Son
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Konnichiwa, Martin ! Salut, Hikaru ! – Antoine Dole et Gilles Abier

Le maître d’Hikaru a proposé à ses élèves de correspondre avec d’autres écoliers. Quand tous ses camarades ont choisi d’envoyer une lettre à un autre enfant au Japon, Hikaru a eu envie d’en envoyer une à un élève en France… Là-bas, c’est la maîtresse de Martin qui fait une surprise à ses élèves : chacun a reçu un courrier d’un enfant d’un autre pays…

9782812608520,0-2559767 003387471

★★★★☆

Le thème de la correspondance ce prête merveilleusement bien à ce nouveau titre de la collection Boomerang qui se lit d’un côté et de l’autre sans préférence. D’autant plus quand les histoires sont confiées à deux auteurs différents, qui sont pourtant très complémentaires. Leur écriture à tous les deux est vraiment magnifique, pleine de poésie, ce qui donne une atmosphère presque magique à cet échange entre deux enfants qui se demandent bien ce que l’on peut raconter à quelqu’un qu’on ne connaît pas.

J’ai commencé par l’histoire d’Hikaru, petite fille japonaise qui vit avec toute sa famille et notamment une grand-mère qui fut grande violoniste et voyagea partout dans le monde, y compris en France. Ce qui a lancé l’intérêt d’Hikaru à écrire à un enfant français. Mais que lui dire ? Lui parler des traditions japonaises, lui propose son père ? Comment on mange au Japon, lui propose sa sœur ? Ou alors d’un souvenir qui lui tient à cœur, du sourire de sa grand-mère… De son côté, Martin n’est tout d’abord pas particulièrement enthousiasmé par le fait de recevoir du courrier, surtout quand le sien est écrit en japonais alors que tous les autres ont eu des lettres en français ! Et, d’abord, Hikaru, c’est un prénom de fille ou de garçon ? Il lui faudra un petit peu de temps pour apprécier toute la beauté de l’écriture japonaise, qui va passer de « gribouillis » à des « mots [qui sont] des paysages »…

Heureusement, la langue du sourire est un langage universel et il n’en faudra pas plus pour lier ces deux enfants que des milliers de kilomètres séparent et qui se sont trouvés par hasard… Un très beau petit roman, dont les couvertures sont en plus très belles, qui invite au voyage et aux rencontres inattendues. 😀

Konnichiwa, Martin ! Salut, Hikaru !, Antoine Dole et Gilles Abier (Rouergue)
collection Boomerang
en librairie depuis le 8 avril 2015
9782812608520 – 6 €
à partir de 8 ans

Son
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Papa poubelle – Peter Bently et Russell Ayto

9782878337433,0-2492646

Papa est une vraie poubelle sur patte : il déteste que l’on jette la nourriture ! Alors il finit les assiettes de toute la famille, y compris les vieux bouts de poissons, les gâteaux déjà grignotés, les miettes de pain, le blanc d’œuf gluant… tout ! Jusqu’au jour où il avale par erreur une casserole entière d’un médicament pour chat ! Ce qui se passe après…vous le devinez sans doute !

★★★☆☆

Et oui, vous avez bien deviné (pas la suite, mais autre chose) : c’est Jean-Michel qui fait exactement comme Papa et qui finit les assiettes de tout le monde ! C’est un peu dégoûtant, vous ne trouvez pas ? Parce que Bob a plutôt tendance à laisser les croûtes de fromage et la couenne du jambon, dans son assiette…

9782878337433,0-24926462

Mais que ces révélations ne vous empêchent pas d’aller découvrir cet album drôlissime ! Les illustrations sont vraiment très très chouettes : elles fourmillent de petits détails rigolos (procédé qui m’a pas mal rappelé Oliver Jeffers, un illustrateur que j’adoooore) qui nous font sourire aux dépends des personnages de l’histoire. Et, surtout, le Papa devenu chat va évidemment faire plein de bêtises qui raviront les plus jeunes.
Bon, vous l’aurez compris, cet album aborde, de façon plutôt originale et avec humour, le thème du gaspillage alimentaire. Les parents nous ont toujours incités à finir nos assiettes (vous vous doutez bien qu’avec Bob et Jean-Michel, ne n’était pas chose facile) mais il vous suffira de mettre ce joli livre entre les mains de vos bambins pour qu’ils y réfléchissent à deux fois avant de laisser de côté leurs choux de Bruxelles à demi mâchés…

Et pour illustrer rockambolesquement cette chronique, il semblait évident de choisir les bien-nommés Garbage (et Bob adore, alors ça tombe bien !)

Papa poubelle, Peter Bently et Russell Ayto (Circonflexe)
en librairie depuis le 9 février 2015
9782878337433 – 13 €
à partir de 4 ans

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Les Géants – Benoît Minville

Sur la côté basque, deux familles d’indomptables vivent avec le poids des secrets et leurs vieilles histoires de clans. Mais César, dit le Fauve un mafieux désormais antique tout droit sorti de 20 ans de prison revient avec de lourds secrets et avec la ferme intention de régler ses comptes…

On vous présente les Géants ?

lesgeantsAuguste est un patriarche, marin pêcheur,fils de César et époux d’une femme délicieuse, Enora. Marius, son fils surfe autant qu’il le peut : le rêve de l’évasion est ancré dans sa chair. Sa soeur Alma essaie perpétuellement d’exister dans cette famille aux rudes traditions. Mais elle a son petit secret, Alma, de celui qu’on cache pour son bonheur égoïste mais aussi par crainte des représailles : son idylle avec Estéban. L’ami d’enfance et le frère de coeur de Marius. Il faut dire que celui-ci n’a pas une vie facile : son petit frère Bartolo est autiste, leur père Henriko l’accepte avec difficulté tandis que son mariage est tombé dans la monotonie et que la situation financière de sa famille est inquiétante. Les voilà les Géants, d’un paternel à un autre, d’un fils à l’autre : on se serre les coudes contre la rudesse de la vie. Et faire front contre le Fauve, va devenir une priorité.

Bah m*#?&% alors, quel roman ! Marius et Estéban partagent une passion pour le surf, n’ont pas forcément un avenir plaisant à contempler : entre ouvrier et pêcheur, le peu de choix qui leur sont offerts les font rêver d’ailleurs. Marius a acheté un vieux coucou de voilier, le « Lord Jim », qu’il entreprend de retaper avec vigueur pour prendre le large et échapper à son quotidien. Quant à Estéban, et bien vivre une histoire d’amour avec Alma même s’il va au devant d’ennuis n’est-elle pas la plus belle preuve qu’il tente de poursuivre le bonheur ?

Les personnages sont si humains que l’intensité de leurs sentiments nous poussent à vivre pleinement leurs joies, leurs peines mais également leurs peurs…L’orgueil est assez présent, nous sommes tentés de juger sévèrement les actes de chacun. Par exemple le comportement d’Henriko envers l’autisme de son fils Bart, est à la limite de l’intolérance mais finalement au fil des pages on ressent la souffrance de cet homme et la tension redescend. Ce schéma est similaire pour chaque personnage, on se prend à les aimer comme si nous étions partie intégrante de cette grande famille d’âmes torturées en quête de sérénité. Qu’il est hard de vivre.

L’écriture de Benoît est tapageuse, aussi dévastatrice que la vague qui immerge les Géants, du brut de décoffrage qui nous laisse complètement coi. Un auteur qui sait écrire le goût métallique de la rancoeur avec pétulance. Un roman qui vous aspire dès les premières pages et vous recrache à la fin, interdits.

Well done Monsieur Minville.
Reste punk, bisou.

Pour illustrer musicalement le roman du très joli Benoît Minville : quoi de plus normal de mettre la bande-son qu’il a choisi pour son roman ?

Les Géants, Benoît Minville (Sarbacane)
collection Exprim
sorti en novembre 2014
9782848657561 – 15.50€
à partir de 13 ans

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Bob et Jean-Michel ont des passions cachées.

Après les Feel Good Books on s’était dit qu’il serait drôle de mettre en scène Bob et Jean-Michel dans un nouveau décor le temps d’une animation saisonnière. Nous avons donc été croqués par notre extraordinaire graphiste Inkoniko *on t’aime*. Aussi, sachez que :
► Bob aime le métal, son rockeur de petit ami qui travaille chez l’Oréal, la SF et Jean-Michel <3
► Jean-Michel aime le punk-rock, les grands tatoués, les polars américains, South Park et Bob <3

La violence des images est sans équivoque.

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Nous mettrons à la fin de chaque nouvel article, un ou plusieurs liens qui vous conduirons à la (re)découverte d’une chanson ou d’un de nos groupes préférés que nous jugeons en accord avec le contenu du livre que nous présentons.
Et pour introduire cette nouvelle animation, rien de tel qu’une critique d’un livre de Benoit Minville ! 
Mais qu’on postera demain. Nous pensons que parfois la frustration, c’est bon.

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Jean-Loup fait des trucs – Clémentine Mélois

« Trois jours dans la vie palpitante de Jean-Loup, qui en a marre de ses croquettes et a décidé de faire des trucs formidables ».
jeanloupfaitdestrucs
Jour 1

Jean-Loup fait de la soupe
Une chose est sûre : il s’y connait et je ne comprends pas que l’ingrédient de « la vieille chaussette » ne soit pas mentionné dans la bible de la cuisine de Françoise Bernard. En tout cas, Jean-Loup est un génie de la soupe : pas de grumeaux.

Jour 2

Jean-Loup fait de l’exercice
Choisir un sport adapté pour soi relève de l’effort alors Jean-Loup décide de procrastiner et de regarder la télé, on verra demain.

Jour 3

Jean-Loup a le rhume
Il a sorti la couette, a bu un médicament qui pétille et a fait une sieste – il fait beaucoup de siestes tout de même. Jean-Loup n’en affronte pas moins le rhume comme un homme.

Jean-Loup pense vivre des choses extraordinaires alors que tout ce qu’il fait est dominé par sa paresse qui est déjà légendaire au bout de la deuxième page. Je pense qu’il en est totalement conscient et il s’en fout Jean-Loup ! Au moins il essaie. Jean-Loup est punk. Vive Jean-Loup. Un petit format est charmant et les illustrations maintiennent les pupilles bien accrochées – les albums sont hauts en couleurs aux Fourmis Rouges, une marque de fabrique indéniable désormais. Merci à Clémentine Mélois pour avoir placé l’expression « a le rhume » : c’est une source de blagues intarissable et d’ailleurs ma collègue en a marre que je dise à tout bout de champ :

« j’ai le rhume. »
« eh, t’as le rhume ? »
« ohlala c’est un temps à attraper le rhume ! »
« oh le pleutre ! j’espère qu’il aura le rhume ».

Bonus La bibliothèque idéale de Jean-Loup
« Les croquettes c’est toxique »
« La liberté c’est manger des crottes de sanglier »
« Nicolas Anelka, une biographie à lire au lit« 
« Procrastiner, un métier »

A propos de Clémentine Mélois, c’est elle qui se cache derrière ce livre poilant…
centitres

© Clémentine Mélois

© Clémentine Mélois

 

 

 

 

 

 

 

Jean-Loup a le rhume, Clémentine Mélois (Les Fourmis Rouges)
en librairie depuis le 16 avril 2015
9782369020387 – 7.90€
à partir de 3 ans (visiblement à 29 ans c’est sympa aussi)

Mais que vient faire un clip ici ?! Sachez qu’il n’a pas atterri là par hasard, on vous réserve une surprise Rockambolesque et c’est pour bientôt 😉
Son
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Une rencontre avec Susin Nielsen

Vous vous souvenez quand on vous avait présenté le tout nouveau roman de Susin Nielsen qui devait sortir au mois de février ? Non ? Il va falloir vous faire la piqûre de rappel, alors…

9782330039332, 0-2474821

Le roman est donc sorti hier dans toutes les bonnes librairies ! 😀 Enfin ! vont crier les fans impatients ! Avec Jean-Michel, on vous conseille d’aller vite vous le procurer car vous allez passer l’un des meilleurs moments de lecture de ce début d’année. En plus, comme il fait beau, c’est le roman parfait à lire dans la chaise longue de votre jardin (ou à la fenêtre de votre salon pour ceux qui sont en appartement).

Pour fêter cette sortie, Bob vous a concocté une petite surprise ! Oui, il est comme ça, Bob ! 😉 Figurez-vous que, le mois dernier, Susin Nielsen était à Paris pour rencontrer des classes. Et Bob a eu la chance, l’immense honneur, de pouvoir assister à ces rencontres afin de vous en dire plus sur Susin et son œuvre. Tout cela grâce à la super équipe d’Hélium (merci Rozenn ! merci Gilberte ! vous êtes parfaites !).
C’est parti, alors, pour…

Une rencontre avec Susin Nielsen

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Delphine Durand suivi d’une étude très sérieuse sur les Mous

A l’occasion de la sortie du nouvel album de Delphine Durand Les Mous, nous vous proposons une courte rétrospective sur cette auteur et illustratrice à l’humour décalé qui donne envie de reproduire ses personnages avec de la pâte à modeler avant de les câliner très fort.

Delphine Durand ? ‘connais pas.

Diplômée des Arts décoratifs de Strasbourg en 1995, elle travaille en tant qu’illustratrice dans l’édition : Nathan, Albin Michel, Le Rouergue, Les Fourmis Rouges…et également pour la presse : Astrapi, Science & Vie Junior, J’aime Lire…Parallèlement elle signe également avec des éditeurs étrangers : Penguin Books, Random House, Chronicle Books pour ne citer qu’eux. Vous connaissez sûrement son travail puisqu’elle a donné vie au personnage de Thierry Lenain : Mademoiselle Zazie. Elle a d’ailleurs participé au développement de la sérié TV éponyme. Elle participe activement à L’association L’Articho : un espace de création dédié aux images où collaborent des artistes avec des horizons et de nationalités bien différents les uns des autres pour un résultat fou et de bien bon goût 🙂 Ouh, et Delphine Durand est jolie aussi.

Une bien belle bibliographie non exhaustive pleines de livres encore disponibles

Ma Maison (Rouergue) 9782841562138 – 11.20€ (2000)
La série de Mademoiselle Zazie (Nathan) – 5.70€ le tome (série débutée en 2001)
Bob et Cie (Rouergue) 9782841565856 – 15.30€ (2004)
La maison de Lulu (Père Castor) 9782081630826 – 16.95€ (2005)
La révolte des couleurs (Actes Sud) 9782742763344 – 8.50€ (2006)
Ma tata, mon pingouin Gérard et les autres, (Milan) 9782745952363 – 19.90€ (2011)
Rue de l’Articho, collectif (Thierry Magnier) 9782364740044 – 18.30€ (2011)
Gommettes 2000, collectif (Les Fourmis Rouges) 9782369020233 – 15.50€ (2014)
Gros Lapin (Tom Poche) 9791091978361 – 5.50€ (2015)
La Maison est en carton – images d’art
Les Apprentis Rêveurs – éditions sur toiles d’images pour enfant
Les cahiers de L’Articho – des revues-objets

Et le dernier né de Delphine…ADMIREZ

mous
★★★★★

Mais il est de toute beauté ! Avec ce mode d’emploi, vous saurez tout sur le Mou. D’abord apparu dans l’album La Maison, cette sorte de pomme de terre molle et malléable à l’humour tapageur resplendit au milieu des autres créatures sorties de la tête de Delphine. Il faut nous croire : il suffit d’ouvrir ce livre pour pouffer comme des enfants à chaque page. Delphine Durand nous explique quelques trucs pour connaître un peu mieux le Mou.

Le Mou qui s'en fout.

Le Mou qui s’en fout.

Sachez que le Mou en règle générale est mou. Non, ce n’est pas logique pour tout le monde (Bob ne savait pas par exemple). Le Mou est rancunier mais des fois il s’en fout. Les Mous aiment le café et les blagues pourries. Ils adorent se regrouper au crépuscule – ce sont des romantiques dans l’âme. Il peuvent aussi se téléporter mais ils ne choisissent pas où donc c’est complètement nul. La femelle du Mou est la MouTE. D’ailleurs puisqu’on cause famille, le cousin du Mou s’appelle le Dur. Ce n’est pas très facile de les différencier : faut appuyer dessus pour voir si c’est mou. Il y a des cas particuliers : un mi-dur, mi-mou est appelé Mou mollet.

Le saviez-vous ?

Vous pouvez adopter un Mou !
Delphine Durand nous donne pleins de conseils utiles pour vous faciliter la vie quand on a un Mou chez soi. Comment le tenir, l’habiller, que faire avec un Mou poilu ou à poils longs ? Et s’il pue ? Peut-on l’embêter (un peu, pour voir) ? Peut-il faire office de fauteuil ? Doit-on investir dans un arbre à mou pour le distraire ? On ne répondra pas vous n’avez qu’à ouvrir le livre.

Bob & Jean-Michel sont perspicaces

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Le Patalo de Lisa Mandel

Le Patalo de Lisa Mandel

Avec Bob, on a une théorie sur l’origine des Mous. Leur première apparition est assez obscure. Selon nous ils auraient évolués entre le Patalo de Lisa Mandel et de la pâte à modeler qui traînaient dans la cuisine de La Maison de Delphine Durand. Ils sont plus évolués qu’on ne le croit ! Nos analyses ont révélées qu’ils calquaient leur personnalité sur des humains. Jean-Michel – expert en génie génétique depuis lundi, a fait une expérience fascinante : un Mou de base a muté lors du visionnage de la Famille Addams. Un personnage télévisuel peut susciter beaucoup d’émoi sur un Mou classique. Aussi, nous pensons qu’il faut être vigilant lorsqu’on a un Classicus Moutus chez soi : ce qu’il voit peut affecter sa transformation. Comment croyez-vous que Moumoute ait eu l’idée de devenir un mou à perruque ? J’avais laissé la télévision allumé sans surveillance…

BEWARE

Les preuves que nous allons vous apporter peuvent choquer les âmes sensibles.
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Cousin Machin

Cousin Machin

 

 

 

 

 

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Mireille Mathieu

Mireille Mathieu

 

 

 

 

 

 

Finalement on pourrait être copains avec les Mous : on fait les mêmes blagues pourries.

Les Mous, Delphine Durand (Le Rouergue)
en librairie le 15 avril 2015
9782812608582 – 15€
à partir de 4 ans

Allez en prendre plein les yeux sur son blog

Son
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Broadway Limited – Malika Ferdjoukh

Bob et Jean-Michel adorent Malika Ferdjoukh ! Ils ont rêvé pendant très longtemps d’avoir des sœurs comme Enid ou Geneviève ou Hortense…toutes les héroïnes de Quatre sœurs (qu’on vous conseille très très fort si vous n’avez jamais lu). Alors autant vous dire qu’ils avaient hâte de découvrir ce nouveau roman choral d’une auteure qu’ils chérissent tout particulièrement. 😀 Et, comme vous devez vous en douter, il s’agit d’un énooooorme coup cœur ! On laisse d’abord l’école des loisirs vous raconter de quoi ça parle et on vous dit ensuite pourquoi on a adoré !

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Normalement, Jocelyn n’aurait pas dû obtenir une chambre à la Pension Giboulée. Mrs Merle, la propriétaire, est formelle : cette respectable pension new-yorkaise n’accepte aucun garçon, même avec un joli nom français comme Jocelyn Brouillard. Pourtant, grâce à son talent de pianiste, grâce, aussi, à un petit mensonge et à un ingrédient miraculeux qu’il transporte sans le savoir dans sa malle, Jocelyn obtient l’autorisation de loger au sous-sol. Nous sommes en 1948, cela fait quelques heures à peine qu’il est à New York, il a le sentiment d’avoir débarqué dans une maison de fous. Et il doit garder la tête froide, car ici il n’y a que des filles. Elles sont danseuses, apprenties comédiennes, toutes manquent d’argent et passent leur temps à courir les auditions. Chic a mangé tellement de soupe Campbell’s à la tomate pour une publicité que la couleur rouge suffit à lui donner la nausée. Dido, malgré son jeune âge, a des problèmes avec le FBI. Manhattan est en proie à l’inquiétude depuis qu’elle a cinq ans. Toutes ces jeunes filles ont un secret, que même leurs meilleures amies ignorent. Surtout Hadley, la plus mystérieuse de toutes, qui ne danse plus alors qu’elle a autrefois dansé avec Fred Astaire, et vend chaque soir des allumettes au Social Platinium. Hadley, pour qui tout a basculé, par une nuit de neige dans un train. Un train nommé Broadway Limited.

★★★★★

Wow ! Quelle fresque magnifique que ce nouveau roman de Malika Ferdjoukh ! Nous sommes transportés dès les premières pages dans ce New York d’après-guerre et, un peu à la manière de Jocelyn, complètement émerveillés par ces rencontres avec des filles pétillantes et étonnantes, qui vont nous réserver des aventures sentimentales et artistiques trépidantes. Si, au début, nous sommes un peu perdus parmi toutes ces filles aux drôles de surnoms (« euh…mais Chic c’est laquelle déjà ? » Jean-Michel ne suivait pas très bien), on s’attache très vite à chacune d’entre elles et, surtout, à notre petit français qui découvre une foultitude de choses bizarres et étonnantes. C’était d’ailleurs très intéressant de découvrir que ce qui nous semble aujourd’hui totalement normal et acquis (manger des corn flakes) ne l’était pas du tout il y a soixante ans. D’ailleurs, il faut souligner le grand travail de Malika Ferdjoukh sur les références, les personnages réels, les pièces, les films, les musiciens…car on rencontre de très nombreuses célébrités dans ce roman. Mélangés avec des personnages de fiction, on finit même par se demander ce qui est vrai dans l’histoire et ce qui ne l’est pas. De quoi aiguiser notre curiosité et nous pousser à visionner les films cités ou à se renseigner sur des acteurs aujourd’hui devenus légendaires. Mais ce qui fonctionne assurément dans ce Broadway Limited, ce sont bien sûr les histoires de chacun des personnages. L’écriture de Malika Ferdjoukh est superbe, très souvent drôle et insouciante, à l’image des jeunes filles de la pension Giboulée. On touche du doigt ce fameux « rêve américain », où tout semble possible. Il y a pourtant aussi de la gravité, des secrets, de la tristesse pour certaines, mais le roman parvient à ne pas tomber dans le pathos ou la mièvrerie. En réalité, on vibre à chaque instant, on a envie de danser, de se laisser emporter par le tourbillon des sentiments et des espoirs de chacune, et, surtout, on regrette qu’il n’y ait que 600 pages, car on voudrait suivre Jocelyn et les filles jusqu’au bout du monde… Heureusement, il y aura une suite !!! En attendant, on vous laisse, car Bob et Jean-Michel ont rendez-vous pour aller dîner avec Cary Grant. 😛

Broadway Limited, 1. Un dîner avec Cary Grant, Malika Ferdjoukh (École des Loisirs)
collection Médium
en librairie depuis le 18 mars 2015
9782211223140 – 19,50 €
à partir de 13 ans

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Les affreux chandails de Lester – K.G Campbell

lesterLester est un petit garçon tout roux, qui coiffe ses cheveux à la perfection, vérifie la symétrie de ses chaussettes sur ses mollets, a une collection d’objets trouvés et possède tout un tas de cahiers où il créé des listes : les aliments répugnants, les choses qui commencent par un B, et les choses « suspectes » … comme si noter les gardaient loin de lui – quel fin stratagème pour se protéger ! Il va d’ailleurs ajouter dans ce dernier « les crocodiles » car la maison de la cousine Clara vient d’être mangée par cet animal. Et puisque son habitat vient d’être mâchouillé jusqu’à sa destruction, la cousine Clara vient donc passer quelque temps avec Lester et sa famille.

« Elle était petite et coquette et se déplaçait accompagnée d’un panier de tricot »

★★★☆☆

Paisible, elle ne fait que tricoter dans son fauteuil et un matin elle offrit un chandail à Lester. Ratatiné, pendant, troué où il ne faut pas, d’un jaune peu ragoûtant et parsemé de pompons violets – un pull de très bon goût 😀 Lester est enchanté de le porter à l’école. Après une journée nulle, il trouva le moyen de pulvériser son chandail, accidentellement bien sûr ! Mais la cousine Clara a plus d’une pelote dans son panier. Aussi…
Le second fût rose et abominable. Et fût broyé par la tondeuse.
Le troisième fût d’un orange citrouille repoussant. L’égout eut sa peau.
Le quatrième d’un vert olive désolant. Un troupeau d’autruches enragées le picorèrent.
Le dernier fût turquoise et volé par des bandits.

Malgré tout ses efforts, Lester se voit affublé d’un nouveau chandail, qui lui fait ressembler à un poulet prêt à être déplumé alors qu’il doit participer à la fête d’Enid Measles. Les clowns présents s’amassent autour de lui, admiratifs de son nouveau chandail :

« Quel beau chandail »

Le grotesque de la tenue de Lester les amusèrent et le petit garçon, en fin stratège présenta la cousine Clara à ses nouveaux fans qui emportèrent à la fois toute la pile de chandails qu’elle avait tricoté et Clara elle-même. Tricoteuse dans une troupe de cirque, toute une histoire ! Pour tous ceux qui ont déjà reçu un cadeau empoisonné dans leur vie : cet album vous donnera quelques trucs et astuces pour vous en débarrasser ou lui donner une seconde vie de manière originale. Heureusement, le ridicule ne tue pas et Lester l’apprend à ses dépends. Si jamais on vous offre des dauphins en céramique pour orner votre salon, réfléchissez bien…il y autre d’autres solutions que la benne à ordures: le trottoir, l’anniversaire d’une copine, une pendaison de crémaillère, quelqu’un que vous n’aimez pas du tout… 🙂  Une histoire mignonne sur l’affirmation de soi, jetez-y un oeil pour le plaisir…

Les affreux chandails de Lester, K.G Campbell (La Pastèque)
collection Pamplemousse
en librairie le 10 avril 2015
9782923841649 – 15€
à partir de 5 ans

Discussion

Trop tôt – Jo Witek

troptotEn vacances à Royan avec ses parents, Pia et sa cousine Marthe veulent grandir cet été-là, être remarquées et faire des expériences significatives dans leurs vies de jeune filles qui vont au-delà du simple fait de porter du maquillage ou de sortir entre amies…Et si c’était l’été où elles rencontraient leur grand Amour ? L’été de tous les possibles. Elles décident de forcer le destin en faisant le mur un soir pour aller en boîte de nuit. Pia va rencontrer Nathan, s’abandonner dans ses bras et perdre sa virginité sur la plage. Mais le lendemain, rien n’est plus pareil et la jeune fille va vivre une grande déception sentimentale : il a déjà une petite amie et s’est servi de Pia pour « pimenter » sa nuit…Son chagrin est immense. En rentrant chez elle, elle est inconsolable : Pia en devient même malade. Très vite elle comprend que ce n’est peut-être pas Nathan qui la rend malade :

« C’est dans cette salle obscure que j’ai réalisé que ce que je ressentais depuis des semaines n’était pas seulement une absence d’amour, mais peut-être un embryon. »

★★★★☆

Pia va bel et bien grandir mais pas comme elle aurait voulu. Lorsque les événements deviennent trop réels trop vite il est difficile de les affronter seuls. Mais comment annoncer à ses parents que l’on est plus une petite fille ? On retient un peu son souffle lors de la lecture car nous sommes autant dans la peur que Pia : les réactions de sa mère et de son père sont attendues. La pression retombe vite lorsqu’on assiste – même si c’est difficile – au soutien inconditionnel de ceux-ci. Abordé avec simplicité, ce récit décrit le parcours d’une jeune fille qui a recours à l’avortement sans tomber dans le pathos. Dédramatiser serait un terme plus juste. Jo Witek le fait toujours avec beaucoup de facilité.

« C’est un choix, un droit, c’est la moindre des choses et pourtant ce n’est pas une moindre chose. Je hais ceux qui osent penser que les femmes font cela à la légère. Je n’oublierai jamais ce jour, je le sais. Je sais aussi que désormais, j’ai un corps. Un corps avec ses désirs, ses fougues, ses blessures, ses secrets. Un corps qui m’appartient. »
Et Bob dans tout ça ?

Il a aussi beaucoup aimé ce très court mais fort roman ! Jo Witek met en effet les mots justes et nous offre un beau portrait de jeune fille devenue femme. J’ai justement beaucoup apprécié le fait que Pia est parfaitement consciente de ce qui se passe, de ce que ça signifie pour elle et son entourage, et de sa décision. Quand bien même elle peut douter, être angoissée par ce que l’on va penser d’elle, Pia reste forte et lucide. De ce fait, le roman évite le larmoyant ou le moralisme que l’on peut retrouver parfois sur cette thématique. Ce qui fait de Trop tôt un roman très réussi et très juste.

« Aucune femme ne recourt de gaieté de cœur à l’avortement. C’est toujours un drame, cela restera toujours un drame. » Simone Veil

Trop tôt, Jo Witek (Talents Hauts)
collection Ego
à paraître le 16 avril 2015
9782362661266 – 7€
à partir de 15 ans

Pour aller plus loin sur le thème de l’avortement

300000chaqueanneeElles sont 300 000 chaque année – discours de Simone Veil pour le droit à l’avortement (Points)
9782757814963 – 3.00€
Une introduction pas des moindres pour découvrir un pan de l’Histoire important. Un discours qu’il faut lire au moins une fois, ce qui en a découlé a marqué le début de l’émancipation sociale de la femme.

A ma source gardée, Madeline Roth