Une magnifique couverture brodée, un roman qui aborde les attentats de 2015 et une histoire d’amour en parallèle… C’est le nouveau roman d’Arnaud Cathrine.
Caumes à 17 ans et ce soir de janvier où il fête son anniversaire semble être le grand soir : Esther, la fille qui le fait vibrer, se rapproche de lui et l’embrasse. Le lendemain, en cours, il reçoit un texto de son frère qui travaille à Paris. « Putain, Charlie ». Caumes croyait qu’il s’était trompé de destinataire…jusqu’à ce que les nouvelles se répandent dans le lycée…
★★★★☆
Une semaine dans la vie de Caumes. C’est le temps que dure le roman, c’est le temps qu’il faut à Arnaud Cathrine pour nous interroger sur l’avenir et les pensées d’un adolescent en plein milieu du drame qui a frappé la France en janvier 2015 et qui a changé pas mal de choses dans nos vies. Tout commençait bien pour Caumes : le jour de son anniversaire, il se fait embrasser à pleine bouche par Esther. Enfin. Le retour à la réalité du lendemain est difficile. Il faut émerger de la fête bien arrosée et, surtout, se souvenir du goût du baiser. Quand l’attentat de Charlie Hebdo survient, le changement est perceptible chez Caumes et tous ses camarades. Il y a ceux qui ont des proches à Paris, ceux dont les idées politiques les amène à dire n’importe quoi, ceux qui n’y comprennent rien, et ceux qui doivent aussi se demander comment être amoureux, être plein de désir pour une fille tout en vivant cette période étrange…
Quand j’ai commencé à lire le roman, que j’ai avancé dans l’histoire, je me suis longuement demandé si j’aimais ou non ce que je lisais. C’était un sentiment bizarre et, une fois refermé, je n’avais toujours aucune idée de ce que j’en pensais. Et après m’être laissé le temps de la réflexion, j’ai fini par comprendre que oui, j’avais aimé. J’ai aimé parce Arnaud Cathrine a su parfaitement mêler le roman d’amour et le roman d’actualité et, surtout, parce qu’il l’a fait d’une manière que je trouve la plus réussie jusqu’à présent après avoir lu pas mal de texte abordant les attentats (de janvier ou novembre 2015). Et cette réussite, c’est celle du personnage de Caumes, un garçon qui vit le truc le plus beau de sa vie et qui doit composer avec des événements qui le touchent, certes, mais peut-être pas autant que d’autres, parce qu’il ne comprend pas bien ce qui se passe – s’est passé – ou parce qu’il ne connaît pas grand-monde sur Paris (même si son frère bosse pour un journal là-bas et qu’ils s’inquiète, bien sûr) ou tout un tas d’autres raisons. J’ai trouvé Caumes et les personnages du roman finalement très proches de nous, vraiment très proches de la plupart de la population : ceux qui se sont révoltés aussitôt, ceux qui n’ont pas réalisé, ceux qui ont été profondément affecté, ceux qui connaissaient quelqu’un, ceux qui se sont révélés être des connards et ceux qui ont été touché mais qui devaient ou voulaient continuer à vivre…
Voilà. A la place du cœur, c’est un roman juste, sincère, cru et une belle réflexion sur la vie et l’amour malgré la mort et l’horreur. Et je suis bien curieuse de savoir ce qui nous attend dans la suite, puisqu’il s’agit de la « saison 1 »… et de connaître votre avis si vous l’avez déjà lu !
collection R
disponible le
9782221193334 – 16€
Je suis en train de le lire et j’en suis à la moitié. Je suis aussi dans ce flottement entre j’aime/j’aime pas. J’aime beaucoup le mélange entre l’histoire d’amour que vit Caumes et la description, très réaliste, des événements du 7 janvier 2015 avec toutes les réactions qu’on imagine derrière. Mais j’ai un peu plus de mal avec l’écriture parfois très cru d’Arnaud Catherine notamment lorsqu’il aborde la sexualité de son personnage, ça revient un peu trop fréquemment et même si c’est évidemment pour être au plus proche des pensées d’un ado de 17 ans, ça me lasse un peu. J’ai peur qu’un public plus féminin soit ainsi moins réceptive à ce roman à cause de ça.
Il faudra me dire à l’issue du roman ce que ça aurait donné après ce flottement. 🙂
Pour la sexualité, je trouve au contraire que c’est plutôt une bonne chose. On a quand même beaucoup plus souvent la description de la sexualité du côté des filles (et souvent de façon vraiment mièvre ou « poétique ») et je trouve ça plutôt intéressant de l’avoir du côté des mecs, notamment quand on est une fille ! Après, oui, on peut penser que c’est cru, mais quand on entend les conversations d’aujourd’hui, que ce soit du côté des mecs ou des filles (parce que dans le genre, on sait y faire aussi !), c’est plutôt un bon reflet de la réalité.