Son
2

Conversion – Katherine Howe

9782226257789,0-2630774

Bob aime bien les histoires de sorcières. Et figurez-vous que Conversion, le livre qu’il vient de terminer est écrit par une descendante directe d’une des célèbres accusées du procès des sorcières de Salem. Intriguant, non ? 😉

Colleen est en terminale au lycée privé de St Joan, à Danvers. Un jour, une de ses camarades de classe s’effondre, prise de convulsions. Peu après, d’autres jeunes filles de sa classe sont victimes de symptômes étranges : paralysie, perte de cheveux… Très vite, l’affaire prend un tournant médiatique inattendu et Colleen et ses amies vont vivre dans une drôle d’atmosphère, entre les cours et les caméras de la télévision. Mais pour Colleen, pas question de se laisser distraire, elle doit bosser son entrer dans une prestigieuse université et, pour rattraper des points qui lui manquent, son professeur d’histoire avancée lui propose de faire une dissertation sur la pièce d’Arthur Miller Les Sorcières de Salem. Colleen y rencontre alors une oubliée de l’auteur, Ann Putnam, qui fit semblant d’être ensorcelée…

★★★☆☆

Inspirée d’histoires vraies, le roman de Katherine Howe se découpe en deux parties : l’une consacrée à la maladie mystérieuse qui fait tomber les filles de St Joan comme des mouches, et l’autre au célèbre procès des sorcières de Salem. Et le croisement des époques et des drames fonctionne plutôt bien car, honnêtement, nous sommes dans un vrai page-turner ! L’histoire commence instantanément, nous transportant dans le froid de la Nouvelle-Angleterre du XVIIe siècle et des salles froides de l’ancien couvent de St Joan. Il est difficile ensuite de décrocher, entre la confession d’Ann Putnam, qui raconte comment s’est déroulé le drame de Salem, et les tentatives de Colleen et ses amies de comprendre ce qui se passe dans son lycée quand personne ne leur dit quoi que ce soit.
Le plus étonnant dans tout ce roman, c’est à quel point tout est inspiré de faits réels. Le cas des jeunes filles de St Joan est en effet tiré d’un événement réel de « maladie mystère » qui s’est déroulé en 2011 à Le Roy, une petite ville des États-Unis, et Katherine Howe explique que la plupart du déroulement des événements de son livre est identique à la réalité (ça fait peur, je vous le dis !). Idem pour les procès des sorcières de Salem dont, en tant qu’historienne, elle est allée chercher les informations dans les comptes rendus du procès et les confessions des personnages existants. L’ouvrage est donc très bien documenté et ajoute à l’impression que l’on a que les deux histoires vont finir par se recouper.
Et elles le font, mais pas forcément de la manière à laquelle on peut s’attendre… Mais c’est un peu difficile de vous expliquer pourquoi sans vous révéler toute l’intrigue. En tous cas, Conversion est un roman très intéressant, qui plaira sans doute (d’autant que sa couverture est très accrocheuse), même s’il n’a pas forcément été un coup de cœur. Peut-être y ai-je regretté certains passages ou une dimension fantastique qui semblait prometteuse…encore que, certains éléments de la fin laissent songeur… 😛

Pour finir cette chronique de notre sélection rockambolesque, j’aurais pu vous faire découvrir Abigail Williams un groupe de métal dont le nom est celui d’une des protagonistes des sorcières de Salem, mais j’ai choisi à la place l’un des derniers titres de Marylin Manson qui fait office de générique à la série américaine justement nommée Salem et qui, sans surprise, parle de sorcières…

Conversion, Katherine Howe (Albin Michel)
collection Wiz
en librairie le 4 mai 2015
9782226257789 – 18€
à partir de 13 ans

Son
0

Tornade – Jennifer Brown

9782226315380,0-2581018

Après vous avoir emmené sous le soleil mexicain, Bob vous fait cette fois découvrir le Missouri et ses tornades ! Et là, inutile d’emporter votre crème solaire car elle ne vous sauvera pas la vie… (Avouez qu’avec cette optimiste introduction, ça vous donne envie de lire la suite !)

Aujourd’hui est un jour comme les autres pour Jersey. Sa mère et sa petite sœur fantasque partent pour le cours de danse et Jersey doit s’occuper de corvées diverses. Mais le temps est exécrable et, dans le Missouri, on y est plutôt habitué. Sauf qu’en peu de temps, tout bascule et une tornade d’une violence exceptionnelle dévaste tout sur son passage. Réfugiée dans son sous-sol, Jersey en ressort presque indemne. Mais dehors, c’est une vision de cauchemar qui l’attend…et sa famille n’est pas là…

★★★★★

Quel roman ! Je me suis laissée transporter dans cette histoire et ce Missouri en proie aux phénomènes météorologiques en seulement quelques pages et je gage que ce sera la même chose pour vous ! 😛 Il faut dire que l’histoire commence directement avec la tornade et les dégâts terribles qu’elle cause. Mais le véritable intérêt va résider dans la façon dont Jersey va gérer cette situation et son futur. Car, on s’en doute assez rapidement, il va être très dur pour Jersey de retrouver sa famille et de continuer à vivre dans sa maison désormais détruite. Mais, en fait, je n’ai pas tellement envie de vous en dire plus sur ce qui se passe, car ce serait réellement gâcher l’angoisse que l’on ressent au fur et à mesure de la lecture… (Ahah, Bob n’est pas très sympa !)
Ce que je peux vous dire sans dévoiler l’intrigue (quand même !), c’est que nous allons suivre Jersey dans sa difficile reconstruction, sa découverte également de sa famille (on apprend très vite que sa mère a quitté son père quand elle était toute petite et qu’elle a également coupé les ponts avec ses propres parents). Et cette dernière partie est vraiment très intéressante car il y a en réalité beaucoup de secrets et de non-dits dans cette famille, ce qui va compliquer considérablement les choses pour la jeune fille, qui va se sentir très seule…
Tornade est tout simplement un roman prenant ! Le personnage de Jersey et l’écriture de Jennifer Brown sont d’une grande justesse : la description des sentiments, les moyens que trouve Jersey pour faire son deuil, ses croyances ou ses espérances qui s’effondrent. Il y a des scènes émotionnelles très fortes qui ne tombent pourtant jamais dans le larmoyant ou dans l’horreur. Tout est délicat et authentique. C’est le genre d’histoire qui vous reste à l’esprit un certain temps et que l’on quitte avec regret mais aussi avec un bel espoir, comme la fin le laisse présager. 🙂
Un très beau roman et un nouveau coup de cœur pour Bob et Jean-Michel !

Tornade, Jennifer Brown (Albin Michel Jeunesse)
collection Wiz
en librairie le 1er avril 2015
9782226315380 – 14,90 €
à partir de 13 ans

Son
0

Monsieur Moisange – Fred Bernard et Gwendal Le Bec

9782226257918,0-2539918

Monsieur Moisange est un drôle d’oiseau, si l’on en croit les gens. En dehors de ses collègues au bureau, il ne côtoie guère que sa mère, oiselière sur les quais du Louvre. Pierre Moisange vit seul, il appelle tout le monde « coco » et malgré son allure séduisante, est un homme célibataire. « Ah si je pouvais voler… » se disait-il…ce qu’il fait dans ses rêves en compagnie d’une belle inconnue. Jusqu’au jour où son vœu s’exauce, et deux ailes lui poussent au bout des bras…

★★★★☆

Que va-t-il alors arriver à Monsieur Moisange ? C’est une toute nouvelle vie qui l’attend, entre célébrité et voyages autour du monde. Mais Pierre n’a réellement qu’un objectif : celui de retrouver la jeune femme qu’il voit en rêve, car elle existe et elle aussi rêve de lui. Pourtant, avant de la retrouver, il lui faudra tenir la promesse faite à sa mère, celle de ramener les oiseaux de sa boutique dans leurs pays à sa mort. Et c’est ainsi que notre drôle de bonhomme voyage à travers le monde, la beauté des paysages se disputant aux dangers de la nature…ou de l’homme. Sa mission terminée, il se rend alors en Inde, où semble vivre l’amour de ses rêves.
Mr-MOISANGE-r3
Monsieur Moisange est un petit roman illustré, presque un conte, qui célèbre le rêve, l’amour et la liberté. Le texte de Fred Bernard est très poétique, parfois teinté d’humour, et est merveilleusement mis en image par Gwendal Le Bec et ses illustrations douces et colorées. Le livre m’a pas mal fait penser à Mon père est un homme-oiseau, de David Almond et Polly Dunbar, que j’aime beaucoup. Le propos n’est pas tout à fait le même, mais je trouve quand même qu’il y a d’agréables similarités. En tous cas, Monsieur Moisange est un bel ouvrage, qui n’aurait pas démérité un format un peu plus grand pour en apprécier encore plus les illustrations. A conseiller à tous les enfants amoureux de l’imaginaire et du rêve. 😉

Monsieur Moisange, Fred Bernard et Gwendal Le Bec (Albin Michel-Jeunesse)
en librairie depuis le 4 mars 2015
9782226257918 – 11,90 €
à partir de 8 ans

2

A la vie, à la mort de Celia Bryce

viemortIl fallait que ça arrive : il y en a assez de lire des romans sur des adolescents cancéreux. Nos étoiles contraires était unique, d’un nouveau genre et l’écriture de John Green sublimait un thème controversé puisqu’assez difficile à aborder. Puis, les bandeaux publicitaires sont apparus sur une majorité de romans pour adolescents nous poussant à la consommation de lectures présumées dignes de John Green : « une histoire fabuleuse. John Green » ou encore plus récemment sur le livre A la vie, à la mort : « Vous avez aimé Nos étoiles contraires ? Vous allez adorer ce roman ». Raté.

☆☆☆☆☆

Megan Bright doit suivre une chimiothérapie afin de soigner sa tumeur au cerveau. Une fois à l’hôpital, elle se rend compte qu’elle n’est entourée que de jeunes enfants. Seul un garçon de son âge se démarque et l’attire : Jackson Dawes…

Je vous épargne la présentation de l’éditeur qui n’est absolument pas attractive et je ne vais pas être douce pour la suite :
* On tente de nous vendre une histoire d’amour, soit. Où est-elle ? Megan et Jackson ne passent pas suffisamment de temps ensemble pour tomber amoureux, on nous narre tout au plus un vague béguin. Rien que le titre A la vie, à la mort est surréaliste : cette expression n’est-elle pas censée représenter un serment qui durera pour l’éternité ? Celui que peuvent se faire deux enfants en classe de CP qui s’échangent leurs billes à la récré est déjà plus fort que le titre.
* Les personnages sont antipathiques : Megan est agaçante, elle a 13 ans. Bien sûr elle a un cancer donc on s’attend à ce qu’elle soit en colère mais ses petites crises contre tout et n’importe quoi sont si ridicules qu’elles mettent en péril la crédibilité de l’histoire, déjà faible. Quant à Jackson, nous n’en apprenons que très peu sur lui : il est rebelle, aime la musique et amuse les enfants à l’hôpital. Personnage creux au final et tellement cliché.
NON, juste NON. Outre l’histoire sans intérêt, l’écriture en plus est pauvre. A la vie, à la mort n’est qu’une pâle copie de Nos étoiles contraires. A noter que ce roman (ou peu importe ce que c’est) est destiné aux plus jeunes – 11-12 ans – est-il vraiment nécessaire de tenter de les divertir avec le cancer et ses implications ? « Il lui rase la tête parce que de toutes façons elle va perdre ses cheveux » (je cite la quatrième de couverture). C’est merveilleux : impossible de comprendre comment cette lecture pourrait représenter un divertissement. Ce choix éditorial est purement commercial, ce qui a le don d’attirer nos foudres. Avec Bob, nous apprécions les éditeurs qui prennent des risques, qui osent publier de l’originalité et qui n’ont pas froid aux yeux. Pour cette fois-ci, Albin Michel on passe l’éponge mais faites un effort s’il-vous-plait. Surtout lorsqu’on fait partie du grand groupe Hachette, je pense qu’on peut se permettre de publier autre chose que des romans aussi ineptes.

A la vie, à la mort, Celia Bryce (Albin Michel)
collection Wiz
en librairie depuis le 2 janvier 2015
9782226258748 – 13.50€
à partir de 11 ans

sansprevenirUne autre nouveauté que nous n’avons pas eu le courage de lire et qui nous rebute : Sans prévenir de Matthew Crow où un adolescent de 15 ans va brutalement découvrir qu’il a une leucémie et qui va rencontrer à l’hôpital Ambre, malade également mais qui est différente des autres (évidemment). « une histoire d’amour extraordinaire » est-il mentionné sur le site de Gallimard Jeunesse. Nous n’en doutons pas. Mais nous ne le lirons pas. Pour les adolescents qui surfent encore sur la vague « amour/maladie », pourquoi pas.

Sans prévenir, Matthew Crow (Gallimard Jeunesse)
collection Scripto
en librairie depuis le 15 janvier 2015
9782070658770 – 11,90€
à partir de 13 ans