La vie de Laure est en enfer depuis qu’au collège, une bande de filles ont fait d’elle leur cible préférée. Injures, bousculades, railleries, menaces à répétition…le quotidien de l’adolescente se dégrade également à la maison. Comment réagir face à ses tortionnaires ? Ahmed Kalouaz, à travers le regard de Laure, nous offre une perspective puissante et intelligente sur le harcèlement.
Jean-Michel, vit un enfer avec un morse
★★★☆☆
Ahmed Kalouaz nous enferme avec subtilité dans la tête de Laure, si bien que son mal-être devient pesant. Ce roman est un appel au secours, décrit les peurs d’une jeune fille, montre une confiance en soi tout juste naissance qui se recroqueville en position fœtale face aux injures quotidiennes. Mais l’auteur nous prouve également qu’il est possible de sortir du silence du harcèlement par plusieurs moyens : la dénonciation (CPE, famille…), par le biais d’associations (Stop Harcèlement notamment), la confrontation avec ses bourreaux…Un livre que je juge utile. Ahmed Kalouaz emploie des phrases justes qui expliquent avec perspicacité les conséquences de ces violences morales qui n’influencent pas seulement les bulletins scolaires mais aussi le quotidien familial (les disputes, l’alimentation, la solitude) et reste surtout une obstruction à la construction de soi. Des notions habilement expliquées : le concept de « tyran » et de « bouc émissaire » au collège par exemple. J’ai trouvé l’écriture brillante, concise et pondérée. La souffrance de Laure est palpable on la ressent vibrer à chaque page. Un petit détail néanmoins : j’ai trouvé que cette jeune fille était d’une sagacité étonnante pour son âge mais j’ai choisi d’en faire abstraction pour mieux me concentrer sur sa peine et les messages forts et justes d’Ahmed Kalouaz.
Bob, harcelé par un ornithorynque
★☆☆☆☆
C’est sans doute la première fois : gros désaccord avec Jean-Michel ! J’avais beaucoup aimé les précédents romans d’Ahmed Kalouaz et je dois dire que j’ai été vraiment déçue par celui-ci. Je ne suis pas parvenue à m’attacher à Laure et à sa douleur, même si j’ai trouvé le traitement du harcèlement différent de ce que j’ai pu lire dernièrement, notamment dans le fait que cette violence passe par l’invisible, les regards, pas forcément la violence physique ou même verbale (ou, en tous cas, Laure ne le dit pas). J’ai regretté également que les rares amis de Laure ne soient pas plus présents, on évoque leurs noms mais sans plus…tout comme ses tortionnaires, finalement. Mais je crois que ce qui m’a le plus déplu, déçu, c’est l’écriture, et notamment les dialogues que j’ai trouvé particulièrement irréalistes (voire surréalistes). Laure, victime (d’une bande de filles), est amie avec Léo, bourreau (qui cogne des mecs). Si cela peut paraître étonnant, leurs conversations le sont d’autant plus car elles tournent toutes ouvertement autour du harcèlement, de la « philosophie » surprenante de Léo sur le sujet, donnant ainsi une sensation étrange que les deux personnages flottent au-dessus de la réalité. Je pense que nous avons tous à un moment donné été victimes d’une forme ou d’une autre de harcèlement à l’école mais, clairement, je ne me suis pas retrouvée du tout dans cette évocation. Déçue je suis ! 🙁
collection DoAdo
disponible depuis le
9782812609954 – 9,20€
Je suis du côté de Jean-Michel (désolée Bob :/)! Je trouve que l’ambiance du roman est fantastique, car l’état de Laure est particulièrement bien décrit. La tension est palpable! C’est une lecture particulière et intéressante!
Ohlala, c’est fou comme on ne ressent pas du tout la même chose sur un même livre ! Je n’ai pas trouvé la tension dont tu parles, soit je suis passée totalement à côté, soit j’ai un cœur de pierre… :p
Merci pour ton avis, en tous cas, je suis très curieuse d’en avoir d’autres (différents ou pas), du coup ! 😀
Je suis plutôt du côté de Jean-Michel. J’ai beaucoup aimé la façon dont les adultes sont décrits, ou du moins perçus par Laure. Leur regard, aveugle, fait également des ravages.
Merci pour ce nouvel avis ! 😀 En effet, le rôle des adultes est plutôt bien décrit, je ne l’avais pas évoqué tant le reste m’avait gênée…
Bob, je me rallie à tes côtés. Ce roman m’a paru complètement désincarné. Ça ressemble à un travail de commande. Les échanges entre ados sonnent faux. Ils sont aberrants entre Laure et Léo, un jeune harceleur qui sait si bien prendre du recul sur sa pratique, et très didactiques avec Eric qui glisse incidemment le numéro de « stop harcèlement » dans la conversation.
Les adultes sont en dessous de tout. Les parents de Laure se rendent compte que leur fille unique sèche les cours, que ses notes chutent mais la laissent tranquillement couler. Quant aux profs, ils se contentent de mettre des notes sans s’occuper du malêtre de leurs élèves, tandis que les CPE attendent que ça passe.
Le harcèlement scolaire est un fléau et il faut le dénoncer c’est certain, mis à part ça, ce texte est tout à fait dispensable.
Merci beaucoup pour cet avis, je suis « contente » de ne plus être seule à penser ainsi sur ce roman et je crois que ce sont aussi et surtout les dialogues improbables entre Laure et Léo qui m’ont le plus marqué !
Clairement pas une référence sur le sujet du harcèlement, je suis d’accord !
Je suis tout à fait d’accord ! le thème est évidemment louable, mais l’auteur semble ne pas avoir mis les pieds dans un collège (où a-t-il vu que les élèves peuvent se dispenser de la cantine pour aller au bistro du coin?) A moi aussi les dialogues ont paru complètement artificiels. Mais le pire, c’est l’attitude des adultes ! La CPE qui ne connaît pas le nom des élèves, qui semble ignorer la présence d’un jeune syrien dans l’établissement, les professeurs qui ne savent que coller des sales notes, le père qui vit dans les étoiles… tout cela fait vraiment roman de commande hors sol.