Son
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Nos elles déployées – Jessie Magana

En 1974, Solange a 15 ans et marche fièrement avec sa mère Coco et les amies de celle-ci alors que la loi sur l’avortement est en passe d’être votée. Mais Solange se cherche aussi beaucoup : sa mère prend beaucoup de place et elle doit également composer avec son désir qui s’éveille. Quelques décennies plus tard, en 2018, c’est au tour de Sido, la fille de Solange, qui a hérité de l’engagement de ses aînées, de se heurter à son modèle familial et de tenter de trouver sa propre voie…

Quel roman ! Jessie Magana nous emmène à la rencontre de trois générations de femmes qui ont choisi de s’engager, d’ouvrir la réflexion sur leur société et leur corps, d’interroger l’amour et la famille. Une véritable saga familiale et féministe qui nous happe dès les premiers instants avec cette manif’ pour le droit des femmes à disposer de leurs corps. Nous sommes alors en 1974 et le moment est historique. L’écriture de Jessie Magana nous emporte comme un souffle, on ne lâche dès lors plus cette histoire de famille, de femmes et de désirs alors que Solange se cherche, essaye de comprendre Coco et son histoire, et se trouve en proie à des envies et des contradictions qui vont l’amener à entrer en opposition avec sa mère. Et peut-être qu’il lui faut alors partir… Vient justement l’été, Solange part en Algérie et y découvre la Kabylie qui va changer complètement sa vie. Le bond se fait jusqu’en 2018, où l’on découvre Sido, en lutte contre la réforme du lycée, en plein mouvement des gilets jaunes ou encore de #metoo. L’engagement est de famille et, tout comme sa mère avant elle, Sido s’est construite avec Coco et ses amies féministes tandis que Solange est bien loin de l’adolescente qu’elle était…

Parfaitement documenté et ancré dans les événements passés et actuels, Jessie Magana nous offre là un magnifique récit d’éveil au militantisme, au féminisme, et à la sexualité. Une mention spéciale, d’ailleurs, pour toutes les scènes de sexe et de découverte de la sexualité féminine qui sont très réussies ! Les personnages sont tout en nuances et en sont ainsi particulièrement attachants, à tel point que l’on aurait presque envie de continuer à marcher à leurs côtés. C’est percutant et intelligent, sensuel et émouvant, authentique et bienveillant, et c’est un roman assurément indispensable. Un coup de cœur ! ❤️

Nos elles déployées, Jessie Magana (Thierry Magnier)
disponible depuis le 3 mars 2021
9791035204433 – 14,80€
à partir de 14 ans
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D’or et d’oreillers – Flore Vesco

Mme Watkins a trois filles… et lorsque l’on a trois enfants de sexe féminin en 1813, on ne pense qu’à une chose : les marier. Quelle ne fut pas donc pas son excitation lorsqu’elle appris que Lord Handerson cherchait une épouse – et surtout qu’il avait une rente de 80 000 livres, une fortune ! Sauf que ce cher Lord est un jeune homme très excentrique, il invite directement les prétendantes à passer une nuit dans son château… sans chaperon, ni parent ! Mme Watkins, bien qu’outrée par cette proposition indécente, y envoie ses trois filles ainsi qu’une gouvernante, en espérant que l’une d’elles se fera passer la bague au doigt. (Parce que bon…80 000 livres.) En arrivant au château, les jeunes femmes vont devoir toutes dormir une nuit sur un lit d’une hauteur invraisemblable. Des matelas superposés, un prince à marier ? Est-ce qu’il n’y aurait pas un petit pois dans cette histoire ? Détrompez-vous, nous ne sommes pas dans un conte de fées ! Mais dans une histoire de magie et de sorcellerie… Nulle princesse ici mais une gouvernante qui va mener l’enquête. Attention, dans cette histoire, les murs ont des oreilles !

Lisette reste bouche bée

Encore une fois, Flore Vesco ne peut pas laisser indifférente ! Cette autrice manie les mots telles une chirurgienne aguerrie. Dans ce livre, elle fait preuve encore une fois (vous pouvez lire des chroniques de ses autres romans ici et ) de délicatesse littéraire, de figures de styles filées mais toujours justes. C’est la littérature comme je l’aime : je m’émerveille de la plume de l’autrice tout en ne perdant pas l’histoire de vue, et quelle histoire !

La quatrième de couverture indique qu’il s’agit « d’une histoire d’amour et de sorcellerie où l’on apprend ce que les jeunes filles font en secret, la nuit, dans leur lit… » Certes le sujet de l’intimité, des caresses nocturnes seules ou à deux, est abordé – avec talent ! – mais c’est réduire à peau de chagrin l’histoire. Nous passons d’une ambiance Jane Austen à une enquête intrigante et enfin à une histoire horrifique de maison hantée ! Le tout ambiance girl power avec Sadima, la gouvernante qui ne se laisse pas marcher sur les pieds. Oubliez l’histoire de la princesse au petit pois, qui n’est ici qu’une parade pour reprendre les thématiques des contes : l’amour, la magie et la peur.

Ce qui est très frustrant avec ce roman, c’est que vous en dévoiler la teneur vous donnera l’eau à la bouche, certes, mais vous divulgâchera trop l’intrigue. (Peut-être que Bob le fera mais moi je ne veux pas être responsable). Approchez, faites-moi confiance : lisez ce livre, chez vous, dans votre lit, entouré de vos oreillers et ne dormez pas sur vos deux oreilles tant que vous ne l’aurez pas terminé.

Bob en a les jambes coupées

Lisette en a déjà beaucoup dit mais je me joins à l’enthousiasme de sa lecture ! A chaque roman, Flore Vesco nous démontre une nouvelle facette de son talent et de son imaginaire pétillant et joueur qui s’amuse d’exercices de style et de jeux littéraires. C’est encore le cas avec D’or et d’oreillers. Une langue dont on se régale, un univers familier aux multiples références qui se trouve distordu pour une histoire inattendue et savoureuse. Comme Lisette, je ne saurai que vous conseiller de vous laisser envoûter par ce roman magique et sensuel !

D’or et d’oreillers, Flore Vesco (l’école des loisirs)
collection Médium+
disponible depuis le 3 mars 2021
9782211310239 – 15€
à partir de 13 ans
Son
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Signé poète X – Elizabeth Acevedo

Xiomara, presque 16 ans, est une adolescente à qui on impose le silence. Ecrasée par une mère bigote qui veut faire d’elle une nonne, ignorée par un père constamment devant sa télé, reluquée et sifflée par tous les hommes à cause d’un corps devenu femme trop vite, son seul soutient réside en son jumeau, quoique pas toujours très aidant, et sa meilleure amie qui n’en peut plus de son intérêt pour les garçons… Jusqu’au jour où quelqu’un est prêt à entendre sa voix.

Vous en avez sans doute déjà beaucoup entendu parler, mais Signé Poète X le mérite assurément. Elizabeth Acevedo, americano-dominicaine et poétesse, a sans doute utilisé beaucoup de son propre parcours pour nous offrir celui de Xiomara, jeune fille qui doit jongler entre la religion et son premier amour. Comment réussir à être soi, à s’affirmer et à s’aimer quand, depuis toujours, le poids de la tradition, des stéréotypes, condamne toute forme d’émancipation ? Fille d’immigrés dominicains, fille d’un couple malheureux condamné au jugement des autres, fille « miracle », jumelle complètement différente de son frère avec qui elle ne parvient pas à communiquer, Xiomara ne peut quasiment compter sur personne pour s’en sortir. Alors elle le fait avec ses poings, n’hésitant pas à casser le pif de ceux qui se frottent trop près de son corps trop précoce, ou qui emmerdent son frère qui n’a pas sa carrure. Son seul refuge : un carnet dans lequel elle note ses poèmes, un jardin secret qu’elle n’est prête à ouvrir à personne, sauf peut-être à Aman…et puis à ce club de slam monté par la prof qui a remarqué son talent ?

Magnifique roman en vers, dans une traduction signée Clémentine Beauvais, Elizabeth Acevedo nous touche au cœur avec ce texte intense, et cette voix exceptionnelle qu’est celle de Xiomara, entre colère et pudeur. Un texte féministe sans aucun doute, mais qui évoque aussi la pression parentale, le poids de la religion, la puissance des mots et l’adolescence qui se cherche, qui veut croire en ses rêves. La puissance des mots de Xioamara, leur sensibilité et leur justesse, en font un roman rempli d’espoir et d’amour. Une très belle découverte, et une autrice à suivre et à entendre très bientôt en France (et profitez ainsi d’aller faire un petit coucou à notre coupine Lucille) ! 😉

Signé poète X, Elizabeth Acevedo, traduit par Clémentine Beauvais (Nathan)
disponible depuis le 29 août 2019
9782092587294 – 16,95€
à partir de 14 ans
Son
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D’un trait de fusain – Cathy Ytak

9782362661976,0-4356875

Après avoir exploré à plusieurs reprises les années de guerre, la collection Les Héroïques nous offre un nouveau texte, plus contemporain et toujours autant d’actualité ! Un roman à découvrir en même temps que le film 120 battements par minute. 🙂

1992. Marie-Ange, Monelle, Julien et Sami sont lycéens en école d’art et partagent régulièrement un verre après les cours. Lors d’une séance de dessin, ils rencontrent Joos, un jeune modèle qui leur fait tout de suite de l’effet. Sami en tombe amoureux, Marie-Ange aussi, tandis que Monelle et Julien se rapprochent… Après une escapade à Saint-Malo, la bande d’amis apprend que Joos est séropositif…

★★★★★

Les années 1990, ce sont celles où le grand public « découvre » l’épidémie du SIDA, où des associations comme Act’Up voient le jour pour alerter et lutter contre la maladie. C’est dans ce contexte que les personnages imaginés par Cathy Ytak évoluent, entre l’insouciance relative de leur jeunesse et les événements qui vont peu à peu s’immiscer dans leur amitié. C’est principalement Marie-Ange que l’on suit dans le roman, cette jeune fille au prénom poussiéreux et légèrement pompeux, à l’image de ses parents, couple engoncé dans des valeurs familiales rétrogrades où seul le mot « déchéance » rime avec France. On la découvre en ado peu sûre d’elle, cachée dans des pulls informes et puis Marie-Ange devient Mary qui, au contact de Sami et Joos, du monde autour d’elle, se fait plus affirmée, plus engagée. Une évolution non sans peine qui se bâtit en même temps que son regard sur son propre corps, sa sexualité et celle des autres se transforme. Puis vient le temps du combat, de celui pour la reconnaissance, le respect, l’acceptation, l’amour et la vie.

D’un trait de fusain, un titre qui évoque la délicatesse, un art dont Cathy Ytak est maîtresse. Et si elle démontre encore une fois toute sa sensibilité à travers ses personnages profondément humains, tout en failles et en espoirs, c’est aussi la brutalité des émotions, leur force, entre rage de vivre, rage de vaincre et rage d’aimer, qui en font un roman d’une puissance émotionnelle rare ! On s’immerge complètement dans l’époque (même si Bob et Jean-Michel n’étaient que des petiots dans les années 90), on se laisse entraîner par le tourbillon de sentiments et de sensations éprouvées par les personnages. Car au-delà du témoignage d’une époque, D’un trait de fusain c’est aussi une histoire d’amitié, d’amour, de sexualité (d’ailleurs, merci Cathy de parler de masturbation féminine, et d’écrire le mot clitoris sans le faire passer pour un « gros mot » ou d’avoir l’air de t’excuser de l’écrire).

Un roman qui secoue, qui rappelle aussi l’importance des rapports protégés, que la maladie est toujours bien présente, même si on a l’impression qu’on en parle plus, qu’il faut continuer à se battre, à s’engager, à s’aimer, à vivre.
Merci Cathy pour cette fureur de vivre ! ❤

D’un trait de fusain, Cathy Ytak (Talents Hauts)
collection Les Héroïques
disponible le 21 septembre 2017
9782362661976 – 16€
à partir de 15 ans
Son
4

George – Alex Gino

9782211227452,0-3721349

George est née garçon mais ne s’est jamais sentie autrement que fille. Sa mère est très fière d’elle, pensant qu’elle deviendra « un jeune homme très bien », tandis que son frère la surnomme « frérot » ou que sa meilleure amie Kelly ne voit aussi en elle qu’un garçon. Lorsque la classe doit monter une pièce autour du Petit monde de Charlotte, George veut plus que tout avoir le rôle de Charlotte, mais les gens sont-ils prêt à la voir telle qu’elle est ?

★★★★☆

Alex Gino est un adulte transgenre et c’est sans doute pour ça que son premier roman exhale autant l’honnêteté et la générosité. Vous le ressentirez dès la première page, ce sentiment d’être entré dans un cocon, dans un univers ouaté où un enfant nous emporte aussitôt dans sa vie simple, son temps passé à l’école, avec sa meilleure amie et avec sa maman et son grand frère. Une douceur encore plus étonnante et enveloppante quand George nous évoque ce problème, qui n’en est assurément pas un pour elle mais bien pour les autres. Car George est une fille. Elle a beau avoir un zizi entre ses jambes, elle est une fille, pas de doute possible. Mais sa mère, son frère et ses camarades la traitent comme un garçon, car c’est ainsi qu’elle apparaît aux yeux des autres. Comment révéler à tous ce qu’elle ressent, qui elle est vraiment ? C’est grâce au théâtre et au montage de la pièce tirée d’un roman qu’ils étudient en classe, Le Petit monde de Charlotte, que George va tenter de faire entendre sa voix. Non seulement sur scène, en interprétant le rôle principal féminin, mais également dans la vie de tous les jours, auprès de ses proches. Pouvoir dire à sa maman qu’elle est une « elle » et non un « il ».

L’année dernière, Bob avait déjà lu un roman avec une trame similaire, Le Secret de Grayson. Avec George, Alex Gino s’adresse à des enfants beaucoup plus jeunes et, finalement, rares sont les textes sur la question du transgenre qui s’adresse à une tranche d’âge aussi jeune. La simplicité de son écriture, sa finesse et sa douceur en font ainsi un texte accessible et d’une grande force émotionnelle. Un hymne à la tolérance, à l’acceptation et à l’embrassement de ce que l’on est.

George, Alex Gino, traduit par Francis Kerline (Ecole des Loisirs)
disponible depuis le 1er février 2017
9782211227452 – 14,50€
à partir de 9 ans
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Il ou elle ?

Au début du mois sont parus au Rouergue plusieurs titres à destination de la jeunesse sur une thématique commune : le genre et, surtout, la liberté d’être soi. Aujourd’hui, Bob vous en présente deux : un album et un roman. 🙂

Buffalo belle – Olivier Douzou

9782812610554,0-3163131

Enfant, Annabelle préférait les fusils et les cow-boys aux poupées et à la marelle et s’amusait à interchanger les « il » et les « elle ». En grandissant, ces jeux ont trouvé leur sérieux et Annabelle a commencé à s’interroger sur sa véritable identité…

★★★★☆

Dans cet album pour les plus grands, Olivier Douzou traite du genre en jouant avec inventivité sur celui de la grammaire. Un texte sous forme d’exercice de style, pas si simple, où les mots se finissant habituellement en « il » sont remplacés par des « elle » et inversement. Une gymnastique intellectuelle qui, une fois comprise, nous révèle un texte plein de poésie et toute l’ambiguïté et l’incertitude d’une enfant à la recherche de son identité sexuelle. Les très belles illustrations au fusain, brutes, graphiques, achèvent de nous transporter dans ce texte libre et sans tabou. Un poème tout en « je » de Buffalo Belle termine cet album unique et indispensable.

Pour en savoir plus sur l’album, le Rouergue propose sur leur site une interview de l’auteur.

Buffalo belle, Olivier Douzou (Rouergue)
disponible depuis le 2 mars 2016
9782812610554 – 12€
à partir de 10 ans
Je suis qui je suis – Catherine Grive

9782812610585,0-3163132

Depuis toujours, Raph’ a un gros chagrin, quelque chose qui l’empêche de se sentir bien. C’est l’été, Raph’ passe son temps à fouiller les boîtes aux lettres de ses voisins, et lors d’une sortie avec son copain Bastien, Raph’ rencontre Sarah avec qui l’ado sympathise. C’est peut-être le début de la disparation de son chagrin ?

★★★☆☆

Si Rahp’ ne parvient pas à nommer ce chagrin qui l’habite, nous découvrons petit à petit de quoi il retourne. C’est avec une certaine finesse que Catherine Grive nous parle de cette difficulté à comprendre ce que l’on est au fond de soi. Raph’ est-elle un garçon ? Est-il une fille ? Il nous faut aussi à nous lecteur une bonne cinquantaine de pages pour comprendre si Raph’ est un garçon ou une fille de naissance, l’auteur ne nous donnant que peu d’indices. Alors que l’été avance et que Raph’ trouve en Sarah une véritable amie, son chagrin va petit à petit se dénouer et la jeune fille lui apporter de l’espoir. Dommage que la fin de l’histoire soit un peu rapide ! Néanmoins, Je suis qui je suis est un roman sensible, construit autour de non-dits, et un beau portrait d’adolescence en quête de construction de son identité sexuelle.

Je suis qui je suis, Catherine Grive (Rouergue)
collection DoAdo
disponible depuis le 2 mars 2016
9782812610585 – 9,20€
à partir de 13 ans
Son
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Pour qui tu m’as prise ? – Isabelle Rossignol

Pauline est folle amoureuse de David, au grand désespoir de son amie Camille. Car Pauline a des étoiles plein les yeux tout le temps alors que David ne semble même pas la remarquer… D’ailleurs, David n’est pas tellement intéressé par les filles ou l’idée d’avoir une petite amie. Il attend le jour où ça viendra sans s’en soucier plus que ça… Sauf que son pote Mathieu accumule les conquêtes et ne cesse de chambrer David sur son absence d’intérêt pour la gente féminine. Il va alors le pousser dans les bras de Pauline…

★★☆☆☆

Attention, livre choc ! La lecture de ce nouveau roman de la collection Ego ne vous laissera probablement pas indifférent car il aborde un sujet vraiment difficile : le viol (oui, autant vous le dire tout de suite car même s’il n’apparaît qu’à la fin, on se doute plus ou moins que c’est ce qui va se passer). Prenons d’abord la forme : nous avons quatre personnages, dans cette histoire, dont les interventions sont matérialisées comme dans une pièce de théâtre, si ce n’est que nous n’avons que les pensées des personnages, ou la retranscription des conversations qu’ils ont entre eux. C’est plutôt original et agréable à la lecture. Pour le fond, je suis un peu plus sceptique. J’ai bien aimé le début, dans lequel on découvre petit à petit nos personnages, leurs qualités et leurs défauts. Je trouve que la pression qui s’exerce à l’adolescence sur l’amour et la sexualité est très bien rendue, surtout sur les garçons. Car Mathieu est du genre à emballer les filles et David, lui, pense plutôt que ce n’est pas grave ou important de ne pas être actif sexuellement à 17 ans. Et il a raison ! Malgré les piques et les moqueries lancées par Mathieu, David se sent bien dans sa peau et attendra le moment qui lui conviendra pour sortir avec une fille… Sauf qu’un jour, Mathieu finit par le convaincre de tenter sa chance avec une fille : Pauline, qui le dévore des yeux chaque matin devant le lycée. Mais comment fait-on pour sortir avec une fille ? Et comment fait-on une fois qu’on est avec elle, prêt à se lancer ? Si David ne sait pas à qui poser ses questions, heureusement, Internet est là. Et c’est la pornographie qui va devenir son professeur d’éducation sexuelle… Alors le jour où David sort enfin avec Pauline, il a tout prévu (grâce à l’aide de Mathieu) et tout semble bien se dérouler, il croit même tomber un peu amoureux d’elle, jusqu’au moment où tout bascule… Difficile de tout vous dire sans vous raconter tout le livre, mais si j’avais bien accroché au début, aux questions des ados sur l’amour, la sexualité, j’ai très vite déchanté. J’ai trouvé le basculement de David, plutôt sûr de lui sur sa sexualité au début, très rapide à partir du moment où il regarde du porno. La scène qui conduit au viol notamment, m’a semblée pleine de contradictions, peut-être aussi à cause de la confusion qui règne dans l’esprit du garçon. Il est clair que la fin du livre met mal à l’aise et qu’on ne ressort pas de cette lecture complètement indemne. C’est d’ailleurs très difficile de « noter » un livre pareil. Néanmoins, je trouve que contrairement à d’autres livres de la même collection qui répondent bien au cahier des charges (faire réfléchir le lecteur sur le sujet), Pour qui tu m’as prise est moins évident sur ce qui est dénoncé, en dehors du viol, je veux dire : est-ce le porno et son accès facile sur le net ou bien plutôt le fait que les ados ne trouvent personne avec qui parler de sexualité (hormis les amis et on sait bien que personne n’est expert chez nos copains à cet âge-là) ? Bon, c’est peut-être mon côté convaincue que l’éducation sexuelle est super importante à réaliser auprès des ados qui parle, mais tout de même, j’ai eu l’impression qu’il manquait quelque chose pour véritablement inciter les jeunes à réfléchir, pour leur faire prendre le recul nécessaire à cette réflexion. Car il y a véritablement beaucoup de choses dans ce roman, et des choses graves qui ont besoin d’accompagnement… Bref, je pourrais discourir avec vous de tout ce qui est évoqué dans ce roman, mais je n’en ai pas la place… Néanmoins, je serais ravie de pouvoir en discuter si vous le souhaitez et si vous l’avez lu !

9782362661129,0-2229362
Pour qui tu m’as prise ?, Isabelle Rossignol (Talents Hauts)
Collection Ego
en librairie le 4 septembre
9782362661129 – 8 €
à partir de 15 ans