Un matin, sur le chemin du collège, Anthony et Tony délaissent leurs sacs de cours et se mettent à courir. Comme ça, pour s’amuser, pour savoir qui va le plus vite…et puis, arrivés au bout du parking, ils ont continué. Tout droit, ils ont continué à courir. Sans se poser de question, sans savoir où aller. Un simple marathon, une course pour laisser derrière eux leurs soucis…
★★★★☆
Un roman qui se lit comme la course de nos deux jeunes héros : sans s’arrêter, sans jamais perdre haleine. Raconté par Antoine, l’histoire débute comme la simple évocation d’une amitié. Une amitié qui lie ces deux garçons aux prénoms similaires pas seulement à cause de ça mais aussi car ils ont tous les deux quelque chose qui leur pèse. Un avis d’expulsion pour Tony, dont la famille ukrainienne va devoir quitter le territoire français, un père à la main lourde pour Antoine. Sont-ce là les raisons qui les ont poussés à se mettre à courir, un jour, comme ça ? Pour Antoine, ces raisons intimes sont venues plus tard. Au début, il ne s’agissait que d’un jeu, de quelque chose qui n’était pas prémédité. Et puis, en courant, les raisons sont apparues, les pensées ont eu le temps de se frayer un chemin dans l’esprit du jeune homme.
Aussi loin que possible pourrait être le slogan d’Antoine et Tony dans cette course qui paraît d’abord comme une fugue pour leurs familles avant d’être médiatisée et vue par la presse comme la volonté d’agir sur ce qui ne va pas dans leur vie ou, du moins, dans celle de Tony et de l’éviction de sa famille. Une course qui devient alors politique et sociale quand elle n’a commencé que par un défi entre amis. C’est sans doute là toute la beauté de ce texte qui, avec beaucoup de finesse, nous fait entrer dans les réflexions d’un garçon de 13 ou 14 ans qui, au fil de son odyssée, développe une analyse de son environnement, des gens qu’il croise, de notre société consumériste. Ce n’est pas le cœur du roman, mais j’ai trouvé les réflexions d’Antoine belles et pertinentes, l’écriture d’Eric Pessan est vraiment remarquable.
Aussi loin que possible est un roman sans doute singulier mais qui fait avant tout la part belle à une grande amitié entre deux adolescents et porte en lui un beau message d’encouragement et d’espoir.
Aussi loin que possible, Éric Pessan (Ecole des Loisirs)
collection Médium
disponible le 30 septembre 2015
9782211108317 – 13€
à partir de 14 ans
Je crois vivre dans la même ville que l’auteur, et du coup c’était génial parce que j’avais quelques images en tête en suivant ces deux garçons, je voyais quel pouvait être leur périple et puis je les ai perdu, et c’était bien aussi 🙂
Je crois avoir retenu ma respiration tout le livre tant le rythme était à la hauteur de leur course, mais vraiment j’ai adoré cette façon de grandir par une transgression mêlée au dépassement de soi. Ce roman bien que court, heureusement pour les deux garçons, est tellement un concentré d’émotions, que ces deux jeunes deviennent nos enfants en quelques pages, et on a envie d’être de ceux qui les accueillent à leur arrivée. Joli pari, belle performance.
nb : la couverture est pas très ajustée par contre, enfin je ne crois pas.
L’expérience de lecture devait être effectivement géniale avec ces images des endroits traversés. 😀
Pour la couverture, j’étais un peu sceptique aussi, au début, et puis je trouve qu’elle semble mettre l’accent sur l’amitié entre deux garçons, ce qui est aussi au cœur du roman. Mais c’est vrai qu’avec les logos sur les survet’, ça me faisait plus penser à des gosses des quartiers américains (avec en tête les images de « The Wire »). On se pose quand même souvent la question de la couverture sur les derniers romans à l’école des loisirs (en tous cas pour les Médium), ce serait sans doute intéressant de poser la questions aux auteurs ou aux éditeurs…on essayera de le faire à Montreuil ! :p