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La vie en rose de Wil – Susin Nielsen

Après un malheureux incident lors de son arrivée à Toronto, Wil est devenu la risée de son lycée. Malgré cette déconvenue, il vit une vie plutôt tranquille entre ses mères qui l’adorent (les Mapas), son meilleur ami Sal, d’environ soixante-dix ans son aîné, et son chien borgne et courtaud Templeton. Il partage ses journées entre son job d’Expert en composition de sandwichs, l’aqua-gym avec des mamies, son talent muscial inné pour le triangle, et l’écriture de poèmes. Jusqu’au jour où son monde bascule avec l’arrivée des correspondants français… Car il découvre que son Charlie est en réalité une fille et elle est absolument fabuleuse !

Bob voit la vie en Susin Nielsen

Vous devez savoir si vous nous suivez depuis un moment que Bob est un fan absolu de Susin Nielsen et que chaque parution est attendue comme le cadeau de Noël qu’on désire de tout son cœur ! A chaque fois, Bob sait qu’il va adorer, qu’il va rire et pleurer, qu’il va vouloir aller vite au bout de l’histoire et en même temps la lire petit à petit pour la savourer. ❤ Ce nouveau roman de Susin Nielsen est encore une fois un régal de lecture ! Entre ces dialogues aux petits oignons, cette sensibilité qui touche toujours juste et cette fantaisie parfaitement dosée, on succombe pour ses personnages et ses situations aussi loufoques que sensibles. Comme toujours, on ressent une profonde bienveillance dans l’écriture et la construction des personnages de Susin Nielsen : malgré les imperfections de chacun, les difficultés rencontrées, il y a toujours tout cet espoir et cette tolérance qui caractérisent ses histoires, cette volonté de se découvrir et s’aimer soi-même. Les romans de Susin Nielsen, ce sont des moments de lecture uniques, c’est la chaleur de la couette qui nous réconforte toujours, et la promesse d’une vie en rose.

Lisette veut plus de rose dans sa vie

Si vous avez lu attentivement cette chronique, vous pouvez penser que cette histoire paraît simple mais c’est sans compter sur le merveilleux travail de conteuse de Susin Nielsen. Lisette est toujours très heureuse quand elle tombe sur un roman qui prend les adolescents au sérieux mais avec humour ! Ici, il est question d’amitié, de confiance en soi et d’émois adolescents, de vie de famille… mais également de harcèlement et de difficulté financière. Will n’est pas épargné par les désagréments de la vie, ce qui le rend terriblement attachant. L’autrice valorise la diversité : l’homosexualité, l’amitié avec une personne âgée mais ces sujets ne sont jamais au cœur du roman. La force de l’écriture réside dans sa capacité à transmettre des valeurs humanistes comme l’entraide, le respect, la tolérance avec des situations de vies cocasses ! Petit bonus avec le duo de mères de Will qui lui enseigne une sexualité très positive à base de consentement enthousiaste « Ne suppose jamais a priori qu’une fille désire un contact physique, quel qu’il soit ! Demande Toujours Avant™. » Des recommandations toujours très bien placées !

Ouvrir un livre de cette autrice, c’est se blottir dans l’histoire avec réconfort et sourire. La vie en rose de Wil est une très belle fresque humaine hétéroclite et touchante, un univers dans lequel on s’immerge avec tendresse.

La vie en rose de Wil, Susin Nielsen, traduit par Valérie Le Plouhinec (hélium)
disponible depuis le 25 août 2021
9782330153472 – 14,90€
à partir de 12 ans
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La Capucine – Marie Desplechin

Louise, 13 ans, a été confiée à un maraîcher de Bobigny. C’est une fille costaude qui aime le travail de la terre, voir les légumes pousser et les vendre dans le ventre de Paris, aux Halles. Si son patron ne la battait pas et si elle était justement payée, Louise serait restée. Mais le jour où vient la raclée injustifiée de trop, elle décide de partir. Direction Paris où travaille sa mère en tant que domestique, et son indéfectible protectrice, Bernadette, génie de la cuisine et de la voyance réunis. Sauf qu’à 13 ans, même si on rêve de liberté, encore faut-il gagner sa vie ?

Avec La Capucine, Marie Desplechin renoue avec le roman historique : elle boucle ainsi une trilogie intitulée « Les filles du siècle », initiée avec Satin grenadine et Séraphine, dont les thèmes principaux sont le XIXe et l’émancipation des femmes. Trois femmes déterminées qui disent non à leur destin tout tracé. (Les trois romans sont à lire !)

Louise est un personnage d’adolescente, encore une fois chez Marie Desplechin, très attachante avec un caractère fort, qui vous rappellera peut-être le journal culte d’Aurore. On retrouve le don de cette autrice pour nous peindre des héroïnes incroyables. Louise est tellement vivante que l’on aurait aimé qu’elle soit inspirée d’une personne réelle. Elle est une fille simple, amoureuse de la terre, qui a le don de nous faire sourire à chaque page avec son franc-parler, son authenticité et son courage.

Ce roman nous permet une incursion dans un Paris tourné vers le spiritisme, on y croisera Alexandre Dumas, des socialistes, des péniches et même Victor Hugo sous les traits de Bernadette (car celle-ci est possédée par l’âme de cet auteur), ce qui vaut des passages farfelus inoubliables !

À Paris, même quand on n’a rien à faire, je crois qu’on ne s’ennuie jamais.

On retrouve dans ce roman la plume formidable de Marie Desplechin. Le rythme est maîtrisé, rien n’est en trop ou pas assez. Il est tentant d’imaginer que des adolescentes comme Louise ont existé et existent encore à notre époque… des femmes déterminées à ne pas se laisser imposer le destin qui leur est tracé.

La Capucine, Marie Desplechin (l’école des loisirs)
disponible depuis le 28 octobre 2020
collection Médium+
9782017108443 – 18€
à partir de 11 ans
Galerie
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Les esprits de l’escalier – Clémentine Beauvais et Gérald Guerlais

Un esprit frappeur hante depuis 118 ans un immeuble parisien. Seul, voilà plus d’un siècle qu’il observe les humains. Il pensait avoir tout vu… jusqu’au jour où une nouvelle venue débarque pour hanter son immeuble. Elle vient juste de mourir, c’est une fille d’aujourd’hui, impertinente et insaisissable. Lui, il se languit d’amour et vient d’hier… Comment pourrait-il lui plaire ?

Clémentine Beauvais nous parle une nouvelle fois d’amour avec cet album (découvrez son interview et pour les curieux ses précédents ouvrages ici, et même ici) avec un style frais, aérien et stylisé. Dans cette histoire d’amour futée, il est question des affres de la séduction et des jeux de mots qui tombent à plat. En effet, notre pauvre amoureux reste muet face à notre fantômette et sa répartie arrive quand sa dulcinée s’est envolée. Vous manquez, comme notre héros, de riposte et vous avez une épiphanie – une réplique parfaite – qui arrive trop tard ? Vous avez l’esprit de l’escalier ! Cette expression viendrait du livre Paradoxe sur le comédien de Diderot qui écrivait «…l’homme sensible comme moi, tout entier à ce qu’on lui objecte, perd la tête et ne se retrouve qu’au bas de l’escalier ». Mais heureusement pour notre esprit de l’escalier l’amour donne des ailes et des mots.

Au fil des grandes doubles pages, nos personnages virevoltent, se croisent ! Les grandes illustrations nous dévoile Paris, sa frénésie, ses chats (nombreux!) et l’architecture grandiose. Les lecteurs assidus de l’autrice apercevront un clin d’œil à l’une de ses précédentes œuvres – je vous laisse chercher. Mention spéciale à cette magnifique illustration d’escaliers !

 

Un très bel album pour profiter de la musique de l’autrice et pour plonger dans les somptueuses illustrations de Gérald Gerlais. Un livre qui évoque l’amour, le plaisir des mots. Comme quoi même l’amour peut toucher n’importe quel bon esprit !

Les esprits de l’escalier, Clémentine Beauvais, illustré par Gérald Guerlais (Sarbacane)
disponible depuis le 29 janvier 2020
9782377313730 – 15,90 €
à partir de 7 ans
Son
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Paris est tout petit – Maïté Bernard

9782748524901,0-4698375

Inès, 17 ans, prépare activement son bac, son admission à Sciences Po et trouve un job de femme de ménage chez les Brissac, dans les beaux quartiers de Paris. Mais elle n’avait certainement pas prévu de tomber amoureuse de Gabin, l’aîné de la famille ! Le coup de foudre passé, les jeunes gens apprennent à se connaître et à s’aimer… jusqu’au jour où des terroristes entrent dans le Bataclan, chamboulant totalement leur vie.

★★★★☆

Un peu plus de deux ans après les événements terribles du 13 novembre 2015 et un certain nombre de roman abordant le sujet, Maïté Bernard nous livre son histoire des attentats, une histoire qui commence par la naissance de l’amour entre deux jeunes gens. Inès, jeune fille de Guyancourt, est poussée par sa mère à faire de grandes études. Studieuse, elle révise sa préparation à Sciences Po tout en faisant le ménage dans une famille aisée de Paris. Gabin a 19 ans et, phobique scolaire, ne passe son bac que cette année. Ils tombent amoureux au premier regard et Gabin vole un baiser à la jeune fille dès le premier jour de la rencontre ! Un baiser qui chamboule tout dans l’esprit d’Inès, dans ses envies et ses désirs. Ainsi naît leur histoire d’amour, entre découverte de leurs milieux respectifs, de leurs passions et de Paris, ville si chère à Gabin et totalement inconnue d’Inès, qui y vit pourtant aux portes. Mais alors que tout semble aller pour le mieux, des attentats sont commis dans Paris et à Saint-Denis et quelqu’un qui leur est cher se trouve au Bataclan ce soir-là…

Avec beaucoup de pudeur et de sensibilité, Maïté Bernard aborde ce qui vient après les attentats, ce que provoque la perte d’un être cher dans ces circonstances, et ce qu’elles laissent en chacun, de manière individuelle ou collective. Des réflexions justes, pertinentes (bien que peut-être un peu trop démonstratives à la fin du roman), habilement liées à l’histoire d’amour d’Inès et Gabin, à leurs différences sociale et religieuse qui réinterrogent parfois leur couple. Un roman « qui répare », dit l’éditeur, je ne sais pas, mais un roman qui a déjà suffisamment de recul pour inviter le lecteur à revivre les événements de façon plus… apaisée ? Il se dégage indéniablement de Paris est tout petit un sentiment d’apaisement, de lucidité sur les événements, qui n’en fait pas un roman triste ou plein de colère. Maïté Bernard, au contraire, à travers le personnage d’Inès et de ses réflexions, de ce moment de sa vie dont elle ressort grandie, célèbre ici la vie, l’amour et Paris. Et c’est vraiment très beau !

Paris est tout petit, Maïté Bernard (Syros)
disponible le 1er février 2018
9782748524901 – 17,95€
à partir de 14 ans
Son
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Miss Pook et les enfants de la lune – Bertrand Santini

9782246860556,0-4510344

Paris, 1907. Miss Pook, une sorcière, se fait passer pour une gouvernante anglaise auprès d’une famille bourgeoise et parvient à convaincre leur petite fille, Elise, de l’accompagner dans son château sur la Lune. Là-haut, Elise fait la connaissance de créatures aussi merveilleuses que terrifiantes et, bientôt, met au jour un terrible complot…

★★★★☆

Alors qu’une pluie de marrons s’abat sur la Provence de Gurty (n’hésitez pas à les offrir pour Noël, ils sont toujours délicieux – les marrons, mais aussi les aventures de l’épatante petite chienne 😛 ), Bertrand Santini nous offre aussi en cette fin d’année un conte fantastique trépidant…et terrifiant !

Miss Pook, c’est une sorte de Mary Poppins diabolique. A priori bien sous tous rapports, élégante, raffinée et bien élevée, cette fausse gouvernante est en réalité une sorcière à qui il ne faut pas chercher des noises et accompagnée de Goldorillon, un dragon de papier chinois. C’est par un stratagème digne des mises en garde d’un conte de fées que Miss Pook arrive à convaincre la petite Elise de quitter son douillet logis parisien pour s’installer avec elle sur la Lune. Dans son château merveilleux, Elise s’ennuie tout de même bien vite et ne rêve que d’explorer la Lune et ses mystères…malgré les interdictions de sa nouvelle maman ! Et c’est dans un enchaînement digne des tribulations d’Alice dans le pays des Merveilles que tombe Elise, où les rencontres avec d’étranges personnages se succèdent, pour un final tout en rebondissements !

Bertrand Santini, comme dans Hugo de la nuit (certain repèreront sans doute le clin d’œil), crée un univers sombre et décalé, dans lequel il s’affranchit des codes classiques induits par ses inspirations, tout en ne donnant absolument aucune limite à son imagination. Une imagination débordante mais cohérente dans son univers, qui emprunte à un certain nombre de mythes, pour notre plus grand plaisir. Et comme dans son précédent roman chez Grasset, Bertrand Santini porte à nouveau un regard amer sur l’humanité, nous invitant à réfléchir sur qui sont les véritables monstres grâce à des personnages complexes et inattendus, Miss Pook et Elise en tête.

Miss Pook et les enfants de la Lune est le premier tome réussi d’une série dont on a hâte de connaître la suite après une fin surprenante ! Bertrand Santini continue à nous émerveiller par ses univers riches, vifs et plein de surprises, tout en étant d’une grande sensibilité et d’une acuité sur le monde de l’enfance et de ses questionnements, même si c’en est parfois cruel. On notera la très belle couverture de Laurent Gapaillard, qui aurait bien donné envie d’avoir des illustrations intérieures… 😉

Miss Pook et les enfants de la lune, Bertrand Santini (Grasset jeunesse)
disponible depuis le 8 novembre 2017
9782246860556 – 13,90€
à partir de 10 ans
Son
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L’Écureuil, 1. Un démon sous les toits – Fabien Grolleau, Benjamin Mialet et Lou Bonelli

9782848658872,0-3276168

Paris, 1870. Alors que les Prussiens se rapprochent de la capitale, un jeune garçon aux cheveux roux flamboyants, surnommé l’Écureuil, vole de toit en toit, chapardant des bijoux, de la nourriture… Ce qui n’est pas au goût du terrible Max, roi des voleurs et des malfrats de la ville. Mais cette cavale sur les toits de Paris lui fait également rencontrer un certain nombre de personnages…

★★★★☆

Mais qui est donc cet enfant à la chevelure flamboyante et indomptable qui vole au-dessus de Paris ? Passée une introduction où l’on a craint pour sa vie, l’Écureuil bondit de toits en toits, chaparde des bijoux pour les échanger contre de la nourriture, ne se rendant pas forcément compte de ce que cela implique… Et chaque jour, l’Écureuil observe par la fenêtre une belle et triste jeune femme, enfermée dans un dôme, et « fiancée » de Max, le terrible roi des voleurs de Paris. Un roi qui n’apprécie pas tellement qu’un petit rouquin se mêle de ses affaires… Pendant ce temps, la guerre approche des portes de Paris et l’Écureuil fait bientôt la rencontre d’un ramoneur. Puis de Victor Hugo. L’écrivain semble d’ailleurs partager un secret avec le garçon des toits…

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Mais c’est un mystère que vous devrez éclaircir en lisant le premier tome de cette série qui n’en comptera que deux ! Certains secrets de l’Écureuil se révèlent déjà dans cette première histoire mais nul doute que nous en aurons encore dans le prochain volume. Un démon sur les toits est en tous cas une première aventure de grande qualité, tant dans le scénario, un brin classique mais qui fait également son charme, dans la plus pure lignée des récits se déroulant à cette époque, que dans le dessin, un style graphique aussi flamboyant que les cheveux de notre héros, et aux couleurs vives et énergiques. Une BD très réussie dont on attend la conclusion avec impatience ! 😛

L’Écureuil, 1. Un démon sous les toits, Fabien Grolleau, Benjamin Mialet et Lou Bonelli (Sarbacane)
disponible depuis le 1er juin 2016
9782848658872 – 14,50€
à partir de 10 ans
Son
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Cité 19 – Stéphane Michaka

Avant d’être un livre, Cité 19 était aussi un feuilleton radiophonique diffusé il y a quelques années sur France Culture. Malheureusement, Bob n’a pas réussi à retrouver le podcast de l’émission pour vous le partager…alors à la place, il va vous parler du roman ! D’un autre côté, c’est ce qui vous intéresse le plus, non ? 🙂

MISE A JOUR : En fait, grâce à Catou31 (merci !), vous pouvez découvrir le premier épisode du feuilleton sur le site de l’auteur !

9782266241410,0-2744843

Faustine est passionnée par le XIXe siècle. Sa mère en était spécialiste avant sa disparition et son père est le gardien du Musée d’Orsay. Alors qu’elle s’apprête à passer son bac, elle apprend la mort de son père, tombé de la tour Saint-Jacques. Dévastée, elle l’est encore plus quand on lui demande d’identifier le corps et qu’elle ne reconnaît pas les mains de son père… Cette découverte annonce le début d’une aventure terrifiante qui va l’amener à suivre un homme dans une station de métro et se réveiller…150 ans plus tôt !

★★★★☆

Premier tome d’un diptyque qui trouvera sa conclusion en janvier 2016, Cité 19 mêle habilement les genres : un roman historique très bien documenté quand notre héroïne se réveille dans les faubourgs en construction d’Haussmann ; un thriller n’épargnant aucun détail sanglant quand Faustine se retrouve dans le Paris du Second Empire à enquêter sur un mystérieux meurtrier (ou une bête ?) qui éviscère ses victimes ; et un récit de science-fiction qui ne tient pas seulement au voyage dans le temps… Mais je ne peux rien vous dire sans vous gâcher la surprise qui a très bien fonctionné pour moi. 😛

Avec tous ces ingrédients, Stéphane Michaka signe un roman terriblement haletant, où l’on découvre une héroïne forte et indépendante, dotée de facultés dont elle s’étonne elle-même, et qui se retrouve embrigadée dans une enquête qui va la toucher plus qu’elle ne le pense. Il est difficile d’en dire plus sur le roman sans vous dévoiler des choses qui pourraient gâcher votre lecture et le suspense qui en fait tout l’intérêt. Néanmoins, sachez qu’il vous faudra patienter un petit peu pour arriver au cœur de l’histoire. C’est d’ailleurs dommage car le début du roman pourrait sans doute rebuter quelques lecteurs. Il n’y avait pas forcément besoin de s’attarder sur le passé de Faustine (en particulier sa période punk qui semble sortir de nulle part) qui n’apporte pas grand chose au reste du récit ou à la psychologie du personnage, ni même à ses amis de lycée qu’on oublie bien vite jusqu’à ce qu’ils réapparaissent vers la fin du roman. J’étais donc assez perplexe mais après ces 60 premières pages, en revanche, vous entrerez au cœur du récit et ne pourrez plus le lâcher avant d’être parvenu au bout…et regretter que la suite n’arrive pas plus vite ! 😛 Que ce début chaotique ne vous rebute pas, la suite en vaut véritablement la peine !

Cité 19, Stéphane Michaka (Pocket Jeunesse)
disponible le 15 octobre 2015
9782266241410 – 16,90€
à partir de 14 ans

Son
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Là où tombent les anges – Charlotte Bousquet

9782354882068,0-2690085

Après avoir été totalement électrisés par Brainless de Jérôme Noirez, Bob et Jean-Michel avaient hâte de découvrir le nouveau texte de la prometteuse collection Electrogène. Une collection qui porte vraiment bien son nom !

Solange, 17 ans, quitte son village après avoir essuyé les coups de son père une fois de trop. Elle retrouve Lili, son amie d’enfance, à Paris. Les deux jeunes filles courent les bals populaires, travaillent durement pour gagner leur vie. Jusqu’à ce que Solange rencontre Robert Maximilien, un banquier qu’elle finit par épouser. Mais l’homme se révèle vite abusif et, lorsque la guerre éclate et que Robert est appelé au front, Solange commence à respirer…

★★★★★

Quelle fresque magnifique ! Il m’est encore difficile de trouver les mots après avoir refermé la dernière page de ce roman historique tout en force et en émotion… Charlotte Bousquet nous raconte la vie de femmes, plus particulièrement de Solange mais également de ses amies, pendant la Première guerre mondiale. De la fille de joie sur le front en passant par les munitionnettes ou les couturières jusqu’aux aristocrates, ce sont les vies, et la survie, de toutes ces femmes qui nous passionne, qui nous tient en haleine alors que la guerre fait rage, que les amoureux, les fils, les maris, les inconnus, affrontent les allemands. Il n’y a peut-être que Solange qui tremble différemment des autres, qui craint le retour de Robert, de sa jalousie, du contrôle qu’il maintient sur elle, de sa violence.
Charlotte Bousquet nous décrit avec beaucoup de talent et une très riche documentation le Paris de la Belle Epoque, l’insouciance des bals populaires, les cabarets macabres qui font fureur puis la terreur de la Première guerre mondiale et, surtout, la condition des femmes à cette époque. Solange est la représentation parfaite de cette condition, on suit son évolution avec appréhension puis défi, on s’attache à elle, à Clémence, à Lili, à Emma…à toutes ces femmes aux secrets, convictions ou vies différentes. L’intérêt historique du roman est certain, d’autant que l’auteure débute chaque chapitre avec l’extrait d’un quotidien ou d’un texte de l’époque, que Solange rencontre de nombreux artistes que nous connaissons bien (Marcel Proust ou Erik Satie pour les plus connus). Mais ce qui fait de Là où tombent les anges un roman véritablement splendide, c’est bien toute l’émotion que nous ressentons à la lecture des mots de Charlotte Bousquet, la complexité et la variété de ses portraits de femmes, mais aussi l’importance du féminisme, de la liberté. Un témoignage foisonnant et rare sur la condition féminine de cette période. Un roman magnifique et indispensable.

Là où tombent les anges, Charlotte Bousquet (Gulf Stream)
collection Electrogène
disponible le 3 septembre 2015
9782354882068 – 17€
à partir de 15 ans

Son
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Les petites reines – Clémentine Beauvais

On continue notre début de semaine consacré à Clémentine Beauvais avec son deuxième livre attendu pour le mois d’avril, et cette fois à destination du public adolescent. 🙂 Vous allez avoir envie d’enfourcher à nouveau vos vélos après cette lecture, foi de Bob et Jean-Michel ! En plus, il fait beau en ce moment, alors profitez-en. 😛 Et l’interview de Clémentine sera disponible incessamment sous peu (c’est le truc qu’on dit pour dire que ce n’est pas vraiment tout à fait prêt, huhu). Hum.

9782848657684, 0-2553377

A cause de leur physique ingrat, Mireille, Astrid et Hakima ont gagné le concours de « Boudins » de leur collège-lycée. Rapprochées par ce « prix » et pour d’autres raisons personnelles, les trois adolescentes décident de se rendre à Paris et de fêter le 14 juillet à l’Elysée. Leur périple se fera à vélo et elles s’improviseront vendeuses ambulantes…de boudin !

★★★★★

On vous avait déjà parlé de l’humour de Clémentine Beauvais dans son titre de la collection Pépix. Alors accrochez-vous bien, car elle récidive dans la collection Exprim’ et autant que vous dire que Les petites reines, c’est juste génial ! 😀
Comme le laisse comprendre le résumé, nos héroïnes sont donc des jeunes filles « moches ». Du moins selon les critères de Malo, créateur du classement des Boudins du collège-lycée où vont les trois filles. En fait, tout le monde est d’accord sur la mocheté des filles et le leur font bien savoir. Mais pour Mireille, Boudin de Bronze cette année, et narratrice de cette histoire, il y a bien longtemps que tout cela ne lui fait plus ni chaud ni froid. Elle le prend même avec humour, reine du sarcasme et de la mauvaise foi qu’elle est. Sauf que pour Astrid et Hakima, les deux nouvelles du classement, l’acceptation est beaucoup moins évidente. Alors Mireille se met en tête de les trouver et de les soutenir. Ce sera le moment pour elles de se confier et, très vite, non seulement liées par les résultats de ce classement, elles vont se trouver d’autres points communs. Des points communs qui seront tous réunis lors d’un événement en particulier : la garden-party du 14 juillet à l’Elysée. A partir de là, tout s’éclaire pour les filles et il ne faudra pas longtemps pour que leur projet fou mûrisse et se mette en marche… Elles deviennent alors les « Trois Boudins ».
Je ne vous en dis pas plus sur l’histoire, ce serait vous gâcher le plaisir. 😛 Mais vous allez voir, dès la première page, vous allez adorer Mireille et sa vision du monde : ce personnage est tout simplement exceptionnel d’impertinence. L’histoire est d’une fraîcheur qui fait du bien au moral : un road-trip improbable et complètement décalé servi par une écriture énergique. Mais en plus d’être un livre drôle qu’on peut apprécier juste pour cet aspect, Clémentine Beauvais réussit aussi à nous faire réfléchir sur des sujets de société très importants, notamment notre rapport à la beauté et aux réseaux sociaux. Sujets ô combien importants pour nos ados, pour qui Facebook et les selfies font partie intégrante de leurs vies. Mais c’est surtout une belle leçon de vie, mâtinée d’aventure, de moments d’émotions… On se croirait presque dans ces films pour les ados des années 80 (style Les goonies ou Stand by me) où tous ces ingrédients étaient réunis. Peut-être bien que ça en ferait d’ailleurs un film génial ! Avec Jean-Michel, on a aussi beaucoup aimé le côté science-fictionnesque parce que figurez-vous que dans le monde des Trois Boudins, il y a plein de mairesses et une présidente ! Fou, non ?
On pourrait dire encore beaucoup de choses sur cet excellent roman, mais je vais vous laisser ici, pour que vous couriez vite chez votre libraire vous procurer cette merveille (d’autant plus que la couverture est trop cool) dès sa sortie. Clémentine, Sarbacane, merci pour cette belle pépite, gros coup de cœur de Bob et Jean-Michel. Purée, ça fait du bien des livres comme ça ! 😀

Les petites reines, Clémentine Beauvais (Sarbacane)
collection Exprim’
en librairie le 1er avril 2015
9782848657684 – 17 €
à partir de 14 ans

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Le ciel nous appartient – Katherine Rundell

209 en librairie le 28 août
à partir de 12 ans
9782361932664
16,50 €

★★★★★

Tout le monde pense de Sophie qu’elle est une orpheline. Nulle femme n’a en effet survécu au naufrage qui la laissa, à l’âge d’un an, flottant dans un étui à violoncelle au beau milieu de la Manche. La fillette demeure cependant intimement persuadée que sa mère n’a pas sombré avec le navire. Alors,lorsque les services d’Aide à l’enfance anglais menacent Charles Maxim, son tuteur, érudit généreux aussi courtois que maladroit, aux méthodes d’éducation fantasques, de lui reprendre la garde de Sophie, celle-ci, suivant l’enseignement de ce doux rêveur, décide de ne négliger aucune possibilité, et part pour Paris en sa compagnie sur les traces de sa mère… Une cavale menée sous le signe de l’espoir, qui conduira la fillette aux cheveux couleur des éclairs sur les toits de la ville-lumière. Elle y fera la connaissance de Matteo et de sa bande de danseurs du ciel. Froussards et phobiques des hauteurs s’abstenir : mieux vaut avoir le cœur bien accroché pour pouvoir suivre ces gamins-là !

La présentation de l’éditeur était si parfaite, je n’ai pas pu m’empêcher de faire un copier/coller de prestidigitatrice 🙂 (je suis fourbe)

Encore une fois, la Rentrée littéraire des adolescents a frappé : ce roman est d’une telle envergure que je ne me suis pas arrêtée de lire une seule seconde.

J’étais à deux doigts de verser ma larme à la fin du livre. Il est difficile de ne pas avoir d’empathie pour les personnages :

Charles Maxim son attachement pour Sophie est irréfutable, ses démonstrations d’affections sont touchantes, son amour pour les livres est quelquefois original et sa compréhension de l’âme humaine impressionne. Moi aussi j’aurais beaucoup aimé mangé un plat en sauce sur un livre, c’est un souvenir que l’on doit avoir plaisir à se remémorer.
Sophie n’est pas une « vraie » fille : porter des jupes ? quelle idée, peut-on grimper sur les toits aisément ? mieux vaut porter un pantalon, de toutes façons c’est plus pratique pour jouer du violoncelle. C’est une jeune femme tenace qui a de l’énergie à revendre et qui sait capter la stupidité d’un esprit humain avec autant de flair que son tuteur, Charles. L’acharnement dont elle fait preuve pour retrouver sa mère est presque effrayant.
Toute la bande des toits de Paris, ces adolescents sans domicile fixe qui ne désirent que leur Liberté, qui continuent de grandir dans l’adversité sont des héros, aux yeux de Sophie comme aux nôtres.

Charles et Sophie forment un duo que j’affectionne particulièrement et je ne vais rien révéler de dramatique mais lorsque Charles verse une larme à la fin, ça nous touche.

Cette histoire est riche en tout, sachez-le.
Riche en voyages de Londres à Paris, des trottoirs aux toits
Riche en émotions de l’amour à la frustration avec une grosse touche d’aventure
Riche en valeurs  l’amitié, l’entraide et l’esprit de famille

Nous ne le dirons jamais assez, cette rentrée « envoie du pâté » 🙂
Pour aller plus loin www.editionsdesgrandespersonnes.com

merci aux éditions des Grandes Personnes pour les épreuves de ce livre dévorées au soleil