Son
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Talitha running horse – Antje Babendererde

9782747040136,0-2688152

Talitha, jeune lakota métisse, vit seule avec son père dans une caravane au cœur d’une réserve indienne. Malgré sa pauvreté et l’absence de sa mère, elle se sent plutôt heureuse. Son bonheur s’élargit lorsqu’elle rencontre la famille Thunderhawk, qui possède un élevage de chevaux Apaloosas. Elle se prend notamment d’affection pour un poulain, qu’elle baptise Stormy, et tombe amoureuse de Neil, le fils de la famille. Mais lorsque la caravane de son père est détruite, la vie de Talitha bascule…

★★★☆☆

Si vous ne connaissez pas les romans d’Antje Babendererde, vous manquez de beaux romans sur les cultures amérindiennes. L’auteure est en effet passionnée par les peuples natifs d’Amérique du Nord, principalement des États-Unis, et tous ses romans s’attachent à faire découvrir ces différentes tribus. Ici, nous suivons donc Talitha, une métisse qui n’a pas la vie facile, notamment à cause des problèmes de racisme qu’elle rencontre (sa mère est blanche, son père lakota) mais aussi de sa situation : son père est au chômage et ne vit que de petits boulots et « services ». Sa famille la plus proche, sa tante et son cousin Marlin, se sont détournés des traditions indiennes et se moquent ouvertement de Talitha et de son père, leur rendant la vie dure. Heureusement, Talitha peut compter sur sa meilleure amie et sur sa nouvelles amitié avec les chevaux et la famille Thunderhawk. Bien sûr, tout ne se passera pas comme sur des roulettes et, entre les moments de la vie de tous les jours de Talitha, rythmée par le collège et les fêtes traditionnelles lakotas, et les tensions familiales ou locales, le roman nous emporte dans différentes directions.

Talitha running horse est un beau portrait de jeune fille optimiste, rêveuse et courageuse. J’ai beaucoup aimé cette découverte de la culture lakota, entre les traditions et les histoires qui restent importantes pour chacun et leur conciliation avec la vie actuelle. Roman social assurément, Antje Babendererde n’est cependant pas dans la dénonciation des conditions de vie dans les réserves indiennes – le lecteur se fait cette constatation tout seul – mais plutôt de nous emmener à la rencontre de peuples qui nous sont peu ou pas connus. Tout cela avec les ingrédients d’une bonne histoire : de l’amour, des péripéties, de la tension dramatique, de l’espoir, des déceptions, etc. Un roman bien écrit qui se lit avec beaucoup de plaisir. 🙂

Talitha running horse, Antje Babendererde, traduit par Vincent Haubtmann (Bayard Jeunesse)
disponible depuis le 22 octobre 2015
9782747040136 – 15,90€
à partir de 13 ans

Discussion
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La belle rouge – Anne Loyer

9782874262678,0-2687681

Kader est un adolescent en difficulté qui a navigué de familles d’accueil en foyer, passages entrecoupés de démêlés avec la justice. Son quotidien est bien loin de lui convenir dans son centre pour mineurs et il donne du fil à retordre à Christian, éducateur. Un soir de dispute, Kader s’enfuit et ouvre la première porte d’un camion qu’il trouve ouvert sur un parking, celui de Marje, une camionneuse au fort tempérament. La rencontre entre ces deux personnages est détonante, pour notre plus grand plaisir. 🙂

Dans la camionnette de Jean-Michel

★★★★☆

Une rencontre hors du commun qui m’a captivée : entre un rebelle à tendance petit délinquant qui se cherche et une femme solide qui ne jure que par son engin qu’elle surnomme « la belle rouge », les échanges sont croustillants. Persuasive, Anne Loyer nous fait adorer ce duo surprenant. Quand Marje découvre le jeune homme dans son habitacle, sa première réaction est de le jeter dehors après qu’il eût été passablement désagréable et impoli. Rapidement, elle va le rapatrier près d’elle et faire en sorte de lui délier la langue…cet adolescent en fugue envahissant son espace vital doit bien avoir quelques révélations à faire ? Abandonné par sa mère très jeune, Kader a en tête de la rejoindre au Maroc aujourd’hui – il ne le dit pas mais ce garçon a besoin d’une figure maternelle, d’un réconfort qui briserait sa forteresse de solitude. Gros dur au cœur meurtri, il va trouver en Marje le symbole d’une guide impétueuse et moelleuse (oui moelleuse, parfaitement : Marje me fait cet effet-là). Cette conductrice aguerrie possède aussi un lourd secret, échange de bon procédé : elle se dévoilera au fil des révélations de Kader. L’histoire s’inscrit dans la réalité : il ne s’agit pas d’un conte moderne où le rose est prépondérant et la fin à paillettes. Ici, les responsabilités sont prises en considération…Marje emmène l’adolescent avec elle certes, mais elle a des responsabilités en agissant ainsi, et elle les prend. Un roman terre-à-terre où deux exclus jouent des coudes dans l’axe brutal de la vie et trouvent les réponses à leurs questions. Merci Anne 🙂 (quoiqu’un peu court ce roman : on voulait encore plus de Marje et de Kader).

En stop avec Bob

★★★☆☆

C’est justement ce que j’ai le plus regretté : que le roman soit si court. Je rejoins Jean-Michel sur cette très belle relation qui se noue entre ces deux personnages cassés par la vie. Mais j’aurais aimé notamment mieux connaître Marje, son quotidien de routière et ce secret qu’elle ne révèle à personne. J’ai eu l’impression de voir passer cette histoire aussi vite que la Belle rouge sur l’autoroute, sans avoir eu le temps d’en apprécier toutes les couleurs et tous les détails. Sans doute que les personnages secondaires, Amandine et Christian, les éducateurs de Kader, dont l’histoire s’écrit en parallèle, et auxquels je ne me suis pas particulièrement attaché, ont contribué à cette impression. Il n’en reste pas moins un beau roman, une belle rencontre.

La belle rouge, Anne Loyer (Alice)
collection Tertio
disponible depuis le 15 octobre 2015
9782874262678 – 12€
à partir de 13 ans

Son
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Lever de rideau sur Terezin – Christophe Lambert

9782747056830,0-2688148

Après l’excellent Swing à Berlin, Christophe Lambert s’intéresse à nouveau à l’art pendant la Seconde Guerre mondiale. Comme l’auteur l’explique dans sa postface, nombreux sont les lecteurs à lui avoir demandé s’il y aurait une suite à l’histoire de ses jeunes musiciens de jazz jouant pour le régime nazi. Ce n’était évidemment pas possible, alors l’auteur a pensé à une autre histoire, qu’il avait déjà repérée lors de ses recherches pour ce précédent roman…

Novembre 1943. Victor Steiner, célèbre dramaturge juif, est arrêté et déporté. Il est envoyé à Terezin, en Tchécoslovaquie, un camp qui ressemble à une petite ville, où il va se découvrir un fan : un officier SS qui va lui commander une pièce. Car la Croix-Rouge envoie une délégation pour contrôler le traitement des prisonniers et il faudra les divertir. Mais écrire sous la contrainte, et en plus pour les Nazis, Steiner s’y refuse. Mais il n’a évidemment pas le choix…

★★★★★

Si l’on connaît déjà un certain nombre de romans évoquant les camps de concentration, on connaît peut-être moins celui de Terezin. Il était notamment réservé aux Juifs célèbres, que les disparitions soudaines auraient sans doute alertés. Même s’il était un camp comme les autres, les Nazis le présentèrent au monde comme un modèle de colonie juive, une ville factice. C’est dans cet environnement que va évoluer Victor Steiner, célèbre homme de théâtre français. Après la déportation et la terreur des premiers jours, Steiner va obtenir un semblant de liberté et quelques privilèges lorsque Waltz, un officier nazi, lui demande d’écrire une pièce pour la visite de la Croix-Rouge. Très vite, Steiner va ravaler sa fierté d’auteur libre et se consacrer à l’écriture sous la contrainte car il n’y a pas que son art en jeu, mais aussi la véritable liberté que la Résistance planifie pour la représentation…

Encore une fois, Christophe Lambert nous plonge dans un pan de l’Histoire avec beaucoup de talent. Son écriture, fine et fluide, nous offre un roman haletant malgré le contexte terrible. On y retrouve l’importance de l’art, et notamment du théâtre, pour des personnages à qui il ne semble rester que la misère et la peur. J’ai beaucoup aimé la réflexion sur l’écriture, la contrainte et l’inspiration. Mais j’ai surtout aimé cet hommage vibrant, comme il le fit dans son précédent roman, que Christophe Lambert rend à l’art, l’amitié, la liberté. Et puisqu’il est question de théâtre, il est important de souligner la présence de la pièce écrite par le personnage principal, Victor Steiner, à la toute fin du roman. Une jolie mise en abyme, qui nous montre aussi le talent de Christophe Lambert pour l’écriture en alexandrins. 🙂 Un roman extrêmement bien documenté, qui fait également la part belle à l’aventure et l’émotion. Magnifique !

Lever de rideau sur Terezin, Christophe Lambert (Bayard jeunesse)
disponible depuis le 27 août 2015
9782747056830 – 14,90€
à partir de 13 ans

Son
4

Dans les branches – Emmanuelle Maisonneuve

9782370950451,0-2713694

Vous connaissez peut-être les éditions Graine 2 pour leurs très bons guides de voyage à destination des enfants. Eh bien ils font aussi de la fiction, et notamment des romans ! Pour ce premier roman ado, c’est Emmanuelle Maisonneuve qui ouvre le bal, déjà l’auteure de la trilogie Tom Patate. 🙂

Morgan, collégien geek et solitaire, passe son temps dans les jeux de rôle en ligne. Lors d’une course d’orientation, il se perd dans la forêt et, à la nuit tombée, il est persuadé de voir une créature terrifiante, inhumaine, digne des monstres dans ses jeux. Depuis ce jour, il est persuadé de voir cette créature partout et va finir par se lancer à sa recherche… Mais sa quête de vérité va le surprendre encore plus…

★★★★☆

Ou comment un jeune geek mordu de jeu vidéo et un peu empâté par des heures devant un ordinateur va se transformer en amoureux de la nature et aventurier-trappeur dans les forêts du centre de la France. On s’attache assez vite à ce garçon pas très bien dans sa peau ou dans sa vie : pas d’amis, une mère alitée constamment depuis l’accident de voiture qui lui a cassé le dos, un ex-beau-père détestable qui va en plus revenir dans leur famille… Grâce à cette rencontre terrifiante dans la forêt, Morgan, ou plutôt Mo, va pourtant connaître des changements importants. Il va d’abord rencontrer Gaby, un bonhomme qui a acheté une vieille ferme à l’écart de la ville, dans la forêt, qu’il compte retaper. Puis l’étrange bête – un troll ? – qui lui a fait peur lorsqu’il s’est perdu. Une créature qu’il va rencontrer à nouveau lorsque, après une sévère dispute avec son beau-père, il décide de se rendre chez Gaby. Car, cette nuit-là, Mo tombe dans un trou dans la forêt et se brise la jambe. Dans l’impossibilité de fuir, de bouger, Mo voit arriver la créature. Elle le charcute, le tire…elle va sans doute le tuer ! Pourtant, au bout de douze jours dans une grotte, un terrier, Mo est bien vivant, et même soigné. C’est alors qu’il se rend compte que ce qu’il pensait être un troll est en réalité…un enfant !

Je ne vous en dis pas plus sur cette histoire captivante ! Vous aurez compris qu’elle tourne donc autour de ce mythe de l’enfant sauvage. Emmanuelle Maisonneuve ménage bien son suspense : on imagine un peu comme Mo que l’on va avoir affaire à du fantastique, avec cette créature scandinave du troll. Mais il n’en est rien, et c’est bien le mystère qui entoure cet enfant sauvage qui va être au cœur des recherches de Mo. Je me suis vraiment laissé emporter par le souffle de ce roman, même si j’ai parfois été gênée par le contraste entre la narration, très réussie, et les dialogues – ou les pensées de Mo – un peu trop familiers. L’évocation de la nature est une très belle part du roman, apportant moments de douceurs et de poésie, mais aussi toute la rudesse qui la caractérise et que l’on retrouve dans l’enfant sauvage. C’est donc l’histoire d’une relation improbable, de vies chamboulées et de beaucoup, beaucoup d’espoir. Une très belle découverte !

Dans les branches, Emmanuelle Maisonneuve (Graine 2)
disponible depuis le 29 septembre 2015
9782370950451 – 15,90€
à partir de 13 ans

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Dylan Dubois – Martine Pouchain

Après que sa mère eut quitté le foyer, le père de Dylan sombra dans l’alcool et l’adolescent fût envoyé en foyer. De retour aux côtés de son paternel, il se rend vite compte que la nouvelle petite amie de son père Cynthia, est polluante, manipulatrice et à la suite d’événements peu conventionnels, Dylan va s’enfuir et passer par la case forêt…

★★★★☆

dylanduboisOn se prend vite d’affection pour Dylan, 15 ans en quête de stabilité. Lors de son retour, il retrouve la maison familiale affublée d’une belle-mère et de son fils Pedro. La cohabitation se fait difficilement mais cela saute aux yeux : Dylan fait moult efforts et compromis qui ne sont absolument pas reconnus ni récompensés. Martine Pouchain, qui a formidablement réutilisé le mythe de la marâtre, nous offre la version 2.0 de la belle-mère de Blanche-Neige. Sournoise, fainéante, d’une beauté fatale, à tendance escamoteuse, qui a toujours raison, usant de ses charmes pour parvenir à ses fins…tout ce qu’il faut pour vous faire frémir de rage tant les injustices dues à son comportement sont répétées et révoltantes. Elle finira par aller trop loin dans la manipulation, bien après avoir joué avec les cordes sensibles de l’adolescent jusqu’à utiliser des moyens abjects voués à exciter le jeune homme. Dylan, en pleine ambivalence va commettre un acte plus ou moins violent. En plein désarroi, il fuira vers des contrées inconnues mais favorables. Lorsque Dylan rencontre Gus, un ermite vivant en plein cœur de la forêt en parfaite autonomie : nous assistons à la maturité qui fleurit de l’adolescent grâce à la sagesse bonifiée du vieil homme. J’apparente ce roman avec la série Kung Fu : Dylan Dubois est Petit Scarabée, en fuite après avoir frappé sa belle-mère qui elle-même ravage la vie familiale. Il dispose d’une arme solide contre ses ennemis : la réflexion 🙂

A travers ses lectures de Steinbeck, de Kerouac et de Henry David Thoreau, Martine Pouchain nous emporte au fond de nous-même et de nous place face à nos questionnements fondamentaux : qui sommes-nous ? De quoi sommes-nous capable ? Même si l’adolescent est le principal concerné, je dis « nous » car ces questions vous serons familières lors de la lecture. A défaut d’appels de phares, Martine Pouchain nous fait des appels forestiers (elle était vraiment pourrie cette phrase, je ne peux pas croire que j’ai écrit un truc pareil).

Dylan Dubois, Martine Pouchain (Sarbacane), collection Exprim’
à paraître le 4 novembre 2015
9782848658216 – 15.50€
à partir de 14 ans

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Tout revivre – Mélody Gornet

Lorsqu’un auteur écrit son tout premier livre et qu’il est aussi percutant, il est important de le souligner.

 ★★★★☆

toutrevivre

Sophie vient de périr dans un accident de voiture, laissant seuls ses deux fils Jordan et Matthis qui vont devoir cohabiter avec leur père, sa femme ainsi que leurs deux filles Oriane et Axelle. Une cousine de Sophie, Solveig se révèle assez touchée par le décès de sa tante et le destin de ses neveux ne la laisse pas indifférente. Elle décide de renouer avec eux et de les embarquer dans son projet de restauration de sa maison. Roman à trois voix, il explore avec perspicacité et rigueur les affres du deuil.

Comment parler d’une personne disparue alors qu’elle manque cruellement ? Comment gérer son deuil ? Mélody Gornet nous raconte l’essentiel, sans un mot de trop. Pas le temps de s’épancher sur les scènes que nous lisons car à l’image de la vie, le temps ne s’arrête pas et il faut avancer jusqu’à ce que la douleur s’estompe. En perdant leur mère et probablement leur unique point de conversion, les garçons sont propulsés au coeur d’une famille qui ne l’attendait pas. Oriane, nouvelle adolescente de 13 ans, n’accepte pas d’avoir perdu sa chambre qu’elle partage avec sa cadette Axelle, en faveur de ses demis-frères. Leur père ne leur accorde que peu d’attention malgré l’immensité du chagrin qui les habite, causant de nombreux problèmes sur leur état psychique. Seule Sonia, belle-mère à plein temps ne semble pas être un frein au bon fonctionnement du quotidien de la maison.

Matthis…

…se révèle le plus percuté par la mort de sa mère et le bouleversant aussi. Probablement le personnage qui m’a le plus touchée. Son premier cauchemar est le plus traumatisant qu’il m’ait été donné de lire : une femme d’apparence charmante lui cuisine des cookies, puis tout bascule :
– Tu ne sais pas où tu es Matthis ?
Elle posa devant moi une assiette de cookies chauds
[…] Elle approchait son visage un peu trop près du mien. Ses iris s’assombrissaient et grandissaient lentement, mangeant tout le blanc à l’intérieur […] – Mange tes cookies, Matthis. Je sentis une odeur horrible et regardai mon assiette : ils étaient moisis, et des vers blancs grouillaient à leur surface. Quand je relevai la tête, la femme avait les yeux complètement noirs, comme ceux d’un corbeau, et elle me sourit, exhibant une rangée de dents pourries […] – Tu as oublié de manger tes cookies, Matthis […] – Tu as oublié ta mère, Matthis.

Deux pages qui m’ont fait froid dans le dos. Aurait-il peur que sa mère tombe dans l’oubli ? Pour une telle description, je suis persuadée que notre nouvel auteur chouchou a du regarder quelques films d’horreur pour être aussi bien inspirée (arrête Mélody, on sait). Mais reprenons : ce n’est que le début du traumatisme pour le jeune garçon qui en plus d’être effrayé par son sommeil le sera aussi par les ombres et les reflets dans les miroirs…Le harcèlement au collège dont il sera victime ne sera que la goupille qui fera exploser toute la tristesse qu’il lui reste à évacuer.

Jordan,

en guise d’ultime affront envers son père qui ne lui accorde aucune sollicitude, réagira par la violence. On sait pertinemment que le manque d’égard de son paternel ne représente qu’une mince excuse : sa gestion du deuil est plus compliquée. Expulsion du collège, offense brutale contre sa petite amie…la colère l’enflamme à longueur de journée, mais finira par s’éteindre. Quant à…

Solveig

Elle a finalement peu fréquenté sa tante Sophie mais la compassion qu’elle ressent pour ses cousins et l’envie qu’elle éprouve de mieux les connaitre la pousse à passer du temps avec eux, les aider à surmonter cette épreuve douloureuse. Mais secrets de polichinelle oblige, il y a d’autres éléments à découvrir dans ce roman et bien sûr : nous ne dirons rien. Oui, nous ne sommes pas des filles très sympas.

Tout revivre, Mélody Gornet (Thierry Magnier)
disponible depuis 22 octobre 2015
9782364747722 – 12.90€
à partir de 13 ans

Son
1

Une braise sous la cendre – Sabaa Tahir

9782266254342,0-2744854

Et si Pocket jeunesse tenait son nouveau succès ? Une braise sous la cendre est le nouveau livre du moment, déjà optionné pour le cinéma, et qui se réclame de la lignée de Hunger Games. Il a donc toutes les chances de son côté…et pour être tout à fait honnête, c’est en effet une très bonne surprise que ce roman, encore plus sombre et violent que les aventures de Katniss…

Laïa est une Erudite, dont le peuple a été réduit à l’esclavage lorsque les Martiaux, soldats redoutables de l’Empereur, ont pris le pouvoir. Lorsque son frère est emmené en prison pour avoir découvert les secrets de l’Empire, Laïa est contrainte de fuir et se retrouve dans les pattes de la Résistance, des érudits dont le but est de faire tomber l’Empire. Pour récupérer son frère, elle va devoir réaliser une mission pour la Résistante et entrer au service de la terrible Commandante de Blackcliff, l’école où sont formés les Masks, les martiaux les plus redoutables…

★★★★☆

Difficile de résumer ce roman de fantasy passionnant ! Un roman dont l’inspiration va chercher du côté de la Rome antique (notamment dans les noms des élèves de Blackcliff ou le folklore) mais également dans les légendes islamiques (on croise des djinns et autres créatures surnaturelles). Des éléments qui apportent une certaine originalité à cette histoire qui ressemble, somme toute, à beaucoup d’autres parues ces derniers temps…
Le récit alterne entre le point de vue de deux personnages : Laïa, érudite devenue esclave pour tenter de sauver son frère Darin ; et Elias, redoutable Mask sur le point de finir son entraînement à Blackcliff. Un procédé qui permet de doser admirablement le suspense qui s’installe très vite et, surtout, deux personnages qui semblent poursuivre le même objectif : être libre et sauver ceux qu’ils aiment. Car, si Elias a été élevé dans la plus pure loi Martiale, il rêve de tout autre chose et n’arrive plus à regarder les plus jeunes élèves se faire torturer pour avoir voulu fuir cette terrible école militaire. La violence et la noirceur sont d’ailleurs omniprésentes dans ce roman, où aucun personnage n’est épargné : torture, meurtre, promesses de viol, mutilation, il y en a pour tous les goûts ! Ce qui donne une lecture parfois difficile tant la cruauté de certains personnages peut ébranler…
Néanmoins, Une braise sous la cendre nous happe de bout en bout, à suivre le destin de ces deux personnages que tout oppose. Même si le personnage de Laïa nous agace parfois, on ne peut que continuer à tourner les pages, dans l’espoir que tout se terminera bien pour eux… Mais il semble que cette attente ne trouvera pas sa réponse tout de suite car l’auteure n’a pas encore écrit la suite ! Une braise sous la cendre est en tous cas un très bon premier roman à dévorer par tous les amateurs d’histoires épiques où souffle le vent de la résistante et de la liberté ! Et si vous souhaitez en savoir plus sur l’univers (j’ai volontairement peu explicité cette partie) : rendez-vous sur le site internet du livre ! 🙂

Une braise sous la cendre, Sabaa Tahir (Pocket jeunesse)
disponible depuis le 15 octobre 2015
9782266254342 – 18,90€
à partir de 14 ans

Son
2

Les chiens – Allan Stratton

9782745972576,0-2711019

Après le très remarqué Le secret de Chanda et un certain nombre d’autres romans, Allan Stratton revient avec un thriller chargé en émotions fortes !

Fuyant un père violent, Cameron et sa mère emménagent dans une nouvelle maison : une vieille ferme au milieu des champs. Très vite, le jeune homme ressent des choses étranges. Il découvre alors qu’une tragédie a secoué cette maison : il y a 50 ans, après la disparation et de sa femme et de son fils, un homme a été dévoré par ses chiens…

★★★★☆

Une couverture angoissante pour un roman qui l’est tout autant ! Dès le début du roman, l’atmosphère paranoïaque nous étouffe : persuadée que son ex-mari la traque, la mère de Cameron décide de partir et de changer à nouveau de ville pour échapper à cet homme violent et abusif. Pour Cameron, c’est presque le déménagement de trop, il ne comprend pas pourquoi il ne peut pas voir son père, un père dont il garde des bons souvenirs, même quand celui-ci lui maintenait la tête sous l’eau ou le pendait au-dessus du vide par le balcon…il avait toujours de bonnes raisons pour ça. Quand ils arrivent dans ce nouveau patelin, et cette ancienne ferme éloignée de tout, le malaise persiste. Car Cameron est persuadé de voir quelqu’un qui le regarde depuis la grange, quelqu’un qui lui parle. Sans compter les hurlements pendant la nuit, comme une meute de chiens…
Frissons garantis, donc ! Allan Stratton ménage bien son suspense et distille avec talent de nombreux éléments propres à nous ficher la chair de poule, flirtant avec le fantastique. On ne décroche pas de cette histoire terrible, ou plutôt de ces deux histoires : celle de Cameron, et celle de l’homme tué par ses chiens voilà un demi-siècle. Deux histoires qui entrent en une certaine résonnance et qui va poser la question de la folie… Mais également de la vérité, car c’est ce qui obsède le plus Cameron.
Un roman qui ne laisse pas indifférent, duquel on ressort sonné, et qui fait la part belle à un jeune homme doté d’une grande force de caractère malgré la fragilité de sa situation, psychologique surtout. J’ai beaucoup aimé la dimension fantastique qui se mêle parfaitement au thriller, nous laissant également incertains sur quelques points de l’histoire. Un roman sombre qui trouve malgré tout une conclusion où sonne l’espoir…à notre plus grand soulagement ! 🙂

Les chiens, Allan Stratton (Milan jeunesse)
disponible depuis le 21 octobre 2015
9782745972576 – 14,50€
à partir de 13 ans

Son
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Le caméléon et les fourmis blanches – Emmanuel Bourdier

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Casimir Feunard est un instituteur désabusé depuis que sa compagne l’a quitté et montre peu d’enthousiasme à la rentrée scolaire. D’autant plus quand il apprend qu’il aura dans sa classe Issa Doucouré, jeune malien sans papiers, redoublant multiple qui sèche les cours et se fait passer pour plus inculte qu’il ne l’est. Pourtant, le jour où les gendarmes arrivent pour renvoyer Issa et son père dans leur pays, c’est Casimir qui va se trouver, bien malgré lui, à cacher cet enfant…

★★★★☆

Commence alors pour Casimir et Issa une cohabitation un peu difficile, où la colère se dispute à la peur, jusqu’à ce qu’ils s’apprivoisent. L’histoire est ainsi racontée par les deux personnages, alternant les points de vue à chaque chapitre. On commence avec Casimir, dont la tristesse l’amène à repenser à sa vie et à ses choix. Puis arrive Issa, qui accuse lui aussi la perte d’une femme dans sa vie : sa grande sœur Kadiatou. Issa qui a appris à se rendre invisible, tel le caméléon, tandis qu’il observe tous ces petits enfants dans la cour de récréation, ces petites fourmis… (et bim, vous avez l’explication du titre ! 😛 ) Avant l’arrivée d’Issa dans la classe de Casimir, les deux se connaissant. On n’oublie pas Issa quand on est enseignant : il n’est pas souvent là, il semble mentir comme il respire, il vole des petites choses… Quant à Casimir, son nom de famille a fait de lui une star dans l’école car il porte le même qu’un Pokémon ! Alors quand le père d’Issa le confie au professeur, tous deux vont apprendre à mieux se connaître et, pour Issa, à s’ouvrir à quelqu’un d’autre et à montrer son amour des histoires et de la lecture.
Le roman offre ainsi de très beaux moments de complicité, des instants magiques partagés entre ces deux personnages aux antipodes, pourtant liés bien plus qu’ils ne le pensent. Il faudra cependant passer par tout un panel d’émotion, de la frustration à l’exaspération, et d’événements avant qu’ils ne s’en rendent compte. Et alors leur cohabitation forcée devient plus facile pour eux. Emmanuel Bourdier signe ici un très beau texte, qui s’inscrit en plus dans une certaine actualité. J’ai beaucoup aimé son écriture soignée et les mots de chacune des voix du livre, souvent emprunts de tristesse mais qui finissent par se donner de l’espoir. Un très beau roman, qui montre aussi que la frontière entre la littérature ado et adulte est parfois très tenue. 🙂

Le caméléon et les fourmis blanches, Emmanuel Bourdier (La Joie de Lire)
collection Encrage
disponible depuis le 20 octobre 2015
9782889082957 – 19,90€
à partir de 13 ans

Son
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De la part du diable – Aina Basso

9782364747791

Norvège, XVIIe siècle. Issue d’une famille aristocratique de Copenhague, Dorothe, seize ans, épouse un homme plus âgé qu’elle. Elle le suit dans une province de Norvège où son travail l’a affecté : il doit instruire les procès en sorcellerie. Elen a le même âge et vit dans un petit village avec sa mère et ses nombreux frères. Sa mère, guérisseuse et libre des hommes, lui transmet son savoir et ses dons. Jusqu’au jour où les procès en sorcellerie prennent de l’ampleur et qu’Elen soit contrainte de quitter sa maison pour sauver sa mère…

★★★★☆

A travers le destin de deux jeunes filles que tout semble opposer, Aina Basso nous transporte à une époque importante et pourtant méconnue de l’histoire norvégienne… Une histoire qui en rappelle pourtant beaucoup d’autres de la même période à travers l’Europe et au-delà, où les femmes étaient accusées de sorcellerie par jalousie, peur, ou car trop libres.
Le récit est alterné entre Dorothe et Elen, parfois entrecoupé d’étranges moments où le fantastique et le mythe prennent le pas sur l’histoire. Un procédé qui invite à se plonger totalement dans ce roman fascinant et très bien écrit. J’ai beaucoup aimé l’histoire de chacun des personnages, entre Dorothe, jeune fille qui voudrait rester enfant et qui est contrainte de faire un bon mariage, sa peur d’être mariée à celui qu’elle surnomme « l’homme grave » et sa solitude une fois arrivée dans un pays où elle ne parle pas la langue ; et Elen, seule fille d’une ribambelle d’enfants conçus de pères différents, ravie de sa liberté, de la vie qu’elle mène avec sa mère, de leur lien particulier, jusqu’au jour où arrive un petit frère, un bébé monstrueux dont elle est persuadée qu’il a été échangé à la naissance pour paraître si laid et maléfique. Bien sûr, leurs destins vont finir par se rejoindre, pour le meilleur mais surtout pour le pire… Je ne vous en dirais cependant pas plus là-dessus au risque de vous gâcher le roman… 🙂
Les scènes figurant les procès, au cœur de ce roman, sont, elles, très documentées, et particulièrement dures. L’auteure décrit avec précision plusieurs moments clés de cette chasse aux sorcières et nous montre ainsi toute l’horreur de cette période – un épilogue documentaire vient d’ailleurs compléter le récit. De la part du diable est un roman passionnant sur l’histoire de la Norvège, ses croyances anciennes et ses légendes, porté par deux héroïnes touchantes et où la justice ne triomphe pas toujours… Une très belle découverte !

De la part du diable, Aina Basso (Thierry Magnier)
disponible depuis le 14 octobre 2015
9782364747791 – 16€
à partir de 13 ans