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La fille qui pouvait voler – Victoria Forester

Les McNimbus sont une famille très traditionnelle. Betty est une fervente croyante qui pense que si les choses arrivent c’est de la faute à la Providence et son mari Joe est un mari discret, qui s’occupe beaucoup de la ferme dans laquelle ils vivent. Toutes les années pour ce couple se ressemblent jusqu’à l’arrivée très tardive d’un bébé : Piper. Elle arrive après 25 années de mariage. Imaginez ! Avec une arrivée aussi inattendue, comment cet enfant pourrait-elle être autrement que bizarre ?
Dès son berceau, Piper flotte dans les airs… et en grandissant (malgré les prières enfiévrées de sa mère pour que sa fille soit normale) va développer son don jusqu’à voler littéralement dans le ciel. Terrifiés de voir la nouvelle de cette anomalie se répandre, les parents essayent de dissimuler ses talents aux yeux du monde… sauf que ce pouvoir ne passe pas inaperçu. Du jour au lendemain, Piper qui n’a jamais été à l’école, n’a jamais eu d’amis, va se retrouver dans une école top secrète réservée aux enfants dotés de capacités hors du commun. Malheureusement l’école ne sera pas de tout repos pour Piper qui va devoir gagner sa place !

Piper est une héroïne terriblement attachante. Lumineuse, curieuse, naïve elle n’est pas sans rappeler l’héroïne Pollyanna de Eleanor H. Porter, un modèle d’optimisme. Les jeunes lecteurs prendront beaucoup de plaisir à découvrir l’école à travers son regard naïf, ses observations, son envie irrésistible de se lier d’amitié. Nous sommes très loin d’Harry Potter ou d’X-men ici. Les personnages secondaires, à savoir les élèves sont originaux, nous avons par exemple Conrad, un génie qui terrorise les plus jeunes, Bella Bonheur (la préférée de Lisette) qui a un don avec les couleurs, des jumeaux qui peuvent contrôler la météo ou encore Violette qui peut rapetisser à volonté.

L’intrigue est assez évidente mais comprend des trouvailles très originales. Je trouve cependant que parfois le rythme pourrait être plus effréné encore, il y a des longueurs au début notamment. L’autrice a eu le volonté première d’écrire cette histoire sous forme de scénario pour le grand écran et ensuite l’a adapté en roman (les petits incohérences de rythmes viennent peut-être de là). Même si ce roman se présente comme une saga (avec une suite donc?), je trouve que ce premier tome ne nous laisse pas sur notre faim et se suffit à lui-même. Un chouette roman pour les enfants qui parfois rêvent d’aller toucher les nuages !

La fille qui pouvait voler, Victoria Forester (Lumen)
disponible depuis le 19 mars 2020
9782371022683 – 16€
à partir de 10 ans
Son
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Power Club, 1. L’apprentissage – Alain Gagnol

9782748521504,0-3724343

En 2038, les super-héros sont aussi populaires que les boys-band dans les années 1990. Ils font partie du Power Club, groupe créé aux Etats-Unis, qui rassemble des jeunes entre 16 et 25 ans dont les parents ont assez d’argent pour leur offrir l’adhésion. Pour son anniversaire, c’est le cadeau que reçoit Anna de la part de ses parents ! Bientôt, elle se rend à New York, où l’opération qui lui verra attribuer ses superpouvoirs se déroulera…

★★★★☆

Dans ce premier tome d’une trilogie, Alain Gagnol nous présente un monde où les super-héros sont connus de tous, tels des acteurs ou des musiciens célèbres, et où ils ont obtenus leurs pouvoirs non pas par accident – comme c’est très souvent, voire tout le temps, le cas dans les histoires de super-héros que nous connaissons bien – mais grâce à la fortune de leurs géniteurs. Eh oui ! En 2038, pour devenir un super-héros, inutile d’avoir un sens aigu de la justice ou de vouloir faire le bien autour de vous et sauver la veuve et l’orphelin ! Demandez juste quelques millions de dollars à papa-maman et hop, vous rejoindrez le Power Club ! On vous inoculera alors des boosters, une petite merveille de la technologie qui vous garantira de voler dans les airs, une super-force, une résistance aux balles et autres trucs cools. En échange, vous participerez aussi à l’émission de télé-réalité hebdomadaire du club, signerez des contrats juteux pour devenir l’égérie d’une marque de cosmétiques et paraderez dans toutes les soirées branchées. Et sauvez les petites gens des grands méchants ? Ouais, bon, de temps à autres, quoi… quand c’est un peu chaud pour la police, histoire que des mecs bien entraînés pour des prises d’otage ou quoi ne se fassent pas canarder.

Anna va donc devenir la nouvelle membre du Power Club, malgré une réticence première due à son manque d’intérêt pour la célébrité et la frime qui lui semble émaner des autres super-héros. Et bientôt, si elle trouve les super-pouvoirs vraiment très cools, son envie d’être une véritable super-héroïne – sauver des vies, donc, être utile à la population – va se révéler être un problème pour le Club et ses dirigeants. Sans compter que, à son arrivée à New York, elle a entendu quelque chose qu’elle n’aurait pas dû entendre… Une information sensible qui concerne la mort du premier super-héros de l’histoire depuis la création du Power Club…

Avec ce premier tome de Power Club, Alain Gagnol signe un roman de super-héros passionnant, avec des scènes d’action surpuissantes, une sensation de voler avec Anna plus vraie que nature, et une réflexion super intéressante sur le pouvoir de l’image et de la célébrité. Le complot qui entoure la mort d’un super-héros du Power Club, l’enquête menée par Anna, sa relation si particulière avec l’incroyable technologie qui coule dans ses veines, tout cela donne une épaisseur de plus à ce roman très réussi, dont la fin jouissive nous donne encore plus envie de découvrir la suite des aventures d’Anna ! Alain, on est prêt pour le tome 2 ! 😀

Power Club, 1. L’apprentissage, Alain Gagnol (Syros)
disponible depuis le 5 janvier 2017
9782748521504 – 17,95€
à partir de 13 ans
Son
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Barnabé ou la vie en l’air – John Boyne

9782070650156,0-2356421

J’aime beaucoup les romans de John Boyne et c’est toujours avec beaucoup d’impatience que j’attends ses nouveaux livres… J’avais lu The terrible thing that happened to Barnaby Brocket l’année dernière, en anglais, et voyant que Gallimard le publie enfin (dommage qu’ils n’aient pas gardé l’idée du titre original), je vous propose une petite chronique en avant-première ! 🙂

Alistair et Eléonore Chevreau sont un couple tout ce qu’il y a de plus normal. Ils ne se font jamais remarquer et ne le désirent aucunement. Alors le jour où naît Barnabé et qu’on découvre qu’il flotte dans les airs, ses parents sont mortifiés par la honte. Barnabé vole et, en grandissant, va devoir apprendre à vivre avec ce don bien dérangeant pour sa famille. Jusqu’au jour où ses parents, n’en pouvant plus, font une chose terrible…

★★★★★

Ce qui me plaît beaucoup chez John Boyne, c’est sa façon de nous raconter des histoires loufoques, parfois absurdes, toujours étonnantes. On retrouve un humour qui n’est pas sans faire penser à Roald Dahl, tout en délivrant un message d’une importance capitale : l’acceptation de la différence. L’histoire est tout de même terrible : des parents abandonnent volontairement leur enfant pour la simple raison qu’il ne correspond pas à leur critère de « normalité ». Pourtant, Barnabé ne va jamais leur en vouloir, trop surpris et curieux de découvrir le monde. Car son étrange pouvoir, celui de voler dans les airs, va lui faire quitter son Australie natale pour des contrées presque magiques : le Brésil, le Canada, New York, etc. Et, surtout, il va rencontrer durant ses voyages des personnages tous plus étonnants les uns que les autres, tous différents à leur manière. Je trouve le message de John Boyne dans ce livre vraiment magnifique, une véritable ode à la différence, à s’accepter tel que l’on est et à accepter les autres tels qu’ils sont. Le tout passe par l’humour et la douceur, par ce regard si innocent de Barnabé. John Boyne a un vrai don pour nous faire rire tout en nous faisant réfléchir. A signaler également, les illustrations d’Oliver Jeffers, un artiste que j’adore, qui complètent à merveille le texte de John Boyne.

Barnabé ou la vie en l’air, John Boyne (Gallimard jeunesse)
en librairie le 30 octobre
9782070650156 – 13,50 €
à partir de 9 ans