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La belle rouge – Anne Loyer

9782874262678,0-2687681

Kader est un adolescent en difficulté qui a navigué de familles d’accueil en foyer, passages entrecoupés de démêlés avec la justice. Son quotidien est bien loin de lui convenir dans son centre pour mineurs et il donne du fil à retordre à Christian, éducateur. Un soir de dispute, Kader s’enfuit et ouvre la première porte d’un camion qu’il trouve ouvert sur un parking, celui de Marje, une camionneuse au fort tempérament. La rencontre entre ces deux personnages est détonante, pour notre plus grand plaisir. 🙂

Dans la camionnette de Jean-Michel

★★★★☆

Une rencontre hors du commun qui m’a captivée : entre un rebelle à tendance petit délinquant qui se cherche et une femme solide qui ne jure que par son engin qu’elle surnomme « la belle rouge », les échanges sont croustillants. Persuasive, Anne Loyer nous fait adorer ce duo surprenant. Quand Marje découvre le jeune homme dans son habitacle, sa première réaction est de le jeter dehors après qu’il eût été passablement désagréable et impoli. Rapidement, elle va le rapatrier près d’elle et faire en sorte de lui délier la langue…cet adolescent en fugue envahissant son espace vital doit bien avoir quelques révélations à faire ? Abandonné par sa mère très jeune, Kader a en tête de la rejoindre au Maroc aujourd’hui – il ne le dit pas mais ce garçon a besoin d’une figure maternelle, d’un réconfort qui briserait sa forteresse de solitude. Gros dur au cœur meurtri, il va trouver en Marje le symbole d’une guide impétueuse et moelleuse (oui moelleuse, parfaitement : Marje me fait cet effet-là). Cette conductrice aguerrie possède aussi un lourd secret, échange de bon procédé : elle se dévoilera au fil des révélations de Kader. L’histoire s’inscrit dans la réalité : il ne s’agit pas d’un conte moderne où le rose est prépondérant et la fin à paillettes. Ici, les responsabilités sont prises en considération…Marje emmène l’adolescent avec elle certes, mais elle a des responsabilités en agissant ainsi, et elle les prend. Un roman terre-à-terre où deux exclus jouent des coudes dans l’axe brutal de la vie et trouvent les réponses à leurs questions. Merci Anne 🙂 (quoiqu’un peu court ce roman : on voulait encore plus de Marje et de Kader).

En stop avec Bob

★★★☆☆

C’est justement ce que j’ai le plus regretté : que le roman soit si court. Je rejoins Jean-Michel sur cette très belle relation qui se noue entre ces deux personnages cassés par la vie. Mais j’aurais aimé notamment mieux connaître Marje, son quotidien de routière et ce secret qu’elle ne révèle à personne. J’ai eu l’impression de voir passer cette histoire aussi vite que la Belle rouge sur l’autoroute, sans avoir eu le temps d’en apprécier toutes les couleurs et tous les détails. Sans doute que les personnages secondaires, Amandine et Christian, les éducateurs de Kader, dont l’histoire s’écrit en parallèle, et auxquels je ne me suis pas particulièrement attaché, ont contribué à cette impression. Il n’en reste pas moins un beau roman, une belle rencontre.

La belle rouge, Anne Loyer (Alice)
collection Tertio
disponible depuis le 15 octobre 2015
9782874262678 – 12€
à partir de 13 ans

Son
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Lever de rideau sur Terezin – Christophe Lambert

9782747056830,0-2688148

Après l’excellent Swing à Berlin, Christophe Lambert s’intéresse à nouveau à l’art pendant la Seconde Guerre mondiale. Comme l’auteur l’explique dans sa postface, nombreux sont les lecteurs à lui avoir demandé s’il y aurait une suite à l’histoire de ses jeunes musiciens de jazz jouant pour le régime nazi. Ce n’était évidemment pas possible, alors l’auteur a pensé à une autre histoire, qu’il avait déjà repérée lors de ses recherches pour ce précédent roman…

Novembre 1943. Victor Steiner, célèbre dramaturge juif, est arrêté et déporté. Il est envoyé à Terezin, en Tchécoslovaquie, un camp qui ressemble à une petite ville, où il va se découvrir un fan : un officier SS qui va lui commander une pièce. Car la Croix-Rouge envoie une délégation pour contrôler le traitement des prisonniers et il faudra les divertir. Mais écrire sous la contrainte, et en plus pour les Nazis, Steiner s’y refuse. Mais il n’a évidemment pas le choix…

★★★★★

Si l’on connaît déjà un certain nombre de romans évoquant les camps de concentration, on connaît peut-être moins celui de Terezin. Il était notamment réservé aux Juifs célèbres, que les disparitions soudaines auraient sans doute alertés. Même s’il était un camp comme les autres, les Nazis le présentèrent au monde comme un modèle de colonie juive, une ville factice. C’est dans cet environnement que va évoluer Victor Steiner, célèbre homme de théâtre français. Après la déportation et la terreur des premiers jours, Steiner va obtenir un semblant de liberté et quelques privilèges lorsque Waltz, un officier nazi, lui demande d’écrire une pièce pour la visite de la Croix-Rouge. Très vite, Steiner va ravaler sa fierté d’auteur libre et se consacrer à l’écriture sous la contrainte car il n’y a pas que son art en jeu, mais aussi la véritable liberté que la Résistance planifie pour la représentation…

Encore une fois, Christophe Lambert nous plonge dans un pan de l’Histoire avec beaucoup de talent. Son écriture, fine et fluide, nous offre un roman haletant malgré le contexte terrible. On y retrouve l’importance de l’art, et notamment du théâtre, pour des personnages à qui il ne semble rester que la misère et la peur. J’ai beaucoup aimé la réflexion sur l’écriture, la contrainte et l’inspiration. Mais j’ai surtout aimé cet hommage vibrant, comme il le fit dans son précédent roman, que Christophe Lambert rend à l’art, l’amitié, la liberté. Et puisqu’il est question de théâtre, il est important de souligner la présence de la pièce écrite par le personnage principal, Victor Steiner, à la toute fin du roman. Une jolie mise en abyme, qui nous montre aussi le talent de Christophe Lambert pour l’écriture en alexandrins. 🙂 Un roman extrêmement bien documenté, qui fait également la part belle à l’aventure et l’émotion. Magnifique !

Lever de rideau sur Terezin, Christophe Lambert (Bayard jeunesse)
disponible depuis le 27 août 2015
9782747056830 – 14,90€
à partir de 13 ans

Son
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Dans les branches – Emmanuelle Maisonneuve

9782370950451,0-2713694

Vous connaissez peut-être les éditions Graine 2 pour leurs très bons guides de voyage à destination des enfants. Eh bien ils font aussi de la fiction, et notamment des romans ! Pour ce premier roman ado, c’est Emmanuelle Maisonneuve qui ouvre le bal, déjà l’auteure de la trilogie Tom Patate. 🙂

Morgan, collégien geek et solitaire, passe son temps dans les jeux de rôle en ligne. Lors d’une course d’orientation, il se perd dans la forêt et, à la nuit tombée, il est persuadé de voir une créature terrifiante, inhumaine, digne des monstres dans ses jeux. Depuis ce jour, il est persuadé de voir cette créature partout et va finir par se lancer à sa recherche… Mais sa quête de vérité va le surprendre encore plus…

★★★★☆

Ou comment un jeune geek mordu de jeu vidéo et un peu empâté par des heures devant un ordinateur va se transformer en amoureux de la nature et aventurier-trappeur dans les forêts du centre de la France. On s’attache assez vite à ce garçon pas très bien dans sa peau ou dans sa vie : pas d’amis, une mère alitée constamment depuis l’accident de voiture qui lui a cassé le dos, un ex-beau-père détestable qui va en plus revenir dans leur famille… Grâce à cette rencontre terrifiante dans la forêt, Morgan, ou plutôt Mo, va pourtant connaître des changements importants. Il va d’abord rencontrer Gaby, un bonhomme qui a acheté une vieille ferme à l’écart de la ville, dans la forêt, qu’il compte retaper. Puis l’étrange bête – un troll ? – qui lui a fait peur lorsqu’il s’est perdu. Une créature qu’il va rencontrer à nouveau lorsque, après une sévère dispute avec son beau-père, il décide de se rendre chez Gaby. Car, cette nuit-là, Mo tombe dans un trou dans la forêt et se brise la jambe. Dans l’impossibilité de fuir, de bouger, Mo voit arriver la créature. Elle le charcute, le tire…elle va sans doute le tuer ! Pourtant, au bout de douze jours dans une grotte, un terrier, Mo est bien vivant, et même soigné. C’est alors qu’il se rend compte que ce qu’il pensait être un troll est en réalité…un enfant !

Je ne vous en dis pas plus sur cette histoire captivante ! Vous aurez compris qu’elle tourne donc autour de ce mythe de l’enfant sauvage. Emmanuelle Maisonneuve ménage bien son suspense : on imagine un peu comme Mo que l’on va avoir affaire à du fantastique, avec cette créature scandinave du troll. Mais il n’en est rien, et c’est bien le mystère qui entoure cet enfant sauvage qui va être au cœur des recherches de Mo. Je me suis vraiment laissé emporter par le souffle de ce roman, même si j’ai parfois été gênée par le contraste entre la narration, très réussie, et les dialogues – ou les pensées de Mo – un peu trop familiers. L’évocation de la nature est une très belle part du roman, apportant moments de douceurs et de poésie, mais aussi toute la rudesse qui la caractérise et que l’on retrouve dans l’enfant sauvage. C’est donc l’histoire d’une relation improbable, de vies chamboulées et de beaucoup, beaucoup d’espoir. Une très belle découverte !

Dans les branches, Emmanuelle Maisonneuve (Graine 2)
disponible depuis le 29 septembre 2015
9782370950451 – 15,90€
à partir de 13 ans

Son
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Bruno : quelques jours de ma vie très intéressante – Catharina Valckx et Nicolas Hubesch

Quand la maman de Billy et le papa de Zouk se rencontrent : ça donne Bruno, qui ravira tous les fans de Catharina Valckx et Nicolas Hubesch. 🙂

9782211224611,0-2817235

Rencontrez Bruno, petit chat avec une casquette à carreaux, qui va vous raconter quelques journées de sa vie très intéressante. Au programme :
*Un jour bizarre
*Un jour de pluie
*Un jour de panne d’électricité
*Un jour idiot
*Un jour beaucoup moins intéressant
*Un jour presque parfait

★★★★☆

Bob et Jean-Michel réunis auraient sans doute tout un tas de journées vachement intéressantes à vous raconter mais celles de Bruno les bat carrément. En fait, on est même un peu jaloux parce que Bruno, il vit des trucs de fou !

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D’abord, ça commence avec un poisson volant. Bizarre, non ? Il y a bien que les héros de fiction pour avoir des journées aussi bizarres. Puis c’est un défilé d’amis (et d’ennemis) chez Bruno alors qu’il pleut des cordes dehors. Sans parler de la panne d’électricité… Bref, plusieurs petites histoires où l’on retrouve tout le talent de Catharina Valckx dans son écriture toute simple mais pleine d’humour et de situations absurdes. En 2 pages ou en 22, on s’attache tout de suite à ce Bruno dont la vie ressemble à celle de tout le monde, entre moments de douceur et instants d’amitié.

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Les illustrations de Nicolas Hubesch se marient parfaitement avec le texte, il nous montre une banlieue familière et rassurante et des personnages expressifs.
Le tout donne un album rempli de délicatesse, totalement à hauteur d’enfant, et dont on prend plaisir à lire et relire les histoires.
La préférée de Bob et Jean-Michel est incontestablement « un jour beaucoup moins intéressant » parce que, comme Michou, ils étaient juste morts de rire. 😀

Bruno : quelques jours de ma vie très intéressante, Catharina Valckx et Nicolas Hubesch (Ecole des loisirs)
disponible le 18 novembre 2015
9782211224611 – 13,50€
à partir de 6 ans

Son
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Blood family – Anne Fine

9782211222341,0-2703702

Après nous avoir fait frissonner avec Le passage du diable, Anne Fine revient avec un roman ado tout aussi terrifiant, mais dans un autre registre… Notons d’ailleurs que ce précédent roman trouve une certaine importance dans ce Blood family (mais je vous laisse la surprise)…

Jusqu’à l’âge de 7 ans, Edward a vécu enfermé dans un appartement avec sa mère, battue comme plâtre par un homme alcoolique et violent. Lorsqu’enfin les services sociaux interviennent, Edward est libéré et découvre un monde totalement nouveau. Il arrive alors en famille d’accueil, puis est adopté et va devoir apprendre à se reconstruire en oubliant l’horreur de son passé. Mais au fil des ans, le passé ne cesse de se rappeler à lui…

★★★★☆

Wow ! Avec les premières pages de ce roman, Anne Fine nous prend à la gorge, nous secoue dans tous les sens et ne nous lâche qu’à la toute dernière ligne…ou pas ? En tous cas, l’histoire de ce jeune Edward nous glace le sang : séquestré depuis son plus jeune âge, l’enfant vit dans la crasse, dort dans un tas de couvertures partagées avec un chien jusqu’à ce que l’animal se retrouve à pourrir dans un sac poubelle. Sa mère est un cadavre ambulant, la peau tellement marquée qu’elle en est bleue ou noire. L’horreur absolue. Une horreur qui a un nom : Bryce Harris. Un homme terrifiant qui n’a même pas besoin d’être physiquement présent dans le roman pour que son nom ou son souvenir provoque des angoisses et une peur indicible chez Edward.

La première partie du roman est tout bonnement stupéfiante. Par l’histoire terrible que l’on découvre, mais aussi par ce personnage, ce jeune Eddie, qui ne connaît rien d’autre à la vie que celle de cet appartement minable, et des émissions télévisées de Mr. Perkins, enregistrées sur K7, qu’il regardait en boucle avec sa maman quand Harris n’était pas là. Ainsi, là où Eddie aurait pu être un enfant sauvage ou tout simplement idiot à force d’être battu et de ne rien faire de la journée à part craindre le retour d’Harris, il est un enfant étrange, capable de lire ou de compter et incollable sur un certain nombre de sujet évoqués dans les émissions de Mr. Perkins. Comme beaucoup le pensent, c’est sans doute ce qui a sauvé cet enfant…
Je n’ai pas envie de vous en dire plus sur l’histoire, qui se laisse découvrir avec répulsion et fascination. En tous cas, on s’attache instantanément à ce petit bonhomme et à l’adolescent qu’il va devenir. Car le roman va suivre Edward de ses 7 ans à son entrée en première. Une vie qui ne sera pas facile malgré l’amour que vont lui prodiguer bon nombre de personnages. Car le passé ne disparaît jamais véritablement…

J’ai beaucoup aimé la construction du roman, qui fait intervenir plusieurs acteurs de la vie d’Eddie depuis sa découverte dans cet horrible appartement. On a l’impression d’avoir affaire à une compilation de témoignages, ceux d’Edward étant les plus importants, ce qui renforce notre sentiment de malaise à lire cette histoire presque documentaire. Anne Fine signe un roman coup de poing, bouleversant et qui n’interdit pas l’espoir…

Blood family, Anne Fine (École des loisirs)
collection Médium
disponible depuis le 28 octobre 2015
9782211222341 – 17,50€
à partir de 14 ans

Son
4

La folle rencontre de Flora et Max – Coline Pierré et Martin Page

9782211223942,0-2817234

Flora est dans une prison pour mineure. Max est enfermé chez lui, incapable d’affronter le monde extérieur. Pourtant, il va commencer à envoyer des lettres à la jeune fille dont il se sent proche par leur enfermement respectif. D’abord étonnée, Flora va finalement se laisser prendre au jeu et tous deux vont tenir cette correspondance au fil de l’année…

★★★★☆

Une folle rencontre, en effet, et une correspondance étonnante entre ces deux jeunes gens que tout semble opposer ! Flora et Max fréquentaient le même lycée, bien qu’ils ne se soient jamais réellement remarqués. Max a dû le quitter suite à une grave crise d’angoisse, qui l’a contraint à rester dans le cocon rassurant de sa chambre. Quand il apprit qu’une jeune fille de son lycée était désormais incarcérée, il s’est trouvé des points communs avec elle et, sur un coup de tête, décide de lui envoyer une lettre. Débute alors une correspondance qui va permettre à ces deux jeunes de se réconforter l’un l’autre, d’essayer de survivre à leurs enfermements respectifs grâce à une amitié naissante et de se construire leur petite place dans le monde.

La folle rencontre de Flora et Max est un roman lumineux, on découvre chaque lettre avec le sentiment d’assister à quelque chose de singulier, d’exceptionnel. Une impression sans doute liée au procédé utilisé par les auteurs. L’éditeur explique en effet que les auteurs, Coline Pierré dans la peau de Flora et Martin Page dans celle de Max, se sont échangés des lettres quatre mois durant. Ce qu’ils considèrent comme « une expérience passionnante et très fertile, car la surprise, la découverte de la lettre de l’autre nous donnait envie de rebondir, de nouvelles idées germaient sans cesse ». Je trouve qu’on sent très bien cette émulation qui transparaît au fur et à mesure que le roman avance, que Flora et Max échangent des idées toutes plus surprenantes les unes que les autres. Mais ce qui m’a surtout beaucoup plu, c’est cette douceur dans les lettres, l’humour et la fantaisie de ces deux jeunes gens. On ressort de cette lecture avec le cœur gonflé d’espoir, comme les personnages de l’histoire. Magnifique !

La folle rencontre de Flora et Max, Coline Pierré et Martin Page (École des loisirs)
collection Médium
disponible le 11 novembre 2015
9782211223942 – 14,50€
à partir de 13 ans

Son
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Kalil – Michaël Escoffier

9782352412441,0-2687710

Si vous fréquentez la littérature jeunesse, vous devez bien connaître Michaël Escoffier, auteur de tous un tas d’albums très drôles ! (On vous invite à aller voir son site si c’est pas le cas !) Bob et Jean-Michel, eux, sont particulièrement fans de ses albums réalisés avec Kris Di Giacomo. Aujourd’hui, pourtant, Bob va vous présenter le tout premier album de Michaël Escoffier qu’il a fait tout seul comme un grand : Kalil, qui a l’air comme ça un peu plus sérieux que les autres mais cache bien sa petite touche humoristique…

Kalil quitte son foyer à la recherche d’un endroit où il n’aura plus faim ni froid. Dans une église, il trouve un génie dans une lampe à huile, qui lui accorde le vœu de son choix…

★★★★☆

Pour son premier album en solo, Michaël Escoffier a choisi un univers plutôt minimaliste, qui commence dès la page de titre. Sur des pages totalement noires se découpent des formes blanches ou colorées, les mêmes que vous voyez sur la couverture, qui bougent et se déplacent sur la page selon la scène racontée. Le texte, court, nous raconte donc l’histoire de ce « pauvre bougre prénommé Kalil » qui, affamé, va partir à la recherche de nourriture. Sa rencontre avec un génie va lui permettre de faire exaucer son vœu…mais sans doute pas de la manière attendue ! Notre conte finit alors fable où la morale, et surtout son illustration, devrait faire sourire le lecteur.

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Un album étonnant qui, en dépit d’une histoire qui s’apparente aux contes orientaux que l’on connaît, nous paraît hors du temps. Il mêle en effet différents éléments culturels et le procédé d’illustration, qui semble finalement tout simple par son aspect très évocateur, permet une compréhension universelle de l’histoire. J’ai également beaucoup aimé la quatrième de couverture où, l’histoire terminée, les formes sont gentiment rangées dans le coin du livre… Peut-être pour nous inviter à nous en emparer pour construire notre propre petite fable ? Un album à lire et à relire qui a fait le bonheur de Bob ! 🙂

BONUS ! (pour vous donner un peu plus envie) Une petite vidéo réalisée par l’auteur pour présenter son œuvre, avec une musique de Loreena McKennitt, que Bob adore !

Kalil, Michaël Escoffier (Frimousse)
disponible depuis le 29 octobre 2015
9782352412441 – 13€
à partir de 5 ans

Son
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Par bonheur, le lait… – Neil Gaiman et Boulet

Un nouveau roman de Neil Gaiman, c’est un peu comme Noël. On trépigne d’impatience jusqu’au jour fatidique et on se jette sur les cadeaux comme des pigeons sur une miette de pain. Et le mieux, c’est un livre de Neil Gaiman illustré ! Coup de bol, Par bonheur, le lait est un roman à destination des plus jeunes et illustré par Boulet (dont on adore tout particulièrement les Notes, par ici). Pour la petite histoire, il faut savoir qu’à chaque traduction, Neil Gaiman demande à ce que ce soit un illustrateur « local » qui participe à son livre. En Angleterre, par exemple, c’est Chris Riddell qui a fait les illustrations (un illustrateur qu’on aime aussi beaucoup) et qui a notamment choisi de représenter Neil Gaiman dans le rôle du papa de cette histoire, ce que je trouve plutôt cool ! 😀 Pour avoir un aperçu des autres éditions, je vous renvoie sur le tumblr officiel de Neil Gaiman.

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Au petit-déjeuner, un frère et une sœur constatent qu’il n’y a plus de lait à mettre dans leurs céréales ! Puisque maman est partie travailler, c’est à papa de quitter son journal pour aller chercher le précieux ingrédient indispensable à tout petit-déjeuner. Mais ce qui ne devait être qu’une simple course à l’épicerie du coin va se transformer en aventure incroyable…

★★★★★

Et attention : soucoupes volantes, dinosaures, pirates, volcans en éruption et autres joyeusetés sont au programme de cette histoire loufoque et hilarante qui fait habilement basculer une scène de la vie quotidienne en aventure trépidante. Il est intéressant de connaître la petite histoire qui est à l’origine du roman, expliquée par l’auteur en préambule, et dont je ne vous dirais rien (faut bien garder un peu de surprise !) si ce n’est que Par bonheur, le lait est censé réhabiliter le rôle des papas dans la vie des enfants. Avouez que c’est classe un papa qui se fait enlever par des extraterrestres en allant chercher le lait ? Qui se retrouve à parcourir l’espace-temps en dirigeable avec un stégosaure ? C’est le genre de truc idéal pour se la péter dans la cour de récré, non ? En tous cas, ce papa-ci est un véritable héros, surtout dans le fait de raconter des histoires à ses enfants totalement ébaubis par tout ce qu’il a vécu en allant seulement acheter du lait. Est-ce qu’il nous raconte pas des cracks, le padre, là ? Mystère et boule de gomme…

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Comme toujours, on peut compter sur l’écriture de Neil Gaiman et son humour so british pour nous emporter dans une histoire savoureuse. Les illustrations de Boulet sont en parfaite adéquation avec le texte, tous les détails y sont. Et, surtout, elles sont très nombreuses et prennent une importance très appréciable. J’ai particulièrement adoré les scènes de la fin, qui ajoutent au questionnement avec lequel tous les lecteurs termineront leur lecture : vraies ou pas, les histoires du papa ? Génial !

Par bonheur, le lait…, Neil Gaiman et Boulet (Au diable Vauvert)
disponible le 5 novembre 2015
9782846269681 – 12,50€
à partir de 8 ans

Son
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Le livre sans images – B. J. Novak

9782211225915,0-2817242

Peut-être connaissez-vous B.J. Novak pour l’avoir vu dans un certain nombre de films ou de séries TV. Eh bien figurez-vous que cet acteur, qui est aussi tout un tas d’autres choses dans le monde du cinéma, est également écrivain et vient de publier un album pour enfants, plébiscité outre-Atlantique. Cet album, c’est Le livre sans images, dont voici l’étonnante présentation de l’éditeur :

ATTENTION! ATTENTION!
Ce livre a l’air sérieux mais en vérité il est complètement idiot. Si un enfant essaie de vous obliger à le lire, sachez que cet enfant est en train de vous tendre un piège. Vous allez vous retrouver en train de proférer des insanités, et tout le monde va se tordre de rire. Ne dites pas que vous n’avez pas été prévenu.

Les enfants, ce livre est un piège ! Débrouillez-vous pour que les grandes personnes ne l’apprennent pas !
Ça a l’air sérieux, mais c’est exprès ! En fait, c’est vraiment le livre le plus idiot du monde.

★★★★☆

On connaissait déjà les albums sans texte, voici maintenant les albums sans aucune illustration ! Un album tout blanc, donc, avec uniquement des mots, en noir ou en couleur qui se promènent sur les pages. En effet, les jeux de typographie sont ici indispensables et « remplacent » le blanc laissé par les images. Alors oui, ça peut paraître un peu ennuyeux comme livre, même l’auteur le signale au début de son album. Mais, très vite, on nous dit que dans cet album, comme dans tous les autres albums (et c’est bien utile de le rappeler), le lecteur doit lire TOUS les mots, sans exception ! Et alors là, il vous faudra prendre une voix de robot, chanter, prononcer plein de mots bizarroïdes, faire des bruits… Bref, un enfer pour le lecteur, mais une franche rigolade pour les jeunes auditeurs.
On ne doute pas un seul instant de l’efficacité de cet album malicieux, qui promet d’excellents moments de lecture et de partage entre l’adulte et l’enfant. Et qui invite également le lecteur à voix haute à se mettre en scène, tel B.J. Novak devant cette classe aux États-Unis :

Le livre sans images, B. J. Novak (Ecole des loisirs)
disponible le 4 novembre 2015
9782211225915 – 12,50€
à partir de 4 ans

Son
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Moabi – Mickaël El Fathi

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Bob aime bien les forêt. Et il aime aussi beaucoup les arbres, même s’il vient plutôt des mers et des océans. Alors, aujourd’hui, il a décidé de vous parler d’un des plus beaux arbres du monde : le moabi.

Il y a longtemps, une petite graine s’est mise à pousser quelque part dans la terre. Elle a grandi, grandi, et est devenue un arbre magnifique : le Moabi. Un arbre qui a vu le monde grandir en même temps que lui, qui a vu les dinosaures, puis cet être étrange qui ressemble un peu à ses amis les singes. Il a vu l’homme évoluer et a commencé à trembler…

★★★★★
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Mickaël El Fathi n’est pas qu’auteur et illustrateur, il a également été un grand voyageur, ce qui a sans doute exalté sa sensibilité au monde qui l’entoure. Car Moabi est un album magnifique et incroyablement sensible, qui nous transporte à un âge lointain, à la rencontre d’un arbre gigantesque et millénaire qui nous raconte son histoire. Un arbre qui fut le premier à percer la terre pour s’élancer vers le ciel et à créer cette forêt dans laquelle il vit désormais, observant le passage du temps et l’arrivée de créatures toutes plus diverses que variées. Jusqu’à l’arrivée de l’homme, d’abord créature parmi les autres, jusqu’à ce qu’il se lie d’amitié avec le feu et s’éloigne de tous. A mesure que le temps passe, l’homme prospère et se construit des maisons. Une nouvelle vie qui nécessite du bois et qui va faire trembler le grand Moabi…

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Avec des mots simples, mais poétiques, Mickaël El Fathi nous offre une fable écologique qui nous émerveille. Ses illustrations en double pages, très colorées, nous emmènent dans un univers étonnant et somptueux, où l’on admire chaque détail, chaque couleur. Il y a certaines pages qui m’ont tout simplement subjuguées (celle des dinosaures, par exemple). J’ai beaucoup aimé son texte, et notamment le message d’espoir de la toute dernière page… Un splendide album, donc, qui se termine par quelques données documentaires sur les arbres et notamment sur le Moabi, par le botaniste Francis Hallé. A découvrir et à offrir sans tarder ! 🙂

Moabi, Mickaël El Fathi (La Palissade)
disponible depuis le 20 octobre 2015
9791091330190 – 16,50€
à partir de 5 ans