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Des albums sourires pour cette rentrée

Au programme deux albums assez différents mais qui ont des valeurs communes : l’imagination et des illustrations malicieuses et enfantines !

Le livre des arbres & plantes qui restent à découvrir

Connaissez-vous le célèbre palmier à moustaches ? Le chaussettier appelé aussi le saule pleureur à chaussettes ? Non ? Et le malpolinier, cet arbre qui ne peut pas s’empêcher de vous tirer la langue dès que vous avez le dos tourné ? Si ces plantes ne vous sont pas familières, peut-être n’avez-vous pas ouvert assez grand les yeux lors de votre dernière balade en forêt…

Le grand, le fort, l’irrésistible Olivier Tallec nous offre pour la rentrée un imagier surréaliste célébrant la nature, mais surtout l’imaginaire, à travers des arbres et des plantes inventés, aux caractéristiques bien singulières : le peuplier-couverture, le pin brosse à dents ou encore l’arbre-glace. Cet album est une invitation pour les enfants à imaginer à leurs tours des arbres extraordinaires. Les dessins sont plein de malice et d’impertinence, c’est ludique et réjouissant à souhait.

Le livre des arbres & plantes qui restent à découvrir, Olivier Tallec (Actes Sud Junior)
disponible depuis le 1 septembre 2021
9782330154585 – 17€
à partir de 3 ans

Kate Moche

Kate subit les moqueries et se fait appeler Kate Moche à l’école. Les andouilles de la cour de récréation disent qu’elle n’est pas très maligne et maladroite. Pourtant elle s’en moque et garde toujours le sourire ! Quand Kate se regarde dans le miroir, elle voit beaucoup des choses incroyables dans son reflet…

Le texte d’Antoine Dole, écrit dans un style poétique, nous montre l’importance de s’aimer. Kate se voit comme une doctoresse dévouée pour ses jouets, une experte en guimauve, une sportive haut niveau… Kate est courageuse, charismatique, visonnaire ! Une belle histoire qui montre que le regard que l’on porte sur soi est beaucoup plus important que tous ce que les autres peuvent dire de nous ! Kate croit en elle. Elle croit en ses pouvoirs magiques et cette confiance laisse les « andouilles » de son école pantois. De nombreux enfants sont un jour confrontés à des remarques déplaisantes et la conclusion de ce livre est la meilleure qui soit : l’ignorance.

Habituée aux dessins humoristiques et colorés de Magali Le Huche, c’est toujours un plaisir que d’observer les détails des pages des métiers : une tasse éléphant, trois brigands cachés, des bonbons à croquer. Les illustrations se savourent à chaque page. La palette de couleur incarne parfaitement Kate, son imagination, sa confiance en soi et sa joie de vivre.

Simple et efficace, cet album pétillant est à recommander en cette rentrée pour rappeler que toutes les Kate de la terre peuvent devenir qui elles veulent !

Kate Moche, Antoine Dole, illustré par Magali Le Huche (Actes Sud Junior)
disponible depuis le 1 septembre 2021
9782330154561 – 14,90€
à partir de 6 ans
Son
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Ceux qui décident – Lisen Adbage

A l’école, il y a ceux qui décident. Et il y a les autres, ceux qui n’ont jamais rien le droit de faire. C’est bien simple, à chaque fois que ceux qui n’ont rien le droit de faire se mettent à s’amuser, ceux qui décident leur donnent des ordres puis s’approprient ce avec quoi ils s’amusaient, leur demandant de dégager. Ceux qui décident, ce sont les enfants dans la cour qui jouent aux plus forts, qui disent qui joue avec quoi ou avec qui, et à qui personne ne dit jamais rien. Jusqu’à ce que…

Quel magnifique et pertinent album pour parler du harcèlement, qui commence parfois dès les plus petites cours d’école. On assiste ici à la loi exercée par un petit groupe d’élèves sur le reste de la cour de récréation. Un microcosme enfantin dans lequel n’apparaît aucun adulte pour intervenir dans le conflit, ni d’ailleurs aucun autre enfant parmi ceux qui assistent depuis les fenêtres de l’école ou des immeubles avoisinant. Si ceux qui décident n’arrêtent pas de déloger ceux qui n’ont rien le droit de faire dès qu’ils s’amusent un peu, ces derniers ne se laissent pas abattre et finissent toujours pas trouver une autre occupation. Jusqu’au moment où tout cela suffit, et où les ordres contradictoires de ceux qui décident finissent par pousser les enfants à s’unir pour dire non et tenir tête à ce petit groupe de tyrans.

Lisen Adbage nous offre un album percutant sur les rapports de force et le droit de dire non, de s’opposer à l’injustice. Un album qui nous montre aussi toute l’importance du collectif, de s’unir pour contrer ceux qui veulent imposer leur loi. Le texte court, incisif, va tout de suite à l’essentiel. La violence subie par ceux qui n’ont rien le droit de faire et induite par le sujet est contrebalancée par des illustrations aux couleurs extrêmement vives et joyeuses et des personnages très divers, parfois même avec des particularités rigolotes ou inattendues qui nous rendent ces enfants aussi attendrissants que réalistes. Un album tout en subtilité.

Ceux qui décident, Lisen Adbage, traduit par Marianne Ségol-Samoy (L’étagère du bas)
disponible depuis le 7 janvier 2021
9782490253302 – 14€
à partir de 5 ans
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La rentrée catastrophique de Romane Lux, t.1 – Sylvain Zorzin et Moricio

Romane panique complètement ! Sa rentrée en CM1 ne se passe pas du tout mais alors pas du tout comme prévu ! Son maître d’école, qui était connu pour être sévère, a décidé de faire régner la paix cosmique dans sa classe de manière très originale… (pour ne pas dire catastrophique !). Son père frise l’arrêt cardiaque à chaque croisement car il a toujours peur que quelque chose lui arrive. Sa petite soeur continuer de faire toujours tout comme elle et le plus beau garçon de l’école, Kédon, lui fait un peu beaucoup d’effet.

Cette série graphique, entre roman et BD, nous plonge dans le quotidien loufoque de Romane qui a une famille pas toujours commode et surtout un instituteur qui débloque carrément… Romane aurait aimé une rentrée classique mais c’est sans compter sur toute une ribambelle de personnages improbables. Il faut avouer que le personnage du maître d’école est très caricatural et va, par exemple, superposer les chaises et les tables de la classe pour diffuser des bonnes énergies. Les mésaventures modernes de Romane ressemblent à une rédaction scolaire, dans le sens où les histoires sont invraisemblables et s’enchaînent très rapidement à la manière de gags.

Le travail de l’illustration sur ce roman est particulièrement réussi pour un jeune public. Toutes les pages du roman sont illustrées et chaque dessin vient renforcer l’humour de manière dynamique et loufoque. Ce roman s’adressera plutôt pour des lecteurs « qui n’aiment pas lire » et qui pourraient prendre plaisir à découvrir Romane, une héroïne très cartoon !

La rentrée catastrophique de Romane Lux, t.1, Sylvain Zorzin, illustré par Moricio (Bayard Jeunesse)
disponible depuis le 26 août
9791036311246 – 12,90€
à partir de 9 ans
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Demandez-leur la lune – Isabelle Pandazopoulos

Lilou, Samantha et Bastien sont en échec scolaire et ne passeront pas en seconde générale. Farouk est un jeune turc qui apprend le français dans l’attente de son audition pour avoir le droit de rester en France. Tous les quatre vont rejoindre le cours d’Agathe Fortin, une prof de français pas comme les autres qui leur propose de participer à un concours d’éloquence. Pour la première fois, la voix de ces quatre jeunes a une importance pour quelqu’un.

Après La décision et Trois filles en colère, Isabelle Pandazopoulos nous offre à nouveau un roman fort et riche en émotions. Nous sommes ici dans une campagne perdue, zone blanche autant pour Internet que pour les chances de poursuivre ses rêves pour des jeunes à qui rien ne semble possible. Lilou est effacée, sa famille et elle rongées par les actions d’un frère qui planent au-dessus d’eux ; Samantha doit composer avec une mère bipolaire qui projette ses rêves sur elle et l’aime pourtant d’un amour inconditionnel ; Bastien est quant à lui contraint de suivre les traces de son père, en dépit de ses propres envies ; et Farouk a fui la Turquie en laissant sa famille seule suite à l’arrestation de son père, et attend le jour de l’audience qui décidera de son droit ou non à résider sur le territoire français. Quatre jeunes qu’une jeune prof de français aux méthodes non orthodoxes doit remettre sur les rails de l’école, quitte à ne pas être spécialement soutenue par cette dernière… Car on lui demande de faire en sorte que ces gosses rentrent dans le moule, pas qu’ils fassent des exercices bizarres et pas dans les programmes.

Mais si Agathe Fortin est loin de ressembler aux autres profs et que ses méthodes sont sources de frictions pour les quatre élèves, elles vont pourtant révéler chacun d’entre eux. Et leur permettre de pouvoir enfin s’exprimer : la colère, les doutes, les espoirs, les problèmes et même l’amour ! Ça balbutie, au début, ça se heurte ou ça ne se comprend pas mais bientôt, les mots prennent le pas, la parole se libère et, surtout, le lien se resserre. Isabelle Pandazopoulos tisse un formidable roman, d’une grande justesse, entre cri d’espoir et bombe d’émotions (on est parfois vraiment pris à la gorge tant les personnages nous touchent et nous accompagnent). Un roman vibrant, qui donne de la voix à ceux qui pensent la leur inaudible, et qui leur offre une personne pour les écouter, pour les entendre, et pour les faire entendre. A mettre entre toutes les mains !

Demandez-leur la lune, Isabelle Pandazopoulos (Gallimard Jeunesse)
collection Scripto
disponible depuis le 16 janvier 2020
9782075137287 – 12,90€
à partir de 13 ans
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Pebbleboy – Eric Pessan

9782211231213,0-4090410

Pierre est un garçon dur comme la pierre. Lorsqu’il reçoit un coup, il ne réagit pas, il n’a même pas mal ! Et Dieu sait qu’il en reçoit des coups… Son incroyable résistance finit par susciter la curiosité de ses camarades de classe, puis des gens, et enfin des journalistes. Pierre devient alors une célébrité, un super-héros : Pebbleboy, le garçon-caillou.

★★★★★

Sous-titré Les aventures extraordinaires du garçon aussi dur qu’une pierre, cette pièce de théâtre imaginée par Eric Pessan nous conte l’histoire étonnante de Pierre et de son habilité toute particulière à ne ressentir aucune douleur. Un texte court, d’une grande force, qui évoque, comme vous pouvez vous en douter, la maltraitance. Et c’est à travers le mythe du super-héros qu’Eric Pessan traite le sujet, en montrant également tout le paradoxe du côté « voyeur » de ces gens, de ces journalistes, de ces camarades et enseignants qui ne voient pourtant rien de la triste réalité. Car Pierre va se laisser entraîner dans ce mensonge de super-héros, allant jusqu’à se confectionner un costume et devenir Pebbleboy, afin de se protéger, de ne pas révéler ce que cachent vraiment ses bleus, ses contusions. Seule une fille, parmi tous ses camarades qui vont le frapper, vérifier qu’il n’a vraiment pas mal, qu’il est dur comme le roc, va essayer de soulever la carapace de Pierre…

Pebbleboy est un très beau texte, à la fois sensible dans son écriture (les monologues de Pierre sont vraiment plein d’émotion) et dur par son sujet et la façon dont il est traité (notamment quand il s’agit des scènes où les camarades de classe de Pierre s’amusent à le frapper). C’est un texte également poétique, dont on imagine très bien les dialogues joués sur scène, où se découvre petit à petit la vérité derrière le don étonnant de Pierre et sa relation avec son père et sa mère. Une pièce émouvante, percutante et singulière qui se termine tout de même sur une note d’espoir…

Pebbleboy : les histoires extraordinaires du garçon aussi dur qu’une pierre, Eric Pessan (École des loisirs)
collection Théâtre
disponible depuis le 12 avril 2017
9782211231213 – 7,20€
à partir de 11 ans
Son
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Nouvelle collection : « Mes premiers Witty »

Vous devez tous connaître aujourd’hui la collection Witty chez Albin Michel ? (On en a chroniqué quelquesuns ici-même) Si ce n’est pas le cas, faut vous rattraper ! Tout de suite ! 😛 Pour les autres, une belle surprise car l’éditeur sort cette année Mes premiers Witty, une toute nouvelle collection pour les plus jeunes, à partir de 7 ans, avec les mêmes ingrédients : des auteurs anglo-saxons pros de l’humour, des enfants héros d’aventures du quotidien et des illustrations à gogo. Chouette, non ? En tous cas, nous on avait hâte ! Et ça tombe bien car la collection est lancée aujourd’hui, avec les deux titres que voici :

Crumble – Michael Rosen

9782226325211, 0-3095660

Laurie-Anne se rend à l’animalerie avec sa mère, dans l’espoir de se choisir un chien. Mais elle ne s’attendait pas du tout à ce que le chien qu’elle a repéré lui fasse passer un « entretien d’embauche ». Parviendra-t-elle à convaincre le canidé d’être adopté ?

★★★☆☆

Crumble est le genre de chien plutôt dur en affaire. La pauvre Laurie-Anne ne pensait pas devoir répondre à toute une batterie de questions, elle qui venait choisir un chien qu’elle appellerait Lassie. Raté ! Michael Rosen (celui de La chasse à l’ours) détourne ici cette règle humaine qui veut que ce soit le maître qui choisisse son chien et non l’inverse. Cet acte tout simple de la vie quotidienne prend alors une dimension fantastique pour notre plus grand plaisir. Les illustrations de Tony Ross, toujours fidèle à son style, ajoutent au charme de cette petite histoire idéale pour les jeunes lecteurs.

Crumble, Michael Joel Rosen, illustré par Tony Ross, traduit par Anne Léonard (Albin Michel)
collection Mes premiers Witty
disponible depuis le 2 mars 2016
9782226325211 – 7,50€
à partir de 7 ans
Colin de l’espace : la course cosmique puante – Tim Collins

9782226324672, 0-3095661

Colin s’ennuie en classe. En même temps, M. Watkins est le professeur le plus soporifique du monde ! Heureusement, Harry, le petit nouveau, va le tirer de son ennui. Car Harry voyage dans le temps et l’espace grâce à une poubelle magique. Les deux garçons vont alors partir à l’aventure, jusqu’à ce qu’une terrible erreur dans le passé les fasse revenir dans un monde terrifiant : tout le monde ressemble à M. Watkins !

★★★★★

Alors là, vous allez vous régaler ! Colin de l’espace, c’est un peu Doctor Who mais pour vos petits neveux. D’abord, le vaisseau spatial de Harry, c’est une benne à ordure (c’est un peu moins classe que la cabine de police, ok, mais c’est plus drôle) et il possède un transpondeur interstellaire (genre de tournevis sonique, un peu). Mais surtout, il peut voyager à travers le temps et l’espace et le moindre faux pas peut changer le cours du temps ! Pas de bol, c’est ce qu’ils ont fait. Colin et Harry ont malencontreusement ramené un poil de moustache de M. Watkins dans le passé et l’évolution étant passé par là, l’humanité s’est transformée en bonhommes chauves à moustaches soporifiques au possible et au vocabulaire limité. Colin et Harry vont alors devoir réparer leur erreur pour retrouver un monde normal… Cette histoire totalement déjantée et pleine d’humour l’est d’autant plus par les illustrations hyper présentes de Joëlle Dreidemy et leur côté parfois un peu BD, mais surtout grâce à l’inventivité de l’auteur. Génial ! Encore plus cool ? Le tome 2 sera disponible dès le mois de mai ! 😀

Colin de l’espace : la course cosmique puante, Tim Collins, illustré par Joëlle Dreidemy, traduit par Mickey Gaboriaud (Albin Michel Jeunesse)
collection Mes premiers Witty
disponible depuis le 2 mars 2016
9782226324672 – 8,50€
à partir de 7 ans
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La classe de mer de monsieur Ganèche – Jérôme Bourgine

9782848658353,0-3166211

En ce mois de janvier frileux, rien de mieux qu’un petit roman à vous donner envie de hisser les voiles et de voguer loin de la routine. 🙂

Monsieur Ganèche est l’heureux professeur d’une classe de mer composée de six loustics qui lui en font voir de toutes les couleurs. Mais lorsque le rafiot qui les transportait jusqu’au lieu de vacances en Bretagne est contraint d’accoster sur un îlot qui semble abandonné, ils sont loin de se douter des aventures qui les attendent…

★★★★☆

Zlatan, Céline, Tho, Lucas, Fatima et Maïtiti, voilà les six « cas sociaux » dont Monsieur Ganèche, professeur remplaçant, a hérité. Monsieur Ganèche et ses grandes oreilles décollées, son petit air dans la Lune mais terrifiant lorsqu’il est en colère… Tout un tas de caractères bien différents qui vont être amenés à vivre ensemble et à constituer une équipe quand les problèmes commencent. Car l’île sur laquelle ils se retrouvent abandonnés est en réalité le repaire de trafiquants d’animaux (je ne vous spoile pas, c’est écrit sur la 4e de couverture !) et vous vous doutez bien qu’une bande de morveux sur le territoire de ces affreux bonhommes n’est pas la bienvenue…

On retrouve dans cette histoire tout le cocktail qui nous plaît dans la collection Pépix : de l’humour et, surtout, de l’aventure. On s’attache très rapidement à chacun des personnages (mêmes si certains sont vraiment des sales gosses) et notamment à Monsieur Ganèche, à sa bienveillance et à son côté un peu original. En fait, Monsieur Ganèche, c’est un peu l’instit’ qu’on aurait bien aimé avoir. Mais ce que j’ai préféré, c’est l’intrigue de Jérôme Bourgine, rondement menée, qui nous entraîne d’un bout à l’autre de l’île et transforme nos jeunes héros en aventuriers intrépides. A la lecture, j’ai repensé à tous ces films que je regardais enfant, où des gamins partaient à la chasse au trésor en faisant tourner en bourrique les terribles méchants. En tous cas, une classe de mer qui tourne de cette manière, j’aurais bien aimé en vivre une !

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Un Pépix ne serait pas non plus réussi sans ses illustrations et celles-ci, de Maurèen Poignonec, sont une invitation de plus au désir d’aventure. J’ai beaucoup aimé son trait, fin et malicieux, et toute l’énergie qui s’en dégage. C’en est presque à regretter que toutes les images ne soient pas en couleur !

Une très chouette histoire, en tous cas, où l’amitié, la confiance en soi et la défense des animaux sont les maîtres mots. Et un bel avant-goût des vacances d’été… 🙂

La classe de mer de monsieur Ganèche, Jérôme Bourgine, illustré par Maurèen Poignonec (Sarbacane)
collection Pépix
disponible depuis le 6 janvier 2016
9782848658353 – 11,90€
à partir de 9 ans
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Le caméléon et les fourmis blanches – Emmanuel Bourdier

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Casimir Feunard est un instituteur désabusé depuis que sa compagne l’a quitté et montre peu d’enthousiasme à la rentrée scolaire. D’autant plus quand il apprend qu’il aura dans sa classe Issa Doucouré, jeune malien sans papiers, redoublant multiple qui sèche les cours et se fait passer pour plus inculte qu’il ne l’est. Pourtant, le jour où les gendarmes arrivent pour renvoyer Issa et son père dans leur pays, c’est Casimir qui va se trouver, bien malgré lui, à cacher cet enfant…

★★★★☆

Commence alors pour Casimir et Issa une cohabitation un peu difficile, où la colère se dispute à la peur, jusqu’à ce qu’ils s’apprivoisent. L’histoire est ainsi racontée par les deux personnages, alternant les points de vue à chaque chapitre. On commence avec Casimir, dont la tristesse l’amène à repenser à sa vie et à ses choix. Puis arrive Issa, qui accuse lui aussi la perte d’une femme dans sa vie : sa grande sœur Kadiatou. Issa qui a appris à se rendre invisible, tel le caméléon, tandis qu’il observe tous ces petits enfants dans la cour de récréation, ces petites fourmis… (et bim, vous avez l’explication du titre ! 😛 ) Avant l’arrivée d’Issa dans la classe de Casimir, les deux se connaissant. On n’oublie pas Issa quand on est enseignant : il n’est pas souvent là, il semble mentir comme il respire, il vole des petites choses… Quant à Casimir, son nom de famille a fait de lui une star dans l’école car il porte le même qu’un Pokémon ! Alors quand le père d’Issa le confie au professeur, tous deux vont apprendre à mieux se connaître et, pour Issa, à s’ouvrir à quelqu’un d’autre et à montrer son amour des histoires et de la lecture.
Le roman offre ainsi de très beaux moments de complicité, des instants magiques partagés entre ces deux personnages aux antipodes, pourtant liés bien plus qu’ils ne le pensent. Il faudra cependant passer par tout un panel d’émotion, de la frustration à l’exaspération, et d’événements avant qu’ils ne s’en rendent compte. Et alors leur cohabitation forcée devient plus facile pour eux. Emmanuel Bourdier signe ici un très beau texte, qui s’inscrit en plus dans une certaine actualité. J’ai beaucoup aimé son écriture soignée et les mots de chacune des voix du livre, souvent emprunts de tristesse mais qui finissent par se donner de l’espoir. Un très beau roman, qui montre aussi que la frontière entre la littérature ado et adulte est parfois très tenue. 🙂

Le caméléon et les fourmis blanches, Emmanuel Bourdier (La Joie de Lire)
collection Encrage
disponible depuis le 20 octobre 2015
9782889082957 – 19,90€
à partir de 13 ans

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Wild girl – Audren

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En cette rentrée, Albin Michel lance une toute nouvelle collection : Litt’, des romans français à destination des adolescents à partir de 13 ans. Les deux premiers titres sont signés par des auteurs que nous connaissons bien : Audren et Fabrice Colin. Aujourd’hui, c’est celui d’Audren que l’on vous présente ! 🙂

1867. Milly Burnett, toute jeune institutrice de 19 ans, décide de quitter sa vie bourgeoise au Massachussetts et se rend dans le Montana, où elle sera sans doute utile aux enfants des colons et, surtout, libre et heureuse. Après un long et dur voyage, elle arrive à Tolstoy, une bourgade de chercheurs d’or. Mais le quotidien n’est pas facile, entre les conventions puritaines encore importantes et les coups de feu à toute heure du jour et de la nuit… Il le sera encore moins quand elle accueillera dans sa classe un jeune homme de 17 ans, Joshua, petit frère de la terreur du coin…

★★★☆☆

On connaît le talent d’Audren et après nous avoir régalé de ses Orphelines d’Abbey Road, elle nous entraîne cette fois-ci dans le Far West, où une jeune femme en avance sur son temps va découvrir le véritable sens de la liberté. Comme l’auteure nous l’explique en préambule, si son roman est une fiction, il est en tous cas parfaitement documenté et on découvre avec intérêt les difficultés du voyage de l’Est vers l’Ouest ; de la condition des femmes à l’époque, et notamment de la chance de Milly d’être née dans une famille quasi « parfaite » (notamment sur les questions de société : abolition de l’esclavage, droits des femmes…) ; de la création des États ; du sort réservé aux tribus indiennes… Mais c’est surtout Milly que nous suivons avec beaucoup de plaisir, et souvent d’appréhension car la jeune femme ne va pas connaître une vie de tout repos ! Il y a parfois un petit côté Petite maison dans la prairie, on est plutôt loin du western rugueux, mais ça n’en est pas désagréable. C’est justement ce qui fait l’intérêt de Wild girl : ce souffle de romantisme et de liberté que l’on ressent à chaque page. Même si je l’ai trouvé parfois un peu plombé par une écriture trop descriptive et insistante, cela n’en reste pas moins un joli roman, qui se lit de façon très agréable et plutôt rafraîchissant dans le genre.

Wild girl, Audren (Albin Michel)
collection Litt’
disponible le 2 septembre 2015
9782226318510 – 15€
à partir de 13 ans

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Le voleur de sandwich – Patrick Doyon & André Marois

Il y a dans notre société actuelle un méfait méconnu qui ronge des dizaines d’écoliers à l’heure du déjeuner, je parle bien sûr : du vol de sandwich.

★★★★☆

levoleurdesandwichsLundi matin – heure du déjeuner : Marin attrape sa boîte à lunch (oui les auteurs sont canadiens) et file s’asseoir entre ses copains à la cafétéria. Seulement l’innommable se produit : le sandwich de Marin s’est volatilisé. Les boules. Surtout que c’était son favori : le jambon-cheddar-laitue avec une mayonnaise préparée avec soin par sa mère qui achète également un pain spécial à la farine d’épeautre dans une boulangerie secrète tenue par des moines kung-fu. Quelqu’un a dû te le voler ! s’exclama Manon. A cette phrase, Marin eût le vertige…il allait trouver coûte que coûte le coupable de cet acte cruel qui va se répéter : aurait-on à faire à un voleur de sandwichs en série ?

La liste des suspects

Le gros Robin qui ne fait que s’empiffrer
La pauvre Marie dont la maman a perdu « sa job » et qui a faim
Benjamin le fatigant fait des blagues qui ne font même pas rire les prématernelles
Mathias le jaloux qui a la vengeance dans la peau
M.Maxence le concierge super balèze qui se prend pour la police
M.Garence le directeur en manque de bonne nourriture
Mme Ombeline car qui soupçonnerait une dame à lunettes ?

Après plusieurs échecs afin de démasquer le coupable, Marin finit par tout raconter à sa mère qui devint folle de rage voler la nourriture de son fils c’était encore plus grave que d’acheter un pâté chinois surgelé. Ça allait barder ! A l’aide d’un plan infaillible concocté par sa maman coriace, Marin va enfin découvrir qui est le voleur de sandwichs.

Un roman graphique qui nourrit son lecteur de légèreté et d’humour tapageur. L’enquête est si bien ficelée qu’on ne devine pas l’identité du coupable à moins d’aller au bout du roman. Appétissant, ce livre l’est indubitablement ! La seule chose à laquelle on pense immédiatement c’est de faire sa mayonnaise maison à tartiner en couche épaisse dans un sandwich à la viande. Patrick et André ont mis tout leur talent dans cette histoire aux vertus éducatives. Voici ce qu’on y apprend :

* Quelques expressions canadiennes « sa job » « ti-coune »
* La mayonnaise ne sort pas que des usines
* Sois persévérant, la vie te le rendra
* Le respect est une valeur à ne pas négliger
* Le vol ne reste jamais impuni très longtemps
* Affamer un enfant n’est pas très sympathique
* Il ne faut pas traiter les petits de « petit », ça les énerve
* Le soutien parental c’est encore ce qu’il y a de plus sûr dans ce monde de brutes
* Le second degré c’est chouette d’en avoir lorsqu’on lit des livres aussi originaux 🙂

Le voleur de sandwichs, Patrick Doyon & André Marois
(La Pastèque)
en librairie depuis le 29 mai 2015
9782923841267 – 15€
à partir de 7 ans