Son
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L’espoir sous nos semelles – Aurore Gomez

Après on long silence radio dont nous sommes bien désolées, Bob & Jean-Michel reprend du service et…été oblige, on vous invite à cliquer sur le petit visuel à droite pour découvrir notre sélection d’ouvrages à emporter avec vous en vacances ! 😀

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Pour sauver sa famille de la pauvreté, Juno s’inscrit au « trek du Pownal », une course en montagne de 1000 kilomètres, suivie par les internautes, où s’affrontent 30 concurrents. Au bout de cette course : une rondelette somme d’argent pour le vainqueur.

★★★★☆

Après la mort de sa mère et de sa grande sœur, prodige de l’alpinisme, le père de Juno est tombé dans la dépression, délaissant travail et famille. La jeune fille a du abandonner ses études pour subvenir aux besoins de ses frère et sœur, et travaille à la conserverie locale. Lorsqu’elle découvre une publicité pour le fameux trek de Pownal, il ne lui faut pas longtemps pour décider de tenter sa chance. Commence alors pour elle une aventure tant sportive qu’humaine.

Roman d’aventure psychologique, on pense forcément à Hunger Games pour le côté 30 ados en liberté dans une course contre la montre. Pourtant, la comparaison s’arrête là : point de meurtres ou de dangers vicieux. Seule la nature et les autres concurrents sont susceptibles de mettre des bâtons dans les roues de Juno. Car, si elle n’a jamais montré de facultés particulières pour la marche en montagne, sa détermination est forte et la porte vers l’avant. C’est d’ailleurs le grand point fort de ce roman que ce personnage, cette jeune fille qui chemine vers une vie meilleure. On s’attache instantanément à elle, à ses blessures, à son courage et à sa profonde humanité. On se laisse embringuer dans cette marche de l’espoir, où Juno se retrouve face à elle-même, se lie avec d’autres concurrents, s’attire l’animosité de certains ou doit composer avec la stratégie de ceux qui veulent gagner coûte que coûte.
Et là où Aurore Gomez réussit à nous transporter encore plus, c’est dans le récit de ce trek, sur cette île fictive en pleine nature, où tout est savamment dosé. Randonner dans des espaces sauvages ou balisés n’est pas facile, et l’autrice parvient à amener le danger là où il faut et quand il faut, et tient son suspense jusqu’à la fin de la course. Mais celle-ci n’est pas une fin en soi, et c’est toute la finesse des relations tissées au fil de l’épreuve qui vont apporter de toutes nouvelles perspectives à l’endurante et battante Juno. Un excellent premier roman !

L’espoir sous nos semelles, Aurore Gomez (Magnard)
disponible depuis le 10 avril 2018
9782210965263 – 15,90€
à partir de 12 ans
Discussion
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Trois petits mots – Sarah N. Harvey

9782210962910-g

Abandonné par sa mère quand il avait deux ans, Sid a été placé dans une famille d’accueil, chez Caleb et Megan. Quatorze ans plus tard, il est toujours chez eux, où il partage sa vie entre le dessin et l’accueil des nouveaux enfants avec ses « parents ». Un jour arrive Fariza, une gamine mutique qu’il a du mal à apprivoiser. Puis un autre jour, c’est Phil qui arrive, un adulte qui annonce à Sid que sa mère naturelle a disparu et que son demi-frère, dont il ne connaissait pas l’existence, a fugué…

Un petit mot de Bob

★★★☆☆

Malgré son abandon quand il était enfant, Sid a eu la chance d’avoir une belle enfance, une famille d’accueil aimante, dont Caleb et Megan ont fini par devenir ses « vrais » parents. Sa mère biologique, Devi, était une folle un peu hippie qui l’a nommé d’après l’autre nom de Bouddha : Siddhârta. Pas de bol ! Il ne se souvient plus vraiment d’elle mais sait qu’il a hérité de ses cheveux roux. Il a fait le deuil de cette mère au fil des années, et sa vie avec Caleb et Megan, au bord de la mer au Canada, à observer le port et les oiseaux, se balader sur les îles, aller à la plage avec sa meilleure amie Chloé qui parle pour deux, dessiner et dessiner…tout ça lui plaît et lui convient. L’arrivée de Fariza, un nouvel enfant placé, est aussi une belle chose, même si la gamine ne parle pas et ne semble pas beaucoup apprécier les garçons. Sid va tout de même aider Megan dans l’accueil de Fariza et à la mettre à l’aise dans cette famille provisoire. Mais alors que le lien commence à se tisser, c’est le passé de Sid qui ressurgit : Phil, un ami de Devi, vient lui demander son aide pour retrouver à la fois Devi, qui a disparu, mais aussi et surtout Gauvain, son demi-frère dont il n’avait jamais entendu parler ! Première surprise passée, une deuxième : Gauvain a 13 ans, est massif comme un footballeur américain et…est noir ! Sid va alors découvrir toute une partie de la vie de sa vraie mère, dont il ne savait rien, ne s’était jamais soucié et n’est pas sûr d’avoir très envie de découvrir…

Bien que les sujets du roman soient régulièrement traités en littérature jeunesse, l’écriture simple et fluide de Sarah N. Harvey nous emporte dans le récit, nous donnant envie de découvrir un peu plus la vie de Sid, ce qui a bien pu arriver à Fariza et ce que la découverte de sa famille biologique va apporter à Sid, à son cheminement dans la vie. Une chronique familiale qui fait aussi la part belle aux paysages canadiens (Sid vit sur une île) et à de beaux moments de sensibilité entre tous ces personnages cabossés par la vie. Intéressant !

Avec les mots de Jean-Michel

★★★☆☆

C’est la première fois que je lis un roman où la famille d’accueil n’est pas diabolisée, ça fait plaisir ! Ecrit du point de vue de Sid, j’ai apprécié le caractère sain de ses questionnements concernant sa mère biologique, sa colère face à l’abandon, sa rencontre avec sa grand-mère maternelle et celle de son demi-frère. Megan et Caleb influencent positivement les réponses et les actes de Sid, ce sont vraiment des chouettes personnes qui inculquent aux enfants certaines valeurs fondamentales de la vie : l’amitié, l’amour, la tolérance. D’ailleurs chaque adulte dans ce roman est appréciable (attendez de rencontrer la grand-mère de Sid).
Sarah Harvey a sainement traité le thème de la maladie mentale, plus précisément la bipolarité. Elle a réussi à capturer les sentiments complexes de Sid, la colère de son frère Wain envers le monde entier (je l’ai trouvé pénible ce petit teigneux), la peur de Fariza face au reste des êtres humains. Mais ce qu’elle a le mieux exprimé dans son roman reste sans conteste cette grande et belle compassion, qui nous ferait presque croire qu’on peut guérir de tous les maux. Une histoire réaliste et contemporaine où l’espoir et l’optimisme touchent du doigt le lecteur pour mieux le percuter.

Trois petits mots, Sarah N. Harvey, traduit par Laurence Bouvard (Magnard)
disponible depuis le 26 août 2016
9782210962910 – 13,90€
à partir de 14 ans
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Un éléphant pour le thé – Linda Groeneveld

éléphantthé A l’aube, la petite princesse se leva avant tout le monde : elle a faim, elle veut jouer avec ses cubes, ses poupées, à cache-cache mais elle s’ennuie fermement car aucun adulte n’est réveillé. Elle a bien un papa, il est fort – il peut soulever 3 chevaux – mais en tant que Roi il a beaucoup de travail et reste irrémédiablement fatigué. Que faire lorsqu’un papa est trop occupé à régner sur un royaume et que l’on veut jouer ? Parce que ni les poupées, ni les laquais ne participent aux jeux de la princesse. Elle n’a qu’une idée en tête depuis que son quotidien est devenu ennuyeux : avoir un chien. Le roi lui a promis mais l’acquisition du canin a bien du retard…Une baronne arrive bientôt au palais et le Roi est bien préoccupé pour penser au chien tant attendu. La princesse n’en a cure de cette femme. A son arrivée, la petite ne serra pas la main que lui avait tendue la baronne, ce qui la vexa promptement et prit aussitôt la fillette en grippe.

« Une baronne ?! Est-ce qu’elle avait du flair ? Est-ce qu’elle levait la patte quand elle faisait pipi ? Est-ce qu’elle enterrait les os ? Non, bien sûr que non ! Les baronnes font beaucoup trop de chichis. »

★★★★☆

Comme le veut la coutume dans les contes : le Roi est séduit par cette femme qui se révélera vénale, égocentrique, autoritaire mais d’une grand beauté qui n’apprécie guère les animaux, les enfants et le bazar qu’ils propagent. La baronne s’enticha du Roi et très vite la rumeur du mariage s’étend et les cadeaux commencent à affluer. Soudain, un présent plus gros que jamais attire tous les regards : un éléphant ?! La princesse en fit bien vite son animal de compagnie : pourquoi se gênerait-elle ? Pour embêter une baronne au sale caractère, mieux vaut être deux…Mais le mystère du pachyderme en guise de cadeau reste entier et la fin de ce conte malicieux est bien étonnante.

Une histoire tendre parsemée de touches d’humour qui fait sourire. Une parodie que l’on pourrait adapter à notre époque : un père célibataire qui travaille d’arrache-pied et qui culpabilise de ne pas passer assez de temps avec sa fille. Moralité : ce n’est pas parce qu’un papa travaille trop que cela fait de lui un mauvais parent – la preuve : il est toujours présent pour lui raconter une histoire avant de la border.
Un vrai souffle d’air frais ce livre…avec des paillettes, du thé et une touche du vandalisme : ouvrez-le, vous saurez 🙂

Un éléphant pour le thé, Linda Groeneveld (Magnard Jeunesse)
Collection Romans Perles
en librairie depuis le 9 mars 2015
9782210961012 – 12.90€
à partir de 8 ans

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La chanson du nez cassé – Arne Svingen

Le saviez-vous ? Les auteurs norvégiens sont talentueux.

nezcasseBart a 13 ans et vit dans un immeuble insalubre avec sa mère, femme en surpoids qui a la fâcheuse tendance à boire un peu trop. Au collège il fait tout ce qu’il peut pour passer inaperçu parce qu’allez expliquer à vos camarades qu’on a une mère qui ne travaille pas, qui ne fait quasiment jamais les courses et qu’on habite dans un repère miséreux ? Difficile. Bart fait de la boxe pour faire plaisir à sa mère mais ce qu’il aime vraiment c’est chanter, il adore l’opéra et en écoute sur son vieil mp3 mais ça, c’est son jardin secret…il ira quand même confier sa passion à Ada, son amie. Mais les filles on les connait, ça répète tout et comme par hasard Bart est sollicité pour le spectacle de fin d’année. Chantera t-il devant tout un public ?

★★★★★

J’ai tellement aimé ce roman, je ne sais par où commencer, les personnages sont si extraordinaires !
Bart est un chouette ado, il a certes une vie difficile mais il y a du rose dans son quotidien : sa grand-mère est adorable, elle prend soin de lui et de sa maman au tant qu’elle peut. Il est copain avec Geir, un junkie très gentil mais paumé qui lui prodigue de bons conseils, lui apprend à boxer et à faire du vélo – ce qui est assez compensateur lorsqu’on a pas de père. C’est agréable de voir Bart développer une amitié avec Ada, son amie, une fille de sa classe qui a une odeur de « melon cantaloupe ». Ce jeune homme m’a impressionnée à plusieurs reprises : il collectionne les photos de tueurs en série (un fait original) et il cherche éperdument son père, un dénommé « John Jones » (un fait qui arrache une larme) mais je ne dirais rien concernant l’issue de cette quête… Il a même organisé une opération nettoyage dans son immeuble , incitant ses habitants à vivre dans un endroit meilleur, non mais quel brave gosse ! Sachez que ce roman est rempli de phrases qui résonnent encore dans nos têtes après les avoir lues, des morceaux de philosophie à peine dissimulés dans une histoire poétique.
« Mais d’où viennent les grands-mères ? On croirait qu’elles ont été inventées pour venir à bout de toutes les difficultés. »

La chanson du nez cassé, Arne Svingen (Magnard Jeunesse)
en librairie depuis le 10 octobre
9782210960077 – 12,90€
à partir de 10 ans