George et Phil habitent à Paris, ce sont des plasticiens reconnus, d’excellents artistes. Ils sont également mariés et heureux papas de Gabrielle, qui a maintenant 13 ans. Leur bonheur est sans équivoque. L’histoire devient moins douce lorsque Christophe Léon nous entraîne dans un futur sombre où les bouleversements les plus cauchemardesques transforment la vie paisible d’une famille homoparentale en quotidien violent où l’intolérance est maîtresse de la rue. Cette histoire ne vous rappelle rien ? Un passé pas si lointain…la discrimination, les interdictions, les losanges roses à porter sur son torse.
★★★★★
Un énorme coup de cœur pour ce roman
Tout commence par un accident : la voiture a fait une « embardée ». Personne ne porte secours aux deux pères ; « la loi interdisant de porter secours à ces gens-là ». Le losange rose cousu sur leurs poitrines rappelant aux témoins qu’ils sont « différents ». Condamnés à vivre dans un ghetto avec les autres losanges roses, ils sont bannis et fichés. Leurs droits ont été proscrits : plus d’union en mairie, plus le droit d’adopter d’enfants, plus de défilés mais en dépit de cette société à vomir George et Phil s’aiment plus que tout et inculque à leur fille le mode de survie. Les injustices répétées dans ce roman m’ont rapidement fait mal au cœur. Nous apprenons à un passage que Gabrielle est somalienne et elle se fait traiter de « négresse » dans la cour de l’école. Une scène étrange pour la fillette car son environnement familial était jusque là dépourvu de tout racisme. Mais George et Phil arrivent à tout arranger à chaque agression ce qui nous rend le sourire. Ce roman pousse à la réflexion : et si tout cela arrivait ? L’alternative que propose Christophe Léon n’est pas impossible, le roman est d’ailleurs très crédible. Le schéma de la famille traditionnelle n’est pas remis en cause : un papa + une maman = enfant épanoui. Pourquoi pas. Mais l’auteur nous montre que deux papas peuvent rendre également un enfant heureux. Par ailleurs Gabrielle est traumatisée par toutes les violences extérieures dont elle est le témoin et parfois la victime et non pas par le fait d’être élevée par deux hommes. D’ailleurs l’amour qu’ils se portent est exemplaire et rend leur foyer chaleureux. N’importe quel enfant rêverait de grandir dans une famille comme la leur.
Il y a un élément dans le roman que je n’arrive pas à me sortir de la tête : Christophe Léon fait mention d’un groupe que je qualifierai de terrifiant. La LVF : Ligue pour les Valeurs Familiales qui milite pour l’internement psychiatrique des losanges roses. Actuellement, il existe des gens persuadés que l’homosexualité est une maladie.
Ce roman est brillant, il ouvre l’esprit.
Embardée, Christophe Léon (La Joie de lire)
collection Encrage
en librairie depuis le 19 mars 2015
9782889082667 – 13€
à partir de 12 ans