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Serial Tattoo – Sylvie Allouche

Quand Ayo Madaki débarque dans le commissariat avec un sac plein à craquer de billets, Clara Di Lazio sent que l’affaire va être pour elle. Touchée par sa détresse, elle écoute le récit de cette mère dont la fille, Shaïna, s’est « vendue » pour 30 000€. La commissaire et son équipe sont désormais lancés dans une course contre la montre pour retrouver Shaïna, possiblement impliquée dans un trafic d’êtres humains…

Après Stabat Murder et Snap Killer, c’est avec une joie non dissimulée que l’on retrouve toute l’équipe de Clara Di Lazio dans une nouvelle enquête qui va mettre à l’épreuve nombre de personnages ! Et le chapitre d’ouverture donne le ton ! C’est d’ailleurs le tour de force du roman de Sylvie Allouche que de proposer une enquête policière dont les questions ne seront pas « qui ? quoi ? comment ? » puisque cette scène d’exposition nous révèle à peu près les raisons de la disparition de Shaïna, nous donne une idée de la fin et que l’on découvre très rapidement qui est le commanditaire. Mais alors quid de l’investigation ? du suspense ? Il est bien présent car certains éléments restent obscurs… Mais, cette fois, Sylvie Allouche nous emmène vraiment au plus proche de l’équipe de Clara et apporte une véritable profondeur aux personnages, nous attachant toujours plus à eux. Et à Louise en tête, jeune recrue épatante découverte dans Snap Killer, qui va se retrouver dans une délicate situation d’infiltration.

Dans Serial Tattoo, Sylvie Allouche aborde le thème du trafic d’êtres humains. Clara va d’ailleurs devoir collaborer avec son homologue de la brigade de répression du proxénétisme, puisque leur enquête va les mener au Bois de Vincennes où des jeunes filles venues du Nigéria (mais sans doute pas que !) sont mises sur le trottoir. Un sujet d’autant plus fort et terrible qu’il est assez désespérant sur l’état de notre monde, des droits humains et de la façon dont il semble impossible d’enrayer un tel trafic… Nos policiers vont avoir leurs nerfs mis à rude épreuve dans cette enquête qui sera bien pire que ce qu’ils imaginent ! Avec ce troisième tome, Sylvie Allouche affirme ses personnages, nous promet encore de nombreuses surprises, et confirme son talent et sa place indispensable sur les étagères de polars pour ados. Une enquête encore une fois passionnante, efficace, haletante et pertinente ! On en redemande !

Serial Tattoo, Sylvie Allouche (Syros)
disponible depuis le 20 août 2020
9782748526806 – 16,95€
à partir de 13 ans
Discussion
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146298 – Rachel Corenblit

GetBlob.ashx

Elsa entre pour la première fois chez un tatoueur. Elle a décidé de marquer sa peau de façon indélébile avec un tatouage très significatif…Plutôt débile pensent ses amis. Car c’est suite à une remarque qu’elle s’est décidée. Elle va graver sur sa peau un nombre riche de sens : 146298.

1, 2, 3, nous irons au Bob

★★★☆☆

Une voix forte, rageuse, en colère s’élève dans ce court roman. Il y a des choses dont on ne parlait pas dans la famille d’Elsa, jusqu’au jour où un cours d’histoire lui apprend la signification du numéro tatoué sur l’avant-bras de sa grand-mère. Une véritable révélation. Et une colère gigantesque. Elsa va alors soutirer son histoire à sa grand-mère, alors que celle-ci oublie justement peu à peu son passé. Une histoire liée à la grande, celle des camps de concentration. Et quand son petit ami utilise une expression malvenue, la décision d’Elsa est prise. 146298 est un texte court mais percutant, étonnant aussi de par sa façon de traiter le travail de mémoire. Je n’ai pas très bien saisi les motivations d’Elsa dans cette histoire, j’ai trouvé ses réactions parfois extrêmes. D’autant plus que la fin est très brusque, nous abandonnant songeur. Un texte qui ne laissera sans doute pas indifférent, mais qui n’est pas parvenu à me toucher complètement.

4, 5, 6, manger des Jean-Michel

★★★★☆

Bob : tu es dur avec la jeunesse quelquefois 🙂 Elsa est une adolescente dont l’entourage n’a pas pris la peine d’apporter de réponses à ses questions : d’où vient-elle ? quelle est l’histoire de sa famille ? pourquoi ne faut-il pas embêter sa grand-mère avec ça ? J’aurais moi-même souhaité en savoir plus, coûte que coûte : les réactions d’Elsa sont à la hauteur des frustrations causées par ses parents : c’est évident qu’elle finisse par se fâcher. Ce qui retentit véritablement dans ce roman c’est le récit de sa grand-mère : celui d’une déportée, encore jeune qui a connu la mort de ses proches, la faim, la soif et toute l’horreur des camps. En lisant son Histoire j’ai eu les larmes aux yeux et ainsi, à l’entente du témoignage de son aïeule, Elsa est sous le choc et le contrecoup ne se fait pas attendre. Elle essaie de savoir, de ressentir : pendant 3 jours elle ne mangera rien ni ne boira…Infructueuses, ces expériences lui montreront qu’elle ne connaîtra jamais ces horreurs et que sa grand-mère est, contre toute attente, une survivante, une héroïne, son héroïne. Se faire tatouer les mêmes chiffres sur son poignet est sa façon à elle de réécrire l’Histoire et je ne crois pas une seule seconde à l’excuse de « la phrase mal placée » de son ami fais pas ta juive, pour moi Elsa avait cette idée qui lui trottait en tête depuis un moment. Un hommage à sa grand-mère que j’ai trouvé juste.

146298, Rachel Corenblit (Actes Sud junior)
collection D’une seule voix
disponible le 2 septembre 2015
9782330053758 – 9€
à partir de 13 ans