Sur une île invisible depuis la mer vivent une communauté de femmes. Des sœurs, qui ont fui le monde et sa violence, celle des hommes en particulier, pour vivre sous la protection d’une ancienne magie. Maresi est une adolescente qui a quitté son foyer après une terrible famine et qui espère, grâce à l’enseignement dispensé par les sœurs, pouvoir un jour apporter son savoir dans son ancien pays. Mais un jour, une nouvelle jeune fille arrive sur l’île et, avec elle, une menace sur la communauté…
★★★★☆
Oh mais voilà un roman de fantasy aussi passionnant qu’étonnant ! Nous sommes dans un monde aux frontières non définies, à la carte floue et aux peuples esquissés où l’on s’intéresse à une petite île réputée invisible à qui ne sait qu’elle se cache à cet endroit précis de l’océan. Menos est une île fouettée par les vents, riche d’une teinture précieuse et où ne vivent que des femmes, depuis l’enfance jusqu’à la vieillesse, qui ont quitté leurs foyers trop pauvres ou cruels. C’est avec Maresi que nous découvrons l’histoire de l’île et de sa communauté ancienne. Jeune fille dont la famine a frappé le pays d’origine, Maresi se révèle aussi avide de connaissance que des bons plats préparés à l’abbaye. Déterminée et généreuse, elle accueille volontiers la nouvelle venue, Yaï, qu’un passé terrible poursuit jusque dans son sommeil. Entre corvées, découverte du lieu et apprentissage quotidien, Maresi nous apprend comme à Yaï tout ce qu’il y a à savoir sur l’Abbaye Ecarlate et le culte de la Mère Originelle. Un endroit empli de mystères, de légendes et d’une magie étrange. Mais la quiétude de ce lieu est bientôt menacée, tout comme la sécurité de Yaï et des autres femmes de l’abbaye… Car les hommes arrivent.
Avec Maresi, Maria Turtschaninoff nous offre un monde entre douceur et cruauté, espoir et mort. Le début du roman est assez lent, presque contemplatif, nous laissant découvrir l’île et ses habitantes, leur mode de vie et leur croyance et l’arrivée de cette nouvelle fille qui va bouleverser toute l’abbaye. Une manière de nous attacher à ses personnages, à son univers féminin – et féministe – avant de le voir menacé par la cruauté de l’homme. Maresi est d’ailleurs un personnage fort, qui comprend sa chance d’être à l’abbaye tout en n’oubliant pas son triste passé, déterminé à assouvir sa soif de connaissance dans un but de transmission, et effrayé par une facette de la Mère Originelle qui ne cesse de la poursuivre… Au-delà du roman féministe qui évoque tout simplement la condition des femmes et les traitements violents dont elles sont victimes (c’est le lot de beaucoup des jeunes sœurs de l’abbaye), ou de l’importance de l’éducation, Maria Turtschaninoff, à travers la figure de sa divinité, la Déesse aux Trois Visages, évoque aussi toutes les faces possibles de la femme et j’ai trouvé particulièrement intéressant le personnage de la Rose (dont je ne vous dis rien) qui donne une toute autre dimension à ce qualificatif et qui n’est pas si courant en littérature jeunesse. J’ai été véritablement conquise par ce très beau roman, sa mythologie et sa magie, ses portraits de sœurs courageuses, érudites, malicieuses ou travailleuses qui vivent en harmonie. Une magnifique découverte ! 🙂
disponible depuis le
9782700253085 – 14,90€
J’ai lu aussi ce roman que j’ai dévoré, que j’ai trouvé touchant et bien écrit. J’ai cependant été un peu gênée par ce qu’on en dit et montre des hommes (au sens masculin), qui est certes vrai et intéressant mais qui manquait un peu de nuance.
Bref, le côté féministe m’a séduite, pour tout ce que vous en dites, mais n’est-il pas un peu injuste envers les hommes ?
C’est vrai, j’y ai repensé ensuite. Les hommes n’arrivent finalement dans le roman qu’à la quasi toute fin, ça ne laisse pas beaucoup de temps pour les nuances, en effet. Mais il y a tout le même le frère de Yaï qui se démarque un peu. Et Maresi, au cours du roman, nous évoque aussi son père, un homme bon qui a toujours pris soin d’elle (pour faire la comparaison avec celui de Yaï). Mais je suis d’accord, c’est peut-être un peu léger pour contrebalancer la cruauté de ceux qui débarquent sur l’île…
C’est vrai que l’image masculine est quand même bien écornée ! Pour autant ce qui me reste vraiment de ce roman que j’ai beaucoup, beaucoup aimé, c’est cette « enfant » qui s’élève contre l’obscurantisme, qui a compris que c’est l’enseignement – y compris des filles – qui est la clé de tout ! Au jour d’aujoud’hui, tu te dis que bien des dirigeants dans le monde devraient lire ce roman !
Bref, j’ai trouvé ce roman très beau et très émouvant… et moi qui aime les fins (les séries qui n’en finissent pas de finir : très peu pour moi !!! )… j’aurais bien aimé que celui-ci ne finisse pas aussi vite !
Moi aussi, je me disais qu’il y aurait matière à en faire une série ! Il y a tellement de personnages variés et attachants qu’on aimerait pouvoir les suivre dans d’autres aventures, et en découvrir un peu plus sur le culte de la Mère Originelle, le rôle de la Rose, de la Mère, etc.
Concernant le côté masculin un peu écorné : pour autant que je me souvienne, il est fait mention d’un homme blessé recueilli et soigné par les soeurs dans le passé. Elles ne sont donc pas opposées aux hommes de manière absolue et définitive, mais tentent seulement de se protéger et d’instruire les fillettes dans les meilleures conditions possibles.
Oui, je trouve aussi que toute cette mythologie mérite d’être approfondie, je suis donc bien curieuse de lire la suite ! 😉
J’avoue que je ne me souviens plus de tous les détails concernant les hommes, mais ceux qui sont le plus présents (la famille de Yaï) sont quand même les plus marquants dans le récit et ne sont effectivement pas les meilleurs représentants de leur sexe… mais oui, je suis d’accord, ce n’est pas un roman anti-hommes pour autant, bien au contraire, je pense.
Oui, je suis totalement d’accord sur le thème principal, c’est aussi ce qu’il m’en reste le plus après ces mois passés… 🙂
Ahah, je suis curieuse, du coup, de voir ce que va donner le tome 2, s’il s’agira d’un autre personnage dans le même univers ou une « vraie » suite…