Discussion
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La langue des bêtes – Stéphane Servant

Stéphane Servant, il est incroyable. C’est le genre de mec qui peut faire un album trop drôle qui parle de slip (Le Machin) et qui peut aussi raconter une fresque magique et magnifique autour de trois femmes (Le cœur des louves, qui fut un très gros coup de cœur de Bob). Alors autant vous dire qu’on trépignait d’impatience de découvrir son nouveau roman ! 😀

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Au fond des bois, loin de la civilisation, vit une communauté d’anciens membres d’un cirque. Un triste clown, un lion édenté, un vieux marionnettiste, une trapéziste brisée, un nain chanteur, un ogre terrifiant…qui prennent soin de la Petite, seule enfant de cette étrange troupe. Bientôt, des hommes viennent pour leur demander de quitter le territoire qu’ils occupent, pour envoyer la Petite à l’école… Tant de fils qui vont se nouer, ou se dénouer…

Dans la langue de Bob

★★★☆☆

Il y a du rêve, de l’étrangeté, du fantastique dans ce roman qui nous transporte. En même temps, avec un titre et une couverture pareille, on ne pouvait s’attendre qu’à du mystère et de la bizarrerie. Cet univers de cirque oublié, de gloire passée et perdue, est le terreau parfait pour nous faire découvrir la Petite, cette enfant étrange élevée dans un certain isolement, avec la forêt et les carcasses d’animaux morts pour seuls compagnons de jeux. Et les histoires. Oui, les histoires qu’on lui raconte depuis toujours, et notamment celle du lieu où ils vivent, terrain d’une ancienne malédiction, de bébés jetés au fond de la mine, d’une Bête qui se repaissait de la peine des hommes, et des animaux qui perdirent l’usage de la parole. Toutes ces histoires qui vont mener la Petite à son destin et à celui du cirque…
Si la langue des bêtes est un mystère pour les hommes, celle de Stéphane Servant nous ravit et nous émerveille. J’ai beaucoup aimé son écriture, son intérêt pour la langue et les mots qui transparaît également dans son histoire. Il y a de la poésie, de la fureur, du mensonge, de la beauté, de l’horreur et la vérité…on ne ressort certainement pas indemne d’un roman de Stéphane Servant. Pourtant, j’ai trouvé La langue des bêtes un peu long, parfois répétitif en essayant de nous cacher les révélations jusqu’à la dernière page. Mais cela reste une expérience de lecture comme je les aime, un roman qui nous emporte loin dans l’imaginaire…

Avec les mots de Jean-Michel

★★★★☆

Il est difficile de parler avec justesse d’un roman qui nous a ému, transporté dans les tréfonds de notre imagination et qu’on a refermé à regret. Comme le mentionne si bien Bob « c’est une expérience de lecture », de celles qui se font trop rares car la poésie qui en émane est si envoûtante qu’elle éclipse tout le reste le temps d’une lecture. Tout – absolument tout – est merveilleux dans La langue des bêtes : des légendes enchanteresses aux personnages sibyllins, de la forêt poussiéreuse au cirque déchu…
Bizarre ? Vous avez dit bizarre ?
Qu’à cela ne tienne, c’est l’étrangeté de ce roman qui le rend si particulier mais pas inaccessible, loin de là : il trouvera son public, j’en suis certaine. Ce roman aux allures de conte intemporel à l’étoffe des plus grands : une qualité d’écriture évidente, de la magie à chaque page et un ton qui nous donne l’impression d’avoir l’esprit enveloppé dans la ouate – oui, même lors de scènes brutales où mes oreilles bourdonnaient. J’espère que c’est bien l’émotion qui me gagnait et non pas un éventuel problème de surdité. A l’instar de Bob, je n’ai pas trouvé de longueurs à ce roman, sans doute parce que j’étais trop plongée dans les affres délicieuses de ces bizarreries et que je ne souhaitais plus en sortir. Notez la beauté de la couverture : le travail de l’artiste Laura Makabresku correspond parfaitement avec le texte de Stéphane Servant, une association emblématique qui a fait ma joie et mon bonheur.

On vous assure que c’est un excellent roman. Si jamais vous souhaitez nous contredire, n’hésitez pas à nous envoyer un mail en indiquant vos nom, prénom et adresse afin qu’on vienne cordialement vous casser la figure 🙂

La langue des bêtes, Stéphane Servant (Rouergue)
collection DoAdo
disponible le 19 août 2015
9782812609268 – 15,90€
à partir de 14 ans