Son
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Hors-champ – Chiara Carminati

9782889083527,0-3758505

Ce qu’on aime dans la collection Encrage, à la Joie de Lire, c’est découvrir la littérature européenne (mais pas que !) de qualité, ses auteurs que l’on apprend à connaître à travers de très beaux textes, parfois durs, parfois poétiques mais qui, toujours, nous transportent. Cette fois, notre rendez-vous est en Italie…

Quand la guerre éclate, Jolanda et sa famille sont obligés de quitter l’Autrice où ils vivaient depuis plusieurs années afin de rejoindre leur pays d’origine, l’Italie. Très vite, son père et son frère aîné sont envoyés sur le front pour combattre les autrichiens. Bientôt suivis par son autre frère et son meilleur ami Sandro, qui lui vole un baiser. Jolanda se retrouve alors seule avec sa mère, sa petite sœur Mafalda et leur ânesse Modestine. Mais un jour, leur mère est arrêtée et les deux filles sont livrées à elles-mêmes…

★★★★☆

Au cinéma, le hors-champ c’est la partie de la scène qui n’apparaît pas dans le champ de la caméra, ce qui n’est pas enregistré dans le film. Dans ce roman autour de la Première Guerre mondiale, ce ne sont donc pas les combats qui intéressent Chiara Carminati, les soldats sur le front, les tactiques des généraux, les prises de territoires ou le vainqueur de la guerre, mais ceux qui ne figurent généralement pas à la une des journaux, dans les films ou les livres d’histoire. L’auteure n’utilise finalement la guerre que pour évoquer une histoire de femmes, de famille. Il est cependant intéressant d’assister à cette guerre du point de vue des italiens, car il est assez rare, même dans nos livres d’histoire, d’évoquer la situation des autres pays européens. Cela dit, il vous faudra tout de même vous procurer d’autres livres plus précis si l’Italie pendant la Première Guerre mondiale vous intéresse car il s’agit ici uniquement d’éléments de contextes. . Car, comme je vous le disais, le cœur du sujet, ce sont les femmes, ce sont Jolanda, Mafalda, leur mère et les deux femmes dont cette dernière ne leur a jamais parlé et qui vont pourtant devenir des personnes importantes pour les deux enfants. Lorsque Jolanda et Mafalda se retrouvent sans leur mère, arrêtée et exilée loin du village, elles vont trouver refuge à Udine, chez une certaine Adèle, une vieille femme aveugle mais plutôt futée. C’est chez cette « tante » qu’elles vont découvrir un secret de famille, celui de leur mère… Et lorsque les bombardements touchent la ville, les deux filles et la vieille femme vont à nouveau devoir fuir et se rendre dans l’Italie autrichienne…

Le roman de Chiara Carminati paraît sans doute très classique dans ses thèmes, et il l’est, mais son écriture sensible nous transporte instantanément dans cette Italie du siècle dernier et ces destins de femmes. Son originalité tient finalement de l’insertion de photographies…totalement vides ! Après un moment de flottement (euh…une erreur à l’impression ?) et une vérification sur le site internet de l’éditeur, non, pas d’erreur, il n’y a absolument rien sur les photos, seulement cet aspect de photographies anciennes et une légende qui nous invite à imaginer le décor. C’est déroutant au début, et puis on se laisse guider dans ce hors-champ qu’il sera tout aussi important de lire que l’histoire. Une belle découverte de la littérature italienne !

Hors-champ, Chiara Carminati, traduit par Bernard Friot (La Joie de lire)
collection Encrage
disponible depuis le 11 février 2017
9782889083527 – 14,50€
à partir de 12 ans
Son
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Alors je me suis mise à marcher – Kim Fupz Aakeson

9782889083268,0-3270044

Une jeune fille qui rencontre la nouvelle conquête de son père ; deux frères qui préparent le petit-déjeuner de leurs parents encore endormis ; une mère et sa fille qui vont se faire tatouer ; un garçon qui veut partir en vacances en ski avec sa mère et son nouveau mec ; une première expérience sexuelle sur un terrain de foot…

★★★★☆

Quatorze nouvelles qui nous brossent le portrait de quatorze adolescents dans des moments de leur vie qui vont être décisifs. Des nouvelles extrêmement courtes, où l’on découvre toutes sortes d’adolescents dans des instants de la vie quotidienne, où les parents sont bien souvent les grands absents de leur vie pour tout un tas de raisons différentes. Difficile de vous en dire plus sur le contenu de chacune des nouvelles tant elles sont à la fois diverses et similaires. Toutes s’attachent aux relations des adolescents avec leur famille ou leur entourage et toutes évoquent des moments variés où l’adolescent se révèle parfois le plus adulte de tous…

La force de ces nouvelles réside non seulement dans leur format, court et incisif, mais aussi dans les chutes, parfois abruptes, parfois étonnantes, parfois…inachevées ? Des procédés qui nous interrogent ainsi sur les relations de ces adolescents et qui nous montre surtout tout le talent de l’auteur à nous raconter une histoire en peu de lignes, dans un style simple et épuré, mais avec des implications énormes dans la vie de ces ados. C’est vraiment très fin, très subtil et très habile. Un recueil à découvrir ! 🙂

Alors je me suis mise à marcher, Kim Fupz Aakeson, traduit par Aude Pasquier (Joie de lire)
collection Encrage
disponible depuis le 19 mai 2016
9782889083268 – 13,90€
à partir de 14 ans
Discussion
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Un jour il m’arrivera un truc extraordinaire – Gilles Abier

Avec trois parutions cette année, 2016 semble être importante pour Monsieur Abier. Celle de nouveaux succès ? On l’espère. En plus de son *très formidable* roman publié chez La Joie de Lire, on attend avec impatience Je sais que tu sais, un petit nouveau de la collection Ego chez Talents Hauts le 18 février, puis Violon dingue un Petite Poche chez Thierry Magnier en mai. Mais pour l’heure, on vous présente celui qui est déjà sorti des cartons.

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Élias vit avec sa mère, Franck Garny, son beau-père et Choucroute, la chat de celui-ci. Enfant prématuré, il a toujours été petit pour son âge, particulièrement pâle et chétif. Malgré cela, Élias est persuadé qu’il est destiné à faire des choses extraordinaires. Un jour, ça le frappe : il va voler. Mais quand il commence à perdre ses doigts de pieds au profit de pattes d’oiseaux et que son nez s’allonge en bec, il n’est plus si sûr de vouloir voler…

L’avis extraordinaire de Jean-Michel

★★★★★

Comment fait-on pour écrire un roman si ensorcelant ? A la lecture de deux phrases la magie opère : les rires fusent, on aimerait retenir chacune des répliques d’Elias, la curiosité est éveillée et la fin si inattendue que le roman en devient extraordinaire. Élias aurait pu être mon meilleur pote : il adore le gratin dauphinois, Matilde et Milo sont ses meilleurs amis et je trouve que ce sont 2 des plus beaux prénoms qui existent. Surtout, il a cette capacité à utiliser la dérision comme moyen d’auto-défense : ses tortionnaires, Guillaume et Farid, sont respectivement surnommés par notre super-héros « Gratte-cul » toujours à fouiller son entre-fesses et « Deux grammes » tel le poids de son cerveau. Un héros chétif certes, mais il va en conquérir, des cœurs de lecteurs ! Comme le mentionne Bob un peu plus bas : il est difficile de ne pas spolier le livre, nous omettons des détails volontairement pour ne pas vous mettre la puce à l’oreille, vous laisser la part belle à cette découverte surprenante, cette fin intrigante qui mériterait d’être discutée.

D’autres trucs de Bob

★★★★☆

Quand il n’écrit pas de belles histoires poétiques à destination des plus jeunes, Gilles Abier est particulièrement doué pour nous trimballer là où on ne s’y attend pas grâce à des chutes surprenantes (je pense notamment à Un de perdu qui m’avait particulièrement frappée). Du coup, ça va être vachement dur de vous parler de ce roman sans rien vous révéler car je ne m’attendais vraiment pas à cette fin et, rien qu’en vous disant cela, c’est limite si je ne vous spolie pas un peu.
Je vais donc me contenter de vous dire que les personnages inventés par Gilles Abier sont réellement attachants, j’ai beaucoup apprécié l’humour très différent et très particulier de chacun, Élias le premier. On est clairement intrigué par cette drôle de chose qui arrive à Élias, cette transformation physique qu’il semble être le seul à constater mais que ses meilleurs amis acceptent avec une facilité délirante. J’ai trouvé l’écriture de Gilles Abier vraiment très fine et humoristique, d’autant plus déconcertante quand on arrive à cette fin qui non seulement nous « choque » mais nous donne envie de recommencer le livre pour repérer les endroits où l’on a rien vu venir… Bien joué, monsieur Abier.

Un jour il m’arrivera un truc extraordinaire, Gilles Abier, couverture illustrée par Séverin Millet (La Joie de lire)
collection Encrage
disponible depuis le 21 janvier 2016
9782889083046 – 14€
à partir de 13 ans
Son
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Le caméléon et les fourmis blanches – Emmanuel Bourdier

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Casimir Feunard est un instituteur désabusé depuis que sa compagne l’a quitté et montre peu d’enthousiasme à la rentrée scolaire. D’autant plus quand il apprend qu’il aura dans sa classe Issa Doucouré, jeune malien sans papiers, redoublant multiple qui sèche les cours et se fait passer pour plus inculte qu’il ne l’est. Pourtant, le jour où les gendarmes arrivent pour renvoyer Issa et son père dans leur pays, c’est Casimir qui va se trouver, bien malgré lui, à cacher cet enfant…

★★★★☆

Commence alors pour Casimir et Issa une cohabitation un peu difficile, où la colère se dispute à la peur, jusqu’à ce qu’ils s’apprivoisent. L’histoire est ainsi racontée par les deux personnages, alternant les points de vue à chaque chapitre. On commence avec Casimir, dont la tristesse l’amène à repenser à sa vie et à ses choix. Puis arrive Issa, qui accuse lui aussi la perte d’une femme dans sa vie : sa grande sœur Kadiatou. Issa qui a appris à se rendre invisible, tel le caméléon, tandis qu’il observe tous ces petits enfants dans la cour de récréation, ces petites fourmis… (et bim, vous avez l’explication du titre ! 😛 ) Avant l’arrivée d’Issa dans la classe de Casimir, les deux se connaissant. On n’oublie pas Issa quand on est enseignant : il n’est pas souvent là, il semble mentir comme il respire, il vole des petites choses… Quant à Casimir, son nom de famille a fait de lui une star dans l’école car il porte le même qu’un Pokémon ! Alors quand le père d’Issa le confie au professeur, tous deux vont apprendre à mieux se connaître et, pour Issa, à s’ouvrir à quelqu’un d’autre et à montrer son amour des histoires et de la lecture.
Le roman offre ainsi de très beaux moments de complicité, des instants magiques partagés entre ces deux personnages aux antipodes, pourtant liés bien plus qu’ils ne le pensent. Il faudra cependant passer par tout un panel d’émotion, de la frustration à l’exaspération, et d’événements avant qu’ils ne s’en rendent compte. Et alors leur cohabitation forcée devient plus facile pour eux. Emmanuel Bourdier signe ici un très beau texte, qui s’inscrit en plus dans une certaine actualité. J’ai beaucoup aimé son écriture soignée et les mots de chacune des voix du livre, souvent emprunts de tristesse mais qui finissent par se donner de l’espoir. Un très beau roman, qui montre aussi que la frontière entre la littérature ado et adulte est parfois très tenue. 🙂

Le caméléon et les fourmis blanches, Emmanuel Bourdier (La Joie de Lire)
collection Encrage
disponible depuis le 20 octobre 2015
9782889082957 – 19,90€
à partir de 13 ans

Son
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Le cours des choses – João Anzanello Carrascoza

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Un enfant qui trépigne de joie à voir la mer, une histoire d’amour naissante, un petit garçon qui a peur, un homme chargé d’enlever les cadavres d’animaux chez les gens, un juste match de basket, un père qui veut faire une surprise à ses enfants… Onze nouvelles sur la vie, le cours des choses…

★★★★☆

Ce que j’aime à la Joie de Lire et dans leur collection Encrage, c’est cette découverte constante d’auteurs du monde entier, cette « auberge espagnole » comme eux-mêmes la désignent. A travers ce recueil de nouvelles, nous sommes emportés dans le Brésil actuel, au sein de familles et de situations de la vie de tous les jours, de faits et gestes du quotidien ou d’événements dramatiques. Le genre n’est pas facile à vendre auprès des ados, d’autant plus quand les nouvelles sont un peu difficiles. En effet, les personnages sont rarement nommés, on parle de l’enfant, ou du père, ou du garçon…ce qui requiert une certaine attention. Pour tout vous avouer, Bob n’avait pas très bien capté au début qu’il s’agissait de nouvelles, si bien qu’il n’a pas très bien compris ce qui se passait… Hum. 😛
Autre particularité de l’écriture du brésilien : l’absence de dialogue, ils sont directement intégrés à la narration et les nouvelles commencent ou se terminent parfois abruptement. De quoi dérouter ou étonner quand on a l’habitude de romans plus « classiques ». Pourtant, il serait bien dommage de passer à côté de cet auteur à la plume poétique et aux histoires sensibles. Car c’est surtout de ça qu’il s’agit : Carrascoza capture des instants, des moments d’une vie pour créer des textes qui ont la douceur d’une caresse, même lorsqu’il nous raconte une histoire triste. On a parfois besoin de ce genre de textes et João Anzanello Carrascoza est assurément un auteur à découvrir et à suivre !

Le cours des choses, João Anzanello Carrascoza (La Joie de lire)
collection Encrage
disponible le 21 août 2015
9782889082872 – 11€
à partir de 14 ans

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Shola et la tante d’Amérique – Bernardo Atxaga

Shola est une chienne élégante qui a une vie de rêve : elle se balade comment elle l’entend sans laisse, regarde la télévision quand elle le souhaite, mange ce qui lui plait, se lave une fois par mois. En pleine promenade dans le parc, elle se fit interviewer par une journaliste pour l’émission « Le parc en direct ». 

Comment vous définiriez-vous Shola ?
Je suis un animal libre ! Rara avis* !

* définition latine employée pour désigner un « oiseau rare »
Pendant ce temps, Grogo son maître est songeur…sa tante Clémentine lui annonce sur une carte postale qu’elle a l’intention de passer quelques jours chez eux. C’est la stupéfaction car Clémentine, 60 ans, a toujours vécu dans le Wyoming, terre sauvage, isolée et accessoirement le pays des bisons. La liberté de Shola serait-elle du goût de sa tante américaine ?

★★★☆☆

sholatanteameriqueC’est une lady, pas sûr qu’elle accepte de promener Shola sans chaîne et Grogo ne se rebelle jamais contre sa tante. La chienne en proie a de sérieux doutes, analysa avec minutie la tante Clémentine a son arrivée : chapeau blanc et longues bottes de cuir, chevelure brune, yeux bleus, valises rouges au bison blanc. La cool attitude de cette femme exaspéra Shola : elle dort jusqu’à pas d’heure, s’approprie tout le fromage, allume la télévision et joue du banjo à 2h du matin et laisse du bazar derrière elle. Le pire resta à venir : la chaîne à la main, la tante Clémentine proposa à Shola de la promener…Horreur ! La chaîne ?! 😮 Une fois dans le parc, la petite chienne avançait 3 mètres devant l’américaine, jetant de rapides coups d’oeil derrière elle, énervée et craintive à l’idée que l’on puisse lui passer une laisse autour du cou. Mais ce qu’elle ignorait c’est que la tante avait emporté la chaîne pour la jeter dans une poubelle. Un geste fort de sens qui ne laisse pas indifférent.

« Pourquoi avoir une chaîne à la maison ? Nous sommes des êtres libres non ? Comme on dit dans le Wyoming :si les bisons vivent en liberté, pourquoi pas nous ? »

Un petit roman inspirant sur les notions de liberté et de différence. Les aventures de cette petite chienne sont mignonnes et il est agréable de découvrir de nouveaux horizons grâce à l’auteur : une expression latine, un coin des Etats-Unis et la réponse face à la bêtise humaine. Tendrement illustré par Mikel Valverde, on a envie de garder précieusement ce livre dans sa poche. A bon entendeur, bisou.

Shola et la tante d’Amérique, Bernardo Atxaga (La Joie de lire)
collection Hibouk 1
en librairie depuis le 16 avril 2015
9782889082704 – 9.50€
à partir de 8 ans

sholalionsA découvrir également et
de nouveau disponible :
Shola et les lions
réédité le 16 avril 2015
9782889082711 – 8.50€

« Rara avis » s’exclama la journaliste.
« Exactement : RAREVITCH ! s’écria Shola »

4

Embardée – Christophe Léon

embardeeGeorge et Phil habitent à Paris, ce sont des plasticiens reconnus, d’excellents artistes. Ils sont également mariés et heureux papas de Gabrielle, qui a maintenant 13 ans. Leur bonheur est sans équivoque. L’histoire devient moins douce lorsque Christophe Léon nous entraîne dans un futur sombre où les bouleversements les plus cauchemardesques transforment la vie paisible d’une famille homoparentale en quotidien violent où l’intolérance est maîtresse de la rue. Cette histoire ne vous rappelle rien ? Un passé pas si lointain…la discrimination, les interdictions, les losanges roses à porter sur son torse.

★★★★★

Un énorme coup de cœur pour ce roman

Tout commence par un accident : la voiture a fait une « embardée ». Personne ne porte secours aux deux pères ; « la loi interdisant de porter secours à ces gens-là ». Le losange rose cousu sur leurs poitrines rappelant aux témoins qu’ils sont « différents ». Condamnés à vivre dans un ghetto avec les autres losanges roses, ils sont bannis et fichés. Leurs droits ont été proscrits : plus d’union en mairie, plus le droit d’adopter d’enfants, plus de défilés mais en dépit de cette société à vomir George et Phil s’aiment plus que tout et inculque à leur fille le mode de survie. Les injustices répétées dans ce roman m’ont rapidement fait mal au cœur. Nous apprenons à un passage que Gabrielle est somalienne et elle se fait traiter de « négresse » dans la cour de l’école. Une scène étrange pour la fillette car son environnement familial était jusque là dépourvu de tout racisme. Mais George et Phil arrivent à tout arranger à chaque agression ce qui nous rend le sourire. Ce roman pousse à la réflexion : et si tout cela arrivait ? L’alternative que propose Christophe Léon n’est pas impossible, le roman est d’ailleurs très crédible. Le schéma de la famille traditionnelle n’est pas remis en cause : un papa + une maman = enfant épanoui. Pourquoi pas. Mais l’auteur nous montre que deux papas peuvent rendre également un enfant heureux. Par ailleurs Gabrielle est traumatisée par toutes les violences extérieures dont elle est le témoin et parfois la victime et non pas par le fait d’être élevée par deux hommes. D’ailleurs l’amour qu’ils se portent est exemplaire et rend leur foyer chaleureux. N’importe quel enfant rêverait de grandir dans une famille comme la leur.

Il y a un élément dans le roman que je n’arrive pas à me sortir de la tête : Christophe Léon fait mention d’un groupe que je qualifierai de terrifiant. La LVF : Ligue pour les Valeurs Familiales qui milite pour l’internement psychiatrique des losanges roses. Actuellement, il existe des gens persuadés que l’homosexualité est une maladie.

Ce roman est brillant, il ouvre l’esprit.

Embardée, Christophe Léon (La Joie de lire)
collection Encrage
en librairie depuis le 19 mars 2015
9782889082667 – 13€
à partir de 12 ans

Son
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Lily – Cécile Roumiguière

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La reprise de Bob et Jean-Michel est un peu difficile…et en attendant de vous révéler notre prochaine sélection, Bob vous fait découvrir le nouveau roman de Cécile Roumiguière, à paraître fin février !

Paris, 1961. Lily, 16 ans, se prépare au concours d’admission des ballets de l’Opéra. Depuis de nombreuses années, elle travaille pour réaliser son rêve : devenir ballerine, et faire la fierté de son frère Michel, qu’elle aime plus que tout. Quand il part faire la guerre en Algérie et que Lily n’a plus de nouvelles de lui, plus rien ne semble avoir de sens dans la vie de la jeune fille, pas même la danse…

★★★★☆

A travers les mots et les souvenirs d’un vieux cinéaste à sa petite-fille, cousin de la jeune Lily, nous découvrons l’histoire de cet amour trop fort encore un frère et une sœur. Un amour qui va se trouver mis à mal par le départ du frère en Algérie et les « événements » qui s’y déroulent. L’histoire se déroule ainsi sur plusieurs époques – le Paris des années 1960 et le Paris d’aujourd’hui duquel est racontée l’histoire – et sur plusieurs lieux – la France et l’Algérie. Ces parallèles me semblent intéressants pour notre génération d’adolescents qui, comme Loriane, la petite fille du cinéaste, vont découvrir une période de l’histoire française compliquée et pleine de non-dits. Ce passage constant des années 60 à notre époque permet également de souffler entre les événements racontés, pas toujours faciles, et d’installer une sorte de suspense propre à nous faire tourner les pages plus vite pour savoir ce qu’il va se passer. Le personnage de Lily est incroyablement intéressant et son évolution très réussie, pour passer de la petite danseuse parfaite à une jeune femme émancipée et maîtresse de son destin. Les personnages secondaires, qui gravitent autour de l’héroïne, apportent tous les dimensions nécessaires à la réussite de ce roman, à la fois historique, romantique et social. Il est intéressant également de noter tous les clins d’œil au cinéma de la Nouvelle Vague, les personnages « historiques » qui croisent la route de Lily, les évolutions de la condition de la femme… En bref, Lily est un très beau roman, comme sait si bien les écrire Cécile Roumiguière.

Et pour en savoir plus, l’auteur propose un article sur la rédaction de ce roman sur son site internet. 🙂
A noter aussi la couverture de Séverin Millet que je trouve très réussie !

Lily, Cécile Roumiguière (La Joie de Lire)
collection Encrage
en librairie le 20 février 2015
9782889082551 – 14,50 €
à partir de 13 ans

Son
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Abaton : au-delà de la peur – Christian Jeltsch & Olaf Kraemer

9782889082407, 0-2275651

Aujourd’hui, je vous propose de découvrir le premier tome d’une série qui va faire grand bruit ! Et je remercie chaudement les éditions La Joie de lire pour cette géniale découverte ! Et sans plus attendre…le résumé !

Trois adolescents, Edda, Linus et Simon, se rencontrent lors d’un camp d’aventure aux abords de Berlin. Ils ont été sélectionnés grâce à une rédaction sur la façon dont ils imaginent un futur idéal. Mais rapidement, ils vont se rendre compte que des choses étranges se déroulent dans ce camp…et lorsqu’ils le quittent une nuit pour suivre Linus dans les tunnels du métro, tout va changer dans leur vie ! Car ils découvrent d’étranges peintures sur les murs du métro, une sorte de roue solaire hypnotique, qui va les embarquer dans une aventure où la peur est le maître mot, une aventure dans laquelle l’histoire de l’Allemagne n’est jamais très loin…

★★★★★

Wahou ! Voilà un roman qui ne nous laisse pas une seconde de répit ! Dès le prologue, se déroulant en pleine Seconde Guerre mondiale, on découvre les prémices d’un mystère qui se déploiera durant tout le roman. Très vite, on s’attache à ces ados que tout semble opposer pour tenter de comprendre avec eux cette espèce de complot gigantesque qui les touche. La construction du récit, grâce à un jeu de typographie, nous permet de suivre à la fois les aventures des 3 ados, d’un mercenaire sur leur trace, et de femmes mystérieuses qui gèrent GENE-SYS, une étrange organisation dont le but est assez obscur… Malgré la traque et le course contre la montre qui font tout le suspens de ce roman, nous avons également le temps d’entrer dans la psychologie de chacun des ados, notamment quand ils retournent dans leurs famille, pensant reprendre tranquillement leur petite vie. Premier tome d’une trilogie, Abaton est un roman véritablement haletant, qui s’intéresse au thème de l’eugénisme, et devrait plaire à tous les amateurs de thrillers et de science-fiction…

En bonus, l’éditeur vous propose un extrait du livre et découvrez également la bande-annonce :

Abaton : au-delà de la peur, Christian Jeltsch & Olaf Kraemer (La Joie de Lire)
en librairie le 18 septembre
9782889082407 – 19,90 €
à partir de 13 ans