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La soupe américaine – Anaïs Sautier

9782211218320,0-2298055

C’est la Pentecôte et, comme chaque année, Mona et sa petite sœur Elsa – affectueusement surnommée Crapule – se rendent chez leurs grands-parents. Mais cette fois, leur arrivée à Chissou ne se passe pas comme prévu : non seulement c’est leur père qui les accompagne au lieu de leur grand frère, mais il y a aussi un nombre incalculable de « commandements » à respecter et, surtout, papou n’est pas là pour les accueillir… Autant dire que rien ne va plus !

★★☆☆☆

C’est Mona et son grand-frère Johnny qui nous racontent cette histoire et, à travers leur regard, nous découvrons une famille soudée et énergique, malgré les épreuves de la vie. Les personnages sont vivants et attachants et l’histoire, qui devait nous raconter de simples vacances, évolue rapidement vers la découverte d’un secret de famille. Plusieurs, en réalité, car si papou n’était pas là pour accueillir les filles à Chissou, c’est parce qu’il était à l’hôpital avec Johnny, infirmier, où il a découvert son cancer. Maladie qu’il cache à mamie Lala, déjà fragile. Puis c’est l’Histoire qui rattrape papou, quand la gendarmerie de son village d’origine, en Grèce, lui révèle avoir découvert des ossements… Du mystère, donc, qui va conduire toute la famille en Grèce, où l’histoire du pays est d’une grande importance pour papou. Il se passe ainsi beaucoup de choses dans ce roman qui, malgré des thématiques graves, se révèle souvent drôle et joyeux. Cela dit, j’ai eu un peu de mal à me laisser porter par cette histoire, certains passages me semblent superflus (comme la fête d’anniversaire, qui n’apporte pas grand-chose, je trouve), ce qui m’a donné une impression de fouillis, comme si le fil rouge se perdait à un moment. Du coup, je trouve que les sujets du grand-père malade ou du secret découvert en Grèce ne sont qu’effleurés, survolés au profit de l’humour et de la relation entre les personnages. Je suis consciente que nous raconter l’histoire de la Grèce après la Seconde guerre mondiale ne fait pas trop rêver, ni parler du cancer en long, en large et en travers, mais il m’a semblé qu’il manquait quand même quelque chose. Car, pour moi, ce roman ne se résume qu’à une simple histoire de famille… Servie certes par une écriture pétillante, mais qui ne m’a pas transcendée…

La soupe américaine, Anaïs Sautier (Ecole des loisirs)
collection Médium GF
en librairie depuis le 10 septembre
9782211218320 – 15,50 €
à partir de 13 ans

Son
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Comme un feu furieux – Marie Chartres

9782211216203,0-2374341

Il fait froid en ce moment, alors Bob a envie de vous faire découvrir un livre qui se passe dans une région du monde qu’il connaît bien pour y folâtrer parfois pendant ses vacances…

Au bord de l’Arctique, dans la ville de Tiksi, vit Galya Bolotine, jeune fille de 16 ans qui ne rêve que de quitter sa ville mourante, perdue au fin fond de la Sibérie. Elle s’imagine océanographe, sur les traces du commandant Cousteau, mais se trouve contrainte de s’occuper de son petit frère, Lazar. Car depuis la disparition tragique de sa mère, il y a un an, la famille Bolotine est déchirée. Le père jongle entre deux travails, Gavriil, le grand frère, ne parle plus et ne sort jamais de sa chambre, Lazar ne trouve plus le sommeil et Galya, elle, garde silencieusement ses rêves tout en espérant les voir se réaliser…

★★★★☆

Très beau texte de Marie Chartres, qui nous emporte sous le ciel noir et glacé de la Sibérie, à la rencontre de cette famille rongée par le deuil et le chagrin. Le portrait de Galya est particulièrement réussi, adolescente rêveuse qui ne souhaite que s’échapper de sa ville natale pour découvrir le monde, et qui passe tout son temps à s’occuper de son petit frère. Leur relation est d’ailleurs très belle et touchante, même si les heurts sont fréquents. J’ai beaucoup aimé cette description des sentiments chez chacun des personnages et leur façon de gérer le deuil. Petit à petit, alors que l’on entre dans l’intimité de cette famille, on se rend compte que la mort de la mère cache un secret, ou en tous cas des non-dits de la part de certains membres des Bolotine. Quelques personnages secondaires, que j’ai beaucoup appréciés, apportent des réponses ou des espoirs aux questionnements et aux rêves de Galya, ce qui épaissit parfois le mystère familial ou apporte une dimension presque fantastique au récit. Car les légendes et la poésie sont également un point important de ce roman, qui renforcent cette idée de rêve chez Galya. J’ai donc beaucoup aimé ce roman, et cette écriture qui nous transporte dans le froid et la beauté de la Sibérie, qui nous invite à réfléchir au deuil et à la reconstruction après un drame et qui, surtout, nous brosse un très beau portrait d’adolescente.

Comme un feu furieux, Marie Chartres (Ecole des Loisirs)
collection Medium
en librairie le 19 novembre
9782211216203 – 14 €
à partir de 14 ans

Son
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L’amour, c’est n’importe quoi ! – Mathieu Pierloot

9782211218436, 0-2298058

Aujourd’hui, Bob vous présente un roman tout en délicatesse, pour les plus jeunes, et avec beaucoup d’amour dedans ! Parce que l’amour, c’est p’tet n’importe quoi, mais c’est quand même vachement chouette !

Quand la prof de français de Sacha déclare un jour avoir rêvé qu’un grand écrivain se trouvait parmi ses élèves, elle leur a donné à tous un petit carnet dans lequel noter toutes les idées qui leur passent par la tête. Sacha commence alors à prendre des notes sur le monde qui l’entoure et notamment sur l’amour…

★★★★☆

Ah ! L’amour, ce thème si cher à la littérature jeunesse ! 🙂 Et pourtant, ce petit roman parvient à nous captiver jusqu’à la dernière page. Sacha est un garçon plutôt naïf et romantique, dixit sa meilleure amie Juliette qui a un caractère bien trempé et une allure plus que douteuse. Quand la sœur de Sacha se fait larguer par son copain – un peu débile, selon notre héros – il se pose alors la question de l’amour. Comment sait-on que l’on est réellement amoureux ? Nos comportements changent-ils quand on est amoureux ? Bref, plein de questionnements, soulevés par les histoires d’amour qui se font ou se défont sous ses yeux de collégien, et qui se confrontent parfois aux frontières de l’amitié… Beaucoup de personnages, étonnants, bizarres, viennent ajouter leur grain de sel aux réflexions de Sacha, qui va bientôt se rendre compte que l’amour est un sentiment vraiment propre à chacun et que c’est même parfois totalement incompréhensible… On ne peut qu’aimer un roman aussi bien écrit, plein d’humour et de vérités, qui plaira sans aucun doute aux plus jeunes qui se posent les mêmes questions que Sacha sur ce grand inconnu qu’est l’amour.

L’amour, c’est n’importe quoi !, Mathieu Pierloot (Ecole des Loisirs)
collection Neuf
en librairie depuis le 1er octobre
9782211218436 – 9 €
à partir de 9 ans

Discussion
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Le blues des petites villes – Fanny Chiarello

9782211218535,0-2298062

J’avais beaucoup aimé Holden, mon frère, de Fanny Chiarello. Si j’avais été moins enthousiaste pour le roman jeunesse qui a suivi (Prends garde à toi), j’avais hâte de découvrir ce nouveau titre de la collection Médium. Et j’en ai été un peu déçue…

Sidonie, 14 ans, est loin de ressembler aux jeunes filles de son âge. Elle porte des chaussures rouges, écoute de la musique classique, ne s’intéresse à personne et a toujours pensé que sa vie ne pouvait commencer que lorsqu’elle quitterait sa petite ville. Mais un jour, sa rencontre avec Rébecca va tout faire basculer…

★★☆☆☆

Dans cette histoire, nous suivons Sidonie qui se révèle très vite un peu hautaine et horripilante par son élitisme et son jusqu’auboutisme. Elle se démarque totalement des jeunes de son âge, le revendique et souhaite plus que tout ne pas leur ressembler. Ce qui est plutôt intéressant, de ne pas se conformer à ce que nous dicte la société, de s’accepter tel que l’on est et de se moquer du regard des autres. Ce sont des valeurs que je trouve louables et que je défends. Sauf que Sidonie est vraiment très, trop, extrême, ce qui nous empêche de nous identifier réellement à elle. Heureusement, le personnage de Rébecca, plus subtil, vient adoucir les choses et permet à Sidonie d’ouvrir un peu les yeux et d’élargir ses horizons (mais pas trop non plus !). On découvre le blues, un genre musical probablement peu écouté des ados. Puis, petit à petit, tandis que leur relation se construit, c’est également l’amour qui vient se caler entre les deux jeunes filles. On aborde ainsi l’homosexualité, d’une très belle manière, et tout ce que cela implique à un si jeune âge et au sein de notre société pas si ouverte d’esprit que ça.
J’ai cependant eu du mal à m’accrocher pleinement à cette histoire et je ne suis pas sûre que les ados s’y retrouvent. C’est très littéraire, un peu à l’image de Sidonie et de ses passions peu accessibles au commun des mortels, et j’ai peur que le public visé soit un peu rebuté par le caractère de cette héroïne.

Une réflexion Jean-Michel ?

Je veux oui ! Sidonie est horripilante à souhait, l’adolescente typique en pleine crise, peu convaincante dans son histoire d’amour et très borderline : certaines de ses scènes sont à la limite du ridicule. Rebecca sauve les meubles et je rejoins Bob sur ce point : le choix du blues dans ce roman est excellent, la poésie qui en émane est en contraste avec la brutalité des comportements adolescents dans ce livre et apporte même une dose d’originalité qui aurait presque manqué…

Le blues des petites villes, Fanny Chiarello (Ecole des Loisirs)
collection Médium
en librairie le 1er octobre
9782211218535 – 15 €
à partir de 13 ans

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Broken soup – Jenny Valentine

9782211097819,0-2297998

J’adore Jenny Valentine ! 🙂 Si vous n’avez encore rien lu d’elle, je vous le conseille, car elle a un don tout particulier pour nous transporter dans des histoires de la vie quotidienne où se déroulent pourtant des choses extraordinaires. Et, en plus, nous fait rencontrer des ados plus passionnants les uns que les autres !

Un jour, à la caisse d’un magasin, un jeune homme tend à Rowan un objet qu’elle aurait fait tomber par terre. Il s’agit d’un négatif. Le jour où elle le développe, elle se rend compte qu’il s’agit d’une photo de son frère Jack. Jack, qui est mort il y a deux ans. Depuis, ses parents sont séparés, sa mère vit une grave dépression et c’est à Rowan, 14 ans, de s’occuper de sa petite sœur de 6 ans et du quotidien à la maison… Sauf que le négatif qu’on lui a donné, Rowan est persuadée qu’il ne lui appartient pas ! Pourtant, il va lui révéler bien des secrets et sans aucun doute changer sa vie…

★★★★☆

J’ai donc beaucoup aimé Broken soup, qui nous brosse le portrait d’une ado devenue adulte avant l’heure, qui doit s’occuper de sa famille après la mort de son frère aîné et gérer également toutes les découvertes liées à ce négatif qu’on lui a remis par erreur. Chez Jenny Valentine, bien que l’histoire se déroule dans la vie de tous les jours, ses personnages sont toujours incroyables, étonnants, originaux. J’ai trouvé la relation entre Rowan et sa petite sœur Stroma très belle, pleine d’un soutien mutuel malgré leur vie compliquée. Les personnages qu’elles vont rencontrer au fil de l’histoire vont leur permettre d’évoluer, de souffler aussi de la tension qui règne chez elles, et d’en découvrir plus sur le frère qu’elles ont perdu. J’ai trouvé la réflexion sur la mort et le deuil très juste, la façon dont cela touche une famille ou des proches, comment cela affecte chacun des membres de la famille de Rowan. Il y a bien sûr aussi une touche de romance dans cette histoire, grâce à ce mystérieux jeune homme qui tend le négatif à Rowan et qui se révèle très important. J’ai suivi avec beaucoup de plaisir l’histoire de Rowan et de sa famille, la découverte progressive des secrets qui entourent la mort – mais surtout la vie – de Jack. Pour vous dire à quel point je me suis laissée emporter dans ce roman : je n’avais pas « vu » l’une des révélations finales du livre qui, j’y pense maintenant avec le recul, était probablement facile à deviner. Bref, un très beau texte, plein de sensibilité et de tendresse, une héroïne qui nous touche et qui, par sa maturité, nous impressionne.

Broken soup, Jenny Valentine (Ecole des Loisirs)
Collection Médium
en librairie le 1er octobre
9782211097819 – 17 €
à partir de 13 ans

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Faut jouer le jeu – Esmé Planchon

Solange est en terminale et le bac approche. Lors d’une fête, elle fait enfin la connaissance d’Armand, pourtant dans sa classe, et Gabriel, son jeune frère. Tous deux vivent la vie comme un jeu, un jeu littéraire, théâtral, musical, etc. Fascinée et intéressée, elle les rejoint et chaque jour passe ainsi selon les règles de la fiction. Mais ses amis la mettent en garde et ne cessent de lui rappeler l’importance du bac et de l’avenir… Pourtant, Solange ne peut imaginer la vie sans une bonne dose de jeu et de fiction.

★★★★☆

J’ai beaucoup aimé ce court texte, hymne à la vie et à la joie. D’autant plus que je suis d’accord avec la pensée d’Armand et de Gabriel, la vie devrait toujours être dans le jeu et la fiction, car elle est ainsi plus facile et plus agréable. Je me suis laissée emporter dans cette histoire un peu loufoque, mais surtout très positive. Même lors d’événements tristes et douloureux, les personnages parviennent à continuer leur jeu, à dépasser le deuil. J’ai beaucoup apprécié aussi les évocations sous-jacentes, celle du harcèlement parce que certains ne sont pas « comme les autres », ou de l’homosexualité et de son acceptation. L’écriture est fluide, agréable, et donne envie de rejoindre ce groupe à l’ouverture d’esprit si large. J’ai cependant un doute sur l’existence de tels adolescents (je n’en ai jamais vu quand j’étais au lycée, pour ma part !) et, du coup, j’ai un peu peur que ce livre ne trouve pas son public, surtout au vu des références « de vieux ». Mais n’hésitez pas à le mettre entre les mains des ados, ça fait parfois du bien de lire des histoires avec des ados heureux. Tout simplement.

9782211217699,0-2298043
Faut jouer le jeu, Esmé Planchon (Ecole des Loisirs)
Collection Médium
en librairie le 27 août
9782211217699 – 14 €
à partir de 13 ans