Une couverture métallisée, un œil qui vous regarde… Non, ce n’est pas la nouvelle saison de Secret Story, quoique, remplacez la maison par une prison et vous obtiendrez Cell.7, un nouveau genre de téléréalité…
Dans une Angleterre futuriste, le système judiciaire a évolué : la peine de mort a été rétablie et chaque citoyen peut voter pour ou contre l’exécution des prisonniers. Martha Honeydew a seize ans et elle est la première adolescente à entrer dans le couloir de la mort. Son crime : avoir assassiné Jackson Paige, une star de la téléréalité appréciée de tout le monde. Désormais, ce sont 2 millions de citoyens qui vont juger la jeune femme…
★★★☆☆
Martha Honeydew va passer sept jours, passant de cellules en cellules (une différente chaque jour), scrutée par les caméras et les millions de gens vivant dans cette Angleterre de science-fiction où les riches vivent séparés des pauvres et où règne une justice dite démocratique. « Mort = Justice », c’est le nom de l’émission de télé la plus populaire du pays où, chaque jour, est proposé un récapitulatif de ce qui se passe dans le couloir de la mort, où l’on voit évoluer les condamnés de cellule en cellule jusqu’à la Cell.7, celle de la chaise électrique. Mais c’est aussi dans cette émission que sont dévoilés les votes du public qui détermineront le sort des condamnés : il suffit de voter par téléphone ou sur Internet, moyennant quelques £, of course, ce qui, vous pensez bien, n’est pas à la portée de toutes les bourses…
Justice et corruption, univers de la téléréalité qui cache de bien sombres secrets, culpabilité et innocence, autant de thématiques développées dans ce roman bien ficelé qui multiplie les points de vue : celui de Martha, dans le couloir de la mort, qui clame haut et fort son crime ; Eve, son assistante juridique, dont le métier est en voie de disparition, qui pense qu’il y a bien plus derrière ce crime que ce que Martha dit ; et d’autres qui se révèlent au fur et à mesure de l’histoire. Il y a également l’émission « Mort = Justice » retransmise chaque jour dans le livre, et qui est peut-être son seul écueil puisqu’il n’est pas si simple de rendre à l’écrit ce qu’on nous décrit à l’écran (en tous cas, ces parties-là m’ont semblé moins faciles à lire et souvent répétitives : description du générique, des transitions, etc.). Malgré un univers finalement assez classique (les pauvres d’un côté victimes d’injustices et les riches de l’autre qui ont tout pouvoir) Kerry Drewery dresse le portrait d’une société terrifiante et nous interroge, plus que sur la peine de mort, sur le sens même de la justice. Un roman qui n’est pas sans rappeler un épisode de l’excellente série Black Mirror (mais je ne vous dit pas en quoi ou vous en perdriez la surprise) et qui, avec rythme et de bons ressorts, parvient à nous happer jusque la dernière page. Il semblerait que Cell.7 soit le premier tome d’une trilogie mais je trouve que, même si certains éléments peuvent appeler à une suite, il se suffit aussi à lui-même. Une lecture vraiment intéressante. 🙂
disponible depuis le
9782012205789 – 18€