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Et le désert disparaîtra – Marie Pavlenko

Pour cette première chronique en duo, Bob et Lisette se sont penchés sur le tout nouveau roman de Marie Pavlenko qui, après nous avoir fait beaucoup rire (et un peu pleuré), revient avec un texte très différent et particulièrement actuel !

Samaa, 12 ans, rêve de chasser les arbres comme les hommes de sa tribu nomade. Son peuple vit dans le désert, respire dans des bouteilles d’oxygène et se nourrit de barres de protéines. Ils vendent le bohis à la grande ville en échange d’eau et de nourriture. Seule l’Ancienne, un veille femme qui vit à l’écart de la tribu en attendant la mort, se souvient d’un monde ancien où les arbres étaient synonymes de vie. Un jour, Samaa décide de suivre les chasseurs, mais très vite perd leurs traces dans l’immensité du désert. Lors d’une tempête de sable, Samaa se retrouve coincée dans une trouée et découvre un arbre gigantesque, de l’eau… Blessée, Samaa va réaliser que le monde d’avant n’a peut-être pas tout à fait disparu.

Lisette se sent seule dans le désert…

Ce roman très contemplatif, se rapprochant du conte, est un bel hommage à notre Nature. L’écriture de Marie Pavlenko est toujours poétique, lente, on subit avec Samaa le temps qui passe. Mais je crains aussi que certains lecteurs subissent le manque d’action, de suspense.
L’autrice aimerait que ce livre devienne un étendard d’une jeunesse qu’elle admire, cette lecture peut être une première graine dans la tête des jeunes lecteurs pour ouvrir grand les yeux sur ce que pourrait devenir notre monde si nous n’y prenons pas soin.

Lisette, du haut de ses couches culottes, a envie de vous rappeler que : le meilleur moment pour planter un arbre était il y a 20 ans. Le deuxième meilleur moment est maintenant ! Et puis elle serait trop triste si les framboisiers venaient à disparaître.

…Bob garde l’espoir !

C’est justement le côté contemplatif du roman qui a beaucoup plu à Bob. La force de l’écriture de Marie Pavlenko réside dans cette poésie, cette lenteur qui nous rend plus proches de la solitude, de la peur, et des espoirs de Samaa. Un récit fait de silences, qui explore la croyance d’une population qui n’a jamais connu rien d’autre que le désert et son enfer, et d’une jeune fille qui redécouvre tout ce qu’elle tenait pour vrai, tout ce que les arbres apportent au monde. C’est aussi l’histoire d’un combat, qui résonne bien évidemment avec ceux menés par la jeunesse d’aujourd’hui : celui de se faire entendre, de prendre soin de notre Terre qui subit les ravages de l’humanité et de tenir tête à ceux qui détiennent (ou croient détenir) l’autorité ou le savoir. A travers un récit d’anticipation d’une grande humanité, et la magnifique voix de Samaa, Marie Pavlenko nous invite à prendre conscience du caractère précieux de la nature et à la protéger, coûte que coûte !
Vous l’aurez compris, c’est un coup de cœur pour Bob ! ❤

A noter !
> une parution simultanée en livre audio, magnifiquement lu par la comédienne Delphine Cogniard, qui donne à entendre toute l'émotion de ce très beau roman.
> l'attention toute particulière portée à la fabrication du roman, de la façon la plus écologique possible.

Et le désert disparaîtra, Marie Pavlenko (Flammarion)
disponible depuis le 8 janvier 2020
9782081495616 – 14€
à partir de 12 ans
Et le désert disparaîtra (version audio), Marie Pavlenko, lu par Delphine Cogniard (Gallimard)
collection Écoutez lire
disponible depuis le 9 janvier 2020
9782072883927 – 18,90€
à partir de 12 ans
Discussion
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Les pluies – Vincent Villeminot

On vous présentait hier Le copain de la fille du tueur, l’un des nombreux romans de la rentrée de Vincent Villeminot, histoire d’amour en plein thriller. Avec Les pluies, c’est encore une histoire d’amour qu’il nous propose et, même si l’éditeur insiste beaucoup là-dessus sur la quatrième de couverture (peut-être à tort ?), c’est aussi un roman entre aventure et science-fiction… 🙂

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Depuis des mois, il pleut sans discontinuer. Le niveau des eaux monte et, bientôt, Kosh et Lou doivent évacuer leurs maisons. Tous deux, avec leurs frères et sœur, attendant le retour de leurs parents pour partir mais très vite, il faut fuir. Juste à ce moment, les parents de Kosh arrivent mais un pont se brise et leur voiture est engloutie par les eaux furieuses du fleuve. Les enfants n’ont plus le temps, ils doivent quitter leur village. Réfugiés dans le clocher de l’église, ils attendent que les secours arrivent et tentent de survivre sous une pluie torrentielle et la montée des eaux…

Sous l’eau avec Bob

★★★★☆

C’est dans un monde similaire au nôtre que vivent Kosh et son frère Malcolm, la belle Lou, son petit frère Noah et Ombre, le bébé. Mais ce monde est ravagé par des pluies improbables, qui ne s’arrêtent jamais et qui génèrent des dérèglements climatiques importants. Lorsqu’ils perdent tout, les cinq jeunes sont obligés de survivre comme ils le peuvent et ce serait dommage de vous en dire plus sur leur survie ou l’aventure qui les attend (même si l’éditeur en révèle déjà beaucoup) car ce qui fait l’intérêt du roman, c’est justement cette surprise et cette découverte de ce monde sous les eaux chaque fois que l’on tourne une page. Il y a effectivement une histoire d’amour, celle de Lou et Kosh mais il y a aussi surtout cette confiance à construire entre chacun des enfants, les caractères différents, les difficultés à s’imposer ou se faire respecter, et celles inhérentes aux rencontres qu’ils feront. On retrouve tous les ingrédients d’un bon roman d’aventure : la quête, la séparation, les promesses, l’espoir, mais aussi ceux de l’anticipation ou de la science-fiction à tendance dystopique : la société qui s’effondre, la violence, la loi du plus fort. C’est vraiment prenant et on a hâte de découvrir la suite puisqu’il s’agit en réalité d’un premier tome !

A l’abri avec Jean-Michel

★★★★★

Grands Dieux ! Vincent Villeminot n’aurait pas pu choisir plus terrifiant comme cause mortelle : l’eau. Insidieuse, fourbe et toute puissante : que peut-on faire contre elle lorsqu’elle se déchaîne ? Il nous offre un avant-goût de ce qui, foncièrement, pourrait nous arriver. Bob trouve que ce roman relève de la science-fiction, je pense au contraire qu’il est pragmatique et on ne peut plus réaliste. Nos jeunes protagonistes sont fabuleusement dépeints et aucun n’est laissé au hasard : de Kosh qui devient leader du groupe et adulte par la même occasion, à Lou qui par la force des choses devient presque une mère, Noah et Malcolm qui se vouaient une haine mutuelle futile avant le déluge et désormais se serrent les coudes pour mieux survivre. Tous ont un rôle bien déterminé. Exemplaires et intelligents, ils nous prouvent que la survie est avant tout une question de courage et de ténacité.
Cher Vincent, tu m’as tant fait peur que tu viens de me décider à apprendre à nager.

Sachez que lorsque vous aurez terminé ce roman, une soif insoutenable de connaître la suite des événements se fera sentir. Ce sera dur, on vous prévient vous aurez la langue pâteuse. Le tome 2 ne sort qu’apparemment en février, c’est beaucoup trop long. C’est pourquoi nous vous suggérons à tous de harceler de mots d’amour l’éditeur afin que cette sortie soit accélérée. Vive Vincent Villeminot, vive la collection Lire en grand, vive le harcèlement.

Les pluies, Vincent Villeminot (Fleurus)
disponible le 9 septembre 2016
9782215132141 – 16,90€
à partir de 13 ans
Son
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Macha ou l’évasion – Jérôme Leroy

9782748521900,0-3360369

Macha-des-Oyats a cent sept ans et vit dans le monde de la Douceur, où la nature, le respect de l’environnement et des autres a remplacé la violence et la technologie du monde de la Fin. Un jour, de jeunes gens viennent trouver Macha, la dernière à avoir connu ce monde terrible, et lui demandent de bien vouloir raconter son histoire, celle avant la Fin et l’arrivée de la Douceur…

★★★★★

Il y a dans le monde de la Douceur cette utopie qui manque depuis un certain temps dans la littérature d’anticipation et de science-fiction, notamment pour les adolescents. Jérôme Leroy renoue avec le genre dans cette histoire où Macha, une très vieille femme, vit dans un arbre, avec une communauté de gens tous plus sympathiques les uns que les autres. Le monde de la Douceur est né dans les ZAD voilà quatre générations et, désormais, les gens y vivent de la nature, de l’échange, du partage, sans technologie (en tous cas pas celle que l’on connaît et qui est à l’origine de la fin de l’ancien monde) ou notion d’argent, de propriété… Un vrai paradis ! Une utopie parfaite.

Lorsque trois jeunes gens viennent trouver Macha pour qu’elle leur raconte son histoire, celle d’avant la Fin, et non pas celle de la naissance de la Douceur dont ils ont déjà tant de témoignages, Macha est réticente, peu désireuse de retourner dans les tréfonds de sa mémoire, dans la violence et l’horreur qu’elle a connu adolescente. Pourtant, elle le fera, et c’est bien la plus grande partie du roman qui s’intéresse à cette enfance où Macha a vécu le pire. Je ne vous en dirais pas trop sur la vie d’avant de la centenaire, qui se découvre au fur et à mesure de la lecture mais tout se déroule à Nantes, dans une belle-famille de la haute société aux idées bien arrêtées alors que, dans la France de l’époque, les attentats s’enchaînent, les ZAD se multiplient, le parti politique nationaliste du Bloc Patriotique s’approche du pouvoir… Une situation qui n’est pas sans rappeler la nôtre… L’histoire de Macha, pleine d’émotion et de rébellion, nous montre tout le changement qui aura lieu entre le monde de la Fin et la Douceur dans laquelle elle vit désormais.

Un magnifique roman dans lequel Jérôme Leroy a choisi de nous montrer un futur positif et optimiste, qui ne sera peut-être pas le nôtre mais qui nous donne envie d’y vivre et d’y croire. Une très belle façon d’évoquer la politique et les problématiques actuelles. Beaucoup d’espoir, de chaleur et de lumière dans Macha en dépit de la dureté et de la violence vécue par la jeune fille, héroïne attachante et courageuse. Un roman lumineux à mettre entre toutes les mains ! 🙂

Macha ou l’évasion, Jérôme Leroy (Syros)
disponible le 25 août 2016
9782748521900 – 16,95€
à partir de 13 ans
Son
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Memorex – Cindy Van Wilder

9782354883324,0-3260772

2022. Un an après l’attentat qui a coûté la vie à sa mère, Réha s’apprête à retourner chez son père, reclus sur leur île privée depuis la fameuse journée, pour une commémoration. Son jumeau Aïki sera également présent, un frère qui l’ignore complètement depuis la tragédie, à son plus grand désarroi. Mais peu avant de partir, Réha commence à recevoir des messages anonymes, des messages qui l’incitent à se souvenir…

★★★★☆

Des souvenirs qui n’aident assurément pas Réha dans son processus de deuil. Fille de Kassa Ayyadam, riche propriétaire de la société Memorex, spécialisée dans la recherche sur le cerveau, et de Carol, qui tenait la fondation Breathe, soutenant l’art contemporain engagé, Réha est une jeune fille bien née qui fréquente les meilleures écoles. La mort de sa mère sera non seulement terrible pour elle, mais va attirer également tous les regards sur leur famille, l’empêchant de vivre en paix. Une situation qui ne s’améliore pas quand elle commence à recevoir des messages anonymes lui intimant de se rappeler…mais se rappeler quoi ?

Roman d’anticipation, Memorex l’est assurément ! Le questionnement sur la mémoire et les manipulations de notre cerveau sont au cœur de cette histoire comme de notre actualité. Mais c’est surtout la partie thriller du roman qui va prendre le plus d’importance au fil de la lecture. Car ce qui devait être des vacances – peu joyeuses, certes – va très vite devenir un huis-clos angoissant et terrifiant, où les révélations vont exploser comme les bateaux susceptibles de permettre leur fuite. Réha va ainsi se retrouver coincée sur Star Island, l’île privée familiale, avec son père, son jumeau et sa petite amie Petite Miss Parfaite, Holly pardon, et oncle Mike, le père adoptif de Kassa. Et une tripotée d’ennemis, bien sûr.

Autant vous le dire tout de suite, vous n’allez pas lâcher ce roman ! L’écriture de Cindy Van Wilder est addictive. La construction, alternant entre le moment présent et les flash-backs, donne un rythme et une dynamique qui renforcent notre envie de continuer et de découvrir les secrets terribles de la famille Ayyadam, et notamment des expériences menées par le père de Réha, tel un docteur Frankenstein, une référence totalement assumée par l’auteure. Une intrigue bien menée, des personnages bien campés et un rythme soutenu, les amateurs de thrillers d’anticipation devraient se régaler ! 🙂

Memorex, Cindy Van Wilder (Gulf Stream)
collection Électrogène
disponible depuis le 6 mai 2016
9782354883324 – 17€
à partir de 14 ans
Son
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La source, t.1 Errance – Maxime Fleury

9782364746954,0-2629259

Sur une Terre stérile, Albeda et Tilo entament leur Errance, une mission périlleuse dont le but est de rapporter à leur clan le secret de la Source qui, selon la légende, devrait ramener l’abondance. Durant leur marche, les deux jeunes gens vont découvrir les vestiges de l’ancien monde et croiser des tribus hostiles ou des communautés accueillantes… Parviendront-ils à trouver la Source dans ce monde en ruines ?

★★★★☆

Pour son premier roman, Maxime Fleury s’est lancé dans la dystopie, le genre du moment ! Pourtant, ce qu’il nous propose dans ce roman est très différent de ce qu’on lit habituellement, et je pense que cela vient principalement de l’absence de romance à l’eau de rose et de scènes d’action à faire pâlir les réalisateurs de Mission : impossible. En effet, ce qui semble intéresser Maxime Fleury ici, c’est plutôt le rapport des personnages à leur passé, à leur enfermement, à leurs croyances. Et la quête que suivent Albeda et Tilo. Une quête finalement assez obscure, ou en tous cas très vague…puisque lorsque les deux jeunes gens se mettent en route, ils ne savent même pas qu’il existe une multitude de routes différentes… Plutôt mal barrés, non ?

J’ai beaucoup apprécié le fait que, comme les personnages du roman, nous découvrons le monde au fur et à mesure. Nous ne savons rien de ce qui a fait de la Terre un endroit totalement stérile, détruit. Nous n’avons que les légendes, les suppositions avancées par nos héros ou les personnes qu’ils rencontrent sur leur chemin. On meurt de savoir ce qui s’est passé, ce qui a causé cet état du monde et, pourtant, on finit par accepter de ne pas avoir de réponses et de se laisser transporter dans l’aventure que vont vivre Albeda et Tilo. L’écriture de Maxime Fleury en est d’ailleurs parfaite, il ne lui faut que quelques mots pour nous embarquer dans son histoire et nous happer jusqu’à la dernière page. Une dernière page qui nous laisse évidemment sur notre faim, comme tout bon premier tome qui se respecte, et qui nous pousse à guetter la suite avec impatience !

N’hésitez pas aussi à aller lire l’avis de notre cousin le Lapin Blanc sur ce roman !

La source, t.1 Errance, Maxime Fleury (Thierry Magnier)
disponible depuis le 20 mai 2015
9782364746954 – 11€
à partir de 13 ans