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Trois petits mots – Sarah N. Harvey

9782210962910-g

Abandonné par sa mère quand il avait deux ans, Sid a été placé dans une famille d’accueil, chez Caleb et Megan. Quatorze ans plus tard, il est toujours chez eux, où il partage sa vie entre le dessin et l’accueil des nouveaux enfants avec ses « parents ». Un jour arrive Fariza, une gamine mutique qu’il a du mal à apprivoiser. Puis un autre jour, c’est Phil qui arrive, un adulte qui annonce à Sid que sa mère naturelle a disparu et que son demi-frère, dont il ne connaissait pas l’existence, a fugué…

Un petit mot de Bob

★★★☆☆

Malgré son abandon quand il était enfant, Sid a eu la chance d’avoir une belle enfance, une famille d’accueil aimante, dont Caleb et Megan ont fini par devenir ses « vrais » parents. Sa mère biologique, Devi, était une folle un peu hippie qui l’a nommé d’après l’autre nom de Bouddha : Siddhârta. Pas de bol ! Il ne se souvient plus vraiment d’elle mais sait qu’il a hérité de ses cheveux roux. Il a fait le deuil de cette mère au fil des années, et sa vie avec Caleb et Megan, au bord de la mer au Canada, à observer le port et les oiseaux, se balader sur les îles, aller à la plage avec sa meilleure amie Chloé qui parle pour deux, dessiner et dessiner…tout ça lui plaît et lui convient. L’arrivée de Fariza, un nouvel enfant placé, est aussi une belle chose, même si la gamine ne parle pas et ne semble pas beaucoup apprécier les garçons. Sid va tout de même aider Megan dans l’accueil de Fariza et à la mettre à l’aise dans cette famille provisoire. Mais alors que le lien commence à se tisser, c’est le passé de Sid qui ressurgit : Phil, un ami de Devi, vient lui demander son aide pour retrouver à la fois Devi, qui a disparu, mais aussi et surtout Gauvain, son demi-frère dont il n’avait jamais entendu parler ! Première surprise passée, une deuxième : Gauvain a 13 ans, est massif comme un footballeur américain et…est noir ! Sid va alors découvrir toute une partie de la vie de sa vraie mère, dont il ne savait rien, ne s’était jamais soucié et n’est pas sûr d’avoir très envie de découvrir…

Bien que les sujets du roman soient régulièrement traités en littérature jeunesse, l’écriture simple et fluide de Sarah N. Harvey nous emporte dans le récit, nous donnant envie de découvrir un peu plus la vie de Sid, ce qui a bien pu arriver à Fariza et ce que la découverte de sa famille biologique va apporter à Sid, à son cheminement dans la vie. Une chronique familiale qui fait aussi la part belle aux paysages canadiens (Sid vit sur une île) et à de beaux moments de sensibilité entre tous ces personnages cabossés par la vie. Intéressant !

Avec les mots de Jean-Michel

★★★☆☆

C’est la première fois que je lis un roman où la famille d’accueil n’est pas diabolisée, ça fait plaisir ! Ecrit du point de vue de Sid, j’ai apprécié le caractère sain de ses questionnements concernant sa mère biologique, sa colère face à l’abandon, sa rencontre avec sa grand-mère maternelle et celle de son demi-frère. Megan et Caleb influencent positivement les réponses et les actes de Sid, ce sont vraiment des chouettes personnes qui inculquent aux enfants certaines valeurs fondamentales de la vie : l’amitié, l’amour, la tolérance. D’ailleurs chaque adulte dans ce roman est appréciable (attendez de rencontrer la grand-mère de Sid).
Sarah Harvey a sainement traité le thème de la maladie mentale, plus précisément la bipolarité. Elle a réussi à capturer les sentiments complexes de Sid, la colère de son frère Wain envers le monde entier (je l’ai trouvé pénible ce petit teigneux), la peur de Fariza face au reste des êtres humains. Mais ce qu’elle a le mieux exprimé dans son roman reste sans conteste cette grande et belle compassion, qui nous ferait presque croire qu’on peut guérir de tous les maux. Une histoire réaliste et contemporaine où l’espoir et l’optimisme touchent du doigt le lecteur pour mieux le percuter.

Trois petits mots, Sarah N. Harvey, traduit par Laurence Bouvard (Magnard)
disponible depuis le 26 août 2016
9782210962910 – 13,90€
à partir de 14 ans
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1

Tu ne sais rien de l’amour – Mikaël Ollivier

9782364749511,0-3603987

Ne vous fiez à cette couverture…étonnante – aussi bien photoshoppée que quand Jean-Michel joue avec Paint – car dessous se cache un très beau roman. 😉

Le jour où Nicolas reçoit un mail de sa mère intitulé « Ce qu’il vous faut savoir », le jeune homme replonge dans ses souvenirs d’enfance. Une période étrange où, dès son plus jeune âge, on le voyait se marier avec Malina, la plus belle fille qu’il ait jamais vu, et aux côtés de laquelle il aime et grandit. Mais très vite, il se pose des questions sur sa famille, son père qui cache sa maladie, sa mère qui semble cacher des secrets et sur l’amour, celui qu’il porte à Malina et celui des adultes…

Bob ne sait rien…

★★★★☆

Qu’est-ce que l’amour ? Peut-on aimer une seule personne dans toute sa vie ? Quelle différence entre amour et désir ? Tant de questions qui hantent la vie de Nicolas, un garçon gentil, discret, à qui on a jamais vraiment demandé son avis, et surtout pas en ce qui concernait l’amour. Depuis qu’il est bébé, il fréquente la belle Malina. Ils grandissent ensemble et, sous la « pression » de la mère de Nicolas, sont promis à se fiancer, à être le couple parfait. Et tout dans leur vie facilite ce destin : ils sont toujours dans la même classe, passent leurs vacances ensemble et dorment même ensemble dès leur entrée dans l’adolescence… Une relation étrange, presque malsaine dans ce jeune couple qui donne au roman une atmosphère toute particulière. Mais la relation qu’entretient Nicolas avec son père et sa mère vont aussi l’amener à se poser des questions sur sa famille et les secrets qu’elle cache… Mikaël Ollivier signe avec Tu ne sais rien de l’amour un roman subtil et touchant, où les secrets et la maladie coexistent avec une très belle réflexion sur l’amour. J’ai beaucoup aimé l’alternance des souvenirs de Nicolas et de cette nuit où il reçoit le mystérieux mail de sa mère, jouant ainsi sur le suspense. C’est vraiment très fin, avec à la fois de la retenue et de l’émotion… une très belle histoire d’amour et de famille qui plaira tout autant aux grands ados qu’aux adultes.

…et Jean-Michel non plus

★★☆☆☆

Bob devrait arrêter de m’humilier en public parce que je me suis améliorée avec Paint alors que lui, ne sait toujours pas faire cuire du riz.
Il y a beaucoup de définitions de l’amour à assimiler dans ce roman : celle de l’amour maternel (d’une mère envers son fils et envers un enfant qui n’est pas le sien), l’amour d’enfance (Nicolas et Malina), l’amour adultérin (on ne spoliera point vous vous débrouillez), l’amour paternel et l’amour d’un fils envers son père. Ça fait beaucoup. J’ai fait une légère overdose. Mais aucun personnage n’est laissé au hasard : tout le monde remplit une définition, un rôle et qu’il n’y ait aucun personnage secondaire donne un poids certain au roman. Je n’ai pas apprécié cette fin qui annonce clairement des tempêtes qui renverseront à coups sûrs cette belle définition de l’adoration sans limite que se portent les personnages les uns aux autres. Existe t-il un amour possible sans culpabilité ? (ma collègue Léa m’a soufflé cette phrase et je n’arrive pas à trouver une réponse). Le roman offre néanmoins une vision positive et juste de l’amour : il est possible de le vivre mais avec des compromis et des difficultés. Un reflet de la réalité pertinent, mais grisant.

Tu ne sais rien de l’amour, Mikaël Ollivier (Thierry Magnier)
disponible depuis le 24 août 2016
9782364749269 – 15,90€
à partir de 14 ans
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Songe à la douceur – Clémentine Beauvais

Après le succès incroyable de son dernier roman, Les petites reines, dont on attend avec impatience de voir l’adaptation théâtrale ET cinématographique, nous avions également hâte de découvrir le nouveau roman de Clémentine Beauvais dont, à moins d’habiter sur une autre planète, vous avez déjà sans doute entendu parler. 🙂 Bob et Jean-Michel vous le présentent, et une fois n’est pas coutume, sont en total désaccord ! Let the fight begin!

9782848659084,0-3389543Tatiana rencontre Eugène un été. Elle a 14 ans, lui 17, et n’ont rien d’autre à faire que parler… Tatiana tombe amoureuse et semble-t-il que lui aussi. Jusqu’à ce qu’une lettre et un accident les sépare pour de bon. Mais dix ans plus tard, ils se retrouvent par hasard… Adaptation en vers libre du roman de Pouchkine et de l’opéra de Tchaikovsky, tous deux intitulés Eugène Onéguine.

Dans les rêves de Jean-Michel

★★★★★

J’ai su que j’allais aimer ce roman au moment où Clémentine a mentionné Roch Voisine, mais aussi la vitesse de connexion internet de 2006, Msn, Skyblog, Dromadaire.fr, Tchaïkovski et Laurent Binet. Une écriture lyrique, presque théâtrale où les mots gigotent au gré des rimes rendant tout acte décrit, langoureux et délicat. Et l’omniprésence de la fraîcheur, on en parle ?

« Je voudrais un exemplaire de la sensation de ses deux doigts sur mon poignet
Oh là là vous êtes sûre ?
Certaine
Vous savez que ça vous garantis de ne pas dormir avant trois heures, trois heures et demie du matin ces choses-là !
Je sais, mais j’en ai besoin
C’est très addictif, je dois vous avertir.
Je ferai attention
Bon. Si vous le dites. Veillez à respecter les précautions d’emploi. »

Les affres de la passion se dessinent dans le texte de Clémentine, celles des relations amoureuses aussi. On les croit profondes, elles ne sont que superficialité et égoïsme de la jeunesse. On les croit superficielles, elles représentent le véritable amour. On ne sait malheureusement tout cela qu’à la fin, quand tout est brisé. Tatiana et Eugène le savent. C’est mouvementé et efficace « il m’a claqué la porte au cœur » avec des images fortes au fil des rimes. Ma citation préférée reste celle-ci :
C’est frêle, ces jeunes personnes tellement éblouies par le jour, qu’elles ne sont pas apprêtées pour la nuit
Même si l’écriture de Clémentine est douce, il flotte de l’amour amer teinté de violence. Je suis on ne peut plus ravie par la clôture du roman qui offre la certitude qu’une histoire d’amour reste toujours complexe. Tatiana est tiraillée entre la flatterie d’un homme qui l’a rejeté et désormais ne veut qu’elle…et le désir ardant de s’en protéger : c’est si commun mais si peu exploité dans les romans pour adolescents. Jusqu’aux bout des doigts de son auteur donc, l’audace est présente à toutes les pages. Songe à la douceur est un titre bien pensé. Mais tout de même, j’ai hâte d’avoir la réponse à cette question : comment Léa, Guillaume et Florence, respectivement 15, 14 et 13 ans, vont-ils comprendre cette histoire d’amour de trentenaires ? Un livre qui promet en prime de nombreux débats.

Sur un nuage avec Bob

★☆☆☆☆

C’est un roman atypique et audacieux que nous propose Clémentine Beauvais avec Songe à la douceur et s’il remporte déjà tous les suffrages, dont celui de Jean-Michel, Bob a été beaucoup moins emballé. Est-ce cette écriture en vers et sa petite musique indissociable de sa lecture qui a embêté Bob dans son appréciation du roman ? Peut-être. Si l’écriture est belle, avec de très jolies trouvailles comme celles relevées par Jean-Michel, j’ai pourtant eu beaucoup de mal à entrer dans l’histoire d’Eugène et Tatiana, à me laisser transporter par les mots et les émotions. Je me suis parfois ennuyée, c’est vrai, et les personnages m’ont agacés, je n’ai finalement pas été sensible à leur amour contrarié. Un roman étonnant malgré tout, dans sa forme surtout, qui mêle habilement classicisme et modernisme et, tout comme Jean-Michel, je serais curieuse de savoir ce qu’en pensent les ados et si, comme moi, d’autres lecteurs sont passés totalement à côté… 😐

Songe à la douceur, Clémentine Beauvais (Sarbacane)
collection Exprim’
disponible le 24 août 2016
9782848659084 – 15,50€
à partir de 13 ans
Son
2

Macha ou l’évasion – Jérôme Leroy

9782748521900,0-3360369

Macha-des-Oyats a cent sept ans et vit dans le monde de la Douceur, où la nature, le respect de l’environnement et des autres a remplacé la violence et la technologie du monde de la Fin. Un jour, de jeunes gens viennent trouver Macha, la dernière à avoir connu ce monde terrible, et lui demandent de bien vouloir raconter son histoire, celle avant la Fin et l’arrivée de la Douceur…

★★★★★

Il y a dans le monde de la Douceur cette utopie qui manque depuis un certain temps dans la littérature d’anticipation et de science-fiction, notamment pour les adolescents. Jérôme Leroy renoue avec le genre dans cette histoire où Macha, une très vieille femme, vit dans un arbre, avec une communauté de gens tous plus sympathiques les uns que les autres. Le monde de la Douceur est né dans les ZAD voilà quatre générations et, désormais, les gens y vivent de la nature, de l’échange, du partage, sans technologie (en tous cas pas celle que l’on connaît et qui est à l’origine de la fin de l’ancien monde) ou notion d’argent, de propriété… Un vrai paradis ! Une utopie parfaite.

Lorsque trois jeunes gens viennent trouver Macha pour qu’elle leur raconte son histoire, celle d’avant la Fin, et non pas celle de la naissance de la Douceur dont ils ont déjà tant de témoignages, Macha est réticente, peu désireuse de retourner dans les tréfonds de sa mémoire, dans la violence et l’horreur qu’elle a connu adolescente. Pourtant, elle le fera, et c’est bien la plus grande partie du roman qui s’intéresse à cette enfance où Macha a vécu le pire. Je ne vous en dirais pas trop sur la vie d’avant de la centenaire, qui se découvre au fur et à mesure de la lecture mais tout se déroule à Nantes, dans une belle-famille de la haute société aux idées bien arrêtées alors que, dans la France de l’époque, les attentats s’enchaînent, les ZAD se multiplient, le parti politique nationaliste du Bloc Patriotique s’approche du pouvoir… Une situation qui n’est pas sans rappeler la nôtre… L’histoire de Macha, pleine d’émotion et de rébellion, nous montre tout le changement qui aura lieu entre le monde de la Fin et la Douceur dans laquelle elle vit désormais.

Un magnifique roman dans lequel Jérôme Leroy a choisi de nous montrer un futur positif et optimiste, qui ne sera peut-être pas le nôtre mais qui nous donne envie d’y vivre et d’y croire. Une très belle façon d’évoquer la politique et les problématiques actuelles. Beaucoup d’espoir, de chaleur et de lumière dans Macha en dépit de la dureté et de la violence vécue par la jeune fille, héroïne attachante et courageuse. Un roman lumineux à mettre entre toutes les mains ! 🙂

Macha ou l’évasion, Jérôme Leroy (Syros)
disponible le 25 août 2016
9782748521900 – 16,95€
à partir de 13 ans
Son
0

La Marque – Anne Loyer

Bob et Jean-Michel sont de retour ! Ils ont lu plein quelques livres pendant les vacances, dont ceux de la rentrée littéraire (celle des jeunes et des ados), et qu’on commence à vous présenter dès aujourd’hui ! 😀

9791090597587,0-3389606

Tous les 5 ans, le Peuple des tentes envoie ses enfants âgés de 15 ans qui possèdent la Marque à la cité-oasis de Kyos, où on leur promet un avenir radieux. Car le monde est un vaste désert et envoyer leurs enfants à la cité de Kyos, c’est assurer au reste de la famille de bénéficier de l’eau, denrée rare et gérée par la ville derrière les murs gigantesques. Bientôt, l’Appel résonne et Sika et Sek, deux jeunes Marqués, vont devoir s’avancer vers la cité-oasis…

★★★☆☆

Dans un monde dévoré par le soleil, un peuple tente de survivre aux pieds d’une cité dont chacun rêve d’entrevoir les merveilles. Car tous les cinq ans, les portes de Kyos s’ouvrent pour laisser entrer les jeunes Marqués destinés à vivre dans la ville merveilleuse. Les autres, ceux qui n’entreront jamais dans la cité, ce sont leurs parents, qui bénéficieront de rations d’eau suffisantes pour vivre décemment. Mais il y a aussi les Oubliés, ceux que la Marque ne choisit pas à la naissance, ceux qui sont rejetés et vivent au-delà des dunes, loin des heureuses familles d’enfants Marqués que sont le Peuple des tentes. Enfin, les Bannis, ceux que la cité rejette au dernier moment et qui rejoignent le camp des Oubliés. Et puis il y a Rey, l’Echappé. Cinq ans plus tôt, le garçon Marqué a tourné le dos à la cité prête à l’accueillir, à sa famille et à son petit frère Sek. Lorsque le nouvel Appel résonne, Rey réapparaît, avec l’idée d’empêcher son frère d’entrer dans Kyos. Mais Sek ne se laisse pas facilement convaincre, pas comme Sika que la naissance d’un frère, la mort d’une mère et les révélations d’une sage-femme vont l’inciter à se rebeller…

Avec La Marque, Anne Loyer nous propose une dystopie aux ressorts assez classiques dans un univers désertique où l’eau est le trésor et la malédiction d’un peuple soumis à la loi d’une cité fermée et mystérieuse. L’univers est vraiment intéressant, le suspens bien dosé et les secrets révélés au compte-goutte. Si le gros avantage de cette « énième » dystopie est qu’elle tient en un seul tome de 340 pages, c’est peut-être aussi son inconvénient ! Les événements s’enchaînent en effet très rapidement, les personnages et leurs décisions mûrissant très vite et donnant l’impression que toute l’histoire ne se déroule que sur 3 ou 4 jours, ce qui n’est sans doute pas le cas. A la fin, on reste aussi avec la sensation de ne pas avoir découvert tout de l’univers inventé par Anne Loyer, qu’on aurait aimé explorer plus en détails, d’être passé trop vite à un endroit ou de ne pas avoir toutes les clés du mystère. Il n’en reste pas moins un roman bien écrit et enthousiasmant, à proposer notamment aux lecteurs qui voudraient découvrir le genre. 🙂

La Marque, Anne Loyer (Bulles de savon)
disponible depuis le 17 août 2016
9791090597587 – 16€
à partir de 13 ans
Son
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Les fils de George – Manu Causse

9782362661501,0-3244157

Mardochée, 15 ans, est un garçon solitaire, duquel personne ne s’approche. Lui-même ne cherche pas à devenir ami avec les autres. En tant que membre de la communauté du Livre de George, on lui interdit de toute manière de communiquer avec les autres. Jusqu’au jour où son ami Chrysostome est retiré du lycée, et où Léo, un garçon de sa classe, l’invite au repas de fin d’année…

★★★★☆

Vous l’aurez sans doute compris : Manu Causse s’intéresse dans ce nouveau roman aux sectes. Ici, c’est une secte originaire des États-Unis qui s’est installé en France voilà des années et que les habitants tolèrent vaguement puisqu’elle n’est pas (encore ?) listée dans les sectes dangereuses. Tout le monde se contente de les regarder étrangement et, au lycée, peu nombreux sont ceux qui s’intéressent à ces garçons bizarroïdes qui débarquent chaque matin dans un break déglingué et qui ont des prénoms improbables. Pourtant, lorsque Léo invite Mardochée au repas de fin d’année – sans arrière-pensée aucune, juste dans l’esprit de camaraderie au sein d’une classe – la foi du jeune garçon commence à vaciller. Car dans le même temps, son ami Chrysostome a « disparu » et Mardochée doit préparer sa Conversion, le rite de passage obligé pour devenir un parfait fils de George…

A travers le point de vue de ces deux personnages, Mardochée à l’intérieur et Léo à l’extérieur de la secte, Manu Causse nous propose une histoire avec un sujet finalement assez peu traité en littérature jeunesse (on pense seulement à Le monde attend derrière la porte, de Pascale Maret ou Prisonnière de la Lune, de Monika Feth). Pour une première approche de ce que peut être une secte et de ses implications sur le mode de vie d’un enfant ou d’un adolescent dans ce contexte, le roman de Manu Causse est vraiment très juste et invite à une réflexion pertinente. Si la lectrice adulte aurait sans doute aimé en savoir plus sur le Livre de George, le format court de la collection Ego permet tout de même d’ouvrir le débat sur un sujet qui n’est pas toujours au cœur de l’actualité ou des préoccupations. Intéressant, percutant parfois, et bien rythmé, Les fils de George est à découvrir ! 😀

Les fils de George, Manu Causse (Talents Hauts)
collection Ego
disponible depuis le 17 juin 2016
9782362661501 – 8€
à partir de 12 ans
Son
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Le garçon au sommet de la montagne – John Boyne

Chez Bob & Jean-Michel, on aime beaucoup John Boyne, ses romans étonnants et plein d’humour, mais également ceux avec, en toile de fond, la guerre. Qu’il s’agisse de la Grande Guerre (avec Mon père est parti à la guerre – on retrouvera d’ailleurs Alfie cité dans ce nouveau roman) ou de la Seconde Guerre mondiale (avec le désormais incontournable Garçon en pyjama rayé). John Boyne s’intéresse à nouveau à cette dernière, et au destin d’un petit garçon qui, au contact du Führer, va transformer sa nature profonde…

9782070669967,0-3235213

Peu avant la Seconde Guerre mondiale, Pierrot mène une vie insouciante à Paris avec son meilleur ami Anshel. Lorsque sa mère meurt de la tuberculose, il est envoyé auprès de sa tante, en Allemagne, dans une maison en haut de la montagne. Il s’agit du Berghof, la résidence secondaire d’Hitler, où sa vie va complètement changer…

★★★★☆

Pierrot est un garçon franco-allemand. Son père était un soldat allemand durant la Grande Guerre et, s’il en est revenu vivant, son esprit était lui totalement détruit et Pierrot ne l’aura presque pas connu puisqu’il se tue sous un train lorsqu’il n’a que quatre ans. C’est sa mère, française, qui s’occupe de lui jusqu’à sa mort, emportée par la tuberculose. Pierrot n’a que sept ans ! Malgré la grande amitié qui le lie à Anshel, un garçon juif muet avec qui il communique via la langue des signes – leur langue des signes – un deuxième conflit de grande ampleur s’annonce et, bientôt, la mère d’Anshel ne peut faire autrement que d’envoyer Pierrot dans un orphelinat. C’est à Orléans qu’il est envoyé, une grande maison tenue par deux sœurs un peu vieilles filles avec lesquelles il restera peu de temps. Sa tante Beatrix, la sœur de son père, le retrouve et l’invite à vivre avec elle près de Berchtesgaden, dans les Alpes bavaroises, dans une grande maison au sommet de la montagne, où se rendent occasionnellement Monsieur et Madame. Monsieur, c’est Adolf Hitler, et Madame, Eva Braun. Pierrot découvre alors un tout nouveau monde, au loin de l’histoire qui se joue sur le reste de la carte de l’Europe…

Avec cette histoire, John Boyne continue son exploration de la guerre et nous propose encore une fois un récit d’une grande intensité, sans doute pas aussi étonnant et terriblement naïf que Le garçon en pyjama rayé, mais qui nous interroge sur la nature humaine et la déconcertante facilité avec laquelle l’embrigadement peut changer un être. Car, au contact d’Hitler, Pierrot va lentement se transformer sous nos yeux, passant de jeune garçon doux et serviable à un petit nazillon avide de pouvoir. La transition, progressive et se déroulant pourtant dans un endroit profondément reculé, est très représentative de ce qui va se passer en Allemagne sous le joug d’Hitler. Et alors que Pierrot – devenu Pieter – gagne la confiance et l’amour du Führer, il va assister à un certain nombres de réunions et découvrir l’horreur de ce qui se trame en Europe… Avec une réflexion finale sur la culpabilité, Le garçon au sommet de la montagne est à nouveau un roman fort et passionnant de John Boyne, qui complète admirablement son œuvre sur la guerre. Une très belle lecture ! 🙂

Le garçon au sommet de la montagne, John Boyne, traduit par Catherine Gibert (Gallimard jeunesse)
disponible le 9 juin 2016
9782070669967 – 13€
à partir de 11 ans
Son
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Les Zarnak – Julian Clary et David Roberts

9782368360699,0-3281108

Spot et Sally sont deux hyènes qui s’ennuient ferme dans leur savane africaine. Lorsqu’un couple de touristes est malencontreusement avalé par un crocodile, les deux animaux décident de prendre leur place. Ils deviennent alors Amelia et Fred Zarnak, petit banlieusards londoniens et s’installent donc en Angleterre à la place du couple humain. Spot et Sally vivent alors comme les humains, ont un travail, font les courses, puis des enfants…

★★★★☆

Et si des animaux prenaient la place des humains ? Le remarquerions-nous ? Car la capacité d’adaptation de Spot et Sally est spectaculaire ! Il faut dire qu’à force de voir des touristes dans leur savane, ils comprenaient plutôt bien l’anglais…il ne restait qu’à cacher sa queue (l’élément indispensable pour ne pas être repéré) et savoir se mouvoir sur les pattes arrière et le tour est joué ! Une fois en Angleterre, d’ailleurs, personne ne semble voir la supercherie, on constate seulement que les Zarnak sont particulièrement joyeux : ils rient tout le temps ! Le couple est très apprécié des voisins, Fred est concepteur de blagues pour une compagnie qui fabrique des caramels et Amelia vend des chapeaux qu’elle fait elle-même. Bref, le couple d’amis idéal ! Sauf peut-être pour Mr McPafûte, un vieux bonhomme solitaire qui regarde les Zarnak d’un mauvais œil. Et ça ne s’arrange pas lorsque Fred et Amelia deviennent les heureux parents de deux mignonnes petites hyènes : Zack et Zoé. Mais le pire est à venir lorsque, en jouant, Zoé révèle malencontreusement sa queue, sous le regard stupéfait de sa meilleure amie humaine Minnie…et celui de Mr McPafûte qui repeignait son toit…

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Je ne vous dis rien de plus sur ce roman totalement déjanté, dans la plus pure veine du roman humoristique anglais pour la jeunesse, où les situations rocambolesques se succèdent pour le plus grand plaisir des jeunes lecteurs. Les illustrations de David Roberts sont géniales et sa représentation des hyènes habillées en humain absolument savoureuse. Des tronches tout le temps hilares, du dynamisme et parfois un peu d’angoisse accompagnent le texte fou de Julian Clary. Un texte qui est bien sûr une réflexion sur la tolérance, l’acceptation de la différence, mais qui fait également la part belle à de l’aventure, de l’émotion et, surtout, de bonnes scènes d’humour ! On appréciera d’ailleurs les blagues Carambar (oui, je l’ai dit !) de Fred Zarnak tout au long du récit. Une famille originale et décapante, qu’on découvre avec beaucoup de plaisir et qu’on a hâte de retrouver dans une nouvelle aventure tout aussi drôle et décalé ! 🙂

Les Zarnak, Julian Clary, illustré par David Roberts, traduit par Natalie Zimmermann (ABC Melody)
collection Melokids
disponible depuis le 2 juin 2016
9782368360699 – 11,90€
à partir de 8 ans
Son
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Luna Viva – Aurélie Benattar

9782848658766,0-3276118Si l’on connaît la collection Exprim’ dans des textes forts et plutôt ancrés dans une certaine réalité, elle ne s’interdit pas d’aller titiller les genres et c’est le cas avec ce nouveau roman à la couverture chatoyante qui représente parfaitement l’univers de Luna Viva… 🙂

Luna a 17 ans et tire les cartes tout au bout de la fête foraine, affublée d’une perruque et d’un maquillage censée la faire ressembler à ce que le tout-venant imagine d’une diseuse de bonne aventure. Un jour, le Falcone, patron de la fête foraine, l’inscrit au Tournoi des Voyantes dans le but de remporter les 50 000€ promis à la gagnante. Une opportunité pour Luna de sortir de sa roulotte et de se confronter réellement à son « don »…

★★★★☆

Luna a toujours vécu dans cet univers singulier et foisonnant de la fête foraine, gérée par le Falcone, et non sans rappeler par certains côté la mafia… Sa mère est morte, son père est un ivrogne complètement hors de sa vie et, sur ses quatre frères, seul Gidy « veille » sur elle. Si les coups de pied au cul et autres brimades perverses sont une façon de veiller sur une adolescente, enfermée du matin au soir avec, pour seuls visiteurs, les clients de la Roulotte de Luna. Il ne reste alors que Sagittaire, son fidèle compagnon canin… Après une tentative de suicide, la vie de Luna prend un nouveau tournant. Tout d’abord, il y a cette façon de flotter au-dessus de son corps tandis que les médecins la sauvaient, et puis la rencontre avec le garçon à côté d’elle, en train de mourir, dont l’âme fantomatique va finir par lui apparaître régulièrement. Et ce fantôme lui sera sûrement d’une grande aide lorsque le Falcone décide de l’inscrire au Tournoi des Voyantes. Mais c’est surtout avec la sœur du patron, Izabella, grande voyante, que Luna va s’exercer et découvrir que ce qu’elle croyait n’être qu’un tour de passe-passe avec des cartes est en réalité un véritable don…

Roman luxuriant et endiablé, Lune Viva est un véritable récit fantastique, où la magie et le folklore des forains nous emportent dans un univers envoûtant, à la rencontre de personnages mystiques et mystérieux, comme la Vieille ou encore Doryan Manias et son marc de café… Alors que le Tournoi se profile et que Luna quitte sa prison divinatoire, c’est tout un pan de secrets jalousement gardés, de révélations familiales et de découvertes du monde extérieur qui s’ouvre à la jeune voyante. Le suspense ne manque pas, tout comme l’action qui fait vivre à notre héroïne de grands moments d’angoisse. J’ai beaucoup aimé cette lecture passionnante et originale, cette Luna forte et attachante et tous ces mystères et secrets qui entourent les fêtes foraines et les voyantes… Le petit plus : ces cartes du tarot de Marseille qui ouvrent chaque chapitre, nous plongeant un peu plus dans l’art de tirer les cartes… Un univers à découvrir et dont on espère bien qu’il y aura d’autres volumes… 😛

Luna viva : le tournoi des voyantes, Aurélie Bénattar (Sarbacane)
collection Exprim’
disponible depuis le 1er juin 2016
9782848658766 – 15,50€
à partir de 13 ans
Son
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Memorex – Cindy Van Wilder

9782354883324,0-3260772

2022. Un an après l’attentat qui a coûté la vie à sa mère, Réha s’apprête à retourner chez son père, reclus sur leur île privée depuis la fameuse journée, pour une commémoration. Son jumeau Aïki sera également présent, un frère qui l’ignore complètement depuis la tragédie, à son plus grand désarroi. Mais peu avant de partir, Réha commence à recevoir des messages anonymes, des messages qui l’incitent à se souvenir…

★★★★☆

Des souvenirs qui n’aident assurément pas Réha dans son processus de deuil. Fille de Kassa Ayyadam, riche propriétaire de la société Memorex, spécialisée dans la recherche sur le cerveau, et de Carol, qui tenait la fondation Breathe, soutenant l’art contemporain engagé, Réha est une jeune fille bien née qui fréquente les meilleures écoles. La mort de sa mère sera non seulement terrible pour elle, mais va attirer également tous les regards sur leur famille, l’empêchant de vivre en paix. Une situation qui ne s’améliore pas quand elle commence à recevoir des messages anonymes lui intimant de se rappeler…mais se rappeler quoi ?

Roman d’anticipation, Memorex l’est assurément ! Le questionnement sur la mémoire et les manipulations de notre cerveau sont au cœur de cette histoire comme de notre actualité. Mais c’est surtout la partie thriller du roman qui va prendre le plus d’importance au fil de la lecture. Car ce qui devait être des vacances – peu joyeuses, certes – va très vite devenir un huis-clos angoissant et terrifiant, où les révélations vont exploser comme les bateaux susceptibles de permettre leur fuite. Réha va ainsi se retrouver coincée sur Star Island, l’île privée familiale, avec son père, son jumeau et sa petite amie Petite Miss Parfaite, Holly pardon, et oncle Mike, le père adoptif de Kassa. Et une tripotée d’ennemis, bien sûr.

Autant vous le dire tout de suite, vous n’allez pas lâcher ce roman ! L’écriture de Cindy Van Wilder est addictive. La construction, alternant entre le moment présent et les flash-backs, donne un rythme et une dynamique qui renforcent notre envie de continuer et de découvrir les secrets terribles de la famille Ayyadam, et notamment des expériences menées par le père de Réha, tel un docteur Frankenstein, une référence totalement assumée par l’auteure. Une intrigue bien menée, des personnages bien campés et un rythme soutenu, les amateurs de thrillers d’anticipation devraient se régaler ! 🙂

Memorex, Cindy Van Wilder (Gulf Stream)
collection Électrogène
disponible depuis le 6 mai 2016
9782354883324 – 17€
à partir de 14 ans