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Claudine Desmarteau, c’est…

Définir Claudine Desmarteau n’est pas une mince affaire. Pourtant à travers la lecture de quelques-uns de ses ouvrages  nous avons tenté de décrypter ce phénomène caché derrière ces cheveux de rock-star.

…Une vision honnête de l’âge ingrat

transformetoiClaudine a cette volonté de complicité avec son lecteur à chacun de ces livres. Elle lutte contre l’inactivité, l’haleine pourrie, l’abus de facebook et la malbouffe. Dans Transforme-toi elle surfe habilement sur les tendances en mentionnant Booba, Nabilla, Zlatan et DSK tout en tempérant avec sa culture des années 70-80 (David Bowie, Bob Marley et Serge Gainsbourg). Elle dédramatise cette période déshonorante en employant une vulgarité tempérée ainsi qu’un humour aussi incisif que désinvolte. S’aventurer comme ça dans les recoins culturels des ados…quelle intrépidité !

Si tu pouvais diminuer un peu...

Si tu pouvais diminuer un peu…

Claudine est incorruptible quand il s’agit d’aborder les transformations corporelles (et c’est pour ça qu’on l’apprécie). On nous parle poils, parties génitales, voix mutante, caractère de merde. C’est bien l’honnêteté. Un carnet de dessin qui a la praticité de faire rire sur la condition difficile à un ado aux taux d’hormones qui crève le plafond. Si elle nous avait dit d’aller brosser nos dents à 14 ans nous l’aurions fait sans broncher tant son aura est grande. Claudine permet de relativiser la période difficile des premiers émois amoureux qui sont généralement peuplés de râteaux qui blessent. Elle nous propose aussi de devenir artiste et de dessiner moult crottes. Vous aurez également le privilège de voir un chat dessiné par Claudine (un chat probablement irradié).

« Certaines parties de ton corps grandissent moins vite que tes pieds […] la taille n’est en aucun cas une garantie des performances. »
Transforme-toi(Flammarion Jeunesse)
disponible depuis le 21 septembre 2016
9782081373945 – 12€
à partir de 12 ans

…Le langage chatoyant des adolescents

christophercolomboFaut pas prendre les jeunes pour des citrons, Claudine le sait. Grand gourou au style unique, chacune de ses illustrations possède ce trait vif quelquefois mal assuré, à l’image des adolescents bancals. Dans Christopher Colombo, elle met en scène un môme accroc à sa console embarqué par un saucisson à propulsion dans des mondes dangereux et totalement barrés. Christopher s’est-il fait confisquer sa console et s’enfuit dans les tréfonds de son imagination en guise de compensation ? Ou est-il devenu catatonique et baveux à force de trop jouer ? Toujours est-il que Mister Colombo se donne à fond dans ses aventures et ça compte, d’avoir un imaginaire développé.

Christopher Colombo,(Albin Michel Jeunesse)
disponible depuis le 28 septembre 2016
9782226325167 – 13,50€
à partir de 11 ans

janAdmirative des jeunes, Claudine puise depuis des années au fil de ses livres leur langage à la mode. D’ailleurs on a trop le seum qu’une femme plus vieille que nous nous apprenne des expressions telles que OKLM t’as vu (nous aussi on peut être provoc’ Claudine)
Dans Jan, elle s’est lancée le défi de tenir jusqu’au bout de son roman la langue d’une enfant de 11 ans. C’est d’un réalisme social confondant, on se laisse totalement embarquer dans cette écriture, dans ce style, dans ces inventions de mots, d’expressions que tous les enfants de 11 ans entendent et déforment par incompréhension.

Jan(Thierry Magnier)
disponible depuis le 13 avril 2016
9782364748460 – 14,50€
à partir de 11 ans

…Du cinéma et des bandes-son

troublesClaudine c’est aussi le cinéma qui résonne dans ses textes : de Truffaut avec les 400 coups dans Jan – d’ailleurs vous l’avez lu ? qu’attendez-vous ? – en passant par des références telles que I love you Philip Morris, le Secret de Brokeback Mountain et de grands réalisateurs comme David Lynch dans Troubles, ces références font écho aux thématiques du roman telles que l’ambiguïté sexuelle, la jeunesse perdue, les incompréhensions intergénérationnelles et l’avenir incertain. Cet éclectisme nourrit son lecteur à coup sûr. Ce n’est pas un hasard si on referme ce roman avec un clap de fin.

Troubles(Albin Michel Jeunesse)
collection Wiz
disponible depuis le 29 août 2012
9782226242891 – 12€
à partir de 15 ans
teensong

La musique est mémorable dans certains romans, aussi au cœur de Teen Song on trouve Led Zeppelin qui tourne en boucle dans le mp3 d’une adolescente de 14 ans. Ça la regonfle à bloc quand elle écoute certaines chansons « à fond », son père lui offre les dvd de leurs concerts et une gratte n’est jamais très loin…Gainsbourg y est encore présent (ndlr : il est mentionné et dessiné dans Transforme-toi) sur les murs cette fois…Des portraits riches et inspirants toujours dans l’air du temps et Claudine est là pour nous le rappeler.

« Je déteste Sarkozy. En plus il est fan de Johnny Halliday. Alors que quand il était jeune, il aurait pu aller voir Led Zep en concert. La burne » – extrait de Teen Song –
Teen song(Albin Michel Jeunesse)
disponible depuis le 25 mars 2010
9782226209580 – 12,70€
à partir de 12 ans

Claudine Desmarteau écrit des manuels de survie qui nous transportent par ses délires désopilants, ses aphorismes développés qui sont pour le moins addictifs. Les affres de l’adolescence sont impénétrables…sauf si vous lisez un de ses livres. Claudine est irrévérencieuse, on adore.

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Le tunnel – Hege Siri et Mari Kanstad Johnsen

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Hier, c’était la Saint-Valentin et comme Bob et Jean-Michel étaient occupés à dragueur leurs voisines, ils vous parlent, le lendemain, d’un album tout plein d’amour et de beauté. ❤

Nuit et jour, deux lapins creusent le sol. Lui est blanc, elle est brune comme un lièvre. Ils s’aiment et rêvent d’aller dans la belle herbe verte de l’autre côté de la terrifiante route. Pour s’y rendre, ils doivent creuser un tunnel.

★★★★★

Venu de Norvège, Bob est littéralement tombé amoureux de ce magnifique album et de ce fort joli couple de lapins. Dans ce texte d’une grande poésie, Hege Siri évoque tout l’amour et toute l’affection que ces deux êtres se portent, leur désir de parvenir à cet endroit où l’herbe semble délicieuse par la seule force de leurs petites pattes, pas aussi puissantes que celles des lièvres. Alors ils creusent, dans le noir, à quelques centimètres sous la route qui tremble et fait s’ébouler leur excavation, mais ils creusent ensemble. Ce travail de longue haleine est entrecoupé de souvenirs, de moments calmes au bord d’un cours d’eau… Et puis vient l’hésitation : et si on essayait de passer la route plutôt que dessous ? Mais les lapins se souviennent, ils se rappellent ce chat avec lequel ils jouaient et qui s’est retrouvé écrasé sur le goudron, et cet écureuil, puis ce renard sans doute pas aussi rusé que ses congénères… Alors ils continueront à creuser prudemment. Ensemble.

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Non seulement l’histoire est belle, les mots d’une fulgurante simplicité, transparaissant d’un amour profond, mais les illustrations de Mari Kanstad Johnsen achèvent de nous conquérir. Entre de grands aplats de couleur, des planches en coupe et un graphisme où se mélangent minutie des détails et sobriété des décors, le travail graphique de l’illustratrice est tout simplement splendide. Ses images ajoutent aux sentiments ressentis et induits par le texte : la complicité entre les deux lapins, leur empressement et leur prudence, leurs rêves et la crainte de ce qu’impliquent la route et les voitures.
Un album magnifique, à découvrir absolument !

Le tunnel, Hege Siri, illustré par Mari Kanstad Johnsen, traduit par Jean-Baptiste Coursaud (Albin Michel jeunesse)
collection Trapèze
disponible depuis le 1er février 2017
9782226394231 – 11,90€
à partir de 5 ans
Son
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Le secret de Grayson – Ami Polonsky

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Depuis la mort de ses parents quand il était petit, Grayson fait semblant d’être ce que les autres voient. Dans son imaginaire et devant son miroir, en revanche, il s’imagine tel qu’il est réellement… Solitaire et effacé, son monde commence pourtant à se colorer quand il fait la connaissance d’Amelia, une nouvelle, puis lorsque son professeur préféré poste une annonce pour participer à la pièce de théâtre du collège…

★★★★☆

Grayson est en sixième, vit avec son oncle et sa tante qui l’ont recueilli après la mort tragique de ses parents, et partage sa vie avec Jack et Brett, ses cousins. Au collège, il n’a pas vraiment d’amis, passe tous ses repas au CDI en faisant ses devoirs… Sa vie est morne, d’autant plus qu’il ne peut pas être lui-même, être celui qu’il voudrait quand il se regarde dans le miroir et qu’il imagine que son ample tee-shirt est en réalité une jolie robe. Quand Amelia arrive dans sa classe, c’est le début d’une amitié timide. Une amitié qui ne durera malheureusement pas et qui sera brisée lorsque, lors d’une virée shopping dans une friperie, Amelia le découvre essayant des vêtements de fille. Heureusement, Grayson trouvera un réconfort avec la pièce de théâtre montée par Finn, son professeur de sciences humaines, où il va tenir le premier rôle : celui de la déesse grecque Perséphone. Un choix qui va déclencher une tempête autour de Grayson, à l’école mais aussi dans sa famille…

Dans ce très beau roman, tout en finesse et en délicatesse, Ami Polonsky aborde la douloureuse question du genre, d’un garçon qui s’est toujours senti fille et qui est incapable d’être lui-même. Pression familiale, pression sociale, norme, les garçons ne peuvent pas aimer le rose ou porter des jupes, n’est-ce pas ? Pourtant, il n’y a que comme ça que Grayson imagine son reflet. Lorsqu’il se présente à l’audition pour le premier rôle féminin dans la pièce, et qu’il l’obtient, c’est à la fois le déferlement autour de lui mais aussi en lui : comment oser quand on s’est toujours caché, quand on a peur de ce que vont dire les autres, de ce qu’on verra dans leur regard ? Dans ce maelstrom d’émotions, Grayson va pouvoir compter sur certains de ses camarades, à commencer par les filles, mais aussi sur son professeur et son oncle. Mais rien ne sera facile…

Après un début peut-être un peu long – on sent rapidement que l’amitié avec Amelia est vouée à l’échec – le roman se révèle tout en émotions tandis qu’on accompagne Grayson dans sa difficile affirmation, dans son combat pour être lui-même et dans la douleur d’un passé qui ressurgit et de ce que son choix implique pour d’autres que lui. C’est vraiment très beau, très émouvant, le style est à l’image de cette douceur qui émane de l’histoire malgré toutes les difficultés que rencontre Grayson, et même si tout n’est pas rose à la fin, on en ressort avec une note d’espoir, de dépassement de soi. Une très belle lecture !

Le secret de Grayson, Ami Polonsky, traduit par Valérie Le Plouhinec (Albin Michel Jeunesse)
collection Litt’
disponible le 1er septembre 2016
9782226318916 – 15,90€
à partir de 12 ans
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Le tout petit jardinier – Emily Hughes

Emily Hugues, vous la connaissez sûrement grâce à son album Sauvage, à nouveau disponible chez Casterman, ou encore avec Mon tout petit ours chez Milan. On la retrouve aujourd’hui avec un nouvel album traduit aux éditions Albin Michel jeunesse et nous sommes tombées à nouveau sous le charme.

★★★★☆

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Un grand jardin pas très joli, appartenait à un tout petit jardinier qui mettait beaucoup de coeur à l’ouvrage pour le rendre confortable et attrayant. Une fleur sublime réussit  à s’épanouir et donna une dose d’espoir supplémentaire au jardinier qui travailla sans relâche pour l’améliorer. Mais malgré ses efforts, le jardin était en perdition et notre travailleur perdit tout optimisme…

Rassurez-vous ça ne se termine pas comme ça ! L’épilogue : cette belle fleur inspira les habitants de la maison qui se mirent à cultiver le jardin jusqu’à floraison totale. Au réveil du petit homme, quelques mois plus tard, tout fût transformé à son grand bonheur. La toute première fleur enlaça le jardinier pour le remercier de sa détermination.
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C’est une histoire pleine de beaux messages : par de petits actes, on peut faire de grandes choses et l’inspiration peut être communicative. Chaque effort, aussi petit soit-il, n’est pas vain. Croire en quelque chose et s’y tenir c’est déjà une belle valeur. Une histoire sur l’aboutissement des rêves et sur leur concrétisation ? On en redemande. On va faire nos prétentieuses et citer Candide de Voltaire : « Il faut cultiver son jardin ». Cet album est une fable philosophique : appliquons-nous à faire évoluer les choses et à les rendre meilleures car tout acte, quelque soit sa grandeur est bon pour l’amélioration des choses. Émotionnellement, le travail d’Emily nous réchauffe et nous fend le cœur. Intransigeante sur tous les éléments, elle apporte la perfection à chacune de ses pages. Son crayonné, son art du détail, son trait indéfectible prouve son amour de la nature et de la délicatesse. On l’adore.

Et alors attention, la touche adorable : notre jardinier a un pote, un lombric au doux prénom de Joliver. Il a une bonne tête, il nous plait bien. Même dans un environnement peu enclin à son développement, il reste aux côtés de son ami, même dans l’adversité.

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Joliver, best bro ever

Le tout petit jardinier, Emily Hughes (Albin Michel Jeunesse)
disponible depuis le 30 mars 2016
9782226321145 – 13,90€
à partir de 4 ans
Sublimes et déjà parus, des albums qui brillent de mille feux

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Sauvage, Emily Hughes(Casterman)
disponible depuis le 20 janvier 2016 (réédition)
9782203109162 – 12.95€
à partir de 5 ans

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Mon tout petit ours, Emily Hughes (texte de Sean Taylor), (Milan)
disponible depuis le 13 janvier 2016
9782745977908 – 11.90€
à partir de 4 ans
Son
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Nouvelle collection : « Mes premiers Witty »

Vous devez tous connaître aujourd’hui la collection Witty chez Albin Michel ? (On en a chroniqué quelquesuns ici-même) Si ce n’est pas le cas, faut vous rattraper ! Tout de suite ! 😛 Pour les autres, une belle surprise car l’éditeur sort cette année Mes premiers Witty, une toute nouvelle collection pour les plus jeunes, à partir de 7 ans, avec les mêmes ingrédients : des auteurs anglo-saxons pros de l’humour, des enfants héros d’aventures du quotidien et des illustrations à gogo. Chouette, non ? En tous cas, nous on avait hâte ! Et ça tombe bien car la collection est lancée aujourd’hui, avec les deux titres que voici :

Crumble – Michael Rosen

9782226325211, 0-3095660

Laurie-Anne se rend à l’animalerie avec sa mère, dans l’espoir de se choisir un chien. Mais elle ne s’attendait pas du tout à ce que le chien qu’elle a repéré lui fasse passer un « entretien d’embauche ». Parviendra-t-elle à convaincre le canidé d’être adopté ?

★★★☆☆

Crumble est le genre de chien plutôt dur en affaire. La pauvre Laurie-Anne ne pensait pas devoir répondre à toute une batterie de questions, elle qui venait choisir un chien qu’elle appellerait Lassie. Raté ! Michael Rosen (celui de La chasse à l’ours) détourne ici cette règle humaine qui veut que ce soit le maître qui choisisse son chien et non l’inverse. Cet acte tout simple de la vie quotidienne prend alors une dimension fantastique pour notre plus grand plaisir. Les illustrations de Tony Ross, toujours fidèle à son style, ajoutent au charme de cette petite histoire idéale pour les jeunes lecteurs.

Crumble, Michael Joel Rosen, illustré par Tony Ross, traduit par Anne Léonard (Albin Michel)
collection Mes premiers Witty
disponible depuis le 2 mars 2016
9782226325211 – 7,50€
à partir de 7 ans
Colin de l’espace : la course cosmique puante – Tim Collins

9782226324672, 0-3095661

Colin s’ennuie en classe. En même temps, M. Watkins est le professeur le plus soporifique du monde ! Heureusement, Harry, le petit nouveau, va le tirer de son ennui. Car Harry voyage dans le temps et l’espace grâce à une poubelle magique. Les deux garçons vont alors partir à l’aventure, jusqu’à ce qu’une terrible erreur dans le passé les fasse revenir dans un monde terrifiant : tout le monde ressemble à M. Watkins !

★★★★★

Alors là, vous allez vous régaler ! Colin de l’espace, c’est un peu Doctor Who mais pour vos petits neveux. D’abord, le vaisseau spatial de Harry, c’est une benne à ordure (c’est un peu moins classe que la cabine de police, ok, mais c’est plus drôle) et il possède un transpondeur interstellaire (genre de tournevis sonique, un peu). Mais surtout, il peut voyager à travers le temps et l’espace et le moindre faux pas peut changer le cours du temps ! Pas de bol, c’est ce qu’ils ont fait. Colin et Harry ont malencontreusement ramené un poil de moustache de M. Watkins dans le passé et l’évolution étant passé par là, l’humanité s’est transformée en bonhommes chauves à moustaches soporifiques au possible et au vocabulaire limité. Colin et Harry vont alors devoir réparer leur erreur pour retrouver un monde normal… Cette histoire totalement déjantée et pleine d’humour l’est d’autant plus par les illustrations hyper présentes de Joëlle Dreidemy et leur côté parfois un peu BD, mais surtout grâce à l’inventivité de l’auteur. Génial ! Encore plus cool ? Le tome 2 sera disponible dès le mois de mai ! 😀

Colin de l’espace : la course cosmique puante, Tim Collins, illustré par Joëlle Dreidemy, traduit par Mickey Gaboriaud (Albin Michel Jeunesse)
collection Mes premiers Witty
disponible depuis le 2 mars 2016
9782226324672 – 8,50€
à partir de 7 ans
Son
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Secrets d’étoffes – Claude Fauque, Anne Lascoux et Charlotte Gastaut

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Nous avons trouvé LE cadeau parfait pour votre cousine qui aime la mode, pour votre mamie qui vous racontait des histoires quand vous étiez petit tout en vous tricotant un bonnet pour l’hiver, pour vos neveux qui ont lu Charles Perrault avec la maîtresse. C’est Secret d’étoffes et c’est juste magnifique ! 😀

★★★★★

Dans ce recueil, Claude Fauque et Anne Lascoux ont choisi de présenter différents contes du monde entier à travers un angle étonnant : les tissus, les vêtements, les fils et les aiguilles… Mais elles ne se contentent pas seulement de rassembler des contes sur ce thème, la dernière partie du livre nous invite en effet à découvrir l’histoire et les secrets des tissus, des couleurs, des « pouvoirs » qu’on leur prêtait, etc.

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Parlons tout d’abord des contes : ils viennent véritablement du monde entier. On en retrouve certains que l’on connaît déjà, comme Barbe-Bleue ou Peau d’Ânette, mais tout ont été réécrit ou adapté par les auteurs. Ils sont présentés selon plusieurs thématiques : « la magie des tissus », « plus précieux que l’or », « parures », etc. Et tous sont relativement courts et très beaux à lire à voix haute. On peut ainsi choisir de lire et relire chacun des contes pour en apprécier toutes les sonorités.
Pour la partie documentaire, celle-ci reprend exactement la trame proposée pour la présentation des contes et nous offre ainsi un bel éclairage sur les histoires que nous avons découverts. On nous parle ainsi de l’origine de telle ou telle étoffe, des techniques, de l’histoire et des échanges commerciaux qui ont amené les étoffes dans une région du monde ou une autre, de l’utilisation de certains fils qui avaient des propriétés magiques… Bref, on découvre beaucoup d’informations très intéressantes, qui insistent sur l’importance des pelotes, des aiguilles ou des robes dans les contes.

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Je terminerais sur les illustrations, signées Charlotte Gastaut, qui rendent cet ouvrage absolument splendide. On retrouve tout ce qu’on aime chez elle, à commencer par les dorures, les tableaux en pleine page… Qu’elles soient en noir et blanc, en couleurs, ou en papier découpé (pour la partie documentaire) donnant un aspect très dentelle, on se laisse totalement subjugué par la variété et la beauté de toutes ces illustrations. On pourrait passer des heures à les contempler, les admirer.

Cette complémentarité entre le texte et l’illustration fait de Secrets d’étoffes un ouvrage indispensable à toute bibliothèque ! C’est une découverte riche et passionnante qui offre également une vision inédite des contes que l’on connaît. Enfin, il faut également saluer la superbe couverture, douce au toucher, tel un tissu, détail parfait pour le sujet de ce très beau livre. 🙂

Secrets d’étoffes, Claude Fauque et Anne Lascoux, illustré par Charlotte Gastaut (Albin Michel jeunesse)
disponible depuis le 28 octobre 2015
9782226257840 – 25€
à partir de 6 ans

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Tatie pourrie – David Walliams

Le David Walliams nouveau est arrivé ! Chez Bob et Jean-Michel, les romans de ce truculent anglais, digne héritier du grand maître Roald Dahl, sont toujours attendus avec beaucoup d’impatience. Après cette introduction, vous pourriez croire que nous nous sommes battus pour savoir qui le lirait en premier…mais rappelons simplement que Bob a de fort jolies défenses… 😛

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Stella Saxby se réveille orpheline après l’accident qui a coûté la vie à ses parents. Unique héritière du manoir de Saxby Hall, son horrible tante Alberta, aidée de son fidèle Wagner – un hibou géant des montagnes de Bavière – est prête à tout pour lui voler l’acte de propriété. Heureusement, Stella va se trouver un allié précieux pour déjouer les terribles plans de cette tatie pourrie…

★★★★☆

La recette de David Walliams fonctionne toujours aussi bien ! Encore une fois, on passe un très bon moment de lecture et on ne voit pas défiler les bonnes grosses 400 pages (tout de même !) abondamment illustrées par Tony Ross. Un duo qui, lui aussi, marche du tonnerre ! Dans cette histoire, l’auteur nous ramène au début du siècle dernier dans l’aristocratie anglaise où le gigantisme des manoirs n’a d’égal que la solitude. Stella découvre avec horreur en se réveillant d’un profond coma que ses parents sont décédés dans un accident et que son horrible tante veille sur elle. Une tante véritablement monstrueuse dont la seule passion est les hiboux…et les sales coups ! Stella tente bien vite de fuir, mais Tante Alberta et son terrible hibou géant en ont décidé autrement et la jeune fille est séquestrée dans la cave. Plutôt cruel, non ? Eh bien ce n’est pas le pire car l’horreur ne fait que commencer pour la pauvre Stella, qui va tenter de se débarrasser de cette tatie pourrie. Heureusement, elle pourra compter sur l’aide d’un étrange petit ramoneur…

Je ne vous en dis pas plus sur l’histoire, mais David Walliams parvient toujours avec beaucoup de réussite à nous faire rire, nous faire grimacer de dégoût et n’épargne aucun de ses personnages…si vous aimez les tortures d’enfants, ce livre est fait pour vous ! J’apprécie aussi toujours sa façon de s’adresser au lecteur (et son chapitre sans image où, en effet, c’est quand même vachement mieux quand il y a des dessins – Bob a trouvé aussi que c’était nul comme chapitre, mais l’auteur avait ses raisons, alors ça passe) et ses trouvailles loufoques, ses personnages qui ne sont là que pour l’effet comique (le majordome) et ses petits bonus.
Un concentré d’humour (et un peu de frisson) à mettre dans les mains de tous les fans de l’auteur ou à faire découvrir à ceux qui voudraient passer une chouette soirée à rigoler. Et on vous invite aussi à découvrir tous les autres si vous ne connaissiez pas David Walliams, parce que ça vaut vraiment le coup ! 😀

Tatie pourrie, David Walliams (Albin Michel jeunesse)
collection Witty
disponible le 30 septembre 2015
9782226318695 – 12,50€
à partir de 8 ans

Son
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Le pays qui te ressemble – Fabrice Colin

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Après vous avoir présenté le roman d’Audren dans la nouvelle collection Litt’ chez Albin Michel, c’est au tour de celui de Fabrice Colin. 😀 Dont la couverture, que je trouve très cool, annonce très bien la couleur !

Jude et Lucy, des jumeaux, ont perdu leur mère et s’apprêtent à passer leurs premières vacances sans elle. Lorsque Maryline, leur grand-mère fantasque, leur révèle qu’elle n’était pas leur mère biologique, ils décident de partir à la recherche de leur génitrice, sans rien en dire à leur père, dévasté. Et c’est en camping-car que toute la famille traverse l’Europe à la recherche de cette mère biologique.

★★★☆☆

Si vous connaissez un peu les Beatles, vous avez sans doute déjà noté la référence dans les prénoms de nos jeunes héros ? Il se trouve en effet que Noël Farrow, le papa des jumeaux, est le spécialiste mondial du groupe et que Lucy et Jude soupent des Beatles depuis leur plus tendre enfance. Mais là n’est pas la question car il s’agit pour les jumeaux de découvrir qui, dans la liste des anciennes petites amies de leur père, est leur véritable mère. Leur périple à travers l’Europe, et même au-delà, va les mener à se redécouvrir après la tragédie, à mieux gérer leur deuil (ou pas du tout pour certains) et à essayer de comprendre pourquoi il est si important de retrouver leur génitrice alors que leur mère d’adoption était si géniale. Je ne vous en dirais pas plus sur l’histoire, qui se laisse découvrir au fil du voyage avec appréhension, doute, terreur, mensonges et situations rocambolesques. On s’attache très vite à cette famille déglinguée, à ce père au bout du rouleau, à ces adolescents paumés et à cette grand-mère totalement déjantée qui ne se laisse pas marcher sur les Louboutin. Et à Simone, of course (mais je vous laisse découvrir ce personnage). Un road-trip très pop, qui en fait un chouette moment, entre rire et émotion ! 🙂

Le pays qui te ressemble, Fabrice Colin (Albin Michel)
collection Litt’
disponible le 2 septembre 2015
9782226318503 – 14€
à partir de 13 ans

Son
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Wild girl – Audren

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En cette rentrée, Albin Michel lance une toute nouvelle collection : Litt’, des romans français à destination des adolescents à partir de 13 ans. Les deux premiers titres sont signés par des auteurs que nous connaissons bien : Audren et Fabrice Colin. Aujourd’hui, c’est celui d’Audren que l’on vous présente ! 🙂

1867. Milly Burnett, toute jeune institutrice de 19 ans, décide de quitter sa vie bourgeoise au Massachussetts et se rend dans le Montana, où elle sera sans doute utile aux enfants des colons et, surtout, libre et heureuse. Après un long et dur voyage, elle arrive à Tolstoy, une bourgade de chercheurs d’or. Mais le quotidien n’est pas facile, entre les conventions puritaines encore importantes et les coups de feu à toute heure du jour et de la nuit… Il le sera encore moins quand elle accueillera dans sa classe un jeune homme de 17 ans, Joshua, petit frère de la terreur du coin…

★★★☆☆

On connaît le talent d’Audren et après nous avoir régalé de ses Orphelines d’Abbey Road, elle nous entraîne cette fois-ci dans le Far West, où une jeune femme en avance sur son temps va découvrir le véritable sens de la liberté. Comme l’auteure nous l’explique en préambule, si son roman est une fiction, il est en tous cas parfaitement documenté et on découvre avec intérêt les difficultés du voyage de l’Est vers l’Ouest ; de la condition des femmes à l’époque, et notamment de la chance de Milly d’être née dans une famille quasi « parfaite » (notamment sur les questions de société : abolition de l’esclavage, droits des femmes…) ; de la création des États ; du sort réservé aux tribus indiennes… Mais c’est surtout Milly que nous suivons avec beaucoup de plaisir, et souvent d’appréhension car la jeune femme ne va pas connaître une vie de tout repos ! Il y a parfois un petit côté Petite maison dans la prairie, on est plutôt loin du western rugueux, mais ça n’en est pas désagréable. C’est justement ce qui fait l’intérêt de Wild girl : ce souffle de romantisme et de liberté que l’on ressent à chaque page. Même si je l’ai trouvé parfois un peu plombé par une écriture trop descriptive et insistante, cela n’en reste pas moins un joli roman, qui se lit de façon très agréable et plutôt rafraîchissant dans le genre.

Wild girl, Audren (Albin Michel)
collection Litt’
disponible le 2 septembre 2015
9782226318510 – 15€
à partir de 13 ans

Son
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Le fromage qui tue – Siobhan Rowden

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Jumeaux inséparables mais constamment en compétition, Bree et Tom vivent avec leur grand-père dans les gorges de Cheddar, où il fabrique du fromage du même nom. Bientôt a lieu le concours annuel du meilleur fromage d’Angleterre et tous se préparent à remporter le prix. Mais l’arrivée imprévue de la Reine d’Angleterre change la donne. Celle-ci propose une épreuve très spéciale : faire du fromage d’élan. Un fromage légendaire que personne n’est parvenu à réaliser… Bree et Tom veulent bien évidemment participer à ce concours, qui permettra au gagnant de remporter beaucoup d’argent et un titre de noblesse !

★★★☆☆

Nouveau titre de la collection Witty, destinée aux plus jeunes et amateurs d’humour, Le fromage qui tue ne dépareille pas ! En effet, quand le roman commence avec une Reine d’Angleterre plutôt cascadeuse, il ne faudra pas s’attendre à trop de sérieux ! La recette est plutôt simple, mais efficace : une aventure rocambolesque à souhait, des héros jeunes et impertinents (aux noms de fromage, vous remarquez ?), des personnages hauts en couleur affublés de noms rigolos (je ne suis pas toujours très fans des jeux de mots dans les noms, mais bon…), des rencontres étonnantes et pas mal de bêtises…
Le roman fonctionne bien, on se laisse très vite entraîner dans cette étonnante course aux ingrédients rares et précieux, et disséminés de la Russie au Kazakhstan, qui permettront de réaliser le fromage légendaire au lait d’élan que la Reine d’Angleterre souhaiterait faire goûter au président de notre république, Mr Gros-Fromage (eh ouais !). Dommage que Bree et Tom, nos deux héros, soient des adeptes de la compétition car ils en sont parfois un peu pénibles et le comique de répétition en devient un peu lourdingue. Heureusement, Siobhan Rowden a surtout envie de nous dire qu’il est plus important de faire les choses ensemble que séparément (mais il faudra quand même attendre la fin pour ça). En revanche, les personnages secondaires sont plutôt chouettes, et notamment Monty, dont je ne vous parlerais pas trop pour ne pas tout vous révéler d’un coup, mais qui est l’une des bonnes trouvailles du roman.
En bref, Le fromage qui tue n’est sans doute pas le meilleur ou le plus drôle des Witty (il faut dire que j’adore ceux de David Walliams et il me semble difficile de le « battre ») mais il se lit plutôt bien et devrait plaire aux jeunes amateurs de la collection.

Le fromage qui tue, Siobhan Rowden (Albin Michel jeunesse)
collection Witty
en librairie depuis le 27 mai 2015
9782226315564 – 12,50€
à partir de 9 ans