Clémentine Beauvais – mars 2015

Dans le cadre du Blog tour organisé par l’éditeur Sarbacane, nous avons eu la chance de pouvoir poser des questions à Clémentine Beauvais sur ses deux nouvelles sorties dans les collections Pépix et Exprim’. 🙂

Beauvais Clémentine

Mais avant toute chose, peut-être voudriez-vous savoir qui est cette belle jeune femme au prénom aussi charmant que ses longs cheveux blonds ? (Oui, Bob et Jean-Michel sont tombés amoureux) Eh bien, Clémentine Beauvais est non seulement auteure jeunesse, mais également chercheuse à l’université de Cambridge (classe, non ?). Elle vit en Angleterre et, de fait, écrit également quelques histoires pour les petits anglais. Si vous voulez tout connaître d’elle, on vous conseille :
* Son site internet ;
* Son blog.
Et maintenant, place aux réponses de Clémentine qui, en plus d’être belle et talentueuse, est super drôle ! C’est qu’on serait presque jaloux ! 😛

Carambol’ange

Pour lire le résumé et notre avis, c’est par ici !

Il y a beaucoup de références très diverses dans ce roman (de Conan Doyle à Sharknado), elles te sont venues avant l’écriture ou pendant ?
Celle de Sharknado, elle me vient seulement maintenant, parce que je n’y avais absolument pas pensé ! Mais ça doit être un plagiat inconscient, parce qu’en effet j’avais vu le trailer à l’époque. Les références, en général, me viennent au fur et à mesure, mais pour Conan Doyle c’était prémédité, car l’intrigue le justifie. Ces clins d’œil n’ont pas une importance énorme, mais c’est toujours sympa quand des lecteurs s’en aperçoivent.

D’ailleurs, tu peux nous le dire mais le petit clin d’œil à Pépix, avoue, c’est Tibo Bérard (directeur de la collection Pépix chez Sarbacane) qui t’a obligée ? Nous ferons valoir tes droits.
Pas du tout, c’est une tentative entièrement intentionnelle de grosse flatterie éhontée. Echec total cependant, car ça n’a rien changé à la taille de mon avance.

Ta grand-mère est-elle aussi kick-ass que Mamie Paulette ?
Physiquement, pas tout à fait, mais mentalement, elle kicke tous les ass que tu peux imaginer. Elle a la même canne aussi, violette avec des fleurs. C’est moi qui la lui ai offerte. A un moment la canne a disparu pendant plusieurs jours, ma grand-mère était convaincue que quelqu’un la lui avait volée, et en fait elle l’avait juste posée derrière un rideau. Donc c’est à peu près le même registre question mystère, drame et courses-poursuites dans la vie réelle.

Sinon, tu connais le jeu de rôle INS/MV ? Parce que ton livre y fait beaucoup penser par certains côtés. Comment t’es venue l’idée de cette histoire ? Tu penses qu’il y aura d’autres aventures de Nel ?
C’est la première fois que j’entends parler de ce jeu, mais l’ayant wikipédié je m’aperçois qu’en effet il y a de frappantes similitudes. A mon avis les muses de l’inspiration sont à court d’imagination, et n’arrêtent pas de suggérer les mêmes idées aux humains. Quelles flemmardes celles-là. C’est possible qu’il y ait d’autres aventures de Nel, si de nombreux démons, enfin je veux dire de nombreux enfants, aiment assez celle-ci. Je consulterai quotidiennement des entrailles de volatiles pour tenter d’y déchiffrer les chiffres de vente.

Les Petites reines

Pour lire le résumé et notre avis, c’est par ici !

Les petites reines est un road-trip complètement loufoque et déjanté et c’est vrai qu’on se marre comme des baleines à longueur de chapitres. Pourtant, il y a des messages très forts dans ce roman qui incitent à la réflexion (le rapport à la beauté et au regard des autres, aux réseaux sociaux, le féminisme, etc.). C’était important pour toi d’utiliser l’humour pour en parler et faire réfléchir ?
Il y a plusieurs moyens de parler de sujets sérieux, et l’humour est l’un d’entre eux, mais ce n’est pas le seul. Mes deux premiers romans ado ont un ton beaucoup plus grave. Une constante, cependant, c’est les narrateurs non fiables – aucun de mes narrateurs dans mes romans ado, de La pouilleuse aux Petites reines, ne dit entièrement la vérité. C’est peut-être ça, l’ironie et la distance narrative, qui permet de parler de sujets difficiles, plutôt que l’humour ou le sérieux en eux-mêmes. Après, bon, j’adore les blagues surtout nulles, je suis une inconditionnelle des journaux, des blogs ou des émissions satiriques, et une grande lectrice de cartoons et de comédies. J’ai souvent du mal à ne pas blaguer quand je parle de sujets sérieux. L’humour peut aussi être un moyen de ne pas se livrer du tout.

Le roman a beaucoup résonné chez Bob et Jean-Michel parce que comme les personnages on avait de l’acné, Bob a fait aussi partie d’un classement de beauté en classe de 5e et Jean-Michel était complexé par sa taille au même âge. Est-ce que c’est quelque chose que tu as vécu toi aussi durant ta scolarité ?
Comme je compatis, Bob et Jean-Michel ! Je garde de mon adolescence des souvenirs presque totalement négatifs. J’étais bouboulissime mais plate comme une planche à pizza (=la loose totale), avec des cheveux filasse marronnasse, et j’étais convaincue que j’étais la reine du style en salopette et baskets en quatrième. J’avais le rougissement activé en permanence, et je ne me suis pas baignée en public de toute mon adolescence. J’avais l’impression que mon espiègle esprit et ma lumineuse intelligence étaient harnachés à un rhinocéros ventru et plein de plis qu’ils devaient se traîner en permanence : mon corps. Je me rappelle, il y avait toujours deux ou trois filles et garçons au collège/lycée qui voletaient à trente centimètres du sol, graciles et bronzés comme des S Club 7. A mon avis en fait ces gens-là sont des hologrammes générés par les aliens.

On a remarqué qu’il y avait une présidente et plein de mairesses dans ton livre. Il se déroule en quelle année ? On aimerait tant que cela se produise 🙂
Oui, c’est vrai, Les petites reines est une utopie sociopolitique radicale où non seulement il y a une présidente de la République, mais en plus ce n’est pas une superwoman mais une présidente normale avec une politique étrangère à pleurer. Donc on en est au stade où des femmes peuvent être élues en étant tout à fait aussi médiocres que les hommes. C’est un roman plein d’espoir de ce point de vue-là, et je comprends qu’on puisse le trouver irréaliste.

On a remarqué aussi que l’onomatopée est très présente dans ton roman (clic, zmoutch, splouf-plaf, de-rrring, slam la porte, splaf la baffe…). C’était pour théâtraliser l’ensemble ou tu les aimes tellement que tu n’as pas pu t’empêcher d’en mettre partout ? bim la question.
Tu dis ‘splouf-plaf’ et t’as pas besoin de dire ‘Le golden retriever se hissa sur le lit et se laissa tomber dessus, produisant le son caractéristique consécutif à l’étalage d’une grande quantité de muscle poilu rencontrant la surface d’un duvet rempli de plumes’. Si Proust avait utilisé un peu plus d’onomatopées, il aurait pu faire quelques coupes. ‘Slurp !!!’ pour remplacer tout le passage de la madeleine. ‘Zmoutch’ pour le passage du baiser de maman. ‘Glurb !’ pour le petit pan de mur jaune.

Questions diverses

Ton écriture est fraîche et énergique et ça marche aussi bien pour les plus jeunes que pour les ados. Tu te sens bien dans tous les genres (tu as aussi écrit des albums, contes…) et tous les styles ou tu as quand même une préférence ?
Pas de préférence, plutôt des bonheurs divers. Il n’y a rien de plus jouissif qu’ouvrir un carton d’exemplaires auteur quand c’est un album illustré. Les visites scolaires sont particulièrement géniales en école primaire. Les romans ado permettent de se pencher en profondeur sur des tas de questions intéressantes. C’est donc plein de plaisirs différents. Il y a des livres qui sont plus agréables que d’autres à écrire, mais ma liste de préférés de ce côté-là n’a aucune cohérence en termes de style, de genre ou d’âge.

On a vu que tu étais chercheuse à l’université et que tu avais notamment un doctorat en littérature jeunesse. Est-ce que ça t’a particulièrement aidé pour écrire des histoires ? Ou alors pas du tout et tu aurais pu faire de la plomberie que c’était pareil ?
J’ai toujours voulu être institutrice, et puis finalement l’université m’a capturée avec ses grands tentacules. J’ai étudié la littérature jeunesse par intérêt pour ce type de littérature, mais j’écrivais déjà à l’époque. Ca m’a énormément aidée, en grande partie parce que j’ai dû lire et apprendre à analyser de très grandes quantités de livres pour enfants de toutes périodes, de tous pays et de tous les genres. Mais au début j’ai eu un grand passage à vide parce que toute cette théorisation me glaçait. Overdose de décorticage, de règles, de critique, etc. Il faut un peu apprendre à avoir deux personnalités distinctes sinon un boulot bouffe l’autre.

Tu as publié également des livres en anglais, puisque tu as fait tes études et vis maintenant en Angleterre. Comment choisis-tu les histoires que tu vas écrire en français ou en anglais ?
Sans trop de difficultés, parce que les deux marchés n’ont pas les mêmes exigences. Mes romans ado sont impubliables en Angleterre : ce n’est pas le genre de ton, ni de critique sociale, que le marché anglo-saxon privilégie. Pareil pour les livres pour les plus petits. La louve a terrifié les éditeurs anglais. Ils trouvent qu’on est trop sombres, nous les Français, on fait peur aux petits zenfants. D’ailleurs ils ne connaissent pas Barbe-Bleue, et hurleraient si on essayait de le raconter à leurs gamins, alors que c’est quand même le pays qui a donné au monde Henry VIII.

Tu préfères Bob ou Jean-Michel ? schbaf la question. 🙂
Ecoute, Jean-Mi, je t’adore, mais il n’y a rien au monde que j’aime autant que Rowan Atkinson disant ‘Bob’ dans la saison 2 de la série anglaise Blackadder, donc j’ai un faible pour tout porteur de ce prénom. Cadeau :

Sa bibliographie

* Samiha et les fantômes – Talents Hauts, 2010 (Album – 9782916238777)
* Les petites filles top-modèles – Talents Hauts, 2010 (Roman jeunesse – 9782916238807)
* La plume de Marie – Talents Hauts, 2011 (Roman jeunesse – 9782362660276)
* La pouilleuse – Sarbacane, 2012 (Roman ado – 9782848655383)
* Comme des images – Sarbacane, 2014 (Roman ado – 9782848656601)
* La louve – Alice jeunesse, 2014 (Conte – 9782874262135)
* Lettres de mon hélicoptêtre – Sarbacane, 2015 (Album – 9782848657523)

Bob et Jean-Michel remercient beaucoup beaucoup beaucoup Clémentine Beauvais d’avoir répondu à leurs questions, et toute l’équipe de Sarbacane pour cette très belle opportunité. 😀

Le blog tour

Nous n’étions pas les seuls à avoir la chance de poser nos questions à Clémentine Beauvais et, pour en découvrir encore plus sur elle, on vous propose de découvrir les interviews des autres blogueurs :
* Les lectures de Marinette
* Chez Gaëlle la libraire
* Le Souffle des Mots

One thought on “Clémentine Beauvais – mars 2015

  1. Pingback: Clémentine Beauvais #1 - Interview - Chez Gaëlle la libraire!Chez Gaëlle la libraire!

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