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La chanson du nez cassé – Arne Svingen

Le saviez-vous ? Les auteurs norvégiens sont talentueux.

nezcasseBart a 13 ans et vit dans un immeuble insalubre avec sa mère, femme en surpoids qui a la fâcheuse tendance à boire un peu trop. Au collège il fait tout ce qu’il peut pour passer inaperçu parce qu’allez expliquer à vos camarades qu’on a une mère qui ne travaille pas, qui ne fait quasiment jamais les courses et qu’on habite dans un repère miséreux ? Difficile. Bart fait de la boxe pour faire plaisir à sa mère mais ce qu’il aime vraiment c’est chanter, il adore l’opéra et en écoute sur son vieil mp3 mais ça, c’est son jardin secret…il ira quand même confier sa passion à Ada, son amie. Mais les filles on les connait, ça répète tout et comme par hasard Bart est sollicité pour le spectacle de fin d’année. Chantera t-il devant tout un public ?

★★★★★

J’ai tellement aimé ce roman, je ne sais par où commencer, les personnages sont si extraordinaires !
Bart est un chouette ado, il a certes une vie difficile mais il y a du rose dans son quotidien : sa grand-mère est adorable, elle prend soin de lui et de sa maman au tant qu’elle peut. Il est copain avec Geir, un junkie très gentil mais paumé qui lui prodigue de bons conseils, lui apprend à boxer et à faire du vélo – ce qui est assez compensateur lorsqu’on a pas de père. C’est agréable de voir Bart développer une amitié avec Ada, son amie, une fille de sa classe qui a une odeur de « melon cantaloupe ». Ce jeune homme m’a impressionnée à plusieurs reprises : il collectionne les photos de tueurs en série (un fait original) et il cherche éperdument son père, un dénommé « John Jones » (un fait qui arrache une larme) mais je ne dirais rien concernant l’issue de cette quête… Il a même organisé une opération nettoyage dans son immeuble , incitant ses habitants à vivre dans un endroit meilleur, non mais quel brave gosse ! Sachez que ce roman est rempli de phrases qui résonnent encore dans nos têtes après les avoir lues, des morceaux de philosophie à peine dissimulés dans une histoire poétique.
« Mais d’où viennent les grands-mères ? On croirait qu’elles ont été inventées pour venir à bout de toutes les difficultés. »

La chanson du nez cassé, Arne Svingen (Magnard Jeunesse)
en librairie depuis le 10 octobre
9782210960077 – 12,90€
à partir de 10 ans

Son
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Barnabé ou la vie en l’air – John Boyne

9782070650156,0-2356421

J’aime beaucoup les romans de John Boyne et c’est toujours avec beaucoup d’impatience que j’attends ses nouveaux livres… J’avais lu The terrible thing that happened to Barnaby Brocket l’année dernière, en anglais, et voyant que Gallimard le publie enfin (dommage qu’ils n’aient pas gardé l’idée du titre original), je vous propose une petite chronique en avant-première ! 🙂

Alistair et Eléonore Chevreau sont un couple tout ce qu’il y a de plus normal. Ils ne se font jamais remarquer et ne le désirent aucunement. Alors le jour où naît Barnabé et qu’on découvre qu’il flotte dans les airs, ses parents sont mortifiés par la honte. Barnabé vole et, en grandissant, va devoir apprendre à vivre avec ce don bien dérangeant pour sa famille. Jusqu’au jour où ses parents, n’en pouvant plus, font une chose terrible…

★★★★★

Ce qui me plaît beaucoup chez John Boyne, c’est sa façon de nous raconter des histoires loufoques, parfois absurdes, toujours étonnantes. On retrouve un humour qui n’est pas sans faire penser à Roald Dahl, tout en délivrant un message d’une importance capitale : l’acceptation de la différence. L’histoire est tout de même terrible : des parents abandonnent volontairement leur enfant pour la simple raison qu’il ne correspond pas à leur critère de « normalité ». Pourtant, Barnabé ne va jamais leur en vouloir, trop surpris et curieux de découvrir le monde. Car son étrange pouvoir, celui de voler dans les airs, va lui faire quitter son Australie natale pour des contrées presque magiques : le Brésil, le Canada, New York, etc. Et, surtout, il va rencontrer durant ses voyages des personnages tous plus étonnants les uns que les autres, tous différents à leur manière. Je trouve le message de John Boyne dans ce livre vraiment magnifique, une véritable ode à la différence, à s’accepter tel que l’on est et à accepter les autres tels qu’ils sont. Le tout passe par l’humour et la douceur, par ce regard si innocent de Barnabé. John Boyne a un vrai don pour nous faire rire tout en nous faisant réfléchir. A signaler également, les illustrations d’Oliver Jeffers, un artiste que j’adore, qui complètent à merveille le texte de John Boyne.

Barnabé ou la vie en l’air, John Boyne (Gallimard jeunesse)
en librairie le 30 octobre
9782070650156 – 13,50 €
à partir de 9 ans

Son
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L’amour, c’est n’importe quoi ! – Mathieu Pierloot

9782211218436, 0-2298058

Aujourd’hui, Bob vous présente un roman tout en délicatesse, pour les plus jeunes, et avec beaucoup d’amour dedans ! Parce que l’amour, c’est p’tet n’importe quoi, mais c’est quand même vachement chouette !

Quand la prof de français de Sacha déclare un jour avoir rêvé qu’un grand écrivain se trouvait parmi ses élèves, elle leur a donné à tous un petit carnet dans lequel noter toutes les idées qui leur passent par la tête. Sacha commence alors à prendre des notes sur le monde qui l’entoure et notamment sur l’amour…

★★★★☆

Ah ! L’amour, ce thème si cher à la littérature jeunesse ! 🙂 Et pourtant, ce petit roman parvient à nous captiver jusqu’à la dernière page. Sacha est un garçon plutôt naïf et romantique, dixit sa meilleure amie Juliette qui a un caractère bien trempé et une allure plus que douteuse. Quand la sœur de Sacha se fait larguer par son copain – un peu débile, selon notre héros – il se pose alors la question de l’amour. Comment sait-on que l’on est réellement amoureux ? Nos comportements changent-ils quand on est amoureux ? Bref, plein de questionnements, soulevés par les histoires d’amour qui se font ou se défont sous ses yeux de collégien, et qui se confrontent parfois aux frontières de l’amitié… Beaucoup de personnages, étonnants, bizarres, viennent ajouter leur grain de sel aux réflexions de Sacha, qui va bientôt se rendre compte que l’amour est un sentiment vraiment propre à chacun et que c’est même parfois totalement incompréhensible… On ne peut qu’aimer un roman aussi bien écrit, plein d’humour et de vérités, qui plaira sans aucun doute aux plus jeunes qui se posent les mêmes questions que Sacha sur ce grand inconnu qu’est l’amour.

L’amour, c’est n’importe quoi !, Mathieu Pierloot (Ecole des Loisirs)
collection Neuf
en librairie depuis le 1er octobre
9782211218436 – 9 €
à partir de 9 ans

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Comme les autres – Françoise Cruz

commeautresAugustin a 9 ans et une surprise l’attend pour cette nouvelle rentrée scolaire. Mademoiselle Julie son institutrice va annoncer à ses parents qu’il est surdoué. Et dès cet instant, beaucoup de choses vont changer : à commencer par le regard qu’ils vont porter sur leur fils…il est plus que ça ! il est surdoué. Mais ce petit en a marre d’être pointé du doigt dans la cour de récré comme à la maison, même si aux yeux de papa et maman cette caractéristique est une fierté. Alors Augustin va partir et montrer ainsi son mécontentement…

★★★☆☆

Un message on ne peut plus intéressant sur l’abord de la différence qui soulève de nombreuses questions :
– comment un enfant surdoué vit-il sa condition ?
– le comportement des parents peut-il être un déclencheur d’angoisses ?
– comment le rassurer ?

Un texte qui aurait mérité d’être approfondi – parce que Françoise Cruz écrit comme elle nous prépare une tartine, c’est délicieux et captivant mais j’aurais aimé un peu de confiture sur la mienne !
Je respecte néanmoins ce choix, c’est une histoire destinée aux plus jeunes (et aux parents) afin de les sensibiliser à ce qu’un enfant surdoué peut vivre et ressentir au contact de ceux qui ne le sont pas. Belle approche et bonne idée d’avoir accompagné le texte de photos illustrant parfaitement bien la situation : Augustin est habillé en super-héros – bien malgré lui – qu’il est dur d’être un Superkid alors que l’on souhaite n’être qu’un enfant ordinaire qui se bagarre à la récré avec les copains.

« – c’est grave ‘surdoué’ ?
– oui, je crois.
– ça se soigne comment ? »

Comme les autres, Françoise Cruz (Naïve)
en librairie depuis le 11 septembre
9782350213682 – 12€
à partir de 6 ans

Son
5

Un hiver en enfer – Jo Witek

9782330034306

Avec Jean-Michel, on a rencontré Jo Witek début septembre, lors de la matinée de présentation La Martinière/Seuil (on voulait vous en parler mais on a pas eu le temps…). Jean-Michel vous a déjà parlé de son documentaire consacré aux femmes célèbres, alors c’est à mon tour de vous parler de son tout dernier roman pour les adolescents…

Edward est un adolescent fragile. D’autant plus fragile que sa mère, qui est incapable de l’aimer, est régulièrement internée et son père, architecte de renom, souvent absent. Le harcèlement qu’il subit constamment dans son lycée privé ne lui apporte même pas la possibilité de souffler dans la vie… Alors quand ses parents ont un grave accident de la route et qu’Edward se retrouve seul avec sa mère qui soudain l’étouffe, il ne semble plus très loin de l’enfer…

★★★★☆

Choc ! C’est le premier mot qui nous vient lorsque l’on referme le livre. Jo Witek nous embarque dans un thriller très réussi, où la folie et l’horreur s’entremêlent sous nos yeux ébahis. On s’attache très vite à ce jeune homme qui, malgré une qualité de vie aisée (sa famille est riche et cultivée), est moqué et harcelé par ses camarades car sa mère est « folle ». Il ne trouve refuge que sur Internet et les MMORPG dans lesquels il mène une vie qui lui convient. Mais lorsque son père, dont il était extrêmement proche, trouve la mort dans un accident de voiture, tout bascule. Et c’est le début de la descente aux enfers pour Edward, qui va non seulement agir envers ses tortionnaires mais aussi être celui qui va subir une torture du quotidien… Beaucoup de thématiques très fortes sont abordées dans ce roman : il y a tout d’abord le harcèlement à l’école, qui va prendre des proportions énormes mais qui va aussi donner l’opportunité à Edward de se faire un ami, et un ami qui va compter. Mais c’est surtout la folie qui va être le thème central de ce roman glaçant. Non seulement celle de la mère – une femme qui n’a jamais pu aimer son enfant car elle-même n’a jamais connu sa véritable mère – mais aussi celle d’Edward, poussé à bout par ses camarades et rendu paranoïaque et angoissé. Alors quand après la mort de son père, la mère d’Edward se met à changer et à être plus « aimante » avec lui, le sentiment de paranoïa d’Edward va s’accentuer…et qui pourrait donner crédit à un enfant aussi perturbé ? C’est là toute la teneur du roman, et toute la force du récit car, jusqu’au bout, on se demande qui est fou et qui ne l’est pas ? En tous cas, n’étant pas une grande lectrice de polars, je me suis laissée prendre dans cette histoire malsaine et me suis même fait surprendre par quelques révélations ! Bref, un thriller qui fonctionne bien et qui, assurément, ne vous laissera pas de marbre…

Un hiver en enfer, Jo Witek (Actes Sud Junior)
en librairie depuis le 27 août
9782330034306 – 14,80 €
à partir de 14 ans

Discussion
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Le blues des petites villes – Fanny Chiarello

9782211218535,0-2298062

J’avais beaucoup aimé Holden, mon frère, de Fanny Chiarello. Si j’avais été moins enthousiaste pour le roman jeunesse qui a suivi (Prends garde à toi), j’avais hâte de découvrir ce nouveau titre de la collection Médium. Et j’en ai été un peu déçue…

Sidonie, 14 ans, est loin de ressembler aux jeunes filles de son âge. Elle porte des chaussures rouges, écoute de la musique classique, ne s’intéresse à personne et a toujours pensé que sa vie ne pouvait commencer que lorsqu’elle quitterait sa petite ville. Mais un jour, sa rencontre avec Rébecca va tout faire basculer…

★★☆☆☆

Dans cette histoire, nous suivons Sidonie qui se révèle très vite un peu hautaine et horripilante par son élitisme et son jusqu’auboutisme. Elle se démarque totalement des jeunes de son âge, le revendique et souhaite plus que tout ne pas leur ressembler. Ce qui est plutôt intéressant, de ne pas se conformer à ce que nous dicte la société, de s’accepter tel que l’on est et de se moquer du regard des autres. Ce sont des valeurs que je trouve louables et que je défends. Sauf que Sidonie est vraiment très, trop, extrême, ce qui nous empêche de nous identifier réellement à elle. Heureusement, le personnage de Rébecca, plus subtil, vient adoucir les choses et permet à Sidonie d’ouvrir un peu les yeux et d’élargir ses horizons (mais pas trop non plus !). On découvre le blues, un genre musical probablement peu écouté des ados. Puis, petit à petit, tandis que leur relation se construit, c’est également l’amour qui vient se caler entre les deux jeunes filles. On aborde ainsi l’homosexualité, d’une très belle manière, et tout ce que cela implique à un si jeune âge et au sein de notre société pas si ouverte d’esprit que ça.
J’ai cependant eu du mal à m’accrocher pleinement à cette histoire et je ne suis pas sûre que les ados s’y retrouvent. C’est très littéraire, un peu à l’image de Sidonie et de ses passions peu accessibles au commun des mortels, et j’ai peur que le public visé soit un peu rebuté par le caractère de cette héroïne.

Une réflexion Jean-Michel ?

Je veux oui ! Sidonie est horripilante à souhait, l’adolescente typique en pleine crise, peu convaincante dans son histoire d’amour et très borderline : certaines de ses scènes sont à la limite du ridicule. Rebecca sauve les meubles et je rejoins Bob sur ce point : le choix du blues dans ce roman est excellent, la poésie qui en émane est en contraste avec la brutalité des comportements adolescents dans ce livre et apporte même une dose d’originalité qui aurait presque manqué…

Le blues des petites villes, Fanny Chiarello (Ecole des Loisirs)
collection Médium
en librairie le 1er octobre
9782211218535 – 15 €
à partir de 13 ans

Son
3

In the after – Demitria Lunetta

9782371020153,0-2265542

Il y avait longtemps que je n’avais pas lu de roman post-apocalyptique aussi enthousiasmant ! Premier roman de Demitria Lunetta, qui semble être aussi le 1er tome d’une série (la suite vient de paraître aux Etats-Unis), In the After est particulièrement bien réussi dans son genre.

Amy, 14 ans, est devant sa télé quand tout bascule : des créatures surgissent, tuant et dévorant tous les humains. Personne ne sait d’où Ils viennent, mais il ne faut que quelques jours pour que toute la population disparaisse de la surface de la Terre… Ou presque. Car Amy fait partie des rares survivants et, avec une petite fille trouvée dans un supermarché, elle va devoir apprendre à survivre dans un monde complètement nouveau…

★★★★★

Véritable page-turner, on se laisse entraîner dans cette histoire de monstres et de silence avec une grande facilité. J’ai beaucoup aimé ce côté survie qui dure une bonne partie du roman, où le silence est la clé pour vivre un jour de plus dans ce monde infesté par des extraterrestres cannibales. J’ai trouvé l’héroïne très convaincante et le duo qu’elle forme avec Baby, une petite fille de 4 ans trouvée blessée dans un supermarché, est particulièrement touchant. C’est d’ailleurs ce que j’ai le plus aimé : cette relation étonnante, née dans la peur et le silence, où leur seule façon de communiquer est par le langage des signes, adapté par elles et pour elles. La description de la survie des deux filles est tout à fait convaincante (même si Amy part avec de gros avantages par rapport à ses voisins), de même que leurs réactions lors de leur rencontre avec d’autres survivants. Car leur vie en complète autarcie dure tout de même trois ans et quand elles finissent par retrouver un semblant de civilisation, dans la ville de New Hope, tout ne se passe pas forcément comme prévu… En effet, les survivants sont peut-être organisés et plein d’espoir pour un avenir meilleur, mais vous vous doutez bien que, dans un tel monde, il y a également beaucoup de secrets… A commencer par ces redoutables créatures : qui sont-elles ? d’où viennent-elles ? Autant de questions que va se poser Amy, tout en s’attirant les foudres de certains… La vie que mènent Amy et Baby lors de leur retour à la « civilisation » est également un grand sujet de questionnements car la politique adoptée par New Hope n’est pas forcément au goût de la jeune fille. Liberté individuelle, droit des femmes, propagande… Tous les ingrédients d’un bon roman post-apo sont présents et on ne s’ennuie vraiment pas un seul instant ! J’ai d’autant plus aimé que l’auteur évite l’écueil de la romance ! Eh oui ! On a bien souvent dans ce genre de romans une belle héroïne qui s’amourache du héros bad-boy (ou même de deux héros, un gentil parfait et un un peu plus ténébreux, parce que c’est romantique les relations torturées) et qui doivent faire face à l’adversité. Ici, c’est la relation Amy et Baby qui prime, deux sœurs par la force des choses, et s’il y a malgré tout un jeune homme de l’âge d’Amy avec qui elle se rapproche, leur relation n’a que peu d’importance. En fait, Amy n’a pas besoin d’être amoureuse pour exister (ce qui m’a toujours semblé être le cas dans beaucoup d’œuvres similaires) et, pour le coup, est une véritable rebelle, qui ne se découvre pas rebelle au moment où le pire se passe, mais qui est déjà une forte personnalité et consciente du monde qui l’entoure. C’est pour moi un point très fort de ce roman, que je vous conseille donc très vivement !

In the after, Demitria Lunetta (Lumen)
en librairie le 11 septembre
9782371020153 – 15 €
à partir de 13 ans

Son
2

Broken soup – Jenny Valentine

9782211097819,0-2297998

J’adore Jenny Valentine ! 🙂 Si vous n’avez encore rien lu d’elle, je vous le conseille, car elle a un don tout particulier pour nous transporter dans des histoires de la vie quotidienne où se déroulent pourtant des choses extraordinaires. Et, en plus, nous fait rencontrer des ados plus passionnants les uns que les autres !

Un jour, à la caisse d’un magasin, un jeune homme tend à Rowan un objet qu’elle aurait fait tomber par terre. Il s’agit d’un négatif. Le jour où elle le développe, elle se rend compte qu’il s’agit d’une photo de son frère Jack. Jack, qui est mort il y a deux ans. Depuis, ses parents sont séparés, sa mère vit une grave dépression et c’est à Rowan, 14 ans, de s’occuper de sa petite sœur de 6 ans et du quotidien à la maison… Sauf que le négatif qu’on lui a donné, Rowan est persuadée qu’il ne lui appartient pas ! Pourtant, il va lui révéler bien des secrets et sans aucun doute changer sa vie…

★★★★☆

J’ai donc beaucoup aimé Broken soup, qui nous brosse le portrait d’une ado devenue adulte avant l’heure, qui doit s’occuper de sa famille après la mort de son frère aîné et gérer également toutes les découvertes liées à ce négatif qu’on lui a remis par erreur. Chez Jenny Valentine, bien que l’histoire se déroule dans la vie de tous les jours, ses personnages sont toujours incroyables, étonnants, originaux. J’ai trouvé la relation entre Rowan et sa petite sœur Stroma très belle, pleine d’un soutien mutuel malgré leur vie compliquée. Les personnages qu’elles vont rencontrer au fil de l’histoire vont leur permettre d’évoluer, de souffler aussi de la tension qui règne chez elles, et d’en découvrir plus sur le frère qu’elles ont perdu. J’ai trouvé la réflexion sur la mort et le deuil très juste, la façon dont cela touche une famille ou des proches, comment cela affecte chacun des membres de la famille de Rowan. Il y a bien sûr aussi une touche de romance dans cette histoire, grâce à ce mystérieux jeune homme qui tend le négatif à Rowan et qui se révèle très important. J’ai suivi avec beaucoup de plaisir l’histoire de Rowan et de sa famille, la découverte progressive des secrets qui entourent la mort – mais surtout la vie – de Jack. Pour vous dire à quel point je me suis laissée emporter dans ce roman : je n’avais pas « vu » l’une des révélations finales du livre qui, j’y pense maintenant avec le recul, était probablement facile à deviner. Bref, un très beau texte, plein de sensibilité et de tendresse, une héroïne qui nous touche et qui, par sa maturité, nous impressionne.

Broken soup, Jenny Valentine (Ecole des Loisirs)
Collection Médium
en librairie le 1er octobre
9782211097819 – 17 €
à partir de 13 ans

Son
2

Pour qui tu m’as prise ? – Isabelle Rossignol

Pauline est folle amoureuse de David, au grand désespoir de son amie Camille. Car Pauline a des étoiles plein les yeux tout le temps alors que David ne semble même pas la remarquer… D’ailleurs, David n’est pas tellement intéressé par les filles ou l’idée d’avoir une petite amie. Il attend le jour où ça viendra sans s’en soucier plus que ça… Sauf que son pote Mathieu accumule les conquêtes et ne cesse de chambrer David sur son absence d’intérêt pour la gente féminine. Il va alors le pousser dans les bras de Pauline…

★★☆☆☆

Attention, livre choc ! La lecture de ce nouveau roman de la collection Ego ne vous laissera probablement pas indifférent car il aborde un sujet vraiment difficile : le viol (oui, autant vous le dire tout de suite car même s’il n’apparaît qu’à la fin, on se doute plus ou moins que c’est ce qui va se passer). Prenons d’abord la forme : nous avons quatre personnages, dans cette histoire, dont les interventions sont matérialisées comme dans une pièce de théâtre, si ce n’est que nous n’avons que les pensées des personnages, ou la retranscription des conversations qu’ils ont entre eux. C’est plutôt original et agréable à la lecture. Pour le fond, je suis un peu plus sceptique. J’ai bien aimé le début, dans lequel on découvre petit à petit nos personnages, leurs qualités et leurs défauts. Je trouve que la pression qui s’exerce à l’adolescence sur l’amour et la sexualité est très bien rendue, surtout sur les garçons. Car Mathieu est du genre à emballer les filles et David, lui, pense plutôt que ce n’est pas grave ou important de ne pas être actif sexuellement à 17 ans. Et il a raison ! Malgré les piques et les moqueries lancées par Mathieu, David se sent bien dans sa peau et attendra le moment qui lui conviendra pour sortir avec une fille… Sauf qu’un jour, Mathieu finit par le convaincre de tenter sa chance avec une fille : Pauline, qui le dévore des yeux chaque matin devant le lycée. Mais comment fait-on pour sortir avec une fille ? Et comment fait-on une fois qu’on est avec elle, prêt à se lancer ? Si David ne sait pas à qui poser ses questions, heureusement, Internet est là. Et c’est la pornographie qui va devenir son professeur d’éducation sexuelle… Alors le jour où David sort enfin avec Pauline, il a tout prévu (grâce à l’aide de Mathieu) et tout semble bien se dérouler, il croit même tomber un peu amoureux d’elle, jusqu’au moment où tout bascule… Difficile de tout vous dire sans vous raconter tout le livre, mais si j’avais bien accroché au début, aux questions des ados sur l’amour, la sexualité, j’ai très vite déchanté. J’ai trouvé le basculement de David, plutôt sûr de lui sur sa sexualité au début, très rapide à partir du moment où il regarde du porno. La scène qui conduit au viol notamment, m’a semblée pleine de contradictions, peut-être aussi à cause de la confusion qui règne dans l’esprit du garçon. Il est clair que la fin du livre met mal à l’aise et qu’on ne ressort pas de cette lecture complètement indemne. C’est d’ailleurs très difficile de « noter » un livre pareil. Néanmoins, je trouve que contrairement à d’autres livres de la même collection qui répondent bien au cahier des charges (faire réfléchir le lecteur sur le sujet), Pour qui tu m’as prise est moins évident sur ce qui est dénoncé, en dehors du viol, je veux dire : est-ce le porno et son accès facile sur le net ou bien plutôt le fait que les ados ne trouvent personne avec qui parler de sexualité (hormis les amis et on sait bien que personne n’est expert chez nos copains à cet âge-là) ? Bon, c’est peut-être mon côté convaincue que l’éducation sexuelle est super importante à réaliser auprès des ados qui parle, mais tout de même, j’ai eu l’impression qu’il manquait quelque chose pour véritablement inciter les jeunes à réfléchir, pour leur faire prendre le recul nécessaire à cette réflexion. Car il y a véritablement beaucoup de choses dans ce roman, et des choses graves qui ont besoin d’accompagnement… Bref, je pourrais discourir avec vous de tout ce qui est évoqué dans ce roman, mais je n’en ai pas la place… Néanmoins, je serais ravie de pouvoir en discuter si vous le souhaitez et si vous l’avez lu !

9782362661129,0-2229362
Pour qui tu m’as prise ?, Isabelle Rossignol (Talents Hauts)
Collection Ego
en librairie le 4 septembre
9782362661129 – 8 €
à partir de 15 ans

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La dose – Melvin Burgess

Melvin Burgess et moi, c’est un amour qui date depuis Billy Elliot alors autant vous dire que les noces de diamant c’est pour bientôt. Imaginez mon état mental lorsque j’ai su qu’une nouveauté était prévue à la Rentrée…Je l’ai lue et je n’en ai pas laissé une miette. Je vous dresse le tableau de ce thriller époustouflant :

LaDoseLa récession dure depuis de nombreuses années et le chômage et la pauvreté dominent chez les jeunes. Alors que leur avenir est incertain, une drogue révolutionnaire appelée « le Raid » déferle sur Manchester. Elle offre une vie rêvée et tous les possibles pendant sept jours puis accorde une mort inévitable. Une rock star, Jimmy Earle meurt sur scène en concert après avoir ingéré cette drogue et l’anarchie se fait sentir chez des centaines de fans présents ce soir-là. Parmi eux : Adam et sa petite amie Lizzy. En pleine manifestation, les Zélotes (un mouvement d’utopistes qui combattent les inégalités sociales) lancent par poignées du Raid à la foule, incitant les jeunes à les ingérer. De fil en aiguilles, Adam finira par avaler cette drogue et regretta son geste peu après…

★★★★★

Il n’est jamais facile de conseiller un livre de Melvin Burgess : ses romans sont emprunts d’une certaine violence qui fait écho à notre société actuelle et souvent, ça déplaît. Après avoir conseillé Junk à sa fille de 17 ans, une maman indignée m’avait prévenue que si sa fille se droguait par la suite, ce serait ma faute. « Mais madame… » lui ai-je répondu en posant ma pipe à crack. « …un livre de cet acabit a pour but de bouleverser son lecteur, l’emporter dans un monde qui n’est pas le sien le temps de quelques heures sans vanter les mérites de l’héroïne, bien au contraire. » Melvin et moi on est rien que des incompris. Qu’à cela ne tienne, je considère Junk come un excellent livre et je peux vous assurer que La dose est aussi addictif !
Sombre et envoûtant, il se lit d’une traite : l’adrénaline est omniprésente et les personnages sont vraiment effrayants, presque autant que cette société en pleine anarchie. Ce thriller dystopique est source de réflexions : quel sens donner à la vie ? Est-il utile de se sacrifier pour une cause ? Doit-on nécessairement se révolter contre un système ? On ressort haletant à la fin de cette lecture…Si jamais vous avez apprécié la série Breaking Bad, vous aimerez sans complexe La dose. Je vous encourage à découvrir ce grand auteur.
Au fait : je n’ai pas de pipe à crack.

La dose
Melvin Burgess
coll. Scripto, Gallimard Jeunesse
sorti le 11 septembre
9782070655854 – 14,90€
à partir de 15 ans

Le site de l’auteur – http://melvinburgess.net

D’autres titres de Melvin Burgess à découvrir…
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