Après l’excellent Swing à Berlin, Christophe Lambert s’intéresse à nouveau à l’art pendant la Seconde Guerre mondiale. Comme l’auteur l’explique dans sa postface, nombreux sont les lecteurs à lui avoir demandé s’il y aurait une suite à l’histoire de ses jeunes musiciens de jazz jouant pour le régime nazi. Ce n’était évidemment pas possible, alors l’auteur a pensé à une autre histoire, qu’il avait déjà repérée lors de ses recherches pour ce précédent roman…
Novembre 1943. Victor Steiner, célèbre dramaturge juif, est arrêté et déporté. Il est envoyé à Terezin, en Tchécoslovaquie, un camp qui ressemble à une petite ville, où il va se découvrir un fan : un officier SS qui va lui commander une pièce. Car la Croix-Rouge envoie une délégation pour contrôler le traitement des prisonniers et il faudra les divertir. Mais écrire sous la contrainte, et en plus pour les Nazis, Steiner s’y refuse. Mais il n’a évidemment pas le choix…
★★★★★
Si l’on connaît déjà un certain nombre de romans évoquant les camps de concentration, on connaît peut-être moins celui de Terezin. Il était notamment réservé aux Juifs célèbres, que les disparitions soudaines auraient sans doute alertés. Même s’il était un camp comme les autres, les Nazis le présentèrent au monde comme un modèle de colonie juive, une ville factice. C’est dans cet environnement que va évoluer Victor Steiner, célèbre homme de théâtre français. Après la déportation et la terreur des premiers jours, Steiner va obtenir un semblant de liberté et quelques privilèges lorsque Waltz, un officier nazi, lui demande d’écrire une pièce pour la visite de la Croix-Rouge. Très vite, Steiner va ravaler sa fierté d’auteur libre et se consacrer à l’écriture sous la contrainte car il n’y a pas que son art en jeu, mais aussi la véritable liberté que la Résistance planifie pour la représentation…
Encore une fois, Christophe Lambert nous plonge dans un pan de l’Histoire avec beaucoup de talent. Son écriture, fine et fluide, nous offre un roman haletant malgré le contexte terrible. On y retrouve l’importance de l’art, et notamment du théâtre, pour des personnages à qui il ne semble rester que la misère et la peur. J’ai beaucoup aimé la réflexion sur l’écriture, la contrainte et l’inspiration. Mais j’ai surtout aimé cet hommage vibrant, comme il le fit dans son précédent roman, que Christophe Lambert rend à l’art, l’amitié, la liberté. Et puisqu’il est question de théâtre, il est important de souligner la présence de la pièce écrite par le personnage principal, Victor Steiner, à la toute fin du roman. Une jolie mise en abyme, qui nous montre aussi le talent de Christophe Lambert pour l’écriture en alexandrins. 🙂 Un roman extrêmement bien documenté, qui fait également la part belle à l’aventure et l’émotion. Magnifique !
Lever de rideau sur Terezin, Christophe Lambert (Bayard jeunesse)
disponible depuis le 27 août 2015
9782747056830 – 14,90€
à partir de 13 ans