Son
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Le phénomène Philomène – Emmanuelle Cosso

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Anatole est un ado un peu ailleurs, qui se prend la porte en plein nez, qui lit des mangas tout seul dans la cour et que tout le monde ignore un peu superbement… Sauf Juliette, apprentie journaliste qui a un faible pour le garçon. Un jour, pourtant, Anatole se découvre un talent particulier : il peut voir les fantômes ! Il rencontre ainsi Philomène, morte en 1870 dans un accident de la filature qui se trouvait à la place du collège…

★★★★☆

Et cette Philomène, c’est un vrai phénomène (ohohoh!) ! Du même âge qu’Anatole, c’est bien la première fois qu’un humain vivant peut la voir. Pour Anatole, c’est la révélation. Lui qui était rêveur, pas du tout ami des maths et de la géographie, voilà que, grâce à cette petite fantôme qui l’aide à se sortir de situations périlleuses face aux professeurs et à ses camarades, le garçon change… Ce que ne manque pas de repérer Juliette, qui connaît Anatole depuis toujours et nous raconte son étonnante histoire. Car si Philomène est particulièrement heureuse d’être enfin vue d’un garçon vivant, ses motivations à se lier à Anatole sont nombreuses. Et grâce à Philomène, Anatole va découvrir l’histoire de son collège, celle des enfants en 1870 et, peut-être, devenir un héros ?

Voilà un Pépix très différent des précédents titres de la collection ! Pas de bonus, pas d’humour débordant d’irrévérence (bien que Juliette soit une reporter pleine d’esprit et apporte pas mal d’humour au récit), mais une véritable histoire d’amitié inoubliable, d’aventure à hauteur d’ado rêveur et de secrets historiques tout plein d’émotion. Emmanuelle Cosso nous transporte par son écriture fluide et délicate et son histoire parfaitement construite dans laquelle les révélations s’égrènent au fil du récit, pour nous surprendre et nous émouvoir. Une jolie manière d’aborder la grande Histoire et la condition difficile des enfants de la fin du XIXe siècle. Les illustrations au crayon de Nathanaël Ferdinand complètent à merveille l’histoire dans toutes ses émotions, j’ai beaucoup aimé son style et son souci du détail (je n’avais pas remarqué qu’on voyait Anatole avec son pansement sur le nez – résultat de la porte prise dans la figure dès la première page – jusqu’à la fin du livre). C’est le premier roman d’Emmanuelle Cosso et ça ne présage que du bon pour la suite, j’ai été véritablement séduite par son écriture et son histoire intemporelle et pleine de charme !

Le phénomène Philomène, Emmanuelle Cosso, illustré par Nathanaël Ferdinand (Sarbacane)
collection Pépix
disponible depuis le 6 juin 2017
9782848659404 – 10,90€
à partir de 9 ans
Discussion
1

La semaine des Claudine

L’année dernière, nous avons fait de bien belles rencontres et il s’avère que deux d’entre elles ont l’audace de porter le même prénom…L’occasion était trop belle alors on s’est dit pourquoi pas les mettre à l’honneur et leur consacrer une semaine ?
lasemainedesclaudine
Vous connaissez sûrement la Claudine des romans de Colette, le col et votre tante fort sympathique qui vous pince les joues, mais en connaissez-vous d’autres ?

Faites place à la Claudine #1

…qui a accepté de répondre à nos questions ! Pour lire l’interview, cliquez sur ses lunettes. Ou le cheval. Ou un géranium. Peu importe, tous les chemins mènent à Rome.
claudinedevey

Son
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L’ombre d’un nuage – Nicolas Poupon

Bon, vous avez remarqué, on a un peu loupé le coche sur les cadeaux de Noël cette année et on a pas eu le temps de vous présenter tous les trésors qu’on avait trouvé. Mais c’est pas grave ! A la place de la fève, mettez un livre dans la galette des rois, ou tartinez vos crêpes de la Chandeleur avec quelques pages… Et puis il y a bien des anniversaires chaque jour de l’année, non ? 😛

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C’est l’été et il fait incroyablement chaud ! Même pas d’ombre où se reposer ! La petite bande de Nestor s’ennuyait ferme sous un arbre jusqu’à ce que Carlos déboule en courant en disant qu’il avait vu un nuage. Ni une ni deux, les enfants partent à la recherche de ce nuage, espérant qu’il leur fournira de l’ombre et, surtout, de la pluie ! Pour la bande de copains, l’aventure commence…

★★★★★

Dans cet album entre roman illustré et bande-dessinée, Nicolas Poupon nous présente une bande de joyeux copains super attachants et en manque d’aventure, et ce dès la page de garde ! On rencontre ainsi Nestor, notre narrateur, qui n’est pas trop doué dans l’écriture mais plein de bonne volonté ; son petit frère Prosper, le plus petit et le plus mignon ; Pedro, qui ne sait pas s’exprimer autrement que sous forme de question ; Coin-Coin, l’intello avec toujours un bouquin dans les mains ; Meredith, la seule fille du groupe et la plus futée ; et Carlos, le chef de bande dont le papa fait un peu peur. Très vite, nos jeunes héros se lancent à l’aventure, bien décidés à s’emparer de ce nuage qui en devenait presque légendaire tant le soleil brille depuis un temps pas possible !

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Découpé en plusieurs chapitres dessinés, le récit de ces aventures est tout simplement délicieux ! On se laisse entraîner dans la quête de cette petite bande, ses découvertes (les double nœuds : absolument génial !) et ses questionnements (un nuage pleut-il ou pleure-t-il ?). L’écriture de Nicolas Poupon, à hauteur de ses personnages, est espiègle et pleine de vie, quand bien même les derniers mots de Coin-Coin nous demandent d’excuser son copain Nestor qui écrit vraiment mal ! Quant aux illustrations : c’est un régal : de la vivacité, de l’expressivité, de l’inventivité, que ce soit en pleine double-pages ou en médaillons, avec des bulles ou sans. Un superbe album, où l’émotion et l’humour se mêlent habilement et où la capture de ce petit nuage va réserver bien des surprises à nos jeunes héros. A découvrir absolument ! ❤

L’ombre d’un nuage, Nicolas Poupon (Sarbacane)
disponible depuis le 10 octobre 2016
9782848659022 – 18€
à partir de 8 ans
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Samedi 14 novembre – Vincent Villeminot

Une lecture qu’on redoute, à cause de sa thématique. Bien sûr à la réflexion la réticence s’amoindrit car on sait que Vincent Villeminot maîtrise ses sujets et que Tibo Bérard est minutieux même dans l’intensité, alors qu’est-ce qu’on risque ?

samedi14novembre

Le vendredi 13 novembre, B. perd son frère Pierre. Après un moment d’errance, il reconnait l’un des terroristes dans le métro et décide de le suivre. Prêt à tout, perdu dans son chagrin et ses incompréhensions il va s’adonner à l’expérience malheureuse de la vengeance…

★★★★★

Le rôle de leur vie

« mon frère Pierre est mort » et « l’Arabe », ces mots seront répétés de nombreuses fois par B. comme les litanies d’un homme fermé qui n’a pas encore la force de voir au-delà de son propre obscurantisme. Retranché chez sa soeur dans le nord, le présumé terroriste (on évite les conclusions trop hâtives dès le début du roman) sera séquestré par B. Ce qui suit ne sera que le théâtre de l’absurdité d’une violence arrivée trop tôt et par erreur dans la vie d’un homme. Un acte sauvage pour un acte sauvage. En attaquant dans leur foi cette fratrie dans des scènes qui coupent le souffle, B. devient l’ennemi à son tour. Les deux hommes ne semblent plus si différents désormais.

« Alors elles faisaient peur, les victimes ? Elles feraient peur, davantage que pitié ? »

C’est être témoin de leur plongée dans l’inconnu qui l’est. Mais les bêtes redeviennent des hommes, aussi au fil du roman B. devient Benjamin et l’Arabe Abdelkrim al-Raqiq. Benjamin vomit et Abdelkrim se souille : doit-on y voir la fuite de leur haine ? Benjamin semble reprendre sa forme humaine en donnant son prénom à Layla, la cadette al-Raqiq qu’il a humiliée et torturée.

Layla, meilleur espoir féminin
« S’il y a un problème avec l’islam en France, c’est toujours pour nous…les filles »  (Layla)

Elle a été la victime facile de Benjamin. Prise d’assaut dans la cage d’escalier de l’immeuble elle a d’abord cru aux prémices d’un viol avant de réaliser qu’elle allait devenir la cible des actes causés par son frère. Son sang-froid est bouleversant : elle a subit en silence les avilissements de B. De l’ingestion de porc en passant par la nudité forcée devant une caméra, elle est restée drapée dans la dignité et le calme. Après l’orage dans la tête de Benjamin, les excuses, les remords et les discussions sont engagés. Autant de compréhension et de recul dans un si petit corps me sidère. Elle semble pouvoir désamorcer tout ce qui est susceptible d’être sauvé, y compris Benjamin. Toute la définition de l’espoir réside en Layla.

Les figurants

Le choix d’exploiter ce lendemain du point de vue des anonymes est éminent : de la jeune étudiante au vieux barbu de la gare en passant par une infirmière, un père, tous se questionnent et ignorent comment agir. Des inconnus qui nous ressemblent et qui essaient, chacun apportant une perspective différente.

« Est-ce ça qu’ils attaquent, vraiment ? Le fait de rire, de boire, de mettre des robes légères, d’aller à un concert, en terrasse, de danser ? Vraiment ? Est-ce si subversif ? Ça les empêche de quoi, ces salauds ? D’être purs ? Elle ne sait pas. Elle est un peu perdue. »  (Ninon)
La prochaine séance…

…c’est vous qui en décidez. Comme un dvd qu’on regarde chez soi, cette lecture-visionnage est intime et Vincent vous laisse la télécommande. Les chapitres sont composés de 5 grands actes chacun contenant une part douloureuse, entrecoupés d’entractes qui nous permettent de reprendre notre souffle. Et quelquefois en pleine action, des arrêts sur image, des pauses minutieusement choisies. Si bien que nos questions pleines d’inquiétudes ont à peine le temps d’émerger que la réponse est déjà écrite. Et le générique de fin : les crédits de l’auteur qui lui aussi, apporte sa perspective à l’édifice.

Samedi 14 novembre, Vincent Villeminot(Sarbacane)
collection Exprim’
disponible depuis le 2 novembre 2016
9782848659220 – 15,50€
à partir de 14 ans
Son
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Les belles vies – Benoît Minville

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Vasco et Djib’ sont amis depuis leur enfance. Inséparables, ils cumulent les bêtises plus ou moins graves jusqu’au jour où, après une bagarre, leurs parents décident de les envoyer dans la Nièvre où un couple accueillant des enfants de la DDASS accepte de les recevoir en échange de leur aide à la réparation d’une grange.

★★★★★

C’est le début de « vacances » qui vont totalement changer leurs vies ! Petits jeunes des cités qui font se lamenter les vieilles dames dans les bus, Vasco et Djib’ se retrouvent dans un trou perdu au fin fond de la Nièvre bien franchouillarde, avec son saucisson et ses vaches qui paissent tranquilles. Et quelques racistes. Ils débarquent ainsi chez Tonton et Tata, respectivement 80 et 60 ans, qui ont accueilli plus d’une cinquantaine d’enfants dans leur vie. Parmi ceux présents cet été-là, il y a Dylan et Jessica, frère et sœur abandonnés par une mère incapable de s’occuper d’eux. Le premier, apprenti chez un boucher, a énormément de mal à contenir un tempérament violent, la seconde est une bimbo qui file un mauvais coton. Il y a aussi Chloé, hippie aux cheveux courts dont le passé reste un mystère, et une ribambelle de petits, certains cassés par la vie, d’autres issus d’anciens pensionnaires de Tonton et Tata…

Toute cette smala va passer l’été à se baigner au lac, à la rivière ou la piscine, à faire du vélo, à préparer le repas du midi, à pêcher, aller aux champignons, regarder des films ou encore préparer une adaptation théâtrale de la Sorcière de la rue Mouffetard (avec un clin d’œil à un certain ogre de chez Sarbacane). Et entre toutes ces activités dignes des meilleures colonies de vacances, Vasco et Djib’ vont découvrir un tout nouveau monde et changer, apprendre à grandir. Ils vont d’abord devoir apprivoiser l’indomptable Dylan et ses démons, se découvrir un intérêt tout particulier pour les filles, se confronter aux péquenots du coin qui apprécient moyen la présence de ces parigots. Avec Benoît Minville, c’est tout un panel d’émotions qu’on trouve dans ses romans, ce sont des gosses paumés, des « frères » plein d’humour et de déconne, des premiers amours intenses, des amitiés balbutiantes, de la violence contenue, de la force tranquille, de la sagesse et de la vie. Jamais titre n’a été mieux trouvé pour un roman que celui-ci : Les belles vies. Un roman absolument magnifique, qui nous transporte dans des paysages de vacances à la campagne qu’on a tous connus, dans des émotions tourbillonnantes et dans des personnages dont on sait qu’ils vont nous manquer dès la dernière page tournée. Des belles vie, oui, vraiment très belles. *yeux qui brillent*

Les belles vies, Benoît Minville (Sarbacane)
collection Exprim’
disponible le 5 octobre 2016
9782848659237 – 15,50€
à partir de 13 ans
Discussion
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Songe à la douceur – Clémentine Beauvais

Après le succès incroyable de son dernier roman, Les petites reines, dont on attend avec impatience de voir l’adaptation théâtrale ET cinématographique, nous avions également hâte de découvrir le nouveau roman de Clémentine Beauvais dont, à moins d’habiter sur une autre planète, vous avez déjà sans doute entendu parler. 🙂 Bob et Jean-Michel vous le présentent, et une fois n’est pas coutume, sont en total désaccord ! Let the fight begin!

9782848659084,0-3389543Tatiana rencontre Eugène un été. Elle a 14 ans, lui 17, et n’ont rien d’autre à faire que parler… Tatiana tombe amoureuse et semble-t-il que lui aussi. Jusqu’à ce qu’une lettre et un accident les sépare pour de bon. Mais dix ans plus tard, ils se retrouvent par hasard… Adaptation en vers libre du roman de Pouchkine et de l’opéra de Tchaikovsky, tous deux intitulés Eugène Onéguine.

Dans les rêves de Jean-Michel

★★★★★

J’ai su que j’allais aimer ce roman au moment où Clémentine a mentionné Roch Voisine, mais aussi la vitesse de connexion internet de 2006, Msn, Skyblog, Dromadaire.fr, Tchaïkovski et Laurent Binet. Une écriture lyrique, presque théâtrale où les mots gigotent au gré des rimes rendant tout acte décrit, langoureux et délicat. Et l’omniprésence de la fraîcheur, on en parle ?

« Je voudrais un exemplaire de la sensation de ses deux doigts sur mon poignet
Oh là là vous êtes sûre ?
Certaine
Vous savez que ça vous garantis de ne pas dormir avant trois heures, trois heures et demie du matin ces choses-là !
Je sais, mais j’en ai besoin
C’est très addictif, je dois vous avertir.
Je ferai attention
Bon. Si vous le dites. Veillez à respecter les précautions d’emploi. »

Les affres de la passion se dessinent dans le texte de Clémentine, celles des relations amoureuses aussi. On les croit profondes, elles ne sont que superficialité et égoïsme de la jeunesse. On les croit superficielles, elles représentent le véritable amour. On ne sait malheureusement tout cela qu’à la fin, quand tout est brisé. Tatiana et Eugène le savent. C’est mouvementé et efficace « il m’a claqué la porte au cœur » avec des images fortes au fil des rimes. Ma citation préférée reste celle-ci :
C’est frêle, ces jeunes personnes tellement éblouies par le jour, qu’elles ne sont pas apprêtées pour la nuit
Même si l’écriture de Clémentine est douce, il flotte de l’amour amer teinté de violence. Je suis on ne peut plus ravie par la clôture du roman qui offre la certitude qu’une histoire d’amour reste toujours complexe. Tatiana est tiraillée entre la flatterie d’un homme qui l’a rejeté et désormais ne veut qu’elle…et le désir ardant de s’en protéger : c’est si commun mais si peu exploité dans les romans pour adolescents. Jusqu’aux bout des doigts de son auteur donc, l’audace est présente à toutes les pages. Songe à la douceur est un titre bien pensé. Mais tout de même, j’ai hâte d’avoir la réponse à cette question : comment Léa, Guillaume et Florence, respectivement 15, 14 et 13 ans, vont-ils comprendre cette histoire d’amour de trentenaires ? Un livre qui promet en prime de nombreux débats.

Sur un nuage avec Bob

★☆☆☆☆

C’est un roman atypique et audacieux que nous propose Clémentine Beauvais avec Songe à la douceur et s’il remporte déjà tous les suffrages, dont celui de Jean-Michel, Bob a été beaucoup moins emballé. Est-ce cette écriture en vers et sa petite musique indissociable de sa lecture qui a embêté Bob dans son appréciation du roman ? Peut-être. Si l’écriture est belle, avec de très jolies trouvailles comme celles relevées par Jean-Michel, j’ai pourtant eu beaucoup de mal à entrer dans l’histoire d’Eugène et Tatiana, à me laisser transporter par les mots et les émotions. Je me suis parfois ennuyée, c’est vrai, et les personnages m’ont agacés, je n’ai finalement pas été sensible à leur amour contrarié. Un roman étonnant malgré tout, dans sa forme surtout, qui mêle habilement classicisme et modernisme et, tout comme Jean-Michel, je serais curieuse de savoir ce qu’en pensent les ados et si, comme moi, d’autres lecteurs sont passés totalement à côté… 😐

Songe à la douceur, Clémentine Beauvais (Sarbacane)
collection Exprim’
disponible le 24 août 2016
9782848659084 – 15,50€
à partir de 13 ans
Son
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L’Écureuil, 1. Un démon sous les toits – Fabien Grolleau, Benjamin Mialet et Lou Bonelli

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Paris, 1870. Alors que les Prussiens se rapprochent de la capitale, un jeune garçon aux cheveux roux flamboyants, surnommé l’Écureuil, vole de toit en toit, chapardant des bijoux, de la nourriture… Ce qui n’est pas au goût du terrible Max, roi des voleurs et des malfrats de la ville. Mais cette cavale sur les toits de Paris lui fait également rencontrer un certain nombre de personnages…

★★★★☆

Mais qui est donc cet enfant à la chevelure flamboyante et indomptable qui vole au-dessus de Paris ? Passée une introduction où l’on a craint pour sa vie, l’Écureuil bondit de toits en toits, chaparde des bijoux pour les échanger contre de la nourriture, ne se rendant pas forcément compte de ce que cela implique… Et chaque jour, l’Écureuil observe par la fenêtre une belle et triste jeune femme, enfermée dans un dôme, et « fiancée » de Max, le terrible roi des voleurs de Paris. Un roi qui n’apprécie pas tellement qu’un petit rouquin se mêle de ses affaires… Pendant ce temps, la guerre approche des portes de Paris et l’Écureuil fait bientôt la rencontre d’un ramoneur. Puis de Victor Hugo. L’écrivain semble d’ailleurs partager un secret avec le garçon des toits…

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Mais c’est un mystère que vous devrez éclaircir en lisant le premier tome de cette série qui n’en comptera que deux ! Certains secrets de l’Écureuil se révèlent déjà dans cette première histoire mais nul doute que nous en aurons encore dans le prochain volume. Un démon sur les toits est en tous cas une première aventure de grande qualité, tant dans le scénario, un brin classique mais qui fait également son charme, dans la plus pure lignée des récits se déroulant à cette époque, que dans le dessin, un style graphique aussi flamboyant que les cheveux de notre héros, et aux couleurs vives et énergiques. Une BD très réussie dont on attend la conclusion avec impatience ! 😛

L’Écureuil, 1. Un démon sous les toits, Fabien Grolleau, Benjamin Mialet et Lou Bonelli (Sarbacane)
disponible depuis le 1er juin 2016
9782848658872 – 14,50€
à partir de 10 ans
Son
0

Luna Viva – Aurélie Benattar

9782848658766,0-3276118Si l’on connaît la collection Exprim’ dans des textes forts et plutôt ancrés dans une certaine réalité, elle ne s’interdit pas d’aller titiller les genres et c’est le cas avec ce nouveau roman à la couverture chatoyante qui représente parfaitement l’univers de Luna Viva… 🙂

Luna a 17 ans et tire les cartes tout au bout de la fête foraine, affublée d’une perruque et d’un maquillage censée la faire ressembler à ce que le tout-venant imagine d’une diseuse de bonne aventure. Un jour, le Falcone, patron de la fête foraine, l’inscrit au Tournoi des Voyantes dans le but de remporter les 50 000€ promis à la gagnante. Une opportunité pour Luna de sortir de sa roulotte et de se confronter réellement à son « don »…

★★★★☆

Luna a toujours vécu dans cet univers singulier et foisonnant de la fête foraine, gérée par le Falcone, et non sans rappeler par certains côté la mafia… Sa mère est morte, son père est un ivrogne complètement hors de sa vie et, sur ses quatre frères, seul Gidy « veille » sur elle. Si les coups de pied au cul et autres brimades perverses sont une façon de veiller sur une adolescente, enfermée du matin au soir avec, pour seuls visiteurs, les clients de la Roulotte de Luna. Il ne reste alors que Sagittaire, son fidèle compagnon canin… Après une tentative de suicide, la vie de Luna prend un nouveau tournant. Tout d’abord, il y a cette façon de flotter au-dessus de son corps tandis que les médecins la sauvaient, et puis la rencontre avec le garçon à côté d’elle, en train de mourir, dont l’âme fantomatique va finir par lui apparaître régulièrement. Et ce fantôme lui sera sûrement d’une grande aide lorsque le Falcone décide de l’inscrire au Tournoi des Voyantes. Mais c’est surtout avec la sœur du patron, Izabella, grande voyante, que Luna va s’exercer et découvrir que ce qu’elle croyait n’être qu’un tour de passe-passe avec des cartes est en réalité un véritable don…

Roman luxuriant et endiablé, Lune Viva est un véritable récit fantastique, où la magie et le folklore des forains nous emportent dans un univers envoûtant, à la rencontre de personnages mystiques et mystérieux, comme la Vieille ou encore Doryan Manias et son marc de café… Alors que le Tournoi se profile et que Luna quitte sa prison divinatoire, c’est tout un pan de secrets jalousement gardés, de révélations familiales et de découvertes du monde extérieur qui s’ouvre à la jeune voyante. Le suspense ne manque pas, tout comme l’action qui fait vivre à notre héroïne de grands moments d’angoisse. J’ai beaucoup aimé cette lecture passionnante et originale, cette Luna forte et attachante et tous ces mystères et secrets qui entourent les fêtes foraines et les voyantes… Le petit plus : ces cartes du tarot de Marseille qui ouvrent chaque chapitre, nous plongeant un peu plus dans l’art de tirer les cartes… Un univers à découvrir et dont on espère bien qu’il y aura d’autres volumes… 😛

Luna viva : le tournoi des voyantes, Aurélie Bénattar (Sarbacane)
collection Exprim’
disponible depuis le 1er juin 2016
9782848658766 – 15,50€
à partir de 13 ans
Discussion
1

Les fragiles – Cécile Roumiguière

Si nous avons l’habitude de découvrir des auteurs dans la collection Exprim’ à travers des premiers romans, c’est cette fois une « déjà grande » qui rejoint le casting de Sarbacane avec un roman tragique, dont la très belle couverture tout en relief laisse planer une aura de mystère…

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Drew a 9 ans quand, au retour d’un match de handball, il assiste impuissant au racisme de son père. Choqué et incapable d’en parler, d’oublier, le garçon grandit dans la haine de ce père qui semble tout aussi incapable de l’aimer. Une haine qui le ronge, le consume, jusqu’à cette rencontre avec Sky, une fille incroyable qui cache aussi des fêlures, fragile comme lui…

Bob

★★★☆☆

Dans un incessant va et vient entre le passé et ce « jour J » aux accents terribles, Cécile Roumiguière explore la relation entre un père et un fils. Un jeune garçon qui voudrait plaire à son père, un homme qui ne semble pas avoir envie de l’aimer et dont la violence, le racisme, vont d’un seul coup transformer le désir d’affection en haine brûlante. Drew grandit, son père finit par s’éloigner, et il fait la rencontre de Sky lors de vacances à la mer. Une rencontre qui va donner un nouveau goût à sa vie, et ce malgré le passé qui refait surface régulièrement. La construction du récit et l’écriture de Cécile Roumiguière, aussi poétique que brutale, nous transporte dans ce roman bouleversant, où la fragilité de ses personnages nous prend aux tripes. Je regrette seulement la fin, qui, après toutes ces émotions intenses, enfonce encore plus le clou et nous laisse avec un goût amer, terrible. Dur !

Jean-Michel

★★★☆☆

On a du mal à croire à certains événements lors de la lecture tant ils sont violents. Certes, l’écriture parnassienne de Cécile Roumiguière adoucit l’animosité de ces scènes, mais l’impact de ce roman a été trop fort pour moi. Mes hormones d’ornithorynque ont peut-être joué mais mes pleurs découlant de cette lecture m’ont fait l’effet d’un coup de poing : cet Exprim sera difficile à conseiller. Pas accessible à tous les adolescents, mais nécessaire : pour ces images fortes du racisme, pour la violence d’un père sur sa famille, sur la difficulté de la construction de soi qui en découle. Dès le début, on sait que Drew a tué son père et tout au long du roman nous assistons à un tête-à-tête entre un fils révolté qui a commis l’irréparable et un père blotti dans son repos éternel tout confort alors qu’il mériterait d’entendre les paroles pleines de véracité de son enfant et pire encore. Pour moi, justice n’a pas été rendue et c’est ce qui m’a le plus scandalisé. Drew a tout de même sombré dans la démence la plus totale. Ce qui rend cette lecture psychotique. Un soupçon d’ambiance Shining flotte dans les pages : ce roman m’a effrayé. De qualité, mais ça retourne sacrément la tête !

Les fragiles, Cécile Roumiguière (Sarbacane)
collection Exprim’
disponible depuis le 6 avril 2016
9782848658629 – 15,50€
à partir de 14 ans
Son
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Cinémonstres – Stéphane Tamaillon et Laurent Audouin

Aventures et frissons sont au programme de ce beau dimanche où il fera bon découvrir quelques classiques du cinéma de genre. C’est parti ! 😀

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Brooks est la fille du célèbre réalisateur Harry Hausen et a grandi auprès des plus stars les plus glamours d’Hollywood et les meilleurs techniciens du cinéma. Cet été, toute l’équipe débarque en Amazonie pour le nouveau tournage d’Harry : un film de monstre ! Mais le lagon qu’ils ont choisi est réputé maudit et, bientôt, Rose Glamour, la star du film, est enlevée…

★★★★☆

La créature du lagon maudit, c’est la toute première aventure de Brooks dans la série Cinémonstres (qui comptera au moins 4 tomes, le prochain paraissant en août), créée par Stéphane Tamaillon (dont on vous a commenté son précédent roman et qu’on aime beaucoup ici) et Laurent Audouin (que vous connaissez sans aucun doute pour la série des Enquêtes de Mirette chez Sarbacane aussi). Ceux qui sont un peu vieux reconnaîtront sûrement les nombreuses références, à commencer par le film qui a inspiré cette première aventure : L’étrange créature du lac noir (1954). Quant aux plus jeunes, ils auront tout simplement le plaisir de découvrir une histoire complètement dingo, une jeune héroïne pleine de courage, des adultes colériques, trouillards et pas très débrouillards, et un monstre terrifiant…ou pas ?

Moi c'est pas tant le monstre qui me fait frissonner que le menton proéminent d'Edward...

Moi c’est pas tant le monstre qui me fait frissonner que le menton proéminent d’Edward…

Un petit roman au format album, qui ravira les amateurs de mystère et de monstres. L’écriture de Stéphane Tamaillon est efficace et énergique, les jeux de typographies et de bulles façon BD donnent encore plus de pep’s et les inventions de mots du père de Brooks enrichissent l’humour déjà bien présent de l’histoire et des personnages. Les illustrations de Laurent Audouin, riches et colorées, souvent en pleine page, se marient parfaitement au texte : Brooks en est encore plus pétillante, l’Amazonie terrifiante et la créature du lagon…pas si effrayante ? Un duo qui fonctionne en tous cas à merveille et que l’on a hâte de retrouver pour le prochain tome qui nous emmènera dans le froid de l’Alaska… Vivement le mois d’août ! 😛

Et pour ceux qui sont du côté de Poitiers, sachez qu’il y a une exposition en 3D à la Fnac de la ville jusqu’au 12 mars ! Une très chouette occasion de découvrir le livre, non ?

Cinémonstres – 1, La créature du lagon maudit, Stéphane Tamaillon, illustré par Laurent Audouin (Sarbacane)
disponible depuis le 2 mars 2016
9782848658506 – 12€
à partir de 8 ans