Son
4

Nous, les enfants sauvages – Alice de Poncheville

9782211221986, 0-2703710

Vous ne trouvez pas que la couverture de ce roman fout un petit peu les jetons ? 😀 Pourtant, pas d’horreur dans ce livre…enfin…

Après l’éradication des animaux qui ont causé des épidémies et ravagé le monde, celui-ci se reconstruit petit à petit. Linka et sa petite sœur Oska vivent dans la 16e Maison, un orphelinat où chacun doit préparer son avenir pour répondre au mieux aux exigences du Ministère. Un jour, Linka trouve une bête dans un terrain vague. Elle la nomme Vive et, se sentant soudain plus forte avec la présence de cet être étrange, elle commence à rêver d’une autre vie…

★★★★★

Imaginez un monde sans animaux, un monde où le métier le plus prestigieux est celui de chasser les oiseaux pour les tuer. Dans l’univers imaginé par Alice de Poncheville, c’est l’élevage intensif, les traitements infligés aux bêtes qui ont conduit le monde à sa perte. Aujourd’hui, il ne reste plus que les rats, indécrottables survivants, et les insectes, source de protéines pour les habitants de ce monde. Et les rares oiseaux ou petits animaux, instantanément exterminés lorsqu’ils sont signalés. Alors quand une flopée d’enfants ne rêve que de voir ces beaux renards ou ces impressionnants éléphants autrement que dans les documentaires du vieux monde, il ne faut pas s’étonner qu’on parle de mystérieux enfants sauvages et de ce terroriste de Docteur Fury…
Le roman d’Alice de Poncheville est magnifique et son histoire, une dystopie, se distingue dans le genre en évitant tous les poncifs des grandes séries à succès. Le résumé ci-dessus ne vous donne clairement pas tout ce qu’on retrouve dans l’histoire, et cela vaut sans doute mieux tant il est beaucoup plus intriguant de découvrir au fur et à mesure le fonctionnement de ce monde, de se laisser emporter dans l’écriture passionnante de l’auteure. Et de faire connaissance avec des personnages tous plus intéressants les uns que les autres. Linka et sa sœur, ainsi que tous les autres personnages que nous rencontrons, sont vraiment attachants. Même si le rôle d’orphelin dans une histoire initiatique n’est pas nouveau, ni les directeurs d’orphelinats peu amènes, l’engouement pour l’histoire est telle que cela ne nous dérange pas, on veut juste se laisser porter par le vent, à l’instar de Vive, jusqu’à la fin du roman. Nous, les enfants sauvages est une très belle ode à la nature, on se laisse emporter dans la poésie des enfants sauvages, les souvenirs d’un monde perdu, les amitiés indéfectibles et la générosité de résistants en passe de mener une rébellion. Je me suis régalée des mots et des images d’Alice de Poncheville, et j’espère que vous en ferez tout autant ! 🙂

Nous, les enfants sauvages, Alice de Poncheville (Ecole des Loisirs)
collection Medium
disponible le 2 septembre 2015
9782211221986 – 19,50€
à partir de 13 ans

Son
2

Le coeur de la poupée – Rafik Schami

9782211211819,0-2644780

Quel étrange livre que Le cœur de la poupée ! Il faut dire aussi que Bob l’a un peu cherché, car il n’aime pas trop les poupées…ça lui file la pétoche ! Et cette couverture et ces illustrations de poupées de Grégory Elbaz ont bien accentué le sentiment de malaise de Bob. Sérieusement, ça ne vous fait pas un peu peur, vous ?

Un jour où il fait tout gris, Nina accompagne ses parents au marché aux puces. Sous l’étal d’un vendeur, elle découvre une poupée dans un seau, mais il se n’agit pas de n’importe quelle poupée. C’est Petitoi, une poupée qui parle et qui est capable d’aspirer les peurs. Une poupée parfaite pour Nina. Mais une poupée à qui il manque pourtant quelque chose et qu’elle aimerait beaucoup avoir…

★★☆☆☆

Le cœur de la poupée nous emporte dans un univers très enfantin, où les chapitres se succèdent sans toujours se suivre. En effet, nous suivons Nina dans sa vie de tous les jours, les anecdotes de l’école, ses jeux avec sa voisine, ses angoisses et ses peurs, les gens qu’elle rencontre. Et Petitoi, qui est toujours là pour jouer avec elle, lui raconter des histoires ou des souvenirs de ses vies d’avant avec d’autres enfants, discuter avec les autres peluches et jouets, etc. Un univers qui semble finalement ne s’ancrer dans aucun temps en particulier. Je croyais d’ailleurs que le roman se passait à une époque plus ancienne que la nôtre. Les illustrations semblent intemporelles et l’écriture de Rafik Schami agréablement vieillotte. Mais différents éléments du récit nous prouvent que non.

Le cœur de la poupée aborde une certaine variété de thèmes, depuis la peur enfantine en passant par la mort et le deuil, mais qui a surtout une grand part de philosophie. Car Petitoi se demande ce que cela lui ferait d’avoir un cœur, de ressentir comme Nina ressent les choses. Et la petite fille et la poupée échangent régulièrement sur des concepts comme la mort ou l’âme…
Un roman étonnant, donc, sur l’importance de l’enfance, mais dont j’ai peur qu’il ne trouve pas son public autant chez les plus jeunes que chez les ados de par sa construction peu évidente, qui en fait une lecture peu facile. Il n’a en tous cas pas tellement trouvé son public avec Bob.

Le coeur de la poupée, Rafik Schami, illustré par Grégory Elbaz (École des loisirs)
collection Neuf grands formats
en librairie depuis le 20 mai 2015
9782211211819 – 15,80€
à partir de 9 ans

Son
0

Moi, les mammouths – Manuela Draeger

Vous savez, moi, les mammouths, je trouve vraiment dommage qu’ils aient disparus de la surface de la Terre. Avec leurs longs poils, ils avaient l’air tout doux et tout sympa. Heureusement, il y a encore des livres qui en parlent, des fois. 🙂

9782211218399,0-2644802

Bobby Potemkine est à sa fenêtre, comme bon nombre de soirs, à regarder l’horizon. Car, cette nuit, quelque chose pourrait bien se passer… Et depuis que la police a quitté l’endroit, c’est un peu Bobby qui est chargé des enquêtes, des choses bizarres qui se produisent parfois par chez lui. Justement, il se passe quelque chose d’étrange : des mammouths ont écrasé la directrice de la Maison du peuple. Voilà une nouvelle enquête pour Bobby Potemkine et son amie Lili Nebraska.

★★★★☆

Alors là, Bob découvre complètement Bobby Potemkine et l’univers de Manuela Draeger (un autre nom pour Antoine Volodine) alors qu’il en existe pourtant déjà une tripotée de bouquins ! Je ne savais pas du tout à quoi m’attendre en ouvrant ce très court roman, mais certainement pas à une histoire loufoque et absurde. En tous cas, c’est une très belle découverte ! Pour ceux qui ne connaîtraient pas l’univers (des ignares comme Bob, quoi !), nous sommes dans une ville désertée par la police (car il n’y en a pas vraiment besoin) où les habitants sont des chauve-soubises, des mouettes en minijupes et des crabes laineux qui prennent des cours de Lune. On peut aussi s’inscrire dans des clubs à la Maison du peuple, il y a plein de choix : connaissance des tardigrades, boules de neige pour non-voyants, construction de tente tremblante, balançoire deuxième année… Vous l’aurez donc compris, c’est un univers dans lequel on abandonne toute raison (ou alors vous serez contraint de fermer le livre très vite) pour se laisser porter par les aventures étranges de Bobby Potemkine et sa belle amie Lili Nebraska. Et malgré le fait qu’il s’agisse d’une énième aventure du duo d’enquêteurs, il n’y a pas vraiment besoin de lire les précédents, je n’ai découvert qu’après qu’il en existait d’autres et je n’ai pas eu l’impression qu’il me manquait des éléments pour comprendre l’histoire. Une histoire très bien écrite, un univers très riche, poétique et surréaliste, et un roman à mettre entre les mains de tous ceux qui n’ont pas peur de lâcher prise avec le réel. Une mention spéciale également à la couverture du roman, que je trouve particulièrement réussie : la photographie est non seulement magnifique mais elle rend parfaitement l’atmosphère du livre.

Moi, les mammouths, Manuela Draeger (École des loisirs)
collection Médium
en librairie depuis le 20 mai 2015
9782211218399 – 11,80€
à partir de 12 ans

Son
10

La pyramide des besoins humains – Caroline Solé

9782211221979,0-2644791

Vous avez peut-être vu sur les réseaux sociaux d’étranges publicités pour un nouveau jeu de télé-réalité : La pyramide des besoins humains ? Vous vous êtes interrogés pour savoir de quoi il retournait ? Eh bien, aujourd’hui, date de lancement du jeu, Bob et Jean-Michel vous révèlent TOUT sur cet événement qui va rythmer vos journées et vos soirées ! 😛

Christopher vit sur un bout de carton, dans les rues de Londres. Entre la mendicité et la survie, le jeune homme finit par s’inscrire à une étrange émission de télé-réalité : la pyramide des besoins humains, qui part du principe que l’ensemble des besoins humains peut être classé en cinq catégories. Ils sont 15 000 candidats et, dans un mois, il n’en restera plus qu’un. Christopher pense n’être qu’un numéro parmi tant d’autres… Pourtant, la célébrité n’attend que lui…

★★★★☆

Haha, vous l’aurez donc compris : La pyramide des besoins humains est en réalité un roman ! (Et donc non, nous ne changeons pas notre ligne éditoriale pour parler télévision !) Un roman extrêmement réaliste qui s’attache à un personnage très marginal : un jeune ado, probablement même pas majeur, qui, après une fugue, se retrouve à arpenter les rues de Londres et à vivre sous les porches, dans un carton détrempé. Christopher, à travers les mots très justes de Caroline Solé, nous décrit son mode de vie, ou plutôt de survie, dans un Londres très différent de ce qu’on lit le plus souvent. Un Londres peuplé de sans-abris, où le danger est partout, dans la pluie comme dans les hommes. Il nous livre ainsi ses réflexions sur son existence : son enfance, sa famille, ses rêves, ses compagnons de route…tout ce qui constitue son existence. J’ai été tout de suite touchée par ce personnage qui nous raconte tout cela avec une étonnante lucidité.

Une affiche (fictive, donc !) de la campagne du jeu.

Une affiche (fictive, donc !) de la campagne du jeu.

Et au-delà de cette tranche de vie, Caroline Solé s’intéresse aussi à ce jeu de télé-réalité et à ce qui en découle : l’impact de réseaux sociaux et de la célébrité sur notre rapport aux autres. Car Christopher, comme chacun des joueurs de ce jeu, va tenter de parvenir en finale, même s’il doute fortement d’y arriver. Et il va devoir rivaliser d’imagination pour passer chaque pallier des besoins humains à remplir. On ne reste pas indifférents à l’analyse que Christopher porte sur le jeu, qui nous pousse ainsi à nous interroger nous aussi sur nos besoins fondamentaux.
Un roman original, fin et très actuel.

La pyramide des besoins humains, Caroline Solé (École des loisirs)
collection Médium
en librairie le 27 mai 2015
9782211221979 – 12,80€
à partir de 13 ans

Son
0

Le dernier chant – Eva Wiseman

9782211212472,0-2552588

La semaine dernière, Jean-Michel vous emmenait à la cour de la Reine Margot, Bob, lui, vous fait découvrir aujourd’hui celle d’Espagne. (Vous avez vu comment on gère trop bien, ici ? 😛 )

Espagne, 1491. Isabel de Cardosa vient d’avoir quinze ans. Fille du médecin de la cour royale d’Espagne, elle vit de façon aisée et choyée. Jusqu’au jour où ses parents souhaitent la marier avec Luis de Carrera, un jeune homme violent et cruel. Pour marquer cette union future, ils commandent un bijou précieux : une alouette d’or dans une cage d’argent. Mais ce mariage assurera-t-il la sécurité d’Isabel ? Car à cette époque, l’Inquisition dirige la ville et traque les Juifs et les conversos, ceux qui se sont convertis récemment au christianisme. Et bientôt, il semble que la menace pèse sur la famille d’Isabel…

★★★★☆

Ce magnifique roman d’Eva Wiseman s’intéresse à l’Inquisition et à la persécution des Juifs en Espagne au XVe siècle, période que l’on connaît peut-être peu en France. De mon côté, ce n’est pas le premier que je lis sur le sujet, mais c’est celui qui m’a semblé le plus intéressant, le plus abordable et le plus juste.
Le roman se déroule sur une période assez courte, bien définie par l’auteure, mais qui couvre pourtant de nombreux événements : depuis la vie presque sans soucis d’Isabel, jeune fille bien née dont les journées sont rythmées par la dégustation de pâtisseries avec sa meilleure amie ou les balades dans le beau jardin familial, jusqu’aux tristes jours qui condamneront la famille de Cardosa à s’exiler. Parce qu’ils sont des conversos, des Juifs récemment convertis au christianisme. La découverte d’Isabel de ses véritables origines, cachées depuis toujours par ses parents, se fait progressivement et tout le récit est très bien mené, oscillant vers l’aventure et la romance. Les enjeux politiques et économiques de l’Espagne sont aussi très bien expliqués (et sans être de gros pavés descriptifs indigestes), s’intégrant parfaitement au fil de l’histoire qui prend petit à petit une dimension dramatique, jouée bien sûr par la terrifiante Inquisition. Isabel va assister à plusieurs scènes terribles et découvrir et comprendre la situation un peu mieux, de la même manière que le lecteur néophyte. Bien sûr, cela va la faire grandir, la rendre plus responsable et clairvoyante sur sa propre situation…et son avenir.
Une tranche de l’Histoire très bien écrite et mise en avant par un personnage féminin fort, peut-être un peu en avance sur son temps. Un sujet qui semble toujours d’actualité malgré les siècles écoulés. Un peu d’aventure et une jolie histoire d’amour font de ce roman une belle découverte. Et Le portrait de jeune femme de Raphaël sur la couverture, non seulement magnifique, l’illustre parfaitement.

Le dernier chant, Eva Wiseman (École des loisirs)
collection Médium
en librairie depuis le 22 avril 2015
9782211212472 – 16€
à partir de 13 ans

Son
5

Broadway Limited – Malika Ferdjoukh

Bob et Jean-Michel adorent Malika Ferdjoukh ! Ils ont rêvé pendant très longtemps d’avoir des sœurs comme Enid ou Geneviève ou Hortense…toutes les héroïnes de Quatre sœurs (qu’on vous conseille très très fort si vous n’avez jamais lu). Alors autant vous dire qu’ils avaient hâte de découvrir ce nouveau roman choral d’une auteure qu’ils chérissent tout particulièrement. 😀 Et, comme vous devez vous en douter, il s’agit d’un énooooorme coup cœur ! On laisse d’abord l’école des loisirs vous raconter de quoi ça parle et on vous dit ensuite pourquoi on a adoré !

9782211223140,0-2552989

Normalement, Jocelyn n’aurait pas dû obtenir une chambre à la Pension Giboulée. Mrs Merle, la propriétaire, est formelle : cette respectable pension new-yorkaise n’accepte aucun garçon, même avec un joli nom français comme Jocelyn Brouillard. Pourtant, grâce à son talent de pianiste, grâce, aussi, à un petit mensonge et à un ingrédient miraculeux qu’il transporte sans le savoir dans sa malle, Jocelyn obtient l’autorisation de loger au sous-sol. Nous sommes en 1948, cela fait quelques heures à peine qu’il est à New York, il a le sentiment d’avoir débarqué dans une maison de fous. Et il doit garder la tête froide, car ici il n’y a que des filles. Elles sont danseuses, apprenties comédiennes, toutes manquent d’argent et passent leur temps à courir les auditions. Chic a mangé tellement de soupe Campbell’s à la tomate pour une publicité que la couleur rouge suffit à lui donner la nausée. Dido, malgré son jeune âge, a des problèmes avec le FBI. Manhattan est en proie à l’inquiétude depuis qu’elle a cinq ans. Toutes ces jeunes filles ont un secret, que même leurs meilleures amies ignorent. Surtout Hadley, la plus mystérieuse de toutes, qui ne danse plus alors qu’elle a autrefois dansé avec Fred Astaire, et vend chaque soir des allumettes au Social Platinium. Hadley, pour qui tout a basculé, par une nuit de neige dans un train. Un train nommé Broadway Limited.

★★★★★

Wow ! Quelle fresque magnifique que ce nouveau roman de Malika Ferdjoukh ! Nous sommes transportés dès les premières pages dans ce New York d’après-guerre et, un peu à la manière de Jocelyn, complètement émerveillés par ces rencontres avec des filles pétillantes et étonnantes, qui vont nous réserver des aventures sentimentales et artistiques trépidantes. Si, au début, nous sommes un peu perdus parmi toutes ces filles aux drôles de surnoms (« euh…mais Chic c’est laquelle déjà ? » Jean-Michel ne suivait pas très bien), on s’attache très vite à chacune d’entre elles et, surtout, à notre petit français qui découvre une foultitude de choses bizarres et étonnantes. C’était d’ailleurs très intéressant de découvrir que ce qui nous semble aujourd’hui totalement normal et acquis (manger des corn flakes) ne l’était pas du tout il y a soixante ans. D’ailleurs, il faut souligner le grand travail de Malika Ferdjoukh sur les références, les personnages réels, les pièces, les films, les musiciens…car on rencontre de très nombreuses célébrités dans ce roman. Mélangés avec des personnages de fiction, on finit même par se demander ce qui est vrai dans l’histoire et ce qui ne l’est pas. De quoi aiguiser notre curiosité et nous pousser à visionner les films cités ou à se renseigner sur des acteurs aujourd’hui devenus légendaires. Mais ce qui fonctionne assurément dans ce Broadway Limited, ce sont bien sûr les histoires de chacun des personnages. L’écriture de Malika Ferdjoukh est superbe, très souvent drôle et insouciante, à l’image des jeunes filles de la pension Giboulée. On touche du doigt ce fameux « rêve américain », où tout semble possible. Il y a pourtant aussi de la gravité, des secrets, de la tristesse pour certaines, mais le roman parvient à ne pas tomber dans le pathos ou la mièvrerie. En réalité, on vibre à chaque instant, on a envie de danser, de se laisser emporter par le tourbillon des sentiments et des espoirs de chacune, et, surtout, on regrette qu’il n’y ait que 600 pages, car on voudrait suivre Jocelyn et les filles jusqu’au bout du monde… Heureusement, il y aura une suite !!! En attendant, on vous laisse, car Bob et Jean-Michel ont rendez-vous pour aller dîner avec Cary Grant. 😛

Broadway Limited, 1. Un dîner avec Cary Grant, Malika Ferdjoukh (École des Loisirs)
collection Médium
en librairie depuis le 18 mars 2015
9782211223140 – 19,50 €
à partir de 13 ans

Son
2

La fille qui avait deux ombres – Sigrid Baffert

9782211217385,0-2552598

En ce moment, Bob lit beaucoup de romans pour les grands et, jusqu’à présent, il n’a pas été déçu ! La fille qui avait deux ombres en fait partie et c’est avec beaucoup de plaisir et d’enthousiasme qu’il vous parle de ce superbe roman. 🙂 C’est parti !

Chaque matin, au réveil, Élisa s’attend à retrouver la maison à l’envers, les meubles déplacés, les placards chahutés ou encore la baignoire remplie à ras bord, comme c’est arrivé la nuit dernière. Pour Élisa, c’est sa grand-mère Rose qui est responsable de ce grand bazar. Car Rose fait des choses absurdes depuis quelque temps, comme ce rendez-vous pris chez un chirurgien esthétique pour changer de tête. À son âge ! Est-ce qu’elle ne serait pas plutôt en train de la perdre ? Obsédée par cette idée, Élisa se met à faire des rêves étranges, à ressentir des sensations bizarres. Elle est hantée par une ombre. Une ombre de trop. Alors, qui est la plus perturbée dans cette histoire, Rose ou Élisa ?

★★★★★

Je vous ai mis le résumé de l’École des loisirs car je trouve qu’il reflète très bien l’espèce d’étrangeté qui se dégage au début du roman. En effet, on découvre Élisa et sa grand-mère qui agit bizarrement, les rêves de la jeune fille qui nous semblent fantastiques… Mais point d’extraordinaire dans ce roman, car nous sommes bien dans la vie réelle et La fille qui avait deux ombres s’attache à la relation entre une grand-mère et sa petite-fille et aux secrets de famille. Car Rose est une immigrée sicilienne qui, depuis qu’elle est installée en France, n’a jamais parlé de son passé. Personne ne le connaît, pas même Maud, la mère d’Élisa, qui entretient depuis toujours une relation conflictuelle avec Rose. Et les choses ne se sont pas arrangées quand la famille d’Élisa est venue s’installer à la ferme des grands-parents. Si la jeune fille ne vit pas encore trop mal cette situation, quand Rose décide de changer de tête, tout est chamboulé !
Les secrets de famille et la construction identitaire n’ont rien d’originaux dans la littérature, mais Sigrid Baffert parvient à nous happer dans son histoire dès les premières pages. J’ai adoré son écriture, délicate mais aussi pleine d’humour et de légèreté. Élisa est une héroïne attachante, à la fois adolescente bouillonnante et jeune fille hypersensible. J’ai aussi beaucoup aimé sa famille, dont les membres sont tous plus originaux les uns que les autres (avec un gros coup de cœur pour Jules) et le lieu, un brin enchanteur, dans lequel vit tout ce beau monde. La brasserie familiale, la Ruche (la chambre d’Élisa au grenier où s’entassent nombre d’objets hétéroclites et où elle passe des heures à rêver à l’aide de son théâtre de marionnettes), la Sicile, tant de lieux qui apportent cette touche de fantaisie, parfois de magie, à cette magnifique et passionnante histoire de famille, et plus particulièrement de femmes. Un superbe roman, et encore un nouveau coup de cœur pour Bob et Jean-Michel ! 😀

La fille qui avait deux ombres, Sigrid Baffert (École des Loisirs)
collection Médium
en librairie depuis le 11 mars 2015
9782211217385 – 15,80 €
à partir de 13 ans

Son
4

Le trésor américain – Chris Donner

9782211217019,0-2552601

Aujourd’hui, il fait un soleil digne du Mexique (Bob trouve, en tous cas) et ça tombe bien car c’est là-bas qu’on vous emmène ! 😀 En 1997 paraissait Le trésor de Moctezuma, de Chris Donner et, cette année, le texte retrouve une deuxième vie dans Le trésor américain que vous présente Bob aujourd’hui. Par contre, je n’ai pas réussi à savoir dans quelle mesure il s’agit d’une simple réédition ou d’une réécriture du texte (je n’avais pas lu le premier donc si c’est votre cas, n’hésitez pas à intervenir). Mais peu importe, finalement, car c’est un très chouette livre ! 😉

Le célèbre archéologue Octavio Palissander arrive dans un petit village du sud du Mexique, à la recherche d’un parchemin malmèque, qui apporterait la preuve de l’existence d’une antique civilisation précolombienne. Mais il n’est pas le premier à être passé là et, avec l’aide de Moctezuma, jeune garçon intrépide, il va affronter mille dangers pour élucider ce mystère…

★★★★☆

Comme Bob, vous êtes fan d’Indiana Jones et de Lara Croft ? Vous vous êtes rêvés aventuriers et explorateurs ? Eh bien ce livre est fait pour vous ! Ou presque, car Octavio Palissander ne manie pas aussi bien le fouet qu’Indiana et s’appuie plutôt sur une canne ayant apparemment appartenu à Champollion. Mais qu’importe que notre aventurier ait 77 ans et les genoux qui craquent car l’aventure est bel et bien au rendez-vous dans ce petit roman qui fait également la part belle à l’humour. Car notre professeur semble également avoir une passion pour la déformation de la réalité, ce qui ne gêne pas trop le jeune Moctezuma, trop heureux de se lancer dans une expédition. De toute manière, Moctezuma est lui aussi un personnage à part, il conduit des jeeps du haut de son mètre cinquante, et sait comment mener son monde par la bout du nez. Bref, deux personnages hauts en couleur lancés sur un trésor, de quoi donner envie, non ?
En tous cas, Chris Donner réussit à nous parler de plein de choses : des difficultés de la recherche scientifique, de la politique étrangère du Mexique (eh ouais !), de catastrophes naturelles, de la découverte de l’Amérique, de conspirations…avec beaucoup de talent ! Le trésor américain est tout bonnement passionnant ! Lu d’une traite, avec pas mal de sourires en coin et des étoiles dans les yeux, je me suis dit que, quand même, je regrette bien de ne pas avoir fait archéologue quand je suis devenue grande. A mettre dans les mains de tous les aventuriers en herbe ! 🙂

Le trésor américain, Chris Donner (Ecole des loisirs)
collection Neuf
en librairie le 25 mars 2015
9782211217019 – 8,50 €
à partir de 9 ans

Son
0

Comment nous sommes allés sur la Lune – Pénélope Jossen

9782211223102,0-2552988

Il paraît qu’en ce moment, il y a une éclipse partielle de Soleil. Depuis sa Normandie, Bob n’a rien remarqué si ce n’est qu’il fait très gris… Mais bon, à la place, Bob vous propose de découvrir un album qui se trouve dans le sujet… ou presque, et a décidé de vous embarquer pour un voyage sur la Lune. C’est encore mieux, non ? 😀

En 1969, trois astronautes américains parcourent en fusée la distance qui sépare la Terre de la Lune et posent le pied sur cette dernière. Une première pour l’humanité !

★★★★☆

Cet album de Pénélope Jossen (dont j’avais adoré La panthère noire) nous raconte ainsi le périple de Neil Armtrong, Buzz Aldrin et Michael Collins, les trois astronautes de la mission Apollo XI. Et elle le fait avec une très belle simplicité, étape par étape, depuis le moment où les astronautes montent dans la fusée à celui où ils reviennent sur Terre. On découvre ainsi tous les moments qui ont permis aux astronautes de se poser sur la Lune, le rôle de chacun, comment la mission s’est déroulée, etc. En plus de raconter une histoire, Pénélope Jossen donne à son album une vertu documentaire en nous racontant aussi l’Histoire, pour le plus grand plaisir de ceux qui n’étaient pas encore nés pour y assister.

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J’ai beaucoup aimé cet album, tout simple et en même temps très complet. Les illustrations de Pénélope Jossen sont magnifiques, elle ne s’embarrasse pas de descriptions techniques très précises et privilégie plutôt le rêve et la « magie » de ce moment historique pour l’homme. Du moins est-ce ainsi que je l’ai ressenti, et je pense que les petits amoureux de l’espace seront tout aussi conquis par ce très bel album. 🙂

Comment nous sommes allés sur la Lune, Pénélope Jossen (Ecole des loisirs)
en librairie depuis le 18 mars 2015
9782211223102 – 12,70 €
à partir de 5 ans

Son
2

Retrouver le petit frère – Gisèle Bienne

9782211107822,0-2445280

Je ne connais pas bien l’œuvre de Gisèle Bienne et n’avait lu d’elle que On n’est pas des oiseaux, qui m’avait laissé un souvenir un peu étrange et dont l’histoire m’avait mise mal à l’aise. Je me suis donc plongée avec curiosité dans ce nouveau roman, qui bénéficie d’une très belle photo de couverture…

Sophie et Emma promènent leur petit frère, Odilon, le long de la route, vers l’étang et la forêt. Elles ont l’habitude de le faire et, le temps d’aller voir les canards, elles laissent leur petit frère dans sa poussette. Quand elles reviennent, l’enfant à disparu. Où est-il ? Que s’est-il passé ? Des questions qui vont hanter les deux adolescentes pendant longtemps car personne ne retrouve Odilon…

★★★☆☆

Gisèle Bienne nous brosse le portrait d’une famille – et notamment d’une jeune fille, Emma – à qui une chose terrible est arrivée : la perte d’un enfant, d’un frère. Comment se reconstruire et continuer à vivre après une erreur aussi terrible ? Car il s’agit bien de la négligence de Sophie et Emma qui a conduit à la disparition d’Odilon. Toutes deux vont avoir des réactions très différentes, devant les gendarmes, leurs parents, ou leurs amis. Et pourtant, elles vont continuer à grandir avec cette perte, l’une « choisissant » d’oublier, l’autre faisant tout pour garder un contact avec son petit frère, quitte à cultiver un espoir fou. J’ai trouvé l’écriture de Gisèle Bienne très belle, même si certains dialogues entre ados m’ont paru un peu vieillots, et le personnage d’Emma est très touchant. Sa volonté de réparer sa faute, de rester persuadée que, lorsqu’elle aura sa majorité, elle retrouvera son frère, en font une héroïne à laquelle on s’identifie volontiers et que l’on va suivre avec intérêt. Sans vous révéler la fin, j’ai cependant trouvé la résolution de l’enquête un peu facile. Elle fonctionne bien, surtout quand on lit le roman d’une traite, mais il y a tout de même une part de chance qui me semble peu réaliste. Enfin…il s’agit d’un roman ! Et d’un joli roman. 😉

Retrouver le petit frère, Gisèle Bienne (École des Loisirs)
en librairie depuis le 21 janvier 2015
9782211107822 – 15 €
à partir de 13 ans