Son
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De l’art de dessiner…

Dessiner, c’est quand même pas facile ! Bob en est la preuve vivante. Pourtant, nos deux illustratrices du jour nous montrent que tout est possible avec un trait, un rond, une couleur ou même une tâche sur la page… Vous y croyez, vous ? 🙂

Le livre des erreurs

Ça commence comme une erreur de débutant : on a fait un œil plus grand que l’autre. Crotte ! Bon, on remet à niveau mais là, les yeux sont vachement énormes. On cercle avec des lunettes et bim, ça marche. Sauf qu’après, le cou est trop long et les coudes trop pointus… Bref, on ne fait que des erreurs ! Heureusement que Corinna est là pour nous aider à utiliser toutes ces bourdes pour imaginer ensuite une histoire et, surtout, dessiner une image qui va ne faire que grossir et se nourrir de toutes ces tâches d’encre, de tous ces gribouillis et autres ratages !

Avec simplicité, Corinna Luyken nous offre un texte rassurant sur la créativité et l’imagination, ou comment, à partir d’une erreur, on peut tout transformer ! Loin d’être un manuel de dessin, il apporte néanmoins des petites astuces qu’on sera bien contents de pouvoir réutiliser ! Mais surtout, le trait de Corinna Luyken est d’une finesse pleine de douceur alors que se construit sous nos yeux une scène étonnante et merveilleuse. Des dessins au noir sur de grands fonds blancs, avec seulement quelques touches de couleurs. C’est drôle, intelligent et ingénieux ! Et ce n’est pas grave du tout, si on fait une erreur…

Le livre des erreurs, Corinna Luyken (Kaléidoscope)
disponible depuis le 25 septembre 2019
9782877676120 – 14€
à partir de 5 ans

Kaléidoscopages

Avec cette même envie de créativité, d’imagination et de liberté d’interprétation de l’image, Delphine Perret nous invite à découvrir toute la richesse de ce qu’offrent les traits, les points, les tâches, etc. Un album comme un imagier dans lequel nous sont proposées différents interprétations de ce que peut être in zigouigoui (nom savant, cherchez pas) ou une tâche, de toutes les lectures possibles d’une image. Et à travers cette belle manière de nous interroger sur le sens, Delphine Perret nous montre aussi tout ce qu’il est possible de faire avec des éléments de dessin tout simple ! (Dessinateurs en herbe, à vous de vous en emparer !)

Très justement sélectionné pour la Pépite albums au dernier Salon du livre et de la presse jeunesse à Montreuil (il ne l’a pas eue si vous avez un peu suivi la chose), Kaléidoscopages est un livre à mettre entre toutes les mains, petites et grandes. Delphine Perret nous offre un jeu de perception avec une bonne dose d’humour et nous invite elle-aussi à exercer notre regard, à prendre un crayon et à entraîner notre imagination !

Et si vous n’en avez pas assez, Delphine Perret a sorti en même temps une variation sur l’arbre, tiré d’une des pages du précédent : C’est un arbre. Vous verrez que cette affirmation ne tiendra pas longtemps et, sous la forme d’un récit, on découvre tout ce que peut être un arbre : un abri pour les oiseaux, du papier pour les livres, du bois pour la cheminée, etc. Jusqu’à boucler la boucle (mais on ne vous dit pas comment !). Une très jolie variation pour les plus jeunes au travail imaginé dans Kaléidoscopages.

Kaléidoscopages, Delphine Perret (Le Rouergue)
disponible depuis le 2 octobre 2019
9782812618789 – 15€
à partir de 5 ans
C’est un arbre, Delphine Perret (Le Rouergue)
disponible depuis le 2 octobre 2019
9782812618765 – 12€
à partir de 3 ans
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Le peuple des sardines – Delphine Perret

lepeupledessardinescouv

Il y a peu de temps on s’est plongé avec délice dans l’incroyable catalogue de l’Atelier du poisson soluble…et nous avons déniché quelques pépites. De l’originalité, du charme, de l’humour, on travaille dur à l’Atelier ! Chez Bob et Jean-Mi il y a un vieil adage qui dit que quand ça commence à sentir la sardine : on arrive, tu peux préparer les tartines. Ce qu’il y a de particulier avec Delphine Perret c’est qu’on la redécouvre sans arrêt à chaque album et Le peuple des sardines ne fait pas exception : la folie douce de Delphine n’a décidément pas de limites. Un conte estival qu’on ne peut pas bouder où la malice de l’auteur fait mouche. Un petit format doté d’une pochette cartonné et qui tient dans la poche.

★★★★☆

Connaissez-vous l’origine des sardines en boîte ? Les sardines poussaient dans les sardiniers, elle naissaient dans les boîtes, se tenaient bien au chaud. On les cueillait encore vertes, avant que les boîtes ne s’ouvrent dans les sardiniers. Arrive Maurice : un petit inconscient qui rêve depuis tout petit de posséder un sardinier dans son jardin. Une lettre qu’il avait écrite au Père Noël témoigne de son adulation sans précédent :

Chaire Paire noèl j’ai été saje très saje, je voudrai bien un saredinier, mairci davence. Maurice.
sans la pochette (c'est toujours aussi joli hein, pfiou !)

sans la pochette (c’est toujours aussi joli hein, pfiou !)

Autant vous dire que Maurice ne plaisante pas avec les rêves. Aussi, à 41 ans il vola une bouture de cet arbre et fît pousser un sardinier dans son jardin. Mais en partant en vacances il ne rendit pas compte que ses sardines étaient en avance…elles allèrent dans les autres plantations, libérèrent toutes leurs congénères encore en boîtes. Ainsi naquit la légende de La grande migration du peuple des sardines…et de la Saint Maurice 🙂 Quelle bande de coquines ces sardines. Une histoire pleine d’insouciance où Delphine Perret répond à une question qui a probablement été posée par un enfant jadis : « comment met-on les sardines dans les boîtes ? » Delphine, merci pour la friandise, c’est toujours un plaisir, bisou.

Le peuple des sardines, Delphine Perret
Atelier du poisson soluble
en librairie depuis septembre 2004
9782913741249 – 8.00€
à partir de 4 ans

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Pablo et la chaise – Delphine Perret

pablochaiseJ’en ai assez de Delphine Perret : je ne peux ja-mais écrire du mal d’elle. Pourtant j’essaie de trouver un point faible, un trait irrégulier très très moche, une faute d’orthographe, un manque d’émotion, une couleur qui pique les yeux…mais rien, elle est toujours à la hauteur. Pablo et la chaise est adorable à souhait. Au début, cet enfant m’agaçait : encore un petit égocentrique me disais-je. Mais pas du tout ! Un môme qui déborde d’imagination voilà tout.

★★★★☆

Personne ne parle de lui dans les journaux aujourd’hui, pourtant, il s’en est passé des choses le matin de son anniversaire : une croûte au genou et hier une victoire au foot. On apprend en plus que Pablo est un cascadeur – encore méconnu, mais ça ne saurait tarder, il n’a peur de rien. Les croûtes ça le connait, il en a des tas : au tibia, au coude, à l’avant-bras, au menton, à la cheville et au poignet. Mais quand on est cascadeur professionnel ma bonne dame, on les tolère comme un homme. Je m’égare avec cette histoire de croûtes…Aujourd’hui c’est donc l’anniversaire de Pablo, en déballant son cadeau il s’attendait à tout sauf à ça : une chaise. Imaginez sa détresse. « C’est pour te tenir un peu tranquille ! » lui dit-on.

Pablo trouve rapidement une utilité à son cadeau d’anniversaire peu commun. Et le voici donc prenant la route, sa chaise sur le dos. Il allât jusqu’au bout du pays pour ensuite épater une foule de passants en faisant un numéro d’équilibriste incroyable avec sa chaise. Il écuma les pays jusqu’à devenir un artiste de grande renommée. Mais après la gloire, le luxe et les paillettes, il décida finalement de reprendre la route pour rentrer chez lui, où toute sa famille patientait sagement.
« – Ah te voilà !
Une assiette l’attendait, il manquait juste une chaise.
– J’ai tellement de choses à vous raconter !
Pablo tira sa chaise sous ses fesses et s’assit dessus, pour la première fois. »

Je me souviens de ma première chaise, une chaise de bureau qui signifiait : tu grandis, pas d’bol hein ? Voilà comment j’ai interprété le message de Delphine Perret : grandir, mes fesses : l’imagination se conserve même dans l’émancipation. N’est-ce pas lorsque l’on est petit que l’on rêve de son avenir ? Maîtresse, coiffeuse, écrivain, pompier…ou artiste de cirque ? 🙂 Pablo a su garder son imagination, a peut-être découvert sa vocation mais surtout il a trouvé sa place dans sa famille : il y aura toujours une chaise pour lui. Beaucoup de jolis messages dans cet album ravissant. On t-on vraiment besoin de faire remarquer qu’on est vachement contentes ?

Bravo les Fourmis Rouges. ça m’énerve les gens parfaits comme ça là.
Et merci à Delphine Perret pour avoir inséré le mot « croûte » à plusieurs reprises, on aime beaucoup ce mot, il en faut peu pour nous faire plaisir.
Croûte Croûte Croûte.

Pablo et la chaise, Delphine Perret (Les Fourmis Rouges)
en librairie aujourd’hui ! (19/02/15)
9782369020349 – 14€
à partir de 4 ans