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Soixante-douze heures – Marie-Sophie Vermot

9791035201357,0-4694228

72 heures. C’est le temps dont dispose Irène, 17 ans, qui vient d’accoucher d’un petit garçon, pour revenir sur la décision qu’elle a prise depuis le jour où elle s’est rendu compte de sa grossesse. Elle accouchera sous X. Dans sa chambre d’hôpital, en attendant de sortir et de signer les papiers qui permettront à son enfant d’être adopté, Irène repense à ces derniers mois de sa vie, qui a révélé et changé beaucoup de choses autour d’elle…

★★★★★

Irène est une jeune fille discrète, bonne élève, qu’on ne remarque pas tellement mais qu’on imagine mal faire une « erreur ». Mais un jour, chez sa grand-mère, Irène rencontre un voisin, Alban, un garçon qui aime cette maigreur qu’on lui reproche et la fait se sentir désirable. Ils font l’amour, sans réellement se poser de questions, mus par le désir – et oubliant de se protéger. C’était la première fois pour Irène et, comble de malchance, elle tombe enceinte ! Alors qu’elle sent l’enfant grandir en elle, Irène prend une décision. Elle n’avortera pas, elle mènera sa grossesse à son terme et accouchera sous X. Une annonce à la famille de son état, puis sa décision, chamboulent tout dans la vie d’Irène. Et alors que l’adolescente vient tout juste d’expulser le bébé de son corps, alors qu’elle se remet doucement de cette expérience sur son lit d’hôpital, alors qu’elle attend impatiemment la fin des 72 heures qui marqueront l’abandon de son enfant, elle nous raconte comment cet événement a fait exploser les barrières autour d’elle.

Sur le thème de la maternité et de la grossesse adolescente, Marie-Sophie Vermot nous livre un portrait bouleversant de cette jeune fille dont la décision pourtant bien claire pour elle est sans cesse remise en cause par les autres. Le récit se déroule sur les 72 heures où Irène est à l’hôpital, attendant de poser un point final à son accouchement sous X et l’on se laisse totalement emporter par le flot de ses souvenirs, de ses impressions, de ses découvertes sur sa famille qui n’ont fait que renforcer sa décision, et sur cet amour qu’elle porte malgré tout à cet enfant qui a grandi en elle. Une alternance entre l’avant et le maintenant qui fonctionne parfaitement, qui semble parfois semer le doute dans l’esprit de la jeune fille, et qui explique sa décision. Les réflexions sur le désir, sur la réputation d’une grossesse adolescente, sur l’abandon, sur la famille, sont particulièrement subtiles et j’ai également beaucoup aimé cette description de l’accouchement, un événement qui passe souvent bien vite dans les histoires, et qui nous est raconté ici dans ce qu’il a de plus cru.
Un roman magnifique, une écriture sensible et intime sur un sujet peut-être souvent déjà abordé mais raconté ici avec intelligence, sans jugement. Saluons enfin la très jolie illustration de couverture d’Édith Carron, en parfaite adéquation avec le contenu du roman, et le ressenti de lecture. Un très très beau livre. ❤

Soixante-douze heures, Marie-Sophie Vermot (Thierry Magnier)
disponible depuis le 14 février 2018
9791035201357 – 13€
à partir de 14 ans

5 thoughts on “Soixante-douze heures – Marie-Sophie Vermot

  1. Voilà, voilà typiquement le genre de roman que j’aimerai lire, que je trouve important, voire indispensable. Mais que je suis actuellement vraiment incapable d’ouvrir. Vraiment. Physiquement. Et sans aucun jugement. Parce que je me prends toutes ces émotions dans la gueule, que je me mets moi dans cette situation où j’aurais dû abandonner ma fille et comment j’aurai réagi et tout mon corps et tout mon esprit se mobilisent « contre » ces lectures. Je ne peux tout simplement plus lire ce genre de livre. Bizarre einh ?

    • Non, je ne trouve pas ça bizarre. Je pense que c’est totalement normal et compréhensible. Et d’autant plus que n’ayant jamais vécu de grossesse, je peux éventuellement me projeter, m’interroger sur ce que je ferais ou pas, mais sans doute pas être autant touchée que quelqu’un qui sait.
      C’était d’ailleurs super intéressant de vous lire toutes les deux sur la (re)lecture en tant que mère.

  2. J’ai aimé la subtilité de l’écriture et la force de ce personnage principal déterminé à faire respecter sa décision coute que coute.
    J’ai aimé que la raison de choisir de mener à bien cette grossesse ne dépende pas d’une raison religieuse à la con. Ah oui ça j’ai vraiment aimé !
    J’ai aimé cette fin qui ouvre une perspective de fuite salvatrice car le retour de la narratrice dans sa famille était à coup sur plombée.
    J’ai aimé aussi le magnifique dessin de couverture si symbolique.
    Waouh ! Bravo !

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