Son
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Un hiver en enfer – Jo Witek

9782330034306

Avec Jean-Michel, on a rencontré Jo Witek début septembre, lors de la matinée de présentation La Martinière/Seuil (on voulait vous en parler mais on a pas eu le temps…). Jean-Michel vous a déjà parlé de son documentaire consacré aux femmes célèbres, alors c’est à mon tour de vous parler de son tout dernier roman pour les adolescents…

Edward est un adolescent fragile. D’autant plus fragile que sa mère, qui est incapable de l’aimer, est régulièrement internée et son père, architecte de renom, souvent absent. Le harcèlement qu’il subit constamment dans son lycée privé ne lui apporte même pas la possibilité de souffler dans la vie… Alors quand ses parents ont un grave accident de la route et qu’Edward se retrouve seul avec sa mère qui soudain l’étouffe, il ne semble plus très loin de l’enfer…

★★★★☆

Choc ! C’est le premier mot qui nous vient lorsque l’on referme le livre. Jo Witek nous embarque dans un thriller très réussi, où la folie et l’horreur s’entremêlent sous nos yeux ébahis. On s’attache très vite à ce jeune homme qui, malgré une qualité de vie aisée (sa famille est riche et cultivée), est moqué et harcelé par ses camarades car sa mère est « folle ». Il ne trouve refuge que sur Internet et les MMORPG dans lesquels il mène une vie qui lui convient. Mais lorsque son père, dont il était extrêmement proche, trouve la mort dans un accident de voiture, tout bascule. Et c’est le début de la descente aux enfers pour Edward, qui va non seulement agir envers ses tortionnaires mais aussi être celui qui va subir une torture du quotidien… Beaucoup de thématiques très fortes sont abordées dans ce roman : il y a tout d’abord le harcèlement à l’école, qui va prendre des proportions énormes mais qui va aussi donner l’opportunité à Edward de se faire un ami, et un ami qui va compter. Mais c’est surtout la folie qui va être le thème central de ce roman glaçant. Non seulement celle de la mère – une femme qui n’a jamais pu aimer son enfant car elle-même n’a jamais connu sa véritable mère – mais aussi celle d’Edward, poussé à bout par ses camarades et rendu paranoïaque et angoissé. Alors quand après la mort de son père, la mère d’Edward se met à changer et à être plus « aimante » avec lui, le sentiment de paranoïa d’Edward va s’accentuer…et qui pourrait donner crédit à un enfant aussi perturbé ? C’est là toute la teneur du roman, et toute la force du récit car, jusqu’au bout, on se demande qui est fou et qui ne l’est pas ? En tous cas, n’étant pas une grande lectrice de polars, je me suis laissée prendre dans cette histoire malsaine et me suis même fait surprendre par quelques révélations ! Bref, un thriller qui fonctionne bien et qui, assurément, ne vous laissera pas de marbre…

Un hiver en enfer, Jo Witek (Actes Sud Junior)
en librairie depuis le 27 août
9782330034306 – 14,80 €
à partir de 14 ans

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Le ciel nous appartient – Katherine Rundell

209 en librairie le 28 août
à partir de 12 ans
9782361932664
16,50 €

★★★★★

Tout le monde pense de Sophie qu’elle est une orpheline. Nulle femme n’a en effet survécu au naufrage qui la laissa, à l’âge d’un an, flottant dans un étui à violoncelle au beau milieu de la Manche. La fillette demeure cependant intimement persuadée que sa mère n’a pas sombré avec le navire. Alors,lorsque les services d’Aide à l’enfance anglais menacent Charles Maxim, son tuteur, érudit généreux aussi courtois que maladroit, aux méthodes d’éducation fantasques, de lui reprendre la garde de Sophie, celle-ci, suivant l’enseignement de ce doux rêveur, décide de ne négliger aucune possibilité, et part pour Paris en sa compagnie sur les traces de sa mère… Une cavale menée sous le signe de l’espoir, qui conduira la fillette aux cheveux couleur des éclairs sur les toits de la ville-lumière. Elle y fera la connaissance de Matteo et de sa bande de danseurs du ciel. Froussards et phobiques des hauteurs s’abstenir : mieux vaut avoir le cœur bien accroché pour pouvoir suivre ces gamins-là !

La présentation de l’éditeur était si parfaite, je n’ai pas pu m’empêcher de faire un copier/coller de prestidigitatrice 🙂 (je suis fourbe)

Encore une fois, la Rentrée littéraire des adolescents a frappé : ce roman est d’une telle envergure que je ne me suis pas arrêtée de lire une seule seconde.

J’étais à deux doigts de verser ma larme à la fin du livre. Il est difficile de ne pas avoir d’empathie pour les personnages :

Charles Maxim son attachement pour Sophie est irréfutable, ses démonstrations d’affections sont touchantes, son amour pour les livres est quelquefois original et sa compréhension de l’âme humaine impressionne. Moi aussi j’aurais beaucoup aimé mangé un plat en sauce sur un livre, c’est un souvenir que l’on doit avoir plaisir à se remémorer.
Sophie n’est pas une « vraie » fille : porter des jupes ? quelle idée, peut-on grimper sur les toits aisément ? mieux vaut porter un pantalon, de toutes façons c’est plus pratique pour jouer du violoncelle. C’est une jeune femme tenace qui a de l’énergie à revendre et qui sait capter la stupidité d’un esprit humain avec autant de flair que son tuteur, Charles. L’acharnement dont elle fait preuve pour retrouver sa mère est presque effrayant.
Toute la bande des toits de Paris, ces adolescents sans domicile fixe qui ne désirent que leur Liberté, qui continuent de grandir dans l’adversité sont des héros, aux yeux de Sophie comme aux nôtres.

Charles et Sophie forment un duo que j’affectionne particulièrement et je ne vais rien révéler de dramatique mais lorsque Charles verse une larme à la fin, ça nous touche.

Cette histoire est riche en tout, sachez-le.
Riche en voyages de Londres à Paris, des trottoirs aux toits
Riche en émotions de l’amour à la frustration avec une grosse touche d’aventure
Riche en valeurs  l’amitié, l’entraide et l’esprit de famille

Nous ne le dirons jamais assez, cette rentrée « envoie du pâté » 🙂
Pour aller plus loin www.editionsdesgrandespersonnes.com

merci aux éditions des Grandes Personnes pour les épreuves de ce livre dévorées au soleil