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Un peu de philosophie

Il n’est jamais trop tôt pour se poser des questions sur soi, sur les autres ou sur ce qui nous entoure. Avec nos deux albums du jour, vous allez avoir matière à vous interroger, à observer et à contempler…

Parfois, on a l’impression qu’il ne se passe rien…

Un enfant entre dans un parc, promenant son chien. L’employé municipal balaye les feuilles mortes. Un couple d’amoureux se dispute. Une vieille dame nourrit les pigeons. Parfois, on dirait qu’il ne se passe rien, et que le temps passe, tout simplement… Jusqu’à ce que le chien se lance à la poursuite des pigeons, entraînant tout un tas de petites catastrophes… Et voilà qu’il se passe plein de petits riens !

Voilà un bel album pour s’intéresser au temps qui passe, ou qui ne passe pas, à ces instants où l’on s’assoit tout simplement sur un banc pour observer autour de soi : les gens, la nature et tout ce qui se passe devant nous. Comme cet enfant assis sur son banc, son chien couché à ses pieds, on se laisse entraîner par ces petites scènes de vie quotidienne, on s’interroge sur ces « petits riens » qui s’invitent à nous pour disparaître aussi vite, ou qui nous marqueront durablement. Comme le seront peut-être tous ces petits riens provoqués par le chien qui s’enfuit, petite tornade dans ce parc tranquille, qui amèneront l’enfant et la vieille dame à se parler et à partager ensemble un petit rien qui deviendra précieux. Le texte poétique et philosophique de Simon Priem nous invite à ralentir, à nous poser comme cet enfant et cette vieille dame et à regarder, à nous souvenir et à savourer tous ces petits riens qui font la vie. Avec ses magnifiques peintures à l’huile, Stéphane Poulin accompagne la douceur de ce texte et lui apporte également beaucoup d’humour grâce aux situations provoquées par la fuite de ce chien et à des personnages amusants et vivants. Une très belle manière de rappeler l’importance de toutes ces petites choses apparemment sans importance qui sont parfois de jolis souvenirs, de belles rencontres et des moments précieux.

Parfois, on a l’impression qu’il ne se passe rien…, Simon Priem, illustré par Stéphane Poulin (Sarbacane)
disponible depuis le 4 novembre 2020
9782377314621 – 15,90€
à partir de 5 ans

Le cadeau

A la veille de Noël, le père de Xiong lui offre une sortie au musée. Voilà un cadeau qui ne l’enthousiasme pas du tout : Xiong déteste les musées et ne comprend rien aux œuvres d’art. Mais peu à peu, le garçon découvre tout ce qui fait la richesse des musées et tout ce qu’il observe du comportement des autres visiteurs l’interroge sur l’art et le rapport que l’on entretient avec…

Quel album insolite ! A travers le regard enfantin de Xiong, Page Tsou évoque avec beaucoup de tendresse et d’intelligence notre rapport à l’art et aux musées. Quel enfant – ou même adulte – n’a jamais été comme Xiong, traînant des pieds pour aller au musée, décidant qu’il n’y comprenait rien avant même d’avoir vu quoi que ce soit ? Ainsi l’enfant découvre-t-il que les œuvres peuvent avoir tout autant de significations que ceux qui les observent, que certains visiteurs peuvent être subjugués par tout autre chose que les tableaux au mur, ou encore qu’on n’est pas obligé de tout comprendre. Cette expérience intime et philosophique lui permet ainsi de changer son regard, d’accepter d’être touché par ce qu’il voit ou ce qu’il comprend et de laisser ses préjugés derrière lui. Et Le cadeau est également une véritable expérience graphique. Photographie, dessin et collage numérique forment des images étonnantes, à la saveur très vintage, qui servent admirablement le propos et apportent également pas mal d’humour. Un album sensible et atypique pour faire l’expérience de l’art. A découvrir !

Le cadeau, Page Tsou, traduit par Chun-Liang Yeh (HongFei)
disponible depuis le 10 novembre 2020
9782355581755 – 15,90€
à partir de 6 ans
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Florian Bates : alerte au musée – James Ponti

9782330065997,0-3392605

Florian Bates est un élève de 5e tout à fait normal, bien que doué d’une faculté un peu bizarre : il remarque tous les petits détails que personne ne voit et les relie entre eux. Un don plutôt utile pour résoudre des mystères ou des enquêtes ? C’est aussi ce que pense le FBI. Et lorsque des tableaux sont volés au musée où travaillent ses parents, Florian va devenir un consultant d’un genre particulier pour le FBI…

★★★★☆

Si Sherlock Holmes avait un fils, il se nommerait Florian Bates. Une simple marque de chaussure, une marque de bronzage, voilà le genre de petits détails qui peuvent tout dire de vous, ou en tous cas de vos derniers voyages, pour un garçon de 12 ans doué d’une perception étonnante. Ce pouvoir un peu spécial, il ne nomme le GRATIN : le Guide de Recherche et Analyse de Tout Indice Négligeable. Et jusqu’à présent, il était le seul à l’utiliser. Mais après avoir voyagé à travers le monde, la famille Bates s’installe à Washington et Florian fait immédiatement la rencontre de Margaret, une fille géniale qui fait du football et s’intéresse à son drôle de pouvoir. C’est lorsque les deux amis sont au musée, Florian initiant Margaret au gratin, que ce qui n’était qu’un jeu bascule soudain en enquête fédérale et propulse Florian et sa famille au cœur d’une affaire de vol d’œuvres d’art.

Du rythme, de l’humour, de l’esprit, un peu de frissons, tous les ingrédients sont réunis dans ce roman policier à la traduction impeccable (en langue originale, le GRATIN est appelé TOAST : the theory of all small things). On s’attache instantanément à Florian et Margaret, un duo d’enquêteurs flamboyant qui, du haut de leurs 12 ans, restent malgré tout des enfants. L’intrigue, très riche, nous fait également découvrir de nombreux endroits de Washington (ce n’est pas souvent qu’on se trouve là-bas en littérature jeunesse) mais aussi quelques peintures célèbres ou encore les techniques de survie du FBI en cas de kidnapping…ce qui s’avère particulièrement utile, vous en conviendrez. Cette première enquête de Florian Bates est rondement menée, avec des twists jusqu’à la dernière ligne, et on attend avec impatience la suite des aventures de ces deux jeunes héros dégourdis ! 😀

Florian Bates : alerte au musée, James Ponti, traduit par Cécile Chartres (hélium)
disponible le 7 septembre 2016
9782330065997 – 13,90€
à partir de 11 ans
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Cette nuit-là…au musée – Isabelle Simler

On aimerait commenter tous les livres d’Isabelle Simler mais la vérité c’est qu’à défaut des héros de son livre, la nuit nous dormons 🙂 Elle frappe encore avec cet album qui appelle la curiosité, éveille les pupilles à une poésie douce et lumineuse.

★★★★★

cettenuit-làaumuséeCette fois-ci elle nous emmène dans l’envers du décor du musée des Confluences. Quand la nuit tombe, que les lieux se vident, un Citron de Provence prend son envol, embarquant à sa suite une nuée de papillons et vont s’agiter parmi les fossiles, les insectes naturalisés, les squelettes, les animaux empaillés…

…par magie, ils s’éveillent à leur tour, prennent vie dans l’espace du musée. Entre minéraux et objets anciens qui ont révolutionnés le quotidien de l’homme, nos petites – et grosses bêtes – s’animent tout feux tout flammes, vivent pleinement leur vie dans la nuit bleutée du musée. Ils se dégourdissent les pattes, les carapaces, les mandibules comme si l’éveil des papillons leur avait insufflé la vie et qu’ils n’étaient plus transporté que la passion. A travers les pages, Isabelle nous présente le parcours permanent du Musée : l’origine du monde, les espèces animales et les différentes sociétés, théâtre des hommes. On voit passer sous les traits de l’auteur, le Camarasaurus qui vient tout juste d’être monté au Musée des Confluences. Une véritable visite guidée puisqu’au fil des pages, une légende est attribuée à chaque objet, un détail qui a son importance.

Quand les animaux imitent les hommes 

Immobiles et inanimés le jour, les habitants du musée se laissent habiller par le regard des visiteurs curieux. Le relâchement suivi de l’euphorie qui les habite est ainsi justifié : un peu de détente leur est nécessaire. Après tout, les êtres humains fonctionnent sur ce schéma, nos habitants du Musée auraient tort de se priver. Surtout lorsqu’on a des minéraux qui font office de boule disco « Et les météorites projettent de la poussière d’étoiles ! » cette récréation nocturne a le mérite d’être encore plus fabuleuse.
Petit pied-de-nez de la part de nos noceurs : ils empruntent avec facilité les escaliers, ascenseurs et usent même d’objets conçus pour les hommes en guise d’accessoire de soirée…ils n’ont plus de limites dans l’imitation 🙂

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Avec finesse, Isabelle Simler nous donne le goût au merveilleux.

Cette nuit-là…au musée,Isabelle Simler(Editions Courtes et Longues)
disponible depuis le 6 janvier 2016
9782352901556 – 22€
à partir de 4 ans

machambredesmerveillesDisponible également chez le même éditeur, un cahier d’activités inspiré par le Musée des Confluences :

Ma chambre des merveilles,Isabelle Simler(Editions Courtes et Longues)
disponible depuis le 4 septembre 2014
9782352901280 – 9.90€
à partir de 5 ans