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La Capucine – Marie Desplechin

Louise, 13 ans, a été confiée à un maraîcher de Bobigny. C’est une fille costaude qui aime le travail de la terre, voir les légumes pousser et les vendre dans le ventre de Paris, aux Halles. Si son patron ne la battait pas et si elle était justement payée, Louise serait restée. Mais le jour où vient la raclée injustifiée de trop, elle décide de partir. Direction Paris où travaille sa mère en tant que domestique, et son indéfectible protectrice, Bernadette, génie de la cuisine et de la voyance réunis. Sauf qu’à 13 ans, même si on rêve de liberté, encore faut-il gagner sa vie ?

Avec La Capucine, Marie Desplechin renoue avec le roman historique : elle boucle ainsi une trilogie intitulée « Les filles du siècle », initiée avec Satin grenadine et Séraphine, dont les thèmes principaux sont le XIXe et l’émancipation des femmes. Trois femmes déterminées qui disent non à leur destin tout tracé. (Les trois romans sont à lire !)

Louise est un personnage d’adolescente, encore une fois chez Marie Desplechin, très attachante avec un caractère fort, qui vous rappellera peut-être le journal culte d’Aurore. On retrouve le don de cette autrice pour nous peindre des héroïnes incroyables. Louise est tellement vivante que l’on aurait aimé qu’elle soit inspirée d’une personne réelle. Elle est une fille simple, amoureuse de la terre, qui a le don de nous faire sourire à chaque page avec son franc-parler, son authenticité et son courage.

Ce roman nous permet une incursion dans un Paris tourné vers le spiritisme, on y croisera Alexandre Dumas, des socialistes, des péniches et même Victor Hugo sous les traits de Bernadette (car celle-ci est possédée par l’âme de cet auteur), ce qui vaut des passages farfelus inoubliables !

À Paris, même quand on n’a rien à faire, je crois qu’on ne s’ennuie jamais.

On retrouve dans ce roman la plume formidable de Marie Desplechin. Le rythme est maîtrisé, rien n’est en trop ou pas assez. Il est tentant d’imaginer que des adolescentes comme Louise ont existé et existent encore à notre époque… des femmes déterminées à ne pas se laisser imposer le destin qui leur est tracé.

La Capucine, Marie Desplechin (l’école des loisirs)
disponible depuis le 28 octobre 2020
collection Médium+
9782017108443 – 18€
à partir de 11 ans
Son
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En vadrouille avec Magali Le Huche

Si vous ne connaissez pas Magali Le Huche, c’est que vous vivez dans une grotte ! Impossible d’être passé à côté de la série des Jean-Michel (qui aura inspiré celui que vous connaissez bien ?) ou bien des Paco ou encore de toutes les dizaines et dizaines d’histoires qu’elle a illustré ! D’ailleurs, si, comme Bob il y a d’autres fans d’Hector, l’homme extraordinairement fort, sachez qu’il vient de sortir, accompagné de la belle Rosa-Lune, en livre-cd chez Didier jeunesse ! Aujourd’hui, on vous propose une petite balade, dans une famille de sorcières et à Lisbonne, dans deux des dernières parutions de la pétillante et fabuleuse illustratrice.

Verte

9782369811954, 0-4090425

Verte a 11 ans et vit avec sa mère, une sorcière. Ne manifestant absolument aucun pouvoir, cette dernière décide d’envoyer sa fille chez sa grand-mère Anastabotte afin qu’elle lui apprenne quelques sorts…

★★★★☆

Roman paru en 1996 sous la plume de Marie Desplechin, c’est Magali Le Huche qui adapte et dessine les aventures désormais bien connues de la petite sorcière au drôle de prénom. (Sérieux, qui appelle son enfant « Verte » ?) Si vous avez lu le roman, vous vous souvenez de sa forme : 4 personnages différents racontent leur version de la même histoire, cette journée particulière où Verte se lance dans la confection d’un sort avec sa grand-mère et ce qui s’en suit… Un procédé que Magali Le Huche adapte avec beaucoup de finesse en mêlant les points de vue dans un récit aussi drôle qu’intelligent. Car Verte n’est pas tant un roman sur la sorcellerie qu’une évocation de la famille, de la difficulté à trouver sa place quand on attend beaucoup de vous et de la séparation. Avec ses crayons et son style inimitable, Verte et son étonnante famille prennent vie dans un tourbillon de couleurs et d’espièglerie. Une BD tendre et ensorcelante, qui ravira les fans du roman ou qui donnera envie à une nouvelle génération de lecteurs de découvrir ce classique de la littérature jeunesse.

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Verte, Magali Le Huche et Marie Desplechin (Rue de Sèvres)
disponible depuis le 22 mars 2017
9782369811954 – 14€
à partir de 9 ans
Eléctrico 28

9782368361047, 0-4157803

Amadeo est conducteur de tram à Lisbonne. A bord de son Elétrico 28, il est fier et heureux. Mais voilà que c’est son dernier jour en tant que conducteur… Qui rendra alors les gens heureux, qui aidera les amoureux timides à se faire des bisous ?

★★★★☆

C’est avec Davide Cali que nous retrouvons cette fois Magali Le Huche, pour une découverte du plus célèbre tram de la capitale portugaise : l’Eléctrico 28. Mais également une belle histoire d’amour, où Amadeo, conducteur-cupidon, n’a eu de cesse de rapprocher tous ces garçons et filles qui montaient ou descendaient de son tram sans jamais avoir le courage de s’avouer leurs sentiments. Une petite manœuvre par-ci et une autre par-là auront raison de la timidité de ces amoureux transis. Et rassembler les amoureux est ce qui aura le plus compté dans son métier de conducteur de tram. Mais lorsque son dernier jour de travail arrive, Amadeo se rend compte qu’il lui manque aussi peut-être quelque chose… ? Un très bel album, où la tendresse du sujet comme des illustrations illumine des personnages doux et heureux, où les couleurs chatoyantes nous invitent à découvrir cette ville ensoleillée et où Amadeo trouvera sans doute lui aussi son bonheur. Si avec tout ça on ne vous a pas donné envie de partir en vacances au Portugal !

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Eléctrico 28, Davide Cali, illustré par Magali Le Huche (ABC Melody)
disponible depuis le 18 mai 2017
9782368361047 – 14€
à partir de 5 ans
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Les belles danses – Marie Desplechin & Jean-Michel Othoniel

A l’origine, il était prévu que nous présentions La Toile des éditions Courtes et Longues…mais en ayant eu entre les mains, tout frais sorti des cartons Les belles danses du même éditeur, il était évident qu’il fallait en parler tant il est envoûtant.

★★★★★

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En mai dernier, l’artiste Jean-Michel Othoniel – en collaboration avec le paysagiste Louis Benech, présentait le résultat de son travail dont la teneur consistait à recréer le bosquet du Théâtre d’Eau du jardin de Versailles. Trois sculptures fontaines ainsi que le réaménagement du jardin retranscrivent métaphoriquement les danses de Louis XIV. Dans ce bel ouvrage, Marie Desplechin raconte avec la plume qu’on lui connait, l’histoire cette oeuvre d’art. L’artiste Jean-Michel Othoniel raconte ses premiers souvenirs concernant Versailles : la grandeur du lieu et la magnificence des sculptures à travers son regard d’enfant « j’ai l’impression que je suis entré dans un conte de fées. c’est étrange. c’est magique ». Toutes les sculptures dont l’artiste a orné le bosquet sont en perles de verre qui jouent avec la lumière « elles ajoutent à l’enchantement des jardins qui sont des images du paradis ». A travers les pages, on nous parle de beauté, de la notion d’ordre et de la genèse du projet du théâtre d’Eau où tout était à refaire, recréer un espace à l’image de l’Histoire. On apprend que Louis XIV voulait le plus beau château du monde, dans le plus beau parc du monde qui deviendra Versailles et que le plus talentueux jardinier à cette époque avait été engagé pour créer les jardins : André Le Nôtre.

Mais pourquoi Les belles danses ?

En imaginant les fontaines, notre artiste nous rappelle que petit, Louis XIV raffolait de la danse, du théâtre, de la scène en général et sous son règne elle fût de plus en plus spectaculaire, aérienne et influença toutes les cours d’Europe : on parlera de « belle danse ». Le musicien Lully était le compositeur préféré du Roi et Jean-Michel Othoniel s’en inspira « sur les bassins, l’eau s’élève, cabriole et dégringole. elle danse ».
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Nous ne pouvons que vous inciter à ouvrir ce livre, qui nous conte en plus la fabrication des quelques 1750 perles soufflées par des maîtres verriers, avec 22 000 feuilles d’or incrustées dans chacune d’entre elles – perles qui seront toutes fixées sur des grandes tiges de métal. Grâce au travail extraordinaire de Jean-Michel Othoniel, les images du Roi Soleil et de la danse n’auront jamais connu aussi belles allégories pour Versailles.

Avec beaucoup de finesse et de pudeur, les textes de Marie Desplechin sont en parfaite adéquation avec les aquarelles et les photographies des Œuvres de Jean-Michel Othoniel, une alchimie qui devait être éditée : bravo aux éditions Courtes et Longues.

Les belles danses, Marie Desplechin & Jean-Michel Othoniel
disponible depuis le 25 juin 2015
9782352901396 – 19.50€
à partir de 12 ans

« il faut de l’enfance répandue partout »
Louis XIV à son architecte puis,
Louis Benech à Jean-Michel Othoniel