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Les Facétieuses – Clémentine Beauvais

Un roman de Clémentine Beauvais, c’est un peu comme le Beaujolais nouveau : on l’attend toujours avec beaucoup d’impatience, un peu toujours à la même date, et on a vraiment hâte de le déguster ! Mais, surtout, on se demande quelle surprise nous attend…eh bien, sachez-le, vous n’allez pas être déçu.es !

Quand on lui propose d’écrire un texte de théâtre, Clémentine Beauvais – autrice déprimée suite à des échecs personnels et professionnels – s’intéresse soudainement à l’un des grands mystères de notre Histoire : les marraines la bonne fée. En effet, en se demandant qui pouvait bien être la marraine de Louis XVII, Clémentine trébuche et commence alors une enquête sur ces personnalités quasi oubliées qui ont disparu en même temps que la magie dans notre monde…

Bob a reçu le don de grâce (ou de graisse ?)…

Pour cette nouvelle rentrée, Clémentine Beauvais délaisse le roman et la fiction pour nous embarquer dans un essai aussi merveilleux que facétieux… Nous voici donc embarqués dans une enquête douce-dingue sur le sort des marraines la bonne fée, qui officiaient depuis des siècles sur les bambins royaux et de la grande noblesse. En bonne universitaire, Clémentine Beauvais s’attèle donc à la longue phase de recherches, émaillée de belles trouvailles ou au contraire de sérieuses déceptions, pour nous raconter comment les marraines la bonne fée ont progressivement disparu après la Révolution française et, par voie de conséquence, comment à disparu la magie. Mais au-delà de l’énigme historique, c’est l’occasion également de découvrir Clémentine Beauvais dans son quotidien d’autrice fraîchement revenue de Grande-Bretagne où elle travaillait jusqu’à présent, ses amis ses amours ses emmerdes (comme dit la chanson), jusqu’à l’entrée progressive du mystère dans sa vie.

Encore une fois, Clémentine Beauvais nous éblouit par son imagination extravagante et sa maîtrise d’une narration qui nous happe dès les premières pages. Et ce alors même qu’il s’agit d’un essai (vous en avez lu beaucoup, vous, qui étaient aussi passionnants que ça ?) ! Vous serez libres, à la fin du livre, de croire ou ne pas croire à la conclusion de son enquête mais posez-vous quelques minutes et réfléchissez un peu à ce que vous pensez savoir du monde… Clémentine Beauvais a peut-être raison…

Alors le monde ne serait pas régi par les reptiliens et les Illuminati… ?

…et Lisette celui de l’esprit ! (ou pas)

Facétie : action, parole ou écrit qui a quelque chose de bouffon, de burlesque ; plaisanterie, farce, espièglerie nous dit la célèbre fée Larousse. Clémentine Beauvais est une autrice malicieuse, si vous ne le saviez pas encore, ce livre vous le prouvera ! Elle signe avec ce roman une autofiction déroutante. Entre enquête, fiction et conte merveilleux, Clémentine brouille les pistes. Elle joue avec les codes et la forme, comme elle l’avait fait dans son précédent roman Âge Tendre. Encore une fois, elle nous époustoufle ! On ne sait pas déjouer le vrai du faux. Elle s’amuse à mettre en scène sa vie, sa famille et d’autres auteurs de chez Sarbacane. Coucou Julia, coucou Aylin ! Mais surtout elle va mener l’enquête sur la disparition des marraines la bonne fée, pourquoi ont-elles disparu ? Elle taquine nos certitudes historiques, insère des extraits de livre d’Histoire plus vrais que nature. On en viendrait à douter de notre passé.

Malgré mon émerveillement devant la faculté de l’autrice à se renouveler, il a un infime-mini-rikiki-chouïa bémol. J’ai trouvé les derniers chapitres un peu dense. Digne d’une grande universitaire mais du haut de mes couches-culotte, c’était moins magique – tout en restant brillant (comme une baguette magique !).

Lisette a envie de rester dans la comparaison vinicole de Bob, pour dire que Clémentine Beauvais nous offre un excellent millésime ! Tel un grand champagne, c’est souple, vif et pétillant ; ça nous laisse un joli goût littéraire en bouche.

Bonne fée
Allez les enfants, venez découvrir Pierre Bourdieu et les inégalités sociales sous fond de magie !

Les Facétieuses, Clémentine Beauvais (Sarbacane)
collection Exprim’
disponible depuis le 24 août 2022
9782377317318 – 17€
à partir de 13 ans
Galerie
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La vie, c’est mortel ! – Claire Lecœuvre et Charlotte Gastaut

Depuis la nuit des temps l’homme se questionne sur la mort. Qu’est-ce que c’est ? Comment supporter la perte de ses proches ? L’homme a-t-il toujours redouté la mort ? Est-ce que toutes les civilisations possèdent des rituels ? Lesquels ? Et les animaux ? Dans de très nombreuses cultures, la mort n’est qu’une partie de la vie et on la célèbre. Triste, la mort ? Pas toujours !

Le premier chapitre s’ouvre sur une question légitime et ô combien intéressante : comment sait-on que l’on est mort ? En réalité, la loi française a statué sur une définition officielle de la mort que depuis une soixantaine d’années. Le saviez-vous ? Pour être mort, il faut répondre à trois critères : l’absence totale de conscience, la fin de tous les réflexes et l’absence de respiration. Le ton est donné ! Chaque chapitre aborde une thématique précise qui permet de couvrir une large palette : l’immortalité, notre rapport à la mémoire, à notre vie sur Internet (quid des comptes Facebook après le décès de la personne ?) et même l’utilisation des pesticides dans les cimetières. On pourra apprendre par exemple que, dans le zoroastrisme, on continue de fêter 30 ans plus tard l’anniversaire de la mort d’une personne avec des grands banquets. Une manière de rester éternel dans le cœur des proches.

 

La vie, c’est mortel ! aborde des sujets parfois encore tabous mais également indispensables. Pour alléger le propos, nous pouvons compter sur les illustrations de la talentueuse Charlotte Gastaut qui apportent légèreté, poésie et fantaisie. D’après des anthropologues, le fait d’être en contact régulier avec la mort, de l’intégrer comme une partie de la vie, rend les gens plus vivants et heureux. A l’inverse, cacher la mort aux enfants et éviter d’en parler pourrait entraîner des traumatismes. Vous savez donc ce qu’il vous reste à faire 🙂 La mort est un vaste sujet qui continuera de faire couler beaucoup de larmes et d’encre !

La vie, c’est mortel !, Claire Lecœuvre, illustré par Charlotte Gastaut (Actes Sud Junior)
disponible depuis le 7 octobre 2020
9782330141615 – 17,50€
à partir de 10 ans
Galerie
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Frida Kahlo : non à la fatalité – Elsa Solal

Brisée, corsetée dans le plâtre et l’acier, paralysée, amputée, Frida Kahlo a souffert toute sa vie. Cette artiste mexicaine dont le visage est connu dans le monde entier est devenue une icône féministe, le symbole de l’artiste, de la liberté amoureuse mais aussi du courage. Dans ce court texte, Elsa Solal nous peint le combat acharné que cette artiste hors du commun a mené contre la souffrance et le handicap, sans jamais cessé de peindre ni d’aimer.

La mort a toujours talonné Frida, à 6 ans elle contracta la poliomyélite. Malgré les “Frida la boiteuse” et autres quolibets, elle décide de se battre, de poursuivre ses études (elle veut devenir médecin) et de croquer la vie à pleines dents. Viendra l’accident de bus célèbre qui la cloua au lit. Colonne vertébrale et bassin brisés, cette acharnée, avec l’aide de sa famille, transforma son lit en atelier d’artiste et installa un miroir au-dessus de son lit afin de faire des autoportraits. Frida renaîtra artiste.

« Très tôt une décision intérieure s’est forgée, elle ne se laissera pas rompre par l’adversité. Nulle fatalité ne viendra à bout de sa détermination à vivre comme les autres malgré sa situation, maladie, handicap, polio. Mais cela exige une sorte de discipline, inflexible, de force hors du commun. Les regrets, la rancoeur, elle les chasse vite comme les moustiques à coups de journal ou de savate. Funambule au-dessus du vide, elle ne peut se permettre trop d’écarts d’âme. »

Elsa Solal nous offre un portrait courageux et optimiste, avec un style poétique et flamboyant, elle nous fait entendre les pensées et même l’humour de Frida ! Ce court texte se focalise essentiellement sur le chemin qu’a fait l’artiste sur sa relation à son corps, mais nous parcourons également sa relation avec sa famille et son grand amour avec l’ogre Diego Rivera. Nous sommes loin d’une biographie traditionnelle, pour les aficionado de Frida Khalo, qui souhaitent la découvrir en images, le célèbre film Frida réalisé par Julie Taymor avec Salma Hayek est à voir – mais ce texte vient apporter une nouvelle perspective à ce parcours de vie.

L’autrice avait envie de porter un message d’espoir, de raconter à tous comment on peut surmonter la douleur physique, la maladie ou le handicap. Qui mieux que la grande artiste mexicaine pouvait incarner le miracle de la vie ? Frida Kahlo est une icône qui incarne la résilience, la force, le féminisme et également le désir de vivre. Ce merveilleux récit, nous fait entendre le rire et la joie de l’artiste qui combat la fatalité du handicap avec panache ! ❤️ Frida Kahlo

Frida Kahlo : non à la fatalité, Elsa Solal (Actes Sud Junior)
collection Ceux qui ont dit non
disponible depuis le 14 octobre 2020
9782330137304 – 9€
à partir de 12ans
Son
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Le phénomène Philomène – Emmanuelle Cosso

9782848659404,0-4198015

Anatole est un ado un peu ailleurs, qui se prend la porte en plein nez, qui lit des mangas tout seul dans la cour et que tout le monde ignore un peu superbement… Sauf Juliette, apprentie journaliste qui a un faible pour le garçon. Un jour, pourtant, Anatole se découvre un talent particulier : il peut voir les fantômes ! Il rencontre ainsi Philomène, morte en 1870 dans un accident de la filature qui se trouvait à la place du collège…

★★★★☆

Et cette Philomène, c’est un vrai phénomène (ohohoh!) ! Du même âge qu’Anatole, c’est bien la première fois qu’un humain vivant peut la voir. Pour Anatole, c’est la révélation. Lui qui était rêveur, pas du tout ami des maths et de la géographie, voilà que, grâce à cette petite fantôme qui l’aide à se sortir de situations périlleuses face aux professeurs et à ses camarades, le garçon change… Ce que ne manque pas de repérer Juliette, qui connaît Anatole depuis toujours et nous raconte son étonnante histoire. Car si Philomène est particulièrement heureuse d’être enfin vue d’un garçon vivant, ses motivations à se lier à Anatole sont nombreuses. Et grâce à Philomène, Anatole va découvrir l’histoire de son collège, celle des enfants en 1870 et, peut-être, devenir un héros ?

Voilà un Pépix très différent des précédents titres de la collection ! Pas de bonus, pas d’humour débordant d’irrévérence (bien que Juliette soit une reporter pleine d’esprit et apporte pas mal d’humour au récit), mais une véritable histoire d’amitié inoubliable, d’aventure à hauteur d’ado rêveur et de secrets historiques tout plein d’émotion. Emmanuelle Cosso nous transporte par son écriture fluide et délicate et son histoire parfaitement construite dans laquelle les révélations s’égrènent au fil du récit, pour nous surprendre et nous émouvoir. Une jolie manière d’aborder la grande Histoire et la condition difficile des enfants de la fin du XIXe siècle. Les illustrations au crayon de Nathanaël Ferdinand complètent à merveille l’histoire dans toutes ses émotions, j’ai beaucoup aimé son style et son souci du détail (je n’avais pas remarqué qu’on voyait Anatole avec son pansement sur le nez – résultat de la porte prise dans la figure dès la première page – jusqu’à la fin du livre). C’est le premier roman d’Emmanuelle Cosso et ça ne présage que du bon pour la suite, j’ai été véritablement séduite par son écriture et son histoire intemporelle et pleine de charme !

Le phénomène Philomène, Emmanuelle Cosso, illustré par Nathanaël Ferdinand (Sarbacane)
collection Pépix
disponible depuis le 6 juin 2017
9782848659404 – 10,90€
à partir de 9 ans
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Les belles danses – Marie Desplechin & Jean-Michel Othoniel

A l’origine, il était prévu que nous présentions La Toile des éditions Courtes et Longues…mais en ayant eu entre les mains, tout frais sorti des cartons Les belles danses du même éditeur, il était évident qu’il fallait en parler tant il est envoûtant.

★★★★★

lesbellesdanses

En mai dernier, l’artiste Jean-Michel Othoniel – en collaboration avec le paysagiste Louis Benech, présentait le résultat de son travail dont la teneur consistait à recréer le bosquet du Théâtre d’Eau du jardin de Versailles. Trois sculptures fontaines ainsi que le réaménagement du jardin retranscrivent métaphoriquement les danses de Louis XIV. Dans ce bel ouvrage, Marie Desplechin raconte avec la plume qu’on lui connait, l’histoire cette oeuvre d’art. L’artiste Jean-Michel Othoniel raconte ses premiers souvenirs concernant Versailles : la grandeur du lieu et la magnificence des sculptures à travers son regard d’enfant « j’ai l’impression que je suis entré dans un conte de fées. c’est étrange. c’est magique ». Toutes les sculptures dont l’artiste a orné le bosquet sont en perles de verre qui jouent avec la lumière « elles ajoutent à l’enchantement des jardins qui sont des images du paradis ». A travers les pages, on nous parle de beauté, de la notion d’ordre et de la genèse du projet du théâtre d’Eau où tout était à refaire, recréer un espace à l’image de l’Histoire. On apprend que Louis XIV voulait le plus beau château du monde, dans le plus beau parc du monde qui deviendra Versailles et que le plus talentueux jardinier à cette époque avait été engagé pour créer les jardins : André Le Nôtre.

Mais pourquoi Les belles danses ?

En imaginant les fontaines, notre artiste nous rappelle que petit, Louis XIV raffolait de la danse, du théâtre, de la scène en général et sous son règne elle fût de plus en plus spectaculaire, aérienne et influença toutes les cours d’Europe : on parlera de « belle danse ». Le musicien Lully était le compositeur préféré du Roi et Jean-Michel Othoniel s’en inspira « sur les bassins, l’eau s’élève, cabriole et dégringole. elle danse ».
perlesothoniel
Nous ne pouvons que vous inciter à ouvrir ce livre, qui nous conte en plus la fabrication des quelques 1750 perles soufflées par des maîtres verriers, avec 22 000 feuilles d’or incrustées dans chacune d’entre elles – perles qui seront toutes fixées sur des grandes tiges de métal. Grâce au travail extraordinaire de Jean-Michel Othoniel, les images du Roi Soleil et de la danse n’auront jamais connu aussi belles allégories pour Versailles.

Avec beaucoup de finesse et de pudeur, les textes de Marie Desplechin sont en parfaite adéquation avec les aquarelles et les photographies des Œuvres de Jean-Michel Othoniel, une alchimie qui devait être éditée : bravo aux éditions Courtes et Longues.

Les belles danses, Marie Desplechin & Jean-Michel Othoniel
disponible depuis le 25 juin 2015
9782352901396 – 19.50€
à partir de 12 ans

« il faut de l’enfance répandue partout »
Louis XIV à son architecte puis,
Louis Benech à Jean-Michel Othoniel
Son
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L’Ultramonde, 1. Les trois pierres du Fâark – Stéphane Tamaillon

9791023504842, 0-2625915

Amateurs de Jules Verne, ce roman est fait pour vous ! Et sans aucun doute pour Bob aussi, car il a dévoré tous les romans du bonhomme quand il était petit. 😀

Paris, 1863. Mathilde et Louis Monet sont des jumeaux plein d’imagination et de curiosité. Lorsque Gaspard-Félix Tournachon, génial inventeur plus connu sous le nom de Nadar, annonce l’inauguration du vol d’un immense ballon « Le Géant », les enfants ne peuvent manquer ça ! Mais ils étaient loin de se douter que cet événement allait changer leur vie… Car des créatures monstrueuses semblent poursuivre Nadar et, bien malgré eux, les jumeaux vont se retrouver dans un monde étrange et fantastique, l’Ultramonde, où s’emmêlent toutes les périodes de l’Histoire.

★★★★☆

Stéphane Tamaillon nous embarque ainsi dans une aventure riche et palpitante, dans la plus pure lignée du grand maître Verne ! L’entrée dans le fantastique est très rapide, ne nous laissant aucun instant de répit. On retrouve avec grand plaisir tous les codes de l’aventure, de la découverte du monde qui entoure nos héros aux explications au compte-goutte en passant par de très nombreuses péripéties souvent dangereuses. Il y a aussi de l’humour, même si je trouve qu’il n’y en a pas autant que ne le laisse présager la quatrième de couverture. En tous cas, j’ai bien apprécié le côté très flippant des aventures de Mathilde et Louis, car ils sont confrontés à des ennemis plutôt terribles : les Dérailleurs, des créatures qui, une fois décrites, nous donnent juste envie de dire « beeuurkk ! ». Mais aussi, et c’est en plein dans l’actualité cinématographique : des dinosaures !!! Et Bob ADORE les dinosaures ! Et il y en a plein pendant tout le livre ! Et c’est trop cool ! DES DINOSAURES !!! Non, vraiment, c’est trop chouette : il y en a même un tout gentil qui va accompagner nos héros dans leur quête…

Bon, au-delà des dinosaures (humhum), il y a aussi plein d’autres choses intéressantes dans ce premier tome, notamment des rencontres avec des personnages historiques, des faux-semblants, des machines étonnantes et des mystères que l’on a hâte de découvrir dans les prochains tomes. Mathilde et Louis sont de plus très attachants, courageux tels que le sont toujours les enfants de ce type d’aventures (et qu’on aimerait bien être quand on est soi-même un enfant) mais soumis également à la peur, le doute…et peut-être pire si l’on s’attarde sur ce qui semble étreindre le pauvre Louis… Mais je n’en dirais pas plus et vous laisse là aller découvrir ce premier tome d’une très agréable aventure. 😛 Oh, une dernière chose quand même : mention spéciale à la couverture de Raphaël Gauthey que je trouve très belle et qui annonce très bien la couleur ! 😉

L’Ultramonde, 1. Les trois pierres du Fâark, Stéphane Tamaillon (Seuil jeunesse)
en librairie depuis le 21 mai 2015
9791023504842 – 12,90€
à partir de 9 ans

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Adèle & les noces de la Reine Margot – Silène Edgar

Silène Edgar revient avec un roman qui pulvérise Max Gallo, remet en place Stéphane Bern et bouleverse les codes de la lecture plaisir.

★★★★★

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Adèle, adolescente en pleine crise décide que ses parents sont nuls et que les études sont moins importantes que le temps qu’elle peut consacrer à ses amies. Les vacances arrivent à grands pas et là…le drame. Elle doit lire un livre. Mais ce n’est pas tout : en entier ! La catastrophe absolue, la punition ultime pour Adèle qui considère la lecture comme une perte de temps. Un livre avec pour titre « La Reine Margot » de Dumas de surcroît – toutes ces tribulations historiques n’enchantent absolument pas la jeune fille qui semble lutter pour repousser l’inévitable. Mais tout va changer lorsque dans ses rêves, Adèle se retrouve à la Cour de la Reine Margot parmi une farandole de personnages dont se démarque un charmant jeune homme…Adèle se retrouve face à un choix cornélien : rester en 1572 et sacrifier sa vie de 2015 ou quitter son rêve ?

Silène Edgar a du écouter les plaintes de nombreux adolescents : « lire un livre ?! nooon tout mais pas ça ! s’te-plait maman je nettoierai le garage tous les week-ends ! » Voilà une histoire qui devrait réconcilier quelques enfants avec la lecture : cette femme sait mêler l’histoire à l’agréable qui est parfois l’ennemi numéro 1 des thèmes pour certains. Déjà, avec 14-14 qu’elle avait co-écrit avec Paul Béorn, l’association histoire + fantastique avait été plus que concluante et chacun des jeunes clients qui l’ont lu ont tous été conquis et surpris de l’avoir « dévoré ». Que tout le monde se rassure : Adèle et les noces de la Reine Margot est addictif, avec une saveur d’aisance et le luxe d’avoir un excellent livre entre les mains. Je pense que Silène Edgar ne laisse rien au hasard. Si elle a choisi de mettre en avant une adolescente en détresse émotionnelle (eh oui : ce roman aborde également le mal-être de l’adolescence) et qui n’aime pas lire, c’est une meilleure tactique que toutes celles que Jack Bauer a pu utiliser en 24. Parce que pour le vivre régulièrement en librairie : il n’y a rien de plus simple que d’intéresser un adolescent à la lecture en lui présentant un personnage qui lui aussi ne s’y intéresse pas avec lequel il trouvera quelques similitudes. Well done Silène.

Adèle & les noces de la Reine Margot, Silène Edgar (Castelmore)
en librairie depuis le 15 avril 2015
9782362311451 – 10.90€
à partir de 9 ans

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Tout en couleurs – Florence Guiraud

toutencouleursUn livre accordéon qui nous raconte l’essentiel de ce que nous devons savoir sur les couleurs : ce livre-objet est d’une simplicité et d’une efficacité remarquables. Florence Guiraud nous raconte l’histoire des couleurs, leur symbolique, les recettes naturelles qui permettent d’obtenir ces couleurs (ce qui nous évite d’aller à Plein Ciel pour acheter des colorants artificiels hors de prix, merci Florence), leurs nuances et pour marquer les esprits : une citation d’un célèbre artiste sur la couleur mentionnée. La particularité de ce livre ? Un recto encyclopédique et un verso qui nous présente une palette qui n’en finit plus (3 mètres 50) et voici ce qu’on peut apprendre :
JAUNE Saviez-vous qu’on obtient cette couleur avec des pelures d’oignons jaunes ? Q’il existait une nuance qui s’appelle « queue de vache » ?
ROUGE Elle représente la couleur du pouvoir, du danger et de l’interdiction
VERT Le « vert-de-gris » s’obtenait au Moyen-Age en mélangeant du cuivre avec de l’urine (oui, nous sommes très pipi-caca chez Bob & Jean-Michel)
BLEU Le symbole de l’infini
VIOLET Cette couleur est si jeune…à peine 150 ans d’existence !
NOIR « Dans le noir, toutes les couleurs s’accordent » Francis Bacon

Un ouvrage délicieux et très original.

Tout en couleurs, Florence Guiraud (La Martinière Jeunesse)
9782732462387 – 18.90€
sorti le 16 octobre 2014
à partir de 5 ans

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14-14 – Silène Edgar & Paul Beorn

14-14 a eu le prix Gulli du roman 2014 ! C’était en août. Oui, nous sommes sacrément en retard mais avec Bob, on aime se faire remarquer.
J’aime beaucoup ce prix, chaque année je suis ravie de voir de bons romans récompensés – l’année dernière c’était Le manoir d’Evelyne Brisou-Pellen et quand j’ai vu le bandeau « prix Gulli » sur 14-14 j’ai sauté de joie, c’est amplement mérité et puis ça tombe bien, je viens de le finir alors je ne pouvais pas ne pas en parler.

Couv 14-14 vdef.inddAdrien et Hadrien ont 13 ans et vivent tous les deux en Picardie, deux adolescents tout à fait normaux avec des occupations tout ce qu’il y a de plus banales…ce qui l’est moins c’est qu’Adrien vit en 2014 et Hadrien en 1914. AH ! Ca devient nettement plus intriguant tout à coup 🙂 A l’aide d’une étrange boîte aux lettres, Adrien & Hadrien vont correspondre et se lier d’amitié. Mais Hadrien est en 1914 et la Guerre approche…

★★★★★

C’est brillant : les différentes époques sont analysées et présentées avec justesse, des copies de vieilles affiches, cartes, photos alimentent agréablement le roman. Je m’attendais à lire un roman mêlant aventure et fantastique et j’ai été surprise par l’originalité que j’ai pu y trouver. Ce roman s’avale tout seul, il se lit d’une traite, promis vous ne serait pas déçus. Retour vers le futur ? ou retour vers le passé ? Si seulement une boîte aux lettres comme celle-ci existait, Marie-Antoinette et moi serions BFF.

« et s’aperçoit, stupéfait, qu’une nouvelle boîte aux lettres a été installée juste devant la maison. c’est bizarre, elle doit être toute neuve ; en fait, il aurait juré qu’elle n’était pas là tout à l’heure. Ce qui est encore plus bizarre, c’est qu’elle a un air vieillot et elle est déjà rouillée aux angles. Et puis elle est bleue au lieu d’être jaune… »

Le site de Silène Edgar
Le blog de Paul Beorn

14-14, Silène Edgar & Paul Beorn (Castelmore)
en librairie depuis le 16 avril
9782362311192 – 10,90€
à partir de 10 ans

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Cabinet de curiosités – Camille Gautier & Jeanne Detallante

Cabinet de curiosités de Camille Gautier et Jeanne Detallante était un documentaire qui manquait dans les rayons jeunesse : quelle chouette idée 🙂

★★★★☆
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Ce livre est un vrai petit musée, on sent que les auteures ont pris un grand plaisir à réaliser cet ouvrage. J’ai particulièrement apprécié le choix d’y mettre des illustrations plutôt que des photos – je pense que certaines curiosités pourraient effrayer la plupart des enfants autant qu’elles les impressionnent, ainsi il est possible de parcourir ce livre sans craindre qu’un cri ne soit poussé à la vue d’un crâne ou d’une mygale naturalisée. A travers de nombreuses reproductions de collections, nous partons donc à la découverte de ces curieux objets que tant de collectionneurs ont convoités (et convoitent toujours d’ailleurs) :
squelettes, fossiles, animaux empaillés, trésors des mers, insectes naturalisés, chimères créées à partir de différents animaux, herbiers, pierres précieuses, anomalies génétiques, trésors tribaux…
Une remarque cependant : des légendes auraient été appréciables, toutes ces illustrations sont magnifiques mais qu’observons-nous ? Un bel objet malgré tout, original, bien pensé, ravissant et qui suscite l’admiration.
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Cabinet de curiosités, Camille Gautier & Jeanne Detallante (Actes Sud Junior)
en librairie depuis le 1er octobre
9782330036485 – 16€
à partir de 8 ans

A découvrir absolument sur le même thème :
Le cabinet des curiosités de Delphine Jacquot
★★★★★
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Une image grand format imprimé sur papier d’art qui se déplie comme un paravent accompagné d’un petit livret avec les détails extraits de l’image à retrouver. L’auteur nous ouvre les portes de son cabinet de curiosités où sont exposés une collection d’objets hétéroclites avec une touche de fantastique qui n’est pas pour nous déplaire. Un imagier plus que splendide, c’est une oeuvre d’art. Delphine Jacquot est une artiste des plus talentueuses.
Ouvrez l’image dans une nouvelle fenêtre et régalez-vous.
La curiosité est un vilain défaut, mes fesses ! (ce site est d’une vulgarité).

Le cabinet de curiosités de Delphine Jacquot (La Maison est en carton)
collection Grandimage
octobre 2011
9782919650057 – 19€
de 5 à 107 ans

Juste pour le plaisir, un bel exemple de cabinet de curiosités
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Atelier de Jérôme Thoumyre, Rouen.