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Pour un œil de poupée – Marina Cohen

9791035201319,0-4694227

Hadley emménage dans une nouvelle maison avec sa mère, son beau-père Ed et son fils Isaac, âgé de six ans. Fâchée et boudeuse depuis que sa mère la délaisse complètement pour cette nouvelle famille, Hadley finit par découvrir dans le grenier une magnifique maison de poupée, réplique exacte de sa nouvelle demeure, dans laquelle sont posées trois poupées formant une famille idéale. Lorsque la jeune fille formule le vœu que sa famille ressemble à celle des poupées, elle ne se doute pas que son monde va basculer…

★★★★☆

Ceux qui ne se sentent pas très à l’aise sous le regard de verre des poupées devraient frissonner en lisant ce roman prenant à l’atmosphère délicieusement terrifiante. Qui, après une dispute avec sa famille, ne s’est jamais dit « ah si seulement ma mère était plus comme ci ? si seulement mon père était comme ça ? et si je n’avais pas de sœur ou de frère !? » Attention aux souhaits que l’on exprime, nous disent parfois certains dictons. Et c’est précisément ce que dit également Grace, la meilleure amie mystique un peu hippie de la maman de Hadley à la jeune fille lors de sa visite dans leur nouvelle maison. Mais Hadley, toute gamine qu’elle est, ne peut s’empêcher de formuler des souhaits sous le coup de la colère, sans se rendre compte qu’une étrange magie est à l’œuvre dans cette maison réputée maudite, de laquelle un nombre incalculable de familles se sont enfuis. Et c’est sans compter ces poupées trop ressemblantes sculptées par la vieille dame qui habite au-dessus du garage, ou cet étrange œil de verre trouvé en même temps que la maison de poupée, qui semble détenir un drôle de pouvoir… Bientôt, Ed et Isaac disparaissent, comme effacés de la mémoire de tous et Hadley se retrouve seule avec sa mère, pour son plus grand plaisir…jusqu’à ce qu’elle souhaite que son vrai père vive avec elles…

Il y a dans Pour un œil de poupée un petit air de Coraline qui ravira assurément ceux qui ont lu cette excellente histoire de Neil Gaiman. Pour les autres, ce sera l’occasion de découvrir un roman fantastique où l’effroi n’a d’égal que le suspense qui nous tient jusqu’au dénouement. Des flashbacks du temps des premiers propriétaires de la maison permettent de lever le voile sur l’histoire de cet endroit, sur les croyances issues du folklore allemand, tout en ajoutant des pièces au puzzle qui se construit sous nos yeux. Un roman qui, par l’épouvante, nous interroge aussi sur la famille et les relations que l’on a – ou pas – avec chacun de ses membres et sur le bonheur. Et qui vous fera réfléchir à deux fois avant de souhaiter de changer de parents parce que les vôtres sont nuls ! 😛

Pour un œil de poupée, Marina Cohen, traduit par Valérie Dayre (Thierry Magnier)
disponible depuis le 21 février 2018
9791035201319 – 16,40€
à partir de 12 ans
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Le coeur de la poupée – Rafik Schami

9782211211819,0-2644780

Quel étrange livre que Le cœur de la poupée ! Il faut dire aussi que Bob l’a un peu cherché, car il n’aime pas trop les poupées…ça lui file la pétoche ! Et cette couverture et ces illustrations de poupées de Grégory Elbaz ont bien accentué le sentiment de malaise de Bob. Sérieusement, ça ne vous fait pas un peu peur, vous ?

Un jour où il fait tout gris, Nina accompagne ses parents au marché aux puces. Sous l’étal d’un vendeur, elle découvre une poupée dans un seau, mais il se n’agit pas de n’importe quelle poupée. C’est Petitoi, une poupée qui parle et qui est capable d’aspirer les peurs. Une poupée parfaite pour Nina. Mais une poupée à qui il manque pourtant quelque chose et qu’elle aimerait beaucoup avoir…

★★☆☆☆

Le cœur de la poupée nous emporte dans un univers très enfantin, où les chapitres se succèdent sans toujours se suivre. En effet, nous suivons Nina dans sa vie de tous les jours, les anecdotes de l’école, ses jeux avec sa voisine, ses angoisses et ses peurs, les gens qu’elle rencontre. Et Petitoi, qui est toujours là pour jouer avec elle, lui raconter des histoires ou des souvenirs de ses vies d’avant avec d’autres enfants, discuter avec les autres peluches et jouets, etc. Un univers qui semble finalement ne s’ancrer dans aucun temps en particulier. Je croyais d’ailleurs que le roman se passait à une époque plus ancienne que la nôtre. Les illustrations semblent intemporelles et l’écriture de Rafik Schami agréablement vieillotte. Mais différents éléments du récit nous prouvent que non.

Le cœur de la poupée aborde une certaine variété de thèmes, depuis la peur enfantine en passant par la mort et le deuil, mais qui a surtout une grand part de philosophie. Car Petitoi se demande ce que cela lui ferait d’avoir un cœur, de ressentir comme Nina ressent les choses. Et la petite fille et la poupée échangent régulièrement sur des concepts comme la mort ou l’âme…
Un roman étonnant, donc, sur l’importance de l’enfance, mais dont j’ai peur qu’il ne trouve pas son public autant chez les plus jeunes que chez les ados de par sa construction peu évidente, qui en fait une lecture peu facile. Il n’a en tous cas pas tellement trouvé son public avec Bob.

Le coeur de la poupée, Rafik Schami, illustré par Grégory Elbaz (École des loisirs)
collection Neuf grands formats
en librairie depuis le 20 mai 2015
9782211211819 – 15,80€
à partir de 9 ans

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Eleanor – Holly Black

9782747047708,0-2283387

Aujourd’hui, c’est Halloween, alors quoi de mieux que vous présenter un livre censé faire peur ? Alors voici Eleanor…mais tiendra-t-elle le pari de vous filer la pétoche ?

Zach, Poppy et Alice partagent la même passion : les jeux de rôles avec des figurines. Ils ont inventé leur propre monde, peuplé des pirates, de sirènes et de trésors, gouverné par la Sublime Reine, une étrange poupée de porcelaine qui trône dans une vitrine chez Poppy. Mais un jour, Zach est contraint d’arrêter de jouer et le plus étrange se produit : la poupée s’anime et ordonne à Poppy de la ramener auprès des siens ou les trois enfants ne connaîtront jamais le repos…

★★☆☆☆

« Certains jeux peuvent s’avérer dangereux », telle est la phrase d’accroche de la quatrième de couverture. Malheureusement, je n’ai pas été aussi effrayée que je l’espérais. Le début du roman est un peu long à se mettre en place, l’auteur prend le temps de nous présenter les personnages, leur vie plutôt tranquille ou les difficultés familiales qu’ils rencontrent. Il faut attendre d’être arrivé au tiers du livre pour que l’aventure commence véritablement, quand les enfants décident de se lancer dans cette quête folle de ramener la Sublime Reine, qui contiendrait les cendres d’une petite fille morte, dans sa ville d’origine afin de l’enterrer. C’est également à ce moment que les éléments de peur ou d’horreur entrent dans l’histoire, car des choses bien étranges se déroulent durant leur périple, des choses auxquelles la poupée ne serait pas étrangère… Eleanor fera-t-elle peur aux plus jeunes ? Peut-être, mais j’ai trouvé que le roman aurait pu être un peu plus effrayant ou, du moins, garder le suspense jusqu’au bout et jouer un peu plus sur les doutes des personnages. Car j’ai trouvé que les enfants acceptaient assez facilement l’histoire de cette poupée (qui est pourtant terrible !) et ne semblaient pas toujours être dans une peur constante. A un moment donné, l’auteur insiste plus sur l’aspect initiatique de son histoire, et la façon dont cette quête fait grandir Zach et Alice. Déçue, donc, par cette histoire que j’attendais vraiment effrayante…

Eleanor, Holly Black (Bayard jeunesse)
en librairie depuis le 16 octobre
9782747047708 – 13,90 €
à partir de 10 ans