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Embardée – Christophe Léon

embardeeGeorge et Phil habitent à Paris, ce sont des plasticiens reconnus, d’excellents artistes. Ils sont également mariés et heureux papas de Gabrielle, qui a maintenant 13 ans. Leur bonheur est sans équivoque. L’histoire devient moins douce lorsque Christophe Léon nous entraîne dans un futur sombre où les bouleversements les plus cauchemardesques transforment la vie paisible d’une famille homoparentale en quotidien violent où l’intolérance est maîtresse de la rue. Cette histoire ne vous rappelle rien ? Un passé pas si lointain…la discrimination, les interdictions, les losanges roses à porter sur son torse.

★★★★★

Un énorme coup de cœur pour ce roman

Tout commence par un accident : la voiture a fait une « embardée ». Personne ne porte secours aux deux pères ; « la loi interdisant de porter secours à ces gens-là ». Le losange rose cousu sur leurs poitrines rappelant aux témoins qu’ils sont « différents ». Condamnés à vivre dans un ghetto avec les autres losanges roses, ils sont bannis et fichés. Leurs droits ont été proscrits : plus d’union en mairie, plus le droit d’adopter d’enfants, plus de défilés mais en dépit de cette société à vomir George et Phil s’aiment plus que tout et inculque à leur fille le mode de survie. Les injustices répétées dans ce roman m’ont rapidement fait mal au cœur. Nous apprenons à un passage que Gabrielle est somalienne et elle se fait traiter de « négresse » dans la cour de l’école. Une scène étrange pour la fillette car son environnement familial était jusque là dépourvu de tout racisme. Mais George et Phil arrivent à tout arranger à chaque agression ce qui nous rend le sourire. Ce roman pousse à la réflexion : et si tout cela arrivait ? L’alternative que propose Christophe Léon n’est pas impossible, le roman est d’ailleurs très crédible. Le schéma de la famille traditionnelle n’est pas remis en cause : un papa + une maman = enfant épanoui. Pourquoi pas. Mais l’auteur nous montre que deux papas peuvent rendre également un enfant heureux. Par ailleurs Gabrielle est traumatisée par toutes les violences extérieures dont elle est le témoin et parfois la victime et non pas par le fait d’être élevée par deux hommes. D’ailleurs l’amour qu’ils se portent est exemplaire et rend leur foyer chaleureux. N’importe quel enfant rêverait de grandir dans une famille comme la leur.

Il y a un élément dans le roman que je n’arrive pas à me sortir de la tête : Christophe Léon fait mention d’un groupe que je qualifierai de terrifiant. La LVF : Ligue pour les Valeurs Familiales qui milite pour l’internement psychiatrique des losanges roses. Actuellement, il existe des gens persuadés que l’homosexualité est une maladie.

Ce roman est brillant, il ouvre l’esprit.

Embardée, Christophe Léon (La Joie de lire)
collection Encrage
en librairie depuis le 19 mars 2015
9782889082667 – 13€
à partir de 12 ans

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Le bonheur de A à Z – Barry Jonsberg

Nous vous présentons Candice Phee : 12 ans, hilarante, honnête et légèrement bizarre. Elle a les meilleures intentions du monde, un grand cœur et une détermination sans faille pour s’assurer tout le monde soit heureux. Cela représente tout de même une sacrée tâche vu la population existante alors pour commencer elle va essayer de réparer tous les problèmes de toutes les personnes et les animaux qu’elle aime dans sa vie.

★★★★☆

bonheuraàzCe livre est un concentré de bonne humeur ! Tout est focalisé sur les bonnes choses, clairement le but de l’auteur est de nous faire ressentir un peu de chaleur. Après la mort de sa petite sœur, la dépression de sa maman, son père qui ne se présente à table que si le dîner est prêt et son meilleur ami Douglas qui croit qu’il vient littéralement d’une autre planète après un accident : Candice apparaît comme une petite créature conçue pour rendre ces gens plus heureux. Elle est inadaptée, douce et drôle et m’a fait rire à plusieurs reprises au cours de ma lecture. Candice sait qu’elle est différente mais accepte et apprécie son individualité et celle de sa famille et amis. Le spectre de l’autisme plane autour d’elle mais clairement sa vision du monde est ce qu’il y a de plus honnête et rafraîchissante. Un conte délicieux sur l’importance de son propre entourage, de la guérison et du soutien, sur l’acceptation de soi et de l’exemple à donner aux autres. Un roman qui regorge de personnages uniques ! Tout adolescent mérite d’avoir une BFF comme Candice : elle rend une journée ordinaire mémorable. Ce roman est d’un optimisme inoubliable.

Quand Le bizarre incident du chien dans la nuit rencontre Little Miss Sunshine cela donne Le bonheur de A à Z.

Le bonheur de A à Z, Barry Jonsberg (Flammarion)
collection Tribal
en librairie depuis le 25 mars 2015
9782081308640 – 12.50€
à partir de 12 ans

Discussion
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And the winners are…

Vous avez été très nombreux à participer au concours de Dolorès Wilson et nous avons été agréablement surprises par vos commentaires aussi drôles qu’adorables ! Vous manipulez le « KIPU » avec autant de grâce que Bob à un cours de danse classique. Que de créativité ! 🙂

bandedolores

La bande de Dolorès, c’est comme la bande à Gabin

Il y avait tellement de participants qu’on s’est dit qu’il serait dommage de ne pas vous faire gagner plus. Donc avec la gentillesse de Brune des Fourmis Rouges, nous avons ajouté 2 gagnants.

LES PETITS CHANCEUX SONT…
Lili 1er prix – les 5 tomes de la série
Boniface 2e prix – le tome 5
Sweet 3e prix – le tome 5
Pauline 4e prix – une pochette surprise
Joanie 5e prix – une pochette surprise

Un petit florilège de commentaires parce que tout de même, on a bien ri :

Je suis la princesse aux prouts KIPU, n’est-ce pas mon amoureux ?
Mon amoureux ?
Oups…
Signé : La princesse KIPUlvérise les princes. Sweet

Le HusKIPU du pôpole. Minos

Qui se fait piquer par le cupidon KIPU pars dare-dare se parfumer l’écoeur aveuglé. Gonzalez

Merci à tous les participants, ce fût une joie de faire ce concours. Un tas de bisous aux filles des Fourmis Rouges.

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Plus de morts que de vivants – Guillaume Guéraud

plusmortsvivantsPour commencer cet article je ne peux que vous encourager à lire en guise d’amuse-bouche livresque l’extraordinaire Je mourrai pas gibier, vous ne serez plus jamais la même personne après sa lecture. Lire Guillaume Guéraud c’est comme se livrer à une expérience hors du commun : c’est le Bear Grylls de l’écriture, le Robert Rodriguez du verbe, le Jude Law des auteurs. Plus de morts que de vivants se lit d’une traite : efficace et terrifiant c’est un vortex de l’angoisse et on en réclamerait bien encore quelques pages si les doses d’adrénaline et de stupéfaction n’étaient pas déjà à leur maximum.

★★★★★

Par un matin glacial de février, quelques collégiens se retrouvent devant leur établissement scolaire, attendant le début des cours. Une grippe circule en ce moment, la plupart sont cloués au lit avant les vacances de février mais d’autres n’auront pas cette chance…Soudain les incidents se succèdent dans l’établissement : un élève saigne du nez plus que la normale, une autre a les lèvres bien bleues, une touffe de cheveux tombe à terre, des boutons apparaissent et puis tout va très vite : virus de la mort ? Qui sera le prochain a être touché ? Qui s’en sortira vivant ? Qui est l’incubateur ?

Curieusement je m’attendais à lire une histoire de morts-vivants mais tout fut plus réaliste et terre-à-terre que je ne le pensais. Comme je l’ai dit au guide du Musée de la Torture à Amsterdam à la fin de la visite : « c’était délicieusement atroce ». Ce roman est tout aussi captivant qu’un bon film d’horreur. Guillaume Guéraud possède ce talent : celui de ne pas rentrer dans des descriptions trop alambiquées et donc à être concis en nous laissant avec LE détail qui va nous perturber et faire travailler notre imagination. Nos peurs sont travaillées au corps : la peur de mourir, celle de perdre l’être aimé, sentir l’odeur des morts, se rendre compte que l’instinct de survie ne suffit plus pour rester vivant. Ce virus provoque des morts auxquelles on s’attend le moins et l’effet de surprise agrippe à la gorge : il devient difficile de déglutir lorsqu’on a la vision d’un cou qui s’ouvre en deux, d’un ventre qui explose littéralement, de dents qui se déchaussent ou de débris d’os qui se mêlent au sang.

Remarquablement écrit, j’ai trouvé que l’association de la neige et du sang était d’une esthétique sublime qui marque très bien la différence entre le concept de vie et celui de mort. Il est particulièrement appréciable au début du roman, de savoir qu’une fois le portail fermé après le début des cours : l’horreur va commencer (hinhin). Ces adolescents sont pris au piège, ils ne le savent pas encore alors que le lecteur lui, réalise tout de suite. La fin m’a déconcertée – c’est que j’ai un soupçon d’optimisme alors que Guillaume Guéraud ne nous en laisse AUCUN en réalité. Qui plus est il nous prévient avec le titre Plus de morts que de vivants. : c’est une affirmation et non pas une question 🙂 N’ayez pas peur vous serez délicatement surpris.
Maintenant que je suis à court de qualificatifs, je vous laisse découvrir l’improbable Guillaume Guéraud.

Plus de morts que de vivants, Guillaume Guéraud (Rouergue) – collection Doado
en librairie depuis le 4 mars 2015
9782812608612 – 13.70€
à partir de 13 ans

mourraipasgibierJe mourrai pas gibier (Rouergue) – collection Doado
en librairie depuis janvier 2006
9782841567171 – 7.10€
à partir de 14 ans
★★★★★

Discussion
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Concours Dolorès Wilson

on était en rupture, les boules.

on était en rupture, les boules.

Dolorès s’est invitée chez Bob et Jean-Michel ! Sans prévenir. On était à cours de p’tits Mous en plus. Heureusement elle était juste de passage pour délivrer un message :

dolorèswilson

Ça vous tente d’organiser un concours pour faire gagner des exemplaires de mes prochaines aventures ?

Quelle question, on a dit oui tout de suite !
Vous connaissez sûrement déjà Dolorès Wilson ? On avait chroniqué cette petite série avec passion. A l’occasion du nouvel opus de Dolorès Wilson Ménage à Kipuland qui sortira le 19 mars prochain, nous vous proposons donc de gagner plusieurs exemplaires.
– Le premier prix : la série complète des aventures de Dolorès (soit 5 tomes)
– Les deuxième et troisième prix : 1 exemplaire du nouveau tome.
La participation à ce concours est simple : il vous suffit de mettre en commentaire une phrase en utilisant KIPU.

Un exemple très facile : « Bob KIPU des pieds ».

En plus c’est pratique vous pouvez insulter un copain ou votre mère par la même occasion. Le concours se déroule du 6 au 19 mars et parce que j’ai dit à des dizaines d’internautes qu’il sentait des pieds, je laisserai galamment Bob faire le tirage au sort et nous vous informerons des résultats le 20 mars. N’oubliez pas d’inscrire votre mail. A vos commentaires ! Qu’ils soient facétieux et fourbes 🙂 et au passage n’hésitez pas à faire des bisous à Brune et Valérie des éditions Les Fourmis Rouges sans qui ce concours n’existerait pas. On vous souhaite bonne chance.

Et maintenant la chronique de Ménage à Kipuland !

kipulandAujourd’hui Dolorès est chargée d’une nouvelle mission : prendre un camion-poubelle et débarrasser une petite ville de tous ses déchets. Oui, éboueuse intérimaire…Accompagnée de Doug son chien et d’Oscar le Baveux, elle prend la route pour Kipuland. Quelle odeur ! Et un tas de mouches qui pètent par-dessus le marché. Equipée d’Oscar qui mange tout sur son passage, le travail touche vite à sa fin et la dernière maison leur apporte une surprise…le maire de Kipuland en personne les attend, pipe en bouche « Vous avez bien travaillé les enfants ! Venez dans le jardin, je vous ai préparé de quoi grignoter ! » Oh le pleutre ! Cet homme maléfique va…non, je ne peux pas vous dire la suite ce serait vous gâcher le livre. Disons qu’une fois de plus Dolorès va se transformer en splendide guerrière d’ailleurs afin de battre le mal. On ne s’en lasse pas et c’est très bien comme ça 🙂

Ménage à Kipuland, Mathis & Aurore Petit (Les Fourmis Rouges)
en librairie le 19 mars 2015
9782369020356 – 7.90€
à partir de 7 ans

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Pablo et la chaise – Delphine Perret

pablochaiseJ’en ai assez de Delphine Perret : je ne peux ja-mais écrire du mal d’elle. Pourtant j’essaie de trouver un point faible, un trait irrégulier très très moche, une faute d’orthographe, un manque d’émotion, une couleur qui pique les yeux…mais rien, elle est toujours à la hauteur. Pablo et la chaise est adorable à souhait. Au début, cet enfant m’agaçait : encore un petit égocentrique me disais-je. Mais pas du tout ! Un môme qui déborde d’imagination voilà tout.

★★★★☆

Personne ne parle de lui dans les journaux aujourd’hui, pourtant, il s’en est passé des choses le matin de son anniversaire : une croûte au genou et hier une victoire au foot. On apprend en plus que Pablo est un cascadeur – encore méconnu, mais ça ne saurait tarder, il n’a peur de rien. Les croûtes ça le connait, il en a des tas : au tibia, au coude, à l’avant-bras, au menton, à la cheville et au poignet. Mais quand on est cascadeur professionnel ma bonne dame, on les tolère comme un homme. Je m’égare avec cette histoire de croûtes…Aujourd’hui c’est donc l’anniversaire de Pablo, en déballant son cadeau il s’attendait à tout sauf à ça : une chaise. Imaginez sa détresse. « C’est pour te tenir un peu tranquille ! » lui dit-on.

Pablo trouve rapidement une utilité à son cadeau d’anniversaire peu commun. Et le voici donc prenant la route, sa chaise sur le dos. Il allât jusqu’au bout du pays pour ensuite épater une foule de passants en faisant un numéro d’équilibriste incroyable avec sa chaise. Il écuma les pays jusqu’à devenir un artiste de grande renommée. Mais après la gloire, le luxe et les paillettes, il décida finalement de reprendre la route pour rentrer chez lui, où toute sa famille patientait sagement.
« – Ah te voilà !
Une assiette l’attendait, il manquait juste une chaise.
– J’ai tellement de choses à vous raconter !
Pablo tira sa chaise sous ses fesses et s’assit dessus, pour la première fois. »

Je me souviens de ma première chaise, une chaise de bureau qui signifiait : tu grandis, pas d’bol hein ? Voilà comment j’ai interprété le message de Delphine Perret : grandir, mes fesses : l’imagination se conserve même dans l’émancipation. N’est-ce pas lorsque l’on est petit que l’on rêve de son avenir ? Maîtresse, coiffeuse, écrivain, pompier…ou artiste de cirque ? 🙂 Pablo a su garder son imagination, a peut-être découvert sa vocation mais surtout il a trouvé sa place dans sa famille : il y aura toujours une chaise pour lui. Beaucoup de jolis messages dans cet album ravissant. On t-on vraiment besoin de faire remarquer qu’on est vachement contentes ?

Bravo les Fourmis Rouges. ça m’énerve les gens parfaits comme ça là.
Et merci à Delphine Perret pour avoir inséré le mot « croûte » à plusieurs reprises, on aime beaucoup ce mot, il en faut peu pour nous faire plaisir.
Croûte Croûte Croûte.

Pablo et la chaise, Delphine Perret (Les Fourmis Rouges)
en librairie aujourd’hui ! (19/02/15)
9782369020349 – 14€
à partir de 4 ans

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A ma source gardée – Madeline Roth

sourcegardéeIl y a des textes qui nous bouleversent rien qu’avec 60 pages. Des mots comme des uppercuts qui nous émeuvent tellement qu’ils en deviennent inoubliables. Tant de résonances, nous avons toutes connu ça : des cris dans le vide, la détresse sentimentale et enfin…devenir femme, grandir.

Par un bel été chez sa grand-mère, Jeanne tombe amoureuse de Lucas, le nouveau venu dans sa bande d’amis, il l’aime en retour semble t-il. Le bonheur de Jeanne est immense…jusqu’à l’été suivant où son coeur se brise dans sa poitrine en découvrant que Lucas n’est pas celui qu’elle croyait être. La réciprocité des sentiments fait partie des durs apprentissages de la vie : parfois le retour est cruel.

★★★★☆

La quatrième de couverture mentionne « un monologue puissant », il serait insultant de ma part de dire le contraire après cette lecture éprouvante qui émeut aux larmes. Jeanne s’est emballée, fourvoyée peut-être aussi sur l’amour qu’elle portait à Lucas mais c’est le principe même de la jeunesse : on ne cesse jamais de grandir en se frottant à la vie. Outre cet amour qui n’est pas (plus) partagé, elle doit faire face à la perte de l’enfant qu’elle attendait de lui. Les mots nous manquent lorsqu’on se retrouve avec Jeanne et l’impuissance et la solitude qu’elle doit ressentir. En perdant Lucas et leur enfant, elle s’est perdue elle-même. Mais la fin de ce monologue inspire courage, détermination et oubli. A t-elle vraiment le choix ? Elle s’en sortira, avec quelques cicatrices. Madeline Roth insuffle les mots justes à son texte qui est d’une profondeur incroyable. Les réflexions qui en découlent sont issues de son habileté à être concise tout en racontant l’essentiel. Un talent à suivre.

« J’ai porté un enfant de toi.
Soixante-six jours.
Et je ne lui ai jamais donné la vie.
Je ne te l’ai pas dit, parce que j’avais peur des mots que tu ne dirais pas. »

Ma petite Jeanne, tout au long de ton récit je n’ai souhaité te dire qu’une chose : sache que l’on ne peut pas avoir la nostalgie de ce qui n’a pas existé. Alors relève-toi, tout se passera bien.

A ma source gardée, Madeline Roth (Thierry Magnier)
en librairie depuis le 11 février 2015
9782364745582 – 7.20€
à partir de 14 ans

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EMILE – Il est 7 heures.

emile7hAh Emile. Quand un nouvel album arrive dans en librairie c’est toujours avec une grande une excitation qu’il est accueilli. Avec Bob on fait des têtes comme ça :O avec la mâchoire qui tombe, les jambes qui deviennent coton et on pousse des p’tits cris aigus qui rappellent la cérémonie nuptiale des lapins à l’arrivée du printemps (on ne va pas vous faire un dessin). Emile est un petit garçon qui a toujours raison, lorsqu’il veut quelque chose « c’est comme ça et pas autrement ». Son obstination fait rire, les chutes sont hilarantes et les illustrations de Ronan Badel correspondent avec brio aux textes de Vincent Cuvellier. Les expressions faciales d’Emile sont les plus drôles que je connaisse !

★★★★★

« Emile, debout ! il est 7 heures »
Emile a bien du mal à se lever, c’est sacrément tôt 7 heures, mais si maman dit qu’il est cette heure-là c’est que c’est vrai. Il finit par sortir de son lit, mange 7 œufs au chocolat, s’habille, se brosse les dents et dit au revoir à sa lampe. « Il est 8 heures » dit sa maman. Mais Emile sait très bien qu’il est 7h et non pas 8, elle l’a dit tout à l’heure. C’est comme ça et pas autrement. A 10h il y a la récré mais Emile ne sort pas puisqu’il est 7h. A 12h c’est carottes râpées à la cantine mais à 7h on ne mange pas de carottes râpées. A 14h il y a gym…courir à 7h ? n’importe quoi ! A 17h, maman récupère Emile à la sortie de l’école et lui prépare un goûter, mais on ne goûte pas à 7h ! On prend un petit déjeuner.
« Mais qu’est-ce que tu racontes mon chéri ? 7 heures, c’est passé, c’était ce matin. »
Mais Emile est têtu, il persiste : il est 7 heures, c’est comme ça et pas autrement. Il va dans sa chambre quand soudain…maman l’appelle :
« Emile mon chéri, tu viens manger, il est 7 heures ! »
« Ah ! Emile l’avait bien dit : il est 7 heures. »

Emile : il est 7 heures, Vincent Cuvellier & Ronan Badel (Gallimard jeunesse)
en librairie depuis le 5 février 2015
9782070658855 – 6€
à partir de 4 ans

Dans la même collection
emilechauvesourisemileinvisibleemileplatreemilefeteemiledeguiseemilefroid

emilecauchemaremileautresemileinvitecopine

Emile veut une chauve-souris  9782070644247
Emile est invisible  9782070644254
Emile veut un plâtre  9782070648351
Emile fait la fête  9782070648344
Emile se déguise  9782070651146
Emile a froid  9782070651153
Emile fait un cauchemar  9782070657032
Emile et les autres  9782070657049
Emile invite une copine  9782070658848
Emile descend les poubelles (ça promet)  à paraître sans date

joueavecemileSi vous ne pouvez pas vous passer d’Emile, un su-perbe cahier d’activités vient de sortir mais attention, ce ne sont pas des jeux ordinaires…Vous allez pouvoir colorier son pyjama, créer une moustache de votre choix à sa chérie Julie, dessiner un cadeau à offrir le plus moche du monde ou mettre une culotte a un Emile tout nu !
Joue avec Emile. C’est comme ça et pas autrement !
en librairie depuis le 5 février 2015
9782070664252 – 6.50€
à partir de 4 ans

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Le seul et unique Ivan – Katherine Applegate

seuluniqueivanAvertissement : aucun lecteur n’est trop vieux, trop occupé ou trop insensible pour lire une telle histoire. Mademoiselle Applegate nous tire les larmes et je ne sais pas si je dois la maudire ou la serrer très fort dans mes bras. Le Grinch lui-même serait difficile de ne pas faire preuve d’empathie avec l’histoire d’Ivan.

★★★★★

Ivan est un gorille qui vit paisiblement son existence dans la ménagerie d’un centre commercial, à la vue des hommes qui l’observent à travers les vitres de sa triste habitation. Sa vie dans la jungle ne lui manque pas, il y pense à peine d’ailleurs. Son quotidien est ponctué par la télévision, qu’il regarde souvent, la présence de ses amis : Stella, une vieille éléphante et Bob, un chien errant. Ivan est avant tout un artiste : à travers ses dessins il essaie de capturer le goût d’un fruit ou le bruit des feuilles. Sa vie va changer lorsque Ruby, un éléphanteau va être arrachée à sa famille et son milieu naturel pour être placée dans cette même cage. Ivan va donc percevoir ce qu’aurait pu être sa vie et va désormais tout faire pour que Ruby soit heureuse…

ivancage

Nous faisons un sacré bout de chemin avec ce gorille. Ses paroles mélancoliques nous frappent en plein coeur et il y a mieux : son ami Stella l’éléphant tord votre âme en deux avec son histoire et ses sentiments. J’avais déjà pleuré en regardant « Dumbo » étant petite mais là ma cage thoracique résonnait tellement je voulais tous les serrer contre moi et leur dire que tout allait bien se passer. L’écriture est gracieuse, concise et colorée – rien n’est gaspillé, il n’y a pas un mot de trop. Ce qu’il y a d’intéressant avec l’écriture de Katherine (oui, je sens qu’on va devenir copines) c’est qu’elle implique son lecteur, pousse à la réflexion tout en racontant avec simplicité. Les points forts de ce roman : les observations philosophiques d’Ivan et son acceptation de la situation. Le récit poignant teinté d’humour et absolument merveilleux de Katherine Applegate nous reste dans la poitrine. Pas de doutes là-dessus : cette femme sait créer l’inoubliable.

Le seul et unique Ivan, Katherine Applegate (Seuil jeunesse)
en librairie depuis le 15 janvier 2015
9791023502886 – 12.50€
à partir de 9 ans jusqu’à 109 ans
Faites un tour sur le site de l’auteur

ivanremarkableSachez que ce roman est basé sur des faits réels, Ivan a existé. Katherine Applegate a écrit un autre ouvrage sur la vraie vie de ce gorille et les illustrations de Brian Karas sont déchirantes. A ma grande déception, ce livre illustré n’est pas traduit en français, mais voici un aperçu.
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A la vie, à la mort de Celia Bryce

viemortIl fallait que ça arrive : il y en a assez de lire des romans sur des adolescents cancéreux. Nos étoiles contraires était unique, d’un nouveau genre et l’écriture de John Green sublimait un thème controversé puisqu’assez difficile à aborder. Puis, les bandeaux publicitaires sont apparus sur une majorité de romans pour adolescents nous poussant à la consommation de lectures présumées dignes de John Green : « une histoire fabuleuse. John Green » ou encore plus récemment sur le livre A la vie, à la mort : « Vous avez aimé Nos étoiles contraires ? Vous allez adorer ce roman ». Raté.

☆☆☆☆☆

Megan Bright doit suivre une chimiothérapie afin de soigner sa tumeur au cerveau. Une fois à l’hôpital, elle se rend compte qu’elle n’est entourée que de jeunes enfants. Seul un garçon de son âge se démarque et l’attire : Jackson Dawes…

Je vous épargne la présentation de l’éditeur qui n’est absolument pas attractive et je ne vais pas être douce pour la suite :
* On tente de nous vendre une histoire d’amour, soit. Où est-elle ? Megan et Jackson ne passent pas suffisamment de temps ensemble pour tomber amoureux, on nous narre tout au plus un vague béguin. Rien que le titre A la vie, à la mort est surréaliste : cette expression n’est-elle pas censée représenter un serment qui durera pour l’éternité ? Celui que peuvent se faire deux enfants en classe de CP qui s’échangent leurs billes à la récré est déjà plus fort que le titre.
* Les personnages sont antipathiques : Megan est agaçante, elle a 13 ans. Bien sûr elle a un cancer donc on s’attend à ce qu’elle soit en colère mais ses petites crises contre tout et n’importe quoi sont si ridicules qu’elles mettent en péril la crédibilité de l’histoire, déjà faible. Quant à Jackson, nous n’en apprenons que très peu sur lui : il est rebelle, aime la musique et amuse les enfants à l’hôpital. Personnage creux au final et tellement cliché.
NON, juste NON. Outre l’histoire sans intérêt, l’écriture en plus est pauvre. A la vie, à la mort n’est qu’une pâle copie de Nos étoiles contraires. A noter que ce roman (ou peu importe ce que c’est) est destiné aux plus jeunes – 11-12 ans – est-il vraiment nécessaire de tenter de les divertir avec le cancer et ses implications ? « Il lui rase la tête parce que de toutes façons elle va perdre ses cheveux » (je cite la quatrième de couverture). C’est merveilleux : impossible de comprendre comment cette lecture pourrait représenter un divertissement. Ce choix éditorial est purement commercial, ce qui a le don d’attirer nos foudres. Avec Bob, nous apprécions les éditeurs qui prennent des risques, qui osent publier de l’originalité et qui n’ont pas froid aux yeux. Pour cette fois-ci, Albin Michel on passe l’éponge mais faites un effort s’il-vous-plait. Surtout lorsqu’on fait partie du grand groupe Hachette, je pense qu’on peut se permettre de publier autre chose que des romans aussi ineptes.

A la vie, à la mort, Celia Bryce (Albin Michel)
collection Wiz
en librairie depuis le 2 janvier 2015
9782226258748 – 13.50€
à partir de 11 ans

sansprevenirUne autre nouveauté que nous n’avons pas eu le courage de lire et qui nous rebute : Sans prévenir de Matthew Crow où un adolescent de 15 ans va brutalement découvrir qu’il a une leucémie et qui va rencontrer à l’hôpital Ambre, malade également mais qui est différente des autres (évidemment). « une histoire d’amour extraordinaire » est-il mentionné sur le site de Gallimard Jeunesse. Nous n’en doutons pas. Mais nous ne le lirons pas. Pour les adolescents qui surfent encore sur la vague « amour/maladie », pourquoi pas.

Sans prévenir, Matthew Crow (Gallimard Jeunesse)
collection Scripto
en librairie depuis le 15 janvier 2015
9782070658770 – 11,90€
à partir de 13 ans