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Et plus encore – Patrick Ness

Nous sommes en 2015 et, après quelques vacances bien méritées, Bob et Jean-Michel reviennent et vous souhaitent une excellente nouvelle année, et notamment en matière de lectures ! 😉 Et s’ils étaient en repos, ils n’ont en revanche pas oublié de lire un petit peu, pour vous proposer leurs premières chroniques de l’année !

9782070661701,0-2356419

Un garçon se noie dans l’océan, seul et désespéré. Il meurt. Puis il se réveille, nu, assoiffé, blessé, mais vivant. Comment est-ce possible ? Et quel est cet endroit désert dans lequel il s’est levé ? Est-il en enfer ? Ou bien n’est-il pas mort ? Autant de questions auxquelles le jeune homme va devoir trouver des réponses…

★★★★☆

Si vous n’avez jamais lu Patrick Ness, ne lisez pas plus loin cet article et filez directement vous procurer l’excellente trilogie du Chaos en marche ou le superbe Quelques minutes après minuit. Si vous en avez déjà lu, alors vous connaissez la puissance de la plume de ce raconteur d’histoires étonnant. Dans ce nouveau roman, Patrick Ness montre encore à quel point ses histoires possèdent une force et une originalité toutes particulières. Il faut dire qu’il sait comment nous mettre tout de suite dans le bain (sans mauvaise jeu de mot !) avec une scène d’ouverture terrible : la noyade d’un garçon. Et sa mort. Son réveil dans un environnement étrange mais pas inconnu va alors lancer toute l’intrigue du roman et nous questionner, comme le héros, sur le réel et l’irréel de cette histoire. Patrick Ness distille son suspens avec beaucoup de talent, on ne peut s’empêcher de continuer à tourner les pages, alternant entre les souvenirs de Seth, notre héros, quand il était encore vivant, et ce qui se passe après sa mort… Pourtant, il ne se passe pas tant de choses que ça malgré le nombre de pages (si vous cherchez de la science-fiction avec un peu d’action, passez votre chemin) et c’est bien toute l’introspection du personnage qui nous intéresse. Car cette expérience traumatisante va être pour lui le moyen de réfléchir à son existence, de comprendre les événements de son passé… à moins que rien de tout cela n’ait existé ? Cette question de la réalité va être la plus importante de l’histoire car les événements vont pousser Seth à reconsidérer toute sa vie…et sa mort. Autant vous dire que ce roman ne vous laissera pas indifférent et va vous amener à vous questionner sur le sens de la vie. N’est-ce pas là le propre d’une bonne lecture ? Passionnante et enrichissante ? En tous cas, laissez-vous tenter par ce titre, Et plus encore va vous subjuguer…et bien plus encore ! (ouais, bon, elle était facile, celle-là !)

Et plus encore, Patrick Ness (Gallimard)
en librairie depuis le 28 novembre
9782070661701 – 19,50 €
à partir de 14 ans

Son
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Les oiseaux – Julien Roux

9782369020332,0-2427169

Amateurs d’ornithologie (c’est la science de l’étude des oiseaux, Jean-Michel !) ou non, vous allez craquer pour ce magnifique album ! Qui commence par le tout début de l’histoire : l’œuf. Un œuf qui éclot, un petit oiseau qui grandit et découvre le monde, ainsi que d’autres espèces d’oiseaux. Une histoire a priori toute simple, qui invite les jeunes lecteurs (et les moins jeunes) à l’observation des oiseaux et de leurs habitudes ou caractéristiques. On y découvre ainsi le nid, le premier envol, les migrations, ou alors ce qui fait de l’aigle le roi du ciel, les particularités du flamant rose, etc. Ces petites informations documentaires sont savamment glissées dans un texte court et poétique, presque chantant, dans lequel on retrouve le « refrain » il est oiseau à chaque page. Quant à l’illustration, Julien Roux utilise du feutre et la technique s’allie parfaitement avec le texte. Quand on regarde les dessins au feutre de Jean-Michel qu’il faisait à l’école, c’est tout simplement abominable (en plus de dépasser des traits), mais il n’avait certainement pas le talent de Julien Roux, dont les illustrations sont vivantes et colorées. La dernière double page sur laquelle figure un grand nombre d’espèces est superbe et, en bonus, l’intérieur de la quatrième de couverture offre une présentation non exhaustive d’oiseaux (peut-être les préférés de l’auteur ?) toute aussi belle. Avec Jean-Michel, on essaie de savoir quel est notre oiseau préféré mais ils sont tous tellement beaux que c’est trop dur de choisir !

Les oiseaux, Julien Roux (Les Fourmis rouges)
en librairie depuis le 20 novembre
9782369020332 – 16,50 €
à partir de 3 ans

Son
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Les enfants de la mer – Daisuke Igarashi

9782848655314,0-1432632

Pour notre sélection de Noël, nous n’avions pas encore de bandes dessinées ou de mangas. C’est désormais chose faite, avec Les enfants de la mer, une série qui m’a véritablement enthousiasmée et mis des étoiles plein les mirettes !

Ruka, collégienne, vit au bord de la mer. Lors des vacances d’été, elle fait la rencontre de deux garçons : Umi et Sora, qui ont été élevés par des dugongs, mammifères marins en voie de disparition. Ruka est fascinée. Au même moment, les scientifiques s’inquiètent : des milliers de poissons disparaissent partout dans le monde, dans la mer comme dans les aquariums. Quelle est la cause de ce phénomène ? Et pourquoi Umi et Sora intéressent-ils autant de monde ?

★★★★★

Si vous connaissez un(e) amateur(rice) de mangas ou, plus généralement, d’illustrations, n’hésitez pas à lui offrir cette série : elle est tout simplement magnifique. Le dessin de Daisuke Igarashi se démarque totalement du manga qu’on a l’habitude de lire et je suis parfois restée des heures en admiration devant une pleine page montrant une baleine ou le fond de l’océan. Son souci du détail, la beauté de son trait, tout cela rend l’histoire magique ! Car le point fort également de cette série, c’est son histoire, étrange et fascinante, qui s’intéresse au mystère des origines. Le récit s’attache principalement à suivre Ruka et les deux garçons, Umi et Sora, ainsi qu’aux événements qui se déroulent dans les océans du monde entier. Mais on retrouve également dix petites histoires sur la mer, des témoignages ou des légendes, réparties dans les cinq volumes. Tout cela contribue à une ambiance toute particulière, un peu fantastique, un peu légendaire, et surtout poétique, qui nous envoûte littéralement. Une série exceptionnelle !

Les enfants de la mer, Daisuke Igarashi (Sarbacane)
en librairie depuis 2012
Série terminée en 5 tomes – 15,50 €
à partir de 12 ans

Son
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Chasse à l’ange – Ingelin Rossland

9782812607196,0-2347356

Engel Winge, jeune journaliste dans un patelin norvégien, se rend sur l’île de Maroya, réputée hantée. Avec l’aide d’une médium, elle va mettre au jour des éléments étranges qui vont alimenter son enquête et l’embarquer dans une affaire qui va la conduire jusqu’à Berlin…

★★★☆☆

Ce roman fait suite à Aile d’ange et, pour vraiment tout comprendre, il me semble judicieux de lire ce premier tome. Notamment pour connaître l’âge et la personnalité de notre héroïne car il m’a fallu un très long moment (plus de la moitié du livre) pour découvrir qu’Engel avait 17 ans ! Ce qui peut être utile quand on lit certains passages au début, très crus, où elle discute sexe avec une copine ou à sa façon de parler. C’est un détail, mais j’avoue que cela m’a un peu manqué pour m’attacher au personnage, qui a d’ailleurs de faux airs de Lisbeth Salander de Millénium. Bref. En lisant la quatrième de couverture, je m’attendais à un petit côté fantastique qui n’avait pas l’air déplaisant. Or, au fur et à mesure que l’enquête progresse, et qui est censée attester ou non de la présence de fantômes sur l’île, le sujet disparaît complètement au profit d’une enquête sur la drogue et autres magouilles financières. Vous risquez donc d’être déçus si vous cherchiez une histoire de fantômes ! Malgré tout, l’enquête est intéressante, le dépaysement agréable, et l’audace et l’obstination de notre journaliste donnent du rythme à cette courte histoire. Il y a d’ailleurs un petit côté cinématographique dans le découpage des chapitres, où les ellipses sont très importantes, et où l’action s’enchaîne sans s’embourber dans des descriptions trop longues. Un roman plutôt honnête, donc, même s’il me semble qu’il vaut tout de même mieux avoir lu le précédent avant de se lancer dans cette nouvelle enquête.

Chasse à l’ange, Ingelin Rossland (Rouergue)
collection DoAdo Noir
en librairie depuis le 5 novembre
9782812607196 – 13,50 €
à partir de 15 ans

Son
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Justice pour Louie Sam – Elizabeth Stewart

9782364745087,0-2240182

Lundi, Bob et Jean-Michel étaient au Salon du livre jeunesse. Ils ont rencontré plein de monde trop sympa, ils ont vu plein de livres trop cools, ils n’en ont pas acheté beaucoup (ils ont été raisonnables) mais en attendant de découvrir leurs avis sur leurs achats, Bob avait lu un roman ado qu’il souhaitait vous présenter… 🙂

Territoire de Washington, 1884. En se rendant à l’école, George Gillies et ses frères découvrent le cadavre de leur voisin dans sa maison en feu. Le coupable est très vite désigné : Louie Sam, un jeune Indien qui était dans les parages. Il n’en faut pas plus pour que les hommes du village se mettent en tête de rendre justice eux-mêmes, au mépris des lois et de la vérité. Pourtant, George Gillies va vite se rendre compte que celui qu’ils pensaient coupable ne l’était peut-être pas…

★★★★☆

Captivant, ce roman tiré d’une histoire vraie est un nouveau témoignage des exactions menées par les colons sur les populations indiennes en Amérique. Une postface de l’auteur vient d’ailleurs compléter certaines informations du roman. Ici, Elizabeth Stewart nous propose le récit de George qui, comme tous les habitants de son village, est méfiant envers les Indiens. Il participe d’ailleurs au raid organisé par les colons pour capturer Louie Sam, jusqu’au moment où des détails lui sautent aux yeux, ébranlant ses croyances. Mais qui prêterait attention à un adolescent de 15 ans qui semble sympathiser à la cause indienne ? Ou, plutôt, qui voudrait le croire ? Car, au fur et à mesure de son enquête, George se heurte à des personnages qui le menacent et il ne parvient même pas à trouver le soutien du shérif. Qui, alors, pourra donner justice à Louie Sam ? Le roman est vraiment passionnant, il parvient à être à la fois une enquête, une représentation de la mentalité de l’époque (d’autant plus dans un territoire politiquement incertain) et un roman initiatique. George est un personnage auquel on s’attache très vite et dont on admire le courage, pour tenir tête à des hommes souvent menaçants et dangereux. Même si j’ai eu parfois l’impression qu’il avait l’air beaucoup plus jeune, à la façon dont il nous raconte les événements. Justice pour Louie Sam n’en reste pas moins un très bon roman, profond, qui nous amène à réfléchir sur le courage et la justice. Il est d’autant plus agréable qu’il se lit quasiment d’une traite !

Justice pour Louie Sam, Elizabeth Stewart (Thierry Magnier)
en librairie depuis le 20 août
9782364745087 – 18,50 €
à partir de 13 ans

Son
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Les anges de l’abîme – Magnus Nordin

9782812607165, 0-2347206

Petite pause dans les idées cadeaux de Noël pour Bob, avec la critique d’un des romans ados en lice pour la Pépite 2014. Il n’a pas gagné, mais il me faisait de l’œil depuis un temps suffisamment certain pour que je me lance enfin dans ce petit pavé. J’espère que vous avez les tripes bien accrochées. 😉

Alice fait sa rentrée dans un nouveau lycée. Elle se rapproche très vite de sa prof de suédois, Molly Zetterholm, et rejoint bientôt un groupe un peu particulier et complètement secret : les Anges de l’abîme. Leur mission : rendre la justice aux jeunes victimes de prédateurs sexuels.

★★★☆☆

Âmes sensibles s’abstenir ! Ce polar nordique de Magnus Nordin nous déroule une sordide affaire de pédophilie et de maltraitance. Je vous le dis tout de suite car, de toute manière, ça commence d’entrée avec une scène de disparition de jeune fille suivie, trois ans plus tard, par une opération commando des Anges de l’abîme. Il ne faut donc à l’auteur que quelques pages pour nous mettre tout de suite dans le bain et c’est un bain plutôt glacé ! J’ai trouvé l’histoire plutôt bien menée, entre la découverte progressive de chacun des personnages du groupe secret (tous victimes d’actes de maltraitance ou de sévices sexuels) et leurs opérations qui, très vite, ne deviennent qu’une seule grosse enquête. Car il nous faut peu de temps pour comprendre que la petite ville de Fjärlunda est le théâtre d’un vaste réseau pédophile. Si l’auteur ne nous perd pas un seul instant dans son récit (j’avoue m’être laissée emportée et avoir eu du mal à m’arrêter), un lecteur de polar averti verra sans aucun doute les choses venir et ne sera pas forcément surpris (cela a été mon cas). Mais cela n’enlève rien au plaisir de lecture. Là où le roman pêche, c’est peut-être justement dans son récit et ce qu’il dénonce. L’auteur nous propose en début de roman la célèbre citation de Nietzsche : « Celui qui combat des monstres doit prendre garde à ne pas devenir monstre lui-même ». Et c’est bien ce que font nos jeunes héros : combattre ces monstres qui attirent les adolescentes pour les violer (la méthode ici donnée dans le roman : sur le net, en se faisant passer pour des garçons cools de l’âge des proies qu’ils traquent). Et pour cela, ils usent de méthodes criminelles (enlèvement, torture psychologique), récoltent les preuves et envoient le tout à la police. Jusque là, on peut encore comprendre et même avoir de l’empathie pour ces justiciers de l’ombre. Après tout, nous sommes tous à un moment donné tellement révoltés par une situation ou un événement que nous aimerions avoir les moyens ou les armes pour réparer cette injustice. C’est humain. Pourtant, ici, je trouve que la réflexion sur la vengeance, l’auto-justice, est assez maigre. Peut-être manque-t-il une morale. En tous cas, et la fin du roman en est un parfait exemple, il me semble difficile de se faire un jugement sur ce que l’on a lu. Et je crois que l’auteur a oublié de nous donner sa propre définition du monstre. Je ne sais pas comment sera ressenti ce roman par les ados, mais la crudité de certaines scènes et cet épilogue sont d’une froideur à nous hérisser les poils sur les bras.

Les anges de l’abîme, Magnus Nordin (Rouergue)
collection DoAdo Noir
en librairie depuis le 8 octobre
9782812607165 – 14,90 €
à partir de 15 ans

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Les cygnes sauvages – Kochka et Charlotte Gastaut

9782081307186,0-2289862

Jean-Michel faisait son intéressant en vous parlant de contes russes il y a une petite semaine. Alors j’ai décidé de vous présenter une nouvelle adaptation d’un conte dont nous connaissons bien l’auteur : Hans Christian Andersen (et non, Jean-Michel, tu as tout faux, ce n’était pas Walt Disney !). Rois et princesses, sorcières et méchantes belle-mères, cygnes et crapauds… voici Les cygnes sauvages !

★★★★★

Et c’est Kochka qui adapte ce conte que j’ai toujours beaucoup aimé et je trouve sincèrement qu’elle fait une adaptatrice merveilleuse. Son écriture et sa sensibilité, que j’apprécie déjà beaucoup sans ses autres œuvres, se prêtent parfaitement à ce récit. Et les illustrations de Charlotte Gastaut viennent ajouter une beauté supplémentaire au texte de Kochka. En effet, elles sont véritablement splendides, riches en détails et en couleurs, certaines s’étalent même sur des doubles pages, pour notre plus complet émerveillement. (Imaginez Bob avec des étoiles dans ses petits yeux). Son utilisation de la dorure, parfois mêlée au noir et blanc, apporte la touche parfaite et féérique à ce conte, qui ravira sans aucun doute les enfants. L’onirisme et la poésie qui se dégagent des illustrations de Charlotte Gastaut est en parfaite adéquation avec l’histoire racontée et l’écriture de Kochka. Pour moi, ce duo est tout simplement parfait ! Et vous ferez sans doute des heureux en offrant ce livre à Noël !

Les cygnes sauvages, Kochka, d’après Andersen, et Charlotte Gastaut (Père Castor)
en librairie depuis le 8 octobre
9782081307186 – 13,50 €
à partir de 6 ans

Son
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La soupe américaine – Anaïs Sautier

9782211218320,0-2298055

C’est la Pentecôte et, comme chaque année, Mona et sa petite sœur Elsa – affectueusement surnommée Crapule – se rendent chez leurs grands-parents. Mais cette fois, leur arrivée à Chissou ne se passe pas comme prévu : non seulement c’est leur père qui les accompagne au lieu de leur grand frère, mais il y a aussi un nombre incalculable de « commandements » à respecter et, surtout, papou n’est pas là pour les accueillir… Autant dire que rien ne va plus !

★★☆☆☆

C’est Mona et son grand-frère Johnny qui nous racontent cette histoire et, à travers leur regard, nous découvrons une famille soudée et énergique, malgré les épreuves de la vie. Les personnages sont vivants et attachants et l’histoire, qui devait nous raconter de simples vacances, évolue rapidement vers la découverte d’un secret de famille. Plusieurs, en réalité, car si papou n’était pas là pour accueillir les filles à Chissou, c’est parce qu’il était à l’hôpital avec Johnny, infirmier, où il a découvert son cancer. Maladie qu’il cache à mamie Lala, déjà fragile. Puis c’est l’Histoire qui rattrape papou, quand la gendarmerie de son village d’origine, en Grèce, lui révèle avoir découvert des ossements… Du mystère, donc, qui va conduire toute la famille en Grèce, où l’histoire du pays est d’une grande importance pour papou. Il se passe ainsi beaucoup de choses dans ce roman qui, malgré des thématiques graves, se révèle souvent drôle et joyeux. Cela dit, j’ai eu un peu de mal à me laisser porter par cette histoire, certains passages me semblent superflus (comme la fête d’anniversaire, qui n’apporte pas grand-chose, je trouve), ce qui m’a donné une impression de fouillis, comme si le fil rouge se perdait à un moment. Du coup, je trouve que les sujets du grand-père malade ou du secret découvert en Grèce ne sont qu’effleurés, survolés au profit de l’humour et de la relation entre les personnages. Je suis consciente que nous raconter l’histoire de la Grèce après la Seconde guerre mondiale ne fait pas trop rêver, ni parler du cancer en long, en large et en travers, mais il m’a semblé qu’il manquait quand même quelque chose. Car, pour moi, ce roman ne se résume qu’à une simple histoire de famille… Servie certes par une écriture pétillante, mais qui ne m’a pas transcendée…

La soupe américaine, Anaïs Sautier (Ecole des loisirs)
collection Médium GF
en librairie depuis le 10 septembre
9782211218320 – 15,50 €
à partir de 13 ans

Son
1

Vers le bleu – Sabrina Bensalah

9782848657110,0-2306153

Vous commencez à nous connaître, avec Jean-Michel, on aime vraiment beaucoup la collection Exprim’ chez Sarbacane. Bon, ce roman est sorti il y a déjà plus d’un mois (on a un peu de retard dans leurs parutions ! :p) mais on vous en parle quand même !

Ornella, surnommée Nel, habite dans une caravane avec sa mère, une femme immature, et Anoushka, dite Noush, 9 ans et pleine d’exubérance. Tandis que sa sœur se prépare à un concours de Mini-Miss Camping, Nel rêve de liberté. Mais son projet de fuite tombe à l’eau quand sa mère la coiffe au poteau et les abandonne à leur sort. Les deux filles vont alors devoir apprendre à faire face à leur nouvelle situation.

★★★★☆

Nous ne sommes décidément jamais déçues avec la collection Exprim’ ! Cette fois, direction un camping, dans lequel vivent nos deux héroïnes, Nel et Noush, des sœurs aux tempéraments très différents, mais qui (sur)vivent dans un monde qu’elles n’ont pas choisi. Et d’entrée de jeu, on est saisi par le côté fantasque et presque décalé de cette histoire où l’humour est une réponse à la relative misère de la famille. L’écriture de Sabrina Bensalah est d’ailleurs parfaite pour exprimer cette drôle de vie de Nel et Noush, toutes deux extrêmement attachantes. Certaines situations, particulièrement cocasses, voire loufoques, ne manqueront pas de vous arracher un sourire, même si, très vite, la situation familiale des sœurs se complique considérablement. Il y a un petit côté Little Miss Sunshine, dans ce roman, non seulement dans l’aspect Mini-Miss mais aussi dans la relation entre les personnages (celle des sœurs avec les autres, qui ont aussi un côté fantaisiste) et les événements qui viennent s’intercaler dans la vie des deux filles. C’est ce petit côté américain qui m’a bien plu dans ce roman. Car, sous le couvert de ces situations parfois un peu folles, Sabrina Bensalah les utilise pour explorer des thèmes difficiles de notre société. En bref, je vous invite à découvrir ce roman pétillant et plein de fraîcheur, servi par une écriture franche et authentique, et qui vous fera rencontrer des personnages incroyablement vivants.

Vers le bleu, Sabrina Bensalah (Sarbacane)
collection Exprim’
en librairie depuis le 1er octobre
9782848657110 – 15,50 €
à partir de 14 ans

Son
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Comme un feu furieux – Marie Chartres

9782211216203,0-2374341

Il fait froid en ce moment, alors Bob a envie de vous faire découvrir un livre qui se passe dans une région du monde qu’il connaît bien pour y folâtrer parfois pendant ses vacances…

Au bord de l’Arctique, dans la ville de Tiksi, vit Galya Bolotine, jeune fille de 16 ans qui ne rêve que de quitter sa ville mourante, perdue au fin fond de la Sibérie. Elle s’imagine océanographe, sur les traces du commandant Cousteau, mais se trouve contrainte de s’occuper de son petit frère, Lazar. Car depuis la disparition tragique de sa mère, il y a un an, la famille Bolotine est déchirée. Le père jongle entre deux travails, Gavriil, le grand frère, ne parle plus et ne sort jamais de sa chambre, Lazar ne trouve plus le sommeil et Galya, elle, garde silencieusement ses rêves tout en espérant les voir se réaliser…

★★★★☆

Très beau texte de Marie Chartres, qui nous emporte sous le ciel noir et glacé de la Sibérie, à la rencontre de cette famille rongée par le deuil et le chagrin. Le portrait de Galya est particulièrement réussi, adolescente rêveuse qui ne souhaite que s’échapper de sa ville natale pour découvrir le monde, et qui passe tout son temps à s’occuper de son petit frère. Leur relation est d’ailleurs très belle et touchante, même si les heurts sont fréquents. J’ai beaucoup aimé cette description des sentiments chez chacun des personnages et leur façon de gérer le deuil. Petit à petit, alors que l’on entre dans l’intimité de cette famille, on se rend compte que la mort de la mère cache un secret, ou en tous cas des non-dits de la part de certains membres des Bolotine. Quelques personnages secondaires, que j’ai beaucoup appréciés, apportent des réponses ou des espoirs aux questionnements et aux rêves de Galya, ce qui épaissit parfois le mystère familial ou apporte une dimension presque fantastique au récit. Car les légendes et la poésie sont également un point important de ce roman, qui renforcent cette idée de rêve chez Galya. J’ai donc beaucoup aimé ce roman, et cette écriture qui nous transporte dans le froid et la beauté de la Sibérie, qui nous invite à réfléchir au deuil et à la reconstruction après un drame et qui, surtout, nous brosse un très beau portrait d’adolescente.

Comme un feu furieux, Marie Chartres (Ecole des Loisirs)
collection Medium
en librairie le 19 novembre
9782211216203 – 14 €
à partir de 14 ans