Son
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Le trésor de l’île sans nom – Gilles Abier

Il existe une île sans nom, qu’on ne trouve sur aucune carte du monde connu, et sur laquelle un volcan éteint cache le trésor d’une bande de pirates. Et pendant que ces derniers écument les mers, leurs enfants attendent sagement sur cette île… ou presque ! Car des navires s’approchent parfois dangereusement des côtes de l’île et les jeunes habitants, aidés de leurs précepteurs et surveillants, usent de stratagèmes pour éloigner les opportuns ! Jusqu’au jour où un capitaine espagnol ne se laisse pas démonter…

★★★★★

On connaissait Gilles Abier pour ses romans sensibles, sur l’adolescence ou pour les plus jeunes, le voici désormais sabre au clair et à la barre d’une caravelle qui pourfend les vagues, direction l’aventure ! 😮 Les pirates se font plutôt rares dernièrement en littérature jeunesse, et il était temps de nous proposer un roman aussi palpitant et bien tourné, pour les plus jeunes lecteurs. Gilles Abier nous embarque donc dès les premières lignes dans cet univers passionnant, à la rencontre d’une bande de gosses échoués sur le sable, laissés à l’arrière par leurs parents bandits des mers, toujours à la recherche de trésors à amasser. Des enfants qui aimeraient bien eux aussi traverser les mers et vivre des aventures incroyables, pleines de combats et d’or étincelant. Mais leurs parents ont d’autres projets pour eux et, surtout, des adultes sont là pour les surveiller, depuis leur préceptrice qui leur inculque les bonnes manières à la cuisinière revêche en passant par le garde du volcan. On s’attache à leurs caractères différents et à leurs histoires personnelles et on se laisse entraîner dans la plus grande aventure de leur vie : défendre leur île contre l’envahisseur !

Gilles Abier réussit admirablement à nous tenir en haleine de bout en bout, à redoubler d’inventivité et d’ingéniosité pour nous révéler les choses au bon moment, pour nous décrire une île sur laquelle on rêve de se rendre et pour nous faire passer l’un des meilleurs moments de lecture de la saison ! Et puisque le roman est génial, les illustrations ne pouvaient que l’être tout autant ! Le style de Mini Ludvin, que j’ai trouvé assez proche de l’animation japonaise, colle parfaitement à l’univers de la piraterie et ses aquarelles sont un petit bonheur : on en regrette presque que les couleurs si chouettes de la couverture ne se retrouvent pas dans les illustrations intérieures.
En bref, un excellent roman d’aventures à emporter obligatoirement avec vous à la plage, ça vous donnera assurément des idées ! Et Gilles, on en veut d’autres ! 😛

Le trésor de l’île sans nom, Gilles Abier, illustré par Mini Ludvin (Poulpe fictions)
disponible depuis le 3 mai 2018
9782377420377 – 9,95€
à partir de 9 ans
Discussion
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Je sais que tu sais – Gilles Abier

9782362661426,0-3025447

Nous savons que vous saviez que Gilles Abier sortait un nouveau livre parce qu’on vous l’a dit la dernière fois. On vous dit aujourd’hui tout ce qu’on en pense !

Il y a trois ans, dans un patelin du Tarn-et-Garonne, le frère d’Axelle, Martial, est retrouvé criblé de balles derrière une grange. Le coupable ne fut pas bien difficile à trouver : c’était Bastien, le meilleur ami de Martial. Depuis cette tragédie, Axelle a sombré et s’est repliée sur elle-même, dans sa haine. Jusqu’au jour où elle décide de rendre visite à Bastien en prison…

Bob sait qu’il ne sait pas

★★★☆☆

Ahlala, pas facile de parler de ce roman après Un jour il m’arrivera un truc extraordinaire. Les deux romans sont très différents et, si le premier était beaucoup sur l’imaginaire et l’humour, on est ici dans une réalité dure et sans concession. Toute cette douleur qui hante Axelle, ce deuil dont elle ne parvient pas à se débarrasser, nous fait entrer petit à petit dans ce triste fait divers qui a rompu la tranquillité de son petit village. Nous la rencontrons au moment où elle va se confronter à l’assassin de son frère, où elle espère que leur conversation va lui apporter ce qu’elle cherche. Et pendant qu’elle attend, qu’elle doute, Axelle nous fait remonter le fil de l’histoire, comment sa petite vie tranquille a soudain basculé, comment elle en est arrivé à ne plus être que l’ombre d’elle-même.
J’ai beaucoup aimé la progression du récit, qui alterne entre le moment présent et les souvenirs : ceux de la nuit de l’assassinat, le procès, les jours, mois qui ont suivi, comment Axelle a décidé de prendre le taureau par les cornes et voir celui qui a ruiné sa vie… Accepter ? Réussir à pardonner ? Axelle se dévoile progressivement et, par là-même, on découvre la personnalité de son frère, et ce qui a poussé Bastien, son meilleur ami, à le tuer. En moins de 100 pages, Gilles Abier fait preuve d’un grand sens du suspense, et parvient à nous maintenir en haleine jusqu’au dernier mot. D’autant plus quand on arrive aux dernières phrases et qu’il nous laisse pantelant, aux prises avec un terrible choix…

Jean-Michel sait bien, lui, qu’il sait

★★☆☆☆

Secret de famille bien dissimulé et apprentissage du pardon…Gilles nous offre un panorama riche en émotions mais un détail me dérange. Alors que le bourreau de Martial garde un silence de plomb quant à ses motivations, j’ai trouvé les parents d’Axelle étrangement fermés : ils ne se posent aucune question et semblent fermer les yeux. Bastien a assassiné leur fils de sang-froid et il semble flotter un parfum d’ignorance : ils ne cherchent pas à savoir, trop occupés à gérer leur douleur et leur deuil. Un texte qui aurait mérité plus de pages :/ Une écriture parfaite néanmoins mais je pense avec sincérité que Gilles Abier traite mieux les sujets graves avec l’humour qu’on lui connait.

Je sais que tu sais, Gilles Abier (Talents Hauts)
collection Ego
disponible depuis le 18 février 2016
9782362661426 – 8€
à partir de 13 ans
Discussion
4

Un jour il m’arrivera un truc extraordinaire – Gilles Abier

Avec trois parutions cette année, 2016 semble être importante pour Monsieur Abier. Celle de nouveaux succès ? On l’espère. En plus de son *très formidable* roman publié chez La Joie de Lire, on attend avec impatience Je sais que tu sais, un petit nouveau de la collection Ego chez Talents Hauts le 18 février, puis Violon dingue un Petite Poche chez Thierry Magnier en mai. Mais pour l’heure, on vous présente celui qui est déjà sorti des cartons.

9782889083046,0-3014538

Élias vit avec sa mère, Franck Garny, son beau-père et Choucroute, la chat de celui-ci. Enfant prématuré, il a toujours été petit pour son âge, particulièrement pâle et chétif. Malgré cela, Élias est persuadé qu’il est destiné à faire des choses extraordinaires. Un jour, ça le frappe : il va voler. Mais quand il commence à perdre ses doigts de pieds au profit de pattes d’oiseaux et que son nez s’allonge en bec, il n’est plus si sûr de vouloir voler…

L’avis extraordinaire de Jean-Michel

★★★★★

Comment fait-on pour écrire un roman si ensorcelant ? A la lecture de deux phrases la magie opère : les rires fusent, on aimerait retenir chacune des répliques d’Elias, la curiosité est éveillée et la fin si inattendue que le roman en devient extraordinaire. Élias aurait pu être mon meilleur pote : il adore le gratin dauphinois, Matilde et Milo sont ses meilleurs amis et je trouve que ce sont 2 des plus beaux prénoms qui existent. Surtout, il a cette capacité à utiliser la dérision comme moyen d’auto-défense : ses tortionnaires, Guillaume et Farid, sont respectivement surnommés par notre super-héros « Gratte-cul » toujours à fouiller son entre-fesses et « Deux grammes » tel le poids de son cerveau. Un héros chétif certes, mais il va en conquérir, des cœurs de lecteurs ! Comme le mentionne Bob un peu plus bas : il est difficile de ne pas spolier le livre, nous omettons des détails volontairement pour ne pas vous mettre la puce à l’oreille, vous laisser la part belle à cette découverte surprenante, cette fin intrigante qui mériterait d’être discutée.

D’autres trucs de Bob

★★★★☆

Quand il n’écrit pas de belles histoires poétiques à destination des plus jeunes, Gilles Abier est particulièrement doué pour nous trimballer là où on ne s’y attend pas grâce à des chutes surprenantes (je pense notamment à Un de perdu qui m’avait particulièrement frappée). Du coup, ça va être vachement dur de vous parler de ce roman sans rien vous révéler car je ne m’attendais vraiment pas à cette fin et, rien qu’en vous disant cela, c’est limite si je ne vous spolie pas un peu.
Je vais donc me contenter de vous dire que les personnages inventés par Gilles Abier sont réellement attachants, j’ai beaucoup apprécié l’humour très différent et très particulier de chacun, Élias le premier. On est clairement intrigué par cette drôle de chose qui arrive à Élias, cette transformation physique qu’il semble être le seul à constater mais que ses meilleurs amis acceptent avec une facilité délirante. J’ai trouvé l’écriture de Gilles Abier vraiment très fine et humoristique, d’autant plus déconcertante quand on arrive à cette fin qui non seulement nous « choque » mais nous donne envie de recommencer le livre pour repérer les endroits où l’on a rien vu venir… Bien joué, monsieur Abier.

Un jour il m’arrivera un truc extraordinaire, Gilles Abier, couverture illustrée par Séverin Millet (La Joie de lire)
collection Encrage
disponible depuis le 21 janvier 2016
9782889083046 – 14€
à partir de 13 ans
Son
1

Konnichiwa, Martin ! Salut, Hikaru ! – Antoine Dole et Gilles Abier

Le maître d’Hikaru a proposé à ses élèves de correspondre avec d’autres écoliers. Quand tous ses camarades ont choisi d’envoyer une lettre à un autre enfant au Japon, Hikaru a eu envie d’en envoyer une à un élève en France… Là-bas, c’est la maîtresse de Martin qui fait une surprise à ses élèves : chacun a reçu un courrier d’un enfant d’un autre pays…

9782812608520,0-2559767 003387471

★★★★☆

Le thème de la correspondance ce prête merveilleusement bien à ce nouveau titre de la collection Boomerang qui se lit d’un côté et de l’autre sans préférence. D’autant plus quand les histoires sont confiées à deux auteurs différents, qui sont pourtant très complémentaires. Leur écriture à tous les deux est vraiment magnifique, pleine de poésie, ce qui donne une atmosphère presque magique à cet échange entre deux enfants qui se demandent bien ce que l’on peut raconter à quelqu’un qu’on ne connaît pas.

J’ai commencé par l’histoire d’Hikaru, petite fille japonaise qui vit avec toute sa famille et notamment une grand-mère qui fut grande violoniste et voyagea partout dans le monde, y compris en France. Ce qui a lancé l’intérêt d’Hikaru à écrire à un enfant français. Mais que lui dire ? Lui parler des traditions japonaises, lui propose son père ? Comment on mange au Japon, lui propose sa sœur ? Ou alors d’un souvenir qui lui tient à cœur, du sourire de sa grand-mère… De son côté, Martin n’est tout d’abord pas particulièrement enthousiasmé par le fait de recevoir du courrier, surtout quand le sien est écrit en japonais alors que tous les autres ont eu des lettres en français ! Et, d’abord, Hikaru, c’est un prénom de fille ou de garçon ? Il lui faudra un petit peu de temps pour apprécier toute la beauté de l’écriture japonaise, qui va passer de « gribouillis » à des « mots [qui sont] des paysages »…

Heureusement, la langue du sourire est un langage universel et il n’en faudra pas plus pour lier ces deux enfants que des milliers de kilomètres séparent et qui se sont trouvés par hasard… Un très beau petit roman, dont les couvertures sont en plus très belles, qui invite au voyage et aux rencontres inattendues. 😀

Konnichiwa, Martin ! Salut, Hikaru !, Antoine Dole et Gilles Abier (Rouergue)
collection Boomerang
en librairie depuis le 8 avril 2015
9782812608520 – 6 €
à partir de 8 ans