreux personnages vont faire leur apparition : M. Harrisson et son perroquet moqueur, les élèves d’Anne, dont le fascinant et imaginatif Paul et les jumeaux Dora et Davy, dont le garçon est un créateur de bêtise ambulant. Même si je fus surprise de cette nouvelle adoption de la part de Marilla et que j’avais peur de la redondance, je dois avouer que le personnage de Davy apporte son lot de farces et des dialogues enfantins malicieux. L’écriture de Lucy Maud Montgomery dépeint toujours les émotions avec pudeur et réalisme, les paysages avec fantaisie et les relations humaines avec humour et empathie.

L’éditeur Monsieur Toussaint Louverture a réussi à faire de ce second tome un objet livre encore plus beau que le précédent, avec cette couverture fabuleusement colorée – et j’ai pris encore plus de plaisir que le premier livre. Anne n’a pas fini de nous étonner. Certaines héroïnes sont faites pour les aventures, et c’est un don qu’Anne d’Avonlea possède !

Anne d’Avonlea, Lucy Maud Montgomery, traduit par Isabelle Gadoin (Monsieur Toussaint Louverture)
disponible depuis le 18 février 2021
9782381960135 – 16,50€
à partir de 12 ans
Son
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Elle est le vent furieux – collectif

Un titre percutant, une couverture splendide et six autrices de grand talent : c’est Elle est le vent furieux, projet initié par Marie Pavlenko qui donne à faire entendre la voix de la Nature, malmenée par l’humanité depuis trop longtemps.

C’est Marie Pavlenko qui ouvre la danse avec un texte qui fait office de prélude à ceux de ses consœurs et dans lequel elle imagine Dame Nature elle-même qui, après une journée passée dans notre monde à être compressée, poussée, méprisée, crottée et victime de la plus grande indifférence, décide de laisser éclater sa colère et de se venger des hommes qui n’ont plus aucune considération pour elle. Qui sème le vent… Les cinq autrices qui l’accompagnent dans ce projet vont alors nous proposer des histoires complètement différentes, tant dans le style que dans le genre même si toutes sont une variation de l’imaginaire.

Avec Monkey palace, Sophie Adriansen oppose l’insouciance des vacances privilégiées aux réalités de l’exploitation de certaines zones touristiques du monde qui voient des régions entières être transformées pour le profit et sans aucun souci de la faune ou de la flore locale. Un récit comme un thriller angoissant qui bascule très vite et nous laisse pantelant dans un twist final savoureux (un procédé dont Bob est toujours friand). Dans Nos corps végétaux, Coline Pierré nous offre toute la sensibilité de son écriture dans un récit poétique de métamorphose qui voit deux jeunes femmes découvrir la mutation végétale dont elles sont victimes – comme toute la population – et en accepter différemment les conséquences. Une histoire comme un rêve. Les deux textes suivants : Extinction Games, de Cindy Van Wilder, et Naître avec le printemps, mourir avec les roses, de Marie Pavlenko, explorent les conséquences directes de la vengeance de Gaïa – ou Dame Nature – et comment les humains vont s’organiser pour endiguer cette revanche. Récits de l’engagement et de l’insurrection, de l’action de la jeunesse pour contrer l’inévitable, nous avons là deux histoires pour inspirer à être les acteurs et actrices du changement. Puis vient Sauvée des eaux, texte en vers de Marie Alhinho, beaucoup plus sombre et apocalyptique que les précédents, mais tout en émotion, qui nous raconte le destin d’une réfugiée climatique dans un monde ravagé où il ne semble y avoir de refuge nulle part. Un monde qui laisse entrevoir les prémices d’une évolution inattendue… Enfin, Flore Vesco et Le récit recyclé qui nous montre encore une fois toute l’inventivité et le talent de l’autrice. Un texte très surprenant et sans doute déconcertant mais dont la virtuosité est aussi un bel hommage à la création littéraire et à ses co-autrices.

C’est avec l’espoir d’une Dame Nature rassurée par Marie Pavlenko que ce travail collectif prend fin. Un recueil de nouvelles engagé, véritable prise de conscience – s’il en fallait encore – mais surtout un appel à l’action. Soyez, vous aussi, le vent furieux qui se fera entendre pour emmener notre monde sur la bonne voie, celle de notre Terre et de sa protection.

Elle est le vent furieux, Sophie Adriansen, Marie Alhinho, Marie Pavlenko, Coline Pierré, Cindy Van Wilder et Flore Vesco (Flammarion Jeunesse)
disponible depuis le 6 janvier 2021
9782080233943 – 15€
à partir de 13 ans
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Anne de Green Gables – Lucy Maud Montgomery

Marilla et Mattew, un couple de frère et soeur âgés, souhaitent adopter un garçon pour les aider à la ferme mais par erreur, on leur confie une fille. Mais pas n’importe quelle fille : Anne. Cette orpheline de 11 ans, aux cheveux roux (pour son plus grand désarroi), à l’esprit vif, à l’imagination sans borne et amatrice des grands mots, n’est pas ce qu’ils attendaient. Anne est très. Très impulsive. Très bavarde. Très théâtrale. Très maladroite. Très fantasque. Et surtout très attachante. Elle va bousculer le calme et la monotonie à Green Gables.

Anne de Green Gables est une nouvelle traduction d’un classique (Canada), vendu à 60 millions d’exemplaires et traduit en plus de trente-six langues. L’édition de ce roman et la vie de son autrice sont déjà une histoire romanesque à eux seuls. Une mère emportée très tôt par la tuberculose et un père qui part fonder une nouvelle famille abandonnant la petite Lucy Maud à passer son enfance avec des grands-parents peu aimants à Cavendish, sur l’Île-du-Prince-Édouard. Lucy Maud Montgomery fait partie de ces autrices qui ont toujours écrit et qui ont persévéré avant de trouver leurs lecteurs. Alors que ce roman a été rejeté par tous les éditeurs auxquels elle l’avait soumis, un jour de 1908, la chance lui sourit et Lucy rencontre le succès immédiatement. Les plus grands auteurs ont salué son œuvre : « Ce qui fait le génie de ce livre, ce n’est pas son réalisme, Anne est le triomphe de l’espoir », a dit Margaret Atwood ou encore Mark Twaïn qui a déclaré que l’héroïne était « l’enfant la plus attachante, émouvante et délicieuse depuis l’immortelle Alice. » Plus récemment, vous aurez peut-être découvert l’adaptation Anne with a E sur Netflix.

Lisette a une confession à faire, elle ne connaissait pas du tout ce texte et fut très heureuse de faire la connaissance d’Anne. Au tout début du roman, Anne est trop. Elle est trop enthousiaste ou trop désespérée. Ses longues tirades sur la nature ont été des passages parfois difficiles à passer mais heureusement cette intensité romanesque est atténuée par le personnage de Marilla, sa mère adoptive. Marilla est très terre à terre et essaye toujours d’expliquer à Anne qu’elle doit se taire et ne pas vivre la vie aussi intensément ! Ce décalage très moderne entre la romanesque et la fermière apporte beaucoup d’originalité dans ce roman. L’héroïne n’est pas sans me rappeler la malheureuse Sophie de la Comtesse de Ségur, toutes deux sont maladroites et tellement captivantes. Tous les personnages secondaires vont permettre à Anne d’évoluer, de ne plus craindre le manque d’affection et de continuer à voir la vie à sa façon.

« Je suppose que vous êtes Monsieur Matthew Cuthbert de Green Gables, dit-elle d’une voix particulièrement douce et claire. Je suis très heureuse de vous voir. Je commençais à craindre que vous ne veniez pas me chercher et j’imaginais tout ce qui aurait pu vous retenir. J’avais décidé, si vous ne veniez pas ce soir, de longer la voie jusqu’à ce grand merisier là-bas, dans le virage, et de grimper dedans pour y passer la nuit. Je n’aurais pas eu peur du tout, et ça aurait sans doute été charmant de dormir dans cet arbre aux fleurs blanches au clair de lune, vous ne pensez pas ? Ça aurait été comme vivre dans un temple de marbre, non ? »

Le lecteur suivra Anne de son arrivée à Green Gables (l’extrait au-dessus sont ses premiers mots) jusqu’à ses études supérieures. L’évolution de ce personnage est très belle et l’ambitieuse Anne finit toujours par rire de ses erreurs et s’en sort plus forte ! Nous la suivons dans ses apprentissages, sa découverte de l’amitié, de la religion, ses questionnements haut en couleurs et sa détermination à être la première de la classe.

Saluons la fabrication de M.T.L, l’objet est si esthétique que l’on a envie de le chérir et de l’avoir dans sa bibliothèque juste pour faire des belles photos sur Instagram. Anne de Green Gables a le charme des romans classiques, une écriture parfois un peu surannée (il faut aimer les descriptions de nature) et des personnages qui vous accompagneront toute une vie. Grâce à cette belle réédition, Anne demeure immortelle et d’une modernité surprenante ! Merci à Monsieur Toussaint Louverture pour cette incroyable édition et bravo à la traductrice Hélène Charrier. Pour ceux qui tomberont sous le charme d’Anne, un second tome est prévu en février 2021.

Anne de Green Gables, Lucy Maud Montgomery, traduit par Hélène Charrier (Monsieur Toussaint Louverture)
disponible le 8 octobre 2020
9782381960081 – 16,50€
à partir de 12 ans
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Ours et les choses – Andrée Prigent

Tous les matins Ours regarde le ciel, heureux et souriant. Il a belle allure. Mais un jour, il trouve une carriole et décide de la remplir. Il se baisse tous les jours suivants pour y entasser les objets qu’il trouve par terre, mais ce n’est jamais assez pour lui. Au fil des jours, à force de s’incliner, son dos se courbe de plus en plus. Il est si courbé qu’on dirait qu’il a des soucis. Jusqu’au jour où la carriole craque !

Une très belle fable pour les jeunes enfants sur la surconsommation aveuglante, le matérialisme, il n’est jamais trop tôt pour discuter de ce sujet écologique. Ours et les choses est une histoire très poétique et joyeuse en même temps. L’autrice a écrit ce texte avec beaucoup de simplicité et montre aux enfants qu’il faut parfois ouvrir les yeux en grand et découvrir le monde.

Andrée Prigent a entièrement réalisé cet album en linogravure, un travail magistral qui allie force et délicatesse. Chaque page est un tableau expressif, imprimé en deux couleurs, un bleu profond et un orange chatoyant, permettant ainsi d’entrer de plain-pied dans l’histoire. Le lecteur, grâce aux cadrages, aura presque l’impression d’être dans la carriole et de suivre l’ours (qui a des expressions adorables!) au fur et à mesure de son rapetissement.

Un album qui n’est ni moralisateur ni donneur de leçon, qui raconte avec simplicité l’importance de ne pas agglomérer des objets pour le plaisir d’avoir. Ours nous montre que parfois, il faut simplement lever les yeux de notre nombril pour voir à quel point le monde est beau.

Ours et les choses, Andrée Prigent(Didier Jeunesse)
collection Hors Collection
disponible le 23 septembre 2020
9782278097937 – 13,90€
à partir de 3 ans