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L’été d’une autre – Katy Cannon

Cet été, Alice doit aller à Londres rencontrer sa nouvelle belle-mère et Willa part en Italie, chez la soeur de son père qu’elle ne connaît pas. Elles s’apprêtent à vivre chez des personnes qu’elles n’ont jamais rencontrées, à leur grand désespoir ! Alice et Willa ne se connaissent pas mais quand on les confond pour des jumelles à l’aéroport… elles ont une idée : pourquoi ne pas échanger leurs vies et se faire passer l’une pour l’autre ? La supercherie fonctionne et les voilà à passer l’été d’une autre !

En découvrant le résumé de l’histoire, impossible de ne pas penser au film des années 90 À nous quatre avec Lindsay Lohan (film qui était déjà la septième adaptation du roman Deux pour une d’Erich Kästner). Dans L’été d’une autre la ressemblance physique est ici purement fortuite. Si le point de départ a donc un effet de déjà-vu comme disent les anglais, la ressemblance s’arrête là.

D’un côté, nous avons Alice : grande lectrice, élève modèle, perfectionniste, évitant un maximum les conflits dont le père est parti faire des recherches sur le récif corallien.
De l’autre Willa, fille de deux acteurs très connus d’une série en vogue, elle adore le shopping et a une personnalité plutôt flamboyante. Elle sait ce qu’elle veut : aller à Londres faire un stage de théâtre. Tout oppose donc nos deux héroïnes sauf l’impression que leurs parents ont essayé de se débarrasser d’elles pendant l’été !

Loin d’être superficiel, même si le scénario est classique, ce roman nous partage une réflexion sur la famille : les familles de coeur, les familles recomposées, comment trouver sa place dans des moments difficiles comme le deuil, le divorce, un déménagement. Le tout dans une ambiance chaleureuse, feel-good avec beaucoup de fraîcheurs ! Fou rires, joie de vivre, tension, ce roman est un joyeux cocktail parfait pour une lecture estivale. C’est joyeux, touchant et on se prend vraiment au jeu !

L’été d’une autre, Katy Cannon (Milan)
disponible depuis le 9 juin 2021
97824080116364 – 13,90€
à partir de 12 ans
Son
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Des grands-mères en danger

Ils ne sont peut-être pas pour le même public, mais nos deux romans du jour abordent la relation d’enfants et adolescents avec leurs grands-mères, surtout quand celles-ci sont en danger… Frissons garantis !

Peur dans la neige

Fleur et son frère jumeau Julius vivent temporairement chez leur grand-mère. Une nuit, Fleur remarque de la lumière dans la forêt et, poussée par la curiosité, décide d’aller voir ce qui se trame. Qu’elle n’est pas sa surprise quand elle découvre un trésor ! Persuadée que cela pourra venir en aide à ses parents, elle s’empare du butin…provoquant une terrible réaction en chaîne…

★★★★☆

Sandrine Beau nous avait déjà bien fait flipper avec Toute seule dans la nuit ou encore Traquées ! Elle réussit encore une fois à nous embarquer avec efficacité et grelottements dans un polar bien ficelé, à destination des jeunes lecteurs. Un huis-clos aussi glaçant que la saison durant laquelle l’histoire se déroule, qui fait la part belle à des jeunes adolescents débrouillards et courageux et à une grand-mère peut-être en fauteuil roulant mais certainement pas « diminuée » ! Une mamie à la fois drôle et bravache qui fera tout aussi pour protéger ses petits-enfants. Décidément, Sandrine Beau est vraiment très forte quand il s’agit d’associer le suspense haletant du roman policier à la sensibilité des relations familiales. Idéal pour frissonner par temps de canicule ! On en redemande… 😀

Peur dans la neige, Sandrine Beau (Mijade)
collection Zone J
disponible depuis le 21 mars 2019
9782874231094 – 6€
à partir de 10 ans

 

La maison des oiseaux

Pour Zoé, harcelée par sa cousine, ses camarades et incomprise par ses parents, sa grand-mère est sa seule amie et elle se réfugie dès que possible chez elle, à la maison des Oiseaux. Mais mamie perd la tête, et les parents de Zoé décident de la placer dans une maison de retraite. Inimaginable pour Zoé comme pour sa grand-mère, qui souhaite mourir chez elle. Alors Zoé décide de fuguer, et d’emmener sa grand-mère avec elle pour retrouver un oncle qu’elle croyait disparu…

★★★★☆

Les secrets de famille sont au programme du nouveau roman d’Allan Stratton ! Mais c’est surtout la relation fusionnelle entre une adolescente et sa grand-mère atteinte de démence qui nous touche, et la difficulté pour Zoé de faire entendre sa voix tant elle est écrasée par une cousine horrible et des parents que la précarité obnubile au point de ne pas voir le mal-être de leur propre fille. La solitude de l’adolescence et la solitude de la vieillesse se mêlent alors, ne trouvant aucune échappatoire et aucun soutien familial, à moins de retrouver cet oncle dont personne ne parle jamais et qui, selon les paroles de la grand-mère de Zoé, se serait occupé d’elle, lui… Le roman devient passe alors par la case road-trip, et montre toute les difficultés rencontrées – et le courage ! – d’une jeune fille qui ferait tout pour donner à sa grand-mère la fin qu’elle mérite. Un roman bouleversant, aux thématiques fortes et rugueuses, comme sait si bien les faire Allan Stratton.

La maison des oiseaux, Allan Stratton, traduit par Sidonie Van den Dries (Milan)
disponible depuis le 29 mai 2019
9782745995872 – 15,90€
à partir de 13 ans
Son
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Long way down – Jason Reynolds

Lorsqu’un type se fait flinguer dans le quartier de Will, il y a trois lois à respecter :
1 – Ne pas pleurer.
2 – Ne pas balancer.
3 – Se venger.
Quand c’est son frère qui se fait descendre, Will sait exactement ce qu’il doit faire.

★★★★☆

Se venger. Ouaip, tu as bien lu. Dans le quartier de Will, c’est œil pour œil. Un mec qui se fait buter = un autre mec qui se fait buter = encore un autre qui se fait buter… tu vois le topo. Ce jour-là, c’est Shawn qui se fait abattre au beau milieu de la rue. Il était parti faire une course pour sa mère et BAM ! Mort. Évidemment, personne n’a rien vu. Encore moins quand c’est la flicaille qui pose la question. Pourtant, Will sait qui a tué son frère. Il n’a même pas besoin d’y réfléchir. Juste le temps de prendre un gun et le voilà en route pour sa vengeance. Dans l’ascenseur qui l’emmène au rez-de-chaussée de son immeuble, pendant les soixante secondes de la descente, Will n’a plus que cette idée en tête. Mais comme un coup du sort, la machine s’arrête à chaque étage. Et à chaque étage, quelqu’un monte. Des souvenirs, des fantômes du passé, tous assassinés, tous victimes de ces trois lois.

Une histoire terrible mise en vers par Jason Reynolds, un auteur et poète américain très prolifique que nous découvrons seulement chez nous avec cet excellent roman. On ne peut que saluer le choix d’Insa Sané (slameur et auteur que vous connaissez forcément pour sa Comédie Urbaine chez Sarbacane) pour la traduction, qui retranscrit toute la musicalité et la singularité de la poésie de Jason Reynolds. Un roman d’une grande puissance émotionnelle grâce à ce huis-clos oppressant qui laisse Will aux prises avec les fantômes de son passé, avec ses doutes, son désir de vengeance. Un huis-clos également glaçant, par les témoignages de tous ces proches assassinés, et qui nous laissera juge de l’issue de cette spirale de violence et de vengeance. Un roman social que Jason Reynolds dédie à tous les jeunes gens incarcérés aux États-Unis, qui n’ont pas su briser le cercle vicieux de leur violence quotidienne. Puissant !

Long way down, Jason Reynolds, traduit de l’anglais par Insa Sané (Milan)
disponible depuis le 3 avril 2019
9782408004736 – 15,90€
à partir de 14 ans
Son
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Tous les bruits du monde – Sigrid Baffert

Italie, 1905. Pour venger son honneur, Graziella s’apprête à tuer son ex-fiancé Anthelmo. Enceinte jusqu’aux yeux, elle le regarde en épouser une autre, avant de viser son cœur… Condamnée pour ce meurtre, Graziella se retrouve en prison et attend son jugement, jusqu’au jour où un tremblement de terre lui offre la fuite. Une vie nouvelle s’offre à elle, mais les démons du passé ne sont jamais loin…

★★★★★

Pour ceux à qui manquait un grand roman d’aventure : voici Tous les bruits du monde ! Un destin de femme, une histoire d’amour gâchée, un honneur à laver plus important que la vie elle-même, une malédiction, des éléments qui se déchaînent, des traversées en bateau et des découvertes fabuleuses, il se passe tout cela, et bien plus encore dans le nouveau roman de Sigrid Baffert, qui nous transporte dans l’Italie et la France du début du XXème siècle. On notera d’ailleurs tout le travail de documentation pour ce roman historique où des événements réels côtoient les inventions de l’époque et quelques grandes figures des début du cinéma. Des détails et des clins d’œil qui n’éclipsent certainement pas l’aventure palpitante de Graziella et de son frère Baldassare qui vont tous deux fuir leur Italie natale pour rejoindre la France, où ils espèrent non seulement échapper aux représailles de leur départ mais également retrouver leur frère aîné, Tommaso, disparu mystérieusement voilà des années… Mais si la chance semble sourire à cette fratrie qui accueillera très vite l’enfant illégitime et non désiré de Graziella, le passé et le danger sont clairement à leurs trousses.

Un roman captivant, porté par une plume sensible et exigeante, qui, au-delà de l’aventure et de l’histoire d’une vengeance familiale, aborde aussi des thèmes beaucoup plus rares dans ce genre mais qui offrent de passionnantes explorations de l’humain : l’amour maternel, ou plutôt ici son absence ; la surdité et comment, voilà plus d’un siècle, on traitait les jeunes sourds ; et l’exil, grande question d’actualité s’il en est. Les personnages sont admirables dans leur construction, à commencer par Graziella, aussi vulnérable que déterminée, en proie à un conflit autant physique qu’émotionnel et Baldassare, le frère funambule, véritable soutien pour sa sœur, qui navigue entre l’espoir et le pragmatisme. Et puis César, le frère d’Anthelmo, un personnage diablement angoissant, qui étend son ombre menaçante sur tout le roman…

Tous les bruits du monde, c’est le souffle de la liberté, la richesse d’une époque, des personnages, et toute l’émotion d’un grand roman d’aventure.

Tous les bruits du monde, Sigrid Baffert (Milan)
disponible depuis le 22 août 2018
9782745997685 – 15,90€
à partir de 13 ans
Son
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Le veilleur des brumes, t.1 – Robert Kondo et Dice Tsutsumi

9782745994998,0-4784490

Dans un monde où les Brumes ont tout envahi, tout tué, le petit village de Val-de-l’Aube est le dernier bastion de la vie, protégé par le Barrage, qui repousse les brumes toutes les douze heures. Pierre est le responsable de ce barrage, il est le Veilleur de Brumes, une responsabilité bien grande pour un enfant seul.

★★★★★

OH LA VACHE ! Quelle sublime bande dessinée ! Adapté d’un court-métrage d’animation réalisé par les deux auteurs, et très justement récompensé (dont un Oscar, quand même), ce petit album est tout simplement bouleversant de beauté. Petite bande-annonce du court-métrage pour commencer :

Dans ce petit village protégé de la terrible menace des Brumes grâce au barrage construit par son père, Pierre est un élément indispensable de la communauté. Et pourtant, tout le monde semble avoir oublié : aussi bien l’instabilité de leur situation que le travail inestimable du petit garçon. Car voilà un moment qu’il veille seul au bon fonctionnement du moulin et du barrage. Son père a disparu, avalé par les Brumes. La mort de sa femme, la mère de Pierre, lui a été difficile à accepter et c’est sans doute sans toute sa tête qu’il a laissé Pierre tout seul. Le garçon fait depuis son travail aussi bien qu’il le peut, alternant entre l’école, où tout le monde semble l’ignorer sauf la pétillante Roxane, et le moulin, où il doit remonter le mécanisme toutes les douze heures. Mais voilà que bientôt, Pierre remarque une chose étonnante : les Brumes agissent désormais comme des vagues, elles se retirent peu à peu pour venir se fracasser brutalement contre le barrage. Jusqu’au jour où la vague est beaucoup plus forte que ce que Pierre pensait…

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Je vous le redis pour être sûre que vous le compreniez bien : cette BD est absolument SUBLIME ! Tant par son traitement graphique, avec une profonde douceur dans le trait, un très beau jeu sur le clair-obscur et le noir, que par son scénario où les émotions côtoient la quête initiatique qui attend notre jeune héros. Pour être honnête, le début est très sombre, l’histoire de Pierre nous prend littéralement aux tripes et titille nos glandes lacrymales. Un petit garçon qui a grandi bien plus vite que prévu, qui ne se doute certainement pas de son incroyable courage et qui nous touche au plus profond. Ce premier tome d’une saga oscillant entre fantastique et science-fiction est à ne pas manquer ! Un véritable bijou de beauté, de magie, de poésie, d’émotion. ❤

Le veilleur des brumes, t.1, Robert Kondo et Dice Tsutsumi, traduit par Aude Sécheret (Milan)
collection Grafiteen
disponible depuis le 7 mars 2018
9782745994998 – 16,50€
à partir de 10 ans
Son
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Mosquitoland – David Arnold

9782745977847,0-3742399

Elle s’appelle Mary Iris Malone et elle ne va pas bien. Surnommée Mim, l’adolescente décide de quitter le Mississippi pour rejoindre Cleveland, à plus de 1500km de là, pour retrouver sa mère, malade. Alors que son père et sa belle-mère la recherchent, la jeune fille se lance dans un périple entre dangers et belles rencontres, où ses lettres à une certaine Isabel vont peu à peu nous révéler la raison de sa fugue…

★★★★☆

Mosquitoland, c’est un road trip en solo effectué par une adolescente particulièrement cynique qui ne rentre pas dans le moule. Au lycée, pas question d’être comme les autres moutons, qu’il s’agisse de mode, de façon de vivre ou autre. Mim est une gamine à part. Une gamine qui, quand elle jouait à la marchande, faisait la voix du vieux monsieur qui achète des carottes puis de la petite caissière qui lui réclame des sous. Pour cette raison, « on » la diagnostique schizophrène. Le « on », c’est son père, un homme marqué par la maladie mentale de sa sœur Isabel qui a peur de ces antécédents familiaux. Et ce sont les médecins, qui lui fournissent des médicaments pour lutter contre. Alors quand son père quitte sa mère, déménage à 1500km et se remarie avec une serveuse nommé Kathy (et je ne vous annonce pas le pire !), c’est la goutte d’eau qui fait déborder le vase, et Mim s’enfuit, emportant la cache d’argent de Kathy, son carnet bonhomme où elle écrit à Isabel et son rouge à lèvres fétiche qui appartenait à sa maman. Et l’ado, seule et déterminée, embarque dans le premier car pour Cleveland, où l’attend une aventure qu’elle n’est pas prête d’oublier !

Et nous non plus ! Mim est un personnage magnifique, de par son cynisme qui nous fait sourire, et touchant par ses fêlures, ses imperfections qu’elle nous révèle petit à petit, sa remise en question sur elle-même, sa maladie, sa famille. On embarque avec elle dans ce car Greyhound, conduit par un Carl d’anthologie, à la rencontre d’une Arlene étonnante, d’un Poncho Man sirupeux et de tout un tas d’autres personnages bizarres que l’on rencontre sur la route. Débrouillarde, Mim ne se laisse pas abattre par les écueils. Elle a un Objectif, elle s’y tient. Qu’importe les détours qui l’amènent à livrer une boîte à un pompiste, à assister à un match des Cubs, la pire équipe des États-Unis, ou à dormir à la belle étoile avec Walt, un garçon étonnant, retardé mentalement, mais qui lui apporte tant de bonheurs. Mim est une fille chouette, une gamine au grand cœur, même si elle prétend ne pas aimer les gens, et son voyage vers sa mère, presque initiatique, va lui permettre de se trouver elle et sa famille. David Arnold mêle avec brio tout l’humour et toute la sensibilité de Mim et nous délivre un beau message d’amitié et de tolérance. Nous restent alors un sentiment d’espoir pour l’avenir de Mim et une grande affection pour ce personnage atypique et attachant. Très réussi !

Mosquitoland, David Arnold, traduit par Maud Ortalda (Milan)
disponible depuis le 22 mars 2017
9782745977847 – 15,90€
à partir de 13 ans
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Need – Joelle Charbonneau

97827459753930-3426777

« Désir : envie de posséder un objet ou de réaliser un rêve.
Besoin : nécessité de détenir quelque chose ou d’accomplir un acte essentiel à votre vie. »
Need est le nouveau réseau social qui fait fureur auprès des adolescents du lycée de Nottawa. Ce site génial propose en effet de répondre à tous vos besoins, de façon totalement anonyme, et sans vous demander quoi que ce soit en échange…enfin, juste des petits services de rien du tout…

★★★★☆

Kaylee est une lycéenne qui a du mal à concilier la vie au lycée et en famille depuis l’annonce de la maladie de son petit frère. Pour avoir une chance de survivre, la garçon doit attendre une greffe de rein. Et malgré toutes les pistes déployées par Kaylee, aucun donneur compatible ne s’est présenté… Alors quand ce nouveau site apparaît sur la toile, Kaylee est tout d’abord réticente, se posant des questions sur l’étonnante facilité avec laquelle tout semble être possible… Puis un jour, elle fait sa première demande sur NEED : « j’ai besoin d’un rein pour mon frère ». Évidemment, quand on a lu plein de livres et vu plein de films et de séries, on se dit tout de suite : « ohoooh, il y en a un qui va se retrouver vite fait dépiauté de son rein et se vidant de son sang dans une baignoire » (Non ? Pas vous ?) Bref. En dépit de cette évidence, ce qui est intéressant, c’est comment Joelle Charbonneau va jouer avec les personnages et les situations pour mener à ce qu’on imagine bien être la fin terrible du livre. Car le roman ne se concentre pas uniquement sur Kaylee et va aussi nous proposer de suivre certains de ses camarades de classe et comment eux aussi vont être entraînés dans cette machinerie infernale, comment ils vont embrasser le jeu pervers des contreparties pour obtenir ce qu’ils veulent, ou comment ils vont s’en trouver victimes.

Clairement, nous sommes dans un roman rythmé, dans une écriture d’une grande simplicité et qui nous embarque dans une frénésie et une angoisse permanente. La collection Page Turners n’a jamais aussi bien portée son nom ! Mais ce qui est le plus fascinant dans ce roman, c’est bien sûr la réflexion autour des réseaux sociaux et de ce que nous sommes prêts à faire pour obtenir ce que l’on veut. Terrifiant. C’est sans doute le mot qui qualifie le mieux le roman, tant les situations présentées et vécues par les personnages sont réalistes et pourraient faire l’objet des pages de faits divers dans les journaux.
J’ai seulement été un peu déçue de la résolution, de qui se cache derrière NEED et pourquoi il a ciblé les lycéens de Nottawa. Heureusement, la toute dernière page change la donne… 😛 Si vous êtes à la recherche d’un bon thriller psychologique à vous glacer le sang…bienvenue sur NEED

NEED, Joelle Charbonneau, traduit par Amélie Sarn (Milan jeunesse)
disponible depuis le 19 octobre 2016
9782745975393 – 14,90€
à partir de 13 ans
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Passion et Patience – Rémi Courgeon

élégance (n.f) : qualité de ce qui est exprimé avec justesse et délicatesse, Rémi Courgeon.

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Deux jumelles prénommées Passion et Patience sont dépeintes comme physiquement similaires mais aux caractères totalement opposés. Deux fillettes qui s’entendent à merveille et se distinguent par leur complémentarité : « Passion entraînait Patience, Patience calmait Passion ». Gus, leur voisin les a toujours connues et, grand amateur de constructions ravissait les sœurs avec cabanes et balançoires. En grandissant, il fît de sa passion son métier et les deux sœurs seront d’une grande inspiration dans sa carrière…

★★★★★

Un album qui commence par une citation de James Brown extraite de sa chanson This is a man’s world sur l’influence d’une femme dans la vie d’un homme, on sait que ce livre sera intelligent dans sa dédicace faite aux femmes. Rémi Courgeon a créé l’essence de l’inspiration de Gustave Eiffel : le voisin Gus n’est autre que ce célèbre architecte !
Muses de toute une vie, les sœurs se révèlent perspicaces et d’un soutien sans failles envers Gustave. Elles furent d’ailleurs les premières à croire en l’originalité de la tour bien avant qu’elle ne soit matérialisée et célèbre. L’auteur ne laisse rien au hasard : l’usage des prénoms Passion et Patience représentent des qualités propres à tout bon architecte.

Les deux jeunes femmes font chaleureusement écho à Camille et Madeleine de Fleurville, sans doute grâce à cet esprit Second Empire qui règne à chaque page mais plus moderne, grâce à l’usage maîtrisé de la couleur. Passion est incarnée par le rouge et Patience le rose. Une page sublime montre Patience rongée par son désarroi amoureux tenant en sa main un livre rouge : témoin de la passion qui l’habite. Quant au vert : il est présent à chaque page, subtilement utilisé comme trace indélébile des deux femmes dans la vie de Gus.

Un album audacieux, sensible et indéniablement abouti entre les mains qui laisse échapper une question : mais qui sont donc les muses de Rémi Courgeon ?

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L’échappée – Allan Stratton

9782745980625,0-3426764

Après un thriller sombre et terrifiant, Allan Stratton revient avec un roman tout aussi glaçant ! Paru tout d’abord en 2000 outre-Atlantique, puis revu et corrigé en 2008, L’échappée est le tout nouveau roman de l’auteur paru en France. 🙂

Leslie est une lycéenne bourrée de problèmes, à l’école comme à la maison. Au point où elle pensait que sa vie ne pouvait pas être plus médiocre, Jason, un nouvel élève du type « cool-et-je-le-sais » entre tout à coup dans son quotidien de fille à la dérive…

Avec les mots de Jean-Michel…

★★★★☆

Allan Stratton a choisir de mettre en évidence une jeune femme timide, naïve, rebelle, avec un léger manque de confiance en elle comme beaucoup à cet âge, qui veut (se) prouver quelque chose…une adolescente normale en somme. Toutes les filles du lycée deviennent envieuses de Leslie lorsqu’elle rencontre Jason. Quelle chance de posséder un tel garçon dans son existence. A tort. Car Jason est un type odieux, du genre à devenir une enflure de première catégorie qui battra sa femme avec à coups de torchon bien placés pour éviter les bleus. Déterminé à contrôler chaque élément de la vie de Leslie, il va la terroriser de façons inimaginables. Le point positif c’est que cette situation va permettre à Leslie de grandir et de s’élever dans le vrai monde : vous savez celui qui est froid, dur, où on ne peut compter que sur sa propre volonté ?
Le côté sombre de la première histoire d’amour est brillamment exploité. Perturbant et captivant, ce roman l’est indubitablement car Allan n’a pas peur de nous montrer à quel point une relation abusive peut être féroce. Un auteur vraiment engagé, ce monsieur Stratton : écrire à travers le cerveau tourmenté d’une adolescente et parfaitement cibler sa psychologie, c’est du grand art.

Allan : plus fort que les plus forts ▼

Allan, auteur de la balle dans son pull en fibres mélangées ▼

…et ceux de Bob

★★★★☆

Un roman glaçant, écrit sous la forme d’un journal intime – exercice demandé par la professeur de français déprimée de Leslie – qui nous plonge dans l’enfer quotidien de la jeune fille depuis sa rencontre avec le beau et sexy Jason. Allan Stratton retranscrit à la perfection les pensées qui agitent l’adolescente sous la coupe de ce « pervers narcissique » et la difficulté qu’elle a à accepter que sa relation amoureuse ne se passe pas « normalement » mais aussi la honte, la peur, la solitude, la colère… Malgré des lueurs d’espoir, Leslie ne trouve aucun soutien du côté des adultes – la proviseure du lycée étant bien la pire ! – et n’est surtout pas prête à la recevoir quand il lui est proposé… Une descente aux enfers terrible et terrifiante tandis que les secrets du garçon sont percés à jour. Avec L’échappée, Allan Stratton signe un roman dur et sans concession, servi par une écriture à la première personne particulièrement accrocheuse. A lire !

L’échappée, Allan Stratton, traduit par Sidonie Van den Dries (Milan)
disponible depuis le 7 septembre 2016
9782745980625 – 13,90€
à partir de 14 ans
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Fake Fake Fake – Zoë Beck

fakefakefakeAllemagne, de nos jours.
Un adolescent va vous faire rire.

Edvard est un adolescent qui n’a pas un quotidien très simple ni à la maison, ni au collège : il est amoureux de Constance, qui ne le voit même pas/le toise/l’ignore. En revanche, il est très prisé par un de ces camarades : Henk, qui le harcèle dès qu’il en a l’occasion et ne manque pas d’en faire profiter les autres élèves. Mouvementée, la vie d’Edvard l’est : surprises à la clé vous aurez.
L’humour pétillant de Zoë Beck va vous ravager la journée.

★★★★★

Edvard nous fait partager ses « autres » problèmes : comprenez ses soucis avec la puberté. Menu, encore une voix de jeune jouvencelle au baromètre et pas un poil sur le torse. Pour couronner le tout, il marche régulièrement dans les crottes de Caniche, le caniche de M. Tannenbaum, le vieux voisin. En vacances avec ses parents dans une ferme bio dotée de toilettes sèches et sans jambon, Edvard en profite pour alimenter le compte facebook qu’il a créé de toutes pièces afin de pouvoir vivre une histoire amicale/amoureuse avec Constance, sa « dulcinée » un brin superficielle. Dans sa double vie facebook d’adolescent il s’appelle James, il est allemand, beau gosse, en vacances en Californie. Les choses ne se déroulent pas comme prévues et simplement, Edvard décide de « tuer » Jason par une intoxication alimentaire puis par une grave allergie. Une vague va déferler sur internet : scandale à l’erreur médicale, une page mémorial va recueillir plus de 400 00 fans et tous réclament justice…

Zoë Beck traite tous les sujets avec aisance. D’autres informations en vrac qui ont leur importance :
M. Tannenbaum paie une nouvelle paire de sneakers à Edvard en réparation des anciennes couvertes d’excréments de son chien et ces deux-là développent une belle amitié cruciale pour la suite.
Notre ado, ses copains Anselme et Arthur vont accueillir une fille dans leur groupe Karli, hors du commun.
M. Tannenbaum risque de se faire expulser de sa maison : c’est l’anarchie, tout le monde va y mettre du sien pour aider ce super professeur de physique.

Alors ?

Ca décoiffe. L’humour de Zoé Beck surprend : on rit au moment où on s’y attend le moins. Un des personnages est rutilant : la maman d’Edvard. Elle est assez punk, pense que son fils est gay, a une conduite très sportive, fait des doigts d’honneur, tient une galerie d’art, écoute Rage against the machine et a autrefois squatté des maisons inoccupées. Vous allez l’adorer. Comme tous les autres personnages d’ailleurs qui forment une galerie folklorique et plus qu’attachante. On se demande comment l’auteur va rebondir avec cette histoire facebook qui prend de l’ampleur au fil des pages et elle s’en sort brillamment : la chute est parfaite.

Qu’il est bon de terminer un roman entièrement satisfaite par son contenu ainsi que sa forme ! Un très grand coup de cœur pour ces 200 pages inattendues.

Fake fake fake,Zoë Beck(Milan)
disponible depuis le 6 janvier 2016
9782745972637 – 12.50€
à partir de 13 ans