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Le chapeau rouge – Rachel Stubbs

Un grand-père offre à sa petite-fille son chapeau. Un beau chapeau rouge, bien grand et large, qui pourra l’accompagner partout où elle voudra aller, la protègera autant du soleil que des intempéries, lui permettra de se fondre dans la masse comme de ressortir du lot. Bref, tout est possible avec ce chapeau rouge, jusqu’à raconter à son grand-père les merveilleuses aventures que l’on aura vécu avec…

Vous ne pensiez pas qu’il était possible de vivre tant de choses avec un accessoire de mode somme toute très banal ? Et pourtant ! Notre petite héroïne, poussée par son grand-père qui va lui montrer toutes les possibilités offertes par ce chapeau qu’il lui offre, va se lancer dans des aventures à travers le globe et vivre par elle-même tout ce que lui promet ce cadeau. Une façon, peut-être, de perpétuer cet héritage laissé par ce grand-père aussi affectueux qu’encourageant. Car il est évidemment question ici de transmission, à la fois d’un objet mais également de toutes les expériences de ce grand-père, de tout ce qu’il a pu vivre lui-même avec ce chapeau rouge.

Le texte de Rachel Stubbs est tout en simplicité et en tendresse, son rythme est en parfaite adéquation avec les illustrations mêlant crayons de couleur et digital. Du noir et des variances de bleu et de rouge confèrent à l’ensemble une ambiance toute particulière : entre des doubles aux détails foisonnants et d’autres plus épurées, on oscille entre les moments de partage entre le grand-père et sa petite-fille et ceux de leurs aventures, de leur imaginaire. Un album doux et sensible sur la transmission, et les moments inoubliables vécus par un grand-père avec sa petite-fille. C’est vraiment très beau !

Le chapeau rouge, Rachel Stubbs, traduit par Emmanuelle Beulque (Sarbacane)
disponible depuis le 2 septembre 2020
9782377314454 – 14,90€
à partir de 3 ans
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Échappées imaginaires

Pour cette dernière chronique avant notre annuel repos estival, Bob vous propose de partir en voyage avec deux petites Alice : nous suivrons l’une en colonie de vacances et l’autre au cœur de la nuit. Emerveillements garantis !

Des vacances timbrées

Alice envoie à sa grand-mère une carte postale où elle raconte ses vacances en colonie. Elle y décrit ses activités, les autres enfants, les visites et les paysages… Mais si le texte semble tout à fait normal, ressemblant trait pour trait à ce que vous écriviez sûrement aussi à vos parents ou vos amis, les illustrations nous emmènent elles dans un tout autre univers, peuplé de créatures fantastiques, de paysages fantasmagoriques et d’activités étonnantes. Un décalage qui rend l’album particulièrement fascinant, jusque dans les dernières pages où la grand-mère d’Alice lui répond, nous surprenant encore un peu plus !

Un voyage magnifique, porté par des illustrations chatoyantes et inspirantes au crayon de couleur, qui rappelle par certains côtés l’univers d’Hayao Miyazaki. Mathilde Poncet mélange habilement la simplicité du quotidien à la richesse du fantastique dans un album qui nous invite véritablement à nous plonger dans les images, à voir et revoir ces petits détails merveilleux qui nous échappent à la première lecture, et à nous questionner sur ces étonnantes vacances : sont-elles le fruit de l’imagination de cette petite fille ou bien un voyage réel dans un monde fantastique ? En tous cas, on a très envie de vivre pareilles vacances !

Des vacances timbrées, Mathilde Poncet (Les fourmis rouges)
disponible depuis le 9 juin 2020
9782369021216 – 17,90€
à partir de 4 ans

La belle échappée

A la tombée de la nuit, Alice fait la rencontre d’un petit chat sauvage. Mais c’est déjà l’heure d’aller se coucher et le petit chat rejoint ses amis dans la forêt pour leur proposer d’aider la petite fille à s’échapper de sa chambre et l’inviter à découvrir les mystères de la nuit. Une balade nocturne faite d’escalades, de dégringolades pour respirer la nuit, jusqu’au moment où celle-ci s’efface au profit du jour, ramenant Alice dans sa chambre…et accompagnée du chat ! L’album alors bascule, puisque cette fois, c’est le chat sauvage qui va découvrir une incroyable journée auprès d’Alice et de ses amis…

Maylis Daufresne nous surprend dans cette histoire où les rôles sont inversés. Ici, c’est l’animal qui veut ramener l’enfant chez lui, dans son univers. Puis une parfaite symétrie s’opère quand c’est au tour du chat de découvrir l’univers de l’enfant, y découvrant des activités similaires à celles vécues pendant la nuit. Une histoire qui aborde ainsi l’amitié et la découverte de l’autre et de son monde dans une échappée tendre et mystérieuse. Les magnifiques et foisonnantes illustrations de Magali Dulain, au crayon de couleur et à l’aquarelle, illuminent cette nuit et cette journée magiques. On apprécie le petit clin d’œil aux Musiciens de Brême et on se laisse surtout happer par ses couleurs et sa nature aussi douce que merveilleuse. Une échappée magique !

La belle échappée, Maylis Daufresne, illustré par Magali Dulain (Le diplodocus)
disponible depuis le 7 mars 2020
9791094908167 – 13,50€
à partir de 4 ans

Sur ces magnifiques albums, nous vous souhaitons un été flamboyant et onirique !

Galerie
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Je t’aimerai toujours – Robert Munsch et Camille Jourdy

Je t’aimerai toujours nous conte l’histoire d’une mère qui berce son enfant de mots tendres. Au fil des pages, le bébé grandit, devient enfant, puis un adolescent, puis un adulte sans que jamais ne le quitte cette berceuse et, avec elle, l’amour inconditionnel de sa mère.

Cet album est un immense classique, surtout aux États-Unis, paru en 1986 qui a fait fondre de nombreux coeurs de parents et d’enfants. Je suis très heureuse que ce livre puisse avoir une nouvelle vie avec les illustrations très tendres de Camille Jourdy. Le précédent album fait aujourd’hui oeuvre de mémoire, nous pouvons notamment y apercevoir, à l’intérieur, un baladeur à cassette et une cuvette de toilette sur la couverture. Véridique ! Ce livre très simple nous raconte la persistance de l’amour parental, à travers les changements apportés par le temps. Cet amour indéfectible, ici représenté par la comptine, est surtout porté par les illustrations de Camille Jourdy avec fourmillement de détails de vie, la tendresse des couleurs, le mouvement des corps.

Difficile de parler de l’amour d’un parent pour son enfant sans trop de niaiserie coulante rose bonbon. Le texte nous parle de cet amour en tout simplicité ; au-delà de la fatigue, des inquiétudes, du confinement, du stress inhérent au rôle de parent. Un livre que les adultes aussi bien que les enfants se plairont à lire et à relire.

Je t’aimerai toujours, Robert Munsch, illustré par Camille Jourdy, traduit par Ilona Meyer (Les éditions des Eléphants)
disponible depuis le 19 mars 2020
9782372730716 – 13,50€
Dès la naissance
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Des grands-mères en danger

Ils ne sont peut-être pas pour le même public, mais nos deux romans du jour abordent la relation d’enfants et adolescents avec leurs grands-mères, surtout quand celles-ci sont en danger… Frissons garantis !

Peur dans la neige

Fleur et son frère jumeau Julius vivent temporairement chez leur grand-mère. Une nuit, Fleur remarque de la lumière dans la forêt et, poussée par la curiosité, décide d’aller voir ce qui se trame. Qu’elle n’est pas sa surprise quand elle découvre un trésor ! Persuadée que cela pourra venir en aide à ses parents, elle s’empare du butin…provoquant une terrible réaction en chaîne…

★★★★☆

Sandrine Beau nous avait déjà bien fait flipper avec Toute seule dans la nuit ou encore Traquées ! Elle réussit encore une fois à nous embarquer avec efficacité et grelottements dans un polar bien ficelé, à destination des jeunes lecteurs. Un huis-clos aussi glaçant que la saison durant laquelle l’histoire se déroule, qui fait la part belle à des jeunes adolescents débrouillards et courageux et à une grand-mère peut-être en fauteuil roulant mais certainement pas « diminuée » ! Une mamie à la fois drôle et bravache qui fera tout aussi pour protéger ses petits-enfants. Décidément, Sandrine Beau est vraiment très forte quand il s’agit d’associer le suspense haletant du roman policier à la sensibilité des relations familiales. Idéal pour frissonner par temps de canicule ! On en redemande… 😀

Peur dans la neige, Sandrine Beau (Mijade)
collection Zone J
disponible depuis le 21 mars 2019
9782874231094 – 6€
à partir de 10 ans

 

La maison des oiseaux

Pour Zoé, harcelée par sa cousine, ses camarades et incomprise par ses parents, sa grand-mère est sa seule amie et elle se réfugie dès que possible chez elle, à la maison des Oiseaux. Mais mamie perd la tête, et les parents de Zoé décident de la placer dans une maison de retraite. Inimaginable pour Zoé comme pour sa grand-mère, qui souhaite mourir chez elle. Alors Zoé décide de fuguer, et d’emmener sa grand-mère avec elle pour retrouver un oncle qu’elle croyait disparu…

★★★★☆

Les secrets de famille sont au programme du nouveau roman d’Allan Stratton ! Mais c’est surtout la relation fusionnelle entre une adolescente et sa grand-mère atteinte de démence qui nous touche, et la difficulté pour Zoé de faire entendre sa voix tant elle est écrasée par une cousine horrible et des parents que la précarité obnubile au point de ne pas voir le mal-être de leur propre fille. La solitude de l’adolescence et la solitude de la vieillesse se mêlent alors, ne trouvant aucune échappatoire et aucun soutien familial, à moins de retrouver cet oncle dont personne ne parle jamais et qui, selon les paroles de la grand-mère de Zoé, se serait occupé d’elle, lui… Le roman devient passe alors par la case road-trip, et montre toute les difficultés rencontrées – et le courage ! – d’une jeune fille qui ferait tout pour donner à sa grand-mère la fin qu’elle mérite. Un roman bouleversant, aux thématiques fortes et rugueuses, comme sait si bien les faire Allan Stratton.

La maison des oiseaux, Allan Stratton, traduit par Sidonie Van den Dries (Milan)
disponible depuis le 29 mai 2019
9782745995872 – 15,90€
à partir de 13 ans
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Solaire – Fanny Chartres

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Ernest et Sara vivent avec leur mère depuis le divorce de leurs parents. Mais leur maman ne se remet pas de cette séparation et fait vivre à ses enfants des moments difficiles. Depuis quelques temps, Sara fond à vue d’œil et, lorsqu’elle fait un malaise au lycée, c’est le signal d’alarme pour Ernest. Le petit garçon va tout faire pour redonner le goût à sa sœur, et pas seulement celui des aliments, mais aussi celui de la vie…

★★★★★

Après le très beau J’ai suivi un nuage, de Maëlle Fierpied, l’école des loisirs nous propose un nouveau roman sur le même thème : la maladie d’un parent qui se répercute sur les enfants. Et tout comme sa consœur, Fanny Chartres parvient avec une grande sensibilité, une parfaite justesse et une immense douceur à retranscrire cette dépression et ses conséquences sur des enfants qui doivent apprendre à grandir tous seuls, sans l’aide de leur mère. Ils ont pourtant un père, qu’ils ne voient que le week-end, qu’ils craignent pourtant de retrouver – malgré leur enthousiasme – car cela signifie qu’ils vont laisser leur mère seule et que cette dernière le leur reprochera. Une situation difficile, terrible, pour ces deux enfants et qui, pour Sara, va l’amener à elle aussi se rendre malade. Ernest, lui, comprend très vite que sa sœur ne va pas bien et, bientôt, il aperçoit un loup qui rôde autour de sa sœur, un loup qui lui dit des méchancetés et cherche à le déstabiliser. Ce loup, c’est celui qui se croit le plus fort, c’est le héros d’une histoire de Mario Ramos qu’Ernest découvre à la BCD. Car l’originalité et la beauté du roman de Fanny Chartres, c’est aussi ce personnage du loup, et un peu après celui d’un bon gros géant, ces personnages fictionnels qui vont mettre des bâtons dans les roues du garçon ou bien tenter de lui donner les armes pour se sortir de cette situation : demander de l’aide.

Illustré tout en rondeurs et en douceurs par l’excellente Camille Jourdy, Solaire est un merveilleux roman qui, malgré son thème extrêmement dur, ne tombe à aucun moment dans le jugement ou le misérabilisme. On admire la plume de Fanny Chartres et ses personnages magnifiquement construits : le courageux Ernest, la fragile Sara et leur très belle relation frère/sœur ; et tous les personnages secondaires qui gravitent autour de leur histoire. Un roman émouvant et véritablement lumineux. ❤

Solaire, Fanny Chartres, illustré par Camille Jourdy (L’école des loisirs)
collection Neuf
disponible depuis le 4 avril 2018
9782211235129 – 12,50€
à partir de 9 ans
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De beaux albums sous le sapin

Il ne reste que quelques heures pour faire vos derniers achats et chez Bob & Jean-Michel, on pense à vous pour vous donner tout plein d’idées ! Alors une dernière sélection, d’albums cette fois, à offrir à toutes sortes d’enfants et leurs toutes sortes de goûts, pour les plus petits et pour les plus grands. C’est cadeau ! 🙂

Le phare à voile

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Un gardien de phare vit tranquillement dans son édifice, prenant soin de tous les navires qui longent la côte. Mais un jour, un poisson volant s’empare de la lumière de son phare et l’emporte avec lui. Alors le gardien s’élance à sa poursuite, transformant son phare en bateau… Mais comment les bateaux vont-ils se débrouiller sans lui ?
Après nous avoir émerveillés avec son Moabi, Mickaël El Fathi récidive avec cet hommage vibrant aux phares qui guident les bateaux et à leurs gardiens. Dans ce très bel album aux couleurs véritablement magiques, il nous embarque dans son histoire telle un conte merveilleux tout en évoquant la réalité des phares et de leurs gardiens aujourd’hui. Encore une fois, on se laisse happer par la poésie de son texte et, surtout, par ses images absolument sublimes pailletées de magie. Et comme dans son précédent album, un soin tout particulier est apporté à tous les aspects du livre, depuis la page de garde jusqu’aux notes documentaires. Un délice pour les yeux !

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Le phare à voile, Mickaël El Fathi (La Palissade)
disponible depuis le 12 octobre 2017
9791091330411 – 16,50€
à partir de 5 ans
L’ours et le trappeur

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Jacques Poitier est trappeur dans les Rocheuses au XIXe siècle. Un beau jour, il entend une mélodie le long de la rivière et y découvre un ours accompagné d’un concertina. Subjugué par sa voix et malgré l’étrangeté de cette rencontre, Jacques invite l’ours, Mortimer, à l’accompagner chez lui, marquant le début d’une étonnante amitié…
Les Fourmis rouges ont le chic pour publier des albums uniques et audacieux et L’ours et le trappeur n’y déroge pas ! Cette histoire d’amitié pas banale lorgne du côté du conte, où l’animal doué de parole se heurte au monde des hommes. Une histoire dans laquelle la beauté de la musique, l’émotion suscitée, est l’élan qui pousse Jacques à emmener Mortimer de part les États-Unis pour faire découvrir cette voix incroyable, quitte à risquer la découverte de la vraie nature de Mortimer. Une nature qui, l’hiver venu, sonne la fin des « concerts » de Mortimer pour les humains et, peut-être, la collaboration entre Jacques et l’ours. Une fin qui, là encore, comme un conte, laisse planer le mystère sur la réalité de cette amitié entre l’homme et l’ours, donne toute sa saveur à cet album magnifique. Car son intérêt réside également dans de sublimes illustrations où l’illustrateur de bandes dessinées se permet de très belles pleines pages, où l’on admire son trait précis et ses douces couleurs.

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L’ours et le trappeur, Christophe Swal (Les Fourmis rouges)
disponible depuis le 19 octobre 2017
9782369020851 – 15€
à partir de 6 ans
Cavale

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On l’appelle Cavale car il court tout le temps, sans jamais s’arrêter. In ne craint rien, sauf Fin, qui le poursuit. Montagne, elle, préfère rester immobile, pour échapper à Fin également. Mais quand Cavale trouve Montagne sur son chemin, il est bien obligé de s’arrêter…
Vous connaissez sans doute notre amour pour Stéphane Servant et ses univers sensibles et oniriques dans ses romans, et son humour dans ses albums. Dans Cavale, on retrouve tous ses talents au service d’une allégorie de la peur de la mort. Un texte finement ciselé d’une grande poésie, de jolies notes d’humour et d’une fulgurante beauté complètement sublimé par les illustrations subtiles de Rébecca Dautremer. Elle ajoute par ses dessins une dimension surréaliste et des touches d’humour elle aussi, à cette histoire autour de la vie, de la mort, de la peur, de l’amour et du temps qui passe. Un album magique et un magnifique coup de cœur !

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Cavale, Stéphane Servant, illustré par Rébecca Dautremer (Didier jeunesse)
disponible depuis le 25 octobre 2017
9782278085439 – 20€
à partir de 6 ans
Kado

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Le jour où ils sont arrivés, ils ont brûlé tous les villages et tué tous les habitants. Ils n’ont gardé que lui, le petit garçon qui sera offert à la Reine, le cadeau. Un rôle bien important grâce auquel il apprend à dire « Oui, ma Reine », « Tout de suite, votre Majesté ».
Avec ses mots toujours justes, à hauteur d’enfant, Thomas Scotto évoque la grande Histoire, celle de la colonisation, dans cet album poétique et, mine de rien, violent. Mine de rien car les grandes et riches peintures très colorées d’Eric Battut, tout en petits personnages, contrastent avec le sombre destin d’esclave de ce petit garçon, de Kado, le petit serviteur de la Reine. Mais c’est aussi ce qui fait toute la réussite de ce bel album sur le déracinement, cette façon dont les mots plein d’émotions de Thomas Scotto, la terrible violence de l’histoire, le bel espoir de la fin et les superbes images d’Eric Battut s’assemblent. Un album fort et sensible.

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Kado, Thomas Scotto, illustré par Éric Battut (A pas de loups)
disponible depuis le 3 novembre 2017
9782930787336 – 17€
à partir de 5 ans
Quand j’étais petite…

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Jules demande à sa maman de lui raconter des histoires de quand elle était petite. Avant d’être une maman, elle s’appelait Capucine et, quand elle était petite, elle vivait dans une maison de poupée, se rassasiait d’une framboise ou encore dormait dans une moufle !
Après avoir découvert le duo O’Leary/Morstad avec Il était une fois Lily, ce sont les toutes jeunes éditions de L’Étagère du bas qui publient leur nouvel album en France. Cette fois-ci, à travers un texte sensible et poétique, elles évoquent la relation entre une mère et son enfant, et continuent à explorer l’imaginaire à travers les souvenirs de cette maman qui était aussi petite qu’un insecte et vivait des choses extraordinaires ! Des références à certains contes bien connus viennent émailler ce joli récit aux illustrations délicates, sobrement colorées et finement rétro. De jolies illustrations en page de garde et un dos toilé complètent ce bel album en hommage au partage entre l’enfant et le parent et à la tendresse et l’amour d’une mère pour son fils.

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Quand j’étais petite…, Sara O’Leary, illustré par Julie Morstad, traduit par Cécile Provost (L’Étagère du bas)
disponible depuis le 10 novembre 2017
9782955789643 – 14,95€
à partir de 3 ans
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Les jours pairs : 179 histoires à lire avec qui on veut – Vincent Cuvellier & Thomas Baas

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Enfant, Bob n’avait pas beaucoup de livres mais il en avait un qui s’appelait quelque chose comme « 365 histoires pour toute l’année ». Un recueil avec une histoire pour chaque soir. C’était sans doute sur un thème, peut-être des contes. En tous cas, il n’en lisait pas qu’une seule par soir… 😉

★★★★★

Les jours pairs, 179 histoires à lire avec qui on veut, reprend le principe pour mieux le détourner. Vincent Cuvellier explique en effet que l’idée du livre vient du fait que beaucoup d’enfants ont des parents séparés et qu’il n’est pas toujours possible d’avoir une histoire de maman ou de papa chaque soir de la semaine ! (Bon, il paraît que c’est aussi parce qu’il était un peu flemmard et que 365 histoires, quand même, ça fait un paquet !) Du coup, ça donne une histoire pour chaque jour pair de l’année ! Et en plus, on est même pas obligé de les lire dans le bon jour ou dans le bon ordre ! La preuve, je vous en parle un jour IMPAIR, et j’en ai lu plein d’affilés (Bob le rebelle) !

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C’est donc avec un plaisir nostalgique non dissimulé que l’on découvre toutes les courtes histoires inventées par Vincent Cuvellier, qui est vraiment très très fort sur ce format ! On peut ainsi lire tous les deux jours : des histoires de la vie de tous les jours, des histoires du monde entier, des histoires d’extraterrestres, des histoires avec Jojo et son papa, des histoires avec des gens inconnus, des histoires en trois chapitres, et plein d’autres encore, mais aussi d’autres types de textes, comme des lettres (au lapin de Pâques ou à Saint-Valentin), des recettes de cuisine (à tester impérativement !) ou encore des règlements intérieur (de la piscine ou du jardin public) et des traités de zoologie (pour savoir comment c’est fait, les animaux). Le tout avec évidemment beaucoup – très beaucoup – d’humour, de naïveté, d’absurdité et d’innocence enfantine. Vincent Cuvellier a le don de faire des petits moments de la vie une aventure extraordinaire, dans une langue à hauteur d’enfant, pleine d’inventions rigolotes et de légèreté, pour une réelle complicité parent/enfant.

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Un aussi gros pavé d’histoires de près de 300 pages ne pouvait pas se contenter que de mots, et c’est Thomas Baas qui vient ajouter son univers graphique tout en tendresse et en humour. Des illustrations réalisées à la plume sur chaque page, avec des touches de couleurs légères, qui complètent à merveille les mots de Vincent Cuvellier et qui représentent d’ailleurs l’auteur dans son rôle de papa et de raconteur d’histoires.

Un album exceptionnel, à offrir à tous les enfants et à tous les parents, pour que se prenne l’habitude de l’histoire du soir. Et si vous n’êtes toujours pas convaincus, les éditions hélium vous proposent de découvrir une quinzaine de pages juste ici ! Profitez-en ! 🙂

Les jours pairs : 179 histoires à lire avec qui on veut, Vincent Cuvellier, illustré par Thomas Baas (hélium)
disponible depuis le 6 septembre 2017
9782330065379 – 19,90€
à partir de 5 ans
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Naissance des cœurs de pierre – Antoine Dole

NE LISEZ PAS LA QUATRIÈME DE COUVERTURE DE CE ROMAN ! Celui qu’on en a fait, ça va, vous pouvez y aller, c’est certifié sans spoilers. 😛

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Jeb a douze ans et se prépare à entrer dans le Programme, pour être enfin utile à la Communauté. Pour cela, on va lui retirer ses émotions, des émotions qui sont pour lui extrêmement fortes, à tel point qu’il ne comprend pas pourquoi sa mère ne l’aime pas autant que lui l’aime. Aude, elle, fait sa rentrée au lycée Henri IV et ça ne se passe vraiment pas bien. Harcelée par les autres, elle se réfugie dans une aile en travaux…et rencontre Mathieu, séduisant surveillant.

★★★★☆

Difficile de vous parler de ce roman sans en révéler trop (surtout quand l’éditeur le fait déjà un peu dans son résumé, hum hum.) ! Car Naissance des cœurs de pierre se découvre au fil des pages, piquant notre curiosité avec ces deux histoire que tout oppose. Le récit de Jeb nous emmène en effet sur les rivages du genre dystopique. Une société où les émotions sont réprimées – très sévèrement – et où parents et enfants n’ont d’autres liens que celui du sang. Et Jeb se rend bien compte que tout l’amour qu’il porte à Niline, sa mère, ne lui est pas retourné. Pire, il lui est interdit, haï. Alors, à l’âge de 12 ans, comme tous les autres enfants, il rencontre le préparateur qui décidera si, oui ou non, il est apte à rester dans la Communauté. S’il n’est pas capable de montrer un cœur de pierre, alors il disparaîtra, comme d’autres avant lui. En parallèle, on suit donc Aude, 15 ans, qui fait sa rentrée dans un nouveau lycée et dont les parents exercent une pression constante sur elle, lui traçant son avenir sans son avis. Elle ne parvient pas à s’y faire d’amis et finit par se rapprocher de Mathieu, le surveillant qui plaît à toutes les filles et qui lui témoigne l’attention qu’elle recherche…

Deux histoires au premier abord différentes, sans liens apparents, qui résonnent pourtant l’une avec l’autre. Car Antoine Dole nous parle de l’enfance et de l’adolescence brisée, de la violence des parents et de la société sur la jeunesse. Les mots sont durs, les émotions intenses, violentes, dans un monde ou une famille où elles sont considérées comme inutiles, comme une faiblesse. Deux destins déchirés, déchirants, qui laissent un goût étrange, entre espoir et amertume, à toute cette cruauté. Et pourtant, il s’agit d’un hymne à la liberté de ressentir, à ne pas céder au renoncement, à exprimer ses émotions. Un roman fort dont l’intensité nous tient en haleine jusqu’à la dernière page et cette dernière scène à briser les cœurs de pierre. A découvrir !

Naissance des cœurs de pierre, Antoine Dole (Actes Sud junior)
collection Ado
disponible depuis le 23 août 2017
9782330081416 – 14,50€
à partir de 14 ans
Son
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Le livre sans images – B. J. Novak

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Peut-être connaissez-vous B.J. Novak pour l’avoir vu dans un certain nombre de films ou de séries TV. Eh bien figurez-vous que cet acteur, qui est aussi tout un tas d’autres choses dans le monde du cinéma, est également écrivain et vient de publier un album pour enfants, plébiscité outre-Atlantique. Cet album, c’est Le livre sans images, dont voici l’étonnante présentation de l’éditeur :

ATTENTION! ATTENTION!
Ce livre a l’air sérieux mais en vérité il est complètement idiot. Si un enfant essaie de vous obliger à le lire, sachez que cet enfant est en train de vous tendre un piège. Vous allez vous retrouver en train de proférer des insanités, et tout le monde va se tordre de rire. Ne dites pas que vous n’avez pas été prévenu.

Les enfants, ce livre est un piège ! Débrouillez-vous pour que les grandes personnes ne l’apprennent pas !
Ça a l’air sérieux, mais c’est exprès ! En fait, c’est vraiment le livre le plus idiot du monde.

★★★★☆

On connaissait déjà les albums sans texte, voici maintenant les albums sans aucune illustration ! Un album tout blanc, donc, avec uniquement des mots, en noir ou en couleur qui se promènent sur les pages. En effet, les jeux de typographie sont ici indispensables et « remplacent » le blanc laissé par les images. Alors oui, ça peut paraître un peu ennuyeux comme livre, même l’auteur le signale au début de son album. Mais, très vite, on nous dit que dans cet album, comme dans tous les autres albums (et c’est bien utile de le rappeler), le lecteur doit lire TOUS les mots, sans exception ! Et alors là, il vous faudra prendre une voix de robot, chanter, prononcer plein de mots bizarroïdes, faire des bruits… Bref, un enfer pour le lecteur, mais une franche rigolade pour les jeunes auditeurs.
On ne doute pas un seul instant de l’efficacité de cet album malicieux, qui promet d’excellents moments de lecture et de partage entre l’adulte et l’enfant. Et qui invite également le lecteur à voix haute à se mettre en scène, tel B.J. Novak devant cette classe aux États-Unis :

Le livre sans images, B. J. Novak (Ecole des loisirs)
disponible le 4 novembre 2015
9782211225915 – 12,50€
à partir de 4 ans

Son
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Panique au supermarché – Jean Leroy

9782745971784,0-2562078

Bob n’aime pas trop faire les courses, ça lui rappelle souvent des mauvais souvenirs (il y a une époque où on ne trouvait plus de Weetos dans les rayons) alors il a voulu tester un livre qui fait peur. Un livre qui parle de supermarchés…

Edgar est vigile dans un supermarché. Il est le plus sévère, celui qu’on ne dérange pas, celui qui fait peur. Mais aujourd’hui, c’est la panique au supermarché : le petit Dédé a perdu son papa. Et le micro ne fonctionne pas. C’est Edgar qui va devoir partir à la recherche du papa de Dédé. Sauf que Dédé, il est un peu pénible comme garçon…

★★★★☆

Franchement, il n’y a bien qu’un fou ou un petit inconscient pour déranger Edgar dans son travail. Et c’est justement ce qui arrive ce jour-là, avec Dédé, petit agneau un peu relou qui va lui demander de l’aider à retrouver son papa. Vous pensez bien que ça ne sera pas si facile que ça, même en arrêtant tous les moutons dans les rayons du supermarché pour savoir si l’un d’eux est le papa de Dédé. Car Dédé est super casse-pied, il pleure à la moindre contrariété, il quémande des sous pour faire le manège de pompier, pour avoir une gaufre…bref, il est insupportable ! Et Edgar, il faut pas trop lui en demander. Après avoir fait le tour du magasin, tous deux vont sur le parking, toujours sans succès. Alors Dédé demande à Edgar de lui raconter une histoire, en attendant. La chute, je ne vous la dis pas, mais elle est drôle et inattendue, et donne la part belle à notre irascible Edgar. Enfin…

Jean Leroy nous offre ainsi une histoire très drôle, où deux personnages complètement opposés vont devoir se supporter. Edgar est attachant malgré son côté grognon et Dédé, lui, est particulièrement bien croqué en gamin turbulent et super pénible. L’anecdote qui donne lieu à l’histoire sent en tous cas le vécu et les enfants se reconnaîtront sans doute dans cette tranche de quotidien (pas forcément dans le fait d’être chiant, mais plutôt dans la peur de ne pas retrouver ses parents dans le gigantesque supermarché). Les illustrations de Thibaut Rassat, quant à elles, sont très belles, j’aime beaucoup la palette de couleurs utilisée, et les expressions des personnages sont géniales ! Surtout Dédé qui pleure ! Haha.
Une première lecture super chouette ! 😀

Panique au supermarché, Jean Leroy, illustrations de Thibaut Rassat (Milan)
collection Milan poche cadet
en librairie depuis le 20 mai 2015
9782745971784 – 5,70€
à partir de 7 ans